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BREFS ET AUTRES
baudelaire
23 septembre 2021

LE GROTESQUE GROUILLE ET GRENOUILLE DANS LES DETAILS

LE GROTESQUE GROUILLE ET GRENOUILLE DANS LES DETAILS

1.
Les élèves ne tombant pas comme des mouches à cause du covid, Blanquer estime que la rentrée se passe bien. Euh ! Manque de profs, distorsions entre établissements sur l'application de la réforme qui n'en finit plus de se réformer elle-même, contrôle continu imposé...sans oublier les trissotineries à venir : design pédagogique, nudge pseudo-bienveillant : on vous enfume comme un jambon mais avec tact, technocratie et un sourire coopératif aussi faux que Le Drian ou Blanquer.

2.
Jean-Paul de Dadelsen, poète perspicace, dans « Bach en automne » : « Mais à quoi serviraient les pédales d'orgue, sinon / A signifier la route indispensable ? » ou comment donner un sens à la musique. Une voie, un chemin, comme on dit la voie de l'arc.

3.
Que les Etats-Unis pensent d'abord à leurs intérêts commerciaux et géopolitiques est logique. Ne soyons pas hypocrites, si la France avait réussi ce coup de leur piquer un contrat mirifique, Macron aurait passé pour génial et Machiavel. #Sousmarins #Glouglou

4.
Ai expliqué une fois encore la houle évoquée par le rythme dans ce vers de Baudelaire : « Le navire glissant sur les gouffres amers. » Est-ce que cela intéresse mes élèves ? Je ne sais pas. L'art pour l'art n'a pas bonne presse.

5.
Rimbaud le visuel : il songe à l'Ophélie de Shakespeare et voit la neige chuter : « Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige ! » (…) « Quel rêve, ô pauvre Folle ! / Tu te fondais à lui comme une neige au feu ». La neige, la neige à l'infini, à en terriblement « effarer les yeux bleus ».

6.
La littérature est une sibylle. Prophètes, les mots. « Dans cette énormité mécanique, l'homme subalterne passait, essayant de ne pas se faire remarquer », écrit Henri Michaux. C'est ce qui se passe déjà dans « l'énormité » électronique actuelle.

7.
Le président Macron restera dans l'histoire de notre pays comme étant l'homme qui aura tenté de tuer la politique en tant que débat démocratique perpétuel. Il aura échoué. Dans une démocratie, seule l'administration peut remplacer le politique, et c'est idiot.

8.
« Le pendule de Foucault » de Umberto Eco me semble un roman comique, comique cette énumération latine des disciplines ésotériques que je trouve p.321 de mon livre de poche :

« et donc un expert in magiam, in necromantiam, in astrologiam, in geomantiam, in pyromantiam, in hydromantiam, in chaomantiam, in medicinam adeptam, pour citer le livre d'Azoth » (Umberto Eco, « Le pendule de Foucault » [Bramanti]).

9.
Lisant des pages ici et là, la littérature m'est un puzzle. Sans ordinateur et l'obligation de gagner ma vie, je lirais beaucoup des livres que je picore. La vie moderne émiette. Certains déplorent de n'y plus trouver « le sens » de leur travail. Cet esprit de sérieux m'amuse.

10.
Je ne sais pas quel rôle dans le « Cosmos » de Gombrowicz joue cette « théière » (« Lui, debout, en gilet, tenait à la main une théière et la lui montrait. Elle, elle regardait cette théière. Elle disait quelque chose. Il parlait. ») mais elle fait bouillir le narrateur.

« Il existe une espèce d’excès dans la réalité, dont le grossissement devient insupportable », dit le narrateur du « Cosmos » de Gombrowicz. Que d'agacements et d'énervements déclenchent ces détails qui soudain nous sautent aux yeux.

11.
Dans le très beau « Dulle Griet » de Yves H. et Hermann (« Les Tours de Bois-Maury »), la langue magique de Hugo est retranscrite par des signes et déchaîne tout un bestiaire fantastique dans la nuit de la ville. Les signes gouvernent le monde.

12.
On attend de ceux qui travaillent pour la fonction publique qu'ils aient un comportement et d'administré (par leur hiérarchie) et d'administrant (le public). Fort heureusement, les agents de l'Etat sont loin d'être si marionnettes. Ils rusent, Blanquer.

