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BREFS ET AUTRES
songeries
24 juin 2020

JUSTIFIONS LE MIRLITON

JUSTIFIONS LE MIRLITON

 

 

  1. Descendi dégringoli fuchi-fichu
    De tous ces oh la la qu'sé haut
    Où la lumière équationne calcu-
    le je me dis bin qu'cé pas beau
    Cor une fois qu'te v'là sul'cul

  2. Mangeons mangeaillons & prenons
    En de la graisse et quand Covid
    Reviendra qu'nous asphyxi-irons
    Nous n'serons ni creux ni vides
    Et la terre nous fertiliserons.

  3. Je serons comme l'ours dans sa
    Fosse me tournerons & re re re
    Balançant ma lourde caboche ma
    Lourde de pensées de passé Grr
    Grr Grr grand grognon serai-je
    Ours quand on nous reconfinera

  4. Défois qu'on verrot apparaître
    Jésus ou l'pangolin antéchrist
    Ou q'du ciel chutant des êtres
    Viendroient jactant l'mystique
    Comme tu causes prix du beurre
    Réforme à Blanquer pis tout ça
    Qu'étouffe vacille qu'ça meurt
    C'est que te v'là fou mon gars

  5. C'est fascinant comme le niveau
    Monte jadis on n'savait rien oh
    On étot très ignorant mais avec
    L'Education Natio-o-nale quésk
    Quésk quésk'on est malin & q'on
    sait tout Pangolin et pollution
    Pandémie et récession logiciels
    Qu'les robots nous remplaceront
    Quand tous confinés nous serons
    Qil nous tombera dessus le ciel

    Patrice Houzeau
    Malo, le 24 juin 2020

     

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24 juin 2020

MIRLITONNERIES POUR QU'AUSSI JE RIE

MIRLITONNERIES POUR QU'AUSSI JE RIE

 

1. Vivement samedi que j'vas à la ville
   
Avec ma cousine Vanille
   
Et mon pote fantôme Freddy
   
Stilal qu'a des griffes
   
Visiter les zanimos zà
   
Venin pis ceux qui comme Freddy
   
Ont des griffes
   
Et qu'on zieute au zoo là.

2. Défois j'irais bien aux confins du désert
    
Ça s'rait comme un hein ça s'rait comme un rite
    
Qu'défois j'irais bien aux confins du désert
    
Des Tartares ou bien çui-là qu'on dit Mojave
    
Je dis Mojave parce que ça rime avec bave
    
Etc... mais c'est mieux avec des frites.

3. Défois je regarde la glauque qui se déploie
    
Qu'on dirait un grand mouchoir verdâtre
    
Dans lequel tombe un crachat rougeâtre
    
Un machin qu'on appelle soleil je crois.

4. Bizarre bizarre comme c'est bizarre
   
De par le monde des gens meurent
   
D'un virus persistant asphyxiant très bizarre
   
Bizarre comme c'est bizarre
   
Les économies s'effondrent les gens meurent
   
Comment voulez-vous dites comment
   
Qu'on n'croie pas défois qu'on nous ment.

5. J'aime bien les pumas, mais c'est juste pour leur nom
   
Car j'aime aussi les Incas dont je ne sais que le nom
   
Si l'on m'interrogeait sur ces fauves ou sur ces Indiens
   
J'auros alors tout rond le zéro, j'crois bien.

6. Les politiques si ça s'trouve n'existent pas
   
C'est juste des robots fabriqués par des gars
   
Venus d'on ne sait quelle extraterrestre où ça
   
Pis qui nous rackettent nous soumettent voilà.

7. J'aime bien les chansons étranges
   
Aux atmosphères d'orgues et spectrales
   
Aussi des guitares qui dérivent en rafales
   
J'y pige que couic c'est pourtant pas la langue des anges
   
C'est juste de l'anglais mais moi la musique m'suffit
   
Car de la langue à la Queen je n'en sais pas un penny.

8. C'est juste de l'angliche qu'ça cause de pouliche
   
Surnaturelle tu crois bin non c'est juste d'la godiche
   
Avec des calculettes derrière leurs yeux de biche
   
Des beautés coûteuses pour lesquelles on s'pourlèche
   
Qu'on ferait mieux défois d'aller à la pêche.

