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BREFS ET AUTRES
moqueries
1 mai 2020

DONC ZUT SE PREPARA EN METTANT SON ARMURE

DONC ZUT SE PREPARA EN METTANT SON ARMURE

1. Non, Monsieur Houzeau, je ne crois pas que The Great Pangolin Cult, ou The Big Covidian and his Pangolins ou même The Pangolins tout court soient en ce moment des noms appropriés pour un groupe de pop/rock.

2. Quand je vis Zut se préparer à aller faire des courses en enfilant son haubert et se coiffant de son heaume, je compris que la situation était grave.

3. Entendu sur France Inter un humoriste dire qu'en termes d'utilité sociale, l'ironiste de profession passait tout de suite après la farine. Certes, mais se passer de dérision, c'est laisser le champ libre aux prédicateurs et aux maréchaux de l'esprit de sérieux ainsi qu'aux bonnes âmes du politiquement correct.

4. Le confineman cé une bone chose car comme sa mon beau-pere il ne va plu au bistro dépanser les sous du chomaje a ma mere mais cé une mauvaise chose ossi le confineman car depuis mon beau-pere i regarde ma grante sœur d'un air tou bizar.

5. Non, monsieur Houzeau, ce n'est pas parce que l'on a pu un temps parler de prix négatif du baril de pétrole que les automobiles vont être montées à l'envers.

6. Depuis que j'piétine pis tourne en rond dans mon confinement, je sais que bientôt je dirai toujours la vérité.

7. Veuillez écouter quelques ironies personnelles : Pangolin fâché ne fait pas virus de tout crachat – Le mur, tremblant de ce qu'il avait entendu, s'enfuit à toutes jambes – Cette année, les puces du marché iront se gratter – conjuguerons-nous le verbe covider au futur -.

8. Moi je croi quon peu mourir de la covide passque si tu te fera attrapai par un vijil du magasin s'il a la maladie i peut te doner la maladie meme sans le fere expres défois et depuis quon est confinai on peu plus fere ses courses come avan.

9. Les gens font parfois des choses dont on ne les aurait jamais crus capables. L'invisible qui tue rend visible les talents de certains. Mais moi, rien à faire, je n'arrive toujours pas à passer les murailles.

10. Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. Si tu ne m'ouvres pas la porte, je ne pourrai pas rentrer mais si tu ouvres ta porte, tu pourras me la claquer au nez.

11. Pourquoi diable voulais-je tant vous voir ? me demanda-t-elle. Je lui répondis que j'avais bien tenté de lire dans ses pensées mais que l'attifée fantasque aux yeux fous pis à couteau brandi qui m'avait alors jailli dans les yeux m'avait assez décontenancé.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 1er mai 2020.

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1 mai 2020

EN CHATOUILLANT LE PANGOLIN

EN CHATOUILLANT LE PANGOLIN

1. Si tu chatouilles le pangolin, ne t'étonnes pas de cracher tes poumons. (Maxime d'origine incontrôlée)

2. Il ne s'agit pas de prendre de la tarte aux pommes quand on préfère la tarte aux abricots. Ce sont des choses qui ne se sont jamais faites dans cette maison et depuis qu'elle est revenue sur terre, nous sommes particulièrement vigilants à la bonne tenue du service à dessert.

3.Il faut toujours faire de son mieux quand bien même on serait plein de quand bien même qu'on aurait du quand bien même qui nous coulerait comme larmes, comme bave comme quand on a très faim.

4. Elle aperçut de l'autre côté de la rue quelqu'un de sa connaissance. Mince se dit-elle et moi qui m'suis rendue invisible parce que personne ne me voyait plus. Elle se concentra mais ne réussit à apparaître qu'en partie. Tiens, la chatte du Cheshire se dit la sœur d'Alice.

5. Elle appela : « A table ! » et tous moururent. Ah ces champignons.

6. C'est dans les derniers instants de son existence qu'il se rappela cette phrase que sa mère lui disait parfois : « Il faudrait quand même que tu apprennes à vivre. »

7. Souvent l'on manque de confiance en soi. Faut dire que l'on se ment beaucoup à soi-même. Lui-même finit donc par se méfier de vos sautes d'humeur, de votre impulsivité. Parfois, il en vient à sortir de vous et l'on dit alors que vous êtes hors de vous.

