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BREFS ET AUTRES
26 janvier 2024

EN ALLANT S'ACHETER DES OREILLES

EN ALLANT S'ACHETER DES OREILLES

1.
« Un feu brûlait dans l'âtre ; une lampe brillait sur le manteau de la cheminée, car même à l'intérieur des maisons le brouillard commençait à s'insinuer en nappes épaisses »
(R. L. Stevenson traduit par Charles Ballarin, « l'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hide »)

2.
Parfois, entre les silences éloquents et les brouhahas insensés, on ne sait plus quoi faire de sa langue.

3.
« désagréable sentiment de malaise en traversant l'amphi- », comme si quelque squelette genre qu'il s'appelle Martin allait lui tomber sur le paletot ou que le spectre d'un de ces vieux professeurs honnis des Chiche-Capon allait lui, alors le commissaire demanda qu'on lui fît monter un sandwich et une bière.

4.
« sons le brouillards commençait à s'insinuer en nappes », que je me disais que si un navire à voiles des vieux films avec des squelettes-spectres de soldats à armures avec épées et escopettes, mousquets ou je ne sais quoi encore qui trucide, surgissait soudain de ces nappes épaisses et dans quelque port du Nord, c'est que le roman commencerait à ressembler à un film d'épouvante qu'en 1979, John Carpenter tourna un truc plus ou moins dans ce genre, même que ça s'appelait « Fog ».

5.
« La missive était rédigée d'une étrange écriture, » de telle sorte qu'on ne pouvait la déchiffrer que très difficilement et qu'elle fut donc l'objet de moult controverses quant à sa signification. Certains pensaient qu'il s'agissait d'une sorte de testament ; d'autres y lisaient d'étonnantes prophéties quand d'autres encore n'y voyaient qu'une liste de courses. On fit appel à des spécialistes en langues disparues, et chacun de ces experts fut forcé de donner sa langue au chat, lequel les emporta toutes.

6.
« Il se couvrit un instant le visage de ses mains. » C'est au moment où il voulut boire son thé que sa main ne suivit pas son bras et resta accrochée à son visage. Voulant user de son autre hein de bras, il obtint le même résultat et les deux bras restaient en l'air tendus et dérisoires tandis que ses deux mains s'entêtaient à lui couvrir le visage comme si elles s'y étaient collées.

7.
« dormait encore sur la cité ensevelie, où les réverbères » faisaient des taches jaune mouillé dans le brouillard qui dormait encore sur la cité ensevelie, où les réverbères avaient une furieuse envie de café et de croissants, ou alors d’œufs au bacon et de thé, ou alors de saucisses et de bière, ou alors, qu'ils se disaient les réverbères, si au moins passait un accordéoniste, pour nous jouer de l'accordéon, quelque java lunaire, ou alors une valse étoilée, de quoi danser quoi, cependant que droites et dignes, dans un silence glacé, passèrent les filles de la Nuit. Ce qu'elles fichaient là, nul ne le sait. D'ailleurs, tout le monde s'en fiche.

8
« et fin connaisseur de graphologie, considérerait sans » guère hésiter qu'appréciant beaucoup la musique des Rolling Stones, il s'écouterait bien « Beggars Banquet ». Il prit donc sa graphologie et s'en alla s'acheter des oreilles.

9.
« écritures sont identiques à bien des égards. Seule » l'incompréhension de tout dans laquelle je baigne comme une sardine dans l'huile m'empêche de vous dire de quoi il est question, l'une ayant visiblement été rédigée par la femme d'un boucher charcutier (les traces de gras et le parfum de violette qui imprègnent le papier en attestent) cependant que l'autre a non moins visiblement été composée par un menuisier italien (il y a de la sciure incrustée dans la trame et des taches de café, et puis quelle écriture agitée et si nerveuse !). De koiksakauz ? mystère et coin-coin, cette langue m'étant aussi inconnue que la sincérité est inconnue du politique.

10.
« A cette idée, il sentit son sang se figer dans ses » vous savez quoi, bien sûr, parce que ça ne pourrait pas être autre chose, sauf si le personnage est fait d'une toute autre substance que la nôtre, genre arrivé en soucoupe volante pis creux à l'intérieur, que si on lui tape dans le dos, il fait klong et vous désintègre illico d'un coup de laser parce que c'est pas des manières non mais.

11.
Janvier 2024. Après son ridicule appel au « réarmement démographique », son tour de passe-passe sur la loi dite « Immigration », la mise en place du gouvernement Attal et ses bizarreries (Amélie Oudéa-Castéra ? Rachida Dati?), après la colère des agriculteurs, je pressens que le président Macron va bientôt revenir nous faire le matamore genre : c'est moi qui dis qui y est.

Patrice Houzeau
Malo, le 26 janvier 2024.

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25 janvier 2024

COMME UN CYCLOPE DANS SON OEIL

COMME UN CYCLOPE DANS SON OEIL

1.
« jamais on ne l'avait pris en photo, et ceux qui étaient en mesure de le décrire étaient loin d'être d'accord »
(R. L. Stevenson traduit par Charles Ballarin, « L'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hide »)

2.
« solitude, et apaisant leurs esprits au riche silence » et ça, quand le silence est riche, faut en profiter, parce que souvent, le silence, il ne nous dit rien qui vaille mais parfois, il est riche, le silence, riche des paroles qu'on n'a pas dites, et défois même pas pensées.

