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BREFS ET AUTRES
reveries
3 juillet 2020

AH ÇA FLOTTE ON DIRAIT DE LA FICTION

AH ÇA FLOTTE ON DIRAIT DE LA FICTION

 

 

  1. J'aime bien écrire car, me dis-je pompeusement, écrire me console d'un réel que je maîtrise aussi mal qu'un dindon maîtrise le grec. « Puisque tu tiens un langage qui n'est pas celui de tout le monde, et, ce qui est fort rare, que tu aimes la raison » dit l'Agamemnon du Satiricon.

  2. « Car, s'ils ne disent pas ce qui plaît aux petits jeunes gens « ils resteront, comme dit Cicéron, seuls dans leurs salles de cours ».
    (Pétrone traduit par Pierre Grimal, « Le Satiricon » [Agamemnon])

    Comme quoi l'adaptation du discours pédagogique aux attentes des élèves ne date pas d'hier.

  3. Les fictions flottantes à la Satiricon me plaisent bien. En ce moment, on ne peut vraiment pas dire que tout va bien. La politique est-elle une fiction flottante ? C'est qu'on ne nous dit pas tout et il faut bien qu'on nous mente. Les cuisines puent ; il faut cependant que l'on mange.

  4. J'aime bien dans le film « Louis enfant roi » de Roger Planchon, le personnage du Grand Condé, grand seigneur libertin, qui fascine l'enfant Louis, déplore qu'il y ait tant de morts, rejoint non sans panache la Fronde et s'honore de l'amitié de La Rochefoucauld.

  5. « et, chaque fois que la lampe placée dans le tombeau faiblissait, c'était elle qui la ranimait. » Sommes-nous ainsi animés ? Avons-nous une âme, qui, à l'image de la servante du Satiricon, veille à éclairer le tombeau où nous pleurons nos morts.

  6. Sans remonter à Vercingétorix, tout de même, Jeanne d'Arc, La Fronde, les Lumières, 1789, Bonaparte, La Commune, de Gaulle, la Résistance, Mai 68, les Gilets Jaunes, il est que les Français sont d'autant plus réfractaires, querelleurs et politiques que Paris se croit le nombril du monde.

  7. Parce qu'il est l'expression la plus radicale du scepticisme, le « Cogito ergo sum » cartésien est sans doute fondateur de cette résistance à l'absolutisme et à l'autoritarisme qui caractérise la pensée des Lumières et éclaire aujourd'hui encore bon nombre des jours et des nuits de France.

  8. On peut aussi voir la montée actuelle des idées écologistes en France comme l'expression d'une défiance envers la fuite en avant dans une technologie qui n'empêche cependant pas les Etats-Unis de sombrer dans la pandémie et d'encore se brûler au feu couvant de la guerre civile.

  9. Nous dînons souvent à la table de gens dont nous n'avons que faire. Ainsi nos cercles sont-ils des illusions et qui nous serre la main peut tout aussi bien nous cracher dessus que nous sauver d'un péril si cela le favorise. Nos sentiments sont aussi politiques que tout le reste.

  10. « Les valets poussèrent un cri, ainsi, d'ailleurs, que les convives, non pas à cause de cet individu puant, que nous aurions vu volontiers se rompre le cou, mais à cause de la triste fin que cela aurait faite au dîner, d'en être réduits à pleurer un mort qui ne nous était rien. »
    (Pétrone traduit par Pierre Grimal, « Le Satiricon »)

  11. Dans la nuit du 2 au 3 juillet 2020, me suis demandé si le président Macron était sur le point de lancer le pays dans une voie aussi nouvelle que novatrice, ou si son aventure politique allait finir dans le ridicule et le mécontentement général.

Patrice Houzeau
Malo, le 3 juillet 2020.

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2 juillet 2020

TOUJOURS DES MÊMES YEUX

TOUJOURS DES MÊMES YEUX

 

 

  1. « Madame, je me tais, et demeure immobile,
      
    Est-ce à moi que l'on parle, et connaît-on Achille ? »
    (Racine, « Iphigénie », v.949-950 [Achille])

    On croit s'adresser aux autres et ce sont de parfaits étrangers qui nous répondent.

