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BREFS ET AUTRES
5 novembre 2022

DANS LE CERCLE QU'AVAIT DESSINE MA RAISON

DANS LE CERCLE QU’AVAIT DESSINE MA RAISON

En feuilletant « Le Mystère de la Chambre Jaune », de Gaston Leroux.

1.
« C’est cette réminiscence aiguë de ton cher parfum, dame en noir, qui me fit aller vers celle-ci que voilà tout en blanc, et si pâle, si pâle, et si belle sur le seuil de la « galerie inexplicable » !

(Gaston Leroux, « Le Mystère de la Chambre Jaune » [Rouletabille cité par Sainclair])

Parfum revenant, porteur de passé.

2.
« La « Chambre jaune » était obscure sans doute, mais une petite veilleuse tout de même l’éclairait, ne l’oubliez pas. »

(Gaston Leroux, [Rouletabille])

Si la « Chambre Jaune » était « obscure », on n’en voyait pas la couleur. La « petite veilleuse » dénonce cette obscurité. La phrase introduit la lueur dans les ténèbres. Cette lueur qu’il ne faut pas « oublier » rappelle que le roman fonde l’énigme sur des oppositions dont la résolution permet l’élucidation.

3.
« … tout ceci prouve, selon moi, que l’assassin a voulu déguiser sa véritable personnalité. »
(Gaston Leroux, [Larsan])

Larsan qui « déguise sa véritable personnalité » déclare que « l’assassin a voulu déguiser sa véritable personnalité ». Ironie de la fiction.

4.
« La porte close et les volets fermés comme ils l’étaient, et la fenêtre fermée comme elle l’était, une mouche ne pouvait entrer ni sortir ! » 
(Gaston Leroux, « Le Mystère de la Chambre Jaune », [Sainclair]))

Ainsi est posé l’espace de l’énigme. Reste la question du temps.

5.
« Mlle Stangerson savait que l’assassin devait revenir… elle ne pouvait l’empêcher de revenir… »
(Gaston Leroux, [Rouletabille])

Qui pourrait empêcher un revenant de revenir ? Qui pourrait empêcher un assassin d’assassiner puisque la langue le désigne comme « assassin » et comme « revenant », et puisque, justement, c’est un « assassin » et un « revenant ». Reste à définir ce que sont exactement cet « assassin » et ce « revenant » : c’est là l’objet de la fiction, révéler des vérités sur la fiction.

6.
« Elles tiennent au passé, elles se rattachent à l’histoire, elles continuent quelque chose […]
(Gaston Leroux, [Sainclair])

Le narrateur déclare son amour des vieilles auberges, « de l’époque des diligences » (« Le Mystère de la Chambre Jaune » a été publié en 1907). Je note le réseau lexical de la pérennité : « tenir », « se rattacher », « continuer ».

7.
« elle n’a prévenu personne parce qu’il faut que l’assassin reste inconnu… »
(Gaston Leroux [Rouletabille])

Mathilde Stangerson fait tout pour préserver l’anonymat de son assassin. Elle en fait en quelque sorte son revenant personnel, son intime assassin, son démon. Motif que l’on retrouve dans bon nombre d’intrigues policières : la victime sait et, pour des raisons qui peuvent être diverses (chantage, honte, lien affectif,…) en dit le moins possible à l’enquêteur.

8.
Rouletabille aime parler par énigmes : ainsi, à Sainclair : « Je vais vous dire tout de suite ce que je suis allé faire en Amérique, parce que vous, vous êtes un ami ; je suis allé chercher le nom de la seconde moitié de l’assassin ! »

Notons que Rouletabille semble réserver ses énigmes aux amis. Ce faisant, il entretient l’atmosphère énigmatique de la fiction et donc, l’intérêt du lecteur amateur d’énigmes.

Ce que Rouletabille est allé chercher, c’est un nom. Ce sont des noms que les enquêteurs cherchent, des noms qu’ils peuvent faire coïncider avec des faits. D’une certaine manière, l’enquêteur cherche le nom de l’être responsable d’un étant réalisé.

