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BREFS ET AUTRES
31 juillet 2020

LE SOLEIL EN DANSANT

LE SOLEIL EN DANSANT

 

 

  1. La chanson n'est pas si facile Ciel bleu nuit bleue y errent des âmes bleues Les rues sont striées de rouge La chanson n'est pas si facile que tu crois charmer l'étrangère en trois mots Ciel blanc nuit blanche y errent des ombres seules Les rues sont striées de rouge.

  2. Que veut dire « aimer les gens » ? Aime-t-on les gens pour eux-mêmes ? Connaît-on vraiment les gens qu'on aime ? Les gens seraient-ils faits de pièces dont ils ont eux-mêmes perdu la clé et seraient-ils autant les pièces d'un puzzle impossible à constituer ?

  3. Les nœuds coulent dans la fréquentation des bipèdes. Qu'ils fassent cause ; qu'ils se partagent les mains tranchées. Que leurs sentinelles maîtrisent l'art de déjouer l'autre de la nuit et ses sortilèges tranchants. C'est ainsi qu'apparurent l'arc de la vengeance et le pain sur la table.

  4. Celui là rappelle ses livres ouverts sur des énigmes, ses familiers, aux stridences des alarmes, aux trains et aux spectres, à l'infini des solitudes, au couteau sanglant, à la diane, à l'égaré dans la forêt, au sang dans la coupe, à la coupe dans le château, à la lance perdue.

  5. Que les nœuds coulent dans la fréquentation des bipèdes n'a rien d'étonnant. A chaque grenier son pendu ; à chaque placard son cadavre.

  6. Lorsque l'heure des comptes a sonné, les loups ne manquent jamais d'arguments pour justifier la meute.

  7. Les nuits finissent toujours par boire la tasse et nous retournons parmi les formes et les moules. Aux murs, les comédies glissantes. Certains demandent leur frère, ce gardien. Ils assistent à ce spectacle qu'ils ne peuvent voir.

  8. La société n'étant pas majoritairement constituée de philosophes subtils et de logiciens pointus, l'égalité repose aussi sur le droit des gens à s'exprimer et à dire des sottises.

  9. L'école est bien loin de développer l'esprit critique chez la plupart des élèves. Au pire, elle les conforte dans le goût de la revendication à tout va ; au mieux, elle freine la propagation de quelques sottises.

  10. Certains pédagogistes croient en la science de l'ignorant. Ils ont eux-mêmes développé des sciences : les Sciences de la Science de l'ignorant (qu'ils appellent « apprenant » parce qu'ils aiment les niaiseries).

  11. « Le soleil en dansant remuait son nombril »
    (Apollinaire, « Merlin et la vieille femme »)

  12. Parfois, on l'a pas, ce nain prétentieux et nasillard qui vous monte la tête, qu'on laisse printemps et jambes nues charmer, qu'on s'balade dans le « jeune jour » en se rappelant de l'Apollinaire, et même que « le soleil en dansant remuait son nombril ».

    Patrice Houzeau
    Malo, le 31 juillet 2020

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30 juillet 2020

PIS QU'ON N'EST PLUS QU'ECHO

PIS QU'ON N'EST PLUS QU'ECHO

 

 

  1. Zut songe que souvent que les temps sont difficiles qu'on dirait même que les temps difficiles c'est l'éternel présent et que le facile, c'est l'ailleurs, le passé, le bon temps qu'on rêve, le jamais plus, le jamais tout court.

  2. L'humain agit en bête et raisonne en dieu, aussi bien qu'il fait des miracles et pense comme une casserole. Il ne s'y reconnaît pas toujours lui-même.

  3. Le pangolin n'est pas plus réel que l'idée que l'on s'en fait. Mais de même que le braconnier peut se laisser surprendre par le pangolin, nous ignorons ce qu'est vraiment un pangolin.

  4. De même que toute chose, dieu n'est pas plus réel que l'idée que l'on s'en fait. C'est pourtant cette idée qui agit dans le monde de façon si déterminante qu'il semble presque impossible d'imaginer ce monde sans dieu.

  5. Parce que l'idée qu'il se fait de la société est nécessairement fausse, le politique se doit de tenir compte du réel en agissant de façon pragmatique. Il semble que plus sa vision est abstraite, philosophique, théorique, plus le politique est en contradiction avec le réel.

  6. Dans ce flux incessant de ressentis que l'on appelle « opinion publique », on n'emploie guère de termes juridiques. L'expression « violences policières » par exemple, n'a pas de sens dans un tribunal. Nous ne sommes pas dans un tribunal, mais dans l'âpre quotidien.

  7. En juillet 2020, ai songé, au vu des affaires éclaboussant la police française, qu'il serait intéressant de comparer les statistiques de la délinquance au sein de la police à celles du reste de la population.

  8. Zut songe aux sirènes Vivent-elles dans des grottes ? On y trouverait sans doute les ossements des fascinés disparus corps et âme. Leur langue est-elle bifide et s'expriment-elles par des sifflements et des cliquetis ?

  9. Zut songe qu'il serait bien étonnant que la Vierge apparût à la fenêtre, mais comme on ne sait jamais, elle se décide à faire ses carreaux.

  10. Zut songe que, comme elle l'a lu dans Heidegger, « si le surhomme va au-delà de l'homme tel qu'il a été jusqu'ici », eh bin, risque bien de tomber de haut.

  11. A force de partir, les gens, ils finissent par ne plus revenir. Ça fait des fantômes parfois.

  12. Le monde de certains, il est tellement idéal qu'on dirait un conte de fée.

  13. A force, le réel si rapide qu'on dirait un manège, il finit par ralentir, ralentir, ralentir jusqu'à s'immobiliser. Les voix, de plus en plus lointaines, les voix. Pis qu'on n'est plus qu'écho.

Patrice Houzeau
Malo, le 30 juillet 2020.

29 juillet 2020

Y EN A AVEC EUX Y A TOUJOURS QUELQUE CHOSE A DIRE

Y EN A AVEC EUX Y A TOUJOURS QUELQUE CHOSE A DIRE

 

 

  1. Défois i paraît c'est Houellebecq qui l'a dit que « De silencieux serpents glissaient dans l'herbe épaisse » ; malgré tous ces « s » là, je ne les vis pas, point ne les ai ouïs ; les serpents, c'est comme les fantômes, i sont là, on les voit pas, c'est des parallèles.

  2. Blanche-Neige, bah, elle picolait tellement qu'elle a toujours cru que son mari, un petit bonhomme, était sept.

  3. Avec le Covid on se dit que faut pas avoir la vie comme avant si on veut avoir la vie un peu comme avant.

  4. J'aime bien l'expression « marionnettes de la logique » que je trouve dans un livre de Heidegger, que si ça se trouve, on s'agite le pensum sur not' beau théâtre des arguments picétou remarquez que même si ce picétou n'a de sens que pour nous c'est déjà beau.

  5. Dans la boîte à échos ce matin, Darmanin :« Quand j'entends parler de « violences policières, personnellement je m'étouffe » ; quand on sait que ce sont justement les derniers mots de Cédric Chouviat, on se demande si Darmanin n'est pas un peu... hein... croyez pas...

  6. Ce que veut sans doute le gouvernement, c'est censurer l'expression « violences policières » en ce qu'elle suppose une intention, une volonté de nuire, tandis que par « dérapage », ou « dérive », évidemment le policier incriminé passe juste pour une brute sans cervelle.

    Remarquez que c'est à double tranchant, car si la responsabilité du policier est dégagée (« bah, i s'est pas rendu compte »), dans ce cas, la chaîne de responsabilités désigne son supérieur hiérarchique, et de maillon dérivant en maillon dérapant, on en arrive vite au préfet.

  7. Dans la novlangue à Darmanin, les « violences policières » sont des « dérives » et « le trafic d'influence », une « vie de jeune homme ».

  8. Lier l'expression « violences policières » à l'expression « violence légitime » et citer l'argument d'autorité de Max Weber, c'est en fait procéder à un raccourci condescendant (en ce qu'il suppose que ses contradicteurs ne connaîtraient pas Max Weber) et en l'espèce, dénué de logique puisque ce qui est ici mis en cause, ce sont justement des violences illégitimes.

  9. On a tort de critiquer l'expression « violence légitime » : en effet, lorsque, pour protéger la vie des personnes ou sa propre vie, un policier est obligé de faire usage de son arme, il fait bien usage de la violence, mais il faudrait être de bien mauvaise foi pour ne pas reconnaître que cette violence est en ce cas légitimée par les circonstances.

  10. « Tout Etat est fondé sur la force », disait un jour Trotski à Brest-Litovsk. En effet, cela est vrai. S'il n'existait que des structures sociales d'où toute violence serait absente, le concept d'Etat aurait alors disparu. »
    (Max Weber, « Le Savant et le Politique »)

  11. Plutôt que l'emploi de l'expression « violences policières » et en raison du bien-fondé de l'expression « violence légitime », je préconise l'usage de l'expression « violences illégitimes ». Mais, à mon avis, ça ne va pas plus plaire au ministère.

Patrice Houzeau
Malo, le 29 juillet 2020.

28 juillet 2020

IRONIES MOQUERIES ETC

IRONIES MOQUERIES ETC

 

 

  1. Je suis bien content de vivre dans un pays, dans une Europe, dans un monde même où l'expertise est si grande. On va crever du Covid, mais au moins on saura pourquoi et comment. C'est quand même beau, la science, hein ?

  2. Bon, je veux bien que les chats soient des prédateurs redoutables, bin oui, ce sont des fauves quand même, mais bon, je me vois mal adopter un willyschraen quand même que j'sais même pas d'où ça vient ça le willyschraen.

  3. Ce qui a de formidable avec les chasseurs, c'est que le monde a beau s'écrouler autour d'eux, l'économie peut bien s'effondrer, les risques de conflits internationaux peuvent s'avérer très élevés, du moment qu'ils peuvent aller faire panpan dans la nature, sont contents.

  4. A l'âge où je suis, j'ai déjà connu tellement de gens qui portaient beau, qui se payaient des maisons, des vacances, des arrogances et des relations, et qui sont morts après avoir souffert comme des chiens sur leur lit d'hôpital qu'ils ne m'impressionnent pas, nos zozos politiques.

  5. Chaipas mais... enlever la plaque Victor Hugo d'une rue Victor Hugo ?Euh... cause que l'homme de Jersey et de Guernesey, avec sa Bouche d'Ombre et ses tables tournantes, m'étonnerait pas qu'il fût initié à des mystères que tire la chevillette et le bonhomme cherra et krrrik krrrak.

  6. Moi je pense que lorsque Apollinaire écrit « Un fantôme s'est suicidé », il exagère parce qu'un fantôme qui se suicide ça doit être aussi rare qu'un ministre de l'intérieur qui dit la vérité et si c'est le fantôme d'un ministre de l'intérieur qui se suicide alors faut appeler Sherlock Holmes.

  7. I m'a fait rire Arnaud Viviant quand il a dit dans l'émission « Le Masque et la Plume » ce film là est tellement mauvais qu'on dirait pour le monter, son film, que le réalisateur n'a gardé que les scènes coupées. Je cite de mémoire mais c'est marrant quand même.

  8. Je me demande combien elle a de doigts dans le pot de confiture, la main invisible du marché.

  9. Y a vraiment que nos politiques les plus naïfs pour croire que tous les Français considèrent tous les autres Français comme étant des Français. Moi, voyez, pour moi, Macron est français parce qu'on me le dit, sinon voyez moi, Macron, je m'en fous.

    Ça me rappelle qu'on raconte que lorsque le comédien Francis Blanche avait oublié son texte, il avait pris l'habitude de renvoyer la réplique et la balle à son partenaire par la question suivante : « Vous êtes catholique comme moi, j'espère ?... »

  10. Comme tout finit par se savoir, à un moment, on sait comment elles se sont passées les choses qu'on se dit c'est dégueulasse puis après, on passe à autre chose pis un autre politique arrive pour nous affirmer la main sur le cœur qu'tout va bien ne vous inquiétez pas.

  11. J'ai jamais trop cru au sens du Sacré du Temps des Cathédrales qu'à mon avis l'Eglise voulait assurer sa puissance, que les Seigneurs et le Roi voulaient pas contrarier l'Eglise surtout qu'ça donnait du boulot à des tas d'artisans et d'ouvriers. Du bizness quoi. Mais beau. Les seuls qui devaient y croire vraiment, c'est les saints, mais m'étonnerait pas que dès que les futurs canonisés tournaient le dos, ces gens i devaient s'gondoler en s'disant qu'il n'avait peut-être pas la lumière à tous les étages, l'aut' là.

Patrice Houzeau
Malo, le 28 juillet 2020.

28 juillet 2020

VIRER LA MIRETTE

VIRER LA MIRETTE

 

 

  1. Défois on argarde en arrière qu'on se dit ah qu'on fut ah qu'on fut ah qu'on fut con mais zon a tort car défois on est quand même sans argarder en arrière tout aussi tout aussi tout aussi con.

  2. En général les morts ne reviennent pas ou alors c'est que les morts ne sont pas morts mais si jamais les morts sont vraiment morts et qu'ils reviennent quand même c'est qu'ils avaient des jumeaux ou que vous êtes plus dans votre dimension habituelle.

  3. Défois on lit dans un poème « les cadavres de mes jours » genre un poème d'Apollinaire même que ça veut dire que les jours sont morts comme s'ils avaient été aussi vivants que vous et tous mes gens qui sont morts et qui sont eux aussi des genres de cadavres de mes jours.

  4. Si vous avez lu tout ce que je n'ai pas lu, eh beh vous en avez lu des livres.

  5. Jadis y avait des bals on les disait champêtres vu que des bals urbains je crois pas qu'ça s'dit mais pourquoi pas qu'des bals pourraient pas être urbains qu'après tout il n'y a pas qu'les vaches et les bœufs qu'auraient l'droit de guincher au clair de la lune des dames d'antan.

  6. Il est rare qu'une morte s'assoye sur un banc du coup je fus tout surpris de voir qu'sur le banc elle était assise que j'ai dû illico virer la mirette changer d'yeux mais c'est que défois les choses elles sont pas ce que les gens ont l'air d'être et un verre seulement.

  7. J'aime bien le mot « sphingerie » je lis ça dans un vers d'Apollinaire : « J'aimerais mieux nuit et jour dans les sphingeries » que moi sphingerie ou pas j'aimerais mieux nuit et jour être riche comme si je n'avais jamais manqué d'sous pas pire que Pierre r'marquez qu'avait même pas assez d'sous pour met' de l'eau chaude dans sa soupière.

  8. Le problème avec les autres c'est que justement ce sont des autres mais que si tous les autres étaient comme moi j'les aimerais pas quand même.

  9. J'entends à la radio le fantôme de Sartre parler du fantôme de Flaubert. On le reconnaît bien, il nasille comme Bob Dylan avant même que Bob Dylan soit né. La radio prouve sans contestation possible l'existence des fantômes bavards.

  10. « Puis les marmitons apportèrent les viandes
    Des rôtis de pensées mortes dans mon cerveau
    Mes beaux rêves mort-nés en tranches bien saignantes »
    (Apollinaire, « Palais »)

    1. Défois on s'balade qu'on a une boucherie dans la tête qu'on a la pensée rouge ou qu'on pense qu'on mangerait bien un tartare un filet américain ou qu'on pense à la Révolution avec ses règlements de justice là bien sanglants qu'on entend à mort machon à mort darmachin qu'les gens disent des sottises en attendant d'en faire le jour où zéliront leur mort à eux.

    2. J'aime bien la série policière « Astrid et Raphaëlle » (avec Sara Mortensen et Lola Dewaere) dont j'ai regardé la saison 1 en replay. Le ton un peu décalé (en raison du personnage de documentaliste criminaliste autiste d'Astrid Nielsen) et le côté énigme à parfum d'paranormal des intrigues me plaisent bien.

      Patrice Houzeau
      Malo, le 28 juillet 2020.

 

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28 juillet 2020

CHRONIQUE DU 28 JUILLET 2020

CHRONIQUE DU 28 JUILLET 2020

 

 

  1. Il se peut que l'avenir soit masqué ou ne soit pas. - La France, vue par les médias et les réseaux sociaux, parfois, on dirait qu'elle flambe. Ceci dit, les Nuit Debout du quinquennat de Hollande, les Gilets Jaunes du quinquennat actuel, la montée des extrêmes sont une réalité.

  2. « L'avenir masqué flambe en traversant les cieux »
    (Apollinaire)

  3. Chaque fois que je lis ces vers d'Apollinaire :
    « Et les roses de l'électricité s'ouvrent encore
    Dans le jardin de ma mémoire »
    Je pense, assez sottement sans doute, à toutes ces chansons électriques et anglo-saxonnes pour adolescent des seventies.

  4. « Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant »
    (Apollinaire, « le Voyageur »)

  5. Peut-on comparer l'Europe à une forteresse assiégée et l'espace Schengen à une porte sur laquelle pèse le poids des coups répétés d'un bélier ? Peut-on comparer les migrants à des voyageurs qui frappent à notre porte en pleurant ?

