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BREFS ET AUTRES
nietzsche
25 avril 2021

SOTTISES ET SPECULATIONS

SOTTISES ET SPECULATIONS

1.
Il paraît que le terme islamogauchisme n’a pas beaucoup de sens. N’empêche que si je dis que la France est judéo-chrétienne et laïque, et pas islamogauchiste, tout le monde comprend ce que je veux dire.

2.
« Et comment supporterais-je d’être homme, si l’homme n’était pas aussi poète, devineur d’énigmes et rédempteur du hasard ! »
(Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra », traduction d’Albert)

« Et comment supporterais-je d’être homme [quelquefois, on se le demande], si l’homme n’était pas aussi poète [entre deux massacres], devineur d’énigmes [salade de charades, le monde] et rédempteur du hasard ! » [c’est ainsi que l’humain en arrive à se penser nécessaire, aussi nécessaire que spectre en son château].

3.
« Les morts se réjouissaient
De voir leurs corps trépassés entre eux et la lumière
Ils riaient de leur ombre et l’observaient
Comme si véritablement
C’eût été leur vie passée »
(Apollinaire, « La maison des morts »)

« Les morts se réjouissaient » [je suppose qu’ils souriaient de leur fameux sourire, pis qu’ils riaient aussi, très grinçants déchaussés]
« De voir leurs corps trépassés [spectres épatés d’eux-mêmes et riant de se voir si en ce] entre eux et la lumière [ce vers d’Apollinaire : photo, image, photogramme : squelettes dansants sur un sol où se découpent de grands pans de lumière]
« Ils riaient de leur ombre » [exister, c’est vivre avec son ombre, et ses ombres, nombres, concombres, congres, chicongres] et l’observaient [« Observatory Of Shadows », texte barré sur une musique à la Blue Öyster Cult]
« Comme si véritablement / C’eût été leur vie passée » [nos ombres nous définissent-elles ?]

4.
« L’idéal, dans nos pensées, est d’une fixité inébranlable. Vous ne pouvez en sortir. Il vous faut toujours (y) revenir. Il n’y a point de dehors : dehors vous ne sauriez respirer. » (Wittgenstein, « Investigations philosophiques », 103, traduction de Klossowski)

« L’idéal, dans nos pensées, est d’une fixité inébranlable » [fascination, laquelle peut mener au fanatisme ; c’est bien pour cela que je me méfie des idéalistes, ceux qui rêvent d’un éternel occident, ceux qui rêvent d’un monde converti, ceux qui se revendiquent d’utopies sociales reposant sur une fatalement illusoire égalité réelle garantie par un Etat tout puissant]. « Vous ne pouvez en sortir. » [Il faut en effet une sacrée dose de fatalisme, de scepticisme, d’individualisme, d’égotisme, voire de cynisme, pour envoyer balader tous ces idéaux là dont se revendiquent les hypocrites, les politiques et les saints]. « Il vous faut toujours (y) revenir. » [comme l’assassin sur les lieux comme on disait dans le temps des romans policiers]. « Il n’y a point de dehors : dehors, vous ne sauriez respirer. » [Le réel serait-il constitué en fonction de la vision idéale que je m’en fais ?]

5.
« Malgré notre vigilance à tous, l’assassin n’en a pas moins atteint son but !
- Pas tout à fait, remarquai-je.
- Par pur hasard, seulement ! Selon moi, cela revient au même. Quelqu’un a payé de sa vie notre négligence. Peut-on sacrifier une existence humaine ? »
(Agatha Christie traduit par Louis Postif, « La Maison du péril » [Poirot et Hastings])

Ce dialogue illustrerait-il notre actualité française, entre menace des covids et menace islamiste ? « Peut-on sacrifier une existence humaine ? » : question de raison d’Etat.

6.
En 2021, on peut légitimement se demander si la surpopulation et ses problèmes (flux migratoires, incertitudes économiques, insécurité, communautarismes…) ne vont pas précipiter nos démocraties dans l’illusion sécuritaire, la surveillance généralisée, l’auto-censure, et la servitude volontaire à des normes jupitériennes.

