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11 décembre 2022

EN ATTENDANT LA NEIGE ET LE RETOUR DU COVID

EN ATTENDANT LA NEIGE ET LE RETOUR DU COVID

1.

Peut-on demander au diable d’emporter tout et n’importe quoi au risque de se voir soi-même rayé du réel ? En attendant la neige. Ça pourrait être l’air des « Trois Souris », ou un autre, on ne peut pas aller vérifier puisque c’est dans une fiction, sans compter que, si ça se trouve, le suspect ne sait pas siffler.

2.
On ouvre. Un O comme une « bulle ». J’ai regardé hier soir la moitié d’un drôle de film : « Ema », de Pablo Larrain, sorti en 2019. La moitié seulement, parce qu’au bout d’un moment, mais ce que j’en ai vu n’est pas si mal. Un film typique de ciné-club, intelligent, humaniste, un peu trop long, bref qui prend la tête, vu que les tourments d’une danseuse contemporaine et de son julot chorégraphe à propos d’un gosse adopté qui a fait une grosse bêtise, personnellement, je m’en contrefiche, mais le fil rouge autour du feu m’a stylistiquement bien plu.

3.
Deux jeunes gens entreprenants. Molly veut élever des « poules et des canards » ; Giles part acheter du grillage.

Une « demeure isolée », bien sûr, et pleine de conserves, rapport à la fatalité de la neige. L’inconnu n’est pas un inconnu, mais moi je me dis qu’un inconnu, même s’il n’est pas un inconnu, est tout de même un inconnu, toujours, c’est bien connu.

4.
Pas de grillage pour l’instant. Conjectures sur la clientèle. Evocation d’une « fondue galloise » usurpée. De l’importance de la radio en milieu isolé (surtout par temps de neige).

Ce matin, je ne peux pas m’empêcher de penser à la nouvelle et une fois de plus prétendument salutaire et définitive (menteurs !) réforme des retraites voulue par Macron, qui ne semble pas avoir bien compris qu’il a été réélu par défaut, le personnel politique français étant, malgré ses coûteuses grandes écoles, aussi déplorable qu’ailleurs où il n’y a pas de coûteuses grandes écoles.

5.
Les gens dans les films font des choses que l’on ne fait pas dans le réel. C’est pour ça que c’est du cinéma : de la blague talentueuse (« talentueuse », enfin, pas toujours). Les gens dans le réel font parfois des choses qu’on n’imaginerait pas au cinéma. C’est pour ça que c’est le réel, et qu’il est redoutable, pervers, vicieux.

6.

En écrivant ces lignes, je regarde vaguement le film « Enfants de salaud », de Tonie Marshall (France, 1996), avec l’immense Jean Yanne et les formidables Nathalie Baye, Anémone, Vincent Cluzet. Je les aime bien, ces acteurs. L’histoire, je m’en fiche, quoique, évidemment, s’il n’y avait pas d’histoire, les acteurs ne sauraient pas quoi jouer et ne seraient pas si épatants.

Au cinéma, l’histoire doit donc être assez soignée, composée, bâtie, pensée, réfléchie, rythmée, vraisemblablement vraisemblable pour que les acteurs puissent y exceller.

Et puis, il vaut mieux une histoire à la « Enfants de salaud », un peu perchée et sympatoche plutôt qu’une de ces saloperies hyper-violentes dont le cinéma américain, et hélas de plus en plus souvent aussi le cinéma français, nous abreuve, avec parfois l’alibi désastreux d’une soi-disant dénonciation des dysfonctionnements sociaux.

7.

Un inspecteur me dit un jour : « Les élèves ont besoin de vous, monsieur ». Non. Les élèves des LP ont besoin qu’on les prépare rapidement et efficacement à un métier, pas à suivre des cours sur les « itinéraires romanesques », et vue la suite macabre Covid-crise énergétique-sale guerre de Poutine en Ukraine-récession, cette nécessité d’une réelle formation professionnelle se fait de plus en plus aigüe.

L’autonomie des jeunes adultes de demain matin passe donc par l’apprentissage et non par les salons où l’on cause démocratisation de l’enseignement supérieur et autres hypocrisies pédagogistes.

8.
Les mauvaises nouvelles de la radio. Un meurtre à Londres. Avec la neige, le premier pensionnaire. Un jeune homme et un flot de paroles. Evocation de Dickens, questions indiscrètes et considérations sur l’ameublement.

9.
« Alors, je ne tiens pas à les entendre ; de surcroît, nous recommander encore des économies de combustible ! Qu’espèrent-ils donc ? Que nous nous résignions à geler sur place ? »
(Agatha Christie traduit par Maurice-Bernard Endrèbe, « Trois souris… » [Molly])

La pièce d’Agatha Christie « la Souricière » date de 1950. Nous sommes en 2022, et nous nous interrogeons partout en Europe sur d’éventuelles coupures d’électricité, sur le prix des carburants et celui des produits de consommation courante.

10.

Il continue de neiger (sinon, les personnages pourraient s’enfuir, et le mystère s’évanouirait dans la nature déneigée). Arrivée d’une nouvelle pensionnaire. Aura-t-on encore du pain dans les prochains jours ?

Patrice Houzeau
Malo, le 11 décembre 2022.

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