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BREFS ET AUTRES
16 octobre 2022

PAR CE QUE J'IGNORE

PAR CE QUE J’IGNORE

1.
Serge Brussolo. « Les Cavaliers de la pyramide ». Comme dans beaucoup de romans dits de genre, le texte n’est pas si avare de références qui donnent lieu parfois à des notes : « La poudre à canon est en grande partie composée d’une moisissure : le salpêtre. »

Non sans rêverie, certaines phrases du roman de Serge Brussolo : « Nous sommes à la lisière de deux univers. Les équipages partis d’ici se sont en réalité embarqués pour l’autre monde. Ils ont trouvé la mort sans arriver nulle part ; voilà pourquoi ils hantent ces lieux » [Shagan].

2.
Les livrets bleus et blancs des « Classiques Larousse » de nos écoles. On en trouve encore sur les marchés aux puces, dans les boîtes à livres. Celui-ci est consacré à Clément Marot.

J’y retrouve le plaisant dizain de neige: « Anne par jeu me jeta de la neige », les échos d’une vie aventureuse, de l’élégie aussi, faisant parler le défunt Semblançay :

« Mes grans trésors, en lieu de secourir,
Honteusement me menèrent mourir. »

3.

« N’y a si belle dame aussi
De qui la beauté ne chancelle ;
Par temps, maladie ou soucy,
Laydeur les tire en sa nasselle »
(Clément Marot, « Chant de may et de vertu »)

Avec ça y a le gniaquard qui fait nyak nyak nyak (normal pour un gniaquard) comme quoi y a qu’la belle dame, sa beauté va pis qui s’effrite ; je ne pourrais dire mieux que Marot, aussi je n’ai plus qu’à me faire des frites.

4.
« Les contemplant tour à tour, j’observe les comportements différents à mes yeux du métal, de la pierre précieuse, du charbon, de la bûche, du morceau de viande. »
(Francis Ponge, « Les trois boutiques »)

Moi, cé rare que je contemple, passque chuis trop nerveux (cé pour ça que je lis pas, au bout de trois pages, j’ai envi de fere bouffer le bouquin a mon dogue), alors vous pensé, contempler tour à tour que déjà chez nous y a pas d’tours y a que des barres.

Cé rare aussi que les choses elles ayent des « comportements différents à mes yeux », passque généralement, je m’en fous des choses, surtout si je les connais pas par leur nom, zont qu’a s’barrer, sont pas chez elles chez les autres.

Je sais bien que le métal il a des comportemens differans selon la chaleur et les degrés qui le font rougir qu’avec ça les « chauffeurs » de l’ancien i brulé les pieds des fermiers pour leur fere dire ou ce qu’ils avé caché leur or et argent.

Quantta « la pierre précieuse, le charbon, la bûche, le morceau de viande », ah ça aussi c’est sûr que quand ça crame, ça se comporte différaman pas pareil, cé pour ça qu’on peut manger le kebab, se chauffer le cor on voit auçi que la pierre précieuse cé pas vraiment utile.

Quand je dis que la pierre précieuse cé pas vraiment utile faut pas le prendre au pied du mur passque je chuis sur un home intelligent come Mélenchon i saurait quoi fere avec, il la mettré dans un grand coffre national populaire, histoire d’avoir une poire pour la crise.

Moi je trouve Mélenchon intelligent qui gagne des sous rien qu’avec les mots qu’il dit que je comprends pas mais faut le fere quand meme. C’est comme Picasso, cé pas beau mais ça coûte sa vache.

5.
« Mékanïk Destruktïw Kommandöh » du groupe Magma me rappelle les Carmina Burana de Carl Orff, aussi Stravinsky, quelque chose de païen dans le kobaïa là, de médiéval, ou d’une Renaissance hantée.

6.
Comme vous nous avez demandé
D’écrire un poème narratif, j’ai décidé
De mettre dedans des mots que vous
Ne connaissez pas et moi itou
Pareil que je les connais pas.
C’est à cause du vocabulaire,
Que j’ai fait comme ça
Parce que du vocabulaire,
J’en ai peu
Et puis ainsi ça fait plus mystérieux…
Pour l’orthographe, c’est ma cousine
Qui a corrigé, c’est une tête, ma cousine ;
C’est normal, elle est au lycée général.
Donc voilà mon poème pas trop banal
(Il n’y a pas de titre, j’ai pas trouvé ;
J’espère que vous m’en excuserez)

La magueline aigrissait ses chamais
Crevettes, serpentines, racle-marais
Elles se glissèrent entre djour et cornioure,
Crevettes, serpentines, lestes dongloures,
Sous les portes, dans les fêlures,
Les lisières et les côtes des pendures.
La maguline aigrissait ses chamais
Tandis que dans l’armoisse
Ils mirauflaient feuillus les fardoisses
La courlardière estongeait sans crisser
Crevettes, serpentines, ô dégoulinantes
Ombres vives, ombres lentes…
Sans bruit elles effaçaient les murs
Réveillaient les poignardés des tentures
Crevettes, serpentines, griffures
Affaissaient les sentinelles plaies morsures
L’une pénétra dans la pardereille
A la fenêtre la lune gonflait vermeille
L’autre pénétra dans la ministreille
Et plongea plongea plongea sa dague
Dans le corps ensongé plongea sa dague
Le prince mourut. Les ombres s’en furent.

7.
Rien qu’avec tout ce que je ne sais pas, je pourais écrire un livre, meme plusieurs je pense.

8.
C’est par ce que j’ignore que je considère qu’un réel existe en soi, et dont je ne suis une condition ni nécessaire ni suffisante.

Patrice Houzeau
Malo, le 16 octobre 2022.

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