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BREFS ET AUTRES
amusettes
14 octobre 2023

DES EXEMPLES DE GRAMMAIRE LES FANTÔMES

DES EXEMPLES DE GRAMMAIRE LES FANTÔMES

1.
« They had to meet people who they did not much care for. »
(exemple de grammaire)

Cette phrase signifie-t-elle :
- que défois, y a des gens, on est quand même content de pas avoir à trop les fréquenter, et moi, voyez, la mixité sociale, euh, ça m’intéresse pas beaucoup.
- Qu'il faut de tout pour faire un monde et que ça n'empêche pas que le monde tourne mal ?
- Que les belles paroles au président Macron sur le courage des enseignants et des personnels face au terroriste d'Arras (fiché S pour radicalisation islamiste), c'est bien mais dites, les politiques, va falloir prendre ses responsabilités, et réellement les virer du pays, les apprentis djihadistes, sinon, en 2027, facile qu'elle prend le pouvoir Marine.
- Qu'il a fallu les rencontrer ces gens, même qu'ils ne les appréciaient pas.

2.
« John had his car stolen outside the school. »
(exemple de grammaire)

Cette phrase dit-elle :
- une vérité contemporaine ?
- Que ce sont des choses qui arrivent, que ça ne devrait pas arriver, mais que ça arrive quand même ?
- Que la pluie, ça mouille ; que la guerre, ça fait des morts ; que Mélenchon ne sera jamais président de la République ?
- Que John i va devoir aller à pied ?
- Que John had his cas stolen outside the school même que ça lui casse bien les...

3.
« Prices have gone up tremendously. »
(exemple de grammaire)

Cette phrase affirme-t-elle ?
- une vérité aiguë, contemporaine, contondante, très embêtante ?
- L’existence d'un racket organisé par la grande distribution ?
- La fin des haricots alors que les carottes ne sont même pas encore cuites ?
- La victoire de l'extrême-droite aux présidentielles françaises de 2027 ?
- que nous sommes au bord d'un crash boursier, et peut-être même au bord de la WW3 ?

4.
« If we don't learn from the mistakes of History we're doomed to repeat them. »
(exemple de grammaire)

Cette phrase est-elle :
- une vérité sans doute mais qui sonne un peu creux because la plupart des politiques s'en fiche bien du passé et donc extrême-droite et extrême-gauche gagnent des voix sur le dos des partis démocratiques ?
- Un exemple de l'usage de la condition en grammaire anglaise ?
- La recette de la déconfiture à venir de nos démocraties, si nous continuons à la jouer « résilience, bienveillance, multiculturalisme, vivre-ensemble » et toutes ces sottises ?
- L'illustration de la nécessité du « Si vis pacem, para bellum » ?
- Que si ça se trouve, et même s'il est impopulaire, on va être obligé de demander au président Macron (que je n'apprécie pourtant pas beaucoup) de réformer la Constitution pour pouvoir faire un troisième mandat ?
- Que le choix qui s'offre à nous n'est plus entre démocratie et dictature, humanisme et barbarie, mais entre technocratie et chaos ?

5.
« Never complain, never explain »
(citation royale)

Cette devise est-elle :
- salutaire, magnifique, idéale, typique du savoir-vivre britannique qu'on rêve ?
- Un vœu pieux, une belle étrangeté dans un monde où on promeut la massification de l'université, qui devient dès lors une machine à produire bavardages et sophismes ?
- En tout cas, elle pourrait faire un beau titre de pop song,
- Aussi fondamentale que « Cogito ergo sum », « Si vis pacem, para bellum », « L’existence précède l'essence », « L'enfer, c'est les autres »,et autres choses à retenir si l'on veut tenter de vivre à peu près intelligemment dans ce monde corrompu ?
- Aussi profonde que l'être des fantômes qui n’existent pas et qui sont pourtant partout présents.

Patrice Houzeau
Malo, le 14 octobre 2023.

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13 octobre 2023

FASCINATION DES GONGS INOUÏS

FASCINATION DES GONGS INOUÏS

1.
« Je le rince, je l'étire (je commence à m'énerver, il faut en finir), je le masse, je le serre, je le résume et l'introduis dans mon verre, et jette ostensiblement le contenu par terre, et dis au garçon : « Mettez-moi donc un verre plus propre. »
(Henri Michaux, « Mes occupations »)

Le narrateur de cette fantaisie est-il :
- un rince-cochon ?
- Un étireur de temps, de phrases, un maniaque des verreries ?
- Un révolutionnaire ? Un putschiste ? Un complotiste ?
- Un pilier de bistrot ? Un forcené ? Un pris de delirium ?
- Un menteur vu qu'en fait il passe son temps à composer des recueils en regardant passer des chameaux invisibles à son plafond lézardé ?
- Un auditeur des gongs inouïs ?
- Un jeteur de sorts en buvant son verre ?

2.
« Je suis gong et ouate et chant neigeux,
Je le dis et j'en suis sûr. »
(Henri Michaux, « Je suis gong »)

De quoi le narrateur est-il « sûr » ?
- de sonner juste ?
- De sonner juste et fort ?
- De sonner juste et fort et profond ?
- De sonner qu'on dirait un peu de mélodie qu'on s'en souvient vaguement qu'on contemple, bouche bée, la neige tomber dans la nuit de la fenêtre ?
- Le narrateur est aussi décalé que le temps qu'on comprenne que le monde vire au cauchemar on s'en réveillera pas ?
- Que si on laisse faire les islamistes, la France deviendra un enfer ?
- « Que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit » ?