Patrice Houzeau
Malo, le 23 septembre 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

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30 août 2021

MIAMZ-MIAMZZZ ET CELA SANS DOUTE AUCUN

MIAMZ-MIAMZZZ ET CELA SANS DOUTE AUCUN

 

 

1.

Je suppose que pour des extra-terrestres
Anthropophages ça doit bien exister dans
Une dimension quelconque du multivers où
Paraît qu'y en a tout un infini d'mondes
Qu'on y a pas accès mais si ça se trouve
Ça fait lurette et astronomie qu'il y en
A des Gones des autres côtés qui passent
D'un miroir l'autre avec la facilité que
Vous mettez pour boire un godet pis nous
Reluquent en passant la langue sur leurs
Trois lippes MiamZ-MiamZ s'disent-ils en
Leur langue avec un Z pour faire genre à
L'autre côté du Zétrange qu'donc tout ça
Dit que les vivants c'est d'la boucherie
Qui marche marche marche MiamZ-MiamZZZZ.

 

  1.  

    Ça existe ça une jambalaya de poisson-chat
    Ou bien c'est Michka Assayas qui l'invente
    Pour les besoins de son émission sur Dylan
    Que ma chanson favorite au Dylan c'est One
    More Cup Of Coffee (Valley Below) pour son
    Refrain bien balancé façon j'vais aller au
    Bout du coin d'la rue m'acater du tabac et
    Pis peut-être que j'vais m'arrêter pour un
    Café ou une bière oùssqu'il est mon cheval
    « One more cup of coffee for the road
    One more cup of coffee fore I go
    To the valley below »
    Mais bon j'suis pas trop fort en Dylan non
    Plus J'aime bien surtout quand il prend le
    Soin d'laisser un peu d'place à la musique
    Passque sinon déjà que j'pige que couic et
    Perlimpinpin à ce qu'il nasillarde le coin
    -coin à guitare alors si on les entend pas
    Les sonorités électrico-rythmiques un poil
    Casse-pieds Dylan que tout d'même l'violon
    Qui gazouille et zèbre et zigzague tout au
    Long de l'album « Desire » si je me trompe
    Point eh bien c'est chouette les aminches.

     

  2.  

    « Des nappes d'eau s'épanchaient, bleues,
    Entre des quais roses et verts,
    Pendant des millions de lieues,
    Vers les confins de l'univers »
    (Baudelaire, « Rêve parisien »)

     

    Baudelaire, il le rêvait pastel, l'univers
    Liquide et portuaire, élancé vers l'infini
    Mignon comme un dessin de môme, bisounours
    Charmant dandysme qu'en fait moi je l'vois
    Tout troué d'gouffres amers que les mondes
    I tombent dedans l'univers à en finir tous
    Atomisés départiculés néantisés vapeur pis
    Les talibans i seront plus talibans seront
    Plus rien du tout les talibans nib et nada
    Qu'il y aurait pas besoin de daech pour la
    Pulvériser la théocratie talibane et daech
    Même chose dans la farine du grand rien du
    Tout du coup ça me fait sourire quand même
    S't'univers Ah flûte une niaiserie que sur
    France Inter on entend because correct sur
    Le vivre-ensemble résilience pouah pas bon
    On dirait du sous Yves Simon mais bon j'ai
    Pas trop écouté non plus les paroles si ça
    Se trouve y a du double sens j'suis d'fort
    Mauvaise foi Quand même je l'appréciais un
    p'tit peu le Yves Simon « Les Fontaines du
    Casino » pour la nostalgie et la violonade
    « Ma mère chantait les feuilles mortes
    Devant notre porte
    Et dans un vieux poste à galène
    Traînait l'âme des poètes »
    Pis pour « Zelda » aussi le côté variété à
    Influence psychédélique c'était pas si mal
    Bon vous me direz tout ça nous éloigne des
    Vers de Baudelaire que voulez-vous qu'j'en
    Dise que moi l'univers ce serait plutôt du
    Grand sable mouvant bleu pétrole pis plein
    D'trous dedans rose dégueulis de rosé vert
    Choucroute moisie pourrite pendant le laps
    De temps qu'il faut à dieu pour nous péter
    A la gueule voilà c'est dit c'est fait bon
    Là-dessus j'vais manger du saucisson en me
    Rappelant la donzelle croisée ce matin que
    Moi j'allais m'acater d'la mozzarella chez
    Quelque mozzarelliste virtuose mais y en a
    Pas Nul mozzarelliste virtuose dans l'coin
    Que du coup j'acate d'la mozzarelle d'chez
    Fromton Industry alors la jolie demoiselle
    Portait jupe seyante qu'illico m'a fait au
    Paragraphe 6.1224 de l'essentiel Tractatus
    Logico-philosophique à Wittgenstein songer
    Comme vous pouvez penser & sans nul doute.