  2. « Ma fille, je vous vois toujours des mêmes yeux. »
    (Racine, « Iphigénie », v.555 [Agamemnon])

    Peut-être que je me trompe, mais je trouve cette formule ambiguë. Agamemnon veut-il dire que son amour de père est inchangé ou qu'Iphigénie est égale à elle-même ?

  3. « Ma fille, je vous vois toujours des mêmes yeux.
      
    Mais les temps sont changés, aussi bien que les lieux. »
    (Racine, « Iphigénie », v.555-6 [Agamemnon])

    Ni temps ni lieux ne changent nos yeux ; nos sentiments restent mais nos regards varient.

  4. Ainsi en est-il de nos sentiments, et nos paroles démentent souvent ce que nos yeux voient. C'est à soi-même qu'on ment. J'aime bien dans les films quand on entend le vent et que ça signifie que le temps passe tous nos désirs, nos mensonges, nos désillusions.

  5. Nous ne disons pas ce que nous voyons. Nous appelons cela réalisme et lucidité ; il faut savoir s'arranger avec la vérité. C'est là la base de toute politique.

  6. Le matin, parfois, je me réveille très tôt. « C'est vous-même, Seigneur ! Quel important besoin / Vous a fait devancer l'aurore de si loin ? » dit Arcas à Agamemnon. « De si loin » est amusant, comme si nous revenions d'un exil. Et bien sûr, je pense au persil et à la tête de veau.

  7. Surpris sans doute, Arcas, de cette voix au cœur de la nuit. « Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille », lui dit Agamemnon. Le rock anglo-saxon aussi qu'il frappe. Tiens, je n'ai pas bu mon jus de citron aujourd'hui.

  8. Agamemnon, il est comme perdu dans la nuit qu'à peine « un faible jour » l'éclaire, le grand chef, et le guide, Arcas. Ah l'aurait pas fallu qu'il se ramasse, Arcas, en se prenant les pieds dans l'on n'sait quoi qui fait qu'des fois, patatras, on s'étale la carcasse.

  9. Parfois, je m'imagine que dans l'air circulent des yeux en bans invisibles, comme qui dirait des sardines sans corps, ni queue ni tête, rien que leurs yeux. C'est à ça, sot suis-je, que je songe en lisant ce vers de Racine : « Vos yeux seuls et les miens sont ouverts dans l'Aulide. »

  10. Et dans la nuit noire ils se regardèrent dans le blanc des yeux. Comme j'ai des champignons, je me ferais bien une omelette ce soir. Lors du second tour des présidentielles 2017, Macron a fait jouer « Magic System ». On aurait dû comprendre : ce type-là nous méprise.

  11. « Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit ? » demande Arcas à Agamemnon. Un dieu peut-être murmurant dans la nuit, ou quelque bolide vrombissant dans l'espace, un aéronef furtif, un ivrogne qui siffle, un chien qui aboie, un gouvernement qui se dissout.

  12. « A peine un faible jour vous éclaire et me guide.
      
    Vos yeux seuls et les miens sont ouverts dans l'Aulide.
      
    Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit ?
      
    Les vents nous auraient-ils exaucés cette nuit ? »
    (Racine, Iphigénie, v.5-8 [Arcas])

Patrice Houzeau
Malo, le 2 juillet 2020.

2 juillet 2020

C'EST TOUJOURS QU'ON S'EN VA ET JAMAIS QU'ON REVIENDRA

C'EST TOUJOURS QU'ON S'EN VA ET JAMAIS QU'ON REVIENDRA

 

 

  1. J'aime bien comme ça erre dans les poèmes d'Apollinaire : « Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule ». Cela fait longtemps que je n'ai pas mangé de moules. C'est le matin ; j'ai envie d'écrire ; me suis fait un café ; pour me délier l'esprit qu'encore on a vague du songe.

  2. « Des troupeaux d'autobus mugissants près de toi roulent » : cela fait plus d'un siècle maintenant que mugit cette image. Apollinaire est mort de la grippe espagnole. Un siècle après, les virus courent encore. Je mets dans mon café non pas de la gnôle, mais un chouïa de rhum.

  3. Je me dis tiens le mot autobus est ancien. Ancien, autobus ; aussi omnibus. « L'angoisse de l'amour te serre le gosier ». Dans « Louis enfant roi » de Roger Planchon, l'enfant Philippe demande à l'enfant Louis si les pieds qui puent de la petite servante aux grand pieds le fascinent.

  4. Zut me dit Tu vis « comme si tu ne devais jamais plus être aimé ». Zut cite Apollinaire mais l'angoisse de l'amour ne me serre plus le gosier. J'en suis content car c'est assez périlleux de se lier l'esprit à je ne sais quelle autant agiter Zut dans ma caboche et laisser son cœur dans sa poche.

  5. Et laisser son cœur dans sa poche avec son mouchoir par-dessus. C'est exactement le genre d'expression que je n'entends plus. Maintenant, les mouchoirs sont jetables, les amours aussi et les familles se recomposent. Petit, je disais « carnasse » pour « cartable ».

  6. « Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule
      
    Des troupeaux d'autobus mugissants près de toi roulent
      
    L'angoisse de l'amour te serre le gosier
      
    Comme si tu ne devais jamais plus être aimé »
     
    (Apollinaire, « Zone »)

  7. On attend le remaniement. On dit que le premier ministre serait une femme. Elise m'a parlé d'un documentaire suisse intitulé « Les Dames ». J'entends le joli violon jazz à nostalgie du générique radiophonique du « Mystère de la Chambre jaune » et la jolie voix.

  8. J'aime bien comme ça erre dans les poèmes d'Apollinaire - « Je la surnommai Rosemonde » - et comme la langue évoque des mondes, « voulant pouvoir me rappeler », je me dis que cette Rosemonde recèle tous les désirs, tous les secrets de ce monde.

  9. Le narrateur voulant pouvoir se rappeler « sa bouche fleurie en Hollande » la surnomme Rosemonde. Ainsi nous surnommons et nos troubles portent noms de dieux et de déesses. Je me refais un café ; rien ne presse. Il est tôt et le monde n'a pas besoin de moi.

  10. Comme mots bien dits disent vrai autant qu'horreurs et mensonges, « puis lentement je m'en allai », que cela soit vite, trop vite, si vite, ou lentement, trop lentement, si lentement, c'est toujours qu'on s'en va et jamais qu'on reviendra.

  11. « Je la surnommai Rosemonde
      
    Voulant pouvoir me rappeler
      
    Sa bouche fleurie en Hollande
      
    Puis lentement je m'en allai
      
    Pour quêter la Rose du Monde »
    (Apollinaire, « Rosemonde »)

    Patrice Houzeau
    Malo, le 2 juillet 2020.

     

24 juin 2020

MIRLITONNERIES POUR QU'AUSSI JE RIE

MIRLITONNERIES POUR QU'AUSSI JE RIE

 

1. Vivement samedi que j'vas à la ville
   
Avec ma cousine Vanille
   
Et mon pote fantôme Freddy
   
Stilal qu'a des griffes
   
Visiter les zanimos zà
   
Venin pis ceux qui comme Freddy
   
Ont des griffes
   
Et qu'on zieute au zoo là.

2. Défois j'irais bien aux confins du désert
    
Ça s'rait comme un hein ça s'rait comme un rite
    
Qu'défois j'irais bien aux confins du désert
    
Des Tartares ou bien çui-là qu'on dit Mojave
    
Je dis Mojave parce que ça rime avec bave
    
Etc... mais c'est mieux avec des frites.

3. Défois je regarde la glauque qui se déploie
    
Qu'on dirait un grand mouchoir verdâtre
    
Dans lequel tombe un crachat rougeâtre
    
Un machin qu'on appelle soleil je crois.

4. Bizarre bizarre comme c'est bizarre
   
De par le monde des gens meurent
   
D'un virus persistant asphyxiant très bizarre
   
Bizarre comme c'est bizarre
   
Les économies s'effondrent les gens meurent
   
Comment voulez-vous dites comment
   
Qu'on n'croie pas défois qu'on nous ment.