3.
« S'il a froid, il pense aussitôt qu'il pense avoir froid, puis il se voit penser qu'il pense qu'il a froid ; »
(Henri Michaux, « L' éther »)

Le narrateur est-il ici :
- cartésien ?
- Fonctionnel et réflexif comme le langage des humains ?
- Adepte de la théorie du réel comme pure perception de l'esprit ?
- Perdu dans le labyrinthe de ses pensées, que tout à coup, le réel se pointe et lui plante un grand coup de pied au cul, histoire de lui apprendre à vivre avec ses contemporains ?
- Frigide, d'un abord glacial, draculesque, vampirant, hululant, aussi improbable qu'un raisonnement juste dans la tête d'un député (surtout s'il a fait Sciences Po) ?

4.
« (C'est pourquoi j'aime tellement les  Encyclopédies illustrées . Je feuillette, je feuillette et j'éprouve souvent des satisfactions, car il y a là la photographie de plusieurs êtres que je n'ai pas encore été. [...])
(Henri Michaux, « Encore des changements »)

Le narrateur croit-il en :
- la réincarnation ? Migration des âmes ? Métempsychose et toutes ces sortes de choses ?
- La toute puissance des « Encyclopédies illustrées » (en tout cas tant que les panzers ne sont pas encore arrivés dans sa rue) ?
- La toute puissance des photographies, des images, des magazines, des bigoudis, des saxophones, des trombones, des prises de parole, des lunettes, des fruits au sirop, des gongs, des chameaux et des gongs ?
- Que Mélenchon sera un jour président de la République (ce qui est aussi vraisemblable qu'une apparition de la Sainte Choucroute au beau milieu de la table les jours où on n'a plus que des pâtes à manger) ?
- La fin heureuse de l'Histoire et toutes ces carabistouilles que les bonnes âmes racontent aux mômes dans les écoles ?

5.
« Et, la nuit, il fallait entendre les coups de pattes des chameaux quand ils essayaient de franchir les écluses, gong ! gong ! sur le métal et les madriers ! »
(Henri Michaux, « Intervention»)

Le narrateur est-il ;
- victime d'hallucinations chamelières et fasciné par le son du gong ?
- Près du fleuve aux longues taches brunes ?
- Agacé des sons, guetteur d'invasions à bosses, gardien des écluses ?
- Fan du groupe Caravan lequel fut un groupe de rock progressif de l'école dite « de Canterbury » ?
- Certain de l'imminence d'une invasion d’extra-terrestres à deux bosses qu'il les entend déjà qui tentent « de franchir les écluses, gong ! Gong ! » ?

Patrice Houzeau
Malo, le 13 octobre 2023.

 

13 octobre 2023

FUMISTERIE A CHAPEAU

FUMISTERIE A CHAPEAU

1.
« … ce salon doré... (indiquant la droite) ces grands portraits de famille qui avaient l'air de me dire : « Veux-tu t'en aller ! nous ne vendons pas de chapeaux !... » Tout ça m'a donné un trac !...
(Labiche et Marc-Michel, « Un Chapeau de paille d'Italie », [Fadinard])

Cette réflexion que le Fadinard s'administre signifie que :
- Fadinard exerce le métier de chapelier timide ?q
- Fadinard a la phobie des tableaux, des natures mortes aussi bien que des « grands portraits de famille » ?
- Je n'aurais pas dû manger le lapin blanc de l'histoire d'Alice. Depuis, il me semble que le temps me manque.
- Ce n'est pas parce que les gens écrivent bien qu'ils disent des choses intéressantes ?
- Fadinard a le trac. C'est un truc qui vous rend patraque.

2.
« Une fois là, vous me dites : « Attends-moi, je vais chercher un parapluie... » J'attends, et vous revenez... au bout de six mois... sans parapluie ! »
(Labiche et Marc-Michel, « Un Chapeau de paille d'Italie », [Clara])

Cette récrimination de Clara signifie que :
- Clara a absolument besoin d'un parapluie et que depuis six mois, elle a donc régulièrement les cheveux trempés ?
- « Clara veut la lune », comme dit la chanson à Alain Chamfort, et elle n'a même pas de parapluie !
- Je ne connais aucune Clara... Ce n'est donc pas demain la veille que je vas lui ramener un parapluie, et encore moins une tarte aux fraises ?
- Lorsque le président parle, on regarde la télé. Lorsque le président a fini de parler, on regarde la télé. Enfin, on dit qu'on regarde la télé qu'en fait, on mange des pâtes en parlant d'autre chose.
- J'aime quand Clara joue de la clarinette car Clara joue bien de la clarinette et j'aime aussi quand Suzon joue de l'accordéon car Suzon joue bien de l'accordéon. Quant à Léon et son piston, ah non, ça j'aime pas.

3.
« Je vais vous dire... c'est plein de fumistes. »
(Labiche et Marc-Michel, « Un Chapeau de paille d'Italie », [Fadinard])

Dans cette phrase, le Fadinard évoque :
- le gouvernement ?
- L'Assemblée nationale ?
- Le paysage audiovisuel français ?
- L'éducation nationale ?
- Le contenu de ma caboche ?