9.
« Mais enfin, reprit-il [Rouletabille], il est quelquefois criminel de ne point, quand on le peut, raisonner à coup sûr !... »
(Gaston Leroux, [Sainclair])

Par son goût du raisonnement, Rouletabille est l’héritier de Sherlock Holmes et annonce les « petites cellules grises » d’Hercule Poirot. Le roman d’énigme est aussi un éloge de l’usage de la raison, celle qui triomphe, s’opposant au fatalisme, à l’arbitraire brutal du « roman noir ».

Que l’énigme apparaisse soudain comme « inexplicable », et Rouletabille d’évoquer le « déséquilibre de tout, […] la fin de mon moi pensant, pensant avec ma pensée d’homme ! » Ainsi Rouletabille lie l’usage de la raison à la condition humaine. L’humain, s’il ne veut pas subir le « déséquilibre de tout », se doit d’être celui qui cherche à comprendre.

10.
« Moi aussi, je me suis penché sur les « traces sensibles », mais pour leur demander uniquement d’entrer dans le cercle qu’avait dessiné ma raison. »
(Gaston Leroux [Rouletabille])

Autre énigme : celle du « cercle de la raison » sans lequel les faits n’ont guère de sens, sans lequel on risque de tomber dans la « cogitation animale ». Manière de faire système ? Etablissement d’une chaîne logique de causes et de conséquences ?
Cercle d’autant plus énigmatique que « bien des fois, le cercle fut si étroit, si étroit… Mais si étroit était-il, il était immense, « puisqu’il ne contenait que de la vérité » ! » explique Rouletabille.

Ce qui me rappelle ce paradoxe de l’ensemble plus grand que la somme de ses éléments, tendant vers l’infini cependant qu’il est constitué d’un nombre fini d’éléments.

Qu’est-ce aussi que ce « cercle de la raison », sinon le livre, le roman que je lis et où des faits énigmatiques font sens, cependant que dans le monde réel, en dehors du cercle, ils seraient livrés à toutes les indifférences, à toutes les dérisions, à toutes les interprétations, tous les complotismes, toutes les « cogitations animales ».

Patrice Houzeau
Malo, le 5 novembre 2022.

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4 novembre 2022

A SON ETRE, A PARTIR DE SON ETRE

A SON ETRE, A PARTIR DE SON ETRE

1.

« La Frontière de la vie », de Poger Leloup . Planches 38 et 39 : Rédemption. Choc. Planche 40 : c'est la vue du sang versé, du sang sur le sol qui conduit le « traître » à la rédemption. Planche 41, je me rends compte que la blonde et germanique Ingrid n'a pas les yeux bleus, par contre, elle porte une tenue qui peut passer pour traditionnelle, quoiqu'en fait, je n'en sais rien.

2.

1938 : Superman prend son envol ! Dessins : Joe Shuster ; Scémario : Jerry Siegel. Si les habitants de la planète Krypton avaient donné naissance à un enfant passionné par les timbre-postes, nul doute qu'au lieu d'aller se promener en collant bleu et cape rouge par-dessus les buildings, Clark Kent serait devenu un philatéliste distingué.

3.

La Oki de Juszezak et de Godard à la planche 33, il semble que la mère de l'inspecteur Lambert ne soit pas la mère de l'inspecteur Lambert et cette « cordialité » ? « incompréhensible ». On n'en finit plus des énigmes.

Planche 34, Oki reprend l'initiative et dans le nocturne bleu-mauve de la ville retourne à la maison Benetzak.

4.

Actuellement en feuilleton dans l'hebdomadaire « Spirou », et c'est très bon, « L'Animal de Humboldt », de Flix, met en scène le Marsupilami dans le Berlin des années 30. Dans le numéro 4412, du 2 novembre 2022, planche épatante de l'intérieur d'une boîte de nuit berlinoise d'alors.

