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19 décembre 2022

LE POETE SUIT SA METAPHORE

LE POETE SUIT SA METAPHORE

Notes sur le sonnet « Le flambeau vivant », de Baudelaire.

1.
Baudelaire, « Le Flambeau vivant ». Des « Yeux » qui « marchent », avec majuscule et majesté (enfin, ça je ne sais pas). L'Ange aimanteur. - Il est menteur, l'Ange ? - Non, l'Ange aimante ; il est magnétique. - Ah !...

Et s'il est savant, l'Ange, et si les yeux sont « pleins de lumières », ça doit être celles de l'intelligence. Les Yeux sont « frères » (et même jumeaux, dis). Le narrateur baudelairien en est tout fasciné fraternel itou.

Est-on dans l'affinité élective, l'âme sœur, puisqu'ils sont « frères » ? Et comme ils étincellent les frères Mirette-là, ils jettent partout des « feux diamantés ». C'est précieux, hein ? Alchimique.

« Ils marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumières,
Qu'un Ange très savant a sans doute aimantés ;
Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,
Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés. »
(Baudelaire, « Le flambeau vivant »)

2.
Les Yeux, dont cause le narrateur baudelairien, sont-ils des anges gardiens ? Non seulement, ils « marchent », mais ils « conduisent ». Le narrateur baudelairien n'a plus qu'à les suivre, ces guides lumineux.

Sur un rythme ternaire, « la route du Beau ». Absolument. Les Yeux sont-ils des « serviteurs » ? Peut-on être « l'esclave » des Yeux ? Sans doute qu'un voyeur compulsif est l'esclave de ses yeux et de qu'il y a derrière.

« Tout mon être obéit » : exister, n'est-ce pas « obéir de tout son être » à une « volonté de puissance », à une énergie vitale qui nous anime et nous dépasse ? Cette énergie vitale est-elle exprimée ici par la passion amoureuse et la préciosité poétique ? Et si c'était une métaphore, ce qu'il suit, le narrateur baudelairien. Il croit tomber amoureux d'une femme, il se fascine pour une figure de style. La métonymie, dans le genre fascinant, c'est-y contagieux ?

« Me sauvant de tout piège et de tout péché grave,
Ils conduisent mes pas sur la route du Beau ;
Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave ;
Tout mon être obéit à ce vivant flambeau. »
(Baudelaire, « Le flambeau vivant »)

3.
« clarté mystique » des cierges et des Yeux. Une « flamme fantastique ». Le «Réveil » contre la « Mort ». La personne qui a ces yeux-là, serait-ce une surnaturelle ? Une voyante ? Une hypnotiseuse ? Une fascinatrice ? Les Yeux ne sont pas seulement marcheurs, ils chantent aussi, en duo donc. Et s'il y a plusieurs personnes, ça fait un chœur d’yeux chanteurs :

« J'ai des yeux, de beaux yeux,
des yeux noirs, des yeux bleus !
Je les vends deux par deux
achetez-moi mes yeux ! »
(Jules Barbier, livret de « les Contes d'Hoffmann », de Jacques Offenbach, Acte II, [Coppélius]).

Miroir, chiasme : « le soleil rougit » ; « vous chantez le Réveil » ; « en chantant le réveil » ; « Astres dont nul soleil ». Et dans toutes ces luminosités astrales, la répétition du mot « flamme ». C'est qu'ils se regardent. C'est qu'ils se reflètent.

Et comme elle marche devant, c'est qu'elle doit se retourner. Et lui, de la regarder, avec l'air qu'il prenait dans ces cas là, et que je ne puis connaître, puisque ça fait belle lurette que le poète et sa muse sont morts avant que je sois né.

« Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique
Qu'ont les cierges brûlant en plein jour ; le soleil
Rougit, mais n'éteint pas leur flamme fantastique ;

ls célèbrent la Mort ; vous chantez le Réveil ;
Vous marchez en chantant le réveil de mon âme,
Astres dont nul soleil n'a pu flétrir la flamme ! »
(Baudelaire, « Le flambeau vivant »)

Note : A y songer, un tel titre, quelque analyste entiché de psychanalyse pourrait le lire ainsi : « Flan, beau vit, vent », et y voir l'inconscient du poète récusant ce que vous voulez. Mais à mon avis, c'est du vent.

Patrice Houzeau
Malo, le 19 décembre 2022.

 

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