Patrice Houzeau
Malo, le 29 août 2021.

 

7 mai 2021

BAUDELAIRE ET PATACHAUVE

BAUDELAIRE ET PATACHAUVE

« Il n’est pas donné à chacun à prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art ; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage. »
(Baudelaire, « Les Foules »)

1.
Baudelaire i dit que c’est pas tout le monde qui peut prendre un « bain de multitude » que c’est pourtant pas comme ça qu’on s’lave ! Quel malprop’ ce Baudelaire !

2.
Baudelaire i dit que « jouir de la foule est un art » ; plus loin dans le poème, il utilise le mot « prostitution », l’est pas seulement impropre (comme dans l’expression à la consommation) mais il est carrément hop scène ! comme disait Mona Cousine au Moulin Rouche.

Post-tweet : Mona Cousine, elle n’existe pas : faut pas croire tout ce que je n’écris pas dans les journaux. Le Moulin Rouche non plus d’ailleurs ! C’est une scène fantôme pour jambes seules (musique : le spectre d’Erik Satie).

3.
Après Baudelaire, i dit « et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain » : l’opposition « celui-là seul » / « genre humain » c’est de la mentalité d’individualiste, d’ultra-libéral sociopathe (et pas que dans les tiroirs ! Suivez le regard de l’aveugle) !

4.
Défois dans Baudelaire j’comprends pas tout que « ribote de vitalité » je me demande que je vas être obligé de consulter un livramots (celui où les mots sont bien rangés, passque chez tous les autres auteurs, c’est tout mélangé).

Je trouve comme synonymes à « ribote » : bamboche, bombance, bombe, bringue, ripaille ; normalement y a aussi grosse bouffe mais je l’a pas trouva que quand je me dis « grosse bouffe » je pense à de gros schleus (on peut plus dire ça) qui s’empiffrent de choucroute en s’imbibant de bière.

Je rappelle qu’on ne peut plus dire « schleu » : c’est pas inclusif. On doit dire : des gens originaires du pays dont quelques millions d’habitants exterminèrent quelques millions de leurs frères humains dans l’Europe d’entre 1940 et 1945. Il faut être linguistiquement correct.

Ce qui me fait penser que tout môme, mon père vit son père blessé à mort après une attaque de stuka. C’était l’exode des frontières vers l’ouest. C’était moche. Ceux qui pensent que je suis d’extrême-droite parce que je soutiens les Généraux lanceurs d’alerte sont des cons.

Mais je suis mauvaise langue : j’aime beaucoup l’Allemagne. Je n’y vais jamais.

5.
Baudelaire, il imagine que des fées « insufflent » dans les berceaux des braillants là comme quoi voyez, la fée à Blanquer, chauve et voulant tout changer, c’est Réformette, la fée des réformes ; la fée à Macron, elle fut « en même temps » et donc assez indéterminée.

6.
Parmi les bizarres et grotesques que les fées, selon Baudelaire, insufflent aux futurs contribuables de la nation apprenante, il y aurait « le goût du travestissement » : c’est comme ça qu’on finit au Moulin Rouche, ou à la République en Marche.

7.
Parmi les saugrenues et incongrues que les fées, selon l’autre là, insufflent aux futurs apprenants de la nation contribuable, y a le goût « du masque » qu’on les croit membres d’un parti gaulliste, que les v’là fédéralistes chez Macron (n’est-ce pas Falco ? N’est-ce pas Estrosi ?…)

8.
Y a aussi « la haine du domicile et la passion du voyage » qu’les fées insuffleraient aux futurs candidats que c’est comme ça qu’on se retrouve à promener partout virus et variants, ou à mener une vie voltigeureuse (ça veut rien dire, j’adopte) dans de lointains voisinages.

« lointains voisinages » : l’oxymore est osé. Mais le monde n’est-il point un village ? C’est si vrai, qu’il suffit qu’un laborantin de Chine, hélas accompagné d’un pangolin (son repas de midi) et d’une chauve-souris (sa mascotte) glisse sur une crotte de chameau dans son labo de là-bas et patachauve ! le monde vire viral et variances.

Patrice Houzeau
Malo, le 7 mai 2021.

 

2 mai 2021

LA TERRE PLATE J'EN AI FAIT LE TOUR

LA TERRE PLATE J’EN AI FAIT LE TOUR

1.
David Niven a l’accent anglais quand il est doublé dans les films qu’on montre aux Français. Je suis certain que le fantôme de David Niven a lui aussi un parfait accent anglais.

2.
Quand les oiseaux se regroupent par milliers et dansent au crépuscule, en grandes vagues, on appelle cela murmuration. Il y a aussi l’humaine condition, l’humaine aberration, la constipation, la consternation (apprenante), les scorpions, les champignons.

3.
Les pyramides d’Egypte, c’est bien. Je ne les verrai jamais. Je me demande si elles existent vraiment. Si ça se trouve, les pyramides sont mortes depuis des siècles, et ce sont leurs fantômes pyramidaux qui hantent les sables.

4.
Alors, j’entendis un pas ; je me retournai et vis un pied. Une grosse pierre tomba en balbutiant parce qu’elle était bègue comme un pied. La pierre se répétait. C’était une pierre radoteuse.

5.
Comme on l’appelait le Sphinx, je me demandai qui exactement reposait dans le sarcophage qu’il avait bien dû engloutir quelque part dans la durée de ses années de formation. #coincoin

6.
Quand je me regarde, parfois, je ne me vois pas. Opaque à moi-même, je devrais bien me munir de quelques lumières dans ma tête. Ce qui me permettrait de ressembler, ne serait-ce que vaguement, à mes collègues. #stratégieglobaledeformation

7.
Si je pouvais, je plongerais ma main dans l’âme de ma tête (où sinon serait-elle ?) pour y pêcher le poisson-chat qui me hante l’aquarium, qu’à vrai dire je ne sais plus à quoi ressemble un poisson-chat et qu’en plus, je m’en fiche, des poissons-chats.

8.
Dans une vie antérieure, je fus professeur de rien au néant. On y parlait beaucoup politique et soupe à la tomate. J’aime bien les tomates. Je n’aime pas beaucoup Jean Castex mais ça c’est parce que je ne le connais pas et qu’en plus je n’aime pas les gens.

9.
A vrai dire, ça ne se voit pas trop que je n’aime pas les gens. Certains s’en doutent, mais ne disent rien. Ils restent discrets sur ma misanthropie et cessent tout à coup de me saluer. Ils ont compris. Je ne les en aime pas plus pour autant. #méchant

10.
J’ai atteint l’âge où je suis de moins en moins jaloux du talent des autres. J’attends leur mort.

11.
Je n’ai absolument pas l’oreille. Zut reconnaît chaque timbre, chaque grain de voix, chaque doubleur. Moi pas. Mon lutin à moi dans ma tête me parasite l’oreille où il y susurre une langue tout en zigzags et toboggans et absolument incompréhensible.

12.
Heureusement que je ne pige pas un mot de ce que dit le lutin de ma tête parce que je sens que ça ne doit pas toujours être ni très poli, ni très amical. #bigoudi

13.
J’aurais passé pas mal de temps avec Hercule Poirot. Pas tant qu’avec mon boulot, mais quand même pas mal. Les deux m’ignorent complétement. Je préfère Poirot.

14.
J’aime bien le soir. Je ne dors pas encore et pourtant il fait nuit. Les mensonges que me racontent les politiques sont bien réels. Après, il y a un film que je regarde si je le connais déjà et que je l’aime bien. Je n’aime pas les films sérieux et inconnus. #abstention

15.
Baudelaire fut le premier à évoquer les spectres modernes, ceux des villes. Moi, je ne préfère pas la campagne, mais je n’aime pas la ville : il y a trop de gens dans les rues, et dans les champs trop de fantômes (surtout le soir).

16.
C’est dans le passé que nous comprenons pourquoi nous sommes en train de nous planter. Mais le prix du voyage est, dit-on, exorbitant. #poireau

Patrice Houzeau
Malo, le 2 mai 2021.

2 mai 2021

QUI AGIT QUI RESTE

QUI AGIT QUI RESTE

1.
Il y a une pochette d’un disque de Deep Purple où, sur fond de dunes blanches, on voit un astronaute se désintégrant, c’est-à-dire qu’il se particularise, le particulier, qu’il se volatilise peu à peu en particules que le vent des confins sidérés emporte, pareilles aux choses qui sont mortes là, dans le passé.

2.
Sur la pochette signée par Robert Crumb du disque « Trop de routes, trop de trains », des Primitifs du Futur, deux patibulaires seraient sur le point de s’régler un compte qu’ça n’étonnerait pas. Y a une rousse en vert, une rouge tire, l’enseigne « Le Chat Bleu ».

3.
Dans « « Songe d’un matin d’hiver » (in « Les Celtiques », de Hugo Pratt), le visage de la fée Morgane, blanc, noir, couronne de fleurs et longs cils noirs. En arrière-plan, les étranges pierres de Stonehenge.

4.
La couverture de l’album « Le Sceptre d’Ottokar » : Tintin et Milou franchissant le pont-levis quittant la grande entrée à herse gardée par deux fiers moustachus, laquelle grande entrée donnant sur une vaste cour au fond de laquelle se trouve une grande porte gardée par deux fiers moustachus.

5.
La couverture de l’édition Club des Masques du roman « Le Colonel est retourné chez lui », d’Exbrayat : façon tableau surréaliste, un bord de mer avec falaise hanté par une immense cornemuse flottant en l’air, une jeune fille éperdue en bikini file comme au-dessus du sable.

6.
La pochette de « Physical Graffiti » de Led Zeppelin : issue du temps qu’elle en est si sale, la vaste façade, têtes sculptées, fenêtres à images comme autant d’allusions, d’énigmes, comme s’il y avait là quelque rébus, quelque chose qui agit et qui reste à déchiffrer.

7.
« Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m’enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. »
(Baudelaire « A une heure du matin »).
Moi aussi, j’aime bien la nuit.

8.
« Vive le Compagnon ! » j’entends ça dans un épisode télé d’Hercule Poirot. Le « compagnon », c’est l’inspecteur Japp ainsi intronisé à Bruxelles dans chais plus quel ordre. J’aime bien le mot compagnon, ceux de la bande des noms en « -nions » comme lune et prunelle.

9.
« Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. » (Baudelaire, « Un hémisphère dans une chevelure »)

Le mot « élastique », il commence par s’allonger puis il fait un son comme çui du claquement d’un élastique. Le mot « souvenirs » n’évoque aucun souvenir ; par contre, le verbe « manger » moi, ça m’rappelle la salade.

10.
« La société entière se scinde de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes qui s’affrontent directement : la bourgeoisie et le prolétariat. »
« Manifeste du parti communiste (1848), Marx et Engels, traduction de Molitor)
Cette phrase me fait penser au jeu de go, mais avec des morts, aussi aux sots qui croient au progrès universel.

11.
« Or, Dieu est l’un et l’autre ; il est bien avant tout l’être de tous les êtres, mais, comme tel, il doit cependant exister aussi par lui-même »
(Schelling, « Conférences de Stuttgart », traduction de Jankélévitch)

J’aime bien les phrases ou y a de l’être qui est l’un et l’autre comme dans les romans d’espionnage, que du coup, Dieu, je me demande, pour qui œuvre-t-il ? Pour son propre compte ? Ou alors hein ?

12.
« Ecoutez, prêtez l’oreille : même très à l’écart, des livres aimés, des livres essentiels ont commencé de râler. » (René Char, « Cruels assortiments »)

J’aime bien l’idée que les livres commençassent à râler, que du coup, je me demande, les bibliothèques, grognonnes le sont-elles toutes et entièrement ?

13.
Reconnaissant ainsi à un personnage de fiction la puissance d’un être agissant sur le réel, le chapitre neuf de « Sans parler du chien », de Connie Willis porte en exergue une citation d’Hercule Poirot : « Dans les petites cellules grises du cerveau se trouve la solution de tous les mystères ».
Je note que de tous les êtres de fiction, le dieu unique est sans doute celui qui eut infiniment le plus d’influence sur le réel.

Patrice Houzeau
Malo, le 2 mai 2021.

 

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30 avril 2021

EN ATTENDANT LE RETOUR FATAL DU BIGOUDI

EN ATTENDANT LE RETOUR FATAL DU BIGOUDI

1.
Défois on n’est jamais malade mais quand on tombe malade alors on est pas habitué et donc ça nous met en colère de tomber bêtement que quand on tombe c’est bête que ça peut faire mal que le plus dur dans la vie c’est qu’on peut pas ressusciter mais on peut regarder la télé. #BFM

2.
Défois on écarte les rideaux qu’ils peuvent pas se sentir discriminés parce qu’on les écarte vu que ce sont que des rideaux mais défois ils se vengent quand même et ils viennent la nuit hanter votre tête. #Ouhouh

3.
Les rideaux que vous vous vîtes marchant dans un long couloir qui n’en finit plus que vous n’arrivez pas et que les rideaux sont tout agités le long des fenêtres ouvertes oùsque souffle un vent à faire surgir des fantômes et même des spectres Matondis.

4.
Défois je soulève ma peau ça fait que j’suis tout gonflé pâteux baudruché boursoufle. Comme on dit j’me fais des crêpes, ou des gaufres. #mardigras

5.
Défois mon chameau donne un coup de gong dans la forêt mais comme je n’ai pas de chameau, ni de chevaux, et que je lis pas les journaux, je me demande d’où vient ce coup de gong. #Camembert

6.
Défois je me sens si mal que je voudrais bien une croix. #bigoudi

7.
Défois j’entends mon chat me parler alors je lui dis de se taire comme mon chat est gentil (on dirait blanquer, çui qui fait ministre) il se tait et oublie qu’il est polyglotte alors il miaule comme font tous les chiens qui aboient. #blanquégentil

8.
Défois j’ai raison mais j’ai tort. Ça doit venir de mon éducation. #sociologie

9.
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage, ils font des trucs que chais plus quoi mais c’est pas bien. #tagada

10 .
Ça siffle ça siffle me disait mon auscultant (il est mort) ah tiens on parle de moi dans l’industrie du tabac que je m’imagine des gens avec des chapeaux parce que ce sont des américains qu’en vrai je sais pas à quoi ça ressemble un américain. #flutabec

Je n’irai jamais en Amérique. Ça m’est interdit par ma religion bancaire et par mon mode de vie, projet existentiel, rapport aux autres (ceux qui font du bruit) toussa. Par contre, j’aime bien les magazines. #bigoudi

11.
« Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques » (Baudelaire, « Un hémisphère dans une chevelure »)

Défois, quand j’ai des yeux, je contemple l’océan, et contempler, c’est dur pour moi, aussi je ne le fais que lorsque j’ai des yeux.

« Dans l’océan de ta chevelure » i dit Baudelaire qu’on comprend qu’il est mort noyé car il ne faut pas croire ce que les vérités racontent.

« Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois » : bin oui, il ne pouvait faire qu’entrevouère, Baudelaire, rapport à squ’il avait des mèches plein les mirettes à s’plonger comme ça dans des milieux capillaires humides.

Baudelaire, dans les cheveux, il voyait « un port fourmillant de chants mélancoliques » que j’ignorais que dans les ports, il y eût tant de fourmis qui jouaient de la guitare en ritournellant du plaintif. Faut dire que j’voyage pas beaucoup.

Patrice Houzeau
Malo, le 30 avril 2021.

 

29 décembre 2020

A NOS FRERES EN MENSONGE

A NOS FRERES EN MENSONGE

1.
Lorsque qu'en 1977 les punks à
Cheveux courts pis mal peignés
Pis des épingles à nourrice et
Leurs trois accords nerveux et
Leurs ritournelles orageuses i
Gueulaient No Future bin savez
Quoi moi j'crois qu'i zavaient
Pas tort les punks là en 1977.

2.
Baudelaire dans « Hymne à la Beauté »
Il demande à la Beauté car le poëte i
Aime bien ça parler avec la Beauté il
Lui demande si elle vient du « ciel »
Et même du « ciel profond » parce que
C'est pas un petit zoziau gazouilleur
Qui passe pour passer la Beauté parce
Que si elle vient du ciel profond l'a
Peut-être la profondeur des Anges que
Le Seigneur fabrique dans son atelier
Du ciel si loin là-bas & au-delà dis.

3.
J'aime quand dans le poème XXIV des Fleurs du Mal
Baudelaire écrit «Je t'adore à l'égal de la voûte
nocturne,Ô vase de tristesse,ô grande taciturne »
Je songe alors quelque grande fille maussade très
Lunatique et reluquant tout d'un œil soupçonneux.

4.
Mes jours sont passés je vois bien que je Mes
Bras me tombent des mains et mes yeux roulent
Des orbites pour aller amuser le chat Lucifer
Immensités ô ténèbres que le Diable tend très 
Bleues profondes j'm'en vas les manger par la
Racine tes pissenlits et j's'rai tout disparu

5.
Comme il était petit et très menteur
On l'appelot Ptinocchio et pis aussi
Il étot très fayot sot & prétentieux
Un ministre de l'Education Nationale
Il aurait pu devenir cependant qu'il
Etait assuré qu'au gouvernement LREM
Il pourrot déployer sa petite taille 

6.
Baudelaire dans Semper Eadem écrit « Laissez,
laissez mon cœur s'enivrer d'un mensonge » il
Dit bien Baudelaire car nous passons nos vies
A nous enivrer de mensonges c'est même ça qui
Nous permet d'oublier toutes les horreurs que
L'humain commet chaque jour que Dieu fait pis
De travailler à un monde meilleur et pourtant
Vlà que s'avance la foule sans plus de nom et
Les vlà à aiguiser leurs couteaux les affamés
Nos frères en mensonge ô nos frères inhumains

Patrice Houzeau
Malo, le 29 décembre 2020

 

10 juillet 2020

DEUX TROIS SOTTISES PUIS REVELATIONS DU CREPUSCULE

DEUX TROIS SOTTISES PUIS REVELATIONS DU CREPUSCULE

 

 

  1. Si les hommes d'équipage avaient attrapé la scarlatine au lieu d'attraper des albatros, ils auraient été mis en quarantaine et le jeune Baudelaire eût peut-être entamé des études de médecine.

  2. On a beau dire, on a beau faire, il est très difficile de rajeunir de vingt siècles ou même d'avoir plus de souvenirs que si l'on avait mille ans.

  3. Saucisson (ce son est-il si sot?) sourd (ce son sourd est-il si sot?) dîne (en sourdine bien sûr ce son si sot sourd).

  4. Vie, ô long (violon donc qu'on joue) temps ! (pis tant pis si j'me goure) va la quiche qu'à la fin le grand On des ténèbres l'engloutit.

  5. Il va sans dire que dans le célèbre poème « L'Albatros » de l'être qui se fit appeler Charles Baudelaire, les « albatros » figurent les Anges Immaculés (« alba » signifiant « blanc ») et les « hommes d'équipage » quelque légion de démons tourmenteurs des Anges Immaculés.

  6. Le « soir charmant, ami du criminel » de Baudelaire n'est pas seulement le soir que quand on rentre du turbin, c'est le soir qu'on s'repose avant d'recommencer le lendemain. Non, c'est le « soir magique », le soir des « charmes », c'est-à-dire des sorts.

  7. Le « soir charmant, ami du criminel » de Baudelaire est d'ailleurs incarné dans un « loup » vu qu'il « vient comme un complice, à pas de loup ». Le « soir charmant » est une créature des ténèbres. Du coup, l'expression « Le Grand Soir », n'est-ce pas qu'elle fait frémir ?

  8. Que le « soir charmant, ami du criminel » soit une créature magique n'est pas douteux. Voyez comme « le ciel se ferme » à son approche louve et louche, et voyez comme il métamorphose « l'homme impatient » en « bête fauve ».

  9. Bref, le « soir charmant, ami du criminel » de Baudelaire sème des loups-garous dans nos villes, réveille « des démons malsains dans l'atmosphère », des Poltergeists ailés qui « cognent en volant les volets et l'auvent » et livre la cité à la Prostitution aux mille mamelles.

  10. « Voici le soir charmant, ami du criminel ;
       Il vient comme un complice, à pas de loup, le ciel
       Se ferme lentement comme une grande alcôve ;
       Et l'homme impatient se change en bête fauve. »
       (Baudelaire, « Le crépuscule du soir »)

      1. Le « soir charmant, ami du criminel » a aussi pour complice le vent et la symbolique vengeresse de la lettre « v » si présente dans le poème, laquelle lettre « v » est aussi la marque des Visiteurs et de leur Victoire :

        « Cependant des démons malsains dans l'atmosphère
           S'éveillent lourdement, comme des gens d'affaire,
           Et cognent en volant les volets et l'auvent.
           A travers les lueurs que tourmente le vent »
           (Baudelaire, « Le crépuscule du soir »)

Patrice Houzeau
Malo, le 10 juillet 2020

 

 

30 avril 2020

GENRE L'ETRE DU TEMPS

GENRE L'ETRE DU TEMPS

1. Démystification du lyrique chez Laforgue : si le soir est « doux », c'est qu'il y a « vieillard lubrique » et le si baudelairien chat, s'il est comme dans les vers de l'amateur de spleen, comparé à un « sphinx », ce qu'il contemple, le matou, « de sa prunelle fantastique », c'est une « lune chlorotique ».

« Ils prennent en songeant les nobles attitudes
  
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes ;
  
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ; »
  
(Baudelaire, « Les Chats »)

« Voici venir le soir doux au vieillard lubrique,
  
Mon chat Mürr, accroupi comme un sphinx héraldique,
  
Contemple inquiet de sa prunelle fantastique
  
Monter à l'horizon la lune chlorotique. »
  
(Jules Laforgue, « La première nuit »)

2. Forcé que « Sous un ciel pluvieux noyé de brumes sales », - on dirait s'tout noyé là, un ciel à la Turner -, elle soit « grisâtre », la méditation, même que le narrateur se sent « perdu dans l'horizon lointain », dans «' L'Espace sans borne » et le Temps qui « n'aura jamais... jamais de fin. »

« Je reste là, perdu dans l'horizon lointain
  
Et songe que l'Espace est sans borne, sans borne,
  
Et que le Temps n'aura jamais... jamais de fin. »
  
(Jules Laforgue, « Méditation grisâtre »)

3. J'aime bien quand il y a de l'écho défois dans la poésie, genre l'infini te répond que t'es bien seul, mon gars, dans l'« Espace sans borne, sans borne » pis le Temps à « jamais... jamais de fin », un Temps abstrait, genre l'être du Temps à « plus d'heures », pis l'Espace, pareil, « plus d'humains » pour le traverser.

« Partout le grand ciel gris, le brouillard et la mer,
  
Rien que l'affolement des vents balayant l'air,
  
Plus d'heures, plus d'humains,... »
  
(Jules Laforgue, « Méditation grisâtre »)

4. La poésie, c'est du rythme, d'la percussion dans sa caboche, qu'ici les consonnes renforcent les accents – timbales j'vous dis - :

« Le vent / jusqu'au matin / n' a pas (/) décoléré /
  
Oh ! Ces quin - / - tes de toux / d'un chaos / bien posthume, »
  
(Jules Laforgue, « Complainte des grands pins dans une villa abandonnée »)

5. Défois, très mortifère l'agitation des vivants, qu'on sait qu'en 2020, on doit tout arrêter, cause covid, que le « trop plein », la « fureur », le bouillon de culture des sueurs et des muqueuses ça vous fait « chaque jour » du consternant dans les hôpitaux.

« Mais Paris n'entend rien. Dans sa fureur muette,
                 
Morne alambic toujours trop plein
  
Qui travaille et qui bout et chaque jour rejette
                 
Les choses mortes de son sein. »
  
(Jules Laforgue, « Guitare »)

Patrice Houzeau
Les Confins, le 30 avril 2020.

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