9. Défois quand cause le président
   
Cause le président
   
Cause le président
   
J'me chante en d'dans La Danse des canards
   
Ou bien Papa Pingouin
   
Parce que Qu'est-ce qu'il est bavard
   
Not' président
   
Not' président
   
Not' président
   
Et pis Tagada Tsoin Tsoin.

10. Y a des vers d'Apollinaire oùsque les enfants des morts vont jouer dans le cimetière. Je me demande bien si cet hiver, vu qu'on dit qu'la Covide va r'venir nous faire des misères, combien y en aura, d'enfants des morts, dans les cimetières.

11. Et puis parce que tout finit par des chansons
     
Laissez-moi chanter Macron Macron
     
Donne-nous des ronds
     
Du blé d'l'oseille du pèze des sous
     
Sinon Macron Macron
     
Ta réélection
     
Tu l'auras dans l'chou.

Patrice Houzeau
Malo, le 23 juin 2020.

 

 

22 juin 2020

CONVENTION DE LA SYNCHRONIE

CONVENTION DE LA SYNCHRONIE

 

 

  1. « Philosophie Magazine » a la bonne idée de consacrer le « cahier central » de sa livraison de Juillet 2020 à quelques extraits de « Notes de chevet » de Dame Sei Shônagon, femme de lettres du XIème siècle.

  2. « Choses qui égayent le cœur » : « Beaucoup d'images de femmes, habilement dessinées, avec de jolies légendes. »
    (...)
    « De l'eau qu'on boit quand on se réveille la nuit. »
    (Dame Sei Shônagon, « Notes de chevet », traduit par André Beaujard)

  3. Cette phrase aussi, surprenante petite énigme :

    « Pour les Indiens, quand un jaguar se voit dans le miroir, il voit un homme. » (Eduardo Viveiros de Castro, in « Philosophie Magazine », juillet 2020, p.69)

  4. Quand il me semble que j'écris et que je raisonne correctement, je suis heureux. Le reste du monde étant gorgé de phrases épouvantables et de raisonnements de casseroles, je ne suis heureux que par intermittence.

  5. Le masque parle bien, mais dessous, certainement qu'il grimace, ce visage.

  6. Il y a dans l'expression « faire tomber le masque » l'idée de la vérité révélée par le visage, et il arrive que ce ne soit pas le masque qui tombe mais la tête de l'homme qui le porta.

  7. « mais, alors que l'ignorance les fait vivre dans une grande guerre,
      
    ils donnent à de tels maux le nom de paix ! »
    (La Bible de Jérusalem, « Sagesse », 14, 22)

  8. Quelque chose de l'état de guerre dans l'état d'urgence sanitaire dont nous ne sommes d'ailleurs pas tout à fait sortis. Cet état d'alerte révèle maintenant que les maux induits par « l'horreur économique » seront d'autant plus violents que la crise fut aiguë.

  9. Le présent est ce qui vient d'arriver. Un infinitésimal décalage. La durée est la persistance de l'événement. La synchronie, une convention.

  10. Il y eut le faire : la Création ; l'être : l'humain ; l'avoir conscience.

  11. « Le canard sauvage me charme quand je pense qu'il balaie, à ce que l'on dit, la gelée blanche sur ses plumes. »
    (Sei Shônagon traduit par André Beaujard, « Notes de chevet »)

  12. Parce qu'il raisonne en utilisant son imagination, l'humain est un être essentiellement imaginaire. L'extraordinaire est ce que c'est en manipulant les clés que forge son imagination qu'il ouvre toujours plus de portes dans un palais de plus en plus complexe.

Patrice Houzeau
Malo, le 22 juin 2020

19 juin 2020

INTER NOS

INTER NOS

 

 

  1. « Le long fil de l'oubli se déroule et se tisse »
    (Michel Houellebecq, « Poésies »)L'oubli annihilant tout, que reste-t-il sinon la musique du vers. Cette idée aussi du rébus que ça fait, le puzzle en miettes de souvenirs.

