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BREFS ET AUTRES
19 février 2023

L'ÂNE LE LABYRINTHE ET LA CHEVRE

L'ÂNE LE LABYRINTHE ET LA CHEVRE

1.
« Non ; c'est un âne hypothétique, un être de raison, une fiction d'âne. »
(Paul Arène, « La Chèvre d'or », ch. XIII, « Le passage d'âne »)

Non, ce n'est pas seulement « Ma faim, Anne, Anne ! Fuis sur ton âne » à Rimbaud,
C'est une autre chanson aussi,
Un air pour un
Âne législatif, la valse de la reprise
Hypothétique, la ritournelle des réélus,
Un tango du député sans cerveau, pis qui sourit pis qui sourit pis qui sourit. Quel
Être vous pique ? Quel fantôme
De la liberté vous frôle ? Quelle
Raison sans raison vous remue ?
Une réforme, une autre, une autre encore,
Fiction de vérité cousue d'éléments de langage
D'âne évident, qui a bien appris sa leçon à l'Ecole Nationale des Ânes.

2.
« … et représentant les détours du labyrinthe de Crète »
(Paul Arène, « la Chèvre d'or », ch. XIV, « La fête de l'Emir »)

Et voilà que l'abbé Sèbe, c'est l'abbé du roman,
Représentant le bon dieu dans ce pays pris par la fièvre de la légende,
Les explications qu'il donne au narrateur sur la danse des gaillards, tours, tours et
Détours du « quadrille guerrier »,
Du Dédale au Minotaure qu'il cause alors, l'abbé, qu'ça évoque le
Labyrinthe assassin du mythe, ste gigue là, venue
De la Méditerranée antique, du temps de la
Crète, d'où Icare s'envola pour retomber.

3.
« C'est à croire positivement que la chèvre existe. »
(Paul Arène, « la Chèvre d'or », ch. XVII , « Les chasses du curé »)

C'est qu'il y en a des gens qui croient aux OVNI, ou
A quelque dieu de miséricorde, à moins qu'il soit vengeur, à
Croire au Grand Complot International du Covid satanique.
Positivement (l'adverbe est admirable) ils sont fascinés.
Que le réel soit tel qu'il a l'air d'être, des milliards de gens qui essaient d'avoir moins dure
La vie, ils n'en reviennent pas ; leur faut de la
Chèvre d'or, du grand secret, de la manipulation mondiale, qu'ça
Existe pour de vrai, le Belphégor planètaire, le Fantômas atlantiste, la Clique du Grand Cric qui croque tout.

Patrice Houzeau
Malo, le 19 février 2023.

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19 février 2023

CLAVETTE CLOCHETTE MUSETTE SUIVI D'UN OEUF

CLAVETTE CLOCHETTE MUSETTE SUIVI D'UN OEUF

1.
« Voilà bien maintenant la clavette, mais c'est la clochette qu'il faudrait. »
(Paul Arène, « La Chèvre d'or », ch. X, « Clavette et clochette » [Saladine au narrateur])

Voilà une citation avec le mot « clavette ».
Bien me dis-je car j'aime bien les rimes en vinaigrette.
Maintenant, j'ai l'embarras du choix : chouette, chaussette, pâquerette, castagnettes, chouquette, amusette, y en a plein la musette,
« La Chèvre d'or » étant le titre du roman, pourquoi pas biquette ?
Clavette, c'est ici la « clavette de sonnaille » que le narrateur du roman évoque ainsi : « en forme de demi-croissant dont les bergers se servent pour boucler le collier de bois que les chèvres portent au cou. » Donc, biquette.
Mais qui dit clavette, dit clochette ;
C'est justement la clochette
La manquante, l'absente – et on la regrette, « une clochette en argent, monsieur, que, depuis des cent et cent ans, les Gazan ont dans leur famille », dit Saladine. Clochette,
Clochette, sors donc de ta cachette ! (on dirait une comptine, une ritournelle pour fillettes) ; c'est la clochette
Qu'il n'y a pas et on ne peut la remplacer par une casquette, ni une arbalète, encore moins une muette, et je ne vois pas comment on pourrait faire avec des castagnettes.
Faudrait la r'trouver, qu'en attendant dis, je m'en vas manger des rillettes, boire une canette, en rêvant de gigolette et de bal musette.

2.
« - L’œuf, répond Norette, avec le plus grand sérieux, est pour qu'elle fasse un heureux mariage et pour qu'elle ait beaucoup d'enfants ! »
(Paul Arène, « La Chèvre d'or », ch. XI, « Panier de souhaits »)

