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BREFS ET AUTRES
petits exorcismes quotidiens
8 juillet 2020

AH J'AURAIS DÛ PREVOIR

AH J'AURAIS DÛ PREVOIR

 

 

  1. Souvent qu'il nous happe, l'invisible. Mais comme nous avons autre chose à faire, nous passons notre chemin. Et l'invisible de nous ajouter à l'infinie collection de tous ces mois qu'il nous a pris.

  2. Pendant tant d'années d'années d'années « ah ! J'aurais dû » qu'on s'dit, pour finir que, pendant le reste de ces ans, cézigue ne fait que rabâcher « ah ! J'aurais dû savoir ».

  3. Alors, les pommes de terre s'arrachèrent du champ pour se jeter à la tête des touristes. Ce fut sous le règne de Patato 1er que les armées de frites furent les plus efficaces et les plus furieuses dans la grande friterie universelle qui fut lors.

  4. La lune pêchait à la ligne des poissons car quitte à pêcher, mieux vaut pêcher poissons que pompes funèbres. La spectrale fluctuait dans la lucarne. Mon esprit faisait des bulles ; je m'englougloutissais doucement dans la dormance.

  5. Si l'invisible est plein d'yeux, porte-t-il des lunettes ? Si un poltergeist prend possession de votre maison, pensez aux boules Quies.

  6. Boules Quies et méthode Coué sont fort utiles si on a l'heur d'être parasitairement politique, afin de se faire accroire que tout va bien. Sinon, bien sûr, il y a l'influence. Certains pensent que la France de ce début juillet 2020 n'a pas besoin de coton dans les oreilles.

  7. Parfois les choses elles bougent. J'ai du mal à les arrêter. Depuis que mon sorcier s'est enfui dans un vieux blues, j'ai du mal à les freiner, les fantômes.

  8. Macron aura eu au moins ce mérite, c'est de prouver que le bon vieux retournement de veste, moqué par Jacques Dutronc dans « L'opportuniste », ne s'est jamais aussi bien porté : Castex, Darmanin, Blanquer, Dupont-Moretti et consorts (certes, ils finiront bien par sortir).

  9. « Il y en a qui contestent
    Qui revendiquent et qui protestent
    Moi je ne fais qu'un seul geste
    Je retourne ma veste
    Je retourne ma veste
    Toujours du bon côté »
    (Dutronc et Lanzmann, « L'Opportuniste »)

  10. Les politiques font tout ce qu'ils peuvent pour faire oublier le scandale du manque de moyens, de masques, de lits, de personnel lors du début de la crise du Covid, mais il y eut tant de morts et tant de souffrances que t'as beau sourire, ministre, les gens n'oublient pas.

  11. Et lorsque le gouvernement se sera très effondré, que Manu Jupiter n'aura plus d'autres recours que la dissolution du parlement, alors, il est possible que dans son bureau de l'Elysée, lui arrive un bristol, une carte de visite avec ces mots : « Signé Castex ».

Patrice Houzeau
Malo, le 8 juillet 2020

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7 juillet 2020

LE REEL EST-IL AUSSI REEL QUE NOUS LE SOMMES

LE REEL EST-IL AUSSI REEL QUE NOUS LE SOMMES ?

 

 

  1. D'invisibles archéologues sont-ils en train de nous étudier ? Alors il se mit à nous faire une tartine là, de son anti-matière. Je me demande si les pluies peuvent se collectionner.

  2. « Avec un cri de douleur je fis un bond qui m'envoya tout droit dans la soupe bouillante et me raidit en un instant d'intense agonie aux côtés de mes compagnons de détresse, à savoir une carotte et deux oignons. » (Leonora Carrington traduit par Henri Parisot, « Le Cornet acoustique »)

  3. Le réel est-il aussi réel que nous le sommes ? Si d'invisibles archéologues sont en train de nous étudier, sommes-nous dans un musée ? Si les pluies pouvaient se collectionner, le musée des pluies serait-il désigné par le mot impluvium ?

  4. Comprenons-nous, à l'instar du jeune homme d'une nouvelle de Lovecraft, que « les abîmes crépusculaires » où nous plongeons sont « ceux de la quatrième dimension » ? le plus curieux, c'est que là aussi on trouve des frites.

  5. Défois je me dis que je me moque de moi. Sinon, comment expliquer ce rire qui se répand dans toute la pièce alors que Zut est allée zuter dans l'ailleurs risible ?

  6. Comme c'est fascinant, tout ce vide me dis-je, contemplant les politiques en campagne. La fonction antique du parapluie n'était-elle pas d'attraper des pluies afin d'enrichir sa collection ? Visiblement, le secret s'est perdu ; les ponts sans doute l'ont mangé.

  7. Si les mots sont vivants, nous grignotent-ils ? Heureusement que nous ne pouvons pas nous fourrer la main à l'intérieur de nos sacs de chairs et d'os, certains finiraient par se lacérer l'introspection. Je vois rarement des chapeaux melons passer à la fenêtre du 4ème étage.

  8. Les langues connaissent-elles bien la grammaire de l'humain ? C'est tout de même très bête de confondre scie et chien ; c'est comme ça qu'on se fait mordre. Les langues font-elles des fautes d'humanité aussi souvent que nous débitons des âneries ?

  9. Se pourrait-il que « la main d'écorché », jadis évoquée par Maupassant dans un conte célèbre, continue à errer de par le monde, étranglant de-ci de-là quelques collectionneurs maniaques ?

  10. Non seulement les chapeaux melons ne passent pas devant ma fenêtre, mais les bottes de cuir non plus. Quelquefois, j'aperçois quelque créature cagoulée en collant rouge flottant vaguement dans la brume. Bah, j'aurais dû habiter au rez-de-chaussée.

  11. Le plus dur, ça a été d'empêcher les pieds d'aller se jeter sur des politiques de plus en plus effarés. Il a donc fallu les casser, les pieds. La fonction de casseur de pieds fut instaurée. Une compagnie de casseurs de pieds s'appelait « chaussette ».

    Patrice Houzeau
    Malo, le 7 juillet 2020.

7 juillet 2020

DERISION POIL AUX OIGNONS AUX MOIGNONS AUX MIGNONS AU MENTON

DERISION POIL AUX OIGNONS AUX MOIGNONS AUX MIGNONS AU MENTON

 

 

  1. Une nouvelle de Lovecraft évoque «une connaissance terrifiante du cosmos ». Quel est ce chien ? D'où vient cet os ?. Lovecraft évoque aussi « la place que l'humain occupe dans le tourbillon du temps. » L'univers c'est-i du mouvant façon sables mouvants pis qu'on s'enfonce dedans ?

  2. Je ne sais plus qui a dit qu'à la fin, la dérision l'emportait toujours. Je pense que c'est Gaston d'Orléans dans les dernières scène de « Louis Enfant roi » de Roger Planchon. C'est ce que j'ai pensé aux résultats du bac2020 ; c'est que j'ai pensé à la présentation du gouvernement à Castex. C'est ce que de plus en plus je pense, mais je vieillis, il est vrai.

  3. Je crois de plus en plus aux vertus de la dérision, et donc de la contre-culture. Pourquoi ? Parce que la dérision rachète, ou, à tout le moins, compense cette part d'ombre que nous avons tous. Mais sa plus grande vertu est de prévenir les mômes de ne pas se laisser avoir.

  4. Au fond, de la plupart des grands débats sociétaux qui agitent Twitter, la Toile et bon nombre d'éditorialistes, je m'en fous. Pourquoi ? Parce que, retenez bien ceci : les donneurs de leçons d'aujourd'hui, les sacro-saints contestataires actuels sont les accusés et les coupables de demain.

  5. La dérision n'a pas bonne presse. On lui reproche de se moquer de tout et de tous avec une grande mauvaise foi. Mais c'est justement parce que nous doutons de la bonne foi de toutes les opinions, y compris les plus politiquement correctes, qu'avec bonne foi nous usons de la plus mauvaise des mauvaises fois.

  6. La vraie dérision, celle qui remet tout en cause, personne ne la supporte : elle est trop violente ; elle souligne trop les ombres et donne la nausée. Nous n'en voulons pas. Même les esthètes les plus ouverts d'esprit n'en veulent pas. La vraie dérision pue vraiment la mort.

  7. Castex et Macron ont nommé Dupont-Moretti à la justice. J'aime bien Dupont-Moretti : il a une grande gueule et du talent. Je n'aime pas Dupont-Moretti : il a une grande gueule et, n'étant pas assassin moi-même, je me fous du talent de Dupont-Moretti. En fait, qui était-ce, ce type ?

  8. De deux choses l'une : Ou Dupont-Moretti, en bon professionnel de la profession, fait semblant de s'indigner et fera son boulot de garde des sceaux en bon chargé de fonction des familles (politiques) ; ou alors il s'indigne réellement et donc Macron est maso. Ou serait-ce que Dupont-Moretti garde des sceaux du gouvernement Castex s'apprête à jouer le rôle de bouc émissaire, comme dans les romans de Daniel Pennac ?

  9. Ne croyez pas qu'il est facile de tourner le monde en dérision. Il y faut beaucoup de raison et le clown pleure lui aussi. Du reste, il vit avec un couteau.

  10. Ce qui est logique n'est pas forcément juste. Parcoursup nous en donne la preuve chaque jour.

  11. Je ne sais pas pourquoi je n'aime pas d'emblée Jean Castex. C'est vrai que le nom me fait rire. C'est vrai que je le pressens très prétentieux (je préférais l'humilité, sans doute feinte, d'Edouard Philippe). Mais si ça se trouve, il a inventé le fil à couper le beurre, c't'homme-là.

Patrice Houzeau
Malo, le 7 juillet 2020

5 juillet 2020

J'AI MAL AU DOS

J'AI MAL AU DOS

 

 

  1. J'ai mal au dos. Y en a i zaiment pas trop les oiseaux. Ils leur trouvent des yeux froids comme la mort. J'ai mal au dos. Je souffle. Houzeau boit du ouzo. Sinon, Zut pleurerait je crois. Heureusement personne pour me voir.

  2. « Un pain que l'on achetait un as, on ne pouvait pas l'achever à deux. Aujourd'hui, j'ai vu des yeux de bœuf qui étaient plus gros ! Hélas, hélas, cela va tous les jours plus mal. »
    (Pétrone traduit par Pierre Grimal, « Le Satiricon » [Ganymède])

  3. « Un pain que l'on achetait un as », zétaient à l'origine à l'effigie d'un bœuf ou d'un mouton (« aes signatum ») que je lis sur Oui, Qui ? Wikipédia. Le prix du pain est la mesure de la colère des peuples. Ce sont les ventres vides qui font les révolutions.

  4. C'est drôle, je n'arrive pas à prendre au sérieux l'idée que Macron s'apprêterait à un tournant écologiste majeur. Je n'y crois pas. On va donc dans le mur. Et si c'est vrai, on va aussi dans le mur. Comme on le voit, je suis toujours aussi youpi-youp-la-boum.

  5. La vache, j'ai vraiment mal au dos. Je me lève ; je me dirige vers ma bouteille (on dirait du Bukowski). Plus on est, plus y a inflation de tout. Du coup, crise. On peut pas produire pas cher tout le temps. Les continents blousés par la Triade finissent par remuer.

  6. « Croissez, et multipliez-vous » qu'il a dit l'aut' chevelu que mon collègue i dit qu'il était blanc comme lui et moi, que moi j'dis chais pas. Du reste, un humain est un humain, dommage qu'on soit tant.

  7. Du coup qu'j'écris, j'ai moins mal au dos et j'y pense moins, à l'âge qui s'avance et commence à me grignoter peu à peu, un geste après l'autre, un bout après l'autre, un souvenir après l'autre que j'vas finir escargot, et bavant tiens.

  8. Le truc, c'est que les tenants des Lumières voyaient tout ça bien rationnel ; les progrès des sciences, des techniques, et de la Raison allaient nous faire la paix perpétuelle, l'égalité entre tous, la Fin de l'Histoire, le Bonheur comme sur les affiches du parti socialiste. C'est le postulat de départ qu'était bancal et l'humain n'est pas rationnel.

  9. J'ai tellement mal (au dos, pas à ma France c't' blague) que ça m'remonte dans les muscles. Zallez voir que j'vas tomber dans mes bouquins et mes sottises là, qu'dans six mois, un Proviseur va lever le nez de ses tableaux Excel et se demander : « Je me demande ce que devient cet ahuri » pis qu'après les pompiers me retrouveront qu'ah ça, j'aurai passé la date de péremption pour sûr.