7.
« La couleur rouge de l’objet que je regarde est et restera toujours connue de moi seul. Je n’ai aucun moyen de savoir si l’impression colorée qu’il donne à d’autres est identique à la mienne. » (Merleau-Ponty, « La Structure du comportement »)

De sorte que le réel dans lequel je m’active est radicalement différent du réel dans lequel l’autre, les autres, vous autres, vous vous activez. En ce sens, chacun est unique. La subjectivité radicale (et ce qu’il en fait) est la condition de l’humain, pour le pire comme pour le meilleur.

8.
Spéculations : et si, de variant en variant, à plus ou moins long terme, la nébuleuse covid finissait par décimer l’humanité ? Et si, dans quelques mois, apparaissaient des effets secondaires insoupçonnés et tardifs des vaccins ? Et si un nouveau variant rendait impossible ou très déconseillée toute (re)vaccination ? Chaipas moi, j’m’interroge.

9.
En fin de compte, le président Macron aura été surtout un gestionnaire de crises (crise des « Gilets Jaunes », crise sanitaire,…). Doté de l’étonnant argent magique, ainsi que de l’époustouflante poudre de perlimpinpin du Grand Débat National, il ne put guère compter sur l’Enchanteur Blanquer, qui lui fut à peu près aussi utile que le Merlin de la légende arthurienne revue par Alexandre Astier.

10.
Avec un variant indien qui pourrait nous tomber dessus d’un jour à l’autre (sans compter les variants déjà présents et qui n’attendent peut-être que le recul du variant anglais pour prendre le relais, à moins qu’ils attendent je ne sais quel signal chimico-physiologique, ou quelque occasion de former un nouveau et inédit combinant), et surtout avec un nombre journalier de contaminations qui stagne à plus de 30 000 quand même, alors même que l’on a, dit-on, procédé ces derniers quinze jours à beaucoup moins de tests, se pourrait-il que l’opinion publique en vienne à penser (mais elle peut se tromper) que Macron et Blanquer seraient en passe de se planter et qu’ils ne pourraient pas décemment et surtout pas, comme ils l’ont peut-être imprudemment promis, réellement déconfiner à la mi-mai sans risquer un redémarrage brutal de l’épidémie, la débâcle électorale et économique, la colère des parents et des enseignants. Macron se revendiquant pragmatique, sinon opportuniste, c’est certainement à Blanquer que nous devrons cet éventuel et triste état de choses.

11.
Réflexion d’un proche à propos d’une publicité pour un produit approuvé par l’institut Pasteur : « En France, on ne sait pas faire de vaccin, mais bon, on sait faire de la margarine ».

12.
Ceux qui disent que les électeurs de Marine Le Pen ont un QI limité font preuve d’arrogance (se croient-ils eux-mêmes si formidables ?), de mépris pour le désarroi de bon nombre de Français, et d’ignorance (ils seraient bien surpris s’ils savaient de qui exactement est constitué l’électorat de droite en France).

Patrice Houzeau
Malo, le 25 avril 2021.

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25 août 2020

CHERCHER DES HISTOIRES

FAIRE DES HISTOIRES

 

 

  1. « Il n'existe pas une règle universelle pour être heureux, alors qu'il existe une seule loi morale valable pour chacun. »
    (Octave Larmagnac-Matheron à propos de Kant, « La colombe privée d'air » in « Philosophie Magazine Hors-Série n°45, « Platon »)

  2. Le bonheur est affaire individuelle, et peut-être même affaire d'aptitude de l'individu à être plus ou moins heureux : on peut se complaire dans un certain « malheur », et l'on sait assez qu'il existe ce que l'on appelle des « personnes à problèmes » ou « qui font des histoires ».

  3. L'expression « faire des histoires » est intéressante en ce qu'elle rappelle, en creux, que « les peuples heureux n'ont pas d'Histoire ». Quel malin génie a donc poussé Bonaparte à assumer cette tragédie que fut pour lui-même et pour tous les soldats tombés au champ de bataille ce que nous appelons « épopée » et dont nous avons fait une légende ?