4.
« Dont on fait de très jolis chapeaux...
         Que mangent les chevaux. »
(Labiche et Marc-Michel, « Un Chapeau de paille d'Italie », [Fadinard])

Dans ces deux vers serinés par le Fadinard, est-il question :
- de la fatalité des chapeaux de paille d'Italie à se faire manger par les chevaux ?
- De la beauté des chevaux et du goût exquis de certains chapeaux de paille d'Italie ?
- De la Place rouge qu'était vide même qu'elle avait un joli nom mon guide Nathalie qu'il chantait le Gilbert Bécaud ?
- Du dernier électrotruc composé enregistré formaté entubé diffusé assené du groupe « Stupid Horses » ?
- de la mort du petit cheval ?

5.
« Qu'à cela ne tienne, madame... quoique, à vrai dire, ce ne soit pas moi personnellement qui ai mangé votre chapeau... »
(Labiche et Marc-Michel, « Un Chapeau de paille d'Italie », [Fadinard])

Cette remarque du Fadinard est-elle ?
- chapelière et désinvolte ?
- Chapelière, désinvolte et dégingandée ?
- Chapelière, désinvolte, dégingandée et moutardée ?
- Chapelière, désinvolte, dégingandée, moutardée mais pertinente ?
- Absolument déplacée et nous attendons avec impatience et régalade que l'Association de Défense des Chapeaux Harcelés porte plainte contre ce misérable Fadinard et ses plaisanteries obscènes. Nous avons confiance en la justice car nous savons qu'est grande la sagesse du Haut Chapeau Pointu Turlututu.

Patrice Houzeau
Malo, le 13 octobre 2023.

 

8 octobre 2023

POISONS

POISONS

1.
« A chaque décès dans l'entourage du Roi, les médecins ont été invités à ouvrir les corps afin de s'assurer que le poison n'était point à l'origine de la mort. »
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti])

Cette phrase nous dit-elle que :
- « la Chambre ardente », de Max Gallo, est un texte qui a pour sujet la célèbre « Affaire des poisons », affaire d’État qui secoua le royaume de France entre 1672 (mort de l'aventurier Godin de Sainte-Croix) et son épilogue de 1709 où « un arrêt du Conseil du roi ordonne de faire brûler les « vingt-neuf gros paquets de divers registres », procès-verbaux et rapports de police » relatifs à l'affaire) ?
- « We don't know how to handle the problem of immigration », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, que nous non plus, on s'en sort pas ?

2.
« La cour de France entretient en effet une nuée d'espions, laquais, gentilshommes, argousins, prêtres chargés de rapporter tout ce qui se dit et se trame à Paris. »
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti])

Cette phrase nous aventure-t-elle que :
- le mot « argousin » désignait jadis un officier de « surveillance », et donc de renseignement ?
- Qu'il n'y a pas d’État sans service de renseignement ?
- « Immigration has become the hottest political issue », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, qu'en France, c'est pareil, que ça risque aussi d'être l'un des enjeux des élections présidentielles 2027 ?
- qu'on ne fait pas d'omelettes sans se poser la question des frites, du jambon, du fromage râpé mais défois quand même qu'on se la pose pas, la question ?
- Le samedi 7 octobre 2023 au matin, le Hamas a lancé une attaque-surprise contre l'Etat d’Israël. Ce qui est surprenant, c'est qu'apparemment, le Mossad n'a rien vu venir ?

3.
« - Je suis celui qui voit l'envers des choses, me confiait-il parfois alors que j'évoquais la cour de Versailles où il se rendait peu, ne se mêlant jamais à la tourbe des courtisans, mais voyant le Roi en tête à tête. »
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti rapportant un propos de La Reynie])

Cette phrase nous locomotionne-t-elle que :
- s'il y a l'endroit des êtres, il y a aussi leur envers ?
- la réalité a au moins deux faces, et parfois deux cornes et des pieds fourchus, ou alors de gros sabots ?
- Il y en a qui disent que si le 7 octobre 2023 le Hamas a lancé une attaque-surprise contre l'Etat d’Israël, ce serait afin de saboter un rapprochement que l'on dit possible entre Israël et l'Arabie saoudite ?
- « Their set of values is different from ours », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, que, de toute façon, à mon avis, plus on est que ça finit par faire trop et qu'on a des problèmes ?
- Que l'essentiel n'est pas visible et qu'il faut faire attention à ne pas se laisser couillonner par les apparences ?

4.
« Je me souviens qu'à Paris, au mois de septembre 1676, des femmes s'étaient rassemblées dans les rues, criant qu'on enlevait les enfants pour les égorger. » 
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti])

Cette phrase nous abomine-t-elle que :
- défois on croit que c'est du complotisme et puis il y a du réel dedans, genre qu'on disait que le Covid-19 était peut-être bien une saloperie bricolée dans un labo chinois qu'on nous croyait pas mais qu'on se le demande quand même ?
- Ceci dit, les OVNI ne viennent pas d'autres planètes (s'te blague) mais qu'ils soient des prototypes d'aéronefs étonnants bien de chez eux (les Américains), cela ne m'étonnerait pas ?
- Elle est complétée par, tiré du même ouvrage, même auteur, même narrateur : « J'avais cru qu'il s'agissait d'une de ces rumeurs qui soulèvent le peuple mais qui n'ont aucun fondement, sinon la peur. »
- « They feel excluded from this society », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, que ça, évidemment, si nul n'est prophète en son pays, souvent que ça marche pas non plus à l'étranger ?
- Que je me demande si l'attaque-surprise du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre l'Etat d’Israël n'est pas un indice de plus que la WW3 a réellement et déjà éclaté ?