  10. J'entends à la radio : « Jean Castex promet un nouveau pacte social. » Oui bon mais je sais pas si un « nouveau pacte social » (élément de langage des années 90), ça fera d'la misère en moins dans nos rues et plus de reconnaissance des personnels soignants.

  11. « Jean Castex » : Non, mais c'est pas possible ! On dirait le nom d'un acteur des « Cinq Dernières Minutes » (saison 1960). Remarquez que c'est un peu ça, quelques dernières agitations avant, bon sang mais c'est bien sûr, la dissolution du Parlement.

Patrice Houzeau
Malo, le 6 juillet 2020.

5 juillet 2020

CE N'EST PAS PARCE QUE, QUE

CE N'EST PAS PARCE QUE, QUE

 

 

  1. J'aimerais pouvoir écrire des « illuminations » comme Rimbaud le fit. Mais j'y suis trop manche, piteux, déconfit. « J'aime la nuit avec passion. » On trouve ça dans Maupassant. C'est pas pour ça qu'j'vas virtuoser. C'est juste tout noir ; des fois, j'écoute le vent.

  2. C'est vrai comme dit le narrateur de « La Nuit » de Maupassant que le jour est « brutal et bruyant ». Quand on était confiné, y avait moins d'bruit et moins de gens. Remarquez qu'ça dépend où. Le confinement, quel calme, comme si j'avais invité le désert chez moi.

  3. Ce n'est pas parce que Dieu n'existe pas, que tout est permis. Dieu est ; cela seul suffit. Et les ténèbres de la fin des temps sont plus certaines que la pérennité des âmes dans la chair des siècles.

  4. Si la réincarnation existe, je me demande bien quel antique cinglé, quel agité du bocal est venu s'installer chez moi.

  5. La répétition de l'adjectif « chaque » , ça sonne comme les coups de faux que la Camarde flanque dans votre champ en attendant de vous y retrouver.
    « et chaque pas, chaque mouvement, chaque geste, chaque parole, chaque pensée me fatigue comme si je soulevais un écrasant fardeau. »
    (Guy de Maupassant, « la Nuit »)

  6. Aujourd'hui encore ça fait grise mine dehors. Notre nouveau premier ministre est un serviteur de l'Etat. C'est pour cela que le président Macron l'a choisi. La crise sanitaro-économico-sociale risquant de s'aggraver, il lui faut un solide exécutant. Il va pleuvoir.

  7. La crise s'aggravant et s'il fallait prendre des mesures de type « raison d'Etat », il faut donc au président Macron quelqu'un qui acceptera d'être impopulaire. Quel sera le prix de la viande, du beurre et des légumes cet hiver ?

  8. Je n'apprécie guère ces algorithmes chronophages, ces affelnet, ces parcoursup qui décident on ne sait comment de l'avenir des gens. J'aime bien ces « œufs de lune tombés du ciel » qui servent au narrateur de « La Nuit » à évoquer les « globes électriques ».

  9. « Et les globes électriques, pareils à des lunes éclatantes et pâles, à des œufs de lune tombés du ciel, à des perles monstrueuses, vivantes, faisaient pâlir sous leur clarté nacrée, mystérieuse et royale, les filets de gaz, de vilain gaz sale, et les guirlandes de verres de couleur. »
    (Guy de Maupassant, « La Nuit »)

  10. L'allongement démesuré des années d'étude, la massification de l'enseignement supérieur, la lourdeur de la Réforme Blanquer, la crise sanitaire, la crise économique, la crise sociale, l'affaiblissement de l'autorité présidentielle,... : bon ben, faut mettre des sous d'côté, j'crois.

  11. Plus personne. Un clairon sonne. J'entends au loin des pas, des voix dans une rue proche. Le temps m'a passé. Je bois un café. Les choses sont mortes ; leurs yeux sont vides, leurs langues bavardent et n'ont plus de nom. Zim Zam Zoum fait le violon.

  12. Alors il y eut un grand fracas dans le ciel et sur toute chose et sur tout être, s'abattit un long déluge. Lors, on entendit une voix formidable dans les ténèbres : Nom de Moi, qui c'est qu'a utilisé le dernier rouleau et qu'a pas remis de P.Q. ?

    Patrice Houzeau
    Malo, le 5 juillet 2020.