L’œuf, moi je l'aime bien dur, froid avec de la mayonnaise. L’œuf ne
Répond que s'il sert de tête d’œuf ; alors, il vous expose les réformes – vous gave de chiffres et de dates – ; cela ne l'empêche nullement de se planter.
Norette est un personnage de « La Chèvre d'or », de Paul Arène (il date de 1889, ce roman). Est-ce un diminutif de Nora ?
Avec ça (l'œuf mayo), eh bien, des asperges, des tomates, tout
Le prélude des repas de famille, avant le rosbif et ses pommes de terre sautées,
Plus la salade, les fromages, les tartes. Un
Grand temps, mangeant, je pense à la chèvre d'or qui fascine le narrateur.
Sérieux je suis, tandis que le vin coule dans les verres et que l'on rit.
Est-elle farce, ma mère, avec ses souvenirs de robe cousue à l'envers, – les moutons pattes en l'air -.
Pour aujourd'hui, assez de café, de sucre et de tabac. Pour demain, je verrai bien.
Qu'elle vienne la saison des fortunes, ça me changerait, tiens, que je
Fasse un repas d’œuf mayo, d'asperges, de tomates, de poulet, de vin, une part de flan aux abricots.
Un café, deux cafés, trois cafés, je suis chez moi à contempler une escadrille de poulets rôtis qui passe dans le
ciel.
Heureux suis-je ; je lis, j'écris. Pourvu qu'ça dure et pas de
Mariage (ça risque plus).
Pour aujourd'hui, je n'ai pas fini « La Chèvre d'or » et
Qu'elle m'appelle, ça risque pas non plus, elle voit quelqu'un. Pour qu'elle
Ait beaucoup d'enfants, paraît que c'est pour ça qu'il y a un œuf dans le « panier à souhaits » qu'on lui « apporta », explique Norette, alors qu'elle était « âgée d'un jour » (« Un œuf, un grain de sel, un morceau de pain bis et un petit bâton portant un brin de laine au bout » ; c'est écrit dans le roman).
Beaucoup d'enfants... Beaucoup
D'enfants, je vous demande un peu.

Patrice Houzeau
Malo, le 19 février 2023.

 

19 février 2023

AU JEU SUIVI DE UNE INTERRUPTION DE L'INVISIBLE

AU JEU SUIVI DE UNE INTERRUPTION DE L'INVISIBLE

1.
« Piqué au jeu, intéressé par le mystère, je me mis à courir aussi, sans trop buter : pourtant maintenant nous suivions une manière de chemin. »
(Paul Arène, « La Chèvre d'or », ch.V, « Dans le vallon » [le narrateur])

Piqué : en français, on peut être piqué par quelque chose, une épingle, une remarque, et donc « piqué au vif ». Quand on s'est piqué
Au jeu, c'est qu'on se fascine pour quelque activité qui pourrait bien aussi se jouer de vous. Et quand il s'agit du grand
Jeu, alors faites bien attention à la douceur des choses, ainsi qu'au poignard que la rose, surtout si elle est borgne, mignonne, en noir et blanc et joliment dessinée, dissimule dans sa botte.

Intéressé : en français, on peut être intéressé par quelque chose ou par quelqu'un. On peut aussi ne pas être intéressé. Dans ce dernier cas, on dit : « Cause toujours tu m'intéresses ». On dit ça à quelqu'un. Pas à quelque chose. La réponse peut être variée, voire contondante. Quelque chose peut alors vous arriver. Si vous êtes intéressé
Par une chèvre d'or, c'est que vous êtes le narrateur du roman « La Chèvre d'or » de Paul Arène (1843-1896).
Le roman peut aussi vous intéresser, mais ce n'est pas un
Mystère, c'est juste un roman, un peu désuet, et très oublié.

2.
« Un « Monsieur ! hé ! Monsieur ! » interrompt mes réflexions archéologiques. »
(Paul Arène, « La Chèvre d'or », ch.IX , « Installation dans la tour » [le narrateur]).

Un bruit de pas derrière vous. Vous regardez. Personne. Si vous poursuivez votre chemin, et que le bruit de pas recommence, alors,
Monsieur, c'est que l'homme (ou la femme) invisible vous suit.
Hé oui, l'homme (ou la femme) invisible... Vous n'y croyez pas,
Monsieur ? C'est que l'homme (ou la femme) invisible ne s'est pas emparé de vous, sinon vous ne seriez pas là pour en rire. C'est qu'elle
Interrompt, cette Saladine (c'est un personnage du roman « La Chèvre d'or » de Paul Arène (1843-1896)), interrompt
Mes réflexions à propos du roman, et aussi mes autres
Réflexions, celles sur tout un tas de choses, les jambes et les roses, les poils, les épines, les poignards que les roses, surtout si elles sont borgnes, mignonnes, en noir et blanc et joliment dessinées, dissimulent dans leur botte. Qu'à la fin de la citation, il y ait l'adjectif
« Archéologiques » ne doit point nous troubler, car c'est au fond d'une poche, parfois, qu'on retrouve un peu de monnaie.

Patrice Houzeau
Malo, le 19 février 2023.

16 octobre 2022

DECAPODES ET INCONGRUS

DECAPODES ET INCONGRUS

« Les décapodes se divisent en deux sous-ensembles, les « nageurs » (crevettes) et les « marcheurs » (écrevisses, homards, langoustes). Ainsi s’explique sans doute la métaphore des « chars malhabiles ».

(Emilie Frémond, note sur « La crevette », de Francis Ponge)

1.

Les fictions, ça vous flanque au monde un d’ces labyrinthes dans lequel se jettent d’autres dédales encore. L’organisation de la fiction, le spectacle, empêche que l’on s’y perde, nous appâte avec du mystère, nous conforte dans une certaine indifférence.

