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BREFS ET AUTRES
pop culture
25 octobre 2022

L'HUMANITE PROGRESSE MAIS AVEC UN ENTONNOIR SUR LA TÊTE

L'HUMANITE PROGRESSE MAIS AVEC UN ENTONNOIR SUR LA TÊTE

1.

« Il y avait seulement ceux qui disaient que c'était vrai et ceux qui disaient que ça n'était pas vrai. »

(Jean Giono, « Un Roi sans divertissement »)

Vérité et non vérité. Chacun y cherche son chat, lequel s'en moque effrontément, félinement, fantastiquement.

Il y a quelques années, la langue, le français, employa l'adjectif « fantastique », de manière hyperbolique, pour signifier l'étonnement dans des structures de type « c'est fantastique, comme tu as du mal à... ». Mon père disait parfois : « C'est quand même formidable, comme... »

2.
«  - Mien, tien. - « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants ; c'est là ma place au soleil. » Voilà le commencement et l'image de l'usurpation de toute la terre. »

(Pascal, « La Justice et la raison des effets »)

Le « commencement et l'image ». L’événement implique sa représentation. Seul Dieu y échappe. Toute représentation du Créateur étant vaine et mensongère par définition.

3.

« - Je ne veux pas m'en aller, dit le chat, je n'ai pas encore bu mon café. »

(Boulgakov, « Le Maître et Marguerite »)

- Je ne veux pas m'en aller, dit Zut, je n'ai pas encore retrouvé mon ombre.

4.

« - Eh bien !, accordez-moi que c'est une triste chose, lorsque l'amour au lieu de faire la félicité de la vie, en devient la calamité... C'est sans doute ainsi que Dieu nous aime ! »

(André Gide, « Les Faux-monnayeurs » [La Pérouse])

Qui sait de quoi est fait l'amour que Dieu est censé nous prodiguer ? Du reste, pourquoi Dieu serait-il aimant envers ses créatures ? Ne lui suffit-il pas de se consterner au spectacle de notre incommensurable bêtise ?

5.

Parmi les livres que je garderai pour m'accompagner le reste de mes jours, et de mes nuits, je compte « Les Faux-monnayeurs » de Gide et « Un Roi sans divertissement » de Giono. Ces deux textes me fascinent par leur construction et leur lucidité.

Il m'arrive de consulter des recueils de citations. J'aime assez ces collections de fusées, d'éclairs, de flèches de la raison et du style contre la bêtise et la vulgarité. Que ces citations soient commentées ne me gêne pas, au contraire. Pédanterie ? Perhaps.

6.

« Pour obtenir cet effet, suivez-moi, j'invente un personnage de romancier, que je pose en figure centrale ; et le sujet du livre, si vous voulez, c'est précisément la lutte entre ce qui lui offre la réalité et ce que, lui, prétend en faire. »

(André Gide, « Les Faux-monnayeurs » [Édouard])

Le vrai sujet de la littérature : l'énigme de la représentation. Du réel et son double, lequel ne peut être qu'un trompe-l’œil cependant qu'il structure notre regard.

7.
« Quand nous disons donc que les sens nous représentent les objets tels qu'ils nous apparaissent, mais l'entendement tels qu'ils sont, cette dernière manière de s’exprimer est à prendre dans une signification non pas transcendantale, mais simplement empirique »

(Kant traduit par Alain Renaut, « Critique de la raison pure »)

Y a gourance sur l'en-soi, le radicalement inconnu, sans doute inaccessible, quoique les équations pourraient bien en faire tomber quelques masques. Maintenant, ce qu'il y a derrière ce « en », du diable si j'en sais quelque chose !

8.

L'une des œuvres que j'aurai le plus entendue est « Atom Heart Mother » de Pink Floyd. J'en écoute, pour l'heure et sur You Tube, une version enregistrée par les « Pink Tones » en 2014 dans l'amphithéâtre romain de Segobriga (avec un accent sur le o, c'est en Espagne).

9.

« - Et qu'est-ce que tu vas foutre d'un labyrinthe ?

  • Eh bien, qu'est-ce qu'on fait d'un labyrinthe d'habitude ?, me dit-il.

  • Je ne sais pas, lui dis-je, j'ai pas l'habitude de ces trucs-là. Moi je n'en fais rien en tout cas.

  • Eh bien, moi je m'en sers pour me promener, dit-il. »

(Giono, « Un Roi sans divertissement » [Le narrateur et Langlois])

Il y a les amateurs de labyrinthes, qui affirment, avec un brin de forfanterie, que ce sont là leurs promenoirs, et il y a ceux qui ne savent pas quoi en faire. Et bien sûr, ce sont les amateurs de labyrinthes qui approfondissent le réel.