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4 juillet 2020

COIN COIN COIN HOU HOU HOU

COIN COIN COIN HOU HOU HOU

 

 

  1. « Et pleurons comme jamais spectres ne firent. » (Michel de Ghelderode, « La Balade du Grand Macabre », [Porprenaz]). Du coup, je pense aux pleurotes, dont les lames pleurent sur leur pied. « (Ils pleurent) Pleurons sur la société périe », ajoute Porprenaz qui avait l'âme politique.

  2. Nous vivons au centre des sorts. « Ayou ! Il est mordu ! Qui évoque les petites et les grosses bêtes devient leur proie. » C'est ainsi que crie et danse la Salivaine de Ghelderode. D'invisibles lamproies nous tournent autour et aspirent nos âmes, puis nous broient. Quel effroi !

  3. « Et gras vous n'êtes point assez », dit le Basiliquet de Ghelderode au prince Goulave. « Ce qui fait dire au peuple que votre Maison dégénère », ajoute Aspiquet. On dit que Jean Castex est l'un des mieux payés parmi nos hauts fonctionnaires. Reprendrez-vous de cette langue de vipère ?

  4. Savez-vous pourquoi j'aime me moquer des puissants ? Parce que la plupart du temps, les puissants se moquent de nous comme de leur première chemise.

  5. En attendant le sommeil, j'interprète les taches qui se déplacent sous mes paupières. J'y vois des visages, des paysages, des théâtres, des chars écrasant des barricades mystérieuses, des bouches qui s'irritent comme devant un faux-pas s'irrite un prince, tunnels, routes, accélérations.

  6. « Le chef de la sécurité publique annonce que le peuple pris de panique sans motif sérieux se rassemble devant le palais et exige le prince. » Ça, c'est dans le théâtre de Ghelderode. Dans le réel de 2020, les motifs de panique sont sérieux et le prince est inquiet sans doute.

  7. C'est drôle comme on s'attache à des bricoles. « Prince, sentez comme bat ma berloque », dit le Nekrozotar de Ghelderode. On devrait bien penser pourtant que, n'est-ce pas, eh oui, c'est la vie, et puis plus rien.

  8. Des coups dans le ciel. « Smoke on the water ; fire in the sky » qu'ils chantent les Deep Purple. « C'est un orage qui mijote au loin », dit le Videbolle de Ghelderode. Coin-coin-coin ! Hou-hou-hou ! Les temps pleurent.

  9. MACRON : - Nous avons fait ce que nous avons pu.
    LES GENS : - Coin-coin-coin ! Hou-hou-hou !
    MACRON : - C'est notre projet ! Vous m'avez élu ! Regardez, j'ai un nouveau Premier Ministre !
    LES GENS : - Coin-coin-coin ! Hou-hou-hou !
    MACRON : -Bon, ça suffit, maintenant. Castaner, matraquez-les.
    (La Balade du petit Macron) 

  10. L'humain tombe de haut. Il avait déjà la tête dans les étoiles et patatras, v'là qu'les virus le terrassent. Ah ça, en reprenant les mots de Michel de Ghelderode, il meurt « avec hauteur », l'humain, « je veux dire qu'il tombe de haut ».

  11. Zut joue la comédie et prend une voix spectrale en tenant le rôle de Porprenaz dans « La Balade du Grand Macabre » de Ghelderode. Elle dit : « Ma spectrale mémoire reste confuse. Pour résumer, la Terre est fichue, avec tout son chargement. »

    Patrice Houzeau
    Malo, le 4 juillet 2020.

3 juillet 2020

AH ÇA FLOTTE ON DIRAIT DE LA FICTION

AH ÇA FLOTTE ON DIRAIT DE LA FICTION

 

 

  1. J'aime bien écrire car, me dis-je pompeusement, écrire me console d'un réel que je maîtrise aussi mal qu'un dindon maîtrise le grec. « Puisque tu tiens un langage qui n'est pas celui de tout le monde, et, ce qui est fort rare, que tu aimes la raison » dit l'Agamemnon du Satiricon.

  2. « Car, s'ils ne disent pas ce qui plaît aux petits jeunes gens « ils resteront, comme dit Cicéron, seuls dans leurs salles de cours ».
    (Pétrone traduit par Pierre Grimal, « Le Satiricon » [Agamemnon])

    Comme quoi l'adaptation du discours pédagogique aux attentes des élèves ne date pas d'hier.

