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BREFS ET AUTRES
ironies
23 janvier 2024

STUPIDITES AUTOUR D'UNE PORTE ET AUTRES FRITERIES

STUPIDITES AUTOUR D'UNE PORTE ET AUTRES FRITERIES

1.
« Aviez-vous déjà remarqué cette porte ? » demanda-t-il.
M.Utterson fit oui de la tête. M. Enfield ajouta :
« Elle me rappelle une bien curieuse histoire. »
(Robert Louis Stevenson traduit par Charles Ballarin, « L'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde », « Histoire de la porte »)

2.
« Toujours serons enfants de la bruyère et » puis nous rentrerons manger des galettes de pommes de terre, ou des pâtes au gruyère, ou des gougères au comté, ou des éclairs au café, ou d'autres comestibles du frigidaire, à condition bien sûr que les enfants de la bruyère soient faits comme tous les enfants de la terre.

3.
« et, bien que très amateur de spectacles, n'avait pas » cru bon de sortir ce soir d'autant qu'il n'était pas plus chez lui qu'il était ailleurs et qu'il se disait qu'il y serait mieux.

4.
« demandaient en vain ce que ces deux êtres pouvaient » bien faire ensemble ; d'ailleurs, ils ne s'étaient jamais rencontrés, et leur existence même était déjà remise en doute par d'autres anonymes.

5.
« coquetterie ; si bien que les devantures des échoppes » ne se mirent pas à taper la discute avec les passants car les devantures des échoppes ne peuvent pas parler, cependant que les jeunes filles contemplaient les vêtements qui apparaissent dans les vitrines comme autant de fantômes d'une vie qu'on n'a pas.

6.
« Aviez-vous déjà remarqué cette porte ? » demanda la femme à barbe car c'est tout le truc des portes fantômes qu'elles apparaissent comme elles le veulent, à toute heure du jour et de l'autre, ouvrant sur des pièces absolument vides et dans lesquelles vous ne pénétrez jamais.
Note : je me demande bien pourquoi la femme sans tête porte une barbe. Ce ne doit pas être facile.

7.
« bourg, et à peu près aussi expansif qu'une cornemuse » oubliée dans une arrière-salle d'auberge dans la campagne très loin, où personne ne sait jouer de cornemuse, ni même ce que c'est qu'une cornemuse, même qu'ils l'appellent « la chose » et qu'ils se demandent si elle ne serait pas envoûtée défois, rapport à ce qu'on entend la nuit.

8.
« authentique. Je pris la liberté de faire remarquer à » l'homme, lequel se ressemblait tellement qu'on aurait dit lui-même, que je ne sais plus du tout ce que j'ai pris la liberté de faire remarquer à l'homme dont je me disais bien aussi que je l'avais déjà vu quelque part.

9.
« personne n'aurait voulu, un vrai suppôt du diable. » Je ne sais d'ailleurs plus de qui il parlait car les « vrais suppôts du diable » étaient aussi courants dans la conversation du pasteur Hizet que les feuilles sont nombreuses quand elles sont nombreuses et qu'elles se multiplient, les feuilles, couvrant le ciel, les feuilles, bouffant le ciel, les feuilles, remplaçant les zoziaux du bon dieu par des serpents ailés, de voraces moules volantes et des rois-lézards chantant des diableries dans une langue que personne n'y comprend ni roi, ni dame, ni valet.

10.
« jamais fait de mal à une mouche en reçoit une sur la » tête qu'il avait perdue alors qu'il cherchait son pied droit (le pied gauche se sentant bien seul), mais, sans tête, comment voulez-vous avoir les yeux pour voir et les mots pour le dire ? Aussi ne retrouva-t-il jamais son pied droit et, à midi, se contenta d'une portion de frites, la viande étant trop chère.
Remarque : je me demande comment il a fait pour les manger, ses frites. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas.

11.
« sembler étrange. Pour ne vous rien cacher, si je ne » cherche pas à savoir qui je suis, sachant que ce que je suis, je ne le sais pas moi-même et que les autres le savent encore moins que je l'ignore, de telle sorte que je puis bien penser que je ne suis jamais qu'un ensemble de possibles, dont je ne suis même pas sûr qu'ils aient un sens puisque qui peut savoir ce qui est possible à quelqu'un dont nous ne connaissons en fin de compte que peu de choses, sinon qu’aux échecs, j'ai appris ce qu'est le « système de Londres », et que c'est intéressant, cette histoire de fou.

12.
« Voilà qui nous incite une fois de plus à nous taire », dis-je à mon ombre, laquelle me fit remarquer que le plus bavard des deux n'était certainement pas elle et que j'étais d'une mauvaise foi qui n'avait d'égale que la vélocité de l'araignée que j'avais au plafond. Je restai coi. Mon ombre ne m'avait jamais parlé sur ce ton.

Patrice Houzeau
Malo, le 23 janvier 2024.

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22 janvier 2024

DES CHAUSSETTES DE L'ÂNE ET AUTRES COUINERIES

DES CHAUSSETTES DE L'ÂNE ET AUTRES COUINERIES

1.
« What is love, 'tis not hereafter,
Present mirth hath present laughter :
What's to come is still unsure.
In delay there lies no plenty,
Then come kiss me, sweet and twenty :
Youth's a stuff will not endure. »
(Shakespeare, « Twelfth Night » [Clown])

« Ne dis pas à l'amour : plus tard.
L'avenir est fait de hasards.
C'est aujourd'hui qu'il faut cueillir
Ce que demain viendra flétrir.
Vite un baiser, ma toute belle :
Jeunesse passe à tire-d'aile. »
(traduction : Pierre Leyris)

En français, on peut dire qu'on ne dit pas à l'amour « plus tard ». On peut le dire mais l'amour ne vous répondra pas, car l'amour n'a ni bouche, ni langue. Comment voulez-vous alors ? Si l'amour avait une bouche et une langue, il pourrait vous répondre et aussi manger car il n'y a pas de raison pour que, dès lors, l'amour n'ait pas d'estomac et donc d'appétit. On pourrait même penser que l'avenir pourrait vous dévorer, vous bouffer tout cru, vous digérer dans ses profondeurs amoureuses.
Conclusion : En français, vous pouvez dire qu'on ne dit pas à l'amour : « plus tard », il ne va pas vous manger.

2.
Il paraît que le président Macron voudrait généraliser le SNU en classe de seconde.
Je note que le président Macron n'est pas un âne. Car s'il était un âne, il ne voudrait pas généraliser le SNU en classe de seconde. Notez que si le président Macron était un âne, il ne voudrait pas le contraire non plus.
Du reste, le président Macron porte des chaussettes et un âne ne porte pas de chaussettes ; un mouton non plus ; un coq non plus ; un bœuf non plus ; et ils sont nombreux comme ça à ne pas porter de chaussettes, ce qui signifie que tous ces nombreux là ne veulent pas de la généralisation du SNU en classe de seconde et qu'en conséquence, le président Macron est minoritaire.
Notez que tous ces nombreux là ne voudraient pas du contraire non plus. Ce qui leur fait un point commun avec le président Macron et donne à penser que si le président Macron n'est pas un âne, il peut parfaitement s'entendre avec tout un tas d'ânes. Pour faire quoi ? Des âneries, bien sûr.

3.
Je ne sais pas si Gérard Depardieu est un grand malade ou un odieux perubu.
Je sais que Gérard Depardieu est un grand acteur (ceci dit, je peux m'en passer, car il y a tout un tas d'autres films formidables sans Depardieu dedans et quand même que les acteurs qui y gagnent leur vie sont très bien, épatants, méritoires et articulants).
Je sais aussi que lorsque le président Macron défend Depardieu en disant qu'il l'apprécie beaucoup en tant qu'acteur, d'abord on s'en fout, et ensuite, tel n'est pas le propos car il est vrai que l'on peut être un grand malade (ou un odieux perubu péteur-roteur) et en même temps un grand acteur, de même que l'on peut être président de la république française et pondre des âneries (ce qui n'est pourtant pas recommandé par la Constitution).

4.
« Hoffmann replongé dans sa rêverie, qu'échauffaient le poêle, le tabac et le vin de Bourgogne, demeura quelque temps silencieux. Mais soudain relevant la tête :
« On guillotine donc beaucoup ici ? dit-il. »
(Alexandre Dumas, « La Femme au collier de velours »)

En français, la question « On guillotine donc beaucoup ici ? » est grammaticalement correcte mais obsolète car cela fait longtemps qu'au pays de Voltaire, de Hugo et de Badinter l'on n'utilise plus la bascule à Charlot. La phrase pourrait se comprendre au sens figuré de la mort sociale, mais elle ne s'emploie guère. On dira plutôt : « Les têtes tombent-elles souvent ici ? » ou « Y a-t-il beaucoup de turn-over dans la boîte ? »
Sans évoquer la mort sociale, il y a quelques temps, on aurait pu demander s'il y avait beaucoup de borgnes dans le pays mais cette forme d'humour noir n'est pas appréciée par tout le monde, loin de là.
Dans la Russie de Poutine, on pourrait demander : « Les fenêtres sont-elles sûres ici ? » ou « Tombe-t-on souvent par la fenêtre dans le quartier ? » (et ce ne serait pas au sens figuré) mais quelque chose me dit que peu de gens, voire personne, ne se risquent à poser une question si dangereuse pour la santé.

5.
Les politiques français aiment et la démocratie et les élastiques. Certains plus que d'autres. Il y a même un moment où les élastiques sont si tendus qu'on a l'impression que la démocratie pourrait bien craquer.

6.
L'administration est un dieu discutable. Du reste, Dieu est sans doute le premier être dont l'existence virtuelle est avérée par son influence sur le destin de nous autres, bipèdes plus ou moins perspicaces.

7.
Je n'ai rien à dire sur Rachida Dati. Ça doit être parce que je m'en fiche.

Patrice Houzeau
Malo, le 22 janvier 2024.

 

 

 

 

 

21 janvier 2024

PLUSIEURS ET IGNORÉ

PLUSIEURS ET IGNORÉ

1.
« L'ennui de vivre avec les gens et dans les choses
Fait souvent ma parole et mon regard moroses »
(Verlaine)

En français, on peut s'ennuyer « de vivre avec les gens et dans les choses ». Cela signifie sans doute que l'on préfère souvent rester seul et que l'on se sent souvent encombré.

On peut supposer que l'ennui de vivre avec les choux et sur les roses pourrait se comprendre comme une tentative dépitée de se mettre au vert.

On pourrait aussi évoquer l'ennui de vivre avec soi, soi-même et son double. Mais cela nous emmènerait dans des zones où je ne me coupe jamais le nez.
Ceci dit, je puis écrire aussi :
L'ennui de vivre avec soi, soi-même et son double...
Et pourtant jamais que j'en mange, du gras-double.
Mais ça, c'est parce que j'exagère.

2.
« Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,
Éclaire la forêt des coraux abyssins
Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore. »
(José-Maria de Heredia, « Le récif de corail »)

En français, on peut imaginer que « le soleil sous la mer » éclaire tout un tas de trucs sous-marins qui mêle « la bête épanouie et la vivante flore. » Nous constaterons que la bête des profondeurs y est « épanouie » (ce qui ne nous fait ni chaud ni froid et, qui à vrai dire, reste assez flou quant à la nature de la « bête » que moi, je m'imagine une méduse où quelque chose du genre). Quant à la vivante flore, c'est fort heureux, car si elle était morte, la « vivante flore », eh bien, ça vous pousserait à je ne sais quelle mélancolie, et se poserait alors la question du bon usage du Heredia dans le « réarmement civique » que notre bon président Macron appelle de ses vœux pieux.

3.
« Ah ! sur les terrasses en prenant nos épaules »
(René Ghil, « Nuit aux terrasses »)

En français, il est grammaticalement correct d'écrire : « Ah ! sur les terrasses en prenant nos épaules » et l'on notera qu'il doit faire froid là, sur les terrasses, parce qu'on le voit bien, dans le kino de sa caboche, le geste de se croiser les bras pour que les mains, lesquelles sont au bout des bras comme le train est dans le champ de vision de la vache – à moins, bien sûr, que les agents de la SNCF soient en grève ou que les vaches soient à la foire -, pour que les mains donc, atteignent les épaules et ceci afin de protéger le reste du corps du froid. On s'interrogera aussi sur l'utilité d'aller sur les terrasses pour s'y prendre les épaules alors qu'on pourrait très bien rester chez soi et se faire des crêpes. Ce qui donne à penser que parfois les poètes ne savent pas quoi faire de leurs vers.

4.
La politique tend-elle à devenir une donnée universelle du n'importe quoi ?

5.
« Un théâtre en plein vent, où, le long de la rue,
Passe, tantôt de face et tantôt de profil,
Un mimodrame, avec changements à vue »
(Théodore de Banville, « La ville enchantée »)

En français, on peut évoquer « un théâtre en plein vent où, le long de la rue ». C'est le genre de vers qui me retient car « le long de la rue » et le « en plein vent » me font songer qu'ils sont hantés d'un théâtre qui passait là, dans ces rues révolues, et dont on trouve un exemple, un écho, une trace, un passage dans l'extraordinaire tableau de Balthus intitulé « La Rue ». Quelqu'un passa, qui était plusieurs et qui était ignoré.

6.
La crise de 1929 fut un des déclencheurs des événements qui menèrent à la Seconde guerre mondiale. Est-il illégitime de penser que la crise de 2008 est un des paramètres originels d'une série d'événements qui ont mené au conflit russo-ukrainien ?

Patrice Houzeau
Malo, le 21 janvier 2024.

20 janvier 2024

ETRE DEBOUT TARD

ÊTRE DEBOUT TARD
1.
« Pareil au timbre lent d'un immense gong, le jaune envahissait les bois »
(John Updike traduit par Maurice Rambaud, « Les Sorcières d'Eastwick »)

Pareil que je me répaille, que je me voue
Au crâne que me veux-tu avec ta tête de mort ? Que je me
Timbre noir le tempérament, que je me pianote le
Lent ramentevoir et son harmonica des nostalgies.
D'un coup de couteau, un type de 20 ans tue un môme de 14 ans ; c'est même plus un fait divers exceptionnel, ça devient d'une effrayante banalité ; c'est la France de 2024, des technocrates et des pédagogistes, la France qui fout le camp.
Immense foutoir le monde, foire à l'armement, au massacre, à la saloperie bénie, à la gestion des misères, que je me disois en m'alertant du
Gong et des pérégrinations électriques que l'on entendait jadis dans les galettes de Led Zeppelin.
Le jaune, c'est pas spécialement ma couleur, mais faut dire, ça en jette, le
Jaune, le solaire, le blond façon champ de blé. Dans la phrase de John Updike, il
Envahissait, le jaune,
Les arbres de toutes sortes, les
Bois quoi que je pensais qu'en ce moment, c'était surtout la connerie qui envahissait tout, avec une grande célérité de promesse électorale.

2.
« Nay, by my throth, I know not : but I know, to be up late is to be up late. »
(Shakespeare, « Twelfth Night », II, 3 [Sir Andrew])
« Non, par ma foi, je ne sais pas ; mais je sais qu'être debout tard, c'est être debout tard. » (trad : Pierre Leyris)

Non car faut pas chouiner pour tout, dit le roi à son ministre.
Par exemple qu'il y en a qui l'ont mauvaise dans l'existence, dit le ministre au bouffon.
Ma petite vie, eh bien, par ma
Foi, elle est petite, mais pas si mauvaise, y a pire, répond le bouffon.
Je ne suis pas devenu celui que j'ai rêvé d'être. Je
Ne m'en veux pas pour cela et
Sais bien que cela importe peu aux asticots, qu'il dit aussi le bouffon.
Pas la peine de se mettre la rate au court-bouillon, dit le roi à son ministre.
Mais quand même je suis anxieux qu'il dit aussi le roi.
Je me regarde le je et me dis non mais quelle andouille qu'il dit aussi le roi.
Sais bien que se faire un monde de tout vous empêche d'avancer,
Qu'être si ramantevant c'est pédaler dans un passé qu'existe
pas, qu'il dit aussi le roi.
Debout encore debout que je suis et j'espère qu'il sera bien
Tard quand le grand Truc m'escamotera, mais nom de Zeus,
C'est que je veux rester vif de la comprenette.
Être aux anciens je veux bien mais
Debout, des chansons plein la caboche et du venin dans la langue et
Tard, tard, tard, devant ma dernière chope de bière.

3.
Je pensai à Poutine. Un cafard passa. J'écrasai l'un en pensant à l'autre.

4. Quand en 2017, Macron parlait d'en finir avec « l'ancien monde », je ne pensais pas que c'était pour en revenir à un monde plus ancien encore, celui des uniformes et de l'ordre moral déguisé en « réarmement civique ».

Patrice Houzeau

Malo, le 20 janvier 2024.

18 janvier 2024

AUSSI ABSURDE MAIS AVEC DU VOCABULAIRE

AUSSI ABSURDE MAIS AVEC DU VOCABULAIRE

1.
« Miss Bridget manifestait assez souvent un certain mépris à l'égard de ses sœurs humaines, mêmes celles qui avaient adhéré à sa Société. »
(Pierre Boulle, « Le Professeur Mortimer »)

Ce genre de réflexion sur la misanthropie me rend un sourire que ma sotte anxiété tend à me dérober chaque jour. D'autant que la Miss Bridget du roman a voué son existence à la défense des animaux.

2.
« - pour un observateur d'un tempérament froid, il revêtait un certain aspect, mais pour une âme chaleureuse, il prenait une coloration toute différente. »
(Nabokov traduit de l'anglais par Georges Magnane, « Le Guetteur »)

 

Pour ma très sotte anxiété, que faire ? M'ébaudir aux comédies,
Un clown de génie étant plus intéressant qu'un ministre médiocre (et la médiocrité ne manque pas en politique, c'est même un de ses traits caractéristiques à la politique que d'être surtout une affaire de médiocres).
Observateur je fus, mais maintenant je berlue, c'est qu'on en a vus, nous autres, des improbables !

3.
« Nous nous trouvions dans des conditions singulières. »
(un personnage d'un roman d'Agatha Christie dixit)

 

Nous nous argumentons la serine-moi-des-promesses nous
Nous berluons du politique c'est que nous nous
Trouvions sans cesse dans la singularité des conditions
Dans des circonstances à comment qu'ça va tourner s't'affaire
Des ruptures fractures malaises sociétaux récrimines crises et autres
Conditions qu'à peine ça se règle d'un côté v'là qu's'en alertent d'autres aussi
Singulières qu'les gens sont pas contents et de plus en plus nombreux qu'ça grince et coince dans le démocratique.

4.
« Il était resté époustouflé par ses manigances de sorcière »
(John Updike, « Les Sorcières d'Eastwick »)

 

Il était resté marivaugouin, tout à fait coi ; il
Etait resté vidouille et braquebaloin, tout à fait coi ; il était
Resté carneyé, carencé, canouistropé, tout à fait coi ; il était resté
Epoustouflé tandis qu'a s'a désaccordèrent, les guitares ; époustouflé
Par la façon dont le réel se mettait à changer de visage, comme si les visages de tous nos jours, au réel, on aurait dit soudain des grotesques, des caricatures, des malaises dans la temporalité, époustouflé comme si
Ses visages au réel, ils étaient tels qu'en eux-mêmes, j'vas gerber du cauchemar, qu'le réel, c'est rien que
Manigances manikoutais que de quoi que j'me dis de quoi que j'me dis de quoi que j'me dis
De quoi ? fis-je, révolté de tant d'absurde à nausée, mais la
Sorcière bien maquillée en bouteille m'assomma avant que je puisse me démarrer la corpulence.

5.
Quand je pense qu'il suffirait que je n'existe pas pour que personne n'en sache pas plus que si j'étais vivant, cela me laisse aussi songeur que lorsque l'ordinateur, avec une belle constance, me bat aux échecs.

6.
« Et ces orphéons, ces pétards, là-bas, dans la ville ! »
(Jules Laforgue, « Salomé » in « Moralités légendaires »)

 

Et voyez, je suis entouré de mots, des livres partout ; tous
Ces bouquins, je me dis défois qu'ils vont me manger, m'ensevelir, m'engloutir, tous ces
Orphéons de syllabes, ces clameurs muettes (pourquoi donc que l'image mentale d'une mouette m'envahit ah tiens) ; vont finir par me stupéfier, me dénommer, m'éparpiller l'être, tous
Ces textes géniaux, insipides, crétins, insignifiants, philosophiques ou le croyant, vivaces, malsains, troubles, dégoûtants, abscons, hermétiques, prétentieux, didactiques, humanistes, policiers, poétiques, honnêtes, écrits sans tête, sans queue, sans tripes, sans conviction ou dans l'ardeur des lendemains qui, systématiquement, déçoivent.
Pétards d'une révolution d'opérette ; brûlots d'un tas de crétineries.
Là-bas que j'me dis, dans tous ces ailleurs exotiques si loin de ma supérette et de mon bar-tabac du coin, doit y en avoir d'autres rigolos qui contemplent les piles de signes accumulés, regardent la misère du monde, et se disent aussi en écoutant à la radio pérorer les professionnels de la profession d'aligner des signes : « Bin tiens,bin voyons ».
Dans tous ce fatras littéraire, quoi donc ai-je cherché, quoi donc trouvé ?
La Raison avec un grand « R » d'avoir l'air ? Certainement pas, et je m'en vais dans la
Ville, aussi absurde que tant d'autres, mais avec du vocabulaire.

7. Relancer la natalité, qu'il a dit Macron. Pour faire quoi ? On est déjà huit milliards et au bord de la guerre mondiale. Ça vous excite tant que ça, la perspective des massacres ?

 

Patrice Houzeau
Malo, le 18 janvier 2024.

 

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8 janvier 2024

MONSTRES SACRÉS MON CUL

MONSTRES SACRÉS MON CUL

1.
Depardieu, Marlon Brando, Klaus Kinski ont en commun d'avoir marqué certains films par l’excellence de leurs interprétations. (« Les Valseuses » « Danton », « Sous le Soleil de Satan », et le « Cyrano » de Rappeneau pour Depardieu, « Reflets dans un oeil d'or », « Apocalypse Now », « Le Parrain »  et beaucoup d'autres encore pour Brando, « Aguirre » et « Fitzcarraldo » pour Kinsky). C'est indéniable mais tous les trois aussi laissent l'image de personnalités qui, à des degrés divers, ont pu mettre en danger physique les personnes avec lesquelles elles travaillaient. Inutile de revenir ici sur les nombreuses anecdotes qui courent sur les comportements agressifs, lunatiques, pervers ou obscènes, voire quasi irrationnels, de ces trois personnages. On en trouve facilement des traces. Et on a l'impression que ces trois acteurs de très grand talent ont utilisé leur charisme et le sentiment de puissance que semblait dégager leur seule présence sur les plateaux pour instaurer des rapports de séduction malsaine, de manipulation, de domination avec lesquels le réalisateur et les autres acteurs devaient apparemment nécessairement composer. On les a donc considérés comme des « monstres sacrés » et l'appellation est trompeuse, laissant croire qu'ils pouvaient tout se permettre. Je pense que l'appellation « acteurs monstres » leur convient mieux.
Je dis « acteurs monstres » et non pas de « génie ». Car sont-ils les seuls à avoir brillé par l’excellence de leurs interprétations ? Evidemment non. Impossible d'oublier le Humphrey Bogart du « Faucon Maltais », le Cary Grant de « La Mort aux trousses », le Mastroianni de « La Dolce Vita », Elizabeth Taylor dans « Cléopâtre », et l'on peut évoquer aussi les formidables incarnations cinématographiques de Raimu, de Harry Baur, de Greta Garbo, de Anna Magnani, de Claudia Cardinale, de Gene Kelly, de Fred Astaire, de Jean Gabin, Alain Delon, Belmondo, Jerry lewis, Louis de Funès, James Stewart, Chaplin, Lauren Bacall, Catherine Hepburn, Marylin Monroe, Ingrid Bergman, Catherine Deneuve, Jack Nicholson, et la liste est longue, très longue, très très longue liste des acteurs, actrices, comédiens, comédiennes qui ont marqué l'histoire du théâtre et du cinéma par une présence, un talent et un charisme évidents. Tous, sur leurs différents tournages, se sont-ils comportés de manière inappropriée ? Bien sûr que non, et en tout cas, pas de manière à laisser derrière eux une atmosphère de scandale et de perversité qui vient à l'esprit quand désormais on évoque Brando (ce que l'on raconte sur le « Dernier Tango à Paris » est quand même, si c'est avéré, absolument écœurant), Kinsky et maintenant Depardieu. Aussi ne faisons pas de ces trois exceptions des généralités et jugeons les pour ce qu'ils sont : des acteurs de très grand talent mais dont les comportements ont parfois pu ou doivent relever de la justice, et non de la fascination pour on ne sait quel « génie » qui les mettrait au-dessus de nos règles communes et de nos lois.

2.
Ce n'est pas parce que Poutine a attaqué l'Ukraine qu'il faut s'imaginer que le Père Noël parle russe et que sa fille va vous apparaître toute pimpante dans une bouteille de vodka. Quant à la corne d'abondance, j'ai vérifié, elle jacte pas russe non plus.

3.
Si Depardieu est vraiment ce qu'on dit qu'il est, eh bien cela ne m'empêchera pas de ronfler. Mais pour la photo dédicacée, ou même un simple autographe, c'est non. Qu'il aille se brosser, je ne les lui donnerai pas.

4.
Je suis beaucoup beaucoup plus fort au steak-frites-mayonnaise-bière qu'à la guitare. Du coup, je grossis. Quant à une carrière au music-hall, c'est hors de question.

5.
Je n'apprécie guère Luc Ferry. Surtout quand j'écoute les Rolling Stones. D'ailleurs, à chaque fois que j'entends le nom de Luc Ferry, j'ai envie d'écouter les Rolling Stones. Pareil avec Zemmour, mais là, c'est plutôt les endives au jambon. Je ne les écoute pas. Je les mange. Curieux.
Et allez savoir pourquoi, quand on me parle de Mélenchon, j'ai envie de manger du melon.

6.
Dans la liste des acteurs que j'admire, j'ai oublié (et ce n'est pardonnable que parce que je me pardonne aisément) le dit-on « impulsif, généreux et courageux » Clark Gable, magnifique dans l'un des meilleurs films de John Huston : « The Misfits » (1961).
Et aussi Max von Sydow dans ce film que je place au-dessus de tous les autres : le fascinant (ah oui) « Septième Sceau » d'Ingmar Bergman (1957), histoire d'un chevalier errant que la Mort attend et métaphore de l'humanité en quête de sens dans un monde absurde et violent.

7.
Romans et films ne sont que divertissement. Pourtant, nous admirons et les grands romanciers et les grands réalisateurs. Pourquoi donc ? Parce que nous y cherchons du sens. C'est que nous ne nous contentons pas d'obstinément nous agiter, il faut aussi que nous sachions pourquoi. C'est sans doute ce qui nous différencie des animaux et des bigots.

Patrice Houzeau
Malo, le 8 janvier 2024.

5 janvier 2024

AND NOW FOR SOMETHING COMPLETELY DIFFERENT

AND NOW FOR SOMETHING COMPLETELY DIFFERENT

« Else ». Cet adverbe se place après les pronoms du type « nobody, anything », etc, et après les pronoms interrogatifs ».
(« Grammaire anglaise », Nathan, coll. « Grammaires Nathan poche », collectif, Larreya, Rivière,...,p. 132, 1992)

« Else » est un adverbe de la langue à Shakespeare et Benny Hill, et

Cet adverbe me fait penser à Elsie, qui est un personnage du « Sexus » de Henry Miller, ouvrage qu'un de nos maîtres à l'Université s'était excusé d'avoir, pour les besoins de son cours, consulté (« ne croyez pas que je sois amateur de ce genre de livre », avait-il dit en cours, ce qui l'avait classé dans ma caboche dans la liste des hypocrites, ou des diplomates...). Donc, « Else » est un

Adverbe, et cela est aussi vrai que Poutine patauge dans les boucheries de sa sale guerre en Ukraine (vous vous doutez bien que de ce que pense et dit Emmanuel Todd, je m'en fous) et que Depardieu risque bien d'être mis sur la touche (celui qui ajoute « pipi » n'est qu'un …, à moins qu'il dise la vérité, bien sûr). Cet adverbe (« else ») ne

Se prépare pas de soupe à l'oignon parce que généralement les adverbes ne se préparent pas de soupes à l'oignon, mais il se

Place après – ah la la, la grammaire, voilà bien quelque chose qui vous pousse à la logique et, apparemment tout au moins, loin des turpitudes politiques, bien que les politiques utilisent la même langue que nous, mais qu'il semble pourtant que le sens qu'ils donnent à certains mots soit assez différent de nos acceptions habituelles –

Après quoi ? Me demandez-vous, parce vous êtes avides, bin, après

Les pronoms (je me demande ce que je vais écouter maintenant ? Les Stones ? Pink Floyd ? ah tiens, et si je m'écoutais « The Allman Brothers Band at Filmore East, ça fait longtemps...) ; bon donc, après les

Pronoms qu'il se place l'adverbe « Else », et même les pronoms

Du type (bon allez, j'arrête le robinet à blablas de la radio et me rythme le sens de la vie avec le « Statesboro Blues » des Allman Brothers), du

Type donc, les pronoms après lesquels se place l'adverbe « else »,

« Nobody » (ah la réplique « Well, nobody's perfect » qui termine le chef d'oeuvre de Billy Wilder « Some Like It Hot » (« Certains l'aiment chaud »),

« Anything » comme quand on dit « I was late but did not miss anything »,

Etc... j'aime bien ce « et cetera » là qu'on décline parfois en « Et exit les rats », « Et céleri et scélérats », « excepté le riz, restent les rats »,

Et toutes ces sortes de choses...

Après, où ça nous mène tout ça, me direz-vous qu'on s'en fout de la grammaire anglaise rapport à ce que, bientôt, nous aurons tous une Intelligence Artificielle portative qui traduira instantanément ce que nous racontera n'importe quel pingouin venu de l'estrange.

Les trucs qu'on fait pas maintenant, dis... C'est sûr que l'on n'a pas besoin de savoir grand chose sur les

Pronoms pour mener sa petite barque, bouffer d'la street food, baver devant Internénettes, voter Mélenchon, Le Pen et autres parasites, mais quelque chose me susurre dans les

Interrogatifs que si on abandonne l'enseignement de la logique des langues, l'amour du savoir pour ce qu'il est et celui du blues pour ce qu'il fut, on risque bien de finir abrutis, propagandés, poutinisés, trumpinisés, enc.... jusqu'au museau.

Patrice Houzeau
Malo, le 5 janvier 2024.

4 janvier 2024

LE PERIL PRESSE ET LES MOTS INQUIETENT

LE PERIL PRESSE ET LES MOTS INQUIETENT

1.
« Cependant, croyez-moi, Seigneur, le péril presse. »
(Racine, « Athalie », v. 1052 [Josabet])

Cependant que je me monologue des sottises,
Croyez-moi, le réel tourne vilain (d'ailleurs vous le savez, y a qu'à ouvrir gazettes et lucarnes).
Moi, qu'il y ait un
Seigneur là haut entre des tours de nuages et des armées d'anges,
Le fait est que je n'y croie pas. Quant au
Péril que l'espèce à nos pommes, bipèdes spéculatifs et circulatoires, on disparaisse, il
Presse, à mon avis, le péril, genre le Président qui presse ses ministres d'avoir des résultats, rapport aux autres candidats, défois qu'à défaut d'être meilleurs, ils pourraient même être pires.

2.
« De tout temps les mots m'ont inquiété. »
(Marc Villard, « Tous les mots du monde » in « Un jour je serai latin lover » [le narrateur])

« De tout temps » ça ne veut rien dire ça de
Tout temps qu'on dit l'homme libre s'est curé le pif devant la mer ou de tout
Temps les grand-mères ont fait des confitures et les tantes Jeanne des tartes aux abricots « De tout temps » qu'il ose le narrateur comme s'il était né avant son père après il dit que
Les mots l'ont inquiété et là je le comprends moi aussi des
Mots je m'en méfie que je me dis sont là tous bien rangés, bien en ligne dans les bouquins qu'un jour ils vous sauteront à la gorge du réel, les mots, diablotins bondissants des étagères, légion de petits démons du sens - ah les aventures de Sherlock Holmes, les déductions d'Hercule Poirot (j'aime bien lui servir la soupe, au Poirot, rapport au plaisir que j'eus à le découvrir alors que lassé de me curer le pif devant la mer, je me plongeais dans « Le Crime du golf ») - ah toutes ces péripéties narratives (sans parler des angoisses batraciennes à la Lovecraft et des logiques implacables de Kafka), ça
M'ont pris à la gorge que j'étouffe d'époustoufle m'entête d'imprévisibles me décapsule le cogitif me dégoupille la banane (et ça c'est vraiment n'importe quoi) ah oui chuis bin
Inquiété quand même avec tous ces mots là ici partout qui, si on les écoute, vous racontent quand même de drôle de choses, ah oui.

Note : La forme « ça / M'ont pris à la gorge » est tout à fait périlleuse. A ne pas imiter : vous risquez l'accident de syntaxe.

Patrice Houzeau
Malo, le 4 janvier 2024.

4 janvier 2024

AUSSI NETTEMENT QU'UN CRACHAT SUR UN MIROIR

AUSSI NETTEMENT QU'UN CRACHAT SUR UN MIROIR

1.
« Le Capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau »
(Titre français d'un livre de Charles Bukowski)

Le Capitaine est parti. Est-il au bistrot le
Capitaine qui
Est parti ? Et s'il est
Parti, c'est peut-être qu'il est ivre, tout chaloupant, le Capitaine (moi j'écoute le « Tyranny And Mutation », drôlerie hard rock du Blue Öyster Cult de 1973, un bon remède au cafard, ça, le rock et toutes ces sortes de blues) ou alors c'est qu'il est parti
Déjeuner (moi aussi j'ai faim, mais je ne suis pas à bord d'un bateau, aussi je ne me pose pas la question de savoir où donc est-il parti déjeuner, le Capitaine
Et pour être tout à fait franc, je m'en tamponne le coquillard avec la patte d'un crocodile et les considérations de Poutine sur l'avenir du monde).

Les marins, qu'ont-ils fait les
Marins ? Ont-ils joué à Jacquou le Croquant, à Jacques-a-dit, à joints et bédeaux, à si j'aurais su j'aurais pas, à Ginette et Jeannot, à jus de chaussette, à Jojo dit l’Affreux, ou alors ils
Se sont emparés de la cargaison cause qu'ils se
Sont dit qu'ils la revendraient eux-mêmes et ailleurs, que
Du coup, sont devenus pirates tout-à-fait, les marins. Quant au
Bateau, je sais pas j'étais pas là c'est pas moi même que c'est jamais qu'un mot dans un titre d'un bouquin de Charles Bukoswki que je n'ai pas lu.

2.
« Une vision quelque peu effrayante, cette corrosion, cette douleur, cette fuite du temps soudain révélée dans leur nudité. »
(John Updike traduit par Maurice Rambaud, « Les Sorcières d'Eastwick »)

Une berlue que j'aurai eue... Quoi ? Ma vie. Possédé de la
Vision qu'on est, mythonné de l'illusion, ahuri d'humanité, confit dans l'humanisme, très crétins, nous autres. Ainsi,
Quelque scormofieux à mélenchonneries contestatrices ayant tenté l'époustoufle à ressorts pour me chronophager, j'eus
Peu de regrets en le dégageant de tous mes mondes.

Effrayante l'actualité. On dirait du mauvais cinoche pour adolescents attardés.
Cette propension à s'entre-tuer qu'ils ont, les humains, à entretenir la
Corrosion des espérances, la pourriture et la corruption.
Cette mauvais foi qu'ils ont à invoquer des dieux qui n’existent pas pour justifier leurs turpitudes, ça en fait, de la
Douleur partout, et quand ce ne sont pas des dieux, ce sont des idées, des idéaux, des résiliences, comme ils disent, ces grenouilles aussi connes que les bœufs qu'elles veulent singer (mazette, quelle zoologie!).

Cette fois, je n'y reviendrai pas que je me dis dans ma
Fuite c'est qu'à force je vais finir par m'attirer des conneries et désagréments
Du diable si j'y remets les pieds et le gosier Le
Temps faut que je me le garde pour ce bon vieux rock n' roll (j'ai tant de fabuloseries électriques que je n'ai pas encore entendues)
Soudain la vérité lui apparut aussi nettement qu'un crachat sur un miroir
Révélée qu'elle est la signifiance de tout s'nada
Dans quelques années décharné désossé dépulpé déconfit réduit en poudre
Leur avis aux autres que t'importe et la
Nudité face à la Reine à la faux voilà qui oh et puis zut me dis-je et j'envoyai paître la vache à spéculations.

Patrice Houzeau
Malo, le 4 janvier 2024

17 décembre 2023

DES MONTRES D’AGATHE DE LINDA ET DE SACHA

DES MONTRES D’AGATHE DE LINDA ET DE SACHA

1.
Peut-être la lumière était-elle fatiguée ce jour-là. En tout cas, elle donnait à toute chose une apparence de montre molle telle que l’on aurait pu se croire entouré des montres molles flottant dans un désert urbain.

Des montres, voilà ce que je vous montre, des
Montres, ah oui, de vrais monstres que ces montres que je vous montre ;
Molles, ces montres, et vous collant à la peau, montres molles
Flottant avec vous, faces médusées, à leurs poignets, flottant
Dans la froideur où vente le vent,
Un vent de ces vents qui vous vouent à l’évanouissement des présences.
Désert, vous voilà désert, aux lèvres vides de langue, dans le décor
Urbain tordu trituré torturé qui sied aux évocations des apocalypses.

2.
« J’étais en bas quand j’ai entendu qu’on vidait une baignoire », dit un personnage d’un roman d’Agatha Christie. Je note que cette remarque aurait pu être faite par un tout autre personnage dans un tout autre roman, sauf sans doute dans « La Guerre du feu » de Rosny-Ainé.

3.
Elle – qu’elle s’appelle Michèle, Muriel, mais pas Marelle ah non, elle
Se regarda de son regard le plus regardant car défois elle est moins regardante, se
Regarda, se scruta, se détailla, s’épia (je ne sais pas si le sépia lui allait)
Dans une robe des plus crues et
La glace, car oui, Agathe se regarde, Agathe la belle gâtée, belle à vous faire tourner la bille, à vous susciter du citron, Agathe se regarde dans la
Glace, une qui passe parfois par là, entre pavane et défunte, passage et palace (elle ne se sentait d’ailleurs pas si fatiguée) et même pas épatée (de maison).

Elle se regarda dans la glace, et ne pouvant se voir, en conclut que, puisqu’elle ne croyait pas qu’elle ait pu devenir invisible, elle n’existait plus.

4.
C’est en transcendant son complexe d’Œdipe que le Christ se laissa crucifier et plongea l’humanité dans l’horreur des religions.

5.
« venu tout naturellement aux lèvres de Linda »
(Agatha Christie traduit par Michel Le Houbie)

Venu le vin – c’est la vie, le vent vente –
Tout pur, le vin – c’est la vie, le vent vente –
Naturellement, le vin ça saoule – c’est la vie, le vent vente –
Aux lèvres le vin, aux lèvres vertes, car en vrai, elle les avait vertes, les
Lèvres, et pourquoi donc qu’elle les avait vertes, les lèvres,
Linda ? Bah c’est juste pour le son « v » et pour dire Linda, Linda aux lèvres vertes, aux yeux verts, aux veines vertes, aux feuilles vertes, Linda verte comme une fée sur laquelle vente le vent.

6.
« pas de ces gens qui sont susceptibles de « voir rouge » comme on dit… »  
(Agatha Christie traduit par Michel Le Houbie)

Pas de ça, Sacha, pas
De ces sachets, Sacha, car sachez mais sachez donc, Sacha, que de
Ces sachets-là, Sacha, les
Gens, qu’ils ne sachent pas quoi en faire est une évidence,
Qui devrait vous sauter aux yeux et sachez mais sachez donc, Sacha, qu’ils
Sont, les gens, à force, Sacha, d’être harassés de vos sachets,
Susceptibles de vous y fourrer vous-même, Sacha,
De vous ensacher, aussi sec qu’un saur qu’on appelle hareng, et vous
Voir tout sec et l’œil rond, ensaché dans un grand sachet, mon cher Sacha, voilà qui serait comme on dit que
Rouge est le sang et cru le temps, trois dames passant.
Comme on a du hareng, je fais sauter des pommes de terre.
On va manger, et Sacha n’est pas là, car il est
Dit que Sacha préfère chasser on ne sait quoi qu’il méticule dans de petits sachets, que d’être à l’heure à midi.

7.
Peut-être que Depardieu est innocent des faits dont on l'accable. Je crois je vais plus trop en causer du Depardieu là. Du reste, il ne m'intéresse que moyennement. Dans le genre blonde à gros lolos, je l'ai toujours trouvée médiocre.

Patrice Houzeau
Malo, le 17 décembre 2023.

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