2.

Décapodes, ô crustacés, comme l’indique la généricité, vous avez cinq paires de pattes. Quelle étrange chose, quand j’y songe cependant que je passe sous la pluie en grafouillant dans ma boîte à masques quelque univers à décapodes perspicaces autant que querelleurs.

3.

Se ramènerivent-elles bien, les grandes saucerelles à longs cheveux, qu’au soir, sous la nuit brune, on voit danser au son d’une flûte-la-lune et d’un ratatam crépitant ? Certainement, d’ailleurs elles campent.

4.

Divisent-ils les opinions, ces déshérités du bulbe ? S’apprêtent-ils à aller massacrer les gens au nom de la sainte Annexion ? Ou vont-ils crever, les pattes fauchées par la lame des fonds secrets ?

5.

En ce cas, si les oreilles n’en croient plus leurs yeux, il n’y a pas de raison pour que la grande taiseuse ne décidât d’en finir avec l’outrecuidant et ses assassins.

6.

Deux chasse-vlagadingues et la voilà prête à escarmoucher le gredin, à décitrouiller le pépin cependant qu’aigles et faucons alimentent la grenouille combattive à coups de millions de dollars.

7.

Sous-ensembles flous ou pas flous, je m’arvenos d’une inspection d’mon passé que j’me disos, ai-je donc tant compris pour obéir à des racle-gamelles palmés des clowneries, des tamponnés des ministères ?

8.

Les jours où il tombe des poules avec des dents, j’attends patiemment en lisant des illustrés pour la vieillesse, puis, une fois la dernière cocotte flaquée, je m’en vas avec mon panier chercher les œufs.

9.

Nageurs, ils rejoignent les Sirènes et s’en vont poser des bombes, cependant que les Vamps séduisent les couillons.

10.

Crevettes, elles se glissèrent sous les portes, dans les fêlures et les lisières. Sans bruit ni murmures, elles plongèrent leurs dagues entre les côtes des grands organisateurs de massacres.

11.

Et défois je sais pas quoi fere alors je vais au carrefour ou on achete des chips et je regarde les choses passer. Je dis les choses passque je connais pas leur nom. D’ailleurs, elle ne me calcule pas non plus.

12.

Les supermarchés où on achete des chips cé bien mais défois cé chiant passque j’ai pas d’argent alor je reste pas je vai chez ma tante (je vous dirai pas son nom) piqué des sous dans son porte-monnaie pendant qu’ele fait du café pui je retourne au supermarché acheter de la bière.

13.

Marcheurs cé un mot qui me rappelle que quand j’ai fini les cours défois je loupe le bus alor je rentre chez moi a pieds et cé chiant passque défois il pleu mais défois aussi cé bien passqu’on fait ça avec des potes qu’on va volé des trucs (je ne vous diré pas ou).

14.

Ecrevisses, voilà encore un mot mé celui là je l’aime bien que grace a lui je regarde sur wikipédia ce que sait une écrevisse. C’est du crustacé et ça porte un nom vernaculaire après cé tout bizarre come animaux. Sa porte de grandes pinces et y en a elles sont toute rouges.

15.

Homards. J’en ai jamé mangé. Je peux pas vous dire le gout qu’il a. Lui aussi il a de grandes pinces comme l’écrevisse et il est toute rouge. Je sé pas vous dire mieux que sinon je voi dans wikipedia qu’il y en a deux (le homard européen et l’américain).

16.

Langoustes. J’en ai oh marre de tous ces crustacés, cétacés pouah sont ennuyans pour moi les poètes que de toute façon moi ce que j’aime cé les kebabs les frites et le vodka raide bulle quan je sor avec les poto s’embrouiller au « Pirate » (c’est une boîte).

17.

Ainsi, il paré qu’il va y avoir la troisième guere mondiale. Si ça se trouve y aura plus de lycée cé embetant passque je pourrais pas avoir mon diplôme déjà que je viens pas trop souvan (cé a cause des profs) et donc je sé pas qui cé qui va payer votre retraite que si ça se trouve avec la guere mondiale a Poutine et l’Amerique vous pourez pas avoir de retraite et le probleme il est réglé mes quand meme la troisième guere mondiale cé embetant que je suis sur que Macron il va profité pour nous remettre le confineman pour pas qu’on mete les gilets jaunes pour aller voler dans les magasins brisés.

18.

S’explique-t-il ? Bin non. Il s’explique pas. C’est pour sa que cé pas normal naturel qu’il a entandu des pas dans le couloir qu’il a cru que c’était sa copine qui rentrait et cétait pas ele parce que c’été personne.

19.

Sans argent, on peut rien fere, du coup on peut pas se marié et se fere des enfans ou alors il faut trouvé une meuf qui veut bien assez de gosses (cé ma grand-mère qui dit ça) pour toucher assé des allocs passque sinon s’il nya plus assé de gens a naitre en France, comman qu’on va fere les Français pour fere la guere aux autres pays a Poutine.

20.

