EN RANGEANT SA BANANE / COMME MOI QU’IL TE DIT LE MIROIR
EN RANGEANT SA BANANE / COMME MOI QU’IL TE DIT LE MIROIR
1.
Ce que nous avions dit
Pourquoi Charlotte parle-t-elle de la mort ?
Nous ne le pensions pas vraiment. Aimez-vous les radis ?
D’ailleurs, nous ne savons pas à quoi pense Charlotte. Je mange rarement du roquefort.
La question est réglée
Charlotte est partie aux fraises
Tout est arrangé
Nous savons maintenant à quoi pensait Charlotte. C’était pas au roquefort.
Aucun député de la majorité ne peut dire que la réforme des retraites est réglée et que tout est arrangé. Dans les contes de fée, la question finit par être réglée et tout est arrangé sauf dans le cas où la fée est restée chez elle à regarder Chapeau melon et bottes de cuir en mangeant des chips.
Si la fée s’appelle Charlotte et que Charlotte est syndicaliste
Alors le gouvernement partira-t-il en vacances à Autchozafout ?
Ce que je n’arrive pas comprendre, c’est le mobile,
Dit le détective en retirant la pipe de son oreille et en rangeant sa banane dans son étui à bananes.
Cela n’a évidemment rien à voir avec le fait qu’il ne faut pas confondre calamar géant et calamar colossal, bien qu’aucun des deux ne soit un familier, pas même une vague connaissance de Charlotte.
2.
« Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse,
Et de toi fais-tu dire : « Oh ! l’homme singulier ! »
(Baudelaire, « Le rêve d’un curieux »)
Connais-tu ces moments de doute, dis, les connais
-tu, ces moments où ton miroir soudain t’interroge, oh dis, les connais-tu,
Comme moi, qu’il te dit le miroir, eh oui il dit
Moi et il te tutoie comme s’il te connaissait, oh dis, la connais-tu,
La bizarrerie que c’est quand ton miroir soudain t’interroge, qu’il te dit le miroir et toi à ce moment, tu fais ouille passque tu t’as cogné dans le réel pis que la
Douleur elle est pas si
Savoureuse que le susurre le vers à Baudelaire si tant est qu’un vers ça puisse susurrer quoi que ce soit.
Et de toi que penses-tu
De toi me dit le miroir en me regardant hein de
Toi quoi que tu penses dis que tu ne vaux pas un radis dis ou que tu vaux plus qu’on le dit dis dis
Fais-tu dire de toi que tu es un sot un rat un râteau un raté un gratiné d’la tare ? Oh fais
-tu dire de toi que tu es têtu fichu foutu fétu bouillu eh fais-tu
Dire de toi que tu es par trop désinvolte, lunaire, rêveur, dé-con-nec-té, dé-ré-a-li-sé, dé-struc-tu-ré ?
Oh ! te sens-tu défois du vertige dans la cafetière ? dis, dis donc, dis donc toi,
L’homme d’aujourd’hui, ô provisoire, ô éphémère, ô consommateur, toi qui te crois
Singulier si singulier et qui regardes des comédies satiriques des années 70 qui grincent, avec de la pop culture pis qui s’moque en couleurs, même que défois on leur voit les seins à la pop culture.
Patrice Houzeau
Malo, le 20 mars 2023.