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BREFS ET AUTRES
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12 novembre 2023

L'UNIVERS PARALLELE DES CHOSES PERDUES

L'UNIVERS PARALLELE DES CHOSES PERDUES

1.
« En réalité, l'Arthur des textes gallois est un véritable « Amherawdr », Imperator, dont le pouvoir s'étend à travers les trois régions majeures de la Britannia post-romaine : le nord, le sud-ouest, et l'ouest gallois. »
(Marc Rolland, « Le Roi Arthur » (Editions Jean-Paul Gisserot, 2007)

En réalité, Arthur, je ne l'ai pas connu. Il est né avant même que je puisse savoir que j'allais naître moi-même. Il est même mort avant, Arthur.
Aurais-je aimé le connaître, le roi Arthur ? Non. Pour quoi faire ? Il aurait fallu que je parlasse je ne sais quelle langue ancienne que tous ceux qui la parlaient sont morts. Comme quoi, les langues anciennes, c'est dangereux.
Non, je n'ai pas connu le roi Arthur. Vous me direz que c'est un autre roi que je contemple le matin dans ma glace, le roi des je ne vous le fais pas dire. Je ne regrette donc rien, d'autant qu'il y a une île flottante au dessert.

2.
« D'ailleurs, chez Chrétien, le cortège manque singulièrement de références chrétiennes ; c'est une Demoiselle qui porte le Graal et on rechercherait en vain la présence d'un prêtre dans ce château enchanté. »
(Marc Rolland, « Le Roi Arthur »)

Que ce soit une Demoiselle qui porte une coupe pleine de sang, c'est assez singulier, comme dit le poisson en face du chat palmé, son couteau, sa fourchette et son citron.
Après, les prêtres, chacun le sait, il y en a de moins en moins, donc ils ont d'autres paroisses à paroisser, les curetons, que de fréquenter les légendes composées en ancien français.

3.
« Gauvain monte jusqu'à une salle splendide qu'inonde une intense clarté et trouve sur un lit un échiquier vide. »
(Marc Rolland, « Le Roi Arthur »)

Lorsque l'on trouve sur un lit un échiquier vide, évidemment, ce n'est pas pratique pour disputer une partie. Pareil, si vous n'avez pas d’œufs, votre omelette aura un drôle de goût, surtout si elle composée d'huile et de sardines sorties d'une boîte que vous avez préalablement ouverte.

4.
« Mais à Bour de Déols, en 470, nous apprend Grégoire de Tours dans son « Histoire des Francs », Riothamus est vaincu par Euric. »
(Marc Rolland, « Le Roi Arthur »)

Il s'en est passé des choses. C'est ce que je me dis souvent quand j'ai loupé plusieurs épisodes d'une série que je ne regarde pas parce que je n'ai pas la patience. Récemment, j'ai quand même à la suite zieuté les trois épisodes du bien ficelé «  Le Mystère Enfield ». Y a du fantôme, du poltergeist, du revenant, mais pas de parapluie.
Sinon, j'aime bien dans la version de Bourvil la chanson de Pierre Perrin, « Un clair de lune à Maubeuge », savez hein :
« Tout ça n'vaut pas
Un clair de lune à Maubeuge
Tout ça n'vaut pas
Le doux soleil de Tourcoing (coin-coin...) »

5.
« Pour la première fois dans l'évolution de la Matière de Bretagne, Geoffroy décrit non plus un champions de la résistance nationale contre les Saxons, mais un véritable conquérant, bientôt gagné par l'arrogance et l'hybris qui guettent inévitablement les grands conquérants. »
(Marc Rolland, « Le Roi Arthur »)

Y a toujours des choses qui nous guettent. Tout est plein d’yeux que l'on voit pas. Disparaissent-ils quand on les surprend ? C'est le coup du cornet de frites fantômes qui s'évanouissent mystérieusement comme happées par un estomac invisible.

6.
« Car chez Wolfram (mais non chez Chrétien, chez qui c'est chose convenue) Parzifal retourne à Montsalvage pour poser la bonne question, délivrer Anfortas (dont le nom vient d'« enferté », le blessé), devenir le roi du Graal à son tour. »
(Marc Rolland, « Le Roi Arthur »)

J'ignorais qu'il y eût un « roi du Graal ». C'est tout de même autre chose que le « Roi de la saucisse », même si dans la vie de tous les jours on a plus souvent besoin de saucisses que du Graal. D'ailleurs, le Roi de la saucisse peut tout ignorer de la quête du Graal et prospérer yop la boum alors que le Roi du Graal, sans saucisses, il ne peut pas manger de choucroute. Eh oui.

7.
« Une fois de plus, Lancelot disparaît, comme il en a l'habitude, et la Reine craint qu'il soit mort. Alors Gauvain, qui semble prédisposé à cette tâche, part à sa recherche. »
(Marc Rolland, « Le Roi Arthur »)

Dans la série Kaamelott, d’Alexandre Astier, Lancelot disparaît aussi et tous finissent par se demander s'il n'est pas mort. Par contre, la deuxième chaussette qui disparaît ne meurt pas forcément. Elle vit sa vie de chaussette dépareillée dans l'univers parallèle des choses perdues. C'est une quête aussi.

Patrice Houzeau
Malo, le 12 novembre 2023.

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12 novembre 2023

MÊME S'IL Y EN A QUI DISENT

MÊME S'IL Y EN A QUI DISENT

1.
« Ô mes pauvres petites aubépines, disais-je en pleurant, ce n'est pas vous qui voudriez me faire du chagrin, me forcer à partir. Vous, vous ne m'avez jamais fait de peine ! Aussi je vous aimerai toujours. »
(Marcel Proust, « Du côté de chez Swann » [le narrateur])

Les mômes, ça parle défois à n'importe quoi. Faut bien leur dire qu'il ne faut pas parler à des ceusses qu'ils connaissent pas. Le petit Marcel, voyez, lui parlait aux aubépines, mais y en a pas partout, des qui symbolisent l'innocence et la pureté virginale là.