Note : Le Marsupilami a été révélé au monde par le dessinateur Franquin en 1952. Remarquable par son pelage jaune taché de noir, sa queue démesurée et sa force physique, le Marsupilami s’exprime dans un langage onomatopéique à base de « houba houba hop » qui donne à penser qu'il pourrait exceller dans le jazz vocal de type scat.

5.

La planche 43 de « La Nuit du 3 août », de Vance et Van Hamme, est muette. Pluie sur Greenfalls. Les habitants contemplent cet étranger sans mémoire « par qui le malheur arrive ». Tragique comme du grec antique.

La fin de l'épisode est mélancolique, et Judith de dire : « Alors, qu'es-tu revenu faire ici, Jason Mac Lane ? Je crois qu'il vaudrait mieux que tu ne reviennes plus jamais ».

6.

« tragique comme du grec antique » : l'énoncé désigne la langue comme la porteuse, la messagère, la banshee. S'il y a d'autres dieux, ce sont d'autres langues. Ah tiens, j'écoute l'album « Köhntarkösz » de Magma.

7.

"... à son être, à partir de son être..."

(Heidegger)

"Cette langue sera de l'âme pour l'âme..."

(Rimbaud)

"Houba Houba Hop !"

(le Marsupilami)

Le nom de l'être est dans sa question. Dieu est la quête de Dieu. En cela, Dieu est un être tout-puissant. Il n'a pas créé les humains, il les modèle chaque jour, à chaque fois que nous choisissons le Bien contre le Mal, le Vrai contre le Faux, le Juste contre l'Injuste, la lumière contre les ténèbres. Poil aux vertèbres qu'elle me déclare alors, très fière, la Zut, fichue mécréante.

C'est vous dire aussi que Poutine peut aller se faire voir, lui et ses popes hallucinogènes. M'est avis qu'il est aussi loin de Dieu, le Poutine, qu'un chameau d'un igloo.

8.

« - Il y a de la vie là-dessous...

- Oui, beaucoup de choses inexplicables sont apparues ces derniers mois. »

(Schuiten, Van Dormael, Gunzig, « Le Dernier Pharaon », p.49 [Mortimer et Lisa])

Page 50, confirmant les paroles de Lisa, apparition d'un basilosaurus (entre 15 et 20 mètres de long selon l'espèce et selon wikipédia). « Comment est-ce possible ? », s’exclame Mortimer comme s'il ne savait pas qu'il était dans une bande dessinée.

Joli effet d’estompé (c'est tout brumeux défois des cases, le Bruxelles de l'album) pour évoquer la « Grande Roue de la foire du Midi » émergeant d'une « grande étendue d'eau saumâtre », dit le cartouche page 51.

9.

L'édition 2019, chez Glénat, du « Dracula » de Georges Bess, permet de se rendre compte de l'intelligence du dessin : peu de cases, mais larges, grandes, hautes ; l’œil est aussitôt attiré par l'essentiel. Planche 40, les « ongles très longs qui faisaient penser à des serres d’oiseaux de proie... ».

Planche 41, le Dracula de Georges Bess décline sa généalogie : « Je descends d'une très ancienne lignée de maîtres sicules, de Transylvanie... ». Il s'agit des Siculotes que l'on trouvait, dit-on, dans les Balkans, et non pas des Sicules de Sicile.

Planches 42-43 : Dracula évoque son amour des loups, « enfants de la Nuit », et oppose la civilisation des « citadins » aux « émotions et sentiments du chasseur ». Nature et culture.

La planche 43 montre des loups hurlants et se passe très bien d'onomatopée.

Patrice Houzeau

Malo, le 3 novembre 2022.

4 novembre 2022

POUTINE EST-IL AVEUGLE ?

POUTINE EST-IL AVEUGLE ?

1.

Le 3 novembre 2022, les Ukrainiens et certains médias occidentaux évoquent un piège tendu par les forces russes à Kherson. Certains commentateurs s’attendent plus à un siège long et à une stratégie d’étouffement de l’armée russe par les Ukrainiens qu’à une bataille urbaine incertaine.