3.
« lèvres devinrent livides. Une ombre assombrit son » parapluie, et ça, c'est embêtant, parce que, avec son ombre qui assombrit là, mon oncle, il va encore nous faire le coup du parapluie oublié qu'après, ça va nous faire qu'on va prendre la drache car, dans toute fiction qui respecte les lois de la gravité et de l'Académie, si un personnage oublie un parapluie quelque part, c'est que la pluie va tomber et l'Auguste se mouiller.

4.
« n'est pas avec des mots que les choses s'arrangeront. » C'est ce que nous constatons tous les jours, qu'on a beau en publier, des mille et un bouquins bienveillants et philosophico-empathiques, les humains, c'est un fait, préfèrent l'artillerie à la poésie.

5.
« Je sais que vous l'avez vu, il me l'a dit, et j'ai peur » qu'il commette des imprudences. Ah, mais c'est que l'homme invisible n'est pas seulement invisible, il est aussi distrait.

6.
« sans doute romanesque, elle était venue s'asseoir sur » quelque quête d'un chevalier errant (et sans portable, dis). Elle fut aussitôt emportée dans un tourbillon tourbillonnant parce que sinon c'est pas la peine ; comme elle faisait la tarte aux pommes comme pas une, nous la regrettâmes ; ce fut un dragon qui nous la ramena dans un grand chuintement et en s’excusant pour le dérangement.

7.
« une impatience à peine contenue. Tout à coup il fut » bien content d'écouter une compilation du groupe The Who que parmi toutes ces épatances, il y a le morceau « The Seeker » avec cette phrase hein qu'elle est bien  :
« I've got values, but I don't know how or why » (« J'ai des valeurs, mais je ne sais pas comment ni pourquoi »).

8.
« elle. Aussitôt, elle prévint la police. Le meurtrier était » là où on ne l'attendait pas. Mais on le retrouva, on l'emprisonna, on le jugea et on espéra lui couper l'envie de vivre et de tuer d'autres gens en ne lui coupant pas la tête.

9.
« premier brouillard de la saison s'appesantissait sur » tout ce sur quoi il pouvait s'appesantir : rues, toits, ombres, chats errants, chiens passants, vices et versos, parapluies oubliés, tartes aux pommes, visages et bonnets de nuit, crêpes et gaufres, quiches et poutres, niches et loutres, clochers et cochers, squelettes harassés, omelettes et fricassées, dandys et dindons, huîtres et moules qu'il appesantissait le premier brouillard de la saison, comme s'il était chez lui et ne parlant même pas la langue.

10.
« de tout-à-un penny où l'on vendait aussi des salades » et je me dis que cette ligne, que je tire d'une traduction d'un roman de Stevenson, a un petit goût de politique et de promesse électorale.

11.
« Une sorte de joie hideuse illumina le visage de la » souris et, sans conjugaison ni remords, elle bouffit l'éléphant. Puis, tranquillou la louloute, elle retourna dans sa fiction comme un cyclope dans son œil.

12.
« ses soupçons, le policier se déclara enchanté. Une » sacrée affaire car, dès lors, il multiplia jets de sorts et tours de magie, passant les murailles, les ans et les muscades comme s'il était Merlin revenu, alors qu'en fait, il s'appelait Albert, comme tous ceux qui s'appellent Albert quand ils ne s'appellent pas Maurice.
A propos d'éternel retour là, avec son « réarmement civique », pis « démographique », et même pédagogique me suis-je laissé dire, notre bon président Macron, nous jouerait-il pas une petite java façon Superdupont, de Lob et Gotlib, dis ?

Patrice Houzeau
Malo, le 25 janvier 2024.

25 janvier 2024

QUAND LES DOUZE COUPS ET AUTRES CHUINTEMENTS

QUAND LES DOUZE COUPS ET AUTRES CHUINTEMENTS

1.
« c'était pour la voir s'introduire furtivement dans les maisons endormies, pour s'enfuir ensuite, de plus en plus vite, jusqu'à atteindre une allure vertigineuse, par les dédales infinis de la cité »
(R. L. Stevenson traduit par Charles Ballarin, « L'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hide »)

2.
« l'horloge de l'église voisine égrène les douze coups », aussi fatidiques que les douze cercles qui mènent à je ne sais quoi de féroce, sauf que les cercles ne résonnent pas dans la nuit, genre ah tiens il est minuit alors qu'il n'est absolument pas minuit, surtout depuis que le jour s'est levé et que j'écoute sur France Inter les dernières, et parfois sanglantes, conneries que mes contemporains machinent pour avoir l'air d’exister.

3.
« brumes mouvantes et impalpables qui avaient si long- », je parie que la syllabe suivante est « temps », et c'est normal, parce que rappelez-vous que « l'horloge de l'église voisine égrène les douze coups », ce qui signifie qu'il est temps de se dire que tout se tient par la barbichette et le premier qui rira sera privé de gaufrettes.

4.
« est devenu trop excentrique pour mon goût. C'est à » Zut que je dis cela, laquelle Zut me rappela que j'avais moi aussi un on a tous quelque chose en nous de n'importe quoi, ce à quoi je répondis : « N'importe. Il est devenu trop excentrique pour mon goût. » C'est à Zut que je dis cela, laquelle Zut ne me répondit pas, car les douze coups ayant sonné à l'horloge de l'église voisine, elle s'était rappelée qu'elle faisait de la figuration dans une version télé de « L'Etrange Cas du docteur Jekill et de M. Hide » et que justement lanlan lanlan, et qu'elle avait donc disparu.

