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7 août 2022

PREMIERES REVERIES EN LISANT UN ALBUM D'HERMANN

PREMIERES REVERIES EN LISANT UN ALBUM D'HERMANN

En lisant « Un Cobaye pour l'éternité » de Hermann.

 

1.

Le jaune électrique entre les dents du laboratoire ne sourit pas à la suppliante. L'interruption du traitement sera sans retour. Il faut payer les dieux pour que les dieux guérissent un temps. Les dieux sont chers. Il n'y a plus d'âge et il n'y a pas d'avance.

2.

La publication des gouffres ne sert pas toujours l'égaré des profondeurs. Ce n'est pas en dénonçant le Diable qu'il cesse de vous tenir par la queue. Et si le scandale refermait les grilles, on constaterait votre absence. Les dieux ravissent et ne rendent pas toujours.

3.

Le monde parcouru d'ombres errantes, d'éclairs noirs, chante que le Diable a ses chasseurs. Demeurer aux confins n'évite pas le jaillissement du loup. Il vient ; vous l'attendiez sans l'attendre. Il est déjà votre familier et déjà votre passé.

4.

Qui dévoile ses pièges au Diable se prépare à la trappe, d'autant qu'accompagné de sa beauté, le Diable a plus d'un tour dans son homme. Le Saint a parfois un cheval qui boîte, et créature parmi les créatures, il prend le mal des créatures en patience.

Le Saint est-il celui qui transcende son être de créature parmi les créatures, de grimace parmi les grimaces, pour incarner la patience nécessaire à la justice pour qu'elle s'accomplisse ?

5.

L'impatient d'accomplir la mission dont il ne sait rien ne peut être sûr du prix de ses efforts, tant, par servitude volontaire, le prix du temps est exorbitant. La montre à ton poignet représente l'or et le sang en une quantité telle que ta gorge ne pourrait avaler tant de monstres.

As-tu rêvé la rose dont le nom révèle les autres noms ? Celui de la tortue lâchée par les griffes fracassant le crâne d'Eschyle ? Celui du petit être apeuré poursuivi dans un passage ? (te voilà près de qui se retourne lève la hache pour te frapper) Celui du Cauchemar qui réduit la nuit à un entonnoir et te brise les dents ?

Sens-tu ton cœur comme il cogne ? As-tu compris comme tout est en rythmes brisés, en saccades, en cadences, en syncopes, accords rompus, orchestres décomposés, fanfares effilochées, cassés danseurs, plaies rongeant les masques ?

6.

Ni Bach, ni Mozart, ni Beethoven n'y retrouveraient leur Joie. Quelle cacophonie, ces mécaniques horlogères ! Quels inopportuns parachutés dans les lignes lentes ! Comme on perd son temps, on gagne sa vie. N'est-elle pas la gardienne du bestiaire des hasards ?

7.

Le Diable feint de laisser sa beauté en gage. Ne paye-t-il pas consciencieusement ce qu'il doit à chacun ? Ne rappelle-t-il pas sans cesse que le temps est ce qui arrive. N'a-t-il pas seul la clef de cette parade sauvage ?

Vouée au mythe, aux collectionneurs de perfections, la souple et jeune donne l'illusion et le regret de ce qu'on peut être encore. Nul ne sait vraiment la valeur de la monnaie d'entrée et, sachant qu'on finit toujours par ne plus sortir vivant de la représentation, rentre dans la salle.

Quand tu veux fermer la porte au Diable, il faut sortir ton chien féroce. Elle rit à l'idée qu'elle suspend le temps dans les yeux des hommes, ces pauvres reproducteurs. Elle a la force de la lucidité et sait à quoi s'en tenir sur le compte de son temps.

8.

Car le Diable a assez de détails pour occuper plusieurs humanités, rabatteurs et recruteurs d'âmes à perdre ne se soucient pas tous de la façon dont poussent carottes et radis.

Il suffit d'ouvrir la fenêtre pour entendre dire que l'espace et le temps sont aussi liés que Tristan et Iseut et qu'en dehors de la singulière conscience, il n'y a pas même même pas de sens. Il va pleuvoir dit Zut.

9.

C'est en préparant le café que les voyageurs découvrent parfois un cadavre. Puis, les morts chassant les morts, il faut reprendre la route, le long de la rivière, vers la mission. Que l'un puisse vous assassiner, on ne sait jamais, mais « l'ennui, c'est que tu as besoin de moi ».

10.

Pondant des phrases sur le retour du loup, on va son monde. C'est toujours vers la mort. Puisqu'on ne peut faire autrement, on prend son temps. Que le cheval guérisse et ils atteindront le sommet de la colline. C'est une promesse, et comme toutes, elle aussi est vouée au couteau.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 7 juillet 2022.

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