2.
« Il aimait qu'Odette fût ainsi, de même que, s'il avait été épris d'une Bretonne, il aurait été heureux de la voir en coiffe et de lui entendre dire qu'elle croyait aux revenants. »
(Proust, « Du côté de chez Swann »)

Je ne sais pas si toutes celles qui portent une coiffe croient aux revenants. Voyez mon oncle, lui, c'est surtout quand il retrouve son parapluie qu'il y croit, aux revenants. Il dit : « Ah un revenant ! », et c'est son parapluie.

Après les revenants, ça existe encore, ça les revenants ? Dans le temps, oui, sans doute, il y en avait dans les maisons hantées, des revenants, mais maintenant, je ne sais pas s'il y en a encore beaucoup qui reviennent.

3.
« Le plus souvent maintenant quand je pensais à elle, je la voyais devant le porche d'une cathédrale, m’expliquant la signification des statues »
(Proust, « Du côté de chez Swann » [le narrateur])

Défois, il y a des gens i vous expliquent des choses. Le réel commente le réel. Bon, ça fait longtemps que l'on n'a plus à m’expliquer comment on mange les moules. Et comme je ne mange jamais de homard, je suis tranquille quant à la signification des statues.

4.
« la beauté du diable, du sang bleu, une vie de bâton de chaise, le quart d'heure de Rabelais, être le prince des élégances, donner carte blanche, être réduit à quia, »
(Proust, « Du côté de chez Swann »)

Connaissez-vous le sens de toutes ces locutions ? Moi, j'ai connu plusieurs chats. Plusieurs chiens. Je n'ai pas eu plusieurs vies. Mes chats et mes chiens non plus d'ailleurs.

L’expression « le quart d'heure de Rabelais », ça signifie un mauvais moment à passer, un mauvais quart d'heure quoi. Ce serait rapport au jour où Rabelais ne pouvant régler une note d'auberge, « écrivit « Poison pour le Roi et la Reine » sur des sachets de poudre ». Arrêté, il fut conduit de Lyon à Paris – c'est là qu'est l'astuce, « aux frais de l’État ». François 1er le fit ensuite libérer. Je lis cette anecdote dans une note de bas de page de l'édition du Livre de Poche de « Du Côté de chez Swann », annoté par Elyane Dezon-Jones.

5.
Je me demande quel est l'oiseau dont les Pink Floyd ont enregistré, bidouillé, mis en boucle la jactance à la fin de l'album « The Piper At The Gates Of Dawn ». Quel drôle de cyclique dindon dis donc.

6.
« Ce simple croquis bouleversait Swann parce qu'il lui faisait tout d'un coup apercevoir qu'Odette avait une vie qui n'était pas tout entière à lui ».
(Proust, « Du Côté de chez Swann »)

Les gens ont une autre vie que celle qu'on leur connaît, ou qu'on imagine. Parfois même plusieurs. Je ne crois cependant pas que les gens viennent d'autres planètes. Même s'il y en a qui disent.

7.
« J'en sais quelque chose, j'avais une amie qui a aimé une espèce de poète. Dans ses vers il ne parlait que de l'amour, du ciel, des étoiles. Ah ! ce qu'elle a été refaite ! Il lui a croqué plus de trois cent mille francs. »
(Proust, « Du Côté de chez Swann », [Odette])

Je l'ai toujours dit, il faut se méfier des vivants. Les vivants, ils ne restent tranquilles que morts. Et encore, paraît qu'il y en a qui reviennent. Quant aux poètes, avec leurs poches trouées et leur ventre vide, zont défois de ces appétits terribles.

8.
« Sauf en lui demandant la petite phrase de Vinteuil au lieu de la « Valse des Roses », Swann ne cherchait pas à lui faire jouer des choses qu'il aimât et, pas plus en musique qu'en littérature, à corriger son mauvais goût. »
(Proust, « Du Côté de chez Swann »)

Dans le genre chanson comique, amusante, drolatique, il y a « La Dame de Ris-Orangis », de Bernard Lelou et Ricet Barrier, qui « arrivait gare d'Austerlitz / Chaque matin à huit heures moins dix » et « vérifiait les signatures / au Ministère des Fournitures ». Ah oui.

Patrice Houzeau
Malo, le 12 novembre 2023.

9 novembre 2023

DE TEMPS EN TEMPS SUIVI DE DRAGONS

DE TEMPS EN TEMPS SUIVI DE DRAGONS

DE TEMPS EN TEMPS

« De temps en temps un photographe descendait de sa chambre. »
(Simenon, « Le Chien jaune »)

De temps en temps  Zut fait quelque chose, de
Temps en temps, quelque chose de mystérieux,
En tout cas il me semble que c'est mystérieux, de
Temps en temps il me semble que c'est mystérieux.
Un photographe en ferait-il un cliché ? Un
Photographe, comme s'il était question de photographe,
Descendait, comme s'il y avait des escaliers,
De sa chambre où Zut n'était pas, dans
Sa chambre, Zut, alors que, dans sa
Chambre, elle aurait dû y être, puisque je l'entendais remuer, la Zut, dans sa chambre, et que pourtant elle n'y était pas. Je vous l'ai dit, de temps en temps, Zut fait quelque chose de mystérieux.

DRAGONS

« L'un est roux et l'autre blanc ; ils sont sous deux rochers, ils sont énormes et connaissent chacun l’existence de l'autre. »
(Robert de Boron, « Merlin », [Merlin])

L'un, - Merlin parle d'un dragon aveugle – l'un
Est roux. C'est curieux, un dragon roux. Il me fait penser à un chat
Roux, ce dragon roux. Un chat crache mais pas des flammes.
Et l'autre – Merlin parle d'un second dragon –
L'autre (il y a toujours autre chose, n'est-ce pas?)
Blanc. Blanc, ça me fait penser au jeu d'échecs, ou à blancs les loups.
Ils – nous parlons des deux dragons – ils
Sont sous deux rochers. Pourquoi « sous » ? Je suppose que
Sous ces deux rochers, les
Deux dragons ont leur chambre à coucher. Les
Rochers, que font-ils dessous, ces deux bestiaux lance-flammes ?
Ils jouent aux cartes peut-être, aux énigmes, aux légendes.
Sont énormes, les deux dragons. Ça doit faire peur.
Enormes. Ça me fait penser à Godzilla. Enormes,
Et comme ils sont deux, et depuis longtemps, ils se
Connaissent et loin de chercher à s'cramer le mutuel,
Chacun admet assez philosophiquement
L'existence de l'autre, sinon ça serait pas vivable.
De l’existence de ces deux dragons, je ne suis pas certain. C'est
L'autre monde, celui qu'on dit et qui n’existe pas.