5.
« une silhouette dotée d'un pouvoir démoniaque et, au » moment où je copie cette ligne d'une traduction d'un roman de Robert-Louis Stevenson, je me dis que depuis que l'horloge de l'église voisine égrène les 120 coups de l'horloge de l'église voisine, ça n'arrête pas de se manifester dans le genre paranormal et pas banal, que si ça continue je vais manger une crêpe au jambon, car crêpe au jambon est exorcisme fort excellent à faire sortir les démons des maisons où ils font rien qu'à vous casser les bonbons, à vous halluciner le citron, à vous voler vos saucissons et à danser des rigodons en buvant des litrons.

6.
« mystère s'éclaircirait, peut-être même se dissiperait-il », hein, si on le lui demande poliment, au mystère... Moi m'est avis que s'il vous répond, le mystère, ça va être d'autres énigmes encore, et des très farfelues, du genre, où est le mort avec un couteau dans le dos qu'était là qu'est plus là que tout le monde a vu et que maintenant personne n'a vu et écrivant cela, je me dis que c'est une réminiscence d'un texte à Céline, l'infernal styliste, que le « mystère s'éclaircirait, peut-être même se dissiperait-il », mais sans doute faudrait-il parler la langue des mystères... st'une autre affaire, ça, hein.

7.
« une belle nuit sans pluie ; l'air était glacé ; les rues » fumaient la pipe en passant par elles-mêmes ; la lune ne faisait pas ouh-ouh mais le pensait très fort. Bref, un temps à ne pas aller se moucher dehors mais plutôt à se coucher dedans son lit en pensant à la vache qui rit.
Question : pourquoi la « vache qui rit » ?
Réponse : parce que c'est moins triste que le « veau qui pleure » ou que le « bœuf qui disjoncte ».

8.
« prestement la clé dans la serrure. Et puis soudain, » la porte disparut. La clé tomba. Il n' y avait plus rien derrière l'absence de cette porte qu'un grand vide dans laquelle la fiction, ridiculement et selon les lois de la gravité et de l'Académie, chuta dans un grand chuintement d'on ne sait quoi.

9.
« Et maintenant, dit l'autre, dites moi comment ». Je le lui répondis pas, ayant d'autres on n'envisage pas d'omelettes sans frites avec, sinon, on la mange sans frites.

10.
« avec la crainte et l'effronterie qui caractérisent les » politiques pris la main dans le sac à bourdes, gourances et malices, je suppose.

11.
« anciennes, à présent déchues, pour la plupart, de » ce qui faisait leur charme. Alors, elles ramèrent, ramèrent, ramèrent tant et si bien qu'elles arrivèrent, par exemple je ne sais où mais le fait est là, elles y étaient. Ce qu'elles y firent ? Oh, bien des vous m'en direz tant, cependant qu'un grand chuintement d'on ne sait où commençait à souffler sur toutes les faces de ce monde et apparentés.

12.
« une menace jusque dans les reflets de la lumière », qu'alors il vous faut courir, courir très vite ; on ne sait jamais, la vérité pourrait vous rattraper.

13.
« alors en pleine lumière, comme un diable hors de sa », ici, c'est le mot « boîte » qui suivra car il est rare de voir un diable sortir hors de sa choucroute, ou hors de sa machine à coudre. Ceci dit, les diables se cachent dans tous les détails, de même que si vous voulez du pain, c'est dans une boulangerie que vous devez aller, et non dans une diablerie.

14.
« choses ne peuvent continuer ainsi. J'ai froid dans le », et c'est vrai que ça fait froid dans le, quand on regarde le monde tel qu'il est et qu'il court vers qu'on ne sait pas où on va mais on y va, ah oui, froid dans le, là, c'est bien le mot.

Patrice Houzeau
Malo, le 25 janvier 2024.

23 janvier 2024

STUPIDITES AUTOUR D'UNE PORTE ET AUTRES FRITERIES

STUPIDITES AUTOUR D'UNE PORTE ET AUTRES FRITERIES

1.
« Aviez-vous déjà remarqué cette porte ? » demanda-t-il.
M.Utterson fit oui de la tête. M. Enfield ajouta :
« Elle me rappelle une bien curieuse histoire. »
(Robert Louis Stevenson traduit par Charles Ballarin, « L'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde », « Histoire de la porte »)

2.
« Toujours serons enfants de la bruyère et » puis nous rentrerons manger des galettes de pommes de terre, ou des pâtes au gruyère, ou des gougères au comté, ou des éclairs au café, ou d'autres comestibles du frigidaire, à condition bien sûr que les enfants de la bruyère soient faits comme tous les enfants de la terre.

3.
« et, bien que très amateur de spectacles, n'avait pas » cru bon de sortir ce soir d'autant qu'il n'était pas plus chez lui qu'il était ailleurs et qu'il se disait qu'il y serait mieux.

4.
« demandaient en vain ce que ces deux êtres pouvaient » bien faire ensemble ; d'ailleurs, ils ne s'étaient jamais rencontrés, et leur existence même était déjà remise en doute par d'autres anonymes.

5.
« coquetterie ; si bien que les devantures des échoppes » ne se mirent pas à taper la discute avec les passants car les devantures des échoppes ne peuvent pas parler, cependant que les jeunes filles contemplaient les vêtements qui apparaissent dans les vitrines comme autant de fantômes d'une vie qu'on n'a pas.

6.
« Aviez-vous déjà remarqué cette porte ? » demanda la femme à barbe car c'est tout le truc des portes fantômes qu'elles apparaissent comme elles le veulent, à toute heure du jour et de l'autre, ouvrant sur des pièces absolument vides et dans lesquelles vous ne pénétrez jamais.
Note : je me demande bien pourquoi la femme sans tête porte une barbe. Ce ne doit pas être facile.

7.
« bourg, et à peu près aussi expansif qu'une cornemuse » oubliée dans une arrière-salle d'auberge dans la campagne très loin, où personne ne sait jouer de cornemuse, ni même ce que c'est qu'une cornemuse, même qu'ils l'appellent « la chose » et qu'ils se demandent si elle ne serait pas envoûtée défois, rapport à ce qu'on entend la nuit.

8.
« authentique. Je pris la liberté de faire remarquer à » l'homme, lequel se ressemblait tellement qu'on aurait dit lui-même, que je ne sais plus du tout ce que j'ai pris la liberté de faire remarquer à l'homme dont je me disais bien aussi que je l'avais déjà vu quelque part.

9.
« personne n'aurait voulu, un vrai suppôt du diable. » Je ne sais d'ailleurs plus de qui il parlait car les « vrais suppôts du diable » étaient aussi courants dans la conversation du pasteur Hizet que les feuilles sont nombreuses quand elles sont nombreuses et qu'elles se multiplient, les feuilles, couvrant le ciel, les feuilles, bouffant le ciel, les feuilles, remplaçant les zoziaux du bon dieu par des serpents ailés, de voraces moules volantes et des rois-lézards chantant des diableries dans une langue que personne n'y comprend ni roi, ni dame, ni valet.

10.
« jamais fait de mal à une mouche en reçoit une sur la » tête qu'il avait perdue alors qu'il cherchait son pied droit (le pied gauche se sentant bien seul), mais, sans tête, comment voulez-vous avoir les yeux pour voir et les mots pour le dire ? Aussi ne retrouva-t-il jamais son pied droit et, à midi, se contenta d'une portion de frites, la viande étant trop chère.
Remarque : je me demande comment il a fait pour les manger, ses frites. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas.

11.
« sembler étrange. Pour ne vous rien cacher, si je ne » cherche pas à savoir qui je suis, sachant que ce que je suis, je ne le sais pas moi-même et que les autres le savent encore moins que je l'ignore, de telle sorte que je puis bien penser que je ne suis jamais qu'un ensemble de possibles, dont je ne suis même pas sûr qu'ils aient un sens puisque qui peut savoir ce qui est possible à quelqu'un dont nous ne connaissons en fin de compte que peu de choses, sinon qu’aux échecs, j'ai appris ce qu'est le « système de Londres », et que c'est intéressant, cette histoire de fou.

12.
« Voilà qui nous incite une fois de plus à nous taire », dis-je à mon ombre, laquelle me fit remarquer que le plus bavard des deux n'était certainement pas elle et que j'étais d'une mauvaise foi qui n'avait d'égale que la vélocité de l'araignée que j'avais au plafond. Je restai coi. Mon ombre ne m'avait jamais parlé sur ce ton.

Patrice Houzeau
Malo, le 23 janvier 2024.

22 janvier 2024

DES CHAUSSETTES DE L'ÂNE ET AUTRES COUINERIES

DES CHAUSSETTES DE L'ÂNE ET AUTRES COUINERIES

1.
« What is love, 'tis not hereafter,
Present mirth hath present laughter :
What's to come is still unsure.
In delay there lies no plenty,
Then come kiss me, sweet and twenty :
Youth's a stuff will not endure. »
(Shakespeare, « Twelfth Night » [Clown])

« Ne dis pas à l'amour : plus tard.
L'avenir est fait de hasards.
C'est aujourd'hui qu'il faut cueillir
Ce que demain viendra flétrir.
Vite un baiser, ma toute belle :
Jeunesse passe à tire-d'aile. »
(traduction : Pierre Leyris)

En français, on peut dire qu'on ne dit pas à l'amour « plus tard ». On peut le dire mais l'amour ne vous répondra pas, car l'amour n'a ni bouche, ni langue. Comment voulez-vous alors ? Si l'amour avait une bouche et une langue, il pourrait vous répondre et aussi manger car il n'y a pas de raison pour que, dès lors, l'amour n'ait pas d'estomac et donc d'appétit. On pourrait même penser que l'avenir pourrait vous dévorer, vous bouffer tout cru, vous digérer dans ses profondeurs amoureuses.
Conclusion : En français, vous pouvez dire qu'on ne dit pas à l'amour : « plus tard », il ne va pas vous manger.

2.
Il paraît que le président Macron voudrait généraliser le SNU en classe de seconde.
Je note que le président Macron n'est pas un âne. Car s'il était un âne, il ne voudrait pas généraliser le SNU en classe de seconde. Notez que si le président Macron était un âne, il ne voudrait pas le contraire non plus.
Du reste, le président Macron porte des chaussettes et un âne ne porte pas de chaussettes ; un mouton non plus ; un coq non plus ; un bœuf non plus ; et ils sont nombreux comme ça à ne pas porter de chaussettes, ce qui signifie que tous ces nombreux là ne veulent pas de la généralisation du SNU en classe de seconde et qu'en conséquence, le président Macron est minoritaire.
Notez que tous ces nombreux là ne voudraient pas du contraire non plus. Ce qui leur fait un point commun avec le président Macron et donne à penser que si le président Macron n'est pas un âne, il peut parfaitement s'entendre avec tout un tas d'ânes. Pour faire quoi ? Des âneries, bien sûr.

3.
Je ne sais pas si Gérard Depardieu est un grand malade ou un odieux perubu.
Je sais que Gérard Depardieu est un grand acteur (ceci dit, je peux m'en passer, car il y a tout un tas d'autres films formidables sans Depardieu dedans et quand même que les acteurs qui y gagnent leur vie sont très bien, épatants, méritoires et articulants).
Je sais aussi que lorsque le président Macron défend Depardieu en disant qu'il l'apprécie beaucoup en tant qu'acteur, d'abord on s'en fout, et ensuite, tel n'est pas le propos car il est vrai que l'on peut être un grand malade (ou un odieux perubu péteur-roteur) et en même temps un grand acteur, de même que l'on peut être président de la république française et pondre des âneries (ce qui n'est pourtant pas recommandé par la Constitution).