2.
Il me semble avoir entendu il y a quelques jours l’information selon laquelle le patron des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, annonçait la fin des manifestations en Iran (« Ce jour est le dernier jour des émeutes », aurait-il dit). Bin non.

3.
On évoque en Occident le manque de préparation et de matériel des « néo-mobilisés » russes. Pour beaucoup, ils ne seraient envoyés en Ukraine que pour servir de chair à canon. Etrange stratégie tandis que, de semaine en semaine, elle se dégrade, l’image de l’armée à Poutine.

4.
Curieux pro-Poutine qui se scandalisent que l’OTAN aide les Ukrainiens à frapper les envahisseurs russes. Bin oui, dès le premier jour de la sale guerre de Poutine en Ukraine, OTAN, UE, Triade ont dit publiquement que l’Occident aiderait les Ukrainiens. Rien de nouveau.

5.
On dit en Occident que l’alcoolisme de masse et la corruption seraient les fléaux majeurs de l’armée russe et l’empêcheraient d’être réellement efficace dans la sale guerre de Poutine en Ukraine. Poutine le sait-il, que son armée est ivre et corrompue, ou n’est-il qu’un aveuglé ?

6.
Le 4 novembre 2022. Il n’est même pas six heures du matin, et le rouble est déjà en baisse face à l’euro. Quant à la bourse de Moscou, elle perd régulièrement ce qu’elle a bien du mal à sauvegarder. L’économie russe ne progresse absolument plus.

7.

Paraît que Jacques Bouthier, l’ancien PDG d’Assu 2000, actuellement en détention provisoire pour traite d’êtres humains et viol sur mineure, aurait des « envies suicidaires » (source : BFMTV). A mon avis, on est nombreux à s’en fiche, des envies suicidaires de ce (sale) type.

8.
Faute de victoires sur le champ de bataille, Sourovikine fait bombarder les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Cela ne servira qu’à alourdir la facture lorsque la Russie sera condamnée à verser des dommages de guerre. Quant à l’emploi éventuel par les Russes du nucléaire tactique, il ne ferait qu’accélérer la chute du régime de Poutine.

9.
Il y a à peine quelques mois, on craignait l’effondrement de l’armée ukrainienne, Guillaume Bigot déclarait que l’opération spéciale de Poutine se poursuivait comme prévue, Charles Gave prédisait la ruine de l’Occident. Au 4 novembre 2022, il est pourtant de plus en plus clair que Poutine va perdre sa sale guerre en Ukraine.

10.
4 novembre 2022. Selon LCI, les forces russes auraient installé très récemment des alignements de blockhaus dans certaines localités bordant le Dniepr. En tirer des conclusions sur une éventuelle ligne de défense sur le Dniepr aux dépens de Kherson peut sembler prématuré.

11.
Ah tiens, si l’on en croit Wikipédia, Grégoire de Fournas, le député RN, dont je me fiche bien dis, est propriétaire d’un vignoble (le « Vieux-Cassan ») et, à ce titre, embaucherait régulièrement de « la main d’œuvre étrangère à bas prix, principalement d’origine roumaine ou portugaise. »

12.
Novembre 2022. Si la visite d’Olaf Scholz en Chine aboutit à un renforcement des partenariats commerciaux entre la Chine et l’Allemagne, ce n’est pas une bonne nouvelle pour Poutine car cela pourrait conforter la volonté de la Chine de ne pas intervenir dans le conflit russo-ukrainien.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 4 novembre 2022.

2 novembre 2022

BISCORNUES SAUGRENUES INCONGRUES

BISCORNUES SAUGRENUES INCONGRUES

1.

A la planche 37 de « La Frontière de la vie », de Roger Leloup, c'est en voulant sauver la vie d'une enfant que Yoko Tsuno est blessée d'un coup de revolver.