5. J'aime bien les pumas, mais c'est juste pour leur nom
   
Car j'aime aussi les Incas dont je ne sais que le nom
   
Si l'on m'interrogeait sur ces fauves ou sur ces Indiens
   
J'auros alors tout rond le zéro, j'crois bien.

6. Les politiques si ça s'trouve n'existent pas
   
C'est juste des robots fabriqués par des gars
   
Venus d'on ne sait quelle extraterrestre où ça
   
Pis qui nous rackettent nous soumettent voilà.

7. J'aime bien les chansons étranges
   
Aux atmosphères d'orgues et spectrales
   
Aussi des guitares qui dérivent en rafales
   
J'y pige que couic c'est pourtant pas la langue des anges
   
C'est juste de l'anglais mais moi la musique m'suffit
   
Car de la langue à la Queen je n'en sais pas un penny.

8. C'est juste de l'angliche qu'ça cause de pouliche
   
Surnaturelle tu crois bin non c'est juste d'la godiche
   
Avec des calculettes derrière leurs yeux de biche
   
Des beautés coûteuses pour lesquelles on s'pourlèche
   
Qu'on ferait mieux défois d'aller à la pêche.

9. Défois quand cause le président
   
Cause le président
   
Cause le président
   
J'me chante en d'dans La Danse des canards
   
Ou bien Papa Pingouin
   
Parce que Qu'est-ce qu'il est bavard
   
Not' président
   
Not' président
   
Not' président
   
Et pis Tagada Tsoin Tsoin.

10. Y a des vers d'Apollinaire oùsque les enfants des morts vont jouer dans le cimetière. Je me demande bien si cet hiver, vu qu'on dit qu'la Covide va r'venir nous faire des misères, combien y en aura, d'enfants des morts, dans les cimetières.

11. Et puis parce que tout finit par des chansons
     
Laissez-moi chanter Macron Macron
     
Donne-nous des ronds
     
Du blé d'l'oseille du pèze des sous
     
Sinon Macron Macron
     
Ta réélection
     
Tu l'auras dans l'chou.

Patrice Houzeau
Malo, le 23 juin 2020.

 

 

22 juin 2020

CONVENTION DE LA SYNCHRONIE

CONVENTION DE LA SYNCHRONIE

 

 

  1. « Philosophie Magazine » a la bonne idée de consacrer le « cahier central » de sa livraison de Juillet 2020 à quelques extraits de « Notes de chevet » de Dame Sei Shônagon, femme de lettres du XIème siècle.

  2. « Choses qui égayent le cœur » : « Beaucoup d'images de femmes, habilement dessinées, avec de jolies légendes. »
    (...)
    « De l'eau qu'on boit quand on se réveille la nuit. »
    (Dame Sei Shônagon, « Notes de chevet », traduit par André Beaujard)

  3. Cette phrase aussi, surprenante petite énigme :

    « Pour les Indiens, quand un jaguar se voit dans le miroir, il voit un homme. » (Eduardo Viveiros de Castro, in « Philosophie Magazine », juillet 2020, p.69)

  4. Quand il me semble que j'écris et que je raisonne correctement, je suis heureux. Le reste du monde étant gorgé de phrases épouvantables et de raisonnements de casseroles, je ne suis heureux que par intermittence.

  5. Le masque parle bien, mais dessous, certainement qu'il grimace, ce visage.

  6. Il y a dans l'expression « faire tomber le masque » l'idée de la vérité révélée par le visage, et il arrive que ce ne soit pas le masque qui tombe mais la tête de l'homme qui le porta.

  7. « mais, alors que l'ignorance les fait vivre dans une grande guerre,
      
    ils donnent à de tels maux le nom de paix ! »
    (La Bible de Jérusalem, « Sagesse », 14, 22)

  8. Quelque chose de l'état de guerre dans l'état d'urgence sanitaire dont nous ne sommes d'ailleurs pas tout à fait sortis. Cet état d'alerte révèle maintenant que les maux induits par « l'horreur économique » seront d'autant plus violents que la crise fut aiguë.

  9. Le présent est ce qui vient d'arriver. Un infinitésimal décalage. La durée est la persistance de l'événement. La synchronie, une convention.