  2. Ai évoqué avec une collègue des souvenirs de nos origines (nos familles sont du même coin). On hésite sur les noms, les prénoms, les années, les lieux mêmes. L'humain, ah l'animal, l'hésitant, le nostalgique.

  3. Evoquant avec une collègue des souvenirs sur l'origine de nos familles, soudain un doute me prend. M'aurait-on menti ? La vérité serait-elle plus âpre ? Le roman familial recèlerait-il un poison plus lent et plus violent ?

  4. La modernité bureaucratique tend à éradiquer nos appartenances, nos identités au profit d'un illusoire « vivre ensemble ». Heureux le technocrate qui n'a de foi qu'en la raison administrative et refuse de regarder ce que furent ses familles.

  5. Ai évoqué cet oncle Albert, de Gognies-Chaussée qui disait : « Je ne me déplace pas. Qui veut me voir, la porte lui est ouverte. » Ai pensé qu'un tel mode de vie paraît aujourd'hui archaïque, sinon féodal. J'envie cette libéralité de seigneur qui lors était encore loisible à l'humble oncle Albert.

  6. Je me souviens de Bernard Jeu qui nous enseignait que les structures mentales de bien des familles du Nord étaient déjà en place à la Renaissance. Il était assez intelligent pour ne pas s'en offusquer ; je crois qu'une telle idée est aujourd'hui peu « politiquement correcte ».

  7. J'imagine l'effarement de Rimbaud quand il prit conscience que ce n'était qu'en apparence qu'il vivait dans un monde hérité des Gréco-Gallo-Romains, mais qu'en fait, sa propre structure mentale était un mélange de christianisme naïf et de barbarie saxonne.

  8. Ceux que les Romains appelaient les Barbares constituèrent aussi notre identité. Nous fûmes si mélangés entre peuples venus de ce grand Est aux frontières imprécises, qu'être Français, c'est être ni latin, ni du Nord, mais de cette galaxie de peuples qui n'ont plus de nom.

  9. Je sais bien que le latin a façonné ma langue, et que les Italiens sont linguistiquement mes cousins. Et cependant, se pourrait-il que des structures mentales anciennes et peu latines se servent de la plasticité de la langue pour perdurer, s'adapter à cette modernité blêmissante au mot de « barbare » ?

  10. Je sais que j'ai tort. Pourquoi ces interrogations sur mon identité ? Pourquoi ne pas chanter comme beaucoup le vivre-ensemble et le multiculturalisme ? Je ne suis pourtant pas xénophobe. Alors ? Nostalgie ? Idéalisation du passé ? Peut-être. Résistance à la modernité ? Sans doute.

  11. L'Europe croit être aussi rationnelle et administrative qu'un Sénat romain (ou du moins de l'idée que l'on s'en fait), mais elle est aussi brouillonne et individualiste que nuées et hordes envahissant l'Occident du Vème siècle.

  12. Il est que beaucoup de Français pensent que l'Europe monétaire est nécessaire ; nécessaire aussi une Europe de la défense. Pour ce qui est de la circulation des personnes, beaucoup s'interrogent.

Patrice Houzeau
Malo, le 19 juin 2020.

18 juin 2020

SI SI SI

SI SI SI

 

 

  1. Si les fenêtres avaient des yeux (mais si ça se trouve hein), elles pleureraient quand il pleut et cligneraient quand il fait du soleil. La nuit elles fermeraient leurs paupières et rêveraient de jours heureux dans des rues heureuses.

  2. Si les pigeons ronronnaient, ils chasseraient les chats, lesquels s'enfuiraient à tire-d'aile en emportant nos langues.

  3. Si les étoiles avaient de longs bras élastiques, sans doute certains d'entre nous seraient ravis par ces longs filaments lumineux parcourant le monde.

  4. Si les chiens avaient des ailes, il y aurait vite des chiens de garde postés sur les toits, les tours de contrôle, et ils feraient, sous la conduite de leurs anges gardiens cynophiles, d'un bâtiment l'autre des bonds fantastiques.

  5. « Si je n'étais pas moi, je me jalouserais », dit, non sans malice, Zut.