Doute. Défois je doute que j’existe mes cé surtout quand j’ai pas … quand j’ai … je me rans bien compte que je sais que j’existe parce que je … Excusé-moi pour l’otto-censure, mais je veuz pas avoir d’ennui a cause des chips.

21.

La semaine elle est longue (cé a cause des profs). Vivement samedi que j’aile au Pirate boire des vodka raide bulle avec mes potos et les sous que j’ai piqué a ma tante (je vous dirrai pas son nom). Par contre, si je m’enbrouille samedi, cépasûr que je serai au lycée lundi.

22.

Métaphore. J’ai d’abor cru que c’était un autre crustacé, mais non, cest une figure de style. Après cé tou ce que j’ai compri.

23.

Des figures de style, il y en a trop (cé a cause des profs). S’il y en avait moin on auré le bac plus facilemant et on pourrait fere un BTS ou meme l’université parce kon n’est pas plus sot que les autres cons la qu’il y en a j’m’enbrouille le samedi soir au Pirate ces batars.

24.

Chars. Ah enfin un mot que je connais grace a mon frere il a eté au Mali mes jai la flème moi maintenant alors sans charrier je crois bien que je vas dire quelque chose sur les chars sur une autre copie un autre jour avec un autre prof.

25.

Malhabiles. Je connaissé pas le mot. Alor j’ai regardé et j’ai vu qu’en fet, les malhabiles, c’est juste les connards qui savent pas fere. Cé des connars passque come i savent pas fere, i se font agrafer par les bleus et i passent au tribunal cé rien j’i ai été.

Patrice Houzeau
Malo, le 16 octobre 2022.

13 octobre 2022

LA VACHE DANS LE COULOIR ET LE ROI DANS LE ROI

LA VACHE DANS LE COULOIR ET LE ROI DANS LE ROI

 « - Je ne veux plus commander, s’écria le jeune homme, qu’à ceux qui verront un Roi dans le Roi, et non une proie à dévorer. »

(Balzac, « Les Chouans »)

1.
Je sais bien que lorsque je maugrongne, je ne suis guère agréable. Le mieux est alors de me laisser maugrongner seul, le temps que j’équarrisse quelque grouillement de mes ombres avec la hache noire de mon esprit.

2.
Ne jamais jamais jamais jeter le Zlorgh avec l’eau du bain. C’est une chose que tous les habitants d’ici par là savent. Le Zlorgh est alors délivré du sortilège de l’eau et reviendra tôt ou tard vous déshydrater, jusqu’à lyophilisation complète.

3.
Veux-tu de la véline en gelée ?, dit Zut. Bien que d’humeur maugrongnesse, je me mis à la table des négociations ménagères, sachant que l’offre n’était pas à dédaigner, la véline en gelée étant plus rare et plus chère que le gougnard, moins goûteux et plutôt vexant.  

4.
Plus on prend de l’âge, plus défois on relativise, jusqu’à ce que l’on finisse par se relativiser sa pomme et que, jetant son orgueil par-dessus les moulins d’sa fierté, on accepte l’idée qu’une fois que le grand Cric nous aura croqué, le monde se passera bien de nous.

5.
Commander, commander… Que voulez-vous que je fasse d’un tel verbe, moi qui ne commande jamais qu’un demi au comptoir, cependant que des foules de petits et grands chefs plus ou moins imbéciles commandent à d’autres plus ou moins imbéciles sous leurs ordres de s’entr’égorger.

6.
S’écria-t-il que j’étais mauvais perderon ? Je ne sais plus, Monsieur le Raviseur. Soudain des hommes en uniforme rentrèrent dans la chambre et m’ordonnèrent, en me braquant avec leurs fusils télépathiques, de jeter la hache noire de mon esprit par terre. Pour le reste, c’est le trou noir et planète perdue.

7.
Le gougnard, ça ne vaut pas la véline en gelée, je vous l’accorde. Mais en ces temps poutinesques, vous vous contenterez de gougnard. La véline pourrait être bientôt hors de prix. Accordez vos serpents, cela n’aura qu’un temps.

8.
Jeune, je ne me rendais pas compte que quelques dizaines d’années plus tard, contemplant vertiges graphiques et plumes virtuoses, je considérerai fatalement que j’avais manqué le coche.

9.
Homme libre, parfois tu deviendras amer.

10.
Qu’à force de parchagner d’la réforme, on finit par perdre sa charlure à législatives et qu’on finit avalé par la mâchoire du chouin peuple alors que se profile sur le mur l’ombre de la récalcitrance à chouanneries.  

11.
Ceux qui spongieusent outrancieusement, qu’on les jette à l’étanchéité, ça leur fera les palmes !

12.
Qui c’est-y qui a loupé le loup de la lune pleine, manqué le coche, gobé la mouche, qui est parti à la chasse avec cheval, chien, chapeau, laissant jolie châtelaine au château, pis qui s’artrouve cocu, caduc, couillon qu’on va lui couper le cou en guise de conclusion ?

13.
Verront-ils les plantureuses ballevalantes des ailleurs étonnants ? C’est possible, mais attention, il arrive que sous la peau des aimables ballevalantes se cachent les mâchoires de sirènes aussi massacrantes qu’une pluie de Russes en Ukraine.