L'album est placé sous le signe du sang : du sang qu'il faut pour sauver Magda, du sang que la vampire prélève, du sang que verse Yoko Tsuno.

2.

C'est en 1924 qu'en France paraissent les premières planches de Bibi Fricotin, qui, je lis ça dans « 100 ans de BD », ouvrage publié sous la direction de Pascal Pillegand, « part en voyage sur toutes les surfaces du globe dans des épisodes rocambolesques. »

S'il n'avait pas promené sa bouille de par le vaste monde, c'est qu'il serait resté chez lui, pour quoi faire que si ça se trouve il aurait résolu des énigmes biscornues, saugrenues, incongrues en fumant la pipe dans un appartement londonien même qu'il s’appellerait Sherlock.

3.

A la planche 27 de l'épisode 1 de « Oki », de Juszezak et Godard, l'inspecteur Lambert se fait lui aussi énigmatique : « Ça n'est sûrement pas un hasard si j'ai cette petite demoiselle devant moi ! », dit-il. Je ne comprends pas pourquoi il dit cela. Nous sommes le 2 novembre 2022, et il il y a du soleil. Etrange tout de même, ce soleil à répétition. Le réel, j'vous l'dis moi, c'est tout du bizarre, de l'énigmatique.

Deux pages plus loin, Oki craque et pleure, vu que si elle ne pleurait pas, on se demande ce qu'elle pourrait faire d'autre, piquer une colère peut-être, et quitter sa case n°4 en claquant la planche, pour d'autres aventures je ne sais où, si ça se trouve sous les traits d'une jeune électronicienne japonaise elle aussi, pis qui résoudrait des bizarreries dans le réel ou bien irait visiter des planètes biscornues, saugrenues, incongrues, mais elle ne fumerait pas la pipe dans un appartement londonien et ne s’appellerait donc pas Sherlock.

4.

C'est en 1926 que l'américain Segar crée Sappo, petit bonhomme « témoin – et victime – quasi imperturbable des terribles inventions et des caprices d'un savant fou à longue barbe. » (Pascal Pillegand, « 100 ans de BD »). Sans doute ce savant fou n'avait-il pas encore inventé le rasoir.

5.

Le personnage central de la série XIII a perdu la mémoire cependant que, en quête de son identité, il traverse des pans de mémoire de l'histoire des Etats-Unis. Ainsi dans « La Nuit du 3 août », de Vance et Van Hamme, il est confronté à un meurtre perpétré par le Ku Klux Klan vingt ans plus tôt.

6.

Page 45 de l'album « Le Dernier pharaon », retour du cauchemar qui « conduit à nouveau » Mortimer « sur l'escalier sans fin » où la divinité verte à tête de chat « l'y attend ».

Comme c'est un cauchemar, c'est une divinité inquiétante, bien qu'impassible, que Mortimer affronte. Si ça avait été un doux rêve, cela aurait pu être une jolie fille aux yeux bleus, verts, noisette, qui lui aurait tendu un paquet de frites croustillantes, fraîches, chaudes.

Page 46 de l'album, Lisa évoque la « stèle des rêves, au pied du Sphinx de Gizeh. » Cette stèle existe. Je ne l'ai pas rencontrée car elle ne sort pas beaucoup. Néanmoins, cette « stèle du rêve » se trouve entre les pattes du Sphinx et raconte qu'alors que Thoutmôsis IV s'était endormi à l'ombre du Sphinx, « Rê-Harmakhis, le Sphinx lui-même, lui apparut et lui demanda d'ôter le sable qui l'ensevelissait petit à petit. » (cf Wikipédia).

7.

C'est en 1931 que Jean de Brunhoff crée Babar. Nul doute que si au lieu d'un costume vert et d'une couronne, Babar avait porté un smoking bleu pétrole, un haut-de-forme, une cape noire et rouge, il aurait pu en faire des tours de magie avec sa trompe !

8.

A la planche 37 du « Dracula », de Georges Bess, les yeux du comte semblent sans prunelle, yeux blancs.