  6. Si les livres de philosophie pouvaient parler, on ne pourrait plus s'entendre dans les bibliothèques.

  7. « If I were a rule I would bend », dit la chanson « If » de Pink Floyd. « Si j'étais une règle, je me plierais ». Et au fond, c'est ce que nous sommes, à nous-mêmes une servitude volontaire.

  8. Le présent est un passant, et parfois impatient, pressé qu'il est de passer à ce qu'il croit être l'avenir et qui n'est que lui-même toujours repris, revu, corrigé, repris, revu, corrigé, repris, revu, corrigé. Le présent travaille à la chaîne.

  9. « Les mots permettent tout », a écrit le philosophe Alain. C'est ainsi que le réel est permis par le langage. Dès lors, le présent ne cesse de nous interpeller, de nous interroger, et c'est ainsi que nous passons.

  10. Si j'étais le Covid, je dirais bien des choses au politique, et pas poliment encore.

  11. Si j'étais quelques-uns de nos politiques pendant la crise du Covid, je ne serais quand même pas très fier, mais bon, en politique, la dignité est une vertu assez rare.

  12. Si j'étais le Temps, je ne me presserais pas tant quand je suis heureux et me ferais rapide comme la flèche quand je ne le suis pas.

  13. Serait-il que nous ayons chacun notre serpent portatif et toutefois lunatique, qui, la nuit, pendant que nous dormons, s'échappe de nous pour aller étouffer nos ennemis.

  14. Si je n'étais pas si lunatique, sans doute serais-je plus solaire.

  15. Si Sissi n'était pas si sotte, sûrement apprécierais-je Sissi autant que j'apprécie Suzette, laquelle n'est assurément point aussi sotte que Sissi et qui, de plus, sait faire de délicieuses crêpes.

    Patrice Houzeau
    Malo, le 18 juin 2020.

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3 juin 2020

C'EST TOUJOURS EN DIEU QU'IL CROIT

C'EST TOUJOURS EN DIEU QU'IL CROIT

 

  1. Alors il en était à la fin de son assiette. Il contemplait le réel passant devant lui, les gens, les garçons et les rieuses.
    Il voyait du monde. Il songea à la suite des siècles.
    Et comme il comprenait le sens du mot fatigue, il commanda un café.

  2. « Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
       Pour voir une fois encore mon beau château »
       (Apollinaire, « La Loreley »)

  3. Alors il fréquenta les chevaliers qui étaient sans châteaux.
    Les chevaliers ne le laissèrent pas venir sur le haut rocher.
    Il se demanda s'il y avait encore un haut rocher.

  4. Il essaya d'expliquer la façon dont il comprenait cela.
    Mais cela l'autre ne pouvait que le deviner.
    Il avait beau convoquer son armée exemplaire, l'autre ne pouvait comprendre que ce qu'il comprenait lui-même.
    Apprendre, c'est mal-entendre, et sur ce malentendu se fondent les hauts châteaux.

  5. Lui aussi craignait quelqu'un, et quelqu'un pouvait avoir prise sur lui.
    Et quelqu'un lui donnait des raisons pour le faire agir.
    Mais peu importaient ces raisons car la crainte le faisait obéir de toute façon.
    Ce ne sont que les apparences de la raison qui permettent au monde de tourner.

  6. Il songea au Verbe et à la raison du Verbe, et le Verbe et la raison du Verbe lui semblèrent sublimes.
    Il songea au Verbe et que le Verbe était fécond d'une infinité de mondes qui n'existaient que par de mêmes lois.
    Il songea que ces lois étaient les lois du Verbe et que l'humain en cherchait la grammaire.

  7. « Mais un homme devient la risée de son ami,
      
    quand il crie vers Dieu pour avoir une réponse. »
      
    (La Bible, Job, 12,4)

  8. Il songea qu'il ne pouvait appeler Dieu à voix haute.
    Si quelqu'un l'entendait appeler Dieu à voix haute, quelqu'un se moquerait de lui.
    Il songea qu'on ne pouvait appeler Dieu qu'avec sa voix muette.
    Il songea que Dieu entendait les muets.
    Il songea que sinon, le monde ne serait qu'appels et prières, jérémiades et parjures.