  10. Il y eut le faire : la Création ; l'être : l'humain ; l'avoir conscience.

  11. « Le canard sauvage me charme quand je pense qu'il balaie, à ce que l'on dit, la gelée blanche sur ses plumes. »
    (Sei Shônagon traduit par André Beaujard, « Notes de chevet »)

  12. Parce qu'il raisonne en utilisant son imagination, l'humain est un être essentiellement imaginaire. L'extraordinaire est ce que c'est en manipulant les clés que forge son imagination qu'il ouvre toujours plus de portes dans un palais de plus en plus complexe.

Patrice Houzeau
Malo, le 22 juin 2020

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18 juin 2020

SI SI SI

SI SI SI

 

 

  1. Si les fenêtres avaient des yeux (mais si ça se trouve hein), elles pleureraient quand il pleut et cligneraient quand il fait du soleil. La nuit elles fermeraient leurs paupières et rêveraient de jours heureux dans des rues heureuses.

  2. Si les pigeons ronronnaient, ils chasseraient les chats, lesquels s'enfuiraient à tire-d'aile en emportant nos langues.

  3. Si les étoiles avaient de longs bras élastiques, sans doute certains d'entre nous seraient ravis par ces longs filaments lumineux parcourant le monde.

  4. Si les chiens avaient des ailes, il y aurait vite des chiens de garde postés sur les toits, les tours de contrôle, et ils feraient, sous la conduite de leurs anges gardiens cynophiles, d'un bâtiment l'autre des bonds fantastiques.

  5. « Si je n'étais pas moi, je me jalouserais », dit, non sans malice, Zut.

  6. Si les livres de philosophie pouvaient parler, on ne pourrait plus s'entendre dans les bibliothèques.

  7. « If I were a rule I would bend », dit la chanson « If » de Pink Floyd. « Si j'étais une règle, je me plierais ». Et au fond, c'est ce que nous sommes, à nous-mêmes une servitude volontaire.

  8. Le présent est un passant, et parfois impatient, pressé qu'il est de passer à ce qu'il croit être l'avenir et qui n'est que lui-même toujours repris, revu, corrigé, repris, revu, corrigé, repris, revu, corrigé. Le présent travaille à la chaîne.

  9. « Les mots permettent tout », a écrit le philosophe Alain. C'est ainsi que le réel est permis par le langage. Dès lors, le présent ne cesse de nous interpeller, de nous interroger, et c'est ainsi que nous passons.

  10. Si j'étais le Covid, je dirais bien des choses au politique, et pas poliment encore.

  11. Si j'étais quelques-uns de nos politiques pendant la crise du Covid, je ne serais quand même pas très fier, mais bon, en politique, la dignité est une vertu assez rare.

  12. Si j'étais le Temps, je ne me presserais pas tant quand je suis heureux et me ferais rapide comme la flèche quand je ne le suis pas.

  13. Serait-il que nous ayons chacun notre serpent portatif et toutefois lunatique, qui, la nuit, pendant que nous dormons, s'échappe de nous pour aller étouffer nos ennemis.

  14. Si je n'étais pas si lunatique, sans doute serais-je plus solaire.

  15. Si Sissi n'était pas si sotte, sûrement apprécierais-je Sissi autant que j'apprécie Suzette, laquelle n'est assurément point aussi sotte que Sissi et qui, de plus, sait faire de délicieuses crêpes.

    Patrice Houzeau
    Malo, le 18 juin 2020.

9 mai 2020

ALORS LUI DU GRAND AILLEURS

ALORS LUI DU GRAND AILLEURS

1. Défois qu'on s'souviendrait plus du sens des choses, confiné qu'on s'rait dans la douceur des semaines, à regarder les zoziaux traverser le ciel entre deux averses de souvenirs, défois qu'on s'souviendrait plus s'que c'est que d'être soi.

2. Fugacement effrayé des forces terrifiantes, des corpuscules invisibles qui se balancent dans l'air et vous foudroient, que pouvait-il faire sinon palpiter en palpant du papier, à tenter de se passionner pour des intrigues policières tandis que l'univers continuait son expansion dans le on n'sait quoi et le paradoxe ?

