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7 août 2023

LE MAGNIFIQUE OU LE YOYO DU SCRIBE

LE MAGNIFIQUE OU LE YOYO DU SCRIBE

Le film « Le Magnifique », de Philippe de Broca, avec Jean-Paul Belmondo (chouette-chouette !) commence au Mexique et dans une cabine téléphonique, qu'il n'y a pas besoin d'aller au Mexique pour téléphoner, surtout que, d'après le film, on peut s'y faire dévorer par un requin des cabines et finir recyclé dans la grande distribution. Affreux, dis, comme une macronie.

J'aime bien aussi parce qu'on y entend des trompettes dans le genre des musiques folkloriques qu'on dit que c'est mexicain qu'alors que si ça se trouve, ça a été composé par un Albert Berbla de chez les 1er prix du Conservatoire Supérieur de Paris et autres auteurs de nombreux jingles pour la radio.

De toute façon, ne parlant ni espagnol, ni jouant de la trompette, moi ce que je vous en dis, c'est que j'ai mangé des pâtes. Bon, là-dessus, la musique est de Claude Bolling, et ça c'est bien, parce que j'aime bien les pâtes et Claude Bolling.

J'aime bien les films comiques, ça me change des films que je ne regarde pas.

Il est question « d'un pain de campagne sous le bras », mais il n'y a pas de pain de campagne sous le bras, et ça, voyez, c'est signifiant, qu'à mon avis, le scénariste, en pondant son chef d’œuvre de culture populaire, il aura eu soudain une petite faim (les émotions scénaristiques, ça creuse) et se sera fait un sandwich avec son pain de campagne là que ça ne m'étonnerait pas. D'ailleurs, pas plus le « pain de campagne sous le bras » que « la prune du Japon » du film « Mystery Train » ne sont coupables.

Il y a aussi la jolie Jacqueline Bisset, et ça c'est bien parce que j'aime bien les pâtes, Claude Bolling et Jean-Paul Belmondo.

Donc, « la petite mariée », comme dit Bob Saint-Clar (non, ce n'est pas un disc-jokey mais wikipédia nous sample que le DJ Bob Sinclar aurait choisi ce pseudo en hommage au personnage du film), l'avait du poil aux pattes, la « petite mariée », et portait la moustache que portent les moustachus quand ils portent la moustache, sinon, ce sont de faux moustachus, et c'est inquiétant.

Citation parce que quand même : « A qui Rodriguez téléphonait-il lorsque le requin est entré dans la cabine ? » se demande Bob Saint-Clar qu'à votre avis, hein, lorsque le requin est entré dans la cabine, Rodriguez téléphonait-il à :
- Donald Trump ?
- Collins, l'attaché militaire de l'ambassade ?
- A la boulangerie du coin, pour réserver un pain de campagne ?

Amis de l'ésotérisme, de l'occultisme, des pas dans le couloir et des coups dans le mur, je viens de m'apercevoir qu'à 19 minutes et 33 secondes du début du film « Le Magnifique », la femme de ménage, qui s'appelle Madame Berger (!), franchit une porte spatio-temporelle sur une plage du Mexique là-bas pour pénétrer dans un appartement en plein Paris où vit et œuvre un scribe du nom de François Merlin ! L'allusion est évidente : François est donc aussi françois que Merlin est enchanteur.

Ah tiens, il pleut dans le film. J'aime bien. Je me demande s'il arrive qu'au cinéma, la pluie jouât faux. Là, on voit bien les carreaux pleins de bouillon. Dans la nuit du 5 au 6 août 2023, ici, il a fait un vent à décorner un troupeau d'électeurs.

C'est pourtant vrai que les hélicoptères des films des seventies pleines de promesses (eh oui), ça vous vrombit façon gros moustique. Il y a un temple genre aztèco-sacrificateur, mais on voit que le ménage y est fait régulièrement. Pas de toiles d'araignée, pas de squelettes apparents et comme laissés à l'abandon, les rats sont en cage et le scribe au travail.

Dans la scène du temple (vous vous rappelez, « le rat aux dents imprégnées de cyanure », tout ça), la musique rappelle les ronflonflons trombonants des musiques au mètre que pondaient les studios d'Hollywood.

Autre citation parce que quand même : « Et Bob Saint-Clar, bondissant comme un fauve, échappe aux griffes de Karpov. » Ce qui devient quelques minutes plus tard : « Bob Saint-Clar, pagayant comme un fauve, échappe aux griffes de Karpov. » Puis, « un grand fauve en kimono ».

Le temps passe, la lampe descend.

Oh dis,, « Coucourrroucoucou, paloma ». Retour des sombreros chantants. Le film devient de plus en plus satirique, des ficelles et clichés de la paralittérature de mauvaise qualité (si, il en existe une bonne, et même une excellente), des snobs plus ou moins libertins, du baragouin sociologique auquel le scribe Merlin est confronté-toi-donc-tu-parles-trop.

Pourrait-on dire que « Le Magnifique » est un film sur le double imaginaire ? La projection de soi et des autres déterminée par les clichés de la culture de consommation courante : Merlin/Saint-Clar ; Christine/Tatiana ; Charron/Karpov ? J'en sais rien, cause que je n'en parle guère ni avec mon camembert, ni avec mon pain, mon beurre, mes pâtes, du double imaginaire là. Ah tiens, la femme de ménage est dans l'escalier.

Il est aussi que le film est un pied-de-nez au mythe de l'acteur identifié à un rôle : Vittorio Caprioli (dont la voix est doublée par Georges Aminel) joue l'éditeur cynique Charron et le bouffon chef des services secrets Karpov ; Jacqueline Bisset joue la hautaine Tatiana et l'étudiante Christine ; Jean-Paul Belmondo est aussi à l'aise dans le rôle de l'écrivain fauché et besogneux François Merlin que dans celui de la parodie de James Bond, Bob Saint-Clar.

Le scribe boit du café. Ça a un rapport avec Balzac. On entend la frappe de la machine à écrire. Un son du passé. C'est à ça qu'il sert, le cinéma, à préserver gestes et sons du passé alors que la réforme Blanquer, voyez, elle a servi à mettre encore un peu plus de bordel dans l'éducation nationale ; remarquez que le Pacte à Pap Ndiaye, lequel n'est même plus ministre, dans le genre sottise, s'annonce, lui aussi, très prometteur.

Le film s'achève dans le non-sens et le burlesque qui me rappelle la bagarre finale de « Zazie dans le métro », de Louis Malle. Une corneille passe. Je bâille et me suis amusé.

Patrice Houzeau
Malo, le 7 août 2023.

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