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BREFS ET AUTRES
28 août 2021

ET N'AI PAS D'AUTRE FANTÔME

ET N'AI PAS D'AUTRE FANTÔME

 

« Lean out your window, golden hair,
I heard you singing in the midnight air »
(James Joyce)

 

  1. Défois quand j'me dis n'est-ce pas que j'vas pas mourir hein n'est-ce pas, j'entends quelque grande esclaffe dans mon dos... Mon fantôme est un être vexant.

  2. Comme j'avais un goût de poisson dans la bouche, je me demandai si j'allais rendre un mort.

  3. Comme le temps n’existe pas, je ne vois pas ce qui pourrait empêcher mon fantôme de me précéder, et même de coexister avec mon si relatif être.

  4. Des marins qui chantaient. Que chantaient-ils ? Peut-être (allez savoir) qu'ils faisaient chœur de leurs amours perdues et de la mer qui s'en fout, de ces marins qui chantaient avec leurs yeux globuleux et leurs grandes pinces crustacées.

  5. Quand reviendra l'automne, serez-vous encore avec moi ? dit-il à sa visiteuse de l'été, laquelle avait quelque tendance à s'évaporer, un peu de chair parfois s'échappant des côtes, lorsqu'un peu de vent s'insinuait.

  6. Quand reviendra l'automne et sa face de feuilles mouillées, serai-je encore assez de ce monde pour contempler les groupes d'élèves partis en joyeuse bande assassiner leur professeur cependant que feuilles bruissent d'un latin qu'on n'entend plus.

  7. Comme il lui pissot dessus la tête, on vit que l'insolent estot perché.

  8. « Je te désire encore ô paradis perdu »
    (Apollinaire)

    Je joue à saute-mots, les faisant sauter dans d'la phrase maigre folle.
    Te voilà, ô clown, ô spectre, ô mézigue Qui
    Désire te rencontrer, sinon aussi pitre et éparpillé des osses ?
    Encore une fois, ne balancez pas vos cadavres par la fenêtre.
    O clOwn, ô fantOme, tu fais une bOuche en O
    Paradis, paradis, est-ce que j'ai une gueule de paradis ?
    Perdu qu'j'ai mon pari, perdu, suis mort et n'ai pas d'autre fantôme.

  9. « Tes montagnes à peine et qui n'ont pas de nom »
    (Pierre Jean Jouve)

    Tes mots, j'en fais des osselets, des mini-squelettes sautillants entre les
    Montagnes de purée jaune parce qu'il y a des œufs dedans.
    A table je rêvasse pendant que la télé agite ses mondes stupides A
    Peine me suis-je servi que je rêve que ces saucisses sont aéronefs
    Et que vous allez fondre ô souples aérosaucisses sur ce monde
    Qui ne vaut pas le souci de lui trouver un nom.
    N'ont plus qu'leurs chapeauzes melonzes les zhommes zombres d'ombreuse.
    Pas de piano pour la grenouille, je vais donc souffler dedans.
    De peur d’exister, il se contenta d'être et se fit de plus en plus rare. Le
    Nom qu'on donne aux choses détermine-t-elle leur existence ?

  10. La nuit, j'ai assez peur tout de même qu'ils finissent par m'apparaître, les vivants.

  11. N'ayant pas d'autre fantôme sous la main, je suis bien obligé de faire avec moi-même.

  12. J'écoute la voix de Syd Barrett hanter le « Golden Hair » de Joyce, entre les frémissements de la cymbale et le bruissement des saules perdus.

  13. Les grands prédateurs ne sont pas racistes. Ils mettent en esclavage - égorgent aussi - toutes et tous, sans distinction d'âge ni de couleur. Les grands prédateurs ne craignent que les grands prédateurs de la civilisation concurrente.

    Patrice Houzeau
    Malo, le 28 août 2021.

     

     

     

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