5.
« Ces allusions indiquent que La Reynie commençait à penser que les alchimistes, les devineresses, les prêtres sacrilèges, les « empoisonneurs » formaient une sorte de confrérie avec ses rituels,... »
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti])

Cette phrase nous secrète-t-elle :
- qu'il existerait des sociétés secrètes dont l'influence serait maléfique ?
- Qu'il y aurait un camp du Bien et un camp du Mal et, entre les deux, des milliards de bipèdes qui grenouillent, pataugent, crapahutent, bossent et bavardent, et se reproduisent ?
- « The Habeas Corpus Act provides a guarantee against emprisonment without trial », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, que ça c'est car nous vivons en démocratie, mais que la démocratie n'est pas le modèle politique le plus répandu au monde ?
- Que pour être heureux, vaut mieux pas se mêler des affaires des autres, qu'elles soient secrètes ou pas ?
- Que les politiques ayant un peu trop tendance à se mêler de ce qui ne les regarde pas, ils s'étonnent après de n'être pas aimés.

Patrice Houzeau
Malo, le 8 octobre 2023

8 octobre 2023

LE CONTRAIRE SERAIT TOUT AUSSI INQUIETANT

LE CONTRAIRE SERAIT TOUT AUSSI INQUIETANT

1.
« Je sais bien que c'est un livre en collaboration, mais ce sont les dessins qui le feront vendre. Ils vous font rire, ils vous obsèdent... vous terrifient. »
(Patricia Highsmith traduit par Michel-Courtois Fourcy, « Une Créature de rêve » [une jeune femme à Mr Sutherland])

Cette phrase signifie-t-elle que :
- il y a des dessins dont la puissance est telle que les plongeurs acrobates ne font pas fatalement songer aux électriciens de l'air ?
- Certains livres ne se vendent que par la qualité des dessins qui les illustrent ?
- Dans le théâtre classique, demander que son propre sang ne soit point épargné est le prélude à bien des tirades ?
- Je regrette de n'avoir pas tenté ma chance dans le dessin. Si cela avait marché, sans doute aurais-je été plus tranquille qu'à essayer d'enseigner (ce qui est en soi moyennement intéressant et de plus en plus contraignant) ?
- Toutes celles que l'on jette dans des cachots ne se sont pas rendues en d'autres provinces pour ramener des plantes à poison.

2.
« En fait, elle semblait éviter ses yeux et aurait pu tout aussi bien boire son verre sans lui. La lumière jaunâtre qui arrivait de derrière le bar tombait sur la large bretelle qui barrait de blanc son épaule. »
(Patricia Highsmith, « Une Créature de rêve »)

Ce qui est décrit dans cette phrase signifie-t-il que :la personne en question (le pronom « elle ») aime boire seule ?
- Cette personne est mal à l'aise, ou indifférente, ou méfiante et qu'elle ne tient pas à converser avec celui qui l'accompagne ?
- Quand les ducs manœuvrent avec une habileté de diable champion, il se peut que les reines n'aient pas tout à fait tort ?
- « la lumière jaunâtre qui arrivait de derrière le bar » se prépare à la dévorer ?
- qu'il n'est pas nécessaire que dans les parages traîne un dragon pour avoir envie d'aller porter ses pénates ailleurs. Il se pourrait aussi que le dragon fût partout ?
- Si j'étais elle, j'éviterais d'être un personnage dans un roman policier. Ça porte malheur.

3.
« Et bizarrement, il en était de même pour lui qui, après avoir travaillé jusqu'à deux heures du matin, décidait brusquement, s'il avait faim, d'aller manger un hamburger dans un bistrot du coin, ouvert toute la nuit. »
(Patricia Highsmith, « Une Créature de rêve »)

Le personnage évoqué dans cette phrase est-il :
- omnivore, noctambule, impulsif ?
- Obsédé par les hamburgers ?
- Workaholique ?
- Pas plus anormal que les autres anormaux qui constituent cette normalité des gens ordinaires que l'on appelle « société » ?
- Moustachu mais seulement dans des clips vidéos mexicains avec trompettes ?

4.
« - J'y pense brusquement.. Sur quelle sorte de flic risque de tomber Elsie ? Elle peut s'entendre dire que c'est elle qui provoque le vieux bonhomme. »
(Patricia Highsmith, « Une Créature de rêve » [Jack])

Cette phrase signifie-t-elle que :
- certains policiers ne prêteraient pas assez l'attention à ce que disent les femmes qui se sentent épiées, espionnées, voire harcelées par le « vieux bonhomme » ?
- qu'il faut se méfier, surtout si on est une jolie fille, du « vieux bonhomme », et surtout s'il a l'air d'un jeune ?
- Lorsque le prince retourne en ses Etats, on licencie les troupes. Dès lors, on doit se fier au renseignement. Et surveiller les soldats désœuvrés.

