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BREFS ET AUTRES
20 janvier 2023

NOTES SANS TABLEAUX

NOTES SANS TABLEAUX

1.
J'aime beaucoup les « Vers nouveaux » de Rimbaud, les « Poésies de 1872 ». Est-on sûr de la date ? Peu m'importe. Cela ne change pas le goût de mes haricots. J'aime beaucoup les énigmes des « Vers nouveaux ».

2.
Qu'est-ce donc que ce « Tout à la guerre, à la vengeance, à la terreur, / Mon Esprit ! » Un esprit rouge ? Un souffle de révolution, Une voix qui crie : « Industriels, princes, sénats, / Périssez ! puissance, justice, histoire, à bas ! » Une voix nihiliste alors, jusqu'à en nier les continents (« Europe, Asie, Amérique, disparaissez. ») Et puis après : « Les volcans sauteront ! et l'océan frappé... » Apocalypse.

3.
Autrement m'est fascinant « Mémoire ». Ai entendu il y a quelques années (ou l'ai-je lu?) que ce poème, qui accumule les images, serait un ensemble de notes sur les tableaux d'une exposition. Je me demande même si les auteurs de cette théorie n'avaient pas dit avoir retrouvé un ou plusieurs catalogues justifiant le truc.

Il est vrai que lisant :
« la soie, en foule et de lys pur, des oriflammes
sous les murs dont quelque pucelle eut la défense ; »,

on pense assez fatalement à un tableau mettant en scène Jeanne d'Arc devant une cité reprise. Ceci dit, le passé simple « eut » indiquerait plutôt l'absence de Jeanne. Les murs du tableau sans Jeanne fait penser Rimbaud à Jeanne et donc nous y fait penser aussi, à l'être Jeanne.

4.
Je n'ai pas trop la patience pour déchiffrer les énigmes. Travail d'universitaire. Je préfère le soupçon d'ivresse que procure l'évocation :

« Les robes vertes et déteintes des fillettes
font les saules, d'où sautent les oiseaux sans brides. »

L'assonance à touches vertes. Atmosphère pâle (« bouillons limpides », « d'or pâle », « les robes vertes et déteintes »). J'ai les jambes lourdes, c'est embêtant. La lourde, en français familier, c'est la porte, ou c'était (je ne sais si le mot est encore employé), cependant que la palourde n'est pas le nom de l'être de l'absence de porte.

5.
Partie III de « Mémoire », cette « Madame se tient trop debout dans la praire / prochaine ». On se demande. Paronymie « ombrelle / ombelle », c'est vrai que ça fait éventail, parasol, ombrelle, l'ombelle, sa structure « pédoncules floraux insérés au même point de la tige » (cf wikipédia).

Une court (après quoi ?). Un homme est parti. Qui y voit la mère d'Arthur et l'absence du père ? J'y pense, et puis après ? Le présent pictural renvoyant au passé du spectateur ? « Elle, toute / froide, et noire, court ! après le départ de l'homme ! » (Rimbaud, « Mémoire », III).

6.

Métaphore : « l'herbe pure », ce sont des « bras épais et jeunes ». Une embarcation : « une barque immobile », plus loin, ce sera un « canot immobile », « mon canot toujours fixe » - on est loin des aventures du « Bateau ivre ».

Un « œil d'eau sans bords ». Vous en êtes le « jouet ». vertige. Des fleurs que l'on ne peut saisir, ailleurs c'est « Pleurant, je voyais de l'or – et ne pus boire. » (in « Alchimie du verbe »). Empêchements. Il partira, l'homme.

Patrice Houzeau
Malo, le 20 janvier 2023

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