Patrice Houzeau
Malo, le 9 novembre 2023.

8 novembre 2023

LA SCENE EST A SEVILLE PUISQU'ELLE N'EST PAS A CONCARNEAU

LA SCENE EST A SEVILLE PUISQU'ELLE N'EST PAS A CONCARNEAU

1.
« Je l'ai de votre part longtemps entretenu ;
J'ai fait mon pouvoir, Sire, et n'ai rien obtenu. »
(Corneille, « Le Cid », II,6 [Don Arias à Don Fernand])

Que signifie ici l’expression « J'ai fait mon pouvoir » ?

- Qu'en « se réclamant d'Isis, Cléopâtre II gagne en popularité et en poids politique » - entendu cela dans un documentaire sur Arte de la série « Reines de l'Egypte antique » consacré à Cléopâtre II -, que je n'savions point qu'il y avait eu plusieurs Cléopâtre et que comme le dit une intervenante : « Isis était habituellement vue comme une divinité maternelle et protectrice » et qu'elle était « la plus grande divinité de l'Egypte antique ».
- Parce que la première ligne du roman « Le Chien jaune », de Simenon, est : « Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. », et non pas : « Je préfère les spaghettis sauce bolognaise aux pâtes à la carbonara. », et encore moins : « J'ai fait mon pouvoir, Sire, et n'ai rien obtenu.
- Que Don Arias a fait son possible pour calmer les ardeurs querelleuses du Comte, le but étant d'empêcher le duel entre Don Gomès et Don Rodrigue, et ainsi affirmer l'autorité royale sur les traditions héritées de la féodalité dont se réclamaient si souvent les nobles.

2.
« Chimène à vos genoux apporte sa douleur ;
Elle vient tout en pleurs vous demander justice. »
(Corneille, « Le Cid », II, 7 [Don Alonse à Don Fernand])

Pourquoi qu'elle est « tout en pleurs », Chimène ?

- Parce que comme l'écrivit l'historien Flavius Josèphe : « Dans le combat, le cheval de Ptolémée, [Ptolémée VI, l’époux de Cléopâtre II] effrayé par le barrissement d'un éléphant, se cabra et désarçonna le roi. » Ses ennemis en profitèrent et, grièvement blessé, Ptolémée mourut quelques jours plus tard, même que c'était en – 145.
- Parce qu'un personnage du roman « le Chien jaune », de Simenon, raconte à Maigret qu'il « y a peut-être cinq ans de cela », un tireur de cartes, lui a annoncé : « - Vous aurez une vilaine mort... une mort violente... Méfiez-vous des chiens jaunes... ».
- Parce que, quelques vers plus haut, Don Alonse annonce au roi :
« Sire, le comte est mort :
Don Diègue, par son fils, a vengé son offense. »
(Corneille, « Le Cid », II,7)

3.
« Sire, mon père est mort ; mes yeux ont vu son sang
Couler à gros bouillons de son généreux flanc ; »
(Corneille, « Le Cid, », II, 8 [Chimène à Don Fernand])

Là, je fais une pause parce que je pense à ce que j'entends sur France Inter, que les rats, selon des expériences récentes, seraient plus intelligents que l'on tagadait la fraise. D'ailleurs, certains font de la politique. Du coup, ça ne m'étonne pas. Bon, continuons :

« Ce sang qui tant de fois garantit vos murailles,
Ce sang qui tant de fois vous gagna des batailles,
Ce sang qui tout sorti fume encor de courroux
De se voir répandu pour d'autres que pour vous, »
(Corneille, « Le Cid, », II, 8 [Chimène à Don Fernand])

Je constate que Chimène n'est pas contente.
D'ailleurs, elle ne fait pas de jeux de mots.
Elle ne fume pas non plus la pipe. C'est le sang « qui tout sorti fume encor de courroux ». Ceci est une hyperbole.
Je pense qu'elle est très froide d'une très froide colère ou alors, terrassée par l'émotion, elle a « la voix qui me manque à ce récit funeste », dit-elle, même que « Mes pleurs et mes soupirs vous diront mieux le reste. », dit-elle aussi, parce que tout de même, il y a une anaphore.

4.
« Quoi ? viens-tu jusqu'ici braver l'ombre du Comte ?
Ne l'as-tu pas tué ? »
(Corneille, « Le Cid, », III, 1 [Elvire à Rodrigue])

Elvire, la « gouvernante de Chimène », comme nous le lampe à huile la didascalie initiale, n'est pas plus contente que Chimène.
D'ailleurs, elle ne chante pas de chansons paillardes.
Je ne pense pas non plus qu'elle fume la pipe.
Elle passe un savon à Don Rodrigue, - qu'elle tutoie, dis -, lequel a un peu trépassé le Comte, « Puisque qu'aujourd'hui mon père est l'offensé / Si l'offenseur est père de Chimène. », qu'il a dit.
Don Rodrigue est bien piteux.
Lui non plus ne chante pas de chansons paillardes.
Il ne fume pas la pipe.
Il n'a même pas de nez rouge et de pistolet à eau.
« Je cherche le trépas après l'avoir donné. », qu'il dit, le Cid malheureux comme une guitare qui n'a plus ni âme ni doigts.

5.
« Vous savez qu'elle marche avec tant de langueur,
Qu'assez souvent le crime échappe à sa longueur ; »
(Corneille, « Le Cid, », III, 2 [Don Sanche à Chimène])

Vous savez de quoi qu'il cause, le don Sanche, même qu'il est amoureux de Chimène, laquelle aime Rodrigue, lequel vient de lui trucider son père à Chimène ?
Il parle de l'institution de la Justice.
Comme quoi, les choses n'ont guère changé depuis le 17ème siècle, et qu'au 21ème siècle aussi, la Justice prenant son temps, les criminels courent les rues.
Et discourant sur la Justice, don Sanche n'évoque ni l'art de la choucroute, ni les OVNI, ni le destin de Cléopâtre II, laquelle rentra en guerre contre son mari, Ptolémée VIII, lequel fit assassiner son propre fils, à lui et Cléopâtre II, même que Cléopâtre II fut la mère de Cléopâtre III, ce dont Sanche se fiche, ainsi que des guerres en cours au 21ème siècle, et qui sont cause de nombreux massacres de civils.

Patrice Houzeau
Malo, le 8 novembre 2023.

7 novembre 2023

LA VALEUR N'ATTEND POINT QU'ON LUI SONNE LES CLOCHES

LA VALEUR N'ATTEND POINT QU'ON LUI SONNE LES CLOCHES

1.
« Percé jusqu'au fond du ….
D'une atteinte imprévue aussi bien que mortelle, »
(Corneille, « Le Cid », I,6 [Rodrigue])

Quel est le mot manquant ?

- le mot « gong » ? Ce serait donc qu'il l'aurait très frissonnant, Rodrigue, le muscle à palpitations ?
- Le mot « cirque » ? Chaque bipède n'est-t-il pas le clown triste d'un cirque qu'il se joue pour lui seul, fis-je en mangeant un violon.
- Le mot « schleuck », lequel désigne très exactement le son du ravioli tombant sur un amas de feuilles mortes (mais, évidemment, il faut qu'il pleuve des raviolis) ?
- Le mot « verre » ? Ciel, Don Rodrigue, accablé de soucis et de dilemme cornélien, se serait-il mis à la picole ?
- Le mot « cœur » parce qu'à ma connaissance, Rodrigue ne mettait pas de bigoudis ?

2.
Constatant que le duel entre lui et Rodrigue est désormais inévitable, le Comte, à la scène 1 de l'acte II du Cid, de Corneille, dit :
« Mais puisque c'en est fait, le coup est sans … . »

Quel est le mot manquant ?

- le mot « écho » ? Du reste, Corneille n'a-t-il pas écrit :
« Mais puisque c'en est fait, le coup est sans écho
Des savanes où mon âme erre et traîne un âne. » ?
Non, il ne l'a pas écrit. Il n'y a sans doute même pas songé. La plus belle femme du monde, si elle n'a que des œufs dans son frigidaire, elle ne peut que vous faire une omelette, mais reste la plus belle femme du monde.

- le mot « surcoût », ce qui signifie que, puisque « le coup est sans surcoût », le Rodrigue va recevoir l’exacte monnaie de sa pièce, et dans les tragédies, les affaires d'honneur se finissent bien plus mal que les histoires d'amour dans la chanson des Rita Mitsouko.

- Le mot « potage », car, puisque « le coup est sans potage », on va vite trancher dans le vif du sujet en croisant le fer et comme le dit Rouletabille dans « Le Mystère de la chambre jaune », de Gaston Leroux : « Maintenant, il va falloir manger du saignant ».

- Le mot « remède » et puisque « le coup est sans remède », préparez vos mouchoirs, c'est là qu'ça va s'nouer, car, comme le dit Rodrigue à la fin de l'acte I :
- « Puisqu'aujourd'hui mon père est l'offensé,
Si l'offenseur est père de Chimène. »

3.
« Je suis jeune, il est vrai : mais aux âmes bien nées
La valeur n'attend point …................................. . »
(Corneille, « Le Cid », II,2 [Don Rodrigue au Comte])

Quelle est la fin de ce vers ?

- « à l'arrêt d'autobus » ? En effet, « la valeur n'attend point à l'arrêt d'autobus », parce qu'au 17ème siècle, on n'avait pas encore inventé l'autobus, pas même la mobylette, voyez, et puis pourquoi qu'il prendrait l'autobus, Don Rodrigue, hein, pourquoi ?
- « qu'on lui sonne les cloches » ? En effet, « la valeur n'attend point qu'on lui sonne les cloches » car, détestant le vacarme et les remontrances, elle dégaine son revolver avant même que le fâcheux le fâchât et en fait du pâté de foie, du fâcheux là.
- « le nombre des années » ? En effet, « La valeur n'attend point le nombre des années », et toute petite déjà, elle étranglait des serpents dans son berceau et assommait des nurses à coups de gourde.

4.
« Un orage si prompt qui trouble une bonace
D'un naufrage certain nous porte la [ou les] …......... »
(Corneille, « Le Cid », II, 3 [Chimène à l'Infante])

Quel est le mot manquant ?

- le mot « carcasses » ? Chimène a une vision ; elle voit débouler des flots tout un naufrage de carcasses de noyés, de foudroyés des canons, de sans tête, sans bras, spectres et squelettes des galions engloutis.
- Le mot « menace » ? Quand un orage éclate soudainement alors que la mer est toute bonace (c'est-à-dire calme), c'est qu'il y a anguille dans les cieux ; du coup, ça fait du naufrage, ce qui signifie qu'elle les pressent mal, la Chimène, ses noces avec Rodrigue.
- Le mot « vinasse » ? Ah ça oui, la vinasse, ça cause du naufrage, qu'on titube et qu'on a bien du mal des fois à rentrer au port.
- Le mot « pouffiasse » ? Chimène pressentirait-elle quelque rivale ? Rodrigue serait-il volage ? Pourquoi êtes-vous si pâle ? Et quelle est cette tête de bouc qui traîne dans le potage ?
- Le mot « carnasse » ? C'est que, dans le bassin minier des années 70, il la traînait, sa carnasse à classeurs et cahiers, au retour de l'école et longeant les marronniers, le pauvre Toto, la tête pleine de zéros.

5.
A la scène 5 de l'acte II, l'Infante espère que Rodrigue sortira vainqueur du duel et que, ne pouvant dès lors épouser Chimène puisque « l'offenseur est le père de Chimène », c'est elle, l'Infante, qui du Cid aura le cœur. Ah, folle ardeur ! Elle le dit :
« Que veux-tu ? je suis folle, et mon esprit s'égare : »
(Corneille, « Le Cid », II, 5 [L'Infante à Léonor])

Quel est le vers suivant ?

- « Nanani nananère, et mon esprit s'égare
Dans des gares où nul train jamais ne s'arrête ?
- « Tralali tralalo, et mon esprit s'égare :
Vais-je m'laisser pousser la barbe et la moustache ? »
- « Que veux-tu ? je suis folle, et mon esprit s'égare :
Tu vois par là quels maux cet amour me prépare. »

Patrice Houzeau
Malo, le 7 novembre 2023.

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6 novembre 2023

ET NE PLUS FAIRE A LA FIN QU'UN POINT DANS LA NUIT

ET NE PLUS FAIRE A LA FIN QU'UN POINT DANS LA NUIT

1.
« Tous mes sens à moi-même en sont encor charmés :
Il estime Rodrigue autant que vous l'aimez,
Et si je ne m'abuse à lire dans son âme,
Il vous commandera de répondre à sa flamme. »
(Corneille, « Le Cid » I,1 [Elvire à Chimène])

De qui de quoi est-ce donc qu'il est question ?

- des « étranges lumières de Phoenix », même que ça s'est passé en 1997 aux Etats-Unis mais c'est pas sûr du tout que ça soit des OVNI et encore moins de pharalumineuse saucisses volantes ?
- Que le daron à Chimène est d'accord pour une éventuelle marida de sa fille avec un certain Rodrigue ?
- Des dons de voyance, de mentalisme, de télépathie, de psychologie qu'elle a, Elvire, la gouvernante de Chimène ?

2.
« Un moment donne au sort des visages divers,
Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers. »
(Corneille, « Le Cid » I,1 [Chimène à Elvire])

Chimène ici fait-elle preuve de :
- pessimisme ?
- de pessimisme quant à l'avenir de nos démocraties occidentales face à la montée en puissance d'un tas d'autoritarismes extra-européens ?
- D'une charmante lucidité ?
- D'une lucidité versifiée ?
- D'un grand amour pour la vérité en général et pour le poulet froid frites-mayo en particulier ?

3.
« Voulez-vous demeurer dedans la rêverie ? »
(Corneille, « Le Cid » I,2 [Léonor à l'Infante])

Qu'est-ce donc que ceci ?
- Une question sur l'intérêt que l'Infante (c'est une princesse) porte au rock progressif ?
- Une question sur la mélancolie ?
- Une question sur la fumette ?
- Une remarque sur la hauteur du Mont Blanc (4805 mètres) comparée à l'ego de Jean-Luc Mélenchon ?
- Ceci n'est pas une pipe. Et pas non plus une moustache.

4.
« Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes »
(Corneille, « Le Cid » I,3 [le Comte à Don Diègue])

Ce vers est-il monosyllabe ou monosyllabique ?
- Il est monosyllabique car il est composé de douze syllabes (on disait jadis « pieds » mais on ne le dit plus. Pourquoi ? Je ne sais pas).
- Il n'est pas monosyllabe car un vers monosyllabe est composé d'une seule syllabe. Par exemple, ce poème de Jules de Rességuier (« Sur la mort d'une jeune fille ») est composé de 14 monosyllabes :

« Fort
Belle,
Elle
Dort.

Sort
Frêle,
Quelle
Mort !

Rose
Close,
La

Brise
L'a
Prise. »

- En tout cas, le vers suivant est :
« Ils peuvent se tromper comme les autres hommes », et ça, c'est bien vrai.

5.
« Ton impudence,
Téméraire vieillard, aura sa récompense.
(Il lui donne un soufflet.) »
(Corneille, « Le Cid » I,3 [le Comte à Don Diègue])

Pourquoi donc que le Comte donne un soufflet à Don Diègue ?
- Parce qu'il est méchant et jaloux, bouh, comme un pou ?
- Parce que cet acte est l’élément déclencheur de la tragédie de Corneille intitulée « Le Cid » et qui fut représentée pour la première fois le 7 janvier 1637 ?
- Pour rallumer un feu qui pourrait s'endormir et ne plus faire, à la fin, qu'un point dans la nuit ?

6.
« Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! »
(Corneille, « Le Cid » I,4 [ Don Diègue])

Pourquoi donc qu'il s’exclame ainsi, le « téméraire vieillard » ?
- parce qu'il est trop vieux pour courir le jupon ?
- Parce qu'il sent bien qu'il ne l'a plus si délié, son citron ?
- Parce qu'il déteste les chicons au gratin ?
- Parce qu'il a oublié le pain, et donc la moutarde lui monte au nez ?
- Parce qu'à l'âge qu'il a, il ne saurait plus se battre en duel et venger son honneur, lequel s'en bat les flancs ?

7.
Le Comte étant le père de Chimène, et Rodrigue étant le fils de Don Diègue, et Don Gomès ayant souffleté le « vieillard téméraire », que va-t-il se passer ?

- Don Diègue va-t-il proposer à Rodrigue d'aller casser une croûte dans une brasserie du coin, histoire de décompresser ?
- Y aurait pas là comme un air de vendetta, de corrida, de trucida ? En tout cas, pour la marida avec Chimène, bin c'est-y pas qu'c'est pas gagné ?
- Don Diègue va-t-il proposer à Rodrigue de venger l'honneur familial et d'aller un peu trépasser le père de Chimène, même qu'il lui dit, Don Diègue à Rodrigue : « Meurs ou tue. » ? Ah ça, la tragédie classique, ça rigole pas, surtout avec l'honneur, lequel s'en tamponne la coquille.

Patrice Houzeau
Malo, le 6 novembre 2023.

5 novembre 2023

ET DIRE QU'ON NE SAIT TOUJOURS PAS QUI C'EST LA GRANDE BRUNE AVEC UNE QUEUE DE CHEVAL

ET DIRE QU'ON NE SAIT TOUJOURS PAS QUI C'EST LA GRANDE BRUNE AVEC UNE QUEUE DE CHEVAL

1.
Dans l'épatant album « Les disparus d'Apostrophes », de l'épatant René Pétillon, que cherche à savoir, même qu'il s'empresse, l'un des invités du cocktail organisé par l'éditeur du dernier livre de Guy Toutcrème ?

- « En quoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ? »
- « Qui c'est-y qu'a cassé le vase à monsieur Soissons ? »
- « Pourquoi pas Evans ? »
- « N'ai-je tant donc vécu que pour cette infamie ? »
- « Allons bon ! Où ai-je mis mon parapluie ? »
- « Qui c'est, le grand blond avec une chaussure noire ? »
- « Qui c'est, la grande brune avec une queue de cheval ? »
- « Qui c'est-y qui a laissé tomber sa moumoute dans la soupe à l'oignon ? »
- « Pensez-vous que je pense que vous pensez ce que je pense, intellectuellement parlant ? »

2.
Pour quelle raison, devant l'inquiétante demeure dans laquelle vient de pénétrer l'inquiétant Supermarketstein, Jack Palmer tient-il son pistolet à l'envers ?

- parce qu'il est distrait ?
- Parce que ce n'est pas un pistolet mais une boîte de sardines ?
- Parce qu'il faut bien que jeunesse se passe ?
- Par inversion maligne ?
- Parce que Jack Palmer est profondément suicidaire ?
- Pour déstabiliser l'adversaire ?
- Pour la raison que je ne vous le dirai pas, zavez qu'à lire l'album « Les Disparus d'Apostrophes », de Pétillon, au lieu d'écouter les incultes de la télé ?

3.
Pour quelle raison les six auteurs invités par Bernard Pivot pour évoquer Paul Claudel ont été enlevés par je ne vous dirai pas qui non plus (zavez qu'à lire l'album) ?

- parce que l'auteur de ce rapt déteste Paul Claudel ?
- Parce que l'auteur de ce rapt voue un culte étrange et occulte à Paul Claudel ?
- Pour constituer un « cabinet fantôme » ?
- Parce qu'il se sentait seul ?
- Parce qu'il se prend pour Fantômas ?
- Parce qu'il lui reste de la raclette à finir ?
- Pour la raison que je ne vous le dirai pas, zavez qu'à lire l'album « Les Disparus d'Apostrophes », de Pétillon, au lieu d'écouter les incultes de la télé ?

4.
Quel est le discret hommage que René Pétillon rend à Bernard Pivot au détour d'une réflexion que fait le double fictionnel de l'animateur à propos des exigences du docteur Supermarketstein ?

- Il rappelle que Bernard Pivot sait lire, écrire et compter, ce qui, en raison des progrès fulgurants du pédagogisme est, de nos jours, quelque chose d'assez remarquable ?
- Il rappelle que Bernard Pivot eut parmi ses interlocuteurs des écrivains aussi importants que Soljenitsyne, Norman Mailer et Borges ? (j'y ajoute, pour ma part, l'immense Simenon).
- Il rappelle mais personne ne répond ?

5.
Comment l'album « Les Disparus d'Apostrophes » finit-il ?

- par une bagarre générale et l'incarcération de Jack Palmer ?
- Par une bagarre générale et la canonisation de Jack Palmer ?
- Par une bagarre générale et un banquet qui, comme chacun sait, permet aux irréductibles Gaulois de se réconcilier autour d'une table ?
- Par le naufrage du Titanic (qui est le coupable ? Jack Palmer ? Le docteur Supermarketstein ? Bernard Pivot ? Jean-Edern Alien ? Zelensky ? Poutine ? Le parapluie de mon oncle ? Les maracas de ma tante ?)
- L'annonce du rétablissement de la monarchie en France ?

Patrice Houzeau
Malo, le 5 novembre 2023.

4 novembre 2023

L’EPATANT PETILLON ET LES DISPARUS D’APOSTROPHES

L’EPATANT PETILLON ET LES DISPARUS D’APOSTROPHES

1.
Au début de l’album « Les Disparus d’Apostrophes », de René Pétillon (Dargaud, 1982), que regarde le personnage de Jack Palmer ?-      La lune, même que Jack Palmer se dit qu’elle ressemble à une machine à coudre ?
-      Une émission d’« Apostrophes » consacrée à Paul Claudel ?
-      Un épisode en couleurs de la série des « Avengers », même qu’en français, elle n’est pas intitulée « Corned Beef et Parapluie de mon oncle » mais « Chapeau melon et Bottes de cuir » ?
-      Je note que si Emma Peel avait été unijambiste, le mot « bottes » n’aurait pas pris de « s ».
-      Un documentaire sur Chuck Berry parce que le rock n’roll y a que ça de vrai (avec les chicons au gratin, évidemment) ?
-      Les malheurs du monde dans une étrange lucarne ?
-      « Le Retour de la Saucisse assassine », nanar improbable autant qu’américain avec des adolescents niais, des adolescentes effrayées, de la choucroute, de la bière et des saucisses ?

2.
D’après le personnage de Paul Ménie dans l’album « Les Disparus d’Apostrophes », la traduction américaine du célèbre « Soulier de satin », de Paul Claudel, a pour titre :
-      « Roll over Beethoven » ?
-      « Personal Jesus » ?
-      « Gebt mir meinen Jesum wieder » ?
-      « Blue Suede Shoes » ?
-      « Rock n’ Roll Mops » ?

3.
Dans « Les Disparus d’Apostrophes », le personnage de Jean-Edern Alien est-il la caricature amusante de :
-      François Fillon ?
-      Nicolas Sarkozy ?
-      Régis Le Sommier ?
-      Michel Onfray ?
-      Le parapluie de mon oncle ?
-      Les maracas de ma tante ?
-      Jean-Edern Hallier ?

4.
D’après le personnage de Jack Palmer (c’est un détective privé à chapeau et imperméable ; il a un gros nez), si Balzac buvait « autant de café », c’est que :
-      Balzac était caféinomane ?
-      Balzac n’aimait pas le whisky ?
-      Les fraises lui donnaient de l’urticaire ?
-      Il écrivait des livres de cuisine ?
-      Balzac ne buvait pas tant de café que ça, mais ayant signé un contrat juteux avec une célèbre marque de café en grains de l’époque, il se donnait des airs ?

5.
Lorsque Madame de Frouth et Jack Palmer sonnent au domicile du double fictionnel de Bernard Pivot (le célèbre animateur de la célèbre émission « Apostrophes »), ce dernier était-il en train :
-      De lire ?
-      De dormir d’un œil et de lire de l’autre ?
-      D’invoquer les esprits des grands auteurs disparus afin qu’ils lui révèlent tous les secrets de leur génie, et si possible quelques anecdotes propres à nourrir leur légende et épater le téléspectateur ?
-      De contempler les malheurs du monde dans une étrange lucarne ?
-      Bernard Pivot n’était pas là car la voisine de Jack Palmer, Madame Franconi, l’avait enlevé pour en faire un personnage de victime dans un thriller ?

Patrice Houzeau
Malo, le 4 novembre 2023.

26 octobre 2023

DIABLE C'EST LOURD ! AH ÇA OUI...

DIABLE C'EST LOURD ! AH ÇA OUI...

1.
« Le mystérieux, l'énigme, le sens caché au cœur des phrases font partie de notre jeu. »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [la Rose à Corto])

Que signifie ce discours de la Rose ?
- Que la poésie est par essence énigmatique ?
- Que le « mystérieux, l'énigme, le sens caché » courent les répliques et les paroles les plus anodines aussi souvent que les passants traversent la rue ?
- Que l'énigme est la clé de ce monde de la même manière que si vous mettez du sucre dans votre café, alors il sera sucré ?
- Que, comme le dit Juliette Armanet, ce matin du 26 octobre 2023 sur France Inter, à propos du film « Les Choses de la vie », il y a « un film fantôme caché dans cette chanson » (la mélancolique « Chanson d'Hélène ») ?
- Qu'on ne fait pas d'énigmes sans se creuser la cervelle ?

2.
« Et ne sois pas trop surpris. En cheminant sur le sentier de l'éternel retour, tu nous rencontreras sans cesse, nous autres démons. »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [un démon à Corto])

Que signifient ces mots ?
- Que Corto Maltese, aussi bien que nous autres humains, est damné, condamné à cheminer « sur le sentier de l'éternel retour » ?
- Que l'éternel retour est par essence diabolique ?
- Qu'il n'y a pas plus de fin de l'Histoire que de bonne volonté et de bienveillance dans la tête d'un cadre d'un parti extrémiste ? Et qu'en conséquence, les Français feraient bien de se méfier du piège que l'éternel retour s'apprête à leur tendre aux présidentielles 2027 ? Voulez-vous vraiment le retour du pétainisme ? Voulez-vous vraiment être dirigés par le spectre du trotskisme ? Voulez-vous vraiment que Marianne lèche les bottes de Poutine ?
- Que les démons parlent français aussi bien qu'en Angleterre les démons parlent anglais ; ce qui prouve que les démons s'acclimatent partout, au point qu'ils circulent anonymes et poignards en tête ?
- Que la démocratie aura été une belle parenthèse dans l'histoire humaine et que la paix durable est une utopie ?

3.
« Diable, c'est lourd ! »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [le Diable])

Quelle est la cause de cette exclamation du Diable ?
- Le poids de l'Humanité ?
- La lourdeur des raisonnements de bon nombre de députés ?
- La réforme Blanquer revue et corrigée par Gabriel Attal ?
- La dalle que le Diable soulève et qui va laisser surgir des profondeurs les figures de « Caïn, Judas, Balal En Shînaar [je sais pas qui c'est, je reprends juste le nom donné dans l'album], Merlin l'Enchanteur, Eve, Jeanne d'Arc, le pape Clément V, Gilles de Rais, Dick Turpin [c'est un bandit de grand chemin britannique du 18ème siècle], et... Raspoutine ! [Ah, je savais bien qu'il finirait par se manifester]. »
- L'horloge de l'Apocalypse ?

4.
« C'est pourquoi les libertés publiques ne sont pas de simples règles religieuses ou morales, mais des règles juridiques. »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [lKlingsor])

Cette phrase, qu'implique-t-elle ?
- Que le droit positif est bien supérieur au droit naturel, lequel aurait vite fait, si on n'y prend garde, de prendre les masques de la religion ou de la morale pour réduire les humains en esclavage ?
- Qu'il n'y a pas, comme Klingsor le dit aussi, « de véritable liberté sans légalité » ?
- Que la Déclaration des droits de l'Homme ne se réfère jamais qu'à un droit « théorique et imaginaire » (il le dit aussi, ça, Klingsor, et nous voyons que Hugo Pratt s'intéressait aussi à la philosophie du droit, dite aussi philosophie politique) ?
- Qu'on ne peut reprocher à personne de n'avoir pas été foudroyé par quelque puissance surnaturelle ?
- Que le Diable va en être pour ses frais et Corto Maltese acquitté d'avoir refusé de se soumettre à la fatalité infernale de l'éternel retour ?

5.
Devinez un peu quoi qu'il arrive à la fin de l'album ?
- Corto Maltese glisse sur une peau de banane (le Diable a plus d'une peau de banane dans son sac) et se retrouve à l'hôpital ?
- Corto enregistre une galette électrique avec les Grateful Dead (y figure notamment le célèbre morceau « La Ballade de la Mer salée ») ?
- Corto décide de rester au pays des légendes helvétiques et, malgré les avertissements du chevalier Klingsor, tombe amoureux de la redoutable fée Kundry ?
- Corto se réveille dans son lit et Erica lui apporte son café du matin ?
- Corto part dans le soleil couchant, vers d'autres aventures, à cheval et chantonnant : « I'm a poor lonesome cow-boy » ?

Patrice Houzeau
Malo, le 26 octobre 2023.

26 octobre 2023

LE REEL EST CE QUI S'AFFRONTE

LE REEL EST CE QUI S'AFFRONTE

1.
« Ah tais-toi donc ! Nous avons une réalité à affronter. Viens ! »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [Klingsor à Corto])

Que veut ici dire Klingsor ?
- qu'il est en quelques planches passé de l'enfant dans la maison de Hermann Hesse au chevalier maudit. Mais est-ce le même Klingsor ? Je sais pas trop. Je ne suis pas assez attentif vu que je lis et j'écris tout en écoutant l'épatante Imelda May chanter du rock n' roll, du vrai, celui qui peut se jouer sur scène sans bidouillages électroniques de partout, du qui swingue, du genre rockabilly, si vous voyez ce que je.
- Que le réel est quelque chose qui s'affronte, sinon on s'écroule, s'effondre, puisque nous sommes tous, nous autres, des fighting spirits ?
- Qu'à chaque jour suffit sa peine, mais que quand faut y aller, faut y aller ?
- Qu'on n'est pas au bout de nos peines, surtout avec la sale guerre de Poutine en Ukraine et le conflit Israël-Hamas, et les glaciers qui fondent même que j'ai entendu sur France Inter que certains scientifiques disaient que même si on atteignait les objectifs prévus par les différentes conférences sur le climat, on allait quand même droit vers des soucis majeurs et autres catastrophes ?
- Que le chevalier Klingsor va provoquer la modernité en duel ? Du reste, le réel est ce qui s'affronte puisque ce réel s'impose à nous malgré les accords que nous avons passés avec nos fantômes.

2.
« Vous me cassez les pieds avec vos théories. Je me trouve ici à cause d'un rêve. »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [« l'ogre »-gorille à Corto et Klingsor])

Que veut dire ici le gorille (et c'est tout de même épatant ça, un gorille qui parle aussi bien que vous et moi touillons notre café) ?
- que la vie est un songe ?
- Qu'il ne veut pas se laisser prendre au filet des théories qui essentialisent souvent, quand elles ne disjonctent pas complètement comme bien des théories à la mode dans cet apogée du bavardage que sont les sciences humaines ?
Remarque : Le mot « apogée » ici peut aussi avoir le sens de « point de l'orbite d'un corps céleste le plus éloigné de la Terre ».
- Qu'il arrive que les rêves se réalisent, c'est-à-dire que, contaminés par le réel, ils deviennent à leur tour des sources de soucis à n'en plus finir ?
- Qu'on lui casse les pieds avec nos théories et que si ça continue, il va tout squéter et en faire une sculpture césarienne, du chevalier Klingsor en son armure là, un genre de ratatinage ferreux quoique esthétique (en tout cas, selon les critères des collectionneurs d'art moderne qui ne savent pas quoi faire de leurs sous) ?
- Qu'il faut pas toucher au grisbi et fiche la paix aux mômes avec votre SNU à la noix, bande de malades.

3.
« La rose alchimique est la clef de tout notre monde médiéval construit sur la légende initiatique... »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [Le chevalier Klingsor à Corto])

C'est quoi ça donc ?
- Une manière de dire que la fleur appelée rose est pleine à craquer de connotations, de symbolisme et tout ça auquel on ne pense pas toujours (c'est qu'on n'a pas qu'ça qu'à faire) de même qu'au moyen-âge, la plupart des gens, je suppose, n'y pensaient jamais, au symbolisme de la rose (rapport à ce qu'ils zavaient pas qu'ça qu'à faire non plus, les gens) ?
- La rose alchimique serait-il le nom qu'au moyen-âge on donnait au LSD ? Ce qui expliquerait bien des incongruités, sans compter les aventures hallucinées des chevaliers de la Table Ronde et moult fascinations ?
- Fumisterie, billevesée, sottise, ésotérique n'importe nawak, galimatias brumeux, foutaise à barbiche, lalannerie bêlante ?
- Le début d'un livre écrit pour épater le zozo et lui faire acheter bien cher un bouquin censé lui révéler les secrets de l'Histoire du Monde cependant qu'il n'y trouvera que perlimpinpineries et anachronismes drolatiques ?
- Le début d'un sketch des Monthy Python ?

4.
Corto Maltese doit rentrer dans un château qui parle pour en ramener la rose alchimique et la remettre au « chevalier sorcier, messire Klingsor ». « Et comment feras-tu pour traverser sur le fil de l'épée ? » lui demande la voix du château.
Comment Corto Maltese va-t-il résoudre ce problème ?
- Il ne va pas le résoudre car il va se réveiller ; Corto, c'est juste un gros mytho, ou alors un grand rêveur, et il n'y a pas plus de château qui parle, de rose alchimique, de fil de l'épée à traverser que d'osse en la banane ?
- Il ne va pas le résoudre seul car c'est le moment que va choisir Raspoutine pour apparaître, même qu'il a placé une machine infernale dans le château et dans une autre histoire et que tout va donc exploser ?
- Il va le résoudre par un oh c'est bien simple mais je ne vous dirai pas comment ; zavez qu'à lire l'album. Et comme vous avez soif de culture, vous en profiterez pour écouter un album de Imelda May, du rock n' roll comme on n'en fait plus, sauf que si, puisque Imelda May en fait.
- Il va appeler Mandrake le Magicien, lequel en un shazam de bon aloi va métamorphoser l'épée et son fil en un pont très solide ?
- Il va, grâce à des arguties dont seul Hugo Pratt avait le secret, convaincre le fil de l'épée de le laisser passer ?

5.
Dans « Les Helvétiques », il y a un moment où Corto Maltese danse. Mais avec qui danse-t-il ?
- avec les Grateful Dead en concert dans quelque farce médiévale ?
- Avec quatre squelettes, lesquels interprètent sur leurs instruments, le branle (c'est une danse médiévale) intitulé « La Délurée du couvent » ?
- Avec personne. D'ailleurs, il croit qu'il danse, mais en fait il rêve.
- Avec sa cousine, même qu'après ils iront manger de la tarte aux abricots, parce que c'est dimanche et que c'est l'été ?
- Avec la Mort, laquelle l'a rattrapé et lui accorde une dernière danse avant que je referme l'album et que j'aille me coucher ?

Patrice Houzeau
Malo, le 26 octobre 2023.

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