PARLER CLOWN COMME FANTOCHE EN CABOCHE
1.
« - Nous, dist Picrochole, n'aurons que trop mangeailles. Sommes nous icy pour manger ou pour batailler
- Pour batailler, vrayement, dist Tourcquedillon ; mais de la pance vient la dance, et où faim regne, force exule. »
(Rabelais, « Gargantua », Chapitre XXXII)
Cependant que comme le dit Toucquedillon, « de la pance vient la dance » et que « où faim regne, force exule », ce qui veut dire que « où la faim règne, la force est bannie » (du latin « exulare »), je ne puis dire que j'avions trop mangeailles et de peu me conforte.
2.
« Les fouaces destroussées, comparurent davant Picrochole les ducs de Menuail, comte Spadassin et capitaine Merdaille »
(Rabelais, « Gargantua », Chapitre XXXIII)
Qui destrousse fouaces se fait graisse et tombe en disgrace, et comme Picrochole, devra guerre mener pour éviter d'estre disgracié et recourra à ducs de peu et capitaine Merdaille, autant que Poutine envoya de Russie de soldats honteux pour s'aller se faire trouer en Ukraine.
3.
« (…) Le pauvre Monsieur du Pape meurt desjà de peur.
- Par ma foy (dist Picrochole), je ne lui baiseray jà sa pantofle. »
(Rabelais, « Gargantua », Chapitre XXXIII)
Cependant que l'usage fut de baiser la pantoufle du Pape quand on le visitoit, il ne faut pas mirager que le monde est à vos pieds et que suffit dire : « Peuples, vous êtes miens » pour que peuples vous soient, qu'ainsi Poutine se berlua qu'Ukraine allait le couvrir de lauriers.
4.
« - Non (dirent ilz) encores, attendez un peu. Ne soyez jamais tant soubdain à vos entreprinses. Sçavez vous que disoit Octavian Auguste ? Festina lente. »
(Rabelais, « Gargantua », Chapitre XXXIII)
Lisant que Suétone écrivoit que Octavian Auguste avoit en devise « Hâte-toi lentement », j'eûmes faim d'une fougasse à tomates et lardons, ce qui me représenta que le temps s'était mis à se hâter trop lentement pour mon appétit.
5.
« - Par la vertu (dirent ilz) non pas d'un petit poisson, un preux, un conquerent, un pretendent et aspirant à l'empire univers ne peut tousjours avoir ses aizes. »
(Rabelais, « Gargantua », Chapitre XXXIII)
Qu'un « preux, un conquerent, un pretendent et aspirant à l'empire univers ne peut tousjours avoir ses aizes », voilà ce que sait bien Poutine qui, pour ce, s'apprête à faire hécatombe de ses Russes en Ukraine et menace d'apocalypser le monde par voie nucléaire.
6.
« J'ay grand peur que toute ceste entreprinse sera semblable à la farce du pot au laict, duquel un cordouannier se faisoit riche par resverie ; puis, le pot cassé, n'eut de quoy disner. »
(Rabelais, « Gargantua », Chapitre XXXIII [Echephron])
Ainsi de Poutine, rêvant de restaurer l'Empire russe tel que Soviétiques l'avoient fait (pour le malheur des peuples), fut réduit à honte et massacre, et chien acculé, gronda fort qu'il avoit assez de testes nucléaires pour en finir avec le monde qui ne vouloit point de lui.
7.
« Dont dist Echephron :
« Et, si par cas jamais n'en retournez, car le voyage est long et pereilleux, n'est ce mieulx que dès maintenant nous repousons, sans nous mettre en ces hazars ? »
(Rabelais, « Gargantua », Chapitre XXXIII)
Je laisse aux hanteurs de tempêtes et passionnés des chimères lointaines les ailes pour le voyage, car au risque qu'en périple périlleux je laisse ma plume et ma peau, je préfère rester en repos, avec les livres et les mots qui y sont et qui me distraient du monde tordu.
8.
« Gymnaste et son compaignon tant chevaucherent qu'ilz rencontrerent les ennemys tous espars et mal en ordre, pillans et desrobans tout ce qu'ilz povoient »
(Rabelais, « Gargantua », Chapitre XXXIV)
A tant chevaucher, on rencontre les ennemis, et qui rencontre ennemi doit craindre pour sa vie, aussi se doit-il d'avoir sur lui de quoi tenir à distance et occire, voilà ce que Zut se disait en allant au marché acheter fruits, légumes, fromage frais et saucisses.
Ce que Rabelais écrit des ennemis de Gargantua trouve un écho dans la description des armées poutiniennes au début de la sale guerre de Poutine en Ukraine, alors que, partis pour vaincre en trois jours et manquant de tout, ils se firent, dit-on, pillards et meurtriers.
9.
« Pour tant, Monsieur le diable, descendez que je aye le roussin, et, si bien il ne me porte, vous, Maistre diable, me porterez, car j'ayme fort qu'un diable tel m'emporte. »
(Rabelais, « Gargantua », Chapitre XXXIV [Tripet à Gymnaste])
Pour amour de ma propre peau, Seignour, j'ai grant peour,
Tant s'ébrèche le temps qu'y passe le vent comme tant on dit quand on dit
Monsieur Moi-même, ne soyez point si dégoulinant comme crème
Le diable sait que vous savez qu'il n’existe pas plus que vouivre mais que
Diable c'est tout de même avec une enchanteresse que
Descendez de là dit le fou à la Lune
Que je vous voie sur toutes les faces
Je parle clown dans ma tête autant qu'y sonne l'épatant Köhntarkösz, qui est un album du groupe Magma de 1974, que je
Aye toujours le goût des musiques électriques et que
Le vent qui passe dans le vivant assez m'époustoufle D'un
Roussin trottant sur une vignette je me fais un galop de Bucéphale
Et j'ai tant de fantoches dans la caboche qu'ils s'emmêlent leurs ficelles
Si je veux ici faire court, ici je cours ! Allons, cours !
Bien dit, Bibi,
Il but une bière
Ne prit qu'un demi car
Me manque le temps d'en prendre un autre (d'ailleurs, il ne pleut plus) La
Porte est ouverte et la pluie a cessé
Vous sortez (moi aussi car je suis mon ombre)
Maistre passé,vous l'avez oublié, le
Diable est dans l'oubli Que
Me dites-vous là ? Ce Monsieur est mort !
Porterez-vous encore ce long manteau noir cet hiver ?
Car il est bien usé maintenant, ce long manteau noir
J'ayme ce long manteau noir et le porte tout de même
Fort bien mais c'est toujours trop long Suffit
Qu'un couteau vienne et que
Diable passant s'en empare et
Tel qu'en ma pomme enfin, l'éternité
M'emporte oh pas bien loin, au cimetière d'à-côté.
Patrice Houzeau
Malo, le 25 septembre 2022.