  6. Serait-il possible que ceux qui frappent à notre porte en pleurant cherchent demain à nous diriger ? Serait-il possible que ceux à qui nous donnons du pain aujourd'hui nous jettent des pierres demain ?

  7. Il m'a fallu longtemps pour comprendre que si les Anglais ont voté majoritairement pour le Brexit, c'est qu'ils estimaient avoir assez fait de sacrifices pour faire de la City la première place financière d'Europe et que l'idée d'un Royaume-Uni auquel le couple franco-allemand ne cesserait de faire la morale devenait pour beaucoup d'Anglais assez pénible.

  8. L'Europe est un jeu de rôles. Aux frugaux du Nord, au Luxembourg et à la Suisse, la discrétion bancaire et le secret des affaires ; à l'Allemagne et à la France, le leadership politique ; aux pays du sud et de l'est, les frontières, les débats, les incertitudes.

  9. Il est bien sûr trop tard pour fermer nos frontières, sauf pour le tourisme, pour nous recentrer sur nos savoir-faire bancaire, agricole et technologique (notamment dans le domaine de l'armement) ; il est bien sûr trop tard pour renoncer à notre fichue manie de vouloir universaliser nos valeurs : la France est un pays engagé.

  10. Si nous voulons rester parmi les rois du monde, nous pouvons compter sur notre attractivité et cet art si particulier qu'a la France d'être à la fois un pays libéral dans ses relations avec l'extérieur et dirigiste dans sa gestion des affaires intérieures. Mais il semble que cet équilibre soit de plus en plus difficile à maintenir.

  11. Il n'est pas impossible que le Covid, le réchauffement climatique et certains conflits en cours rendent inhabitables, pour longtemps peut-être, un certain nombre de territoires. Sans doute l'Europe doit-elle se préparer à une pression migratoire de plus en plus forte, de plus en plus urgente.

  12. Est-il vrai que si la Hollande affiche un PIB/habitant bien plus élevé que celui de la France, le taux d'endettement des ménages hollandais est un des plus élevés au monde ?

  13. Entendu sur France Culture qu'au début de la crise du Covid, on pouvait lire cette prophétie sur certaines banderoles de manifestants du secteur public anglais : « L'Etat compte ses sous, nous compterons les morts. »

Patrice Houzeau
Malo, le 28 juillet 2020.

27 juillet 2020

NOTES SUR LA SCIENCE DES OMBRES

NOTES SUR LA SCIENCE DES OMBRES

 

 

  1. Le fait que nous percevons le réel non pas tel qu'il pourrait exister mais comme il nous apparaît implique que nous ne vivons pas dans le réel en soi mais dans un être spécifique du réel.

  2. Ce n'est pas que le réel n'existe pas, mais qu'il est apparence. En ce sens, l'humain est voué à la caverne. Et toute sa science est une science des ombres.

  3. Si je suppose que l'univers dans lequel j'ai conscience d'exister est un parmi un nombre indéterminé d'univers parallèles (le nombre de ces univers est-il nécessairement fini?) et que ma conscience ne perçoit pas le réel tel qu'il est, je peux supposer qu'il en est de même pour les habitants des autres univers.

  4. Puis-je appeler Réel l'ensemble des perceptions du réel telles qu'elles se manifestent dans chaque univers parallèle ? Comment appeler un tel ensemble qui suppose un nombre indéterminé de sous-ensembles distincts et a priori clos ?

  5. Peut-on supposer qu'il puisse exister des univers parallèles vides de toute conscience, des « no man's land » ? Lorsque nous évoquons les univers parallèles, nous les pensons immédiatement peuplés de consciences. L'humain semble éprouver le besoin de peupler le désert.

  6. Evoquer des univers parallèles en termes d'univers peuplés a-t-il un sens en mathématiques ? Et en physique ?

  7. Nous tenons pour acquis que les lois de la physique sont absolues et nous en tirons (à mon avis, par naïveté) une vision linéaire des civilisations, lesquelles, par définition, se développeraient nécessairement dans le sens d'une technologie toujours plus avancée.

  8. Certains pensent même que le développement des civilisations est nécessairement accompagné par un respect toujours plus grand des valeurs du Vrai, du Bien et du Beau. Au mythe du « bon sauvage » s'est substitué le mythe de « l'extra-terrestre bienveillant ».

