COMME JE RAFIOTE ALORS
COMME JE RAFIOTE ALORS
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Lorsqu’un ambassadeur russe à Londres (en l’occurrence Andrey Kelin) voit son visage affiché en pleine rue accompagné de cette légende : « The Russian Embassy Proud Sponsors of War Crimes », c’est que les compétences du diplomate en question sont très relatives hein.
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Je me demande ce que fabrique le général Guerassimov. Vous savez, Guerassimov, ce stratège de génie qui a inventé la Guerre hybride, le truc qui devait donner l’Ukraine à Poutine en trois jours et qui va flanquer la Russie dans la mouise pour trente ans.
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« Il ne faisait aucun doute que ces deux policiers allaient trouver étrange de m'entendre craquer à chaque pas comme un vieux journal. » (Jean-Paul Dubois, « Une Vie française »)
« Un vieux journal », ma pomme idem, j'm'entends craquer souvent défois quasi à chaque pas d'ma journée. Comme je rafiote alors !
4.
« Il y eut des nuits où je me crus si sûr de pouvoir l'oublier que je me la rappelais volontairement. »
(Borges traduit par L.F. Durand, « Le Zahir » [le narrateur]).
Ne serait-ce pas le propre des fantômes d'être si sûrs de « pouvoir l'oublier », cette existence quittée, que chaque nuit ils se la rappellent volontairement, manifestement.
5.
« Mon Dieu ! qu'il est terrible !
Ses regards m'ont fait peur, mais une peur horrible ! »
(Molière, « L'Ecole des femmes » [Georgette])
De qui parle donc Georgette ? Il me semble qu'elle évoque l'un de nos politiques dont le grand talent consiste à flanquer le monde par terre.
6.
« Quand je ne vous vois point, je ne suis point joyeuse. »
(Molière, « L'Ecole des femmes » [Agnès])
Ah l'amour ! La jeunesse ! Le plaisir d'être ensemble ! Ah les beaux masques que, bipèdes crédules, nous portâmes.
7.
« Bien sûr qu'il aurait pu lui foutre une tarte qui lui aurait fait sauter deux ou trois dents, à la mouflette, mais qu'auraient dit ses admirateurs ? »
(Raymond Queneau, « Zazie dans le métro »)
Avec l’avènement des mouflettes audiovisuelles, influenceuses, tiktotiquées, instagrammées, twittérisées, très sottes, la tarte, la claque, la gifle sont encore plus prohibées, tabous, impensables, injustifiables.
8.
« Fédor Balanovitch cicérona la chose en plusieurs idiomes. »
(Raymond Queneau, « Zazie dans le métro »)
Le polyglotte, ça épate. Moi qui cause que ma natale, ça m'épate encore plus, fichu piètre que je fus écolier.
9.
« Mais, de grâce, qu'au moins ces choses soient secrètes. »
(Molière, « L'Ecole des femmes » [Horace])
Plein d'secrets dans le réel, des qu'on cache, des qu'on traque. Après, défois, à force de la remuer, hein, ça finit par remonter qu'ça éclabousse.
10.
« qu'au moins ces choses soient secrètes », sinon scandale patatras ! La cantatrice chauve n'est point chauve ! Le mort n'est point mort et Mathilde est revenue ! Fichu qu'on est... poutine...
11.
« Une époque implacable plane à présent sur le monde. Nous l'avons forgée, nous qui sommes désormais sa victime. »
(Borges traduit par L.F. Durand, « Deutsches Requiem » [le narrateur])
Oui-da, ça plane pour nous implacable, l'époque. Guignols ! Théâtre ! Diplomatie d'assassin ! La camarde plein les répliques ! Du missile derrière le rideau... de sang... rideau ! on dit comme il y a eu le rideau de fer.
12.
« Avec la guerre en Ukraine, la Russie veut créer un « rideau de sang » avec ses voisins européens, a affirmé jeudi la secrétaire d'Etat française chargée de l'Europe Laurence Boone. » (La Presse, le 29 juillet 2022).
13.
« Oh ! » ou « Ouf ! » qu'il s'écrie, l'Arnolphe... en plein transport déménage... peut plus piper... « qu'il s'enfuit sans rien dire », quel étrange !... on est dans le « surprenant mystère », la fin de la pièce à Molière... révélation, confusion du couillon, clarté !
14.
« Les ans ont passé. Les circonstances de sa mort demeurent obscures. »
(Borges, « Abenhacan El Bokhari », [Dunraven])
Le temps, ça passe... c'est qu'c'est nous qui passons... c'est nos pommes, le temps... on s'ride qu'on croit qu'on existe... y a les circonstances... les morts nagent dans l'obscur.
15.
« Tiens, que fait donc au bas de cette tenture cette flaque de sang ? »
(Un personnage dans une pièce qui se joue vaguement dans ma tête et qui m'évoque du Shakespeare).
16.
Il faut être juste : l'URSS n’existe plus. Aussi ne faut-il plus dire « camarade », mais « camarade collabo », voire « camarade compromis » : c'est tout à fait poutinien.
17.
Pour qui roule Thierry Mariani ? Poutine ? La DGSE ? La CIA ? Les Illuminati ? Sa gueule ? Bachar ? La Chine ? Les Aliens ? Les Rose-croix ? Le Vatican ? Mytholand ? Va savoir ! Du coup je critique pas trop. J'observe. L'Histoire jugera. D'ailleurs, elle est en marche.
Patrice Houzeau
Malo, le 31 juillet 2022.