Planche 39, évocation des « nombreuses craquelures » du visage du comte, des « dents très blanches et pointues », une impression de « hors d'âge », une « odeur fétide, écœurante » qui donne la « nausée » au narrateur.
Ah ça, si ce n'était pas pour affaires, Jonathan Harker ne resterait sans doute pas, et retournerait au mignon minois de sa Mina dans ce pays où, depuis dix ans déjà, au 221B Baker Street, un détective étonnant résout les énigmes les plus biscornues, saugrenues, incongrues.

9.

C'est en 1935 qu'apparaît aux Etats-Unis la série « Mandrake the Magician », dessinée par Phil Davis, scénarisée par Lee Falk. Nul doute que si Mandrake « avait introduit les lecteurs dans le monde étonnant » [cf Pascal Pillegand] du timbre-poste, la série aurait été appelée Mandrake le Philatéliste.

10.

« Ce nommer, c'est la nomination de l'étant à son être, à partir de son être. »

(Heidegger traduit par Wolfgang Brockmeier, « L'origine de l’œuvre d'art » in « Chemins qui ne mènent nulle part »)

Cette définition de la nomination distingue l'être de l'étant, en faisant de l'être une origine et une destination. Je conçois que l'étant ne peut être étant qu'en étant nommé et que l'être ne peut être qu'en existant en tant qu'être, ce qui revient à dire qu'il y a quelque chose comme une façon d'être, cela dont j'ai conscience et qui échappe à la précision de la nomination, cette question qui ne se justifie que par cette question, ce « Pourquoi quelque chose plutôt que rien ? » qui se justifie par : Pourquoi ai-je conscience qu'il y a quelque chose plutôt que rien ?

Patrice Houzeau

Malo, le 2 novembre 2022.

1 novembre 2022

PAS SA LANGUE DANS SA PUCHE

PAS SA LANGUE DANS SA PUCHE

1.

La planche 31 de « La Frontière de la vie », de Roger Leloup présente l'alliance entre un passé médiéval et la modernité : une vaste salle souterraine dans laquelle a été installé un complexe médical.

Planche 32, Yoko Tsuno est priée de revêtir une « tenue exempte de microbes ».

2.

Oki dans les locaux de la Direction de la Police Judiciaire est peu loquace. « Faites ce que vous voulez. », dit-elle à l'inspecteur Lambert. Oki va-t-elle passer de la prison Benetzak à la prison tout court ?

Page 22, Oki porte une jupe bleue et un sweat jaune : la jupe plissée rouge qu'elle portait lorsqu'elle fut retrouvée dans la rue et le désarroi, va être examinée par la police scientifique. L'inspecteur porte le traditionnel imperméable des films policiers.

3.

Vance et Van Hamme dans l'épisode de XIII intitulé « La Nuit du 3 août » font dans le qui déménage : planche 30 à 35 : tentative de lynchage de la jolie major Jones, intervention flinguante de XIII, évasion, nouveau coup de flingue, accident de voiture, vol d'un hélicoptère.

4.

Un visage parfois vous hante. Même que ça enivre, un peu parfois aussi, un visage. Heureusement, la réalité vous rappelle vite à elle et à ses chausse-trappes.

5.

Dans « Le Dernier pharaon », Bruxelles évacué à cause des rayons, cité interdite, n'est pas désert : une communauté y réside, constituée de « gens qui ne se sentaient plus en phase avec la modernité, des gens persuadés qu'un autre monde est possible », explique Lisa.

Dans la « chambre à rêver », un cauchemar : « Un animal... sous l'eau... il m'a rattrapé ! Je me noie, je suis tombé à l'eau ! ». La page 43 annonce les monstres marins des pages 63 et 70.

(cf « Le Dernier pharaon », Schuiten, Van Dormael, Gunzig)

6.

La planche 32 du « Dracula » de Georges Bess annonce le chapitre 3 : le « monumental château du comte », un vol de chauve-souris. Connotations. Réseau lexical.

