EN MA TÊTE DEFOIS D'ETRANGES ZIGZAGS
EN MA TÊTE DEFOIS D'ETRANGES ZIGZAGS
1.
« C'est très difficile à expliquer. Je suis très sensible aux atmosphères. Je suis convaincu que les pensées des gens, leurs sentiments, tout cela marque les pièces où ils vivent. Il en reste quelque chose dans les murs, dans les meubles... »
(Agatha Christie, « La Plume empoisonnée » [Mr. Pye])
2.
Le narrateur de « La Plume empoisonnée » dit: « La Main du Mystère vient de lui frapper sur l'épaule ». Il dit : « Il me semble qu'il s'est passé quelque chose ! ». Il se passe toujours quelque chose. Tout ce que nous ne voyons pas, et qui est là pourtant, dirait Rouletabille.
Tout ce que nous ne voyons pas, et qui est là pourtant : faudrait des lunettes à voir les vaches invisibles dans les couloirs sans mur apparent.
3.
Le narrateur de « La Plume empoisonnée » juge : « La gouvernante des enfants » a de « grandes dents, larges comme des pierres tombales ». Il dégrade ainsi « la déesse », l'Aphrodite » qui le charma au chapitre II. Les dents hachent, broient, achèvent.
4.
Les mensonges sèment la zizanie. Tous les Etats mentent, mais quand ils basent l'essentiel de leur politique étrangère sur le mensonge, comme le fait la Russie de Poutine et de sa mafia, c'est que leur but est de diviser, d'influencer, de contrôler.
5.
En avril 2022, certains disaient que Poutine s'enfermait dans ses mensonges, à tel point qu'il finissait sans doute par y croire, devenant le prisonnier de la fiction paranoïaque que, jour après jour, il se forgeait.
«... il faut en finir avec ces lettres. Un jour ou l'autre, elles feront du mal.
-
Il me semble qu'elles en ont déjà fait !
-
Elles feront pire ! Les jeunes gens sont violents, monsieur... Et, quelquefois, les vieux aussi ! »
(Agatha Christie, « La Plume empoisonnée » [Mrs Baker et le narrateur])
6.
La Megan d'Agatha Christie se plaint de ses « taches de rousseur sur le nez ». Elle prétend qu'elle éprouve de la haine pour les gens, qu'elle sait « parfaitement ce qu'ils sont. » Adolescence. Théâtre. Posture.
Qui, lisant le chapitre IV de « La Plume empoisonnée », peut croire en la méchanceté de Megan ?
7.
La femme du révérend est au courant de tout mais s'interroge sur les lettres anonymes. La Joanna de « La Plume empoisonnée » est bien la sœur du narrateur, sinon Mr. Burton ne pourrait pas s'intéresser à Elsie Holland. Et Megan ? Non, il ne la voit pas du même œil.
8.
« Et, en tout cas, elle ne se figurait pas être en présence d'une femme capable de la tuer ! »
(Agatha Christie traduit par Michel le Houbie, « La Plume empoisonnée », [Nash])
Et, contemplant le point d’exclamation,
(En ma tête, défois d'étranges zigzags)
Tout en constatant qu'elle venait de disparaître, auquel
Cas je me retrouvai seul avec l'araignée du plafond, je me dis :
Elle (il s'agit d'une araignée)
Ne se figurait pas (les araignées, je pense, ne se figurent pas) ; elles
Se meuvent lentement, et soudain si véloces, ne se
Figurait pas, l'araignée qu'il a dans la tête et qui fait du trapèze dans sa toile,
Pas du tout qu'elle se figurait, l'araignée (Mirabelle s'étant approchée), cet
Être - pour y voir la main de Dieu, bah, il faut être Victor Hugo -
En bref, c'est l'histoire d'un zigoto à zigzags dans la cafetière, qui en
Présence de Mirabelle, ma belle (sont des mots qui vont etc...),
D'une belle donc, somptueuse comme une
Femme peut-être somptueuse quand on dit qu'elle est somptueuse,
Capable de fasciner et
De se mouvoir lentement, et soudain si véloce, à
La façon de l'Irma Vep de la légende ; qu'elle allait la
Tuer, ça, l'araignée d'sa caboche ne se le figurait pas
! qu'ça en fit une drôle de trace en forme de point d’exclamation.
Patrice Houzeau
Malo, le 30 avril 2022.