  9. Le nombre de manifestations d'OVNIS, nous dit-on, serait en forte augmentation depuis 1947 et suivrait même une courbe ascendante basée sur des vagues (on nous annonce même la prochaine vague pour 2035 !). Ce qui est intéressant dans ce phénomène est moins le fait en soi que la façon dont il se développe dans ce que, depuis Guy Debord, nous appelons « la société du spectacle ».

  10. Les pays libéraux surtout font du phénomène OVNI un objet de publications de tout ordre. Cela va de la brochure animée par quelques écrivaillons plus ou moins exaltés au documentaire soigneusement préparé, avec témoignages dits « sérieux » et avis d'experts reconnus.

  11. Lorsqu'ils frappent en nos murs, les poltergeists, étrangetés qui elles aussi ont fait couler beaucoup d'encre, ne serait-ce pas par hasard parce que nos voisins des univers parallèles trouveraient que nous sommes décidément bien trop bruyants ?

Patrice Houzeau
Malo, le 27 juillet 2020.

27 juillet 2020

DE L'OBLIGATION DE PAYER POUR POUVOIR S'EXPRIMER

DE L'OBLIGATION DE PAYER POUR POUVOIR S'EXPRIMER

 

 

 

  1. Dieu est la condition de l'humain autant que l'humain est la condition de Dieu. Peu importe que Dieu existe, ou que l'humain croit exister.

  2. Obliger les contributeurs de Twitter, les producteurs de tweets, à payer un abonnement reviendrait à faire payer ceux qui produisent le contenu sans lequel Twitter ne serait qu'une coquille vide.

  3. Obliger les contributeurs de Twitter à s'abonner, c'est oublier que, si les contributeurs ne sont pas payés, c'est en raison des investissements nécessaires à la facilité d'emploi fournie par le système de publication de l'entreprise. C'est en l'occurrence un échange de services. Nous remplissons gratuitement vos pages en échange d'un accès gratuit.

  4. Obliger les contributeurs de Twitter à s'abonner, c'est oublier que le marché ayant horreur du vide, à un outil qui serait désormais payant, succéderaient très vite d'autres systèmes gratuits dont la concurrence nuira à la pérennité de l'entreprise. On peut citer en Europe le cas de Canal +, télé payante qui, jadis puissante, a maintenant bien du mal à survivre et à faire face à la concurrence des chaînes gratuites.

  5. Obliger les contributeurs de Twitter à s'abonner, c'est faire jouer un capitalisme étroit et de court terme, et pas forcément gagnant (il pourrait s'en suivre une succession de défections), contre un libéralisme ouvert, intelligent et de moyen terme, qui lui est gagnant, la popularité de Twitter étant assurée de s'accroître, étant donnée la qualité de bon nombre des publications que ses services permettent.

  6. Une petite remarque en passant aux belles âmes qui rêvent de toujours plus taxer et imposer les GAFAM. Croyez-vous réellement qu'une imposition très forte de Google et consorts serait favorable aux utilisateurs ? Evidemment que non, puisque ce que les Etats percevraient, les GAFAM en répercuteraient forcément le coût sur les utilisateurs. Pas nécessaire d'être ultra-libéral pour comprendre cela.

  7. Obliger les contributeurs de Twitter à s'abonner est un mauvais calcul et, en bonne logique, c'est par la publicité et les investissements privés (via des partenariats) que Twitter pourra, non seulement améliorer son positionnement et ses résultats, mais même devenir leader.

  8. Obliger les contributeurs de Twitter à s'abonner ne peut être envisagé qu'en compensant le coût de cet abonnement par une rétribution des auteurs. Dès lors, l'utilisation de Twitter deviendrait une activité marchande et, à terme, serait soumise à des réglementations nationales qui pourraient s'avérer contraignantes pour chacune des parties.

Patrice Houzeau
Malo, le 27 juillet 2020.

25 juillet 2020

SCENES ET APERÇUS DE L'EMIETTEMENT

SCENES ET APERÇUS DE L'EMIETTEMENT

 

 

  1. La fenêtre sale laisse passer un jour verdâtre dans la pièce étroite et tapissée d'araignées plus ou moins véloces ; à la table encombrée d'assiettes sales, de bouteilles vides, au bout d'un verre plein, une main tremblotante et si peu de corps.

