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14 mars 2021

CE N'EST PAS LE BICORNE DE NAPOLEON QUI A GAGNE AUSTERLITZ

CE N'EST PAS LE BICORNE DE NAPOLEON QUI A GAGNE AUSTERLITZ

 

1.
Si, en raison de ce qu'elles pourraient être périlleuses, on ferme les cantines des établissements, je suppose que cela veut dire que l'on va distribuer des repas froids aux élèves et qu'ils iront les manger euh... où, au fait, monsieur Blanquer ?

2.
« Songez au malaise que nous éprouvons quand l'orthographe d'un mot est changée. »
(Wittgenstein traduit par Pierre Klossowski « Investigations philosophiques », 167)

Parfois éprouvé, ce petit tremblement du réel, ce léger trouble, ce « petit malaise ». Nous voilà froissés, légèrement comme une feuille, à peine, par ce changement dans les traits du visage familier. Il bouge un peu, le masque du radical étranger, cette nouvelle orthographe.

3.
« Ah ! nom de Dieu ! Qu'ont donc crié ces entrecôtes
Ces grands pâtés ces os à moelle et mirotons »
(Apollinaire, « Palais » in « Alcools »)

Défois qu'on jure pis en chapelets (« Nom de Dieu ! Fichtre, fouchtre, fachtre ! Ah ! Crénom !) - visiblement, il exagérait – à écouter comme ça crier les entrecôtes, qu'ça dériverait-y d'un illico j'l'invente « faire crier les entrecôtes » peu bienveillant ?

Alors qu'il était plongé dans les « Alcools » d'Apollinaire, se mirent à crier « entrecôtes, grands pâtés, os à moelle et mirotons ». Il s'enfuit en balbutiant qu'il n'y avait plus dans son cerveau que des « rôtis de pensées mortes ».

4.
Ce dimanche 14 mars 2021, la plainte déchirante de la mère d'Alisha, assassinée il y a quelques jours.

5.
Se pourrait-il que la Macronie ait maintenant peur du peuple ? François Bayrou, ce dimanche 14 mars 2021 sur France Inter : il hésite, bafouille, cherche ses mensonges.

6.
Peut-on « déchirer le Ciel » comme je le lis dans Segalen. Y a-t-il une « pierre cachée dans les broussailles » ? Y a-t-il une épée dissimulée dans la chapelle ? Y eut-il une pucelle sur ce cheval ? L'Histoire se ment-elle à elle-même ?

7.
Qui « frappe les dalles », qui en « éprouve la solidité » et « en écoute la sonorité » ? Quel est ce narrateur qui, dans un poème de Segalen, prétend ainsi s'assurer du réel ? Ne s'assure-t-on jamais que l'illusion est à sa place ?

8.
L'autre ne peut-il jamais que nous croire, ou pas ? Ce que nous pensons du réel suppose-t-elle son existence ? Non. Je puis penser Dieu sans croire à son existence. L'être suffit.

9.
« Supposons qu'il me dise : « Ce n'est peut-être pas si grave. » - N'est-ce pas la preuve de ce qu'il croit à l'existence de quelque chose qui se cache derrière l'expression de la douleur ? » (Wittgenstein traduit par Pierre Klossowski, « Investigations philosophiques », 310).

Qu'y a-t-il derrière ce qui n'existe pas ? L'être de ce qui n'existe pas. Et il faut bien un médium de l'être de ce qui n'existe pas. De là l'origine des fantômes. De là la source et le sorcier, les esprits et les sorts.

10.
Ne vivons-nous jamais que par malentendu ? Que signifierait l'expression « entendre le réel » ? N'en serions-nous pas pris d'un effroi chronique, ou de possession ? La condition humaine repose-t-elle sur un malentendu concernant sa nature ? La condition du réel en est-il le malentendu ?

11.
La croissance est-elle la condition de notre sécurité ? Une croissance universelle est-elle possible ? Notre sécurité dépend-elle et de la croissance et du si vis pacem, para bellum ?

12.
Le général de Gaulle aurait dit à plusieurs reprises que les Français étaient des « veaux ». Certes, mon général, mais parfois, ils se font si critiques, si polémiques, si politiques, les veaux.

13.
La liberté d'expression ne fait-elle jamais que se dire elle-même ? Asséner une opinion, se réclamer d'une croyance, est-ce user de sa liberté d'expression ou faire de la propagande ? A quoi sert Charlie Hebdo, sinon à dénoncer l'hypocrisie des propagandes ?

14.
« Ceci n'est point du temps qui se mesure. Acclamons la vertu du passé, le portant comme une chaîne : mais qui soit d'or. »
(Victor Segalen, « Décret » in « Stèles »)

Ce qui ne se mesure pas : l'être du temps (la durée), l'être de l'espace (les infinis). Le commencement est un pour-soi, une donnée subjective qui n'a aucun sens en-dehors de nous. Ce qui est ne commence ni ne finit. L'existant seul se mesure.

Avoir conscience de ce qui n'existe plus crée-t-il le lien entre passé et présent ? L'Histoire est-t-elle constituée de ce qui n'existe plus, ou de ce qui en reste ?

En quoi le passé serait-il vertueux ?
Parce qu'il nous donnerait des leçons.
Comment ce qui n'existe plus pourrait-il nous donner des leçons ?
Ce n'est pas le bicorne de Napoléon qui a gagné Austerlitz.

Patrice Houzeau
Malo, le 14 mars 2021.

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