  3. Les fictions flottantes à la Satiricon me plaisent bien. En ce moment, on ne peut vraiment pas dire que tout va bien. La politique est-elle une fiction flottante ? C'est qu'on ne nous dit pas tout et il faut bien qu'on nous mente. Les cuisines puent ; il faut cependant que l'on mange.

  4. J'aime bien dans le film « Louis enfant roi » de Roger Planchon, le personnage du Grand Condé, grand seigneur libertin, qui fascine l'enfant Louis, déplore qu'il y ait tant de morts, rejoint non sans panache la Fronde et s'honore de l'amitié de La Rochefoucauld.

  5. « et, chaque fois que la lampe placée dans le tombeau faiblissait, c'était elle qui la ranimait. » Sommes-nous ainsi animés ? Avons-nous une âme, qui, à l'image de la servante du Satiricon, veille à éclairer le tombeau où nous pleurons nos morts.

  6. Sans remonter à Vercingétorix, tout de même, Jeanne d'Arc, La Fronde, les Lumières, 1789, Bonaparte, La Commune, de Gaulle, la Résistance, Mai 68, les Gilets Jaunes, il est que les Français sont d'autant plus réfractaires, querelleurs et politiques que Paris se croit le nombril du monde.

  7. Parce qu'il est l'expression la plus radicale du scepticisme, le « Cogito ergo sum » cartésien est sans doute fondateur de cette résistance à l'absolutisme et à l'autoritarisme qui caractérise la pensée des Lumières et éclaire aujourd'hui encore bon nombre des jours et des nuits de France.

  8. On peut aussi voir la montée actuelle des idées écologistes en France comme l'expression d'une défiance envers la fuite en avant dans une technologie qui n'empêche cependant pas les Etats-Unis de sombrer dans la pandémie et d'encore se brûler au feu couvant de la guerre civile.

  9. Nous dînons souvent à la table de gens dont nous n'avons que faire. Ainsi nos cercles sont-ils des illusions et qui nous serre la main peut tout aussi bien nous cracher dessus que nous sauver d'un péril si cela le favorise. Nos sentiments sont aussi politiques que tout le reste.

  10. « Les valets poussèrent un cri, ainsi, d'ailleurs, que les convives, non pas à cause de cet individu puant, que nous aurions vu volontiers se rompre le cou, mais à cause de la triste fin que cela aurait faite au dîner, d'en être réduits à pleurer un mort qui ne nous était rien. »
    (Pétrone traduit par Pierre Grimal, « Le Satiricon »)

  11. Dans la nuit du 2 au 3 juillet 2020, me suis demandé si le président Macron était sur le point de lancer le pays dans une voie aussi nouvelle que novatrice, ou si son aventure politique allait finir dans le ridicule et le mécontentement général.

Patrice Houzeau
Malo, le 3 juillet 2020.

2 juillet 2020

TOUJOURS DES MÊMES YEUX

TOUJOURS DES MÊMES YEUX

 

 

  1. « Madame, je me tais, et demeure immobile,
      
    Est-ce à moi que l'on parle, et connaît-on Achille ? »
    (Racine, « Iphigénie », v.949-950 [Achille])

    On croit s'adresser aux autres et ce sont de parfaits étrangers qui nous répondent.

  2. « Ma fille, je vous vois toujours des mêmes yeux. »
    (Racine, « Iphigénie », v.555 [Agamemnon])

    Peut-être que je me trompe, mais je trouve cette formule ambiguë. Agamemnon veut-il dire que son amour de père est inchangé ou qu'Iphigénie est égale à elle-même ?

  3. « Ma fille, je vous vois toujours des mêmes yeux.
      
    Mais les temps sont changés, aussi bien que les lieux. »
    (Racine, « Iphigénie », v.555-6 [Agamemnon])

    Ni temps ni lieux ne changent nos yeux ; nos sentiments restent mais nos regards varient.

  4. Ainsi en est-il de nos sentiments, et nos paroles démentent souvent ce que nos yeux voient. C'est à soi-même qu'on ment. J'aime bien dans les films quand on entend le vent et que ça signifie que le temps passe tous nos désirs, nos mensonges, nos désillusions.

  5. Nous ne disons pas ce que nous voyons. Nous appelons cela réalisme et lucidité ; il faut savoir s'arranger avec la vérité. C'est là la base de toute politique.

  6. Le matin, parfois, je me réveille très tôt. « C'est vous-même, Seigneur ! Quel important besoin / Vous a fait devancer l'aurore de si loin ? » dit Arcas à Agamemnon. « De si loin » est amusant, comme si nous revenions d'un exil. Et bien sûr, je pense au persil et à la tête de veau.

  7. Surpris sans doute, Arcas, de cette voix au cœur de la nuit. « Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille », lui dit Agamemnon. Le rock anglo-saxon aussi qu'il frappe. Tiens, je n'ai pas bu mon jus de citron aujourd'hui.

  8. Agamemnon, il est comme perdu dans la nuit qu'à peine « un faible jour » l'éclaire, le grand chef, et le guide, Arcas. Ah l'aurait pas fallu qu'il se ramasse, Arcas, en se prenant les pieds dans l'on n'sait quoi qui fait qu'des fois, patatras, on s'étale la carcasse.

  9. Parfois, je m'imagine que dans l'air circulent des yeux en bans invisibles, comme qui dirait des sardines sans corps, ni queue ni tête, rien que leurs yeux. C'est à ça, sot suis-je, que je songe en lisant ce vers de Racine : « Vos yeux seuls et les miens sont ouverts dans l'Aulide. »

  10. Et dans la nuit noire ils se regardèrent dans le blanc des yeux. Comme j'ai des champignons, je me ferais bien une omelette ce soir. Lors du second tour des présidentielles 2017, Macron a fait jouer « Magic System ». On aurait dû comprendre : ce type-là nous méprise.

  11. « Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit ? » demande Arcas à Agamemnon. Un dieu peut-être murmurant dans la nuit, ou quelque bolide vrombissant dans l'espace, un aéronef furtif, un ivrogne qui siffle, un chien qui aboie, un gouvernement qui se dissout.

  12. « A peine un faible jour vous éclaire et me guide.
      
    Vos yeux seuls et les miens sont ouverts dans l'Aulide.
      
    Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit ?
      
    Les vents nous auraient-ils exaucés cette nuit ? »
    (Racine, Iphigénie, v.5-8 [Arcas])

Patrice Houzeau
Malo, le 2 juillet 2020.

24 juin 2020

MIRLITONNERIES POUR QU'AUSSI JE RIE

MIRLITONNERIES POUR QU'AUSSI JE RIE

 

1. Vivement samedi que j'vas à la ville
   
Avec ma cousine Vanille
   
Et mon pote fantôme Freddy
   
Stilal qu'a des griffes
   
Visiter les zanimos zà
   
Venin pis ceux qui comme Freddy
   
Ont des griffes
   
Et qu'on zieute au zoo là.

2. Défois j'irais bien aux confins du désert
    
Ça s'rait comme un hein ça s'rait comme un rite
    
Qu'défois j'irais bien aux confins du désert
    
Des Tartares ou bien çui-là qu'on dit Mojave
    
Je dis Mojave parce que ça rime avec bave
    
Etc... mais c'est mieux avec des frites.

3. Défois je regarde la glauque qui se déploie
    
Qu'on dirait un grand mouchoir verdâtre
    
Dans lequel tombe un crachat rougeâtre
    
Un machin qu'on appelle soleil je crois.

4. Bizarre bizarre comme c'est bizarre
   
De par le monde des gens meurent
   
D'un virus persistant asphyxiant très bizarre
   
Bizarre comme c'est bizarre
   
Les économies s'effondrent les gens meurent
   
Comment voulez-vous dites comment
   
Qu'on n'croie pas défois qu'on nous ment.

5. J'aime bien les pumas, mais c'est juste pour leur nom
   
Car j'aime aussi les Incas dont je ne sais que le nom
   
Si l'on m'interrogeait sur ces fauves ou sur ces Indiens
   
J'auros alors tout rond le zéro, j'crois bien.

6. Les politiques si ça s'trouve n'existent pas
   
C'est juste des robots fabriqués par des gars
   
Venus d'on ne sait quelle extraterrestre où ça
   
Pis qui nous rackettent nous soumettent voilà.