14.
Un jour, on se dépeuple. Là est notre condition. Il ne reste alors de nous qu’une housse de peau, qu’on brûle ou enterre, tandis que nos esprits continuent à glisser lentement le long des choses, n’arrivant pas plus à les surmonter qu’une araignée arrive à sortir d’une baignoire.

15.
Roi de Zélivogne, il cognerivait tant qu’à force les galucherons prirent la mouche et vinrent de partout, à cheval, à chabre, à chaud, déchausser le palais et chasser le royal cogneriveur. Ils élurent Charlot 1er Roi de Zélivogne et retournèrent brancher les gens en leurs forêts.

16.
Dans quelques années, mon miroir me dira sans doute des vérités de plus en plus difficiles à entendre. Je pourrais lui couper la langue, mais ça ne servirait à rien. Comme on sait, la langue des miroirs est aussi tenace qu’un vampire accroché à un cou.

17.
Le jour de mes plus d’ans, je n’aurai plus du tout de dents, de lait sur le feu, d’idées dans la caboche, de vipères dans ma langue, et l’on me mettra à pourrir.

18.
Roi de Pogonie, il possédait les serres les plus cruelles de la gent florale et collectionnait les serpents. Il courait sur son aile les rumeurs les plus complotistes. On baissait le regard devant la froideur de son œil. On craignait son bec.

19.
Et vint le mauvais temps. Le Royaume-Uni quitta l’Union Européenne, un virus tétanisa le monde, Poutine envoya ses troupes violenter l’Ukraine et défia l’Occident. Le monde était surpeuplé et s’endettait.

20.
Non, c’est trop de têtes, j’en ai assez de la galure, s’écria le galurin (bien sûr, personne ne l’entendit). Ah qu’on les coupe toutes ces têtes de circonstances, toutes ces cafetières fêlées, toutes ces pouilleuses citrouilles, et que je m’envole chercher ma plume ailleurs.

21.
Une lumière jaillissant du saxophone, Zut en conclut que l’instrument était soit béni du dieu Jazz, soit hanté d’un blues sinueux. Ce n’est que lorsque, se penchant avec prudence et crucifix sur l’instrument, qu’elle vit le chat et la lampe de poche qu’elle avait par mégarde laissé chuter dans la béance à sons. Quelle distraite je suis, fit Zut en raccrochant le hareng saur à sa ficelle.

22.
Proie ! Proie ! Proie ! c’est le cri du proyeur que l’on entend parfois qui épouvante la nuit et toutes ses dépendances.

23.
A Zut, les jardins troués dans ma caboche, poches crevées, chaussures déchirées, tickets perdants, illusions perdues, chances gâchées, le mépris du ministère des apprenances, le chien fidèle et la langue au chat.

24.
Dévorer est un verbe qui dit bien son ogre, son ministre, son petit chef, son dictateur mangeur de peuples, sa poutinesque indigestion, sa gerbe de sang.

Patrice Houzeau
Malo, le 13 octobre 2022.

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10 octobre 2022

AVANT QUE LA MÂCHOIRE SE REFERME

AVANT QUE LA MÂCHOIRE SE REFERME

1.

J'écoute l'album « 4 Visions », publié en 1981 par le groupe Eskaton. C'est du rock progressif, tendance Zeuhl, me dit Zut. Ça me plaît assez, pour l'instant. C'est vif, nerveux et jazzy-rock. J'aime bien les voix féminines. L'ensemble voisine avec Magma et brio.

2.

Octobre 2022. Lu sur internet : « Haute-Savoie : six coups de couteau après une dispute dans la file d'attente d'une station-service ».

Le bipède en a flanqué six de coups

Y a d'la lune pis ça fait ouh-ouh

De couteau dans le corps d'un aut' vivant

Le vent si fort pousse les gens le vent

Après une querelle à la station

Les choses ne vous jouent pas du violon

Pour de l'essence qu'ça s'est enflammé

L'un n'est pas mort l'autre est emprisonné.

3.

« Il fut bientôt évident (dès mon adolescence) que j'étais né pour vivre parmi les monstres. »

(Henri Michaux, « Dans la compagnie des monstres »)

Il n'y a pas de raison pour que je ne prenne pas de mayonnaise avec mes frites, fis-je, tandis que la mayonnaise étirait ses épouvantes de marque jaune.

Fut-il bien avisé celui qui tentant de mettre Paris en bouteille, fut éborgné par un éclat de verre puis énucléé par le pic de la tour Eiffel ?

Bientôt de grands vaisseaux viendront, mais comme ils seront totalement invisibles, nul ne s'en souciera, et l'on haussera les épaules aux propos brumeux des complotistes de l'apocalypse tandis que les grands vaisseaux nous traverseront.

Evident que si je n'avais plus de dents, je ne pourrais point croquer la lune, dit Zut, qui, par ailleurs, n'est point assez poire pour prendre la lune pour une pomme (du reste, chacun sait que la lune est une crêpe).