4.
« Hoffmann replongé dans sa rêverie, qu'échauffaient le poêle, le tabac et le vin de Bourgogne, demeura quelque temps silencieux. Mais soudain relevant la tête :
« On guillotine donc beaucoup ici ? dit-il. »
(Alexandre Dumas, « La Femme au collier de velours »)

En français, la question « On guillotine donc beaucoup ici ? » est grammaticalement correcte mais obsolète car cela fait longtemps qu'au pays de Voltaire, de Hugo et de Badinter l'on n'utilise plus la bascule à Charlot. La phrase pourrait se comprendre au sens figuré de la mort sociale, mais elle ne s'emploie guère. On dira plutôt : « Les têtes tombent-elles souvent ici ? » ou « Y a-t-il beaucoup de turn-over dans la boîte ? »
Sans évoquer la mort sociale, il y a quelques temps, on aurait pu demander s'il y avait beaucoup de borgnes dans le pays mais cette forme d'humour noir n'est pas appréciée par tout le monde, loin de là.
Dans la Russie de Poutine, on pourrait demander : « Les fenêtres sont-elles sûres ici ? » ou « Tombe-t-on souvent par la fenêtre dans le quartier ? » (et ce ne serait pas au sens figuré) mais quelque chose me dit que peu de gens, voire personne, ne se risquent à poser une question si dangereuse pour la santé.

5.
Les politiques français aiment et la démocratie et les élastiques. Certains plus que d'autres. Il y a même un moment où les élastiques sont si tendus qu'on a l'impression que la démocratie pourrait bien craquer.

6.
L'administration est un dieu discutable. Du reste, Dieu est sans doute le premier être dont l'existence virtuelle est avérée par son influence sur le destin de nous autres, bipèdes plus ou moins perspicaces.

7.
Je n'ai rien à dire sur Rachida Dati. Ça doit être parce que je m'en fiche.

Patrice Houzeau
Malo, le 22 janvier 2024.

 

 

 

 

 

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21 janvier 2024

PLUSIEURS ET IGNORÉ

PLUSIEURS ET IGNORÉ

1.
« L'ennui de vivre avec les gens et dans les choses
Fait souvent ma parole et mon regard moroses »
(Verlaine)

En français, on peut s'ennuyer « de vivre avec les gens et dans les choses ». Cela signifie sans doute que l'on préfère souvent rester seul et que l'on se sent souvent encombré.

On peut supposer que l'ennui de vivre avec les choux et sur les roses pourrait se comprendre comme une tentative dépitée de se mettre au vert.

On pourrait aussi évoquer l'ennui de vivre avec soi, soi-même et son double. Mais cela nous emmènerait dans des zones où je ne me coupe jamais le nez.
Ceci dit, je puis écrire aussi :
L'ennui de vivre avec soi, soi-même et son double...
Et pourtant jamais que j'en mange, du gras-double.
Mais ça, c'est parce que j'exagère.

2.
« Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,
Éclaire la forêt des coraux abyssins
Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore. »
(José-Maria de Heredia, « Le récif de corail »)

En français, on peut imaginer que « le soleil sous la mer » éclaire tout un tas de trucs sous-marins qui mêle « la bête épanouie et la vivante flore. » Nous constaterons que la bête des profondeurs y est « épanouie » (ce qui ne nous fait ni chaud ni froid et, qui à vrai dire, reste assez flou quant à la nature de la « bête » que moi, je m'imagine une méduse où quelque chose du genre). Quant à la vivante flore, c'est fort heureux, car si elle était morte, la « vivante flore », eh bien, ça vous pousserait à je ne sais quelle mélancolie, et se poserait alors la question du bon usage du Heredia dans le « réarmement civique » que notre bon président Macron appelle de ses vœux pieux.

3.
« Ah ! sur les terrasses en prenant nos épaules »
(René Ghil, « Nuit aux terrasses »)

En français, il est grammaticalement correct d'écrire : « Ah ! sur les terrasses en prenant nos épaules » et l'on notera qu'il doit faire froid là, sur les terrasses, parce qu'on le voit bien, dans le kino de sa caboche, le geste de se croiser les bras pour que les mains, lesquelles sont au bout des bras comme le train est dans le champ de vision de la vache – à moins, bien sûr, que les agents de la SNCF soient en grève ou que les vaches soient à la foire -, pour que les mains donc, atteignent les épaules et ceci afin de protéger le reste du corps du froid. On s'interrogera aussi sur l'utilité d'aller sur les terrasses pour s'y prendre les épaules alors qu'on pourrait très bien rester chez soi et se faire des crêpes. Ce qui donne à penser que parfois les poètes ne savent pas quoi faire de leurs vers.

4.
La politique tend-elle à devenir une donnée universelle du n'importe quoi ?

5.
« Un théâtre en plein vent, où, le long de la rue,
Passe, tantôt de face et tantôt de profil,
Un mimodrame, avec changements à vue »
(Théodore de Banville, « La ville enchantée »)

En français, on peut évoquer « un théâtre en plein vent où, le long de la rue ». C'est le genre de vers qui me retient car « le long de la rue » et le « en plein vent » me font songer qu'ils sont hantés d'un théâtre qui passait là, dans ces rues révolues, et dont on trouve un exemple, un écho, une trace, un passage dans l'extraordinaire tableau de Balthus intitulé « La Rue ». Quelqu'un passa, qui était plusieurs et qui était ignoré.

6.
La crise de 1929 fut un des déclencheurs des événements qui menèrent à la Seconde guerre mondiale. Est-il illégitime de penser que la crise de 2008 est un des paramètres originels d'une série d'événements qui ont mené au conflit russo-ukrainien ?

Patrice Houzeau
Malo, le 21 janvier 2024.

20 janvier 2024

ETRE DEBOUT TARD

ÊTRE DEBOUT TARD
1.
« Pareil au timbre lent d'un immense gong, le jaune envahissait les bois »
(John Updike traduit par Maurice Rambaud, « Les Sorcières d'Eastwick »)

Pareil que je me répaille, que je me voue
Au crâne que me veux-tu avec ta tête de mort ? Que je me
Timbre noir le tempérament, que je me pianote le
Lent ramentevoir et son harmonica des nostalgies.
D'un coup de couteau, un type de 20 ans tue un môme de 14 ans ; c'est même plus un fait divers exceptionnel, ça devient d'une effrayante banalité ; c'est la France de 2024, des technocrates et des pédagogistes, la France qui fout le camp.
Immense foutoir le monde, foire à l'armement, au massacre, à la saloperie bénie, à la gestion des misères, que je me disois en m'alertant du
Gong et des pérégrinations électriques que l'on entendait jadis dans les galettes de Led Zeppelin.
Le jaune, c'est pas spécialement ma couleur, mais faut dire, ça en jette, le
Jaune, le solaire, le blond façon champ de blé. Dans la phrase de John Updike, il
Envahissait, le jaune,
Les arbres de toutes sortes, les
Bois quoi que je pensais qu'en ce moment, c'était surtout la connerie qui envahissait tout, avec une grande célérité de promesse électorale.

2.
« Nay, by my throth, I know not : but I know, to be up late is to be up late. »
(Shakespeare, « Twelfth Night », II, 3 [Sir Andrew])
« Non, par ma foi, je ne sais pas ; mais je sais qu'être debout tard, c'est être debout tard. » (trad : Pierre Leyris)

Non car faut pas chouiner pour tout, dit le roi à son ministre.
Par exemple qu'il y en a qui l'ont mauvaise dans l'existence, dit le ministre au bouffon.
Ma petite vie, eh bien, par ma
Foi, elle est petite, mais pas si mauvaise, y a pire, répond le bouffon.
Je ne suis pas devenu celui que j'ai rêvé d'être. Je
Ne m'en veux pas pour cela et
Sais bien que cela importe peu aux asticots, qu'il dit aussi le bouffon.
Pas la peine de se mettre la rate au court-bouillon, dit le roi à son ministre.
Mais quand même je suis anxieux qu'il dit aussi le roi.
Je me regarde le je et me dis non mais quelle andouille qu'il dit aussi le roi.
Sais bien que se faire un monde de tout vous empêche d'avancer,
Qu'être si ramantevant c'est pédaler dans un passé qu'existe
pas, qu'il dit aussi le roi.
Debout encore debout que je suis et j'espère qu'il sera bien
Tard quand le grand Truc m'escamotera, mais nom de Zeus,
C'est que je veux rester vif de la comprenette.
Être aux anciens je veux bien mais
Debout, des chansons plein la caboche et du venin dans la langue et
Tard, tard, tard, devant ma dernière chope de bière.

3.
Je pensai à Poutine. Un cafard passa. J'écrasai l'un en pensant à l'autre.

4. Quand en 2017, Macron parlait d'en finir avec « l'ancien monde », je ne pensais pas que c'était pour en revenir à un monde plus ancien encore, celui des uniformes et de l'ordre moral déguisé en « réarmement civique ».

Patrice Houzeau

Malo, le 20 janvier 2024.

18 janvier 2024

AUSSI ABSURDE MAIS AVEC DU VOCABULAIRE

AUSSI ABSURDE MAIS AVEC DU VOCABULAIRE

1.
« Miss Bridget manifestait assez souvent un certain mépris à l'égard de ses sœurs humaines, mêmes celles qui avaient adhéré à sa Société. »
(Pierre Boulle, « Le Professeur Mortimer »)

Ce genre de réflexion sur la misanthropie me rend un sourire que ma sotte anxiété tend à me dérober chaque jour. D'autant que la Miss Bridget du roman a voué son existence à la défense des animaux.

2.
« - pour un observateur d'un tempérament froid, il revêtait un certain aspect, mais pour une âme chaleureuse, il prenait une coloration toute différente. »
(Nabokov traduit de l'anglais par Georges Magnane, « Le Guetteur »)

 

Pour ma très sotte anxiété, que faire ? M'ébaudir aux comédies,
Un clown de génie étant plus intéressant qu'un ministre médiocre (et la médiocrité ne manque pas en politique, c'est même un de ses traits caractéristiques à la politique que d'être surtout une affaire de médiocres).
Observateur je fus, mais maintenant je berlue, c'est qu'on en a vus, nous autres, des improbables !

3.
« Nous nous trouvions dans des conditions singulières. »
(un personnage d'un roman d'Agatha Christie dixit)

 

Nous nous argumentons la serine-moi-des-promesses nous
Nous berluons du politique c'est que nous nous
Trouvions sans cesse dans la singularité des conditions
Dans des circonstances à comment qu'ça va tourner s't'affaire
Des ruptures fractures malaises sociétaux récrimines crises et autres
Conditions qu'à peine ça se règle d'un côté v'là qu's'en alertent d'autres aussi
Singulières qu'les gens sont pas contents et de plus en plus nombreux qu'ça grince et coince dans le démocratique.