7. J'aime bien les chansons étranges
   
Aux atmosphères d'orgues et spectrales
   
Aussi des guitares qui dérivent en rafales
   
J'y pige que couic c'est pourtant pas la langue des anges
   
C'est juste de l'anglais mais moi la musique m'suffit
   
Car de la langue à la Queen je n'en sais pas un penny.

8. C'est juste de l'angliche qu'ça cause de pouliche
   
Surnaturelle tu crois bin non c'est juste d'la godiche
   
Avec des calculettes derrière leurs yeux de biche
   
Des beautés coûteuses pour lesquelles on s'pourlèche
   
Qu'on ferait mieux défois d'aller à la pêche.

9. Défois quand cause le président
   
Cause le président
   
Cause le président
   
J'me chante en d'dans La Danse des canards
   
Ou bien Papa Pingouin
   
Parce que Qu'est-ce qu'il est bavard
   
Not' président
   
Not' président
   
Not' président
   
Et pis Tagada Tsoin Tsoin.

10. Y a des vers d'Apollinaire oùsque les enfants des morts vont jouer dans le cimetière. Je me demande bien si cet hiver, vu qu'on dit qu'la Covide va r'venir nous faire des misères, combien y en aura, d'enfants des morts, dans les cimetières.

11. Et puis parce que tout finit par des chansons
     
Laissez-moi chanter Macron Macron
     
Donne-nous des ronds
     
Du blé d'l'oseille du pèze des sous
     
Sinon Macron Macron
     
Ta réélection
     
Tu l'auras dans l'chou.

Patrice Houzeau
Malo, le 23 juin 2020.

 

 

22 juin 2020

CONVENTION DE LA SYNCHRONIE

CONVENTION DE LA SYNCHRONIE

 

 

  1. « Philosophie Magazine » a la bonne idée de consacrer le « cahier central » de sa livraison de Juillet 2020 à quelques extraits de « Notes de chevet » de Dame Sei Shônagon, femme de lettres du XIème siècle.

  2. « Choses qui égayent le cœur » : « Beaucoup d'images de femmes, habilement dessinées, avec de jolies légendes. »
    (...)
    « De l'eau qu'on boit quand on se réveille la nuit. »
    (Dame Sei Shônagon, « Notes de chevet », traduit par André Beaujard)

  3. Cette phrase aussi, surprenante petite énigme :

    « Pour les Indiens, quand un jaguar se voit dans le miroir, il voit un homme. » (Eduardo Viveiros de Castro, in « Philosophie Magazine », juillet 2020, p.69)

  4. Quand il me semble que j'écris et que je raisonne correctement, je suis heureux. Le reste du monde étant gorgé de phrases épouvantables et de raisonnements de casseroles, je ne suis heureux que par intermittence.

  5. Le masque parle bien, mais dessous, certainement qu'il grimace, ce visage.

  6. Il y a dans l'expression « faire tomber le masque » l'idée de la vérité révélée par le visage, et il arrive que ce ne soit pas le masque qui tombe mais la tête de l'homme qui le porta.

  7. « mais, alors que l'ignorance les fait vivre dans une grande guerre,
      
    ils donnent à de tels maux le nom de paix ! »
    (La Bible de Jérusalem, « Sagesse », 14, 22)

  8. Quelque chose de l'état de guerre dans l'état d'urgence sanitaire dont nous ne sommes d'ailleurs pas tout à fait sortis. Cet état d'alerte révèle maintenant que les maux induits par « l'horreur économique » seront d'autant plus violents que la crise fut aiguë.

  9. Le présent est ce qui vient d'arriver. Un infinitésimal décalage. La durée est la persistance de l'événement. La synchronie, une convention.

  10. Il y eut le faire : la Création ; l'être : l'humain ; l'avoir conscience.

  11. « Le canard sauvage me charme quand je pense qu'il balaie, à ce que l'on dit, la gelée blanche sur ses plumes. »
    (Sei Shônagon traduit par André Beaujard, « Notes de chevet »)

  12. Parce qu'il raisonne en utilisant son imagination, l'humain est un être essentiellement imaginaire. L'extraordinaire est ce que c'est en manipulant les clés que forge son imagination qu'il ouvre toujours plus de portes dans un palais de plus en plus complexe.

Patrice Houzeau
Malo, le 22 juin 2020

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