La planche 35 est composée de quatre cases sur fond blanc parcouru de chauve-souris. On dirait une séquence cinématographique concentrée, résumée à ses éléments principaux : Jonathan Harker déposé « dans la cour du château », la tête du cheval, le fiacre s'engouffrant « dans un obscur passage », la solitude du narrateur « planté là, indécis, au milieu de ce qui tenait plus d'une ruine que d'un château ». (Georges Bess, « Dracula », planche 38).

7.

Parmi les pièces maîtresses enregistrées par Robert Charlebois, il y a le lancinant « Engagement », qui agace et fascine, du vrai hors le temps (c'est vrai qu'c'est long « cent ans »), funk, sauvage.

8.

En refusant de payer pour être « certifié » sur Twitter, Stephen King a raison. Stephen King n'a pas besoin de twitter. Twitter a besoin de Stephen King. C'est donc à twitter de payer. CQFD.

9.

Ai revu hier soir sur Arte l'excellent « Un Cadavre au Dessert » (« Murder by Death », Robert Moore, USA, 1976), avec David Niven, Peter Sellers, Peter Falk, Maggie Smith : humour absurde, « no-sense », fantaisie, talent. Un genre qui, je le regrette, disparaît.

10.

« C'est bizarre, mais c'est comme ça, il y a une profonde antinomie entre contrôle financier et convivialité. »

(« Vive Bouchon », Jean Dell et Gérald Sybleiras, [Robert Flapi])

Dans le genre farce, c'est fameux, à voir la captation sur You Tube. Jean-Luc Porraz y est très bon.

11 ;

Ce n'est pas dans le disque solaire adoré par Akhénaton (premier monothéisme, dit-on) que l'on trouve les enregistrements de Sun Ra.

12.

L'humain, ce conditionnel qui se croit un futur (poil sur la confiture, me susurre Zut qui n'a pas sa langue dans sa puche).

Patrice Houzeau

Malo, le 1er novembre 2022

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1 novembre 2022

SOUROVIKINE SERA-T-il LE TOMBEAU DE POUTINE ?

SOUROVIKINE SERA-T-IL LE TOMBEAU DE POUTINE ?

1.

« Nous avions la gorge qui grattions ; nous avions les yeux qui brûlions », aurait déclaré Sandrine Rousseau dans le feu de l'action d'un plateau télé. Ça doit être une licence poétique, le style épique quoi, façon geste médiévale.

2.

Russie. On dit Sourovikine, le nouveau patron des opérations russes en Ukraine, pas très futé et très brutal. Avec Prigogine, le boss de l'armée privée Wagner, et Kadyrov, Sourovikine constitue l'aile dure du régime poutinien. Des voyous sans foi ni loi.

L'armée russe ne progresse plus en Ukraine et est sur le point d'être battue à Kherson. Sourovikine fait donc bombarder les infrastructures ukrainiennes, coupant l'eau et l'électricité. Cette stratégie coûte très cher en missiles et ne brisera pas une Ukraine déterminée.

Possible que Sourovikine insiste auprès de Poutine en faveur d'une intensification des bombardements et ainsi « aplatir » les villes comme il l'a fait en Syrie. Poutine n'est, je pense, pas assez fou pour laisser faire. Il en résulterait des massacres tels que l'opinion publique internationale réagirait et ferait pression sur les gouvernements pour soutenir les Ukrainiens et accélérer la chute irrémédiable de la Maison Russie telle que Poutine la conçoit.

3.

Zizanie chez les Z. Le limogeage du général Lapine (voulu par qui ? Sourovikine ? Prigogine ?) et la lutte d'influence qui oppose Guerassimov et Choïgou à Prigogine et Kadyrov indiquent que tout ne va pour le mieux au sommet de la hiérarchie militaire russe.