10.

« Tant de formes de la folie y abondent et chaque journée en fait naître tant de nouvelles, que mille Démocrite ne suffiraient pas à s'en moquer, et il y aurait toujours à faire appel à un Démocrite de plus. »

(Erasme traduit par Pierre de Nolhac, « Eloge de la folie »)

La bêtise des uns inspire le talent des autres. La folie inspire la raison, et l'humanité progresse, avec un entonnoir sur la tête.

Patrice Houzeau

Malo, le 25 octobre 2022.

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16 octobre 2022

PAR CE QUE J'IGNORE

PAR CE QUE J’IGNORE

1.
Serge Brussolo. « Les Cavaliers de la pyramide ». Comme dans beaucoup de romans dits de genre, le texte n’est pas si avare de références qui donnent lieu parfois à des notes : « La poudre à canon est en grande partie composée d’une moisissure : le salpêtre. »

Non sans rêverie, certaines phrases du roman de Serge Brussolo : « Nous sommes à la lisière de deux univers. Les équipages partis d’ici se sont en réalité embarqués pour l’autre monde. Ils ont trouvé la mort sans arriver nulle part ; voilà pourquoi ils hantent ces lieux » [Shagan].

2.
Les livrets bleus et blancs des « Classiques Larousse » de nos écoles. On en trouve encore sur les marchés aux puces, dans les boîtes à livres. Celui-ci est consacré à Clément Marot.

J’y retrouve le plaisant dizain de neige: « Anne par jeu me jeta de la neige », les échos d’une vie aventureuse, de l’élégie aussi, faisant parler le défunt Semblançay :

« Mes grans trésors, en lieu de secourir,
Honteusement me menèrent mourir. »

3.

« N’y a si belle dame aussi
De qui la beauté ne chancelle ;
Par temps, maladie ou soucy,
Laydeur les tire en sa nasselle »
(Clément Marot, « Chant de may et de vertu »)

Avec ça y a le gniaquard qui fait nyak nyak nyak (normal pour un gniaquard) comme quoi y a qu’la belle dame, sa beauté va pis qui s’effrite ; je ne pourrais dire mieux que Marot, aussi je n’ai plus qu’à me faire des frites.

4.
« Les contemplant tour à tour, j’observe les comportements différents à mes yeux du métal, de la pierre précieuse, du charbon, de la bûche, du morceau de viande. »
(Francis Ponge, « Les trois boutiques »)

Moi, cé rare que je contemple, passque chuis trop nerveux (cé pour ça que je lis pas, au bout de trois pages, j’ai envi de fere bouffer le bouquin a mon dogue), alors vous pensé, contempler tour à tour que déjà chez nous y a pas d’tours y a que des barres.

Cé rare aussi que les choses elles ayent des « comportements différents à mes yeux », passque généralement, je m’en fous des choses, surtout si je les connais pas par leur nom, zont qu’a s’barrer, sont pas chez elles chez les autres.

Je sais bien que le métal il a des comportemens differans selon la chaleur et les degrés qui le font rougir qu’avec ça les « chauffeurs » de l’ancien i brulé les pieds des fermiers pour leur fere dire ou ce qu’ils avé caché leur or et argent.

Quantta « la pierre précieuse, le charbon, la bûche, le morceau de viande », ah ça aussi c’est sûr que quand ça crame, ça se comporte différaman pas pareil, cé pour ça qu’on peut manger le kebab, se chauffer le cor on voit auçi que la pierre précieuse cé pas vraiment utile.

Quand je dis que la pierre précieuse cé pas vraiment utile faut pas le prendre au pied du mur passque je chuis sur un home intelligent come Mélenchon i saurait quoi fere avec, il la mettré dans un grand coffre national populaire, histoire d’avoir une poire pour la crise.

Moi je trouve Mélenchon intelligent qui gagne des sous rien qu’avec les mots qu’il dit que je comprends pas mais faut le fere quand meme. C’est comme Picasso, cé pas beau mais ça coûte sa vache.

5.
« Mékanïk Destruktïw Kommandöh » du groupe Magma me rappelle les Carmina Burana de Carl Orff, aussi Stravinsky, quelque chose de païen dans le kobaïa là, de médiéval, ou d’une Renaissance hantée.