  4. Peut-on comparer le malin génie de Bonaparte qui plongea l'Europe dans la guerre au mauvais esprit de ceux qui, assez systématiquement, « cherchent des histoires » ? Est-ce affaire de mesure, de niveau, et l'humain, quel que soit son rang, passerait-il son temps à chercher querelle au réel ?

  5. Je note que cette aptitude humaine à « chercher des histoires », et donc son propre malheur, est actuellement dénoncée comme étant non-naturelle, et donc à proscrire, ou même à sublimer (est-ce aussi à cela que sert la résilience?) par l'écologie politique et un humanisme mal compris.

  6. Que l'aptitude humaine à « chercher des histoires » soit non-naturelle, j'en suis d'accord : l'Histoire est avant tout une histoire des cultures, des comportements, des contingences, des déterminismes. En quoi cela est-il condamnable ? Certes, on commence à s'en douter, l'Histoire pourrait mal finir et l'humain n'aura pas raison de l'humain. Outre que le pire ne soit pas toujours sûr, où est-il écrit que l'espèce humaine aurait vocation à perdurer jusqu'à l'extinction du soleil ?

  7. Peut-on dépasser l'opposition entre universalité de l'impératif catégorique du « devoir moral » et relativité des bonheurs humains ? En fait, il semble que c'est justement dans cette opposition que l'humain fait l'Histoire. Je vis en cherchant à concilier morale commune et mon propre « bonheur ». Le réel me résistant, j'entre donc en conflit, non pas avec moi-même, mais avec le réel. Bref, je me bats et me débats.

  8. Sans doute n'y a-t-il pas de peuple heureux puisqu'il ne peut y avoir d'humain sans tension avec le réel. La société dite « primitive », que d'aimables zozos nous présentent parfois comme un éventuel modèle de vie « naturelle », finit toujours par être menacée (par un virus, une autre société, la mondialisation induite par le surnombre, etc...)

  9. A force de chercher des histoires, nous finissons par les écrire. Et c'est ainsi que nous lisons l'Histoire, y cherchant toujours plus profondément une lumière des événements qui éclairerait une vérité qui toujours nous échappe.

  10. « La chose même qui est désignée sous le titre de « L'éternel retour du même » est voilée dans une obscurité devant quoi même Nietzsche devait reculer de frayeur. »
    (Heidegger traduit par Becker et Granel, « Qu'appelle-t-on penser ? »)

  11. L'intuition nietzschéenne est féconde : que l'Histoire soit un « éternel retour du même » implique que l'humain est cet « éternel retour ». « Tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change » a écrit Mallarmé. L'humain est un faiseur d'histoires, et donc un créateur de mythes. Et c'est de la main de son propre mythe que l'humain mourra.

 

Patrice Houzeau
Malo, le 25 août 2020

18 juillet 2020

EN CETTE BATAILLE

EN CETTE BATAILLE

 

 

  1. Je ne comprends pas pourquoi le président Macron ne procède pas à la dissolution de l'Assemblée. Il en résulterait une majorité probable des Républicains. Malgré un gouvernement de droite, il resterait Président, ce qui lui permettrait d'adopter une posture de sphinx (plus ou moins jupitérien). Il planerait au-dessus des partis et des basses contingences de la vie ordinaire des gouvernements. De quoi attendre sa réélection (il passe bien à l'international) en jouant les juges de paix.

  2. « Plusieurs se sont imaginé des républiques et des Principautés qui n'ont jamais existé », écrit Machiavel traduit par Barincou. Ces Républiques exemplaires, ces Principautés merveilleuses, certains en rêvent encore, pour le plus grand malheur de l'humanité.

  3. « Mais il y a un tel écart entre la façon dont on vit et celle dont on devrait vivre, que celui qui abandonnera ce qui se fait pour cela qui devrait se faire, il apprend plutôt à se perdre qu'à se conserver », a écrit Machiavel. Dans cette bataille infinie là, celle des désirs, la chimère de l'utopie dévore bien des rêveurs.