5.
« Puisque Dieu lève la patte, tout est pour le mieux du monde dans le meilleur des mondes, pensait Ralph Linderman, alors qu'il atteignait le coin de Grove Street et de Bleecker Street. »
(Patricia Highsmith, « Une Créature de rêve »)

Cette phrase signifie-t-elle que :
- l'auteur joue de la paronymie « God/Dog » et plaisante ainsi sur « le meilleur des mondes possibles » - « die beste aller möglichen Welten », comme l'écrivit Leibniz - dans lequel les chiens font ce qu'ils ont à faire ?
- Il est sans doute nécessaire que le nom signifie le destin pour que le destin s'accomplisse, mais bien sûr, d'une manière qui peut s'avérer cruellement ironique.
- L'auteur aime à plaisanter, y compris lorsqu'elle compose des romans policiers, et honni soit qui mal y pense ?
- L'action se passe à New York (Grove Street et Bleecker Street étant des rues new-yorkaises) ?
- Prendre le prétexte d'une rupture avec la Russie pour lever de nouveaux impôts, voilà qui en France va de soi. Le contraire serait d'ailleurs inquiétant.

Patrice Houzeau
Malo, le 8 octobre 2023.

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4 octobre 2023

PARCE QU'ON N'EST JAMAIS ASSEZ ATTENTIF AUX CYGNES

PARCE QU'ON N'EST JAMAIS ASSEZ ATTENTIF AUX CYGNES

1.
« C'est peu après que j'écrivis cette injonction dans mon premier roman « Vendredi ou les Limbes du Pacifique » : « Prenez garde à la pureté, c'est le vitriol de l'âme ! ».
(Michel Tournier, « Un rêve », in « Célébrations »)

Tournier a écrit que la pureté est « le vitriol de l'âme » parce que :
- je sais pas vous, mais moi, je me sens fatigué,
- Parce qu'il raconte dans un texte intitulé « Rêve » une histoire de « moignons sanglants » et de « mains » disparues ?
- Parce que la pureté est une fascination et non une raison,
- Parce que la pureté en tant que valeur morale est très rare, vraiment très rare, vraiment très très rare ?
- Parce qu'en 2023, presque chaque jour sont révélées des affaires de corruption et que, presque jour, on
apprend que des coupables se promènent en liberté ?
- Parce que comme le dit Michel Tournier : «  C'était, je pense, alors qu'on ne parlait que des premiers hommes déposés sur le désert de la Lune. »
- Parce que je n'aime pas Macron ni d'ailleurs aucun politique. D'ailleurs, je ne vote pas.

2.
« Devant moi, les saris et les foulards de mes ouailles font des taches chatoyantes. »
(Michel Tournier, « Bombay » in « Célébrations »)

Tournier évoque « saris et foulards » aux couleurs chatoyantes » car :
- l'auteur se trouve à Bombay où il donne des cours, ou fait des conférences, ou cueille des champignons devant « une centaine d'étudiants et d'étudiantes sur tel ou tel sujet littéraire contemporain »,
- l'auteur a pris du LSD et s'épate des chatoyances en écoutant l'album « Sergeant Pepper's Lonely Hearts Club Band », des Beatles, un des meilleurs albums d'un des meilleurs groupes de pop/rock des années 60,
- parce que, du coup, je me dis Quelle est la définition de « sari » et que donc Wikipédia nous poivre et cannelle qu'un sari est une « longue pièce d'étoffe », un « vêtement traditionnel porté par des millions de femmes d'Asie du Sud (principalement en Inde, au Népal et au Bangladesh) »,
- j'ai vérifié : le gingembre a bien son origine en Inde tout aussi vraiment que moult politiques sont originaires de Connardie occidentale (et de leurs grandes écoles),
- parce que je n'irai jamais en Inde et que donc ce genre de phrase me dépayse.

3.
« Mais les fillettes se tiennent désormais à distance respectueuse des cygnes. »
(Michel Tournier, « Mes deux châteaux » in « Célébrations »)

« les fillettes se tiennent désormais à distance respectueuse des cygnes », parce que :
- parce qu'une institutrice leur a raconté que Léda « aimait trop les cygnes » et que ça lui a joué le mauvais tour de Castor et Hélène,
- parce que les cygnes, c'est méchant comme des députés, (mais c'est bien plus joli quand même),
- parce qu'avec les tickets restaurants qui vont tous être dématérialisés, on ne pourra plus les utiliser pour dépanner quelqu'un, que quelque chose me dit qu'il y en a pourtant de plus en plus des gens dans la panade,
- parce qu'on ne se méfie jamais assez des cygnes,
- parce que Barbara.

4.
« Quand il [l'ogre] goûte particulièrement les petites filles, on l'appelle un croque-mitaine (mitaine = « mädel », donc croque-fillette).
(Michel Tournier, « Christophe, saint patron des ogres » in « Célébrations »)

Quand on lit cette phrase, on se dit que :
- on est bien content d'apprendre par Michel Tournier l'origine du mot « croque-mitaine »,
- qu'il y a beaucoup de mauvaises bêtes et que les mauvaises bêtes, faut les abattre,
- que saint Christophe, comme le rappelle Michel Tournier, se mit au service du Diable avant de se mettre au service du Christ et de, au risque de se noyer, transporter le Christ incarné en enfant d'une rive à l'autre, d'où son nom de Christophe (du grec Christophoros, « celui qui porte le Christ »),

