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1 octobre 2023

QUOI QU'ÇA CLABAUDE ?

QUOI QU'ÇA CLABAUDE ?

1.
« Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises,
Echouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Ce quatrain pourrait-il légender :
- une aventure de Bruno Brazil, série d'aventures dessinées de Greg (Louis-Albert) et William Vance publiée, nous amazone Wikipédia, dans le magazine « Tintin » entre 1967 et 1977,
- un album de Bernard Lavilliers, chanteur musclé ?
- La planète Terre revenue, à cause du réchauffement climatique, aux temps antédiluviens, avec géants bestiaux, énormes dinosaures, carnassiers divers, improbables à long cou, féroces à hurlements des forêts labyrinthiques, lézards volants et tout ça sauf nous,
- le contenu d'une boîte de cassoulet ?
- Une installation d'art conceptuel ou chaipaquoi intitulée « Échouages hideux » ?

2.
« J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades,
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m'ont ailé par instants. »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Après le chaos des « échouages hideux », Rimbaud évoque-t-il :
- quelque océan enchanteur et tout à fait mirliflore ?
- Une chorale de poissons (très rare!) ?
- Le prélude à l'après-midi d'un faune ?
- Ce que je vois dans tes yeux, tes yeux bleus dont je suis amoureux comme s'ils n’existaient pas ?
- Quelque suite orchestrale un peu naïve dans le genre de la musique composée par Georges Martin pour le film d'animation « Yellow Submarine » et qui figure, cette suite, sur l'album du même nom des Beatles (1969).

3.
« Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux... »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

A quoi donc qu'il se compare, le narrateur rimbaldien ?
- à un témoin (« martyr ») quelque peu blasé des « pôles et des zones », que ma pomme, je l'aime bien ce vers (« Parfois, martyr lassé des pôles et des zones ») qu'il m'arrive de me le faire tourner en boucle dans ma caboche, fasciné par le son, indifférent au sens,
- à la victime de quelque monstruosité florale à « ventouses jaunes » ? quelque poulpe des profondeurs remontant magnétiquement pour s'emparer du vivant ?
- À une femme en prière (sinon, bon, j'aime pas trop y penser, le Rimbaud, écrivant des choses défois qui font ricaner quand même).

4.
« Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds,
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Pourquoi Rimbaud emploie-t-il ici l'adjectif « clabaudeur » ?
- pour épater le lecteur ?
- Parce que les oiseaux, surtout les mouettes, ça gueule tout le temps, qu'on sait même pas défois pourquoi pourquoi qu'ça, pourquoi qu'ça, pourquoi qu'ça clabaude tant ?
- Parce qu'en clabaudant ainsi, les oiseaux, les féroces oiseaux, signalent à leurs congénères les « noyés » que croise le bateau ivre ? Après, chaipas s'ils leur pique-niquent les yeux, aux noyés, les clabaudeurs ?
- Parce que les « oiseaux clabaudeurs aux yeux bleus », ça lui rappelle des copines, à l'Arthur...
- pour le rythme et l'allitération (« ballotant / sur mes bords / les querelles » / tralali-tralalo / « clabaudeurs aux yeux blonds »)

5.
« Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ; »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

De quoi fait-il preuve, ici, le bateau ivre :
- d'inanité sonore aux abolis bibelots ?
- de monitorisme hanséatique (je sais pas ce que ça pourrait bien être mais ça m'amuse) ?
- de curiosité qui pousse le lecteur à se renseigner dans les notes qu'on lui dit donc que les « Monitors » étaient des navires de guerre américains, genre canonnières, voyez. Quant au mot « Hanse », il renvoie à l'ancienne association des villes marchandes « de l'Europe du Nord autour de la Mer du Nord et de la mer Baltique » (ça s'est terminé au 17ème siècle nous libéralise Wikipédia),
- d'humilité humide ?
- de bigoudisme acharné ?

Patrice Houzeau
Malo, le 1er octobre 2023.

 

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