3. Alors Lui du Grand Ailleurs là, tandis qu'il se passionnait pour les enquêtes d'un détective anglo-saxon, il renversa maladroitement sa bouteille d'univers dont le contenu commença à faire tache, à s'étendre et se répandre dans chaque trou de l'invisible.

4. Non, Monsieur Houzeau, je ne crois pas que l'invisible soit constitué d'une infinité de trous dont la somme serait infiniment plus grande que l'invisible lui-même.

5. L'arrêt d'un train en pleine campagne ignorée, et puis une foule parlant une langue inconnue et le rite d'une danse à pulsions, voilà ce dont je me souviens quand je pense (et pourquoi donc y pensé-je?) au film « Un soir, un train » d'André Delvaux.

6. L'espace grouille-t-il de matières organiques ? L'univers est-il le résultat de la décomposition d'un dieu ? C'est ce que vous saurez peut-être en suivant les fantastiques aventures du Cosmos ! A moins qu'un quelconque péquin se pointe avec un pangolin...

7. Je sais qui est Dieu ! Dieu, c'est Pinocchio, et son nez s'allonge, s'allonge à l'infini.

8. Les osses effrités dans l'cosmos, la tête éparpillée dans les comètes, le cœur fondu dans un trou noir, voilà le train fantôme qui traverse l'espace pis qui vous attrape pis qui vous réduit en poussière de poussière. Bon, j'vas m'faire cuire un œuf moi.

9. Défois on se sent obscur, comme une ombre sur un mur la nuit dans une rue déserte. Alors on r'luque la lune, cette pièce de quelques sous commune à tous et puis on va s'coucher, c'est toujours ça de pris.

10. Zut dit que trop c'est trop et hausse les épaules car les gens lui disent toujours que dire que trop c'est trop c'est pas des choses à dire qu'il faut bien faire avec Zut qui hausse les épaules quand elle entend ces choses comme ça qu'les gens lui disent quand elle dit la vérité.

11. Zut quand elle fait flipper, féroce au fouet, pas facile ferronnière, gifleuse, siffleuse, foudre et feule, à la folie qu'elle joue Zut qu'ça vire flan flagada fuite et fiasco fichage de camp tout autour, alors Zut retourne dans ma tête, et tout rentre dans l'ordre normal des choses qui n'ont pas changé.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 9 mai 2020.

26 avril 2020

DE MAUVAIS GOÛT ET ALORS

DE MAUVAIS GOÛT ET ALORS

1. Démarquant Henri Rochefort (ou est-ce Jean Richepin?) et son doigt de dieu auquel on ne peut que croire quand on voit la façon dont il se l'est mis dans l’œil, je dirai que la main invisible du marché, on ne peut qu'y souscrire quand on voit comment certains se la sont prise dans la figure.

2. C'est alors qu'il se mit à pleuvoir à tomber
    
Tomber chuter dracher tremper flaquer flotter
     Que tout sembla tourner à la pâte à papier
    
Béchamel porridge et trop cuits macaronis.

3. Quand nous parlons, quand nous toussons,
   
Ce sont les petits postillons
   
Qui font que nous contaminons
   
Marion et Margoton Léon
   
Raymond et son accordéon
   
Jeanneton et tous ses moutons
   
Grand concombre et p'tits cornichons
   
Ah qu'c'est ballot et vraiment trop...

   Mettons, mettons les masqueuh
   
Les masques à Macron
   
Valsons, valsons la valseuh
   
Du coronaviron.

 4. C'est alors qu'il se mit à manger à bâfrer
     
Bâfrer bouffer gober brouter grailler manger
     
Qu'il se mit à gonfler à s'montgolfiériser
     
Et pis alors et pis alors il éclata.

5. « Des cons, peut-être, je sais pas, mais en tout cas, finement, finement surtout, sinon vous allez voir que ça va encore êt' de not' faute. » (propos officieux d'un membre du gouvernement provisoire)

6. Quand il vit leurs mâchoires s'allonger et que leurs hennissements se firent de plus en plus longs dans des phrases de plus en plus courtes, Johnny Tartempion se dit qu'en ce moment il valait mieux éviter les boucheries chevalines.