Dès que je la vis, je ne la reconnus point, et je passai mon chemin cependant que la jeune fille continuait de son côté à vivre une vie dont je ne saurai jamais rien, sans compter que je m'en fous.

Mon chien n'est pas assez stupide pour miauler si j'écris « mon chien stupide se mit à miauler ». Le pouvoir du langage a quand même ses limites.

Adolescence, oh mon adolescence. Ah ça, tu en as bu des bières et rêvé des filles ! Et il est beau le résultat ! Cirrhose et cocuage. Black dog.

Que me dites-vous là ? Poutine aurait envahi l'Ukraine pour protéger les populations russophones du Donbass. Ah bin, si c'est ça, ils s'est complètement planté, le chevalier blanc.

J'étais alors un caillou, et je n'avais même pas d'idées de caillou car un caillou n'a pas d'idées. Il faut donc se rendre à l'évidence, ce n'est pas moi qui écrit, mais quelqu'un d'autre, quelqu'un qui n'est pas un caillou.

Né un beau jour qu'il faisait nuit (je pique ça à quelqu'un mais je ne sais plus qui), il mena une longue vie qui s'acheva rapidement par un baroud d'honneur dans une guerre oubliée.

Pour jouer au saxophone hanté, il vous faut un saxophone et le fantôme d'un musicien de jazz. Si le saxophone est facile à trouver, le fantôme risque bien de vous faire signer un contrat léonin griffu. Ah ça, c'est autre chose, hein, le spectral bebop !

Vivre !, se dit-elle avant que la mâchoire se referme.

Parmi les roses du jardin, je cueillerai pour toi la plus belle, et bien sûr, elle me mordra le nez et me griffera les joues et s'en ira, agitant la queue et très grondante.

Les choses dont je ne me souviens pas me reviennent parfois en mémoire. Mais comme elles portent toutes les masques des autres choses, je ne les reconnais pas.

Monstres, tous des monstres, braillait-il à la lueur sanglante des néons et agitant sa carcasse tordue, son unique globe oculaire et la tête de son voisin au bout d'une pique.

4.

Mon album préféré du groupe The Residents est peut-être « High Horses » : cette musique de limonaire hanté me rappelle la rue qui n’existait pas où j'ai tant vécu.

Patrice Houzeau

Malo, le 10 octobre 2022.

9 octobre 2022

CE QU'UN AUTRE ÂNE A DEJA DIT

CE QU'UN AUTRE ÂNE A DEJA DIT

1.

« Quelqu'un redit, Pire … O moqueur !

Echo lointaine est prompte à rendre son oracle ! »

(Paul Valéry, « Fragments du « Narcisse »)

 

Quelqu'un ah je ne sais qui

Redit ce qu'un autre âne a déjà dit pis qu'c'est

Pire pis qu'c'est pire pis qu'c'est pire alors.

 

O entendez comme le o se répète dans le mot

« Moqueur » qui suit ce o dans le vers de Valéry 

Echo elle wiederholte Echo (c'est une nymphe et pis

Lointaine parce qu'antique) n'empêche qu'on l'entend encore, celle qui gavait Héra d'histoires interminables pendant que Zeus allait courir la jeunette des eaux et forêts.

 

Est-ce que je vas dark zukunfter ce jour ?

Prompte est la galère à vous embarquer dedans

A vous panader dans la mistoufle à vous

Rendre tout blême avec s'te sensation qu'vous vous fantômez.

 

Son balai en main, Zut entreprit de faire déguerpir du jardin

Oracle qui s'en fut gronde-meauw, le poil hérissé et les yeux ronds.

2.

« - L'abbé divague. - Et toi, marquis,

Tu mets de travers ta perruque. »

(Verlaine, « Sur l'herbe »)

C'est-y-pas qui se s'raient boissonnés sévère, l'clérical là, et l'aut' noble ?

3.

« S'abattent parmi le feuillage jaune

De mon cœur mirant son tronc plié d'aune »

(Verlaine, « Le rossignol »)

Y en a i zont le cœur feuillu. En automne, doivent avoir un drôle de trafic dans leur circulation sanguine.

4.

« Les toupies tournaient ferme sous les fouets implacables. »

(Henri Michaux, « La marche dans le tunnel »)

Dans l'cosmos, si ça se trouve, les planètes, c'est jamais qu'des toupies, qu'un dieu qui a qu'ça à fiche de son éternité, fait tourner, pis en rythme, dis, à coups d'fouets tempétueux.

Les yeux mirouflant dans le lointain, je ravisos les

Toupies qu'elles sont les planètes pis qui

Tournaient, bal de têtes, pis

Ferme dans leur festinalenté cadencée, les planètes.

Sous mon front de rêvasseur, je m'demandos quels étaient

Les dieux qui ont qu'ça à fiche de leur éternité à faire des concours de

Fouets déclencheurs des foudres et tempêtes

Implacables comme des seigneurs en goguette.

5.

« Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées »

(Rimbaud, « Bal des pendus »)

Le temps que je me retourne, je n'étais plus que l'ombre de moi-même,

Corbeau, ris-tu, ris-tu, corbeau ? Le corbeau, i

Fait son talent de nettoyeur,

Panache noir qu'ça fait, cet envol de juges de bec.