  2. Avec ses cheveux courts (ce jour-là, elle avait les cheveux courts), Zut regarde par la fenêtre l'autre Zut qui marche sur le chemin, de l'autre côté de la grille et des chardons et qui regarde les lèvres entr'ouvertes Zut derrière la fenêtre. Qu'est-ce que je fais là ? se dirent-elles.

  3. Les bords de la pièce sinuent juste en dessous des cheveux coupés par les ténèbres, continuent en zigzagant à travers les yeux verts et descendent sur les joues, longeant l'arête du nez, fendant les lèvres. J'ai au moins reconstitué son visage, se dit-il.

  4. Tchoc après tchoc, la pierre se déplace sur le tablier, esquissant des figures, projetant des frontières, créant des yeux. C'est toujours la même pierre, mais si multiple.

  5. Le baron barbu et assez bourru se barbant au bal des imberbes se barra tout bougonnant pour un bar où il but quelques bourbons.

  6. La terre sur laquelle il penche son corps voûté est noire ; de cet humus jonché de feuilles sortent des mains aussi squelettiques que lui même, s'agrippent à ses chevilles qu'il laisse là, sauvé soulevé soudain par des mains de lumière d'ange tombées des arbres.

  7. Maintenant, champ, pré, route, ferme, tout baigne dans le silence et une lumière brune sans éclats. Dans la grande pièce, le fusil armé, il scrute de ses yeux inquiets la respiration des murs. Sa tignasse poivre et sel, sa chemise à carreaux et son pantalon de toile bleue furent seuls retrouvés.

  8. « Un Chinois de Chinatown est-il aussi chinois qu'un Chinois de Chine ? » se demandait l'homme au chapeau blanc dans un chouette polar intitulé « Chinoiseries de choix pour Charly ».

  9. D'abord imperceptibles, les fissures s'élargirent, se multiplièrent. Les écailles de peinture tombaient en minuscules archipels sur le sol. Ailleurs, le papier peint gonflait, se déchirait. Cela se vit sur le visage des gens. On commença à parler d'émiettement du monde.

  10. Lorsque la pandémie du Covid sera terminée, se fera certainement entendre de plus en plus nettement la thèse encore assez sourde que le coronavirus est le fruit d'un complot international et qu'il a été créé en laboratoire afin de réduire drastiquement la population mondiale.

  11. Il ne manquera certainement ni de zozos, ni de complotistes professionnels pour faire circuler, pseudo-preuves et vidéos bidouillées à l'appui, l'idée que le Covid a été créé, qui par une Asie expansionniste, qui par une Amérique impérialiste, qui par une secte malthusienne, qui par Israël, qui par les Islamistes, qui par les Illuminati, qui par les extra-terrestres, qui par le Majestic 12, qui par le groupe Bildelberg, qui par l'extrême-droite, qui par l'extrême-gauche, qui par les Satanistes, qui par le Grand Remplacement, qui par les Admirateurs du Grand Pangolin.

    Patrice Houzeau
    Malo, le 25 juillet 2020

     

25 juillet 2020

DE LA SUBSTITUTION DU CONCEPT PAR SA CONDITION

DE LA SUBSTITUTION DU CONCEPT PAR SA CONDITION

 

 

  1. « Le concept du devoir dans toute sa pureté » : dans ce début de phrase, Kant (traduit par Guillermit) rappelle que la qualité d'un concept est dans sa pureté.

  2. Si l'on désigne le concept par A et si l'on désigne par « x » la pureté de A, nous dirons donc que « x » est inhérent à A, ou que « x » est la condition de A, mais si « x » est la condition de A, A est-il la condition de « x » ? Il y a-t-il concept dès qu'il y a pureté ?

  3. Y a-t-il concept dès qu'il y a pureté ? Lorsque je parle par exemple de la « pureté d'une phrase » ou « de la pureté de la langue d'un auteur », à quoi fais-je référence sinon au concept de pureté du langage, cependant que l'emploi de ce concept suppose un jugement esthétique : ce que l'on appelle ici « pureté » peut-elle être simplement « pauvreté d'expression », « degré zéro de l'écriture » ?

  4. La mort est-elle un concept ? Ou n'est-elle jamais qu'un état ? Parler de la pureté de la mort n'a-t-il de sens qu'en poésie, cependant que je puis désespérément affirmer une « pureté de la mort » face aux compromissions du réel. C'est sans doute ainsi que raisonne Antigone.