4.
« Il était resté époustouflé par ses manigances de sorcière »
(John Updike, « Les Sorcières d'Eastwick »)

 

Il était resté marivaugouin, tout à fait coi ; il
Etait resté vidouille et braquebaloin, tout à fait coi ; il était
Resté carneyé, carencé, canouistropé, tout à fait coi ; il était resté
Epoustouflé tandis qu'a s'a désaccordèrent, les guitares ; époustouflé
Par la façon dont le réel se mettait à changer de visage, comme si les visages de tous nos jours, au réel, on aurait dit soudain des grotesques, des caricatures, des malaises dans la temporalité, époustouflé comme si
Ses visages au réel, ils étaient tels qu'en eux-mêmes, j'vas gerber du cauchemar, qu'le réel, c'est rien que
Manigances manikoutais que de quoi que j'me dis de quoi que j'me dis de quoi que j'me dis
De quoi ? fis-je, révolté de tant d'absurde à nausée, mais la
Sorcière bien maquillée en bouteille m'assomma avant que je puisse me démarrer la corpulence.

5.
Quand je pense qu'il suffirait que je n'existe pas pour que personne n'en sache pas plus que si j'étais vivant, cela me laisse aussi songeur que lorsque l'ordinateur, avec une belle constance, me bat aux échecs.

6.
« Et ces orphéons, ces pétards, là-bas, dans la ville ! »
(Jules Laforgue, « Salomé » in « Moralités légendaires »)

 

Et voyez, je suis entouré de mots, des livres partout ; tous
Ces bouquins, je me dis défois qu'ils vont me manger, m'ensevelir, m'engloutir, tous ces
Orphéons de syllabes, ces clameurs muettes (pourquoi donc que l'image mentale d'une mouette m'envahit ah tiens) ; vont finir par me stupéfier, me dénommer, m'éparpiller l'être, tous
Ces textes géniaux, insipides, crétins, insignifiants, philosophiques ou le croyant, vivaces, malsains, troubles, dégoûtants, abscons, hermétiques, prétentieux, didactiques, humanistes, policiers, poétiques, honnêtes, écrits sans tête, sans queue, sans tripes, sans conviction ou dans l'ardeur des lendemains qui, systématiquement, déçoivent.
Pétards d'une révolution d'opérette ; brûlots d'un tas de crétineries.
Là-bas que j'me dis, dans tous ces ailleurs exotiques si loin de ma supérette et de mon bar-tabac du coin, doit y en avoir d'autres rigolos qui contemplent les piles de signes accumulés, regardent la misère du monde, et se disent aussi en écoutant à la radio pérorer les professionnels de la profession d'aligner des signes : « Bin tiens,bin voyons ».
Dans tous ce fatras littéraire, quoi donc ai-je cherché, quoi donc trouvé ?
La Raison avec un grand « R » d'avoir l'air ? Certainement pas, et je m'en vais dans la
Ville, aussi absurde que tant d'autres, mais avec du vocabulaire.

7. Relancer la natalité, qu'il a dit Macron. Pour faire quoi ? On est déjà huit milliards et au bord de la guerre mondiale. Ça vous excite tant que ça, la perspective des massacres ?

 

Patrice Houzeau
Malo, le 18 janvier 2024.

 

14 janvier 2024

EN M'INTERVIEWANT LA CITROUILLE

EN M'INTERVIEWANT LA CITROUILLE

«Est-il moyen, ô Moi qui connais l'amertume,
D'enfoncer le cristal par le monstre insulté
Et de m'enfuir, avec mes deux ailes sans plume
Au risque de tomber pendant l'éternité ? »
(Mallarmé, « Les Fenêtres »)

 

Est-il sot, le poète, avec ses mots qui ne servent à rien ? Est-
-il, incongru, stilal ? Pas
Moyen, en effet, de conquérir l'espace avec des rimes, de vaincre le cancer avec des rimes, de sauver la démocratie avec des rimes. Tout juste s'il vous amuse quelques instants, quand il ne vous ennuie pas.
Ô Poète, grand inutile, fais-moi des frites, sers-moi une bière, espèce de grand
Moi-y-a-qu'ça-qui-m'intéresse, moi
Qui me turluche me turlupine me turpitude me turnicote l'écoutille à échos, moi qui
Connais si peu de choses que je ris de me voir si sot en ce miroir. Quant à
L'amertume, oui, j'aime beaucoup la bière.

 

« D'enfoncer le cristal » ? Cher maître, vous avez de ces expressions !
Le cristal, quoi qu'il vous a fait, le
Cristal que vous vouliez ainsi « l'enfoncer » et lui casser sa lucidité ?
Par la fenêtre, on ne jette pas ainsi
Le bébé, l'eau du bain et tous ses cheveux. Quel
Monstre à tête de clown en vous demeure ?
Insulté que vous vous sentez. Je bois donc à la vôtre.

 

Et alors, j'ai pensé que ce n'étaient pas les masques qui faisaient le carnaval, mais les bipèdes agités derrière et aussi que j'aime beaucoup le groupe « The B-52's », et leur musique inventive, joyeuse et ironique, que je vous cite les premiers vers
De « Song For a Future Generation » (c'est amusant) :
« Wanna be the ruler of the galaxy
Wanne be the king of the universe
Let's meet and have a baby now !

 

Wanna be the empress of fashion
Wanna be the president of Moscow
Let's meet and have a baby now ! ».

