ZUT IL PLEUT ALORS ZUT ME REPOND
ZUT IL PLEUT ALORS ZUT ME REPOND
1.
Parfois j'ai plus ma tête à moi
Qu'on dirait que chuis un autre
Je ne me reconnais plus m'goure
De moi-même et à rien que je me
Ressemble à rien à rien du tout
Parfois j'ai plus ma tête à moi
Qu'elle a roulé dans l'miroir &
Je ne m'évoque plus grand chose
Mon fantôme à rien qu'il paraît
Ressemble à rien à rien du tout
Parfois j'ai plus ma tête à moi
Elle s'est plantée au bilboquet
J'ai perdu celui que je fus peu
De chances que je me retrouve à
Rien chus rendu pis labyrinthé.
2.
Pourquoi quand j'en ai besoin
Mon Tractatus je ne le trouve
Plus Quand n'en ai nul besoin
Il me fixe le Tractatus d'ses
Yeux logiques Pourquoi est-ce
Qu'ils seraient logiques hein
Les yeux du Tractatus et puis
Pourquoi donc qu'il en aurait
Dis des yeux que c'est pas le
Tractatus qui me lit mais moi
Qui lis le Tractatus quand je
Le retrouve que parfois je ne
Le retrouve pas parfois je me
Dis c'est toujours quand j'en
Ai besoin qu'il est allé à la
Pêche au biscornu fluvial qui
Passe devant ma fenêtre aussi
Conforme au temps qu'il peut.
3.
Nous sommes les choses qui croyons
Avoir du pouvoir sur les choses et
Ce sont les choses sans cerveau ni
Malice au bout des travaux au bout
Des jours ce sont elles les choses
Qui finissent par avoir notre peau
4.
Alors le rigolo qu'avait trop glouglouté
Dégueula dans la rigole pis des teigneux
Dégoûtants et dégueulasses l'agrippèrent
Pis lui gâtèrent grave la gamelle que sa
Figure fut plus jamais que gueule cassée
5.
Défois je dis Zut il pleut
Alors Zut me répond Oui il
Pleut Il pleut dans la rue
Ça fait des flaques et des
Claquettes que ça dans une
Chanson de Nougaro déjà on
L'a entendu ça qu'la pluie
Fait des claquettes Défois
J'dis Zut j'suis en retard
Alors Zut me répond Oui tu
Es en retard alors je sors
Ma tête à claques sous une
Pluie battante là qui fait
Des claquettes mais i faut
Rien exagérer non plus car
Défois il fait beau aussi.
6.
Le narrateur Apollinaire évoque
« les cadavres de [ses] jours »
Que j'me demande Est-ce que les
Jours ont-ils osses et peau que
Leurs cadavres jonchent le sol?
Et ce que nous voyons ne serait
-ce pas l'apparence du passé et
Non le passé qui n'existe pas &
Qui pourtant tel un dieu qui ne
Finit n'en finit plus d'être et
Exerce son empire sur l'humain.
7.
Le passé n'existe pas et ce sont
Pourtant les couteaux tirés dans
Le jadis qui les condamnent dans
Le présent nos sottes cervelles.
Patrice Houzeau
Malo, le 3 février 2021.