  9. Il dit que ; il pense que ; il croit que.
    Il dit à ; il pense à ; il croit en.
    Même athée comme la tasse à Orlando de Rudder, c'est toujours en Dieu qu'il croit.

  10. « Et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » (saint Jean)
      
    Ainsi est le Verbe, dans l'ailleurs de Dieu et en Dieu.

  11. Je crois en Dieu et je crois au Verbe, et quoi qu'il m'est possible de croire, c'est toujours en vertu du Verbe.
    Ainsi furent donnés à l'humain dieux, diables et légendes, mais c'est toujours dans la puissance du Verbe que je crois, que je doute, que je nie.

  12. En 2020, un dragon parcourut le monde et tua une partie du monde.
    Dieu n'a pas créé la nuit pour que l'humain y dorme, et c'est pourtant la nuit qu'il dort.
    L'humain s'adapte à Dieu au point ne plus y faire attention.

 

Patrice Houzeau
Malo, le 3 juin 2020.

11 mai 2020

TAQUINER LE REEL

TAQUINER LE REEL

1. Et le conteur commença son conte à dormir debout de comte perdu dans ses comptes à régler, que pendant le confinement du covid, on était moult et beaucoup à s'en conter des contes à dormir debout de comptes à régler, qui ne furent en fin de compte que contes bleus et contes creux car, quoi qu'il en soit, le veau d'or est toujours debout.

2. J'envie ceux qui arrivent à trouver du sens dans le fait d'aller se faire couper les cheveux, d'analyser des urines ou de corriger des idioties. Il y a de la noblesse dans cette humilité. Et peut-être aussi quelques renoncements.

3. Bon, maintenant, Monsieur le Président, il va falloir choisir : votre main gauche s'appelle Kant ; votre main droite Nietzsche. Laquelle allez-vous nous tendre pour qu'on la hache ?

4. Le monde est une ritournelle chantée par un dieu ivre dans une ruelle de l'univers. Il la recommence sans cesse car il se trompe toujours.

5. Si quelque ministre visionnaire soudainement s'écriait : « Il faut absolument que les gens arrivent à trouver du sens dans ce qu'ils font ! Cela les consolera de gagner si peu ! », évidemment, il se gourerait dans les grandes largeurs de son front de penseur.

6. Je me félicite souvent d'être misanthrope. Cela m'évite bien des soucis, la fréquentation des autres ayant tendance ces temps-ci à devenir périlleuse en plus d'être, par définition, chronophage.

7. Alors Zut me répondit :« Moi je n'y arriverais pas. Il est vrai que je ne suis guère douée pour l'empathie. »

8. Le fantôme est l'être en manque de réel ; le fou est l'être en manque de sens : tous les deux s'accordent à taquiner le cartésien.

9. On m'a critiqué jadis pour avoir enseigné, - souvenir d'un cours sur Claude Simon – que ce n'est pas avec une bibliothèque que l'on arrête une division de panzers. Je constate idem même chose avec le covid. Je crains les temps à venir des panzers-virus.

10. Entendu sur France Info : « Il est évident que le gouvernement marche en ce moment sur des os euh... je veux dire sur des œufs ». Du grand art du lapsus.

11. J'ai noté une certaine condescendance dans le discours de certains experts qui ne voient en la culture (celle des romans et des chansons) qu'un divertissement utile en période de confinement. Il arrive ainsi que la culture soit aussi un opium du peuple.

12. L'animal ambitieux qu'est l'humain est le seul à se soucier de l'avenir. Mais l'imperfection de ses actes le condamne irrémédiablement face au présent sans horloge du virus, de la bactérie, de la molécule organique.

13. Il en est de Dieu comme du roi sans divertissement de Pascal ; il n'est Dieu que parce qu'il trouve à se divertir. C'est ainsi qu'il s'amuse fort à contempler nos dépatouillages étonnants dans l'imparfait et l'éphémère.

 

Patrice Houzeau
Les Confins, le 11 mai 2020.

9 mai 2020

ALORS LUI DU GRAND AILLEURS

ALORS LUI DU GRAND AILLEURS

1. Défois qu'on s'souviendrait plus du sens des choses, confiné qu'on s'rait dans la douceur des semaines, à regarder les zoziaux traverser le ciel entre deux averses de souvenirs, défois qu'on s'souviendrait plus s'que c'est que d'être soi.

2. Fugacement effrayé des forces terrifiantes, des corpuscules invisibles qui se balancent dans l'air et vous foudroient, que pouvait-il faire sinon palpiter en palpant du papier, à tenter de se passionner pour des intrigues policières tandis que l'univers continuait son expansion dans le on n'sait quoi et le paradoxe ?

3. Alors Lui du Grand Ailleurs là, tandis qu'il se passionnait pour les enquêtes d'un détective anglo-saxon, il renversa maladroitement sa bouteille d'univers dont le contenu commença à faire tache, à s'étendre et se répandre dans chaque trou de l'invisible.

4. Non, Monsieur Houzeau, je ne crois pas que l'invisible soit constitué d'une infinité de trous dont la somme serait infiniment plus grande que l'invisible lui-même.

5. L'arrêt d'un train en pleine campagne ignorée, et puis une foule parlant une langue inconnue et le rite d'une danse à pulsions, voilà ce dont je me souviens quand je pense (et pourquoi donc y pensé-je?) au film « Un soir, un train » d'André Delvaux.

6. L'espace grouille-t-il de matières organiques ? L'univers est-il le résultat de la décomposition d'un dieu ? C'est ce que vous saurez peut-être en suivant les fantastiques aventures du Cosmos ! A moins qu'un quelconque péquin se pointe avec un pangolin...

7. Je sais qui est Dieu ! Dieu, c'est Pinocchio, et son nez s'allonge, s'allonge à l'infini.

8. Les osses effrités dans l'cosmos, la tête éparpillée dans les comètes, le cœur fondu dans un trou noir, voilà le train fantôme qui traverse l'espace pis qui vous attrape pis qui vous réduit en poussière de poussière. Bon, j'vas m'faire cuire un œuf moi.

9. Défois on se sent obscur, comme une ombre sur un mur la nuit dans une rue déserte. Alors on r'luque la lune, cette pièce de quelques sous commune à tous et puis on va s'coucher, c'est toujours ça de pris.

10. Zut dit que trop c'est trop et hausse les épaules car les gens lui disent toujours que dire que trop c'est trop c'est pas des choses à dire qu'il faut bien faire avec Zut qui hausse les épaules quand elle entend ces choses comme ça qu'les gens lui disent quand elle dit la vérité.

11. Zut quand elle fait flipper, féroce au fouet, pas facile ferronnière, gifleuse, siffleuse, foudre et feule, à la folie qu'elle joue Zut qu'ça vire flan flagada fuite et fiasco fichage de camp tout autour, alors Zut retourne dans ma tête, et tout rentre dans l'ordre normal des choses qui n'ont pas changé.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 9 mai 2020.

1 mai 2020

EN CHATOUILLANT LE PANGOLIN

EN CHATOUILLANT LE PANGOLIN

1. Si tu chatouilles le pangolin, ne t'étonnes pas de cracher tes poumons. (Maxime d'origine incontrôlée)

2. Il ne s'agit pas de prendre de la tarte aux pommes quand on préfère la tarte aux abricots. Ce sont des choses qui ne se sont jamais faites dans cette maison et depuis qu'elle est revenue sur terre, nous sommes particulièrement vigilants à la bonne tenue du service à dessert.

3.Il faut toujours faire de son mieux quand bien même on serait plein de quand bien même qu'on aurait du quand bien même qui nous coulerait comme larmes, comme bave comme quand on a très faim.

4. Elle aperçut de l'autre côté de la rue quelqu'un de sa connaissance. Mince se dit-elle et moi qui m'suis rendue invisible parce que personne ne me voyait plus. Elle se concentra mais ne réussit à apparaître qu'en partie. Tiens, la chatte du Cheshire se dit la sœur d'Alice.