7. Vous voilà tout paumé dans c'te grande vallée,
    
Et même que la mer qui n's'arrête jamais,
    
A s'rit de vous, la mer, se gondole, et la sort,
    
Sa baveuse et d'un coup vous v'là noyé tout mort.

8. Et alors il se mit à nier à mentir
    
Mentir tromper masquer leurrer gruger piper
    
Et comme il était au gouvernement, il chut
    
Sul'cul quand des élections ce fut le moment.

9. Défois la nuit on croit qu'on dort pis on s'réveille et on croit qu'on vit qu'elle me dit Zut en changeant sa tête de ch'val du matin pour sa tête de bien réelle défois qu'on y croirait plus.

10. Si vous toussez, si vous avez de la fièvre,
      
C'est peut-être que vous êtes mourant,
      
N'oubliez pas de faire votre testament
      
Et de fermer le gaz en sortant.

       Mettons, mettons les masqueuh
      
Les masques à Macron
      
Valsons, valsons la valseuh
      
Du coronaviron.

11. Moi c'que j'aime dans l'confinement c'est qu'des gens j'en vois plus tell'ment qu'elle me dit Zut en ôtant le masque à fantôme qu'elle a toujours quand elle revient d'chez les vivants.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 26 avril 2020

20 avril 2020

C'EST AINSI QUE JE NE ME PERDS PAS QUE JE CROIS

C'EST AINSI QUE JE NE ME PERDS PAS QUE JE CROIS

1. Charade.

D'abord, j'ai rêvé de mon père. Il me disait en me tapotant l'épaule : « Ecris, écris ton roman, fils. » Je ne saurai pas, papa, écrire de roman.
Puis j'ai rêvé de ma mère. Elle m'engueulait pour ne m'être pas assez occupé de.
Au matin, à la radio, le covid faisait le plein des hôpitaux.
Le tout me dis-je est de bien balayer tous mes bras là tous mes bras chus comme les cheveux d'mes histoires tirées par.


2. Sur les épaules du géant, le nain trépignait de ses visions.
   
Qu'est-ce donc que ce culicidé ? baffa l'homme immense.
   
Et ch'tiot nain dégringolit pis tout en bouillie.

3. Résilience... Résilience... Vous verrez qu'à force de résilience, i va finir tout résilié, notre contrat social.

4. Défois quand j'entends des spécialistes de l'éducation, je me dis « faudrait tout d'même pas prendre les débite-coin-coins pour aigles et phénix, ni les pangolins pour des armes de guerre. »

5. Lapalissade métaphysique : Infiniment longtemps avant que l'infini se scratche et s'riquiquise jusqu'au plus rien du tout in'napu, je regardais chapeau melon et bottes de cuir à la télévision.

6. Revu l'épisode de la série « Inspecteur Lewis » intitulé « Le dernier Chapitre » : épaté comme toujours j'suis par la beauté de Gina McKee.

7. Dans les années 70, m'émerveillant des excentricités électriques nous venant d'Angleterre, grillant mes premières sèches, buvant mes premières bières et comment qu'il m'impatientait alors, le temps.

8. Cette impatience du temps, j'en retrouve genre un air d'être dans ce qu'il est convenu d'appeler pop/rock, d'la poussière d'émerveillement... la nostalgie de n'avoir pas été mieux que ce que je fus : aurais-je écouté tant de rock alors ?

9. Dans les années 70, le groupe Abba passait pour de l'assez quelconque et très kitsch variété, mais le temps passant, je m'attends aux 200 pages bien pensées de quelque pop philosophe sur l'importance du groupe Abba dans le chaipaquoi contemporain.

10. On devrait toujours agir en fonction de la façon dont nous nous jugerons nous-même d'ici quelques années. Pour ma part, ça m'empêcherait de passer à mes propres yeux pour un éternel petit con.

11. Parfois le froid rappelle que tout n'est que désert et poussière dans le désert.
     
Parfois le froid rappelle que tout n'est qu'un désert traversé d'un infini de choses qui ont l'air d'être.
    
Ce dont je puis être certain, c'est que je me rappelle de toutes ces choses, c'est ainsi que je ne me perds pas.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 20 avril 2020.

 

 

 

 

 

 

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