5.
Citant Paul Valéry, « Un jour est une feuille de l'arbre de ta vie », Michel Tournier se demande si la « métaphore » est « juste » car :
- elle est quand même assez emphatique, voire grotesque, la phrase à Valéry,
- parce que, comme l'écrit Michel Tournier, « un homme de cinquante ans a vécu 18 250 jours. Est-ce que cela ne fait pas beaucoup de feuilles pour un seul arbre, même de vaste dimension ? » (Michel Tournier, « L'arbre et la forêt », in « Célébrations »),
- Pap Ndiaye n'est-il pas un peu dégoûté de voir que Gabriel Attal réalise tout ce qu'on ne lui a pas laissé faire lorsqu'il était ministre (on se demande pourquoi),
- parce que ce n'est pas avec des niaiseries pareilles que l'on réussira à bouter les Russes hors d'Ukraine,
- parce que le covid, ce tueur invisible, serait de retour.

Patrice Houzeau
Malo, le 4 octobre 2023.

1 octobre 2023

LOIN MAINTENANT

LOIN MAINTENANT

1.
« Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur,
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

« Libre ». Est-on jamais libre ?
J'ai appris, en cours de philosophie des lycées, comme tous les petits Français, que nous étions tous quasi entièrement conditionnés par notre milieu, l'hérédité, les structures sociales.
J'ai aussi appris que nous sommes presque tous entièrement libres au moment où des choix moraux se posent à nous de façon aiguë. Résister à Hitler, c'était faire librement le choix de la Résistance au nazisme. Collaborer avec Hitler (comme l'ont fait Pétain et Laval), c'était faire librement le choix de la traîtrise et de la saloperie.
Il en est de même pour Poutine. S'opposer, c'est résister. Ne pas s'opposer, c'est collaborer.
C'est aussi simple que ça.
C'est simple comme la liberté.
Je vais manger des rillettes et boire un verre de bière légère.

Sur France Inter ce dimanche, dans l'émission de Charline Vanhoenacker il y a une belle chronique sur le poème « La grasse matinée », de Jacques Prévert.
« La grasse matinée », de Jacques Prévert, est un des poèmes les plus intenses de la langue française.
La chronique le rappelle et lui rend hommage.
Je sais qu'il ne manque pas de petits profs de collège et de lycée, cuistres et bavards, qui méprisent Jacques Prévert. Des cons.

2.
« Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Je me demande pourquoi des « lunules électriques » ?
Je ne me le demande pas.
La virtuosité des vers de Rimbaud me suffit.
Je lis Rimbaud comme j'écoute Pink Floyd.
Pour l'esthétique.
J'ai passé l'âge de m'enthousiasmer pour les exégèses.

Pourquoi Rimbaud a-t-il écrit « planche folle » ?
Est-ce de l'auto-ironie ?
Je ne sais pas si Rimbaud, au moment où il a composé « Le bateau ivre », avait conscience de son homosexualité.
Je ne sais pas et je m'en fiche.

Demain, cours.
Les élèves des lycées professionnels s'en fichent bien de Rimbaud.
Ils ont raison.
Ils ont autre chose à penser.
Avec la crise qui s'aiguise, ils ont même de plus en plus de choses à penser.
Je pressens des malaises.
Je pressens des rebellions.
Je pressens des troubles.
Il y a trop de problèmes en France.
Il y a trop de problèmes partout.
Je pressens que quelque chose de grave va arriver.
Si ce n'est la troisième guerre mondiale, ça y ressemblera beaucoup.

Je vais reprendre des rillettes et un peu de bière légère.

3.
« Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Behemots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilité bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Je ne sais pas ce que sont les « Behemots ».
Paraît que ce sont des bêtes « prodigieuses » (parlent-elles latin ? Causent-elles chinois?) mentionnées par la Bible, nous dit une note.
Pour « Maelstroms », j'ai « gouffres marins » (édition Poésie/Gallimard, notes de Louis Forestier).
La Toile dit : « tourbillon d'eau ».
Le mot est d'origine néerlandaise (de « malen » : broyer et « strom » : courant).
Je ne parle pas néerlandais.
Je n'apprendrai jamais le néerlandais.
Je n'irai jamais aux Pays-Bas.
Je suis une poutre en allemand et une quiche en angliche.
Je ne vais jamais en Allemagne.
Je ne vais jamais en Angleterre.
J'aime bien le vers « Fileur éternel des immobilités bleues ».
J'aime bien écrire le vers « Fileur éternel des immobilités bleues ».
J'aime bien me dire le vers « Fileur éternel des immobilités bleues ».
J'imagine un dieu fileur, un roi peut-être, bleu de Prusse, de nuit, d'encre bleue.
Le genre de choses que je dessinais quand je me prenais pour un dessinateur.
J'ai laissé passer ce petit talent.
J'ai tout laisser filer.
J'ai manqué ma vie.
Elle a passé sous mes yeux.
Elle est loin maintenant.
Je reste planté ; la route est déserte.

Patrice Houzeau
Malo, le 1er octobre 2023.

1 octobre 2023

QUOI QU'ÇA CLABAUDE ?

QUOI QU'ÇA CLABAUDE ?

1.
« Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises,
Echouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Ce quatrain pourrait-il légender :
- une aventure de Bruno Brazil, série d'aventures dessinées de Greg (Louis-Albert) et William Vance publiée, nous amazone Wikipédia, dans le magazine « Tintin » entre 1967 et 1977,
- un album de Bernard Lavilliers, chanteur musclé ?
- La planète Terre revenue, à cause du réchauffement climatique, aux temps antédiluviens, avec géants bestiaux, énormes dinosaures, carnassiers divers, improbables à long cou, féroces à hurlements des forêts labyrinthiques, lézards volants et tout ça sauf nous,
- le contenu d'une boîte de cassoulet ?
- Une installation d'art conceptuel ou chaipaquoi intitulée « Échouages hideux » ?

2.
« J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades,
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m'ont ailé par instants. »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Après le chaos des « échouages hideux », Rimbaud évoque-t-il :
- quelque océan enchanteur et tout à fait mirliflore ?
- Une chorale de poissons (très rare!) ?
- Le prélude à l'après-midi d'un faune ?
- Ce que je vois dans tes yeux, tes yeux bleus dont je suis amoureux comme s'ils n’existaient pas ?
- Quelque suite orchestrale un peu naïve dans le genre de la musique composée par Georges Martin pour le film d'animation « Yellow Submarine » et qui figure, cette suite, sur l'album du même nom des Beatles (1969).

3.
« Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux... »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

A quoi donc qu'il se compare, le narrateur rimbaldien ?
- à un témoin (« martyr ») quelque peu blasé des « pôles et des zones », que ma pomme, je l'aime bien ce vers (« Parfois, martyr lassé des pôles et des zones ») qu'il m'arrive de me le faire tourner en boucle dans ma caboche, fasciné par le son, indifférent au sens,
- à la victime de quelque monstruosité florale à « ventouses jaunes » ? quelque poulpe des profondeurs remontant magnétiquement pour s'emparer du vivant ?
- À une femme en prière (sinon, bon, j'aime pas trop y penser, le Rimbaud, écrivant des choses défois qui font ricaner quand même).

4.
« Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds,
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Pourquoi Rimbaud emploie-t-il ici l'adjectif « clabaudeur » ?
- pour épater le lecteur ?
- Parce que les oiseaux, surtout les mouettes, ça gueule tout le temps, qu'on sait même pas défois pourquoi pourquoi qu'ça, pourquoi qu'ça, pourquoi qu'ça clabaude tant ?
- Parce qu'en clabaudant ainsi, les oiseaux, les féroces oiseaux, signalent à leurs congénères les « noyés » que croise le bateau ivre ? Après, chaipas s'ils leur pique-niquent les yeux, aux noyés, les clabaudeurs ?
- Parce que les « oiseaux clabaudeurs aux yeux bleus », ça lui rappelle des copines, à l'Arthur...
- pour le rythme et l'allitération (« ballotant / sur mes bords / les querelles » / tralali-tralalo / « clabaudeurs aux yeux blonds »)

5.
« Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ; »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

De quoi fait-il preuve, ici, le bateau ivre :
- d'inanité sonore aux abolis bibelots ?
- de monitorisme hanséatique (je sais pas ce que ça pourrait bien être mais ça m'amuse) ?
- de curiosité qui pousse le lecteur à se renseigner dans les notes qu'on lui dit donc que les « Monitors » étaient des navires de guerre américains, genre canonnières, voyez. Quant au mot « Hanse », il renvoie à l'ancienne association des villes marchandes « de l'Europe du Nord autour de la Mer du Nord et de la mer Baltique » (ça s'est terminé au 17ème siècle nous libéralise Wikipédia),
- d'humilité humide ?
- de bigoudisme acharné ?

Patrice Houzeau
Malo, le 1er octobre 2023.

 

1 octobre 2023

EN ATTENDANT LES GLAUQUES TROUPEAUX

EN ATTENDANT LES GLAUQUES TROUPEAUX

1.
« J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très-antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

S'il a l’œil ironique, le bateau Arthur, c'est que :
- à l'adjectif « mystiques », au « violet » des hypnoses, au théâtre antique il fait succéder le prosaïsme de volets roulants dont la Toile nous volette qu'ils furent, les volets roulants, inventés soit en 1867, soit en 1880, soit en 1888 par Alphonse Pouplier, je sais pas.Q
- Si le soleil symbolise la lumière de la vérité, ce serait-y pas que la voilà, la vérité, tachée, entachée « d'horreurs mystiques » ?
- je ne vois pas bien le rapport entre les « longs figements violets » du soir sur la mer et les «acteurs de drames très-antiques », mais c'est joli tout de même, et rythmique à guitare électrique qui brode sur un fond de basse/batterie.

2.
« J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Doit-on en conclure que :
- comme l'écrivit le grand Racine :
« Enfin au Dieu nouveau qu'elle avait introduit,
Par les mains d'Athalie un temple fut construit. »
(Racine, « Athalie », v.945-46 [Mathan])
- Les « Phosphores chanteurs » furent un groupe vocal célèbre, entre autres raisons de s'épater, pour leur tenue de scène jaune et bleue. Ils étaient, dit-on, pleins de « sève » et furent même considérés en leur temps comme assez « inouïs ».
- Je me demande si l'été prochain (2024), on reverra la jolie brune de la pub pour Badoit et son épatant « Barbara buche au boulot ».
- En ce qui concerne l'inflation, je la vois pas baisser de sitôt, l'inflation, avec les bruits de bottes partout dans le monde là, je prévois plutôt la nécessité de mettre de l'argent de côté, ah oui.