A midi, je n'avais toujours pas retrouvé mes habits de peau, ni tous

Ces osses qui me servaient bien à faire les choses qu'on fait avec les vivants.

Têtes connues, vous ne me voyez plus. Les choses sont

Fêlées et m'emportent comme feuille dans le courant.

Patrice Houzeau

Malo, le 9 octobre 2022.

2 octobre 2022

ET BIEN PROFOND DANS L'OEIL

ET BIEN PROFOND DANS L'OEIL

1.

Quand je dis que je suis aussi vide que le ciel, je veux dire que le ciel est plein d'une matière que, afin de le comprendre, l'humain distribue en noms et phénomènes. Ce qui ne l'empêchera pas, quelque jour, de nous tomber sur la tête.

2.

1er octobre 2022. Une vidéo circule sur les réseaux sociaux qui montre les cadavres de soldats russes tombés lors de la bataille de Lyman.

Que dire de ces morts, sinon qu'ils sont les morts de Poutine.

Qu'ils sont les morts de la sale guerre de Poutine en Ukraine.

Qu'ils sont les morts de la bêtise et de l'entêtement de Poutine.

Qu'ils sont les morts du cynisme et de l'inhumanité de Poutine.

Qu'ils sont les morts des mensonges de Poutine.

3.

« Il n'y a donc qu'un impératif catégorique, et c'est celui-ci : Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle. »

(Kant traduit par Delbos, « Fondements de la métaphysique des mœurs »)

Il n'y a donc que cointures et cointures encore et couvertes de sang,

N'y a donc que bombardures, égorjures, éventrures, déconfitures sanglantes, y

A donc que poussée d'la gueule des dictatures décimantes, et

Donc (donc-donc-donc qu'elles font, les cloches très logiques)

Qu'un monde de vampires déguisés en bons samaritains, qu'un

Impératif, celui de la puissance ; ah je m'en carabouille le bouillot et m'en parfouille la foulloire, et là, je me fais aussi

Catégorique qu'un avis de tempête (ou, si l'on veut, que la jactance d'outre-couic).

Et c'est celui-ci, le Crucifié, qui nous a lancé sa malédiction multiplicatrice,

C'est comme ça qu'on s'artrouve surpeuplé à s'entr'égorger

Celui qui trouve qu'on n'est pas assez, ah qu'il aille se surpeupler ailleurs,

Ci n'étant pas là, s'étant fourvoyé dans l'escalier,

Agis, mais agis, espèce de stralance, de varilépatoire, de pêche-godasses, agis,

Uniquement parce qu'il vaut mieux agir que s'apourailler minable, que d'aller constater le conciliabule des vers de terre.

D'après la maxime qui veut que qui perd la tête oublie la fête,

La maxime qui veut que qui loupe son nez se moche mouche, la

Maxime qui veut qu'on ne vole pas un œuf si l'on veut faire un bœuf mode

Qui fait que tu peux sinon toi-même ? N'oublie pas que qui

Fait sa calenture, c'est qu'il est parti à l'aventure, et

Que c'est en été qu'on en voit car

Tu as des yeux pour comme la gelinette a d'la gambette et tu

Peux toujours en discuter avec ton crâne, il n'en est pas moins que

Vouloir c'est pouvoir vouloir, les morts ça ne veut rien, ça fa nada qu'à se s'queletter...

En même temps, le monde est varibulatoire au possible,

Même qu'en 1979, j'écoutais Patti Smith, Supertramp, Pink Floyd, et la nuit la pluie sur les toits... Le

Temps passe, nous, on s'casse, tant pis

Qu'elle soit fantômée extrême, la planète, et de vertes et de pas mûres, tant pis qu'elle

Devienne folle comme la tête coupée du saint le plus glé de tous les saints glés, tant pis qu'elle devienne folle comme

Une personne qui ne sait plus où elle a rangé son âme et tant pis si on n'en siffle plus merlette ; une

Loi qu'on s'lucide quand même, dis, pis

Universelle qu'on l'a, c'est qu'on se le met, le doigt, et bien profond, dans l’œil.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 2 octobre

1 octobre 2022

DE L'ISPSEITE MAGNIFIQUE ET AUTRES AFFAIRES

DE L'IPSEITE MAGNIFIQUE ET AUTRES AFFAIRES

 

« Remis des vieilles fanfares d’héroïsme – qui nous attaquent encore le cœur et la tête – loin des anciens assassins - »

(Rimbaud, « Barbare »)

 

Remis je suis (ça c'est quand je scoubidouille scribe)

Des heures à s'farcir la sottise et

Vieilles modernités des apprenances à bienveillance. Je songe donc

Fanfares étranges, masques grotesques, électricités monstrueuses.

D'héroïsme m'en claque la cointe (et pourtant l'Ukraine en proie...).

Qui parle ici qui n'est pas moi et que ma bouche exprime ? Ah

Nous voilà bien avec tous ces « moi » là qui ne sont pas nous ! - Ils

Attaquent, dit-on, notre Europe, les Russes de Poutine...