 

M'enfuir ! Quelle drôle d'idée que je me dis en m'interviewant la citrouille.
Avec mes deux jambes et ma grande incapacité, où que j'pourrais bien aller ?
Mes envies d'azur étant très très très limitées, j'ai
Deux amours : mon chez-moi et la supérette du coin. Les
Ailes, c'est pour les anges, et les anges ne vont pas au bar-tabac. Et d'ailleurs,
Sans fortune, je n'irais pas bien loin. Me reste la
Plume, celle dont je suis plumé.

 

Au sacredouille que je finirouille ! Ah c'est que je
Risque bien de glisser dans la nadouille et
De m'y froisser la comprenouille, de
Tomber dans l'inconsistouille. Ce sera
Pendant un instant de distractouille que telle qu'en elle-même,
L'éternité voyez, eh bien, en attendant, la pluie, ça mouille.

 

Patrice Houzeau
Malo, le 14 janvier 2024.

 

 

8 janvier 2024

QUI TROP EMBRASSE RATE SON TRAIN

QUI TROP EMBRASSE RATE SON TRAIN

1.
S'il n'en reste qu'un, ce sera pas ma pomme. Je serai mort avant et j'aimerais avoir encore alors assez de jugeote pour balancer : « Et maintenant, bande de cons, démerdez-vous, si vous pouvez ».

2.
Qui trop embrasse rate son train.

3.
« Vous n'allez pas demander ce qu'elles pensent, à des personnes ici ou là... si elles sont pauvres elles s'en foutent bien !... »
(Céline, « Rigodon »)

L'a raison, ce fou... Les idées et grands principes républicains, c'est bon quand le frigo est plein... L'angoisse de la mistoufle, la scoumoune, voilà qui vous empêche... bigots à barbe et marchands d'illusions en profitent... croix diverses, paradis à houris pour suicidaires, trafics et influences, ordre moral, Sainte Russie eurasiatique... Bah, qu'il soit monarque, président, secrétaire général, duce ou Grand Mamamouchi, c'est toujours un roi qu'on guillotine.

4.
M'est avis qu'en Russie, qu'en Europe, qu’aux States, comme partout, même tralala... Y en a qui bossent, ou qui s'agitent, y en a qui picolent ou s'en mettent plein le pif, d'autres traficouillent, partouzent ou barbouzent, ou pigent que dalle et votent quand même... Les politiques quoi... M'est avis que c'est quand même pire en Russie que chez nos pommes... Mais c'est du ressenti... Vous me direz : y a qu'à mettre de l'Ordre... Ordre révolutionnaire à parti unique et constituante contrôlée, je suppose... ou alors, ordre moral garanti par les serviteurs du grand Machin qu’existe pas... La guerre alors, parce que voyez, que ce soit l'ordre révolutionnaire ou l'ordre divin, y a toujours dans les coulisses un Napoléon quelconque pour aiguiser ses couteaux...

5.
Quoi qu'il fasse, quoi qu'il conte, on a pas l'impression que Macron va pouvoir empêcher Marine Le Pen de gagner les présidentielles 2027. Ou alors faudrait la défaite de Poutine et la non-réélection de Trump... Et encore, pas sûr que ça suffise pour calmer les furieux et rassurer les inquiets... Une relance économique franche et massive pourrait faire l'affaire... On en est loin... Avec ça, la gauche a l'air dans les choux...
Reste que Marine Le Pen à l'Elysée, aurait-elle une majorité suffisante à l'Assemblée ? Pas sûr du tout... Pourrait se former un front républicain de la droite de raison à toutes les gauches pour lui saboter ses législatives.
Trois ans encore... C'est qu'il peut s'en passer des choses en trois ans... D'autant que l'Histoire s'accélère... violemment.

6.
La France, pays de merles moqueurs ; m'étonnerait qu'un parti extrémiste de droite ou de gauche pourrait longtemps s'installer dans un présidentialisme autoritaire. Les partis démocratiques ont déjà bien du mal à gouverner sans 49.3, alors, pensez, des apprentis dictateurs...

7.
L'autre jour, France Inter, Nancy Huston , Charles Pépin... me fait penser au parapluie de mon oncle... désaveu des « professeurs de désespoir » (Cioran, Kundera, Thomas Bernhard, Beckett, Houellebecq, zont pas dit Céline mais il va de soi). Ai pensé que, pour ma part, je préférais que quelqu'un prenne la peine, et avec talent, de me dire et avertir des choses telles qu'elles sont plutôt que d'écouter les bobards d'une « petite fée de l'espérance » - je ne parle pas de Nancy Huston qui me paraît très bien -, mais de celles et ceux qui, sourire aux lèvres et pleine conscience et autres positivités résonnantes à la bouche finiraient par m'entuber because que, convaincu et zozo, j’achèterai leur prose pour m'apercevoir que c'est que des conneries avec le mot « résilience » dedans.
J'ajoute qu'il faut le faire pour reprocher à Milan Kundera son « pessimisme » car d'abord, ce pessimisme se discute, et ensuite, faudrait pas oublier que l'homme, s'il n'avait pas pu rejoindre la France et l'Occident décadent, aurait très bien pu passer des années de prison ou d'hôpital psychiatrique dans un de ces paradis socialistes dont rêvent encore certains militants de la LFI. Et franchement, je ne pense pas que cela pousse à l'optimisme, surtout en ce moment.
Quant à Houellebecq, je ne sais pas trop quoi en penser. Je trouve son style passablement ennuyeux, voire très plat. Non, décidément, je préfère Cioran, Céline, Beckett et Kundera.

Patrice Houzeau
Malo, le 8 janvier 2024.

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