  5. La pureté est-elle la manifestation du concept ? Ainsi, la violence d'un meurtre, la violence pure, dans laquelle n'apparaît aucun signe d'empathie, d'hésitation éthique, est-elle la manifestation du concept de Mal qui serait ici compris au sens de « Mal absolu » ?

  6. L'on voit que le terme « pureté » pourrait aisément se substituer au terme de « concept ». Autrement dit, « x » étant la condition nécessaire et suffisante de A, « x » serait employé pour A. Ce tour de passe-passe logique est fort utile aux sectaires, qui encouragent leurs disciples à commettre des meurtres en fonction de la pureté de leur foi.

  7. Si je désigne par F le concept de la foi et si j'attribue à F la qualité nécessaire et suffisante « y » de « l'obéissance absolue à F », il devient dès lors aisé de convaincre le croyant de, par exemple, commettre un crime au nom de cette foi, puisque dès lors « y » se confond avec F de telle sorte que qui n'obéirait pas aveuglément trahirait sa foi.

  8. Comment empêcher cette substitution du concept par le nécessaire et le suffisant ? Comment empêcher que « x » n'oblitère A ? Probablement faut-il chercher dans l'emploi quotidien que nous faisons des concepts. Autrement dit, utilisons-nous toujours les concepts de façon pure ?

  9. Je note que les mathématiques, ou encore la musique, se caractérisent par la pureté de leurs systèmes de notation. Puis-je dire que mathématiques et musique sont de purs arts conceptuels ? Est-ce que cela a un sens en mathématiques de dire que « x » oblitère A et que la condition nécessaire et suffisante se substitue au concept ?

  10. Puis-je dire que l'ensemble des signes qui constituent le langage mathématique participe de sa définition de telle sorte que la condition nécessaire et suffisante du langage mathématique est l'emploi logico-mathématique de l'ensemble de ces signes ? Autrement dit, le concept de mathématiques n'existe-t-il que parce qu'il existe un ensemble ouvert de signes qui le définissent ?

  11. Je note qu'il en est de même pour les codes et les langages informatiques, lesquels n'existent en tant que concepts qu'en raison de la création d'ensembles de signes (pourrait-on parler aussi de processus?) qui permettent codage et utilisation des langages informatiques. Autrement dit, le concept est ici l'ensemble des signes du code.

  12. Je note aussi qu'il me semble que cette possibilité conceptuelle est l'apanage de l'humain. Peut-on parler de « code » en parlant du langage des animaux ? Intuitivement, on serait tenté de répondre par l'affirmative si l'on considère que les animaux se manifestent les uns aux autres par des signaux. Mais ces signaux semblent innés et ne correspondent donc pas à la notion de système ouvert créé par les humains : l'humain peut toujours ajouter de nouveaux signes, de nouvelles conventions d'écriture à tel ou tel code.

  13. Utilisons-nous toujours les concepts de façon pure ? Certes, il existe bien un « code pénal » et la philosophie du droit ne cesse d'affiner les définitions caractérisant la façon dont on doit juger des conflits humains. En ce sens, la Justice apparaît comme un concept dont la pureté ne cesse d'être convoquée, mais il est aussi que l'humain, si rationnel et raisonnable soit-il, vit aussi en réagissant.

  14. Les réactions humaines sont-elles les conditions d'un concept spécifique ? Serait-ce se montrer essentialiste que d'affirmer que les réactions de l'humain définissent le concept d'humanité ?

  15. Deux conceptions dès lors s'affrontent : une conception relativiste qui voit en l'humain une infinité de réactions de tous ordres (des plus admirables aux plus « inhumaines ») face à une conception positiviste (ou encore humaniste, ou universaliste) qui verrait en l'humain un ensemble de réactions à conditionner par l'éducation, la raison, la science, la politique etc...

  16. Utilisons-nous toujours les concepts de façon pure ? Vivons-nous en respectant scrupuleusement les conditions nécessaires et suffisantes des concepts qui définissent notre humanité (le Vrai, le Bien, le Beau, le Juste) ? Qu'en 1797, Kant se soit posé la question du mensonge dans un ouvrage intitulé « Sur un prétendu devoir de mentir par humanité » indique que la question mérite d'être posée.

  17. Vivons-nous en relativistes ou en positivistes ? Cette question permet-elle de rendre compte, ne serait-ce qu'en partie, des affrontements politiques actuels ? Lesquels, comme on voit, semblent de plus en plus âpres.

Patrice Houzeau
Malo, le 25 juillet 2020.

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