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30 avril 2020

GENRE L'ETRE DU TEMPS

GENRE L'ETRE DU TEMPS

1. Démystification du lyrique chez Laforgue : si le soir est « doux », c'est qu'il y a « vieillard lubrique » et le si baudelairien chat, s'il est comme dans les vers de l'amateur de spleen, comparé à un « sphinx », ce qu'il contemple, le matou, « de sa prunelle fantastique », c'est une « lune chlorotique ».

« Ils prennent en songeant les nobles attitudes
  
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes ;
  
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ; »
  
(Baudelaire, « Les Chats »)

« Voici venir le soir doux au vieillard lubrique,
  
Mon chat Mürr, accroupi comme un sphinx héraldique,
  
Contemple inquiet de sa prunelle fantastique
  
Monter à l'horizon la lune chlorotique. »
  
(Jules Laforgue, « La première nuit »)

2. Forcé que « Sous un ciel pluvieux noyé de brumes sales », - on dirait s'tout noyé là, un ciel à la Turner -, elle soit « grisâtre », la méditation, même que le narrateur se sent « perdu dans l'horizon lointain », dans «' L'Espace sans borne » et le Temps qui « n'aura jamais... jamais de fin. »

« Je reste là, perdu dans l'horizon lointain
  
Et songe que l'Espace est sans borne, sans borne,
  
Et que le Temps n'aura jamais... jamais de fin. »
  
(Jules Laforgue, « Méditation grisâtre »)

3. J'aime bien quand il y a de l'écho défois dans la poésie, genre l'infini te répond que t'es bien seul, mon gars, dans l'« Espace sans borne, sans borne » pis le Temps à « jamais... jamais de fin », un Temps abstrait, genre l'être du Temps à « plus d'heures », pis l'Espace, pareil, « plus d'humains » pour le traverser.

« Partout le grand ciel gris, le brouillard et la mer,
  
Rien que l'affolement des vents balayant l'air,
  
Plus d'heures, plus d'humains,... »
  
(Jules Laforgue, « Méditation grisâtre »)

4. La poésie, c'est du rythme, d'la percussion dans sa caboche, qu'ici les consonnes renforcent les accents – timbales j'vous dis - :

« Le vent / jusqu'au matin / n' a pas (/) décoléré /
  
Oh ! Ces quin - / - tes de toux / d'un chaos / bien posthume, »
  
(Jules Laforgue, « Complainte des grands pins dans une villa abandonnée »)

5. Défois, très mortifère l'agitation des vivants, qu'on sait qu'en 2020, on doit tout arrêter, cause covid, que le « trop plein », la « fureur », le bouillon de culture des sueurs et des muqueuses ça vous fait « chaque jour » du consternant dans les hôpitaux.

« Mais Paris n'entend rien. Dans sa fureur muette,
                 
Morne alambic toujours trop plein
  
Qui travaille et qui bout et chaque jour rejette
                 
Les choses mortes de son sein. »
  
(Jules Laforgue, « Guitare »)

Patrice Houzeau
Les Confins, le 30 avril 2020.

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