6.
Comme vous nous avez demandé
D’écrire un poème narratif, j’ai décidé
De mettre dedans des mots que vous
Ne connaissez pas et moi itou
Pareil que je les connais pas.
C’est à cause du vocabulaire,
Que j’ai fait comme ça
Parce que du vocabulaire,
J’en ai peu
Et puis ainsi ça fait plus mystérieux…
Pour l’orthographe, c’est ma cousine
Qui a corrigé, c’est une tête, ma cousine ;
C’est normal, elle est au lycée général.
Donc voilà mon poème pas trop banal
(Il n’y a pas de titre, j’ai pas trouvé ;
J’espère que vous m’en excuserez)

La magueline aigrissait ses chamais
Crevettes, serpentines, racle-marais
Elles se glissèrent entre djour et cornioure,
Crevettes, serpentines, lestes dongloures,
Sous les portes, dans les fêlures,
Les lisières et les côtes des pendures.
La maguline aigrissait ses chamais
Tandis que dans l’armoisse
Ils mirauflaient feuillus les fardoisses
La courlardière estongeait sans crisser
Crevettes, serpentines, ô dégoulinantes
Ombres vives, ombres lentes…
Sans bruit elles effaçaient les murs
Réveillaient les poignardés des tentures
Crevettes, serpentines, griffures
Affaissaient les sentinelles plaies morsures
L’une pénétra dans la pardereille
A la fenêtre la lune gonflait vermeille
L’autre pénétra dans la ministreille
Et plongea plongea plongea sa dague
Dans le corps ensongé plongea sa dague
Le prince mourut. Les ombres s’en furent.

7.
Rien qu’avec tout ce que je ne sais pas, je pourais écrire un livre, meme plusieurs je pense.

8.
C’est par ce que j’ignore que je considère qu’un réel existe en soi, et dont je ne suis une condition ni nécessaire ni suffisante.

Patrice Houzeau
Malo, le 16 octobre 2022.

16 octobre 2022

SIMULTANEMENT AU MONDE

SIMULTANEMENT AU MONDE

1.

Serge Brussolo : « Les Cavaliers de la pyramide ». Un « thriller antique » dit la quatrième de couverture. On y évoque un « endroit où la pyramide d’Ankhnoût s’était enfoncée ». Doit y avoir beaucoup de sable là-dedans, et du sang aussi passque je l’sens assez ça.

Je me demande si le verbe « ankhnoûter » existe, genre il était tellement fasciné par les pyramides que probablement une prêtresse d’un très ancien culte occulte et contondant autant qu’égyptien l’a envoûté.

« J’éprouve le besoin de sortir du monde moderne où ma plume s’est trop trempée et qui d’ailleurs me fatigue autant à reproduire qu’il me dégoûte à voir. »

(Gustave Flaubert cité en exergue par Serge Brussolo dans « Les Cavaliers de la pyramide »)

2.

Je me souviens que dans la série « Amicalement vôtre », c’est la si reconnaissable voix de Michel Roux qui double Tony Curtis dans le rôle de Danny Wilde. Futile et rappelant le temps où, bah on s’en fiche.

3.
Francis Ponge : « Le parti pris des choses ». L’un des plus beaux titres de la poésie en langue française. Il y est question, entre autres éléments, du « galet ». Poésie analytique, pleine d’humour, précise et fine comme l’aiguille à coudre les mots d’esprit.

« Je noterai enfin, comme un principe très important, que toutes les formes de la pierre, qui représentent toutes quelque état de son évolution, existent simultanément au monde. »

(Francis Ponge, « Le galet »)

Par définition, synchronie et diachronie « existent simultanément au monde ».

4.
Edition française du manga : « City Hunter, Nicky Larson », volume intitulé « La Poussière d’ange de la peur », de Tsukasa Hojo. Le dessin n’y est pas trop simple, ni puéril. Il y a de l’humour et des voitures qui explosent. De jolies filles aussi. Ne soyons pas hypocrites, c’est aussi pour les jolies filles dessinées qu’on en lit, des mangas.

« Maintenant, je ne peux plus fermer l’œil ! Me raconter des histoires pareilles avant de dormir ! », dit dans son lit la jeune fille du manga « La Poussière d’ange de la peur », de Tsukasa Hojo.

5.
Balzac : « Les Chouans ». Le genre de classique que je n’ai pas pris le temps de lire et que, donc, je ne lirai sans doute jamais, d’autant que le volume n’est pas mince. Est-ce un roman d’aventure ? Une sentimentalerie en costumes ? Je songe parfois à la persistance de l’esprit de la fronde et aussi de la chouannerie dans la société française que les technocrates tentent d’hyper-connecter à marche forcée. Et le président Macron se prit une gifle.

6.
« Leurs longs cheveux retombaient sur le collet d’une veste ronde à petites poches latérales et carrées qui n’allait que jusqu’aux hanches, vêtement particulier aux paysans de l’Ouest. »

(Balzac, « Les Chouans »)

Cette phrase de Balzac a dû inspirer bien des costumiers. Je crois que les chouans du film « Chouans ! », de Philippe de Broca, sont ainsi vêtus. Le film est plaisant, avec des dialogues qui ont parfois un peu vieilli. Sophie Marceau y est épatante.