Encore une fois qu'elle tourne, la roue des massacres,

Le sol va-t-il s'ouvrir sous nos squelettes ? Les serpents vont-ils siffler sur les têtes ? Le

Cœur des nations, où est-ce qu'il va à se fendre, s'effriter, s'émietter, se dissoudre aux quatre gueules ?

Et pour qui sont ces vents qui soufflent sur vos âmes ?

La jactance qu'on a qu'on croit nôtre et qui n'est que blabla coincoin...

Tête, oh ma coquecigrue, n'en as-tu pas assez de toutes ces déclarations ?

Loin, tenez-vous loin, vos ombres à couteau ne me hantent pas.

Des fanfrelaines, des fifrelottes, des fabuleuses m'appellent du fond des

Anciens romans, des planches, des rimes –. Quant aux

Assassins conducteurs de peuples, mes fantômes s'en battent les.

 

2.

« Un soir, j'ai assis sur la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère – Et je l'ai injuriée. »

(Rimbaud, « Une Saison en enfer »)

Un soir, les charrues grises ronronnaient dans le ciel, un

Soir, je scragnaquais morose, je maronnais quoi,

J'ai cassé mes pattes – dessus, elle hautainait superbe -

Assis qu'on était – les litrons faisaient une ronde -.

La Beauté, telle qu'en elle-même l’œil la mouche, la

Beauté jeta un œil sur moi – fichtre, je louche !

Sur mes yeux catafiolés qu'elle le pose, son azur mirance ;

Mes esprits étant partis s'coucher, j'étais vide comme le ciel ; mes

Genoux s'en moquèrent, qui craquèrent sarcastiques.

Et donc spéculant,

Je me mis à regarder tel que.

L'ai trouvé curieux, le réel et

Trouvée amère, oui

Amère, comme dit Rimbaud, amère, la Beauté.

Et, contemplant le paradoxe,

Je me sentis monter des crachats à la bouche.

L'ai mal pris moi, l'ipséité magnifique, l'ai

Injuriée, la Beauté, comme si elle vendait du poisson pas frais, du poison d'la mer quoi.

 

3.

Lu sur Internet : « Affaire Quatennens : le député a été », puis comme je ne vis pas le reste, je me suis dit que je m'en foutais de l'affaire Quattenens, et de Quattenens aussi d'ailleurs. Est-ce que j'ai déjà serré la pince à Quattenens ? Non. Est-ce que Quatennens m'a aidé quand j'étais dans la mouise ? Non. Est-ce que je compte sur Quattenens pour m'aider ? Non. Conclusion : Quattenens est pour moi un étranger, et, désolé, j'ai déjà assez affaire avec mes soucis pour me préoccuper d'un Quatennens, dont je me fous royalement.

Patrice Houzeau

Malo, le 1er octobre 2022.

26 septembre 2022

L'AIR ME TRAVERSE COMME S'IL ETAIT CHEZ LUI

L'AIR ME TRAVERSE COMME S'IL ETAIT CHEZ LUI

 

« - La Juliette, ça rappelle l'Henriette,

Charmante station du chemin de fer

Au cœur d'un mont comme au fond d'un verger

Où mille diables bleus dansent dans l'air ! »

(Rimbaud, « Plates-bandes d'amarante... »)

1.

La catafiole, ça m'apprendra à m'mêler d'ma fiole !

Juliette, retourne voir ton Roméo, tu vois pas qu'tu m'indisposes ?

Ça me carapuste et me tarabuste et me claquebuste, la catafiole,

Rappelle la sgronge, la catafiole, et puis

L'Henriette (faut dire, ça fait longtemps que je n'ai pas mangé de rillettes).

2.

Charmante, qu'elle fut, au début, après s'grognassa féroce !

Station après station, moi j'alloingeais de plus en plus.

Du retour, il ne me restait que les sélabas. Dans le

Chemin, rameutant, je sifflai mes fugaces.

De toutes mes ombres, il n'en manqua pas une. Le

Fer me palpitait et le rocher me cabochait. J'm'entêtos.

3.

Au temps j'ai tant donné de mains vides que le

Cœur me scragne (le clown a bouffé l'aragne).

D'un coup de fusil je déduisis l'imposture de l'éternité. Le

Mont vomissait ses solitudes (les chevaux morts jonchaient).

Comme je me souviens... comme je me souviens... Aurais-je retrouvé ma tête ?

Au temps j'ai tant donné de phrases creuses que le

Fond, qui n'est pas plus pur que le clair de la lune,

D'un frosque me flouche (le bateau s'a noyé dans sa flache). Quant au

Verger, je n'y retrouve pas mes os. Ce n'est donc pas là que je suis mort.

4.

Où sont-ils donc, mes osses ?

Mille loups les auraient-ils emportés ? Les

Diables en ont-ils faits des concerts de flûtes ? Les

Bleus du ciel me tachent (du fait de ma translucidité spectrale)

Dansent-ils, mes osses, la gigue des anges

Dans quelque quolibet où l'on boit sec en jouant de l'accordéléphanton ?

L'air me traverse comme s'il était chez lui.

Patrice Houzeau

Malo, le 26 septembre 2022.

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