ALORS LUI DU GRAND AILLEURS
1. Défois qu'on s'souviendrait plus du sens des choses, confiné qu'on s'rait dans la douceur des semaines, à regarder les zoziaux traverser le ciel entre deux averses de souvenirs, défois qu'on s'souviendrait plus s'que c'est que d'être soi.
2. Fugacement effrayé des forces terrifiantes, des corpuscules invisibles qui se balancent dans l'air et vous foudroient, que pouvait-il faire sinon palpiter en palpant du papier, à tenter de se passionner pour des intrigues policières tandis que l'univers continuait son expansion dans le on n'sait quoi et le paradoxe ?
3. Alors Lui du Grand Ailleurs là, tandis qu'il se passionnait pour les enquêtes d'un détective anglo-saxon, il renversa maladroitement sa bouteille d'univers dont le contenu commença à faire tache, à s'étendre et se répandre dans chaque trou de l'invisible.
4. Non, Monsieur Houzeau, je ne crois pas que l'invisible soit constitué d'une infinité de trous dont la somme serait infiniment plus grande que l'invisible lui-même.
5. L'arrêt d'un train en pleine campagne ignorée, et puis une foule parlant une langue inconnue et le rite d'une danse à pulsions, voilà ce dont je me souviens quand je pense (et pourquoi donc y pensé-je?) au film « Un soir, un train » d'André Delvaux.
6. L'espace grouille-t-il de matières organiques ? L'univers est-il le résultat de la décomposition d'un dieu ? C'est ce que vous saurez peut-être en suivant les fantastiques aventures du Cosmos ! A moins qu'un quelconque péquin se pointe avec un pangolin...
7. Je sais qui est Dieu ! Dieu, c'est Pinocchio, et son nez s'allonge, s'allonge à l'infini.
8. Les osses effrités dans l'cosmos, la tête éparpillée dans les comètes, le cœur fondu dans un trou noir, voilà le train fantôme qui traverse l'espace pis qui vous attrape pis qui vous réduit en poussière de poussière. Bon, j'vas m'faire cuire un œuf moi.
9. Défois on se sent obscur, comme une ombre sur un mur la nuit dans une rue déserte. Alors on r'luque la lune, cette pièce de quelques sous commune à tous et puis on va s'coucher, c'est toujours ça de pris.
10. Zut dit que trop c'est trop et hausse les épaules car les gens lui disent toujours que dire que trop c'est trop c'est pas des choses à dire qu'il faut bien faire avec Zut qui hausse les épaules quand elle entend ces choses comme ça qu'les gens lui disent quand elle dit la vérité.
11. Zut quand elle fait flipper, féroce au fouet, pas facile ferronnière, gifleuse, siffleuse, foudre et feule, à la folie qu'elle joue Zut qu'ça vire flan flagada fuite et fiasco fichage de camp tout autour, alors Zut retourne dans ma tête, et tout rentre dans l'ordre normal des choses qui n'ont pas changé.
Patrice Houzeau
Les Confins, le 9 mai 2020.