7.

« Imitation Game », de Morten Tyldum (2014) est un film sur Alan Turing, l’un de ceux qui réussirent à percer le code Enigma. Au début du film, un personnage dit du code Enigma : « C’est la main de la mort ». Une énigme, un jeu d’esprit, un jeu mortel.

8.
Serge Brussolo. « Les Cavaliers de la pyramide ». Il y est question d’accouplement et de cannibalisme, façon mante religieuse. Pas le genre réaliste. De « pyramide » qui « bouge » aussi, de pyramide oubliée, perdue, engloutie dans le temps tout sableux.

9.

L’émission « Enquêtes paranormales » (sur la chaîne CStar ce 16 octobre 2022) : le « Triangle de Bennington » (c’est aux USA) avec ses étranges disparitions des années 40 et 50. Gentiment frissonnant si on n’y croit pas.  

Et si on croit au caractère surnaturel de ces disparitions, c’est qu’on est bon client. Il est dit dans cette émission que les étranges disparitions du triangle de Bennington auraient inspiré Myrick et Sanchez, les auteurs de l’étonnant film « Le Projet Blair Witch » (1999).

10

Je me méfie de la chanson qui est souvent donneuse de leçons et à Maxime Le Forestier je préfère Gainsbourg et Dutronc. Mais la vraie morale dans l’art étant dans l’exercice de l’innovation virtuose, dès que je serai de nouveau en fonds, je me paye la discographie complète de Magma.

Patrice Houzeau

Malo, le 16 octobre 2022.

 

6 octobre 2022

PUISQUE DU TEMPS ILS N'EN ONT PAS

PUISQUE DU TEMPS ILS N'EN ONT PAS

 

« C'est triste de vieillir. Je l'envie, de vieillir. J'envie cette hâte qu'ils ont à faire les choses. Je veux dire : les vivants. »

(Joann Sfar, « Aspirine » [la vampire Aspirine])

 

C'est triste, me dis-je, voyant le chat écrasé sur la route,

Triste comme la vie est violente et comme l'espérance

De tout peut s'arrêter d'un coup de feu, triste aussi de

Vieillir, de s'aussérer du guebraur, d'se racrapoter oh dis le crapaud, de s'invequiarrer baveux vers le définitif, avec même plus s'tiête défois.

 

Je me cogitais cela, sous le ciel et ses promesses de pluie, me disant, je

L'envie – lors, ce n'est pas moi qui parle, mais la vampire Aspirine, de Joann Sfar, au spectacle de l'enseignant en philosophie courant après son minois et ses longues jambes – quoi donc qu'elle envie, la vampire, la vamp, l'immortelle ?

De savoir qu'il n'aura pas le temps de tout, car

Vieillir, ça rappelle qu'à un moment, v'là qu'on n'existe plus.

 

J'envie, moi, les ceusses pleins d'sous qui peuvent prendre tout leur temps, cause que moi, mon temps, je suis obligé de le vendre, et ça m'amuse pas tant, que je préférerais jazzer des vers en écoutant King Gizzard & the Lizard Wizard,

Cette fois, je vais me le distroudjiérer tout cru, fit Zut toute rouge, alors qu'une fois de plus, le calamiteux piquant nougats et caramels nous calamitait le p'tit commerce, comme si qu'on l'voyait pas.

Hâte-toi lentement, « festina lente » disait l'Antique,

Qu'ils aient des envies, des désirs, les bipèdes, c'est normal, ils

Ont du scaramouche plein la besace, d'la colombine, du pierrot-la-fronde, prodigieux guignol, carambolant tagada, pis l'palpitant tout voltigeant pour les jolies voltigeuses,

A courir donc qu'ils se mettent, les impatients, qu'le soleil attend pas, que le souffle passe et que vient la nuit, que le souffle, c'est celui du fossoyeur, et la nuit, c'est celle de la tombe.

Faire ce qu'on peut, c'est bien tout ce qu'on peut,

Les jours, on en aura jamais assez de toute façon à cause que les

Choses nous échappent, nous isolent, nous solitudinent, nous effacent.

 

Je sais bien pourquoi qu'ils se hâtent tant aux choses, les bipèdes,

Veux-tu vivre ta vie ? Alors dépêche-toi ! Faut

Dire que si tu avais tout le temps, genre tu serais immortel,

Les choses, on dit qu'elles perdraient le goût de la vie et de la mort, les

Vivants n'ont pas de temps à perdre puisque du temps, ils n'en ont pas.

Patrice Houzeau

Malo, le 6 octobre 2022.

18 septembre 2022

UN CONTREVERS SUIVI DE 5 NOTES SUR LE QUAI DES ORFEVRES DE STEEMAN

UN CONTREVERS SUIVI DE 5 NOTES SUR LE QUAI DES ORFEVRES DE STEEMAN

1.

« Les visiteurs apparaissaient soudain derrière la porte vitrée, comme pourvus d'échasses ou comme tombés du ciel, et il n'y avait plus qu'à les faire entrer en grimaçant un sourire, quelque importune que fût parfois leur venue. »

(Stanislas-André Steeman, « Quai des Orfèvres »)

Les Visiteurs du soir, c'est un film ça non ? Aussi une série avec des extra-terrestres, des « Visiteurs », qui enquiquinent cosmiquement un certain David Vincent, ça non ? Les Visiteurs, c'est pas le film avec Jean Reno et Christian Clavier dans les rôles de Geoffroy de Montmirail et de Jacquouille la fripouille, venus du féodal par les couloirs du temps et semant la pagaille dans notre modernité bidulaire ? Ils

Apparaissaient donc les Visiteurs, moi je ne les ai jamais vus.

Soudain ils sont là m'a-t-on dit, ombres

Derrière la porte, dans un temps suspendu et un noir de panne ;

La porte alors s'ouvre, sans que personne l'ait touchée, la

Porte s'ouvre lentement, mais vous, vous êtes tétanisé, les yeux fixés vers l'inconnu qui s'avance... Si c'est une porte

Vitrée, vous les voyez, les silhouettes étranges, sinon

Comme vous ne pouvez pas voir à travers la porte, alors vous ne les voyez pas, les Zôtres

Pourvus d'une tête à jouer dans une publicité pour adolescents que le kitsch alien épate (ah tiens, j'ai mangé des pâtes aux champignons ce soir), si vert latex et si longilignement hauts qu'vous les diriez

D'échasses montés, grandes tiges,

Ou tout droit

Tombés dans leur soucoupe volante à faire des témoignages époustouflants dans les lucarnes (avec pilote d'avion émérite, gendarme à qui on ne la fait pas, Madame Sainfoin, la bouchère de Vigorgne-en-Pâtis, et l'inéluctable ufologue à tête carrée), tombés donc

Du grand là-haut du

Ciel où les étoiles se frisent les moustaches parce qu'elles sont coquettes.

2.

Robot. « une manière de robot au mécanisme secret » : c'est ainsi que le peintre Klein dépeint le collectionneur Judas Weyl dans « Quai des Orfèvres », de Stanislas-André Steeman, au moment où Klein désire racheter une de ses toiles et que Weyl attend quelques instants avant de décliner l'offre.

3.

Le temps et l'effort. Il n'est pas indifférent que, dans « Quai des Orfèvres », de Stanislas-André Steeman, ce soit le commissaire chargé d'élucider la mort violente de Judas Weyl, qui soit celui qui « connaisse la valeur du temps et de l'effort » et que cela soit exprimé par des « pas mesurés », « les pas lourds, puissants », ébranlant l'escalier, pesant sur le réel, les pas « d'un homme que rien ne presse ». Le commissaire Maria est le représentant de l'Ordre. Il a le temps et la justice pour lui.

4.

Monstrueux. Le fait que, dans « Quai des Orfèvres », de Stanislas-André Steeman, le peintre Noël Martin, pour complaire à Belle, accepte une invitation à une soirée, alors que son confrère, le peintre Klein, se trouve « en cellule, en cellule par sa faute » à lui, Noël Martin, persuadé d'avoir tué Judas Weyl et laissant donc accuser un innocent à sa place.

5.

« Princesses mortes ». C'est à des « princesses mortes » que le peintre Noël Martin, assez mélancoliquement, compare les robes du soir que, alors qu'ils étaient fiancés, Belle lui montrait, lui en promettant l’exclusivité.

6.

Vertu et fidélité. « Tugend ist wenn keiner kommt ; Treue, wenn kein zweiter kommt. » proverbe viennois (selon Stanislas-André Steeman qui, à propos des relations entre Noël et Belle, le cite dans « Quai des Orfèvres ».

Traduction donnée par Steeman : « La vertu, c'est quand nul ne vient ; la fidélité, c'est quand il n'en vient pas un second. »

Patrice Houzeau

Malo, le 18 septembre 2022.

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14 septembre 2022

JE ME SUIS FAIT DES OEUFS SUR LE PLAT ET JEAN-LUC GODARD EST MORT

JE ME SUIS FAIT DES OEUFS SUR LE PLAT ET JEAN-LUC GODARD EST MORT

1.

« L'île n'est donc pas dès le départ un lieu hermétiquement clos. Elle le devient au cours du roman, comme une pièce qui se refermerait progressivement sur ses occupants. »

(Pierre Bayard, « La Vérité sur dix petits nègres »)

Où l'on apprend que parfois les îles comme les pièces se referment sur leurs occupants.

Ainsi se ferment les parenthèses. Ainsi se ferment les tombeaux. Ainsi se ferment les romans, les rideaux et les trappes.

Quelque chose toujours nous piège.

A s'débattre dans des séries de coups fourrés, un parcours de lucidité, c'est comme ça qu'on existe nous autres. Et chacun est fatalement le piège de quelqu'un.

2.

« La belle, si tu veux, je ferai ton lit

Dans le décor sanglant de ma boutique. »

(Robert Desnos, « Couplet du boucher »)

Parfois, dans sa boutique, béat, le boucher rêve de beauté.

3.

« France, France, réponds à ma triste querelle :

Mais nul, sinon Echo, ne répond à ma voix. »

(Joachim du Bellay)

Parfois, qu'on appelle la France, et y a que l'Echo qui répond, et encore, défois, i répond pas, l'Echo, il est parti au bistrot.

4.

« - L'arcane, arrivant à la dernière de ces dix fenêtres, est de surprendre à l'autre fenêtre au travers de la chambre ténébreuse et inhabitée un autre fragment de la carte sidérale. »

(Paul Claudel, « La Nuit à la vérandah »)

Contemplant les temples invisibles du ciel noir, je me dis que peut-être le cosmos, c'est du fromage mou, tout noir de caillots, dans la tête d'un dieu cacochyme, immobile, muet, alors vous pensez, les arcanes célestes, c'est pas dans cette encre là que je trempe ma plume.

5.

« Cependant celle-ci [Flatterie] est décriée de nos jours, du moins par les gens que troublent les mots et non les réalités. »

(Erasme traduit par Pierre de Nolhac, « Eloge de la folie »)

Les mots peuvent-ils troubler les gens plus que le font les réalités ?

Le langage pouvant tout aussi bien dire vrai du réel que d'en dire faux, les mots peuvent servir à exprimer tous les complots que les ennemis de la réalité imaginent pour piéger la conscience.

Ainsi la Toile est-elle pleine d'araignées complotistes.

En 2022, les réseaux sociaux étaient pleins des échos d'une guerre entre l'assassin Poutine présenté comme un sauveur de l'humanité (quelle sinistre farce !) et le soi-disant « Empire du mensonge » occidental.

6.

Tout au long de mon existence, beaucoup de livres que j'eus en ma possession, ont disparu. Je ne savais pas mon fantôme si grand lecteur.

7.

« - vous en verrez sortir toutes sortes de bêtes dont les hommes ont depuis longtemps oublié le nom, à supposer qu'on leur en ait jamais donné un. »

(Bernanos, « Monsieur Ouine » [le curé de Fenouille])

Où l'on apprend que certains êtres, soit ils sont innommables, soit leur nom a depuis longtemps été oublié.

La littérature fantastique tente de nommer les êtres que l'on ne sait plus nommer.

Je ne sais pas non plus nommer tous mes êtres.

Dans les films d'horreur, l'être de l'ombre, dont la jeune fille ne connaît pas le nom, l'être de l'ombre, lui, le connaît, le prénom de la jeune fille, et il le murmure dans les nuits suspiriennes.

8.

Tout le monde n'aime pas les quatuors à cordes de Debussy.

Notons que les quatuors à cordes de Debussy s'en moquent bien.

Je pense assez que le fantôme de Debussy s'en moque aussi.

Tout le monde ne connaît pas les quatuors à cordes de Debussy.

Notons que les quatuors à cordes de Debussy s'en moquent tout autant.

Quant au fantôme de Debussy, nul doute qu'il s'en tamponne le tempo avec la vivacité d'un pizzicato.

Ils poursuivent leur chemin de quatuor à cordes, les quatuors à cordes de Debussy, ils poursuivent leur chemin pour ceux qui les apprécient, et qui sont tout de même assez nombreux, les happy few.

9.

Fumer la pipe est un geste qui se fait rare.

Consulter sa montre aussi.

Porter un imperméable et un chapeau, fumer la pipe et consulter sa montre feront songer, en particulier si vous êtes grand, que vous imitez le Monsieur Hulot de Jacques Tati. Monsieur Hulot est quelqu'un de si rare qu'on ne le voit guère que dans les films qui lui sont consacrés.

10.

Le 13 septembre 2022, je me suis fait des œufs sur le plat et le cinéaste Jean-Luc Godard est mort. Je me souviens de « A bout de souffle » et de « Pierrot le Fou », de Jean-Paul Belmondo et de Jean Seberg, de Ferdinand et de Anna Karina, de « Qu'est-ce que j'peux faire, j'sais pas quoi faire. »

Je ne sais pas s'il y a beaucoup de scènes dans les films de Godard où les personnages se font des œufs sur le plat.

