Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BREFS ET AUTRES
27 novembre 2023

DES MILLE FACES DU MALEFICE

DES MILLE FACES DU MALEFICE

1.
Paru aux éditions du Masque en 1997, « Le Château des poisons », de Serge Brussolo, est un roman noir dans un moyen-âge d'aventures. Pour ma part, je l'ai lu avec plaisir, - c'est-à-dire que j'ai fini par me laisser prendre par l'intrigue (qui vaut ce qu'elle vaut et peu m'importe) mais surtout par une langue de conteur habile. Pas de la grande littérature, mais du bon travail de romancier de genre, du travail de professionnel.

2.
« Pourtant, ils se contentèrent de grignoter, travaillés par une sourde angoisse. »
(Serge Brussolo, « Le Château des poisons »)

Je comprends ça. Moi aussi ça me fait pareil quand je sais que si je ne fais pas ce que je dois faire (et que je ne fais pas), je risque bien que l'on finisse par savoir que je n'ai pas fait ce que je devais faire (et que je n'ai pas fait), tout en sachant que ce que je dois faire (et que je ne fais pas), je finirai quand même par le faire (ou pas).

3.
« A présent, on emmenait les moutons et les vaches paître beaucoup plus loin, avec l'espoir que la bête méhaignée se contenterait de multiplier ses bouffonneries mortelles loin de la cité. »
(Serge Brussolo, « Le Château des poisons »)

Il ne faut pas initier les bêtes méhaignées à l'art de l'hypnose. Elles exercent ensuite leur talent sur les moutons, les vaches et quoi encore et ça vous fait des résultats catastrophiques aux élections.

4.
Dans « Le Château des poisons », de Serge Brussolo, il est question d'un « en ces temps-là, il portait un autre nom : Jehan. » La première forme verbale du roman qui lui est attribuée est « il rêvait ».
Il est question aussi de « la peau verte de la plaine » que « charges et contre-charges » avait arrachée. C'est qu'on s'y bataille because qu'on est lisant une histoire qui se passe au moyen-âge. Je note que cette « peau de la plaine », on la retrouve au chapitre 10 dans le discours d'un « illuminé » qui disait qu'il « avait vu une armée de moines fantômes sortir de la forêt pour creuser des tombes (…) tout autour de la ville. »
Il est question d'un jeune et d'un vieux routier, de noces sans aucun doute fatales pour la mariée, noces maudites d'un ladre dit-on (comprenez « lépreux ») et d'une pucelle de quinze ans, d'un moine antipathique, sournois et ambitieux, de reliques et de fausses reliques, d'un « secret » qui est « comme une maladie », c'est la « trobairitz » qui dit cela. Elle s'appelle Irana. Aussi d'un « problème » à « étudier calmement comme lorsqu'on joue aux tables ou aux échecs »  même qu'en consultant internet, j'apprends qu'il il y eut, au moyen-âge des jeux de tables qui s'appelaient « Quinze Tables », « Douze Chiens » ou « Douze Frères », « Doublet », « La Faille », « Toutes Tables », « Paume carie », et « Baralie », et « Mylis »... Aussi d'une langue clouée, d'un « mystère de la statue disparue, d'un ermite envolé », de « loups » qui « n'ont pas cessé de tourner autour de la colline toute la nuit », d'un empoisonnement lors d'un banquet, d'un « Tanquam Magister » (y en a, i doutent de rien), d'un « Ipse venena bibas » (« Bois toi-même tes poisons ! »), d'un perroquet accusé de meurtre, d'une consultation d'alchimiste, d'une malédiction sur le bûcher (ce qui rappelle la malédiction qui aurait été lancée par le dernier grand maître de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, le 19 mars 1314, même que c'est écrit dans « Les Rois maudits », la saga médiévalesque à Maurice Druon), d'une bête morte et qui revient « torte », pis qui parle, de quantités de morts subites, d'un mal invisible, d'une « maison mystérieuse » pleine de tentations, d'un amoureux transi, d'une ordalie, d'une femme d'une « grande beauté », d'une chasse à la « bête méhaignée sortie des enfers », d'un complot, de tourments et d’aveux, d'un suicide (quel dommage et quel gâchis), d'un amour impossible, d'un « père rouquin », d'une vengeance, de désillusions, et de style car, ce n'est pas la première fois que je le dis : Serge Brussolo sait écrire, sait vraiment écrire.

Citation :
« Vous et moi, qui avons beaucoup tué, et dans des conditions effroyables, savons bien qu'à force de combattre le dragon, le plus gentil des preux devient dragon lui-même. »
(Serge Brussolo, « le Château des poisons », chapitre 14, [un chevalier]).

Patrice Houzeau
26 novembre 2023.

Publicité
Publicité
Commentaires
BREFS ET AUTRES
  • Blogs de brefs, ça cause humeur du jour, ironie et politique, littérature parfois, un peu de tout en fait en tirant la langue aux grands pompeux et à leurs mots trombones, et puis zut alors!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité