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BREFS ET AUTRES
citations
16 octobre 2023

PAS BIEN SÛR QU'IL EXISTE

PAS BIEN SÛR QU'IL EXISTE

1.
« Le corpus fermé des textes, documents et renseignements dont nous disposons a été tourné dans tous les sens pendant des décennies sans qu'aucune conclusion définitive n'apparaisse... »
(Michel Onfray, « Traité d'athéologie », 2005)

Dans cette phrase, Onfray affirme-t-il :
- qu'on ne sait pas réellement si Jésus Christ a existé (« de Jésus fiction à Jésus Fils de Dieu, le spectre est large », écrit-il ensuite) ?
- Qu'on ne sait pas réellement si les OVNI viennent d'autres planètes quand bien même y en a qui content que c'est dans la Bible, et en toutes lettres, dis ?
- Que les livres ne suffisent pas à prouver certaines affirmations ?
- Qu'un coup de dés et comme par hasard, mon oncle oublia son parapluie ?
- Que ce n'est pas à une divinité que l'on apprend à faire des miracles ?

2.
Michel Onfray dans son « Traité d'athéologie » évoque un livre publié en 1729 intitulé : « Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier ».
De quoi y est-il question ?
- comme l'a écrit Meslier lui-même cité par Onfray : « Des démonstrations claires et évidentes de la Vanité et de la Fausseté de toutes les Divinités et de toutes les Religions du Monde. » ?
- de la recette de l'immortalité ?
- De la nécessité d'être mortel sinon c'est trop long ?
- Des pensées et sentiments de Jean Meslier à propos de tout ça qui s'passe et qu'c'est pas bien drôle, allez ?
- De la nécessité de l'athéisme dans un monde où des gens s'imaginent que croire en Dieu les autorise à égorger d'autres gens qui ne leur ont rien fait ?

3.
« La lumière, le jour, la nuit, le firmament, le ciel, la terre, les eaux, on connaît l'histoire jusqu’aux bestiaux, reptiles, bêtes sauvages et autres humains. »
(Michel Onfray, « Traité d'athéologie »)

Cette énumération constitue-t-elle :
- la liste du faut de tout pour faire un monde ?
- la « généalogie datée » de « l'histoire officielle » et donc l'impossibilité de « l'éternité des mondes » ?
- un trait d'humour, une flèche décochée à la niaiserie idéaliste ?
- La série des choses qu'un dieu digne de son nom doit faire s'il ne veut pas passer pour un rien du tout ?
- La liste des ingrédients du cocktail « Darwin » ? (cocktail évolutif)
- Ce que le langage distingue dans cet infini de particules agitées en tout sens ?

4.
« Les lecteurs du seul Livre secouent la tête : Dieu a créé de toutes pièces le loup et le chien, le rat des villes et le rat des champs, le chat, la belette et le petit lapin. »
(Michel Onfray, « Traité d'athéologie »)

Cette phrase implique-t-elle que :
- Certains croyants récusent l'évolution des espèces ?
- Dieu a tout créé mais qu'il a fait beaucoup de brouillons, de ratures, de pâtés et d'archaïsmes ?
- Dieu a tout créé à partir « du loup, du chien, du rat des villes et du rat des champs, du chat, de la belette et du petit lapin » et donc que Dieu est un grand mage ?
- Qu'il faut de tout pour faire un monde mais qu'un beau jour le grand Cric – Crac ! - nous croquera tout cru ?
- « Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor. » En tout cas, c'est ce que dit La Fontaine.

5.
La philosophe, enseignante et mathématicienne Hypatie d’Alexandrie mérite-t-elle ?
- notre sympathie car elle a été assassinée en mars 415 par des fanatiques chrétiens ?
- Notre sympathie car elle est la première enseignante de l'ère chrétienne victime du terrorisme religieux ?
- Notre sympathie car elle est la première enseignante de l'ère chrétienne à être assassinée pour des raisons politiques (« Hypatie conseille Oreste, alors préfet d’Égypte, qui est en conflit ouvert avec Cyrille, évêque d’Alexandrie », nous catafalque Wikipédia) ?
- Notre sympathie car Hypatie était philosophe, enseignante et mathématicienne et qu'a priori, nous éprouvons de la sympathie pour les gens de science et de savoir ?
- Notre intérêt car l'assassinat d'Hypatie illustre assez que l'histoire de l'humanité est une lutte constante entre la science et l'ignorance, même qu'en ce moment, elles font un retour sanglant, l'ignorance et la superstition.

Patrice Houzeau
Malo, le 16 octobre 2023

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15 octobre 2023

ON SAIT PAS PLUS S'QU'ON VOIT QU'ON SAIT S'QU'ON DIT

ON SAIT PAS PLUS S'QU'ON VOIT QU'ON SAIT S'QU'ON DIT

1.
« Socrate. - Il faut donc que la science que nous cherchons, outre cet avantage, en possède un autre.
Glaucon. - Lequel ?
Socrate. - Celui de ne pas être inutile à des hommes de guerre. »
(Platon traduit par Bernard Piettre, « La République, VII)

Cet échange illustre-t-il :
- la nécessité du « Si vis pacem, para bellum » ?
- ce que chante Jeanne Added dans « A war is coming » :
« A war is coming, and we're stuck here
Here with our mini pains, with our litlle tears »
La chanson date de 2014 et depuis, ça ne s'est pas arrangé. L'Occident se complaît dans ses débats oisifs tandis que le monde commence à brûler de partout et que le bruit des bottes est de plus en plus proche de nos « mini-douleurs », de nos « petites larmes ».
- La sottise du SNU face aux menaces de groupes terroristes soutenus pas des Etats qui nous sont hostiles ?
- Que la science est une arme contre l'ignorance mais aussi contre la malfaisance ?
- Que l'humain est un animal violent et que toute sa philosophie, toute sa science, et sa prétendue spiritualité ne sont jamais que des ruses de la raison pour arriver à ses fins : l'état de violence permanent ?

2.
« … mais qu'elles [ces constellations qui ornent le ciel] sont bien inférieures aux constellations véritables que font mouvoir la vitesse réelle et la réelle lenteur, selon le vrai nombre et les vraies figures,... »
(Platon, « La République, VII [Socrate])

Ce jugement de Socrate est-il :
- un pressentiment du jaillissement de la physique quantique ?
- Que ce sont les nombres et les figures qui réalisent le réel cependant que l’œil n'y fait que s'y étonner, quand il ne s'y perd pas ?
- Qu'il y en a bien des énigmes, Seigneur, qu'il y en a, ainsi que le disent aussi les écritures et the « Enigmatic Foe » du « Ship's A Going Down » du groupe The Residents :
« There are clothes that haven't been worn,
Feet that haven't been shorn,
There's causes that haven't been given a principle.
Need I say more ? »

3.
« Mais si l'on n'est pas en état de donner ou de recevoir des arguments, crois-tu qu'on puisse jamais rien savoir de ce que nous affirmons qu'il faut savoir ? »
(Platon, « La République, VII [Socrate])

Cette question de Socrate implique-t-elle :
- la promotion du bavardage incessant des argumentateurs de toute sorte et des concours d'éloquence (poil à la panse) ?
- L'assurance d'une pureté argumentative telle que celui qui sait argumenter ne pourrait se tromper ? (La dialectique devenant alors un outil infaillible manié par un maître-penseur aussi précis qu'un géomètre ou qu'un plombier)
- Qu'il ne saurait y avoir de raison sans langage et qu'en conséquence, le langage est la condition de la raison comme l'arbre est la condition de l'ombre ?
- Qu'il ne peut y avoir de savoir sans la condition du savoir et qu'en conséquence, le savoir ne peut exister en-dehors de cette condition, qui est le langage humain ?
- Que le langage détermine le savoir et que sans cette détermination, il n'est ni temps, ni espace mais un chaos, une matière innommée ?
- Qu'il n'est pas certain que les êtres mobiles et perspicaces qui peuplent les autres mondes usent d'un langage tel qu'ils pourraient nous considérer comme des êtres à respecter et que nos catégories morales ne sont peut-être jamais que des spécificités de l’espèce humaine ?

4.
« Tu parles sans doute des objets qui sont vus de loin et des dessins en perspective ? »
(Platon, « La République, VII [Glaucon])

Cette question de Glaucon à Socrate implique-t-elle :
- que le réel est radicalement loin de nous, parfaitement étranger cependant que nous y nageons, poisson parmi les poissons, proie parmi les proies ?
- Qu'alors je songe aux paroles de « Down by the water », de PJ Harvey : 
« Little fish, big fish, swimming in the water
Come back here, man, gimme my daughter »
- Qu'on ne peut pas plus se fier à nos sens qu'en l'honnêteté intellectuelle des politiques ?
- Que nous multiplions les représentations du réel tant et tant que le réel ne nous apparaît plus que comme un spectacle d'où parfois jaillit un couteau qui cherche à nous égorger ?
- Que nous courons après une vérité qui s'éloigne de plus en plus vite sur une route de plus en plus encombrée de cadavres ?

5.
« Penses-tu que de tels hommes aient vus […] autre chose que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ? »
(Platon, « La République », VII [Socrate])

Cela implique-t-il :
- que ce que nous voyons et commentons n'est pas plus réel que des ombres projetées qui s'agitent sur les murs ?
- Que nous-mêmes, nous ne sommes que des ombres projetées sur des murs que les autres voient, commentent et jugent ?
- Qu'elle est pleine de sang, la « Mystic River » ?
- Qu'on sait pas s'qu'on voit et qu'en conséquence on sait pas s'qu'on dit ?
- Tu tousses beaucoup, vraiment beaucoup, lui dit Zut. Il se dit que tant tousser le fatigue, le fatigue beaucoup. Il rentre. Il dort. Il écrit. Il dort. Se réveille et tousse. Faich.

Patrice Houzeau
Malo, le 15 octobre 2023.

14 octobre 2023

BOUCLES ET VISIONS (DUMAS DARIA LAMA)

BOUCLES ET VISIONS (DUMAS DARIA LAMA)

1.
« Cependant, au milieu de tout cela, une petite lueur dorée dansait au fond de l'imagination d'Hoffmann, comme un feu follet dans la nuit. »
(Alexandre Dumas, « La Femme au collier de velours »)

Cette « petite lueur dorée au fond de l'imagination d'Hoffmann », est-ce :
- un être miniature, comme on en voit dans les bandes dessinées, genre translucide figurine qui volette dans la nuit en disant des choses plus ou moins drôles ?
- La jeune fille à la cigarette qu'on la voit pas (c'est la nuit) mais que le cercle rouge de sa clope la perce, incandescent, la nuit ?
- Le signal d'arrêter de picoler et de rentrer à sa maison ?
- C'est pas d'l'amour mais ça viendra, ou quelque chose comme ça que j'ai entendu dans une chanson de Serge Lama, même que la chanson s'appelle « les Glycines » (j'ai vérifié) ?
- C'est pas Daria non plus parce qu'elle est dans un dessin animé américain que j'aime bien parce que Daria y dit des choses drôles et lucides.

2.
« La vue des objets l'assura de la réalité de ce qui lui était arrivé la veille. »
(Alexandre Dumas, « La Femme au collier de velours »)

Cette constatation implique-t-elle :
- que le présent prouve le passé ?
- Que le présent est aussi illusoire que le passé ?
- Que, puisqu'il pense, il est au moins pensant, bien que, si ça se trouve, nous ne sommes jamais que des logiciels qui usons d'un « je » faussement réflexif ?
- Qu'il lui est arrivé quelque chose la veille, mais quoi ?
- Que le présent peut mentir sur le passé ?
- Que le passé n’existe pas puisqu'il est aboli et que le présent tourne en boucle, s'abolissant lui-même pour mieux revenir, ainsi que le font les fantômes, bouclés dans leurs synchronies.
- Que je vais regarder un autre épisode de Daria, série d'animation américaine (1997-2002), créée par Suzie Lewis Lynn et Glenn Eichler et qui chronique les aléas scolaires et familiaux de Daria Morgendorffer, adolescente ironique, lucide et désabusée, sans problème particulier et d'un milieu assez aisé pour ne pas trop avoir à s'en faire.

3.
« et à ce bruit, pareil à celui qu'eussent fait deux mains de squelette, une voiture tendue de noir, attelée de deux chevaux noirs, et conduite par un cocher tout vêtu de noir, accourut. »
(Alexandre Dumas, « La Femme au collier de velours »)

De quoi est-il ici question ?
- du fiacre de Jack l'Eventreur dans un téléfilm policier britannique ?
- De la charrette fantôme et des ténèbres en route ?
- Du début de la vengeance du Bigoudi sanglant ?
- D'une publicité pour Halloween (mais sans l'épatante « Barbara bûche au boulot » ou alors Barbara, c'est Vampirella et ce n'est pas avec de l'eau qui pétille hein qu'elle va étancher sa soif) ?
- L'arrivée du plombier spectral qui va la réparer, votre tuyauterie fantomatique ?

4.
« Hoffmann se baissa, enleva le tison, et s'aperçut avec effroi que ce n'était pas la braise qui avait brûlé le pied de la jeune fille, mais le pied de la jeune fille qui avait éteint la braise. »
(Alexandre Dumas, « La Femme au collier de velours »)

Cette phrase nous fait-elle basculer :
- dans le fantastique ?
- Dans le fantastique et la choucroute ?
- Dans le fantastique, la choucroute et l'opéra ?
- Dans le doute sur la réalité du vivant ?
- Dans un de ces univers parallèles dont les romans se font l'écho, dont ils préparent peut-être l’avènement, comme si la fiction allait finir par nous envahir, nous dominer, nous anéantir ?

5.
« Il s'arrêta. La charrette venait d'atteindre la place de la Révolution. Dans l'ombre épaissie par une pluie froide, Hoffmann ne distinguait plus que deux silhouettes : l'une blanche, c'était celle de la victime, l'autre rouge, c'était l'échafaud. »
(Alexandre Dumas, « La Femme au collier de velours »)

Cette phrase terrible évoque-t-elle :
- l’exécution de la duchesse Du Barry racontée par Dumas ?
- Ce qui attend les démocraties occidentales si nous continuons à jouer avec le feu en étant trop bienveillants avec les partis extrémistes et les fanatiques religieux ?
- Une scène de film d'épouvante que tout à coup, le petit être fuyant s'arrêta, se retourna et brandit une hache ?
- Un cauchemar fait par Daria après une série de cours sur la Révolution française donnés par l'hypertendu professeur Anthony DeMartino  ?
- Une synchronie dans laquelle Hoffmann pourrait se retrouver bouclé en compagnie de la duchesse du Barry, du bourreau et de la guillotine ?

Patrice Houzeau
Malo, le 14 octobre 2023.

13 octobre 2023

FASCINATION DES GONGS INOUÏS

FASCINATION DES GONGS INOUÏS

1.
« Je le rince, je l'étire (je commence à m'énerver, il faut en finir), je le masse, je le serre, je le résume et l'introduis dans mon verre, et jette ostensiblement le contenu par terre, et dis au garçon : « Mettez-moi donc un verre plus propre. »
(Henri Michaux, « Mes occupations »)

Le narrateur de cette fantaisie est-il :
- un rince-cochon ?
- Un étireur de temps, de phrases, un maniaque des verreries ?
- Un révolutionnaire ? Un putschiste ? Un complotiste ?
- Un pilier de bistrot ? Un forcené ? Un pris de delirium ?
- Un menteur vu qu'en fait il passe son temps à composer des recueils en regardant passer des chameaux invisibles à son plafond lézardé ?
- Un auditeur des gongs inouïs ?
- Un jeteur de sorts en buvant son verre ?

2.
« Je suis gong et ouate et chant neigeux,
Je le dis et j'en suis sûr. »
(Henri Michaux, « Je suis gong »)

De quoi le narrateur est-il « sûr » ?
- de sonner juste ?
- De sonner juste et fort ?
- De sonner juste et fort et profond ?
- De sonner qu'on dirait un peu de mélodie qu'on s'en souvient vaguement qu'on contemple, bouche bée, la neige tomber dans la nuit de la fenêtre ?
- Le narrateur est aussi décalé que le temps qu'on comprenne que le monde vire au cauchemar on s'en réveillera pas ?
- Que si on laisse faire les islamistes, la France deviendra un enfer ?
- « Que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit » ?

3.
« S'il a froid, il pense aussitôt qu'il pense avoir froid, puis il se voit penser qu'il pense qu'il a froid ; »
(Henri Michaux, « L' éther »)

Le narrateur est-il ici :
- cartésien ?
- Fonctionnel et réflexif comme le langage des humains ?
- Adepte de la théorie du réel comme pure perception de l'esprit ?
- Perdu dans le labyrinthe de ses pensées, que tout à coup, le réel se pointe et lui plante un grand coup de pied au cul, histoire de lui apprendre à vivre avec ses contemporains ?
- Frigide, d'un abord glacial, draculesque, vampirant, hululant, aussi improbable qu'un raisonnement juste dans la tête d'un député (surtout s'il a fait Sciences Po) ?

4.
« (C'est pourquoi j'aime tellement les  Encyclopédies illustrées . Je feuillette, je feuillette et j'éprouve souvent des satisfactions, car il y a là la photographie de plusieurs êtres que je n'ai pas encore été. [...])
(Henri Michaux, « Encore des changements »)

Le narrateur croit-il en :
- la réincarnation ? Migration des âmes ? Métempsychose et toutes ces sortes de choses ?
- La toute puissance des « Encyclopédies illustrées » (en tout cas tant que les panzers ne sont pas encore arrivés dans sa rue) ?
- La toute puissance des photographies, des images, des magazines, des bigoudis, des saxophones, des trombones, des prises de parole, des lunettes, des fruits au sirop, des gongs, des chameaux et des gongs ?
- Que Mélenchon sera un jour président de la République (ce qui est aussi vraisemblable qu'une apparition de la Sainte Choucroute au beau milieu de la table les jours où on n'a plus que des pâtes à manger) ?
- La fin heureuse de l'Histoire et toutes ces carabistouilles que les bonnes âmes racontent aux mômes dans les écoles ?

5.
« Et, la nuit, il fallait entendre les coups de pattes des chameaux quand ils essayaient de franchir les écluses, gong ! gong ! sur le métal et les madriers ! »
(Henri Michaux, « Intervention»)

Le narrateur est-il ;
- victime d'hallucinations chamelières et fasciné par le son du gong ?
- Près du fleuve aux longues taches brunes ?
- Agacé des sons, guetteur d'invasions à bosses, gardien des écluses ?
- Fan du groupe Caravan lequel fut un groupe de rock progressif de l'école dite « de Canterbury » ?
- Certain de l'imminence d'une invasion d’extra-terrestres à deux bosses qu'il les entend déjà qui tentent « de franchir les écluses, gong ! Gong ! » ?

Patrice Houzeau
Malo, le 13 octobre 2023.

 

8 octobre 2023

POISONS

POISONS

1.
« A chaque décès dans l'entourage du Roi, les médecins ont été invités à ouvrir les corps afin de s'assurer que le poison n'était point à l'origine de la mort. »
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti])

Cette phrase nous dit-elle que :
- « la Chambre ardente », de Max Gallo, est un texte qui a pour sujet la célèbre « Affaire des poisons », affaire d’État qui secoua le royaume de France entre 1672 (mort de l'aventurier Godin de Sainte-Croix) et son épilogue de 1709 où « un arrêt du Conseil du roi ordonne de faire brûler les « vingt-neuf gros paquets de divers registres », procès-verbaux et rapports de police » relatifs à l'affaire) ?
- « We don't know how to handle the problem of immigration », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, que nous non plus, on s'en sort pas ?

2.
« La cour de France entretient en effet une nuée d'espions, laquais, gentilshommes, argousins, prêtres chargés de rapporter tout ce qui se dit et se trame à Paris. »
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti])

Cette phrase nous aventure-t-elle que :
- le mot « argousin » désignait jadis un officier de « surveillance », et donc de renseignement ?
- Qu'il n'y a pas d’État sans service de renseignement ?
- « Immigration has become the hottest political issue », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, qu'en France, c'est pareil, que ça risque aussi d'être l'un des enjeux des élections présidentielles 2027 ?
- qu'on ne fait pas d'omelettes sans se poser la question des frites, du jambon, du fromage râpé mais défois quand même qu'on se la pose pas, la question ?
- Le samedi 7 octobre 2023 au matin, le Hamas a lancé une attaque-surprise contre l'Etat d’Israël. Ce qui est surprenant, c'est qu'apparemment, le Mossad n'a rien vu venir ?

3.
« - Je suis celui qui voit l'envers des choses, me confiait-il parfois alors que j'évoquais la cour de Versailles où il se rendait peu, ne se mêlant jamais à la tourbe des courtisans, mais voyant le Roi en tête à tête. »
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti rapportant un propos de La Reynie])

Cette phrase nous locomotionne-t-elle que :
- s'il y a l'endroit des êtres, il y a aussi leur envers ?
- la réalité a au moins deux faces, et parfois deux cornes et des pieds fourchus, ou alors de gros sabots ?
- Il y en a qui disent que si le 7 octobre 2023 le Hamas a lancé une attaque-surprise contre l'Etat d’Israël, ce serait afin de saboter un rapprochement que l'on dit possible entre Israël et l'Arabie saoudite ?
- « Their set of values is different from ours », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, que, de toute façon, à mon avis, plus on est que ça finit par faire trop et qu'on a des problèmes ?
- Que l'essentiel n'est pas visible et qu'il faut faire attention à ne pas se laisser couillonner par les apparences ?

4.
« Je me souviens qu'à Paris, au mois de septembre 1676, des femmes s'étaient rassemblées dans les rues, criant qu'on enlevait les enfants pour les égorger. » 
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti])

Cette phrase nous abomine-t-elle que :
- défois on croit que c'est du complotisme et puis il y a du réel dedans, genre qu'on disait que le Covid-19 était peut-être bien une saloperie bricolée dans un labo chinois qu'on nous croyait pas mais qu'on se le demande quand même ?
- Ceci dit, les OVNI ne viennent pas d'autres planètes (s'te blague) mais qu'ils soient des prototypes d'aéronefs étonnants bien de chez eux (les Américains), cela ne m'étonnerait pas ?
- Elle est complétée par, tiré du même ouvrage, même auteur, même narrateur : « J'avais cru qu'il s'agissait d'une de ces rumeurs qui soulèvent le peuple mais qui n'ont aucun fondement, sinon la peur. »
- « They feel excluded from this society », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, que ça, évidemment, si nul n'est prophète en son pays, souvent que ça marche pas non plus à l'étranger ?
- Que je me demande si l'attaque-surprise du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre l'Etat d’Israël n'est pas un indice de plus que la WW3 a réellement et déjà éclaté ?

5.
« Ces allusions indiquent que La Reynie commençait à penser que les alchimistes, les devineresses, les prêtres sacrilèges, les « empoisonneurs » formaient une sorte de confrérie avec ses rituels,... »
(Max Gallo, « La Chambre ardente », [le narrateur, Primi Visconti])

Cette phrase nous secrète-t-elle :
- qu'il existerait des sociétés secrètes dont l'influence serait maléfique ?
- Qu'il y aurait un camp du Bien et un camp du Mal et, entre les deux, des milliards de bipèdes qui grenouillent, pataugent, crapahutent, bossent et bavardent, et se reproduisent ?
- « The Habeas Corpus Act provides a guarantee against emprisonment without trial », dit l’exemple de grammaire des éditions Spratbrow, que ça c'est car nous vivons en démocratie, mais que la démocratie n'est pas le modèle politique le plus répandu au monde ?
- Que pour être heureux, vaut mieux pas se mêler des affaires des autres, qu'elles soient secrètes ou pas ?
- Que les politiques ayant un peu trop tendance à se mêler de ce qui ne les regarde pas, ils s'étonnent après de n'être pas aimés.

Patrice Houzeau
Malo, le 8 octobre 2023

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8 octobre 2023

LE CONTRAIRE SERAIT TOUT AUSSI INQUIETANT

LE CONTRAIRE SERAIT TOUT AUSSI INQUIETANT

1.
« Je sais bien que c'est un livre en collaboration, mais ce sont les dessins qui le feront vendre. Ils vous font rire, ils vous obsèdent... vous terrifient. »
(Patricia Highsmith traduit par Michel-Courtois Fourcy, « Une Créature de rêve » [une jeune femme à Mr Sutherland])

Cette phrase signifie-t-elle que :
- il y a des dessins dont la puissance est telle que les plongeurs acrobates ne font pas fatalement songer aux électriciens de l'air ?
- Certains livres ne se vendent que par la qualité des dessins qui les illustrent ?
- Dans le théâtre classique, demander que son propre sang ne soit point épargné est le prélude à bien des tirades ?
- Je regrette de n'avoir pas tenté ma chance dans le dessin. Si cela avait marché, sans doute aurais-je été plus tranquille qu'à essayer d'enseigner (ce qui est en soi moyennement intéressant et de plus en plus contraignant) ?
- Toutes celles que l'on jette dans des cachots ne se sont pas rendues en d'autres provinces pour ramener des plantes à poison.

2.
« En fait, elle semblait éviter ses yeux et aurait pu tout aussi bien boire son verre sans lui. La lumière jaunâtre qui arrivait de derrière le bar tombait sur la large bretelle qui barrait de blanc son épaule. »
(Patricia Highsmith, « Une Créature de rêve »)

Ce qui est décrit dans cette phrase signifie-t-il que :la personne en question (le pronom « elle ») aime boire seule ?
- Cette personne est mal à l'aise, ou indifférente, ou méfiante et qu'elle ne tient pas à converser avec celui qui l'accompagne ?
- Quand les ducs manœuvrent avec une habileté de diable champion, il se peut que les reines n'aient pas tout à fait tort ?
- « la lumière jaunâtre qui arrivait de derrière le bar » se prépare à la dévorer ?
- qu'il n'est pas nécessaire que dans les parages traîne un dragon pour avoir envie d'aller porter ses pénates ailleurs. Il se pourrait aussi que le dragon fût partout ?
- Si j'étais elle, j'éviterais d'être un personnage dans un roman policier. Ça porte malheur.

3.
« Et bizarrement, il en était de même pour lui qui, après avoir travaillé jusqu'à deux heures du matin, décidait brusquement, s'il avait faim, d'aller manger un hamburger dans un bistrot du coin, ouvert toute la nuit. »
(Patricia Highsmith, « Une Créature de rêve »)

Le personnage évoqué dans cette phrase est-il :
- omnivore, noctambule, impulsif ?
- Obsédé par les hamburgers ?
- Workaholique ?
- Pas plus anormal que les autres anormaux qui constituent cette normalité des gens ordinaires que l'on appelle « société » ?
- Moustachu mais seulement dans des clips vidéos mexicains avec trompettes ?

4.
« - J'y pense brusquement.. Sur quelle sorte de flic risque de tomber Elsie ? Elle peut s'entendre dire que c'est elle qui provoque le vieux bonhomme. »
(Patricia Highsmith, « Une Créature de rêve » [Jack])

Cette phrase signifie-t-elle que :
- certains policiers ne prêteraient pas assez l'attention à ce que disent les femmes qui se sentent épiées, espionnées, voire harcelées par le « vieux bonhomme » ?
- qu'il faut se méfier, surtout si on est une jolie fille, du « vieux bonhomme », et surtout s'il a l'air d'un jeune ?
- Lorsque le prince retourne en ses Etats, on licencie les troupes. Dès lors, on doit se fier au renseignement. Et surveiller les soldats désœuvrés.

5.
« Puisque Dieu lève la patte, tout est pour le mieux du monde dans le meilleur des mondes, pensait Ralph Linderman, alors qu'il atteignait le coin de Grove Street et de Bleecker Street. »
(Patricia Highsmith, « Une Créature de rêve »)

Cette phrase signifie-t-elle que :
- l'auteur joue de la paronymie « God/Dog » et plaisante ainsi sur « le meilleur des mondes possibles » - « die beste aller möglichen Welten », comme l'écrivit Leibniz - dans lequel les chiens font ce qu'ils ont à faire ?
- Il est sans doute nécessaire que le nom signifie le destin pour que le destin s'accomplisse, mais bien sûr, d'une manière qui peut s'avérer cruellement ironique.
- L'auteur aime à plaisanter, y compris lorsqu'elle compose des romans policiers, et honni soit qui mal y pense ?
- L'action se passe à New York (Grove Street et Bleecker Street étant des rues new-yorkaises) ?
- Prendre le prétexte d'une rupture avec la Russie pour lever de nouveaux impôts, voilà qui en France va de soi. Le contraire serait d'ailleurs inquiétant.

Patrice Houzeau
Malo, le 8 octobre 2023.

4 octobre 2023

PARCE QU'ON N'EST JAMAIS ASSEZ ATTENTIF AUX CYGNES

PARCE QU'ON N'EST JAMAIS ASSEZ ATTENTIF AUX CYGNES

1.
« C'est peu après que j'écrivis cette injonction dans mon premier roman « Vendredi ou les Limbes du Pacifique » : « Prenez garde à la pureté, c'est le vitriol de l'âme ! ».
(Michel Tournier, « Un rêve », in « Célébrations »)

Tournier a écrit que la pureté est « le vitriol de l'âme » parce que :
- je sais pas vous, mais moi, je me sens fatigué,
- Parce qu'il raconte dans un texte intitulé « Rêve » une histoire de « moignons sanglants » et de « mains » disparues ?
- Parce que la pureté est une fascination et non une raison,
- Parce que la pureté en tant que valeur morale est très rare, vraiment très rare, vraiment très très rare ?
- Parce qu'en 2023, presque chaque jour sont révélées des affaires de corruption et que, presque jour, on
apprend que des coupables se promènent en liberté ?
- Parce que comme le dit Michel Tournier : «  C'était, je pense, alors qu'on ne parlait que des premiers hommes déposés sur le désert de la Lune. »
- Parce que je n'aime pas Macron ni d'ailleurs aucun politique. D'ailleurs, je ne vote pas.

2.
« Devant moi, les saris et les foulards de mes ouailles font des taches chatoyantes. »
(Michel Tournier, « Bombay » in « Célébrations »)

Tournier évoque « saris et foulards » aux couleurs chatoyantes » car :
- l'auteur se trouve à Bombay où il donne des cours, ou fait des conférences, ou cueille des champignons devant « une centaine d'étudiants et d'étudiantes sur tel ou tel sujet littéraire contemporain »,
- l'auteur a pris du LSD et s'épate des chatoyances en écoutant l'album « Sergeant Pepper's Lonely Hearts Club Band », des Beatles, un des meilleurs albums d'un des meilleurs groupes de pop/rock des années 60,
- parce que, du coup, je me dis Quelle est la définition de « sari » et que donc Wikipédia nous poivre et cannelle qu'un sari est une « longue pièce d'étoffe », un « vêtement traditionnel porté par des millions de femmes d'Asie du Sud (principalement en Inde, au Népal et au Bangladesh) »,
- j'ai vérifié : le gingembre a bien son origine en Inde tout aussi vraiment que moult politiques sont originaires de Connardie occidentale (et de leurs grandes écoles),
- parce que je n'irai jamais en Inde et que donc ce genre de phrase me dépayse.

3.
« Mais les fillettes se tiennent désormais à distance respectueuse des cygnes. »
(Michel Tournier, « Mes deux châteaux » in « Célébrations »)

« les fillettes se tiennent désormais à distance respectueuse des cygnes », parce que :
- parce qu'une institutrice leur a raconté que Léda « aimait trop les cygnes » et que ça lui a joué le mauvais tour de Castor et Hélène,
- parce que les cygnes, c'est méchant comme des députés, (mais c'est bien plus joli quand même),
- parce qu'avec les tickets restaurants qui vont tous être dématérialisés, on ne pourra plus les utiliser pour dépanner quelqu'un, que quelque chose me dit qu'il y en a pourtant de plus en plus des gens dans la panade,
- parce qu'on ne se méfie jamais assez des cygnes,
- parce que Barbara.

4.
« Quand il [l'ogre] goûte particulièrement les petites filles, on l'appelle un croque-mitaine (mitaine = « mädel », donc croque-fillette).
(Michel Tournier, « Christophe, saint patron des ogres » in « Célébrations »)

Quand on lit cette phrase, on se dit que :
- on est bien content d'apprendre par Michel Tournier l'origine du mot « croque-mitaine »,
- qu'il y a beaucoup de mauvaises bêtes et que les mauvaises bêtes, faut les abattre,
- que saint Christophe, comme le rappelle Michel Tournier, se mit au service du Diable avant de se mettre au service du Christ et de, au risque de se noyer, transporter le Christ incarné en enfant d'une rive à l'autre, d'où son nom de Christophe (du grec Christophoros, « celui qui porte le Christ »),

5.
Citant Paul Valéry, « Un jour est une feuille de l'arbre de ta vie », Michel Tournier se demande si la « métaphore » est « juste » car :
- elle est quand même assez emphatique, voire grotesque, la phrase à Valéry,
- parce que, comme l'écrit Michel Tournier, « un homme de cinquante ans a vécu 18 250 jours. Est-ce que cela ne fait pas beaucoup de feuilles pour un seul arbre, même de vaste dimension ? » (Michel Tournier, « L'arbre et la forêt », in « Célébrations »),
- Pap Ndiaye n'est-il pas un peu dégoûté de voir que Gabriel Attal réalise tout ce qu'on ne lui a pas laissé faire lorsqu'il était ministre (on se demande pourquoi),
- parce que ce n'est pas avec des niaiseries pareilles que l'on réussira à bouter les Russes hors d'Ukraine,
- parce que le covid, ce tueur invisible, serait de retour.

Patrice Houzeau
Malo, le 4 octobre 2023.

1 octobre 2023

LOIN MAINTENANT

LOIN MAINTENANT

1.
« Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur,
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

« Libre ». Est-on jamais libre ?
J'ai appris, en cours de philosophie des lycées, comme tous les petits Français, que nous étions tous quasi entièrement conditionnés par notre milieu, l'hérédité, les structures sociales.
J'ai aussi appris que nous sommes presque tous entièrement libres au moment où des choix moraux se posent à nous de façon aiguë. Résister à Hitler, c'était faire librement le choix de la Résistance au nazisme. Collaborer avec Hitler (comme l'ont fait Pétain et Laval), c'était faire librement le choix de la traîtrise et de la saloperie.
Il en est de même pour Poutine. S'opposer, c'est résister. Ne pas s'opposer, c'est collaborer.
C'est aussi simple que ça.
C'est simple comme la liberté.
Je vais manger des rillettes et boire un verre de bière légère.

Sur France Inter ce dimanche, dans l'émission de Charline Vanhoenacker il y a une belle chronique sur le poème « La grasse matinée », de Jacques Prévert.
« La grasse matinée », de Jacques Prévert, est un des poèmes les plus intenses de la langue française.
La chronique le rappelle et lui rend hommage.
Je sais qu'il ne manque pas de petits profs de collège et de lycée, cuistres et bavards, qui méprisent Jacques Prévert. Des cons.

2.
« Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Je me demande pourquoi des « lunules électriques » ?
Je ne me le demande pas.
La virtuosité des vers de Rimbaud me suffit.
Je lis Rimbaud comme j'écoute Pink Floyd.
Pour l'esthétique.
J'ai passé l'âge de m'enthousiasmer pour les exégèses.

Pourquoi Rimbaud a-t-il écrit « planche folle » ?
Est-ce de l'auto-ironie ?
Je ne sais pas si Rimbaud, au moment où il a composé « Le bateau ivre », avait conscience de son homosexualité.
Je ne sais pas et je m'en fiche.

Demain, cours.
Les élèves des lycées professionnels s'en fichent bien de Rimbaud.
Ils ont raison.
Ils ont autre chose à penser.
Avec la crise qui s'aiguise, ils ont même de plus en plus de choses à penser.
Je pressens des malaises.
Je pressens des rebellions.
Je pressens des troubles.
Il y a trop de problèmes en France.
Il y a trop de problèmes partout.
Je pressens que quelque chose de grave va arriver.
Si ce n'est la troisième guerre mondiale, ça y ressemblera beaucoup.

Je vais reprendre des rillettes et un peu de bière légère.

3.
« Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Behemots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilité bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Je ne sais pas ce que sont les « Behemots ».
Paraît que ce sont des bêtes « prodigieuses » (parlent-elles latin ? Causent-elles chinois?) mentionnées par la Bible, nous dit une note.
Pour « Maelstroms », j'ai « gouffres marins » (édition Poésie/Gallimard, notes de Louis Forestier).
La Toile dit : « tourbillon d'eau ».
Le mot est d'origine néerlandaise (de « malen » : broyer et « strom » : courant).
Je ne parle pas néerlandais.
Je n'apprendrai jamais le néerlandais.
Je n'irai jamais aux Pays-Bas.
Je suis une poutre en allemand et une quiche en angliche.
Je ne vais jamais en Allemagne.
Je ne vais jamais en Angleterre.
J'aime bien le vers « Fileur éternel des immobilités bleues ».
J'aime bien écrire le vers « Fileur éternel des immobilités bleues ».
J'aime bien me dire le vers « Fileur éternel des immobilités bleues ».
J'imagine un dieu fileur, un roi peut-être, bleu de Prusse, de nuit, d'encre bleue.
Le genre de choses que je dessinais quand je me prenais pour un dessinateur.
J'ai laissé passer ce petit talent.
J'ai tout laisser filer.
J'ai manqué ma vie.
Elle a passé sous mes yeux.
Elle est loin maintenant.
Je reste planté ; la route est déserte.

Patrice Houzeau
Malo, le 1er octobre 2023.

1 octobre 2023

QUOI QU'ÇA CLABAUDE ?

QUOI QU'ÇA CLABAUDE ?

1.
« Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises,
Echouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Ce quatrain pourrait-il légender :
- une aventure de Bruno Brazil, série d'aventures dessinées de Greg (Louis-Albert) et William Vance publiée, nous amazone Wikipédia, dans le magazine « Tintin » entre 1967 et 1977,
- un album de Bernard Lavilliers, chanteur musclé ?
- La planète Terre revenue, à cause du réchauffement climatique, aux temps antédiluviens, avec géants bestiaux, énormes dinosaures, carnassiers divers, improbables à long cou, féroces à hurlements des forêts labyrinthiques, lézards volants et tout ça sauf nous,
- le contenu d'une boîte de cassoulet ?
- Une installation d'art conceptuel ou chaipaquoi intitulée « Échouages hideux » ?

2.
« J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades,
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m'ont ailé par instants. »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Après le chaos des « échouages hideux », Rimbaud évoque-t-il :
- quelque océan enchanteur et tout à fait mirliflore ?
- Une chorale de poissons (très rare!) ?
- Le prélude à l'après-midi d'un faune ?
- Ce que je vois dans tes yeux, tes yeux bleus dont je suis amoureux comme s'ils n’existaient pas ?
- Quelque suite orchestrale un peu naïve dans le genre de la musique composée par Georges Martin pour le film d'animation « Yellow Submarine » et qui figure, cette suite, sur l'album du même nom des Beatles (1969).

3.
« Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux... »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

A quoi donc qu'il se compare, le narrateur rimbaldien ?
- à un témoin (« martyr ») quelque peu blasé des « pôles et des zones », que ma pomme, je l'aime bien ce vers (« Parfois, martyr lassé des pôles et des zones ») qu'il m'arrive de me le faire tourner en boucle dans ma caboche, fasciné par le son, indifférent au sens,
- à la victime de quelque monstruosité florale à « ventouses jaunes » ? quelque poulpe des profondeurs remontant magnétiquement pour s'emparer du vivant ?
- À une femme en prière (sinon, bon, j'aime pas trop y penser, le Rimbaud, écrivant des choses défois qui font ricaner quand même).

4.
« Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds,
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Pourquoi Rimbaud emploie-t-il ici l'adjectif « clabaudeur » ?
- pour épater le lecteur ?
- Parce que les oiseaux, surtout les mouettes, ça gueule tout le temps, qu'on sait même pas défois pourquoi pourquoi qu'ça, pourquoi qu'ça, pourquoi qu'ça clabaude tant ?
- Parce qu'en clabaudant ainsi, les oiseaux, les féroces oiseaux, signalent à leurs congénères les « noyés » que croise le bateau ivre ? Après, chaipas s'ils leur pique-niquent les yeux, aux noyés, les clabaudeurs ?
- Parce que les « oiseaux clabaudeurs aux yeux bleus », ça lui rappelle des copines, à l'Arthur...
- pour le rythme et l'allitération (« ballotant / sur mes bords / les querelles » / tralali-tralalo / « clabaudeurs aux yeux blonds »)

5.
« Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ; »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

De quoi fait-il preuve, ici, le bateau ivre :
- d'inanité sonore aux abolis bibelots ?
- de monitorisme hanséatique (je sais pas ce que ça pourrait bien être mais ça m'amuse) ?
- de curiosité qui pousse le lecteur à se renseigner dans les notes qu'on lui dit donc que les « Monitors » étaient des navires de guerre américains, genre canonnières, voyez. Quant au mot « Hanse », il renvoie à l'ancienne association des villes marchandes « de l'Europe du Nord autour de la Mer du Nord et de la mer Baltique » (ça s'est terminé au 17ème siècle nous libéralise Wikipédia),
- d'humilité humide ?
- de bigoudisme acharné ?

Patrice Houzeau
Malo, le 1er octobre 2023.

 

25 septembre 2023

COMME S'ILS COUVAIENT TOUT UN ORCHESTRE

COMME S'ILS COUVAIENT TOUT UN ORCHESTRE

1.
« La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

En quoi ce quatrain pourrait-il passer pour ironique ?
- en ce que l'image du « bouchon sur les flots » évoque la bouteille et donc l'ivresse, celle du bateau si ça se trouve ?
- En ce que les « flots roulent » les noyés sans doute mais aussi ce bavard bateau, ce navire délirant, cette prosopopée de poète virtuose et de plancher des vaches ?
- En ce que « dix nuits », ça veut dire quoi ici, de quel genre de vaisseau qu'il cause, l'Arthur des talents ? Serait-ce de quelque vaisseau fantôme qui hanterait ses rêveries rimées ?
- En ce que les « falots » désigneraient ici les lumières niaises de la raison commune ?

2.
« Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin. »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Quoi qu'ils disent, les champs lexicaux du quatrain ?
- l'acidité des « pommes sures », les « taches de vins », les « vomissures », voilà pour l'ivresse, la saoulerie...
- le « sapin » ça vous a un côté approche du cimetière, non ?
- tout ça qu'ça hallucine hein qu'ça hallucine... se lâche, se démarre... plein les mirettes des images... « l'eau verte », le « bleu » des vins ; les vagues déferlent, envahissent le navire, coupant les ponts de la raison, « dispersant gouvernail et grappin »...

3.
« Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Qui c'est-y donc, ce « noyé pensif » ?
- Ophélie peut-être, car :
« Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc sur le long fleuve noir »,
qu'il a écrit, Rimbaud, que, forcément, la voilà dans la mer, l'Ophélie...
- Prigojine, Kadyrov, quelque dignitaire russe tombé en disgrâce débarrassé du plancher ?
- Une vision de cauchemar dans un rêve de poète cuvant ?

4.
« Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour ! »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Dans ce quatrain, Rimbaud évoque-t-il :
- des êtres bleus, délirants et rythmiques, façon tribu archaïque, se livrant à des fermentations amoureuses que je sais pas ce que ça peut bien être, mais ça m'a pas l'air très ragoûtant ?
- La fête à la frites-saucisse avec des bières rousses et quelques amoureuses ?
- Un trop plein d'images que lui-même, l'auteur, i sait pas trop ce que ça raconte, mais c'est bien joli tout de même, rythmique, rutilant, avec du roux dedans pour faire exotique ?

5.
« Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants ; je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir. »
(Rimbaud, « Le bateau ivre »)

Quoi qu'il sait donc au juste, le « bateau ivre » ?
- Il sait illustrer le bulletin météo avec des images qui claquent ?
- Il sait la puissance du son [k] quand il allitère, qu'ça claque donc : « crevant en éclairs », « ressacs », « courants », « exaltée », « colombes », « quelquefois », « cru ».
- s'halluciner comme l'homme sait s'halluciner lorsqu'il a décidé de s'halluciner ?
- Écrire de belles choses, dont tout le monde se fiche, sauf les amateurs de poésie, mais ils ne sont pas si nombreux, surtout quand il y a des films à la télé.
- Rythmer ses vers comme s'ils couvaient, les vers, tout un orchestre, un Rolling Stones, une batterie ?

Patrice Houzeau
Malo, le 25 septembre 2023.

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