8. Vous étiez devant moi et c'était bien là ce que vous disiez. Ainsi Zut s'adressait-elle à son image revenue dans le miroir. Celle-ci ne nia pas et pria Zut d'excuser ce petit moment d'absence. C'est bon pour cette fois, répondit Zut, mais n'y retournez pas.

9. Y a tous ces infinis qui sans cesse se suivent se poursuivent se croisent et s'entrelacent, et il y a nos travaux et nos jours, c'est juste drame express, écrasement d'la fourmi, cailloux.

10. Il se pépiait chez les oiseaux qu'on voyait de moins en moins de bipèdes dans les rues. Serait-ce de notre faute ? s'interrogeaient quelques moineaux. Un merle les rassura en leur parlant du commerce frauduleux du pangolin. Quant aux albatros, ils se fichaient bien de tous les équipages.

11. A force de tourner autour de l'art contemporain, vous finirez par tomber dedans et c'est en vain que l'on vous cherchera dans tout ce conceptuel du vide du trou du manque du puits sans fond ni forme.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 1er mai 2020.

27 avril 2020

UN PEU DE TOUT BEAUCOUP DE RIEN

UN PEU DE TOUT BEAUCOUP DE RIEN

1. La jeune femme qui m'a appelé Je m'en réjouis mais c'était plein d'pressentiments J'avais l'impression si je dormais ou si j'étais comme d'habitude dans ces confins là les autres les appels le réel.

2. Sur ce qui s'était passé pendant la semaine Comment lui aurais-je expliqué Le temps qui court Les choses n'iraient pas très bien si J'ai pensé je ne vais pas très Sur ce qui s'était passé Comment lui aurais-je expliqué.

3. Si vous toussez si vous avez de la fièvre si vous postillonnez si vous ne portez pas de masque si vous fumez si vous buvez si vous n'avez pas votre attestation si vous parlez trop fort si vous sentez que ou si vous ne sentez plus rien du tout c'est peut-être que le réel à tête d'Ubuvirus vous traque rattrape pour vous flanquer à la trappe.

4. Sur l'épaule de ma sœur mais je n'ai pas de sœur pensai-je en me Cette remarque ne devait pas l'adoucir Elle me tourna le dos Mais il ne m'arrivait plus de penser à Voyant les autres Puis nous dînâmes, ensuite nous dansâmes c'était dans une vieille traduction.

5. L'inéluctabilité de toute action suffisamment motivée oblige le social à inventer toujours plus de motifs pour nourrir la production en série d'actions toujours plus normalisées, utiles, contrôlées.

6. La massification de l'enseignement supérieur n'est qu'un toujours plus que l'on fait passer pour un toujours mieux. De ce toujours plus, certains font leurs choux gras, et cela aux dépens de beaucoup d'autres que l'on flatte par des promesses de diplômes aux titres ronflants.

7. « Nous songions tous les deux, et tu me regardais. »
     
(Victor Hugo)
     
J'ai fait un geste, je voulais te dissiper,
     
Ombre, fumée, reflet de moi-même le spectre,
     
J'ai fait un geste, pis c'est moi qu'a disparu.

8. C'est la répétition qui fait l'apprentissage, et ce n'est pas en faisant un peu de tout et beaucoup de rien qu'on va leur apprendre un métier.

9. Défois, à force de varier, on finit par avarier. Le trop d'machins à étudier, ça la rend indigeste, l'apprenance là, qu'à force on finit par bienveiller des sottises pis qu'le formatif il en est tout bizarre le camembert, impropre à la consommation.

10. « Sommes-nous prêts à être surveillés via nos smartphones ? » J'entends cette question posée sur France Inter. Le journaliste donne lui-même la réponse : c'est oui, évidemment oui, puisque ça fait un bout d'temps maint'nant que l'électronique a des yeux pour mieux te voir, mon enfant.

11. Alors j'ai enlevé mes ch'veux
      
Alors j'ai enlevé mon nez
      
Et puis mes oreilles et mes yeux
      
Pis mes dents ma langue ma bouche
      
Du coup ah qu'c'est ballot
      
J'ai pas pu crier Coucou c'est moi que v'là.

12. Forcément qu'il y a des « si », et beaucoup même hein des « si », et bien sûr, c'est sans condition.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 27 avril 2020.

27 avril 2020

QUAND MEME L'HUMANITE HEIN L'HUMANITE

QUAND MEME L'HUMANITE HEIN L'HUMANITE

1. Elle m'a téléphoné pour me dire qu'elle avait rêvé que j'étais mort mais qu'apparemment j'étais réincarné en basset (et plus très jeune en plus). Moi en « Jean-Saucisse » ? Bah, c'est plutôt lucide.

2. Satire et dérision ne sont qu'exercices de style ; on ne les prend guère au sérieux, bien que. De toutes ces moqueries stylisées, il reste tout de même l'idée qu'il vaut mieux se dépêcher d'en rire plutôt que d'avoir à regretter d'avoir voté pour des gens qui ne sont pas tellement mieux que nous et qui, fatalement, nous déçoivent.

3. Je me demande si Blanquer sera encore ministre à la rentrée de septembre 2020. Le bon sens voudrait que non et que sa réforme (ah le chef d’œuvre dis) soit reléguée aux sottises à oublier mais bon sens et macronisme ne semblent pas toujours faire bon ménage.

4. Honnêtement, parce que je suis de droite, je ne peux être que contre Macron et tout aussi honnêtement, parce que je suis de gauche, je ne peux être que contre Macron.

5. Je souris déjà au discours des inspecteurs d'académie qui, il y a quelques semaines encore, louaient les avancées de la réforme Blanquer et qui bientôt loueront les avancées de la réforme Tartempion bien meilleure (puisqu'on vous l'dit) et qui marque une véritable rupture avec l'touci-touça d'avant.

6. L'éducation nationale, des fois, c'est comme dans certains restaurants, on vous refile de la daube, mais avec un sourire tout ce qu'il y a de plus bienveillant, l'essentiel étant que vous payiez vos impôts.

7. Plus j'avance, plus je me radicalise que j'crois bien que j'vas finir squelette.

8. Parfois, je me dis quelle espérance, quand même l'humanité, mais bon les mots naufrage et sabordage viennent aussitôt me rappeler que je suis ce que je suis qu'c'est pas grand chose mais qu'c'est quand même moi vivant.

9. J'écris pour me faire rire, parce que franchement si j'attends les autres pour, j'ai pas fini d'pleurer.

10. J'aurais aimé être un génie, ça me consolerait d'être moi et d'me dire tous les jours Putain, Houzeau, t'es vraiment trop con.

11. A force d'être confiné tout seul, j'vais finir par me hashtaguer moi-même sur Twitter passqu'après tout j'vaux bien les aut's andouilles là.

12. Ai entendu sur France Inter qu'à l'avenir, le judo aurait un « rôle à jouer », « le respect des distances euh... » (sic). Ai éclaté de rire. La bienveillance, c'est vraiment pas pour moi.

13. On ne devrait pas écrire « A force d'être utiles, ils vont finir squelettes » non c'est pas bien on ne devrait pas écrire ça c'est vraiment pas bien franchement Houzeau c'est pas bien hein.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 27 avril 2020.

 

 

 

 

24 avril 2020

EXERCICE DE MAUVAISE FOI A PROPOS DE POESIE MODERNE

EXERCICE DE MAUVAISE FOI A PROPOS DE POESIE MODERNE

1. En poésie moderne, faut toujours surprendre le lecteur, ce gogo qui a acheté vot' recueil. On ne dira donc pas : « Il n'y a pas de fumée sans feu » mais « Pas de fumée sans passion », ce qui vous permettra d'exprimer ensuite votre penchant pour Titine en affirmant que zavez l'cœur fumant.

2. En poésie moderne, on écrit « pierre qui roule jamais n'amasse l'insolence du colibri », ce qui permet de faire dans l'allitératif abscons en flanquant vot' colibri d'un réseau lexical bien contondant genre : « l'espérance à soulier de braconnier », « la foi sifflante du charbonnier », « la groupie du pianiste ».

Remarque : J'ai choisi « colibri » parce que « l'insolence de la sardine à l'huile » ou « l'ingratitude du cornichon confiné », à vrai dire, je ne les sentais pas bien.

3. En poésie moderne, on écrira « celui qui est allé loin a ménagé ses morsures », ce qui permet d'imaginer aisément qu'le passé vous poursuit, vampirique anthropophage civilisationnel (sinon ça ne vaut pas l'coup) vous mordant de ci de là pareil au fauve traqué et néanmoins pagayant.

4. En poésie moderne, on ne craindra pas d'évoquer « l'odeur de dieu » sans préciser plus avant à cause qu'on risquerait bien de partir en free style dégénératif dans le style doukipudonktan

5. A partir des quatre brefs précédents, il est maintenant aisé de composer du n'importe quoi à la pistache publiable dans l'une ou l'autre revue de poésie contemporaine et affolée : Allonzy.

        Pas de fumée sans passion.
       
La pierre a délié son contrat.
    
Pourtant, la foi sifflante du charbonnier a reconnu son roulis et que jamais elle n'amasse l'insolence du colibri.
    
Vous avez voulu la groupie en dépit du pianiste et n'avez saisi dans vos mains larges comme l'horizon à souvenance d'homme que l'espérance à soulier de braconnier.
      
Vous avez pris votre cœur fumant ; vous avez résilié vos serments.
    
Ayant ménagé vos morsures, vous êtes allé loin, bien loin, comme un bohémien traqué et néanmoins pagayant comme un fauve et vos yeux sont pleins encore de l'odeur de dieu.
      
Vous avez crié Aline pour qu'elle revienne.

C'est-y pas beau ? Vous appelez ça « Javanache 36 » (1), « Résilience 48 », « Après-venir » ou « Dans le leurre du seuil » (2) et vous pouvez maintenant affronter les plus profonds des esprits poétiques de notre temps, ceux qui lisent leurs poèmes avec des voix aussi solennelles que s'ils vous annonçaient le retour de Louis XVI et de sa tête coupée. Vous n'oublierez pas bien entendu de fustiger les idoles du temps fabriquées par le capitalisme aliénant (3) et d'inviter la petite stagiaire rougissante dans un restaurant squ'il y a de bien car de toute façon, c'est pas vous qui payez, y a des subventions eh oh quand même.

Notes :
(1) N'ayez par peur, de temps à autre mais pas trop souvent quand même sinon ça se voit, d'user de mots qui ne veulent absolument rien dire. Il y aura toujours un possédé d'la linguistique ou un agité de psychanalyse qui trouvera un sens à vot' charabia.
(2) Ah ça faut faire attention au « leurre du seuil », sinon on s'casse la gueule.
(3) Le capitalisme est toujours « aliénant » et le communisme toujours « à venir », c'est prouvé ils l'ont dit à la télé.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 24 avril 2020.

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24 avril 2020

FAUT DIRE SQUI EST

FAUT DIRE SQUI EST

Les vers qu'avec ma mauvaise foi habituelle je cite ici ont parfois été pondus par des noms connus de la poésie du XXème siècle (sont passés sur France Culture, ont été invités à pontifier un peu partout et dans les universités). Aussi, afin d'éviter que les esprits de ces illustres viennent me tirer les pieds, et parce que je ne confonds pas un mauvais auteur avec un humain qui, a priori, n'est peut-être pas plus mauvais qu'un autre, je ne donnerai pas leurs noms. Qu'ils dorment en paix dans les réserves des bibliothèques.

1. Ai vu « La 7ème Compagnie au clair de lune » de Robert Lamoureux ah c'est bien rigolant dis ! Ai vu « Le Sens de la fête » de chaipaqui ; dialogues stupides, situations idiotes. Dommage, l'idée de départ est bonne : y a pas tellement de films sur les entreprises d'animation de mariages and co. Mais le film est trop amateur et trop démago-bienveillant.

2. Lu dans un recueil : « naître à la terre » : voilà bien le genre de syntagme qu'on peut trouver dans la mauvaise poésie bien prétentieuse que je préfère ce début d'une chanson du premier album du groupe Téléphone : « Quand je suis né / J'ai crié ».

3. Lu dans un recueil :« Le lait sévère des squelettes » : Seigneur dieu, prenez-vous catacombes et ossuaires pour étables et métairies ? Remarquez qu'ça pourrait servir d'insulte dans les cités : « C'est ça, va traire tes morts ! »

4. Lu dans un recueil :« Un arbre jaune est un soleil » : bin non, un arbre jaune est un arbre jaune.

5. Lu dans un recueil : « une fumée pleure la saison perdue » : Remarquez que si les fumées pouvaient pleurer, ça aiderait bien les pompiers. 

6. Lu dans un recueil :  « Ce vent grave qui nous ressemble » : bin si on ressemble au vent, c'est que comme le vent nous passons, d'accord, mais inutile de l'aggraver, le vent, qu'ça devient grave vraiment quand ça vire tempête cyclone emporte tout pis emporte-pièce de vers bons ou mauvais.

7. Lu dans un recueil : « Ce vent grave qui nous ressemble et parle notre langue » : c'est qu'le vent est polyglotte, c'est bien connu, l'a étudié à tous les vents, le vent, à tous les courants, écoles, universités, démocratisations d'la culture cependant qu'il répond jamais que par cingles et crachats.

8. Lu dans un recueil : « à la lecture de la pluie » : Comme l'on sait, la pluie est une grande lectrice, mais du coup on est obligé de les faire sécher, tous ces livres qu'elle lit, la pluie, qu'on a même dû faire sécher « Le Désert des Tartares » dis.

9. « avec des songes rouis » : j'ai vérifié le sens du verbe « rouir » dans un dictionnaire et j'ai encore moins compris ce vers.

10. « une femme qui sombre / aux arêtes du désir » : oui, mais bon, maintenant, dans les supérettes, on en trouve sans arêtes, et y en a même sans huile. Pour ce qui est de « sombrer aux arêtes », géométriquement, c'est pas évident, pour les femmes comme pour les hommes d'ailleurs, faut dire squi y est.

11. Tiens, par contre, je vais citer cela que j'aime bien :
«  - Il est six heures, les hommes rient, la servante
   
porte des grappes de bière au poing,
   
le soleil touche le chevalier du vitrail - »
C'est de Jean Joubert, ça dit ce que ça dit, et c'est déjà beaucoup.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 24 avril 2020.

24 avril 2020

MÊME PIS QU'APRES

MÊME PIS QU'APRES

1. « Un fantôme de ville et des spectres de murs »
(Victor Hugo)
       
J'aime bien les vers où se promènent des spectres ;
       
Aux alexandrins i s'raccrochent nos fantômes.

2. « Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre »
(Victor Hugo)
       
Peut-être une araignée, un chiot, un rat d'égout
       
Ou quelque poupée aux yeux bleus, au teint clair.

3. « Puis vous m'avez perdu de vue ; un vent qui souffle »
(Victor Hugo)
      
J'aime bien quand il souffle et qu'il dit dans la ville
      
Qu'il n'y aura jamais rien d'autre que le vent
      
On n'est pas obligé de le croire et pourtant

4. « Il voit la rose, et nie ; il voit l'aurore, et doute »
(Victor Hugo)
      
Parfois on en voudrait d'autres, des yeux, de ceux
      
Qui voient plus loin, plus clair que nos bien vieux carreaux.

5. « Les sept astres géants du noir septentrion »
(Victor Hugo)
      
J'aime assez parfois des frites et du jambon,
      
Avec de la moutarde et puis des cornichons.

6. « Roi forçat, l'homme, esprit, pense, et, matière, mange. »
(Victor Hugo)
       
On peut toujours penser que nous sommes des rois
       
Considérons aussi que nous sommes bouffons
       
Bah ces deux vers sont bien trop longs hein qu'c'est vrai quoi
       
Qu'on croit qu'on est des rois qu'nous sommes que bouffons.

7. « Les constellations, sombres lettres de feu »
(Victor Hugo)
    
« Sombres lettres de feu », c'est quoi donc ce bouquin ?
       
L'autobio divine ou les échos du boucan
       
Qu'à l'aube des temps fit l'Grand Inconséquent ?

8. « Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre »
(Victor Hugo)
       
Pis là qu'il hurle en lui en la forêt d'sa tête
       
Qu'est pleine d'oiseaux fous pis d'chevaliers cinglés
       
En lui et en silence à cause des voisins.

9. « Oh ! Qu'est-ce que le sort a fait de tout ce rêve? »
(Victor Hugo)
      
Oui, tiens, quoi donc qu'il fait, le Sort, de tous nos rêves ?
      
Sans doute qu'il les range en Chine ou qu'en salade
      
A l'huile d'pangolin il les mange, le Sort,
      
Car chacun sait qu'le Sort, le grand Sort, dîne à l'huile.

10. « Le peu que nous faisons et le rien que nous sommes »
(Victor Hugo)
        
Pis qu'après des virus nous tombent sur la pomme.

 Patrice Houzeau,
 
Les Confins, le 24 avril 2020.

 

 

13 avril 2020

LEGER COMME LA PROMESSE

LEGER COMME LA PROMESSE

1. Non, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de prendre l'accent belge quand on mange des frites, ni l'accent italien quand on slurpe des spaghettis, ni l'accent écossais quand on siffle un whisky, pas plus d'ailleurs qu'on doit prendre une tête à claques de président de la république française n'ayant pas prévu qu'un virus puisse venir décimer le monde.

2. Non, je ne suis pas incorrigible mais bien encore risible, me fis-je avec l'énergie de tout mon je n'écrirais pas désespoir car je préfère les abricots.

3. Dans l'enthousiasme, il la lança en l'air, sa tête, laquelle retomba sur le pavé avec un grand bruit creux, de ce creux vaste et profond dont on fait les inspecteurs d'académie.

4. Quand je serai dictateur (ce qui ne saurait tarder étant donné l'état de décrépitude de la plupart de nos démocraties contaminées), j'interdirai qu'on publiât des romans de plus de trois pages. Vous verrez que si on les oblige vraiment, tous ces pompeux bavards sauront faire court, vif et concis (surtout s'ils ont du talent, ce qui n'est pas assuré pour tous).

5. Alors Macron mit son masque de macron et alla macronner le monde. « Bin mince alors ! » fit Fantômas plein de jalousie et du ressentiment qu'éprouve le philosophe à l'égard de la pin-up citant Kierkegaard dans le texte.

Note ; je sais bien qu'on ne dit plus « pin-up » mais « bimbo » mais que voulez-vous, je suis resté bloqué dans les années 80 (du 20ème siècle, je le précise pour mes lecteurs d'un futur que je sais éclairé car je suis socialiste et lointain car je suis aussi visionnaire qu'un réformateur de l'éducation nationale ; c'est vous dire que je suis un homme de qualité).

6. « Badaboum ! » fit la grosse caisse. « C'est le cas de le dire » firent en choeur le président, sa tête à claques et bien des marcheurs marchi-marchant par là.

7. Plein de remords, il en eut l'âme toute crucifiée, mais allez trouver les clous pour, vous... aussi son âme glissa-t-elle de sa croix métaphysique aussi légère et vaine qu'une promesse électorale.

8. Plus le confinement avance, plus je me fais l'effet d'un légume en conserve.

 - Un cornichon dans un bocal vous définirait mieux, Monsieur Houzeau.

9. Petit Poucet allait avec en poche les petits astres jaseurs qu'il avait coutume de semer pour retrouver le chemin de son retour. 

10.Fanfare frénétique : les tubas s'entubèrent  ; les fifres s'affriolèrent ; les cuivres rutilèrent au couchant du jour (Ah le rutilement des cuivres au couchant). 

Note : Réminiscence tiens d'un poème de Verlaine :

« Les faux beaux jours ont lui tout le jour, ma pauvre âme,
  
Et les voici vibrer aux cuivres du couchant. »

11. Défois on est traversé par un genre de fantôme froid, un genre de glace-cœur, qu'on a du mal à les attraper, les petites flammes aux mirettes qu'on croise.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 13 avril 2020.

 

12 avril 2020

ET LE LAIT EN FEU

                                 ET LE LAIT EN FEU

1. Ayant constaté qu'il avait les lèvres sèches, il les mit à tremper dans un verre d'eau fraîche où instantanément elles se gonflèrent et rougirent pudiquement.

2. Lorsqu'il se mit à aboyer, il comprit qu'il avait laissé derrière sa queue une partie significative de son humanité. « C'est dommage » se cabocha-t-il « avec ce flair que j'ai maintenant, quel détective j'aurais fait ! »

3. L'art s'étant contaminé, la mort eut tout le champ libre pour ses macabres expériences.

4. Avec son air vide et préoccupé, il avait une tête à avoir fréquenté longuement son dedans.

5. Ah ça quand on se met à semer des graines d'irréelles, faut pas s'étonner ensuite de récolter des cauchemars.

6. Comme il se hollowa out, il s'affala de tout son dedans pis il alla ouiner qu'on l'comprenait pas.

7. Quand on s'ennuie comme un rat mort, ce n'est pas toujours une bonne idée d'aller au marché aux puces, on risque de s'y faire gratouiller de tous côtés par de minuscules acharnées.

Note : j'avais d'abord écrit miniscules, ce qui est mignon et donne à songer : ah tous ces miniscules qui se bousculent en mini-jupes...

8. En fin de compte, le clown abat toujours son politique aussi sûrement que le fait le chasseur qui, dans l'aube etc... (j'ai pas envie d'écrire la suite, ça me soûle).

9. Plus le confinement se prolonge, plus à ma colère initiale succède un haussement d'épaules immense et de plus en plus tout à fait indifférent aux turpitudes de l'âme politique.

10. Loué soit l'anthropophage qui bouffa un politique (ou quelque philosophe) puis joua un air enjoué virtuose de tibia des morts à un folkloriste de passage.

11. S'étant longuement contemplé le firmament intérieur, il sortit de sa méditation l'air encore plus hébété que d'habitude et le lait en feu.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 12 avril 2020.

12 avril 2020

EH OUI MON CHER FANTASIO NOUS NON PLUS AU DEBUT ON Y A PAS CRU

EH OUI MON CHER FANTASIO NOUS NON PLUS AU DEBUT ON Y A PAS CRU

1.Entendu sur France Inter cette très bonne formule : « Je me souviens du temps où Macron méprisait les caissières et les gens qui ne sont rien ».

Notes :

a) Faut être juste, il ne parlait peut-être pas des caissières, mais tout de même, y a cette expression de « premiers de cordée » qui a laissé des traces. Comme quoi, certains capitaines d'industrie et aussi quelques hyper-diplômés technocratiques en ce moment d'anxiété latente sont moins utiles que caissières, infirmières et infirmiers, aide-soignantes, livreurs et tout ce petit monde des gens ordinaires qui permet à not' pauv' société de continuer à tourner.

b) « Une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien », qu'il a déclaré en juillet 2017, not' bon maître dans un laïus pas très clair et assez prétentieux (ah tiens comment ça se fait). Bon c'est le genre de phrase assez vague pour ne viser personne en particulier (sauf les SDF et les migrants) et dont on sent bien pourtant qu'il y a quelque mépris dedans que, quitte à mépriser le monde, Monsieur, on ne se fait pas élire, on reste chez soi à écrire des conneries en écoutant du Frank Zappa et en se faisant cuire bien des œufs.

2. J'ai pensé qu'après l'covid, fin mai-début juin, les molotovs allaient voler bas entre République et Nation (apprenante, j'peux pas m'en empêcher, c'est trop drôle) et puis non, vous verrez que notre excellent gouvernement mettra bien plus d'habileté à empêcher des troubles prévisibles qu'il en a mis pour prévoir la pandémie actuelle.

Notes :

a) Je me dis même qu'il est possible que Macron soit réélu président (à condition qu'on soye pas tous plus ou moins défuntés du covid avant) parce que bon Macron, c'est pas grand chose, mais en face y a quasiment rien. A moins bien sûr que les Français décident que, quitte à être confinés, autant voter pour des gens qui ont déjà dans leur programme bien des raisons de limiter nos libertés.

b) En ce dimanche de Pâques, il se dit à la radio que notre Président Emmanuel Macron s'apprête à annoncer demain lundi un rallongement du confinement et vu qu'on a l'impression que la pandémie est loin d'être finie, on en vient à se demander dans quel état on en sortira de c't'affaire.

3. Avec cette crise sanitaire revient le spectre de l'installation d'une dictature plébiscitée, c'est-à-dire exigée par le plus grand nombre. Je fais crédit au gouvernement d'Edouard Philippe : pour l'instant, les règles de la Constitution sont ou en tout cas semblent respectées. Mais je crains que les prochaines élections profitent surtout aux extrémistes de gauche comme de droite, sans compter les zélateurs de l'écologisme, du pédagogisme, les collapsologues de tout poil et tous ceux qui pensent que, tout compte fait, la surveillance généralisée vaut mieux qu'une liberté mal employée.

Note : à chaque fois que je glisse un « c'est-à-dire » dans une phrase, je pense à de Gaulle. Ce que c'est quand même que d'avoir passé son bac.

4. « Oui, je rangerai des squelettes dans un hémicycle et je constituerai un Parlement. » (Michel de Ghelderode, « La Balade du Grand Macabre »)

5. Pis bien sûr que le Covid-19 nous rappelle que la grande patronne, c'est la Mort, elle qui se fout de tous nos efforts de vivants.

6. Comme je suis né pas très riche et que je vois que je mourrai pareil, y a que les gens qui ont un peu de sous, j'ai quand même du mal hein avec ces gens-là mais c'est évidemment l'affreuse jalousie qui me cause dans la bouche que j'fais rien qu'à pas beau cracher.

7. Tout compte fait, je trouve que le verbe « vipériner » est un des plus beaux de ma langue française.

Note : Je dis ma langue française parce que j'ai la prétention de ne pas écrire la langue de tout le monde, ah ouiche et zut alors.

8. - « Ça, je savais déjà !! Mais d'où sort le zombie là » [Spirou in Virus de Tome et Janry]

      • Bin tiens, de la « République En Marche »

9. « Sur la banquise, pas mal de monde avait besoin d'un miracle ce jour-là... » [le narrateur in Virus deTome et Janry]. En ce moment, y a pas que sur la banquise que pas mal de monde voudrait bien qu'un miracle advienne (que pourra qu'on se dit quand on les écoute nos chers politiques).

10. Ah bin dame qu'ils nous coûtent cher, les politiques ! Nous prennent nos sous (pour notre bien qu'ils disent) et quand faut réparer leurs bêtises, ils endettent le pays qu'en fin de compte qui c'est-y qui va payer hein ?

11. « Une maladie inconnue ? C'est d'un burlesque ! Vous avez intérêt à trouver quelque chose de plus convaincant ! » [Fantasio dans le prémonitoire et épatant Virus de Tome et Janry].

- Eh oui, mon cher Fantasio, nous non plus au début, on y a pas cru.

12. - « Pas d'affolement ! Tout le monde dehors ! » [Un shérif in « Jerry contre KKK » de Jijé et Lob]

- Ah non, man, pas d'affolement et tout le monde dedans !

13. « Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux » [Baudelaire]
      Qui s'en va boire un coup en tintinnabulant.

14. « Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts »
      
Ah Baudelaire il a toujours le mot pour rire.

15. Dans l'affaire du cintre empoisonné, le seul témoin étant le manteau, le détective se perdit rapidement dans des conjectures dont il ne revint jamais.

16. « Je ne peux pas m'empêcher de penser que... » mais si, mais si, faites donc un peu de politique et vous verrez vite que vous pouvez tout à fait librement vous empêcher de penser.

17. Le serpent ne portant pas de robe, il était donc impossible à dérober. Et pour le voler, il eût fallu des ailes (je me demande si j'écris correctement), là encore le détective ne remonta que difficilement de l'abîme de réflexion où il était tombé en criant « Marmelade ! Os, ossements, bouillie, bouillie, bouillie ! ». Ce qui se révéla exact.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 12 avril 2020.

 

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