5. Elle appela : « A table ! » et tous moururent. Ah ces champignons.

6. C'est dans les derniers instants de son existence qu'il se rappela cette phrase que sa mère lui disait parfois : « Il faudrait quand même que tu apprennes à vivre. »

7. Souvent l'on manque de confiance en soi. Faut dire que l'on se ment beaucoup à soi-même. Lui-même finit donc par se méfier de vos sautes d'humeur, de votre impulsivité. Parfois, il en vient à sortir de vous et l'on dit alors que vous êtes hors de vous.

8. Vous étiez devant moi et c'était bien là ce que vous disiez. Ainsi Zut s'adressait-elle à son image revenue dans le miroir. Celle-ci ne nia pas et pria Zut d'excuser ce petit moment d'absence. C'est bon pour cette fois, répondit Zut, mais n'y retournez pas.

9. Y a tous ces infinis qui sans cesse se suivent se poursuivent se croisent et s'entrelacent, et il y a nos travaux et nos jours, c'est juste drame express, écrasement d'la fourmi, cailloux.

10. Il se pépiait chez les oiseaux qu'on voyait de moins en moins de bipèdes dans les rues. Serait-ce de notre faute ? s'interrogeaient quelques moineaux. Un merle les rassura en leur parlant du commerce frauduleux du pangolin. Quant aux albatros, ils se fichaient bien de tous les équipages.

11. A force de tourner autour de l'art contemporain, vous finirez par tomber dedans et c'est en vain que l'on vous cherchera dans tout ce conceptuel du vide du trou du manque du puits sans fond ni forme.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 1er mai 2020.

19 avril 2020

COMME ON DIT DANS L'KAYAK

COMME ON DIT DANS L'KAYAK

1.Y en a, i collectionnent du mauvais goût, du grotesque, du bizarre ; font du bazar un art, conservent tout bien ça. D'autres collectionnent des idées, zen font des systèmes, zappellent ça sens.

2. Des fois on croit qu'on achète du sens, de la vérité, de l'authentique puis c'est juste des mots.

3. Le meilleur lecteur est sans doute celui qui arrive à pressentir quelques-unes des histoires inouïes qui se tissent secrètement entre toutes les entrées du dictionnaire.

4. L'humain est si heureux de se reproduire qu'on est toujours de mauvais goût à dire tout haut que sept milliards et demi de bipèdes c'est bien trop. Mais tout d'même y a les pangolins...

5. C'est sans doute par quelque amère lucidité que l'on a jadis attribué le prix Nobel de la paix au président du pays qui vend le plus d'armes au monde.

6. En général, quand un scientifique est promu au rang de sage audiovisuel, il y a toujours quelque journaliste de bonne volonté pour le faire parler d'éducation, et c'est là que me vient l'envie irrépressible d'écouter Marcel et son orchestre.

7. Somme toute, l'humain est un grand collectionneur d'armes. L'en met partout sur la planète. C'est le genre de trucs, voyez, quand y en a plus, y en a encore.

8. Dieu, ayant oublié qu'il avait créé l'humain, se félicita de son jardin d'astres et de ses plantations de galaxies.
Note : Remarquez que par définition Dieu n'oublie jamais. On pourrait même assimiler Dieu à la Mémoire. J'aime bien écrire des idioties.

9.« humaniser l'humanité » revient à une réduction des singularités, lesquelles finissent toujours par se déchirer mutuellement. C'est quelque chose comme la main invisible de l'éthique.

10. La main invisible du marché n'évite pas les crises ; elle en tire les ficelles, les leçons, les conclusions. Du reste, il se peut que ce soit elle-même qui mette fin au jeu libéral pour une sorte de totalitaro-productivisme plus ou moins écologique et universaliste, et c'est pas gai comme on dit dans l'kajak.

11. La main invisible du marché est-elle l'inconscient du libéralisme ? Je sais pas mais ce soir je mange du poulet rôti froid-mayonnaise.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 19 avril 2020.

 

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BREFS ET AUTRES
  • Blogs de brefs, ça cause humeur du jour, ironie et politique, littérature parfois, un peu de tout en fait en tirant la langue aux grands pompeux et à leurs mots trombones, et puis zut alors!
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