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15 juin 2023

MAZETTE DIT L'ETRANGE JEUNE FILLE

MAZETTE DIT L'ETRANGE JEUNE FILLE

Le premier chapitre de « La Bande de l'araignée », de Jean Ray (Librio n°170), dans ses aventures de Harry Dickson, « le Sherlock Holmes américain », s'intitule « l'étrange jeune fille », ce qui donne à rêver sur le lien entre l'étrange et les jeunes filles, quoique les jeunes filles soient des bipèdes tout aussi encombrants que les autres, même que certaines ont de grands pieds.

Il y est question d'araignées. Because Dickson en a maintenant dix, de ces arthropodes prédateurs, mais ce ne sont pas des vraies. « Ah ! l'effarant mystère ! » disent le texte et la marquise, laquelle sortit à cinq heures pour n'en plus revenir.

Il est ensuite question de Georgette Cuvelier, qui s'appelait Georgette parce que si elle s'était appelée Bérénice, peut-être que le sort de l'intrigue en aurait été changé, bien qu'il n'y ait aucune opposition à ce que Bérénice, aussi bien que Georgette, aille rendre visite à Harry Dickson.

A la page 9, il est question de « mazette », dans le sens de quelqu'un qui est malhabile, de peu d'intérêt. On disait alors « une mazette » et Georgette de dire, je cite le texte de Jean Ray : « Ce serait malheureux si un détective de votre renom n'avait trouvé dès le premier abord. A moins de n'être qu'une mazette à la réputation surfaite. » Le français moderne a perdu l'usage de ce joli mot. Il est vrai que « La Bande de l'Araignée » a été publié en 1933. C'est amusant, mais deux pages plus loin, parlant du « fameux Vampire aux yeux rouges de hideuse mémoire » que vient d'évoquer Harry Dickson, Georgette réutilise le même mot de « mazette » : « - Peuh ! une mazette ! dit la visiteuse avec un mépris non dissimulé. »).

Nous apprenons aussi que Mlle Georgette Cuvelier n'est pas un moule à gaufres, et ça, c'est bien dommage parce que franchement, ce n'est pas avec des jeunes filles étranges qui disent « mazette » à tout bout de champ (j'ai eu une élève qui disait au moins trois fois par heure « j'suis dégoûtée », elle non plus n'était pas un moule à gaufres), donc ce n'est pas avec des jeunes filles étranges que l'on fait des gaufres, mais avec des gaufriers, ou alors il faut faire des gaufres en étant aidé par la jeune fille étrange, et là, je dis attention, parce que l'étrangeté de la jeune fille pourrait influer défavorablement sur la qualité des gaufres. Tous les marchands de frites vous le diront.

Et comme nous arrivons à la fin de cette première partie, je ne peux qu'être d'accord avec Harry Dickson, le « Sherlock Holmes américain » : « Je vous dis que nous nous trouvons devant une effroyable énigme humaine. » C'est aussi ce que je dis à la chaussette dépareillée, isolée, vouée à la solitude du tiroir, en attendant que la seconde, disparue, veuille bien se manifester.

Conclusion : je suis bien content d'avoir appris le sens du substantif « mazette », parce que ça rime avec pipelette :
« Mazette fit la pipelette, zavez vu la minette ? C'est la fête à la brouette ! » (Pourquoi « brouette » ? Parce que « chou, genou, hibou, joujou, bijou, caillou, pou » ne riment nullement avec « mazette, pipelette, minette, fête », cependant qu'ils prennent un x au pluriel comme nous l'apprîmes alors que nous étions morveux.)

Ce qui me fait penser que, surveillant hier des épreuves du baccalauréat, je me suis rendu compte que certains élèves de terminale bac pro ne savaient pas lire l'heure sur les horloges. Comment c'est-y possible ? ai-je demandé à l'un d'entre eux. « Parce qu'on ne me l'a pas appris ». Dormez-vous tranquille, Meirieu, et vous, Blanquer, dormez-vous tranquille ?

Patrice Houzeau
Malo, le 15 juin 2023.

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