  4. Défois, la porte, elle est fermée, on comprend pas pourquoi : « Un flot de jour entra. Je m'élançai sur la porte par où cet être était parti. Je la trouvai fermée et inébranlable. » (Maupassant, « Apparition » [le narrateur])

  5. Ce que nous cherchons, ce dont nous avons la nostalgie, c'est ce fugace moment d'exaltation qui précède l'hybris.

  6. Quand on prend des vers pour des larmes, on pleure pour un rien, vaut mieux pas s'adonner à la poésie : « Et les vers de Villon me montèrent aux lèvres, ainsi qu'un sanglot » (Maupassant, « La Chevelure » [le narrateur])

  7. Défois les gens i rient de choses qu'on comprend pas et plus i comprennent qu'on comprend pas, plus i s'marrent : « Quand je relevai les yeux après avoir lu ce message énigmatique, je vis Holmes glousser de joie. » (Conan Doyle traduit par Bernard Tourville, « Le Gloria Scott » [Watson])

  8. Tiens, c'est amusant, dans cette phrase d'Exbrayat, tous les prénoms commencent par « F » : « Félicité marchait en tête suivie de Fabienne et Florence allant côte à côte, Fulvie ensuite et Fanny fermait la marche en compagnie de François. » (Exbrayat, « Félicité de la Crois-Rousse »)

  9. Défois les parfums vous revenant à l'esprit sont si forts qu'on croirait sentir des fantômes.

  10. Défois les gens ont des sourires de cadeau empoisonné. On dirait des politiques, ou des banquiers.

  11. « L'Etat, c'est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « Moi, l'Etat, je suis le Peuple. » Chaque fois que je lis cette phrase de Nietzsche, je me vois dans la tête la massive statuette, forgée dans un métal inconnu et sombre, de quelque dieu ancien et maléfique (ça s'voit à la gueule qu'il fait) d'une nouvelle de Lovecraft.

  12. Les mathématiques sont une stratégie, qu'on peut compter les morts avec : « - Statuerons-nous, alors, dis-je, en disant que c'est un enseignement des plus nécessaires à l'homme de guerre que de pouvoir calculer et compter ? » (Platon traduit par Georges Leroux, « La République », VII)

    Patrice Houzeau
    Malo, le 18 juillet 2020.

15 avril 2020

PETITS EXORCISMES QUOTIDIENS

PETITS EXORCISMES QUOTIDIENS

1. Regarder les gens passer, se sentir aussi impuissant qu'eux.

2. Défois solidaire, l'humain, pas tout l'temps, ça dépend aussi... d'son porte-monnaie, des comment qu'il a tant vécu, pis y a l'air du temps plus ou moins rance, plus ou moins solaire.

3. Défois je n'sais plus écrire je manque de distance la colère me souffle des crachats j'ai tort j'ai le hussard sur le toit qui titube.

4. Les applaudissements aux soignants, les cloches de Notre-Dame, les larmes aux yeux des gens.

5. Y a ce topos du « tout ce qui ne me détruit pas me rend plus fort » qu'on dit qu'c'est de Nietzsche ouiche qu'ça dépend tout est dans le « détruit » le navré, le blessé, le paumé mais m'est avis qu'une andouille indemne reste andouille tout de même.

Note : ah tiens une sentence proverbe maxime : Andouille indemne reste andouille tout de même. Je m'applaudis dis car je suis sot oh.

Note : Remarquez qu'il y a sans doute des andouilles plus fortes dans leur andouillerie que d'autres. Faut voir le degré.

6. Défois l'humain i s'examine la conscience mais en respectant la distanciation sociale sinon i s'engouffre.

7. Cette crise du covid, c'est l'vertige des chiffres : nombre des morts, nombre de milliards, nombre de chutes, de rechutes, primes et déprimes.

8. Squ'il y a c'est qu'il faut les bouillir tous ces virus là les fiche dans la marmite sur laquelle flotte toujours je veux le drapeau noir.

9. J'ai remarqué que ce n'est pas en faisant de la psychologie de comptoir qu'on devient comptable.

10. Défois l'humain il s'enfrousse de son ombre, comme s'il s'était déjà rencontré.

11. Défois le mot résilience i m'fait penser au mot exorcisme et au film si connu avec la gamine qui tourne au plafond là mais on fait sortir quoi là.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 15 avril 2020.

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