Certes, les dissensions au sommet de la hiérarchie militaire ne sont pas l'apanage des Russes, sauf que Prigogine et Kadyrov font plus penser à des mafieux ou à certains généraux très troubles du IIIème Reich qu'à des experts en polémologie. Des chiens entre eux.

4.

1er novembre 2022. J'entends parler sur France Culture d'un mouvement de « brûleurs de factures » en Italie. On dit que ces contestataires se réunissent pour brûler publiquement leurs factures d'électricité et de gaz. Ils seraient proches, dit-on, des mouvements de gauche.

5.

Je me souviens qu'au début de la sale guerre de Poutine en Ukraine, certains présentaient Guerassimov comme un nouveau Guderian. Sa fameuse théorie de la « guerre hybride » serait aussi efficace que la blitzkrieg qu'on disait. Et puis l'Ukraine ne s'est pas effondrée. L'Occident ne s'effondrera pas. Guerassimov s'est planté.

6.

Je comprends le ressentiment des Africains. Il est vrai que nous sommes infiniment plus sensibles au sort des Ukrainiens qu'au sort des populations africaines en proie à des guerres quasi-permanentes. Le monde est ainsi fait et, en raison de la rareté naturelle, il est injuste.

7.

Qui écoute encore Hubert Védrine ? Depuis les lamentables atermoiements de la France au Kosovo (c'est tout de même l'OTAN, et pas Védrine, qui, par la manière forte, à fait cesser l'agression serbe) et au Rwanda, soyons francs, il n'est plus guère audible.

8.

Les Français n'étant pas pro-Poutine, je pense assez que Zemmour, Dupont-Aignan, Mariani, une partie du RN, l’extrême-droite la moins patriote et l’extrême-gauche la plus bête, jusqu'à Mélenchon, seront des victimes collatérales de l'inévitable défaite de la Russie.

9.

Au 1er novembre 2022, soit plus de huit mois après le début de la sale guerre de Poutine en Ukraine, je note que la Biélorussie n'est toujours pas intervenue directement dans le conflit. Lukachenko n'est pas si bête, et sait sans doute que Poutine n'a aucune chance contre l'OTAN.

10.

1er novembre 2022. Brésil. Bolsonaro a été battu aux élections. Il se tait. Il se terre. Je n'ai aucune sympathie pour Lula, mais si l'on respecte la démocratie, alors oui, Lula a gagné et il faut l'admettre.

11.

Ai lu sur internet que Francis Lalanne a « choisi » d'être SDF et de se référer à Diogène et à Rabhi. Tu parles... Je parie, moi que le Lalanne, il ne s'assume pas. Un logement, un foyer, ça demande des efforts, un engagement personnel, mais pour ça, il faut un peu de fierté, et de courage.

12.

C'est en mesurant la « réussite » de Sandrine Rousseau (très bien payée pour dire n'importe quoi) que l'on se rend compte de l'inanité des thèses de Philippe Meirieu.

Je songe parfois à la place prise par une Sandrine Rousseau au sein de l'université, et à sa malhonnêteté intellectuelle, et je me rappelle les professeurs que j'y ai connus et dont l'intégrité était manifeste.

13.

La croyance qui veut que les rapports humains pourraient être radicalement améliorés par la seule bienveillance est une erreur qui ouvre la porte à toutes les saloperies. Si vis pacem,..., et non, tous les humains ne sont pas éducables.

14.

Il se pourrait que les choses se dépolitisent, se dépolitisent, se dépolitisent (avec ou sans balle perdue)

Pis qu'le réel avec ses gens s'en fiche

Qu'nos osses finissent par s'hausser des épaules

Qu'tu finisses, politique, tout seul à jouer du violon dans ton désert.

15.

La France est le bras armé de l'Europe. On ne pourra peut-être pas toujours compter sur l'OTAN (les Etats-Unis eux-mêmes sont menacés par le populisme et le n'importe quoi, cf Trump). Certains pays commencent à s'en rendre compte. Qu'ils n'oublient pas notre expertise.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 1er novembre 2022.

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