Patrice Houzeau

Malo, le 14 septembre 2022.

28 août 2022

BIN V'LA QU'IL RECULE LE REEL MAINTENANT

BIN V'LA QU'IL RECULE LE REEL MAINTENANT

 

1.

« L'image de la maison était instable, elle palpitait, comme si l'édifice oscillait alternativement entre la réalité concrète et une insubstantialité incertaine. »

(Philip K. Dick, « Ubik »)

2.

Sautant, à mon habitude, d'un paragraphe l'autre, dès que je croyais saisir de quoi qu'ça cause, me dispensant ainsi de lignes et de précisions ralentissant le rythme auquel j'aime à dévorer, je ne me suis pas mis aisément à la lecture du « Ubik » de Philip K. Dick.

3.

Je m'aperçus vite que je ne comprenais rien et me demandais dans quel roman de spatiogare pour poulpe cosmique en transit j'étais supposé me plonger. Ayant lu précédemment le très bon « Code Rebecca » de Ken Follett, la désorientation me floutait le truc.

4.

En ces temps d'urgence critique, lire des romans de genre est un luxe. Certains disent aussi que manger de la viande est un luxe, et ils prétendent nous en culpabiliser. Et je ne parle pas du salutaire droit à l'indifférence. Bref, fâcheux et tartuffes sont à la mode.

5.

Dans « Ubik », Philip K. Dick évoque un univers où les objets « régressent ». Ils retournent à des états anciens et donc sont frappés d'obsolescence.

Le roman « Ubik » mêle des temps.

Les temps ne sont pas des légumes. Pourtant, Philip K. Dick s'y entend à composer ses macédoines spatio-temporelles.

Que les objets puissent régresser, comme si c'étaient eux qui remontaient le temps et non pas nous, rend le roman intéressant.

Si « Ubik » avait raconté l'histoire d'un jeune homme et d'une jeune fille dont l'amour est contrarié par la rivalité et l'inimitié des familles, cela aurait pu être intéressant aussi.

Mais bien sûr, c'est l'art qui fait tout, et c'est tout l'art des écrivains de nous faire adhérer à tout un tas de choses, dont beaucoup de sottises.

6.

« Ça désigne les pouvoirs parapsychologiques, » expliqua Joe. « La force mentale opérant directement, sans l'intervention d'aucun intermédiaire physique. »

(Philip K. Dick traduit par Alain Dorémieux , « Ubik »)

Les pouvoirs parapsychologiques, c'est pareil, ce ne sont pas des légumes.

Ce n'est pas la tomate qui envoûte.

Ce n'est pas le concombre qui maudit.

Et vous ne faites de mal à personne en dégustant vos tomates, vos concombres, vos haricots verts, beurre, blancs, rouges.

Le cœur de bœuf n'est pas un légume, mais il peut fasciner.

Paraît qu'on s'en sert pour envoûter (c'est fascinant).

Quant à la « force mentale », elle non plus, pas un légume. Votre cerveau, c'est pas du salsifis, car ce n'est pas en invoquant l'esprit du salsifis que vous allez ruiner votre voisin, ou séduire la charmante Elvire.

Remarquez que l'électronique peut nuire à distance.

Les hackers sont-ils de modernes sorciers ?

7.

Comme je vais certainement me séparer de certains livres (j'en ai trop), je pense que je vais conserver « Ubik » de Philip K. Dick (quelle claque, cette histoire de réalité qui recule). Quant au « Code Rebecca » de Ken Follett, je ne sais pas. Habile, mais j'ai du mal à comprendre comment, à la fin du roman, l'espion allemand, dont toute l'intrigue prouve la virtuosité, ne reconnaît pas le major Vandam. Habile, prenant, mais, comme tous les thrillers, un poil trop fabriqué.

8.

Alors qu'il se trouve dans un temps régressé, Joe évoque la guerre en Europe. Son interlocuteur lui dit ceci : « C'est comme le sénateur Borah et le sénateur Nye. S'ils n'étaient pas là, Roosevelt serait déjà en train de vendre des munitions à l'Angleterre et de nous entraîner dans une guerre qui n'est pas la nôtre. » Visionnaire Philip K. Dick.

9.

« Les graffiti avaient raison. Ce monde est celui de la semi-vie, comme le disaient les distiques. »

(Philip K. Dick, « Ubik »)

On ne se pose généralement pas la question de savoir si les graffiti ont raison.

Ils sont souvent obscènes, les graffiti.

Ce n'est pas la véracité des messages qui importe mais le caractère brut de leur expression.

Du punk avant l'heure, les graffiti. Du très ancien punk.

De même que les fatrasies médiévales précèdent certaines comptines psychédéliques.

Quant à ce monde, qu'il soit celui de la « semi-vie », nous n'en doutons pas. L'autre moitié étant tissée de fantasmes.

Patrice Houzeau

Malo, le 28 août 2022.

 

1 août 2022

GEORGETTE SE MOQUE ET MARIANNE RIT

GEORGETTE SE MOQUE ET MARIANNE RIT

 

  1. Le 31 juillet 2022, des rumeurs courent selon lesquelles la Serbie se ferait de nouveau menaçante. L'OTAN est-elle prête à garantir la souveraineté du Kosovo ? En cas de conflit, Poutine apportera-t-il son aide militaire à la Serbie alors qu'il est actuellement sur la défensive en Ukraine ?

  2. Il y a un bonhomme tout gris barbu qui dit qu'il envoie son «choukaye » (s't'un corbeau il fait Flap Flap Flap) mais l'autre avec son képi il dit qu'il les a gagnés (les « poinsoins ») et « fous-le camp, l'oiseau ! » qu'il crie. (in Godard et Ribera, « Le Dépotoir des étoiles »)

  3. Près d'un grand arbre sans feuilles avec un trou blanc dans les branches (c'est l'soleil, il aveugle) réunis sont les guignols  à masques de corbeaux. Ils s'apprêtent à condamner à mort des « caravaniers arrivés hier ». (in Weyland, « Le Tribunal des corbeaux »)

  4. Dans le bar, Kurdy Malloy il est bourré et il discu-bafouille avec un barbu à lunettes qui lui cause d'un « toubib » qui a « découvert un truc pour conserver la jeunesse à certains et pour ça, il la pompe à d'autres ! ». Péril au labo. (in « Hermann, « Un Cobaye pour l'éternité »).

  5. « Elle vous croyait voir de retour à toute heure ;

    Et nous n'oyions jamais passer devant chez nous

    Cheval, âne, ou mulet, qu'elle ne prît pour vous. »

    (Molière, « L'Ecole des femmes » [Georgette à propos d'Arnolphe et d'Agnès]

    Marianne saluant quelques-uns de nos politiques.

  6. 1er août 2022 : 11h.50 : indices boursiers russes en baisse. Le rouble en baisse : 1 euro = 63, 88 roubles (1 rouble = 0,016 euro). Les chiffres attestent de la détérioration de la situation économique de la Russie. Rappel : le RTSI sur un mois est en baisse de plus de 18%.

  7. Sauf si Poutine l’exige (mais le peut-il vraiment, je commence à avoir des doutes vu la façon dont Lukachenko le balade depuis des mois), la Serbie n'attaquera pas le Kosovo. L'OTAN a fait passer le message et il est clair.

  8. Que la Chine soit « l'atelier du monde » plaide en faveur d'une non-intervention de la Chine aux côtés de Poutine. La Chine produit beaucoup et donc exporte beaucoup : c'est ainsi qu'elle s'enrichit. Une aventure guerrière la desservirait.

  9. Bloquer les prix, augmenter les salaires ? Un SMIC à 1500 euros ? Une taxe sur les hyperprofits ? Mais oui, mais oui, chère LFI, et à la sortie : une inflation record, voire une hyperinflation, une dette tout aussi record et une fuite des investisseurs...

  10. Les géants politiques de la guerre et de l'après-guerre, les Churchill, les de Gaulle, les Adenauer ont fini par s'écrouler et les nains qui étaient montés sur leurs épaules se sont répandus partout, bavards, gesticulants, ineptes.

Patrice Houzeau

Malo, le 1er août 2022.

30 juillet 2022

VERS LA FIN DE LA BLAGUE DE CE MONDE CANARDEUR ?

VERS LA FIN DE LA BLAGUE DE CE MONDE CANARDEUR ?

 

  1. Lu sur Internet : « Le parquet espagnol demande plus de huit ans de prison contre Shakira pour fraude fiscale. »

Shakira mais ne rit pas.

Après, il y a itou Shakira qui roule, en fin de compte, n'amasse pas flouze, mais là, je reconnais, c'est hasardeux.

Si jamais Shakira écope de huit ans de prison pour fraude fiscale, un type comme Poutine, avec tous les gens qu'il a fait assassiner, si jamais il finit par passer devant un tribunal international, il va se prendre quoi ? 800 ans ?

2.
« - Rien – Je parle sous moi… Des mots qu'à l'air je jette
De chic, et sans savoir si je parle en indou...
Ou peut-être en canard, comme la clarinette
D'un aveugle bouché qui se trompe de trou. »

(Tristan Corbière, « Rapsodie du sourd »)

Quelle langue jacte-t-on réellement ? Et quelle langue emploