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BREFS ET AUTRES
3 janvier 2024

AUSSI CON QUE LES AUTRES MAIS EN PLUS DOUÉ

AUSSI CON QUE LES AUTRES MAIS EN PLUS DOUÉ
Suivi de douze ironies en lisant un roman de Mary London.

1.
« Le seul sujet qui préoccupe, vraiment, profondément quelqu'un, c'est lui. »
(Pierre Desproges, « La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute »)

Le truc avec les phrases, c'est qu'elles disent souvent ce qui a déjà été dit.
Seul le génie peut vous en fignoler des inédites et inouïes, des merveilleuses et des incroyables (genre équation, théorie qu'on pige que dalle, eurêka carabiné, logique implacable que les autres, bin, voyez, i z'y avaient pas pensé). Quant au
Sujet, c'est toujours le même : le bipède avec sa tête de caricature,
Qui va vient circule s'ennuie enquiquine les autres mange boit dort se reproduit, même qu'en plus, il se
Préoccupe de tout un tas d'âneries qu'il croit profondes et puis, voyez, le bipède entreprenant là,
Vraiment qu'il finit par en crever, de ses si humaines âneries.
Profondément hein qu'il est idiot, le génie humain.
Quelqu'un passe, avec ses quatre vérités débiles... Ah
C'est un politique.
Lui, c'est quelqu'un, dites, un être de pouvoir, un sac à diplômes, une conscience, aussi conne que les autres, mais en plus doué.

2.
Le brouillard s'étant levé, - l'action de ce roman se déroule en Angleterre –, quelque enquêteur, je suppose évoquera le « secret de l'enquête ».
Il se pourrait donc que le lecteur ne sache pas tout de ce qu'il y aurait à savoir et qui permettrait de confondre le coupable.

3.
Je me demande si, une fois découverts, il serait arrivé que certains meurtriers s'échappassent de leur prison de phrases et se carapatassent dans le réel.
Faudrait faire tourner la table et demander à l'esprit de Dame Agatha.
Je ne pense pas que l'auteur du « Meurtre de Roger Ackroyd » nous dirait alors : « Avez-vous lu les journaux ? ».

4.
S'il est question d'un « Château des Trente » d'Horace Wallace dans ce roman de Mary London intitulé « Le Mort de la Tamise », c'est sans nul doute par goût du pastiche, cause qu'on connaît « Le Château d'Otrante », d'Horace Walpole, mais « Le Château des Trente », késako ? Du reste, il n'y a pas plus de Mary London que d'honnêteté intellectuelle dans la tête d'un pro-Poutine, puisque l'anglaise Mary London était en fait le français Frédérick Tristan, lequel s'appelait en fait Jean-Paul Baron.

5.
Quant à « peindre des fleurs et inaugurer des kermesses », quelque lady anglaise pourrait s'y adonner. Ce qui est plus moral et décent que de collectionner les amants dans d'épouvantables affaires d'accident d'automobile ou de jardinage.
Remarquez que, comme il arrive à je ne sais plus qui dans le bouquin, des fois on tourne et retourne une scène dans sa tête.
Cinoche portatif.
Caboche et cogitif.
Sinon quoi ? Le hip-hop bigoudi ?
Ou alors le be-bop dégourdi...

6.
Que « diverses pistes s'ouvrent » à la conscience enquêtrice, c'est le propre du roman policier et si l'on y déguste du « darjeeling » accompagné de « muffins », c'est pour faire couleur locale, effet de réel, chic fantaisie. Il y a aussi la bière et les compétitions de fléchettes, mais c'est d'un commun.

7.
On sait aussi qu'une fille lui avait été « naguère présentée », mais je ne sais plus ni qui, ni à qui (Nicky Niacky, ça doit être une danseuse de hip-hop). Par contre, j'ai bien noté le bout de phrase du « prénom entendu dans le brouillard : Jane... »
Citation : « mais le portrait de Jane Austen avec son délicat visage ovale sous un bonnet à dentelles, et son regard pénétrant le fascinait depuis des années. »
(Mary London, « Le Mort de la Tamise », pocket n°11336)

8.
Aussi fatal, dans la narration à énigmes et détective, le « poison dans le verre », et « subrepticement », sinon ça vaut pas le coup de parler de « force sournoise et invisible ».
Quant au « rhinocéros », depuis Ionesco, nous savons ce qu'il faut en penser (surtout si on y songe, parce que pour ma part, je ne songe que très rarement, et pour ainsi dire jamais, au « Rhinocéros » de Ionesco).

9.
Un livre avec  habits de soirée » et un secret qui « doit demeurer entre nous. »
Un livre avec « trompe-l’œil ». Vous m'escarguerez que rares sont les livres qui ne relèvent pas du trompe-l’œil, et ce sera bien escargué.

10.
Révéler « ce que sont ces masques », voilà le but de l'enquêteur.
Un personnage s’exclame : « Sir Malcolm, tout ce que vous dites là n'est pas vrai ! » Pardi ! Sir Malcom Ivory n'étant qu'un personnage de fiction, en soi, ce qu'il raconte n'est ni vrai ni faux, ou plutôt est aussi vrai et aussi faux que la plupart des machines à songes qu'on lit.

11.
« une maîtrise incroyable ». C'est ce qui fait l'intérêt des énigmes policières. Mary London est-elle d'une maîtrise incroyable ? Bah, ça se tient. J'ai lu pire. Mais c'est du vite fait quand même, de la mécanique ; ça roule quoi.

12.
« Que ce qui doit être fait soit fait ! », dit un personnage du roman. Dans le même genre, j'aime bien : « Ce qui est fait n'est plus à faire. » J'aime aussi le coq au vin, mais je n'en mange que rarement.
« La vérité est bien plus étrange que vous ne pensez ! ». Je crois bien que c'est le personnage de Malcolm Ivory qui dit cela, et même, comme on sait, que « La Vérité est ailleurs ». Ma sœur aussi, d'autant que je n'en ai pas.

13.
« comme il l'eût fait d'un automate. » J'aime bien cette fin de phrase. C'est que le réel manipule et qu'il grouille de manipulateurs. On leur donne le nom de « politiques ». Sinon, ce sont juste des gens avec lesquels vous avez affaire dans le quotidien du « comme il l'eût fait d'un automate », qu'on est payé pour, dis.

Patrice Houzeau
Malo, le 3 janvier 2024.

 

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