3.
« J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Ne serait-ce pas à se demander si :
- si ce bavard « bateau ivre » ne serait pas un amateur de la musique de Pink Floyd, et plus spécialement, un fan de l'album « Atom Heart Mother », bien que la vache au pré qui figure sur la pochette de l'épatance pink-floydienne ne semble pas plus hystérique que ça ?
- Quant aux «  pieds lumineux des Maries », je pense aux gadgets à lumières que je la vois pas, la Marie, lancer avec ses pieds des rayons sur la mer,
- J'aime bien le son que ça fait ça, ce vers :
« Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs »
avec son « u » de vache qui « meugle, beugle ou mugit », nous souffle la Toile, et les sifflantes « f » et « s » que donc, quelle bande de bœufs, les océans.
- Comment ça, Arthur Bouvier ?

4.
« J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

A lire ces vers, le « bateau ivre » à Rimbaud serait-il :
- un découvreur d'« incroyables » Amériques ? un disciple de Christophe Colomb ?
- un explorateur de féroces Amazonies ?
- Un botaniste halluciné ?
- Un peintre ? Un arlequin ? Un pink floyd ? Un guitariste ?
- Un cryptozoologue ?
- Un pasteur maléfique à « troupeaux glauques » ?
- Un être à qui l'on pourrait dire ce que dit le Nabal de la pièce « Athalie », de Racine :
« Où vous égarez-vous ? / De vos sens étonnés quel désordre s'empare ? / Voilà votre chemin. » (Racine, « Athalie », III, 5)

5.
« J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces
Et les lointains vers les gouffres cataractant ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Les bonaces étant les calmes plats des mers, ce quatrain évoque-t-il, produit-il, mijote-t-il :
- un effet visuel qui rappelle les toiles tourmentées de William Turner ?
- Un chagrin d'amour ? Un bigoudi baladeur ?
- Une catastrophe imminente ? Un bigoudi carnassier ?
- Un crash boursier ? Un bigoudi dégoûté ?
- De quoi se faire des cheveux ?

Patrice Houzeau
Malo, le 1er octobre 2023.

25 septembre 2023

COMME S'ILS COUVAIENT TOUT UN ORCHESTRE

COMME S'ILS COUVAIENT TOUT UN ORCHESTRE

1.
« La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

En quoi ce quatrain pourrait-il passer pour ironique ?
- en ce que l'image du « bouchon sur les flots » évoque la bouteille et donc l'ivresse, celle du bateau si ça se trouve ?
- En ce que les « flots roulent » les noyés sans doute mais aussi ce bavard bateau, ce navire délirant, cette prosopopée de poète virtuose et de plancher des vaches ?
- En ce que « dix nuits », ça veut dire quoi ici, de quel genre de vaisseau qu'il cause, l'Arthur des talents ? Serait-ce de quelque vaisseau fantôme qui hanterait ses rêveries rimées ?
- En ce que les « falots » désigneraient ici les lumières niaises de la raison commune ?

2.
« Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin. »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Quoi qu'ils disent, les champs lexicaux du quatrain ?
- l'acidité des « pommes sures », les « taches de vins », les « vomissures », voilà pour l'ivresse, la saoulerie...
- le « sapin » ça vous a un côté approche du cimetière, non ?
- tout ça qu'ça hallucine hein qu'ça hallucine... se lâche, se démarre... plein les mirettes des images... « l'eau verte », le « bleu » des vins ; les vagues déferlent, envahissent le navire, coupant les ponts de la raison, « dispersant gouvernail et grappin »...

3.
« Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Qui c'est-y donc, ce « noyé pensif » ?
- Ophélie peut-être, car :
« Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc sur le long fleuve noir »,
qu'il a écrit, Rimbaud, que, forcément, la voilà dans la mer, l'Ophélie...
- Prigojine, Kadyrov, quelque dignitaire russe tombé en disgrâce débarrassé du plancher ?
- Une vision de cauchemar dans un rêve de poète cuvant ?

4.
« Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Dans ce quatrain, Rimbaud évoque-t-il :
- des êtres bleus, délirants et rythmiques, façon tribu archaïque, se livrant à des fermentations amoureuses que je sais pas ce que ça peut bien être, mais ça m'a pas l'air très ragoûtant ?
- La fête à la frites-saucisse avec des bières rousses et quelques amoureuses ?
- Un trop plein d'images que lui-même, l'auteur, i sait pas trop ce que ça raconte, mais c'est bien joli tout de même, rythmique, rutilant, avec du roux dedans pour faire exotique ?

5.
« Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants ; je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir. »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Quoi qu'il sait donc au juste, le « bateau ivre » ?
- Il sait illustrer le bulletin météo avec des images qui claquent ?
- Il sait la puissance du son [k] quand il allitère, qu'ça claque donc : « crevant en éclairs », « ressacs », « courants », « exaltée », « colombes », « quelquefois », « cru ».
- s'halluciner comme l'homme sait s'halluciner lorsqu'il a décidé de s'halluciner ?
- Écrire de belles choses, dont tout le monde se fiche, sauf les amateurs de poésie, mais ils ne sont pas si nombreux, surtout quand il y a des films à la télé.
- Rythmer ses vers comme s'ils couvaient, les vers, tout un orchestre, un Rolling Stones, une batterie ?

Patrice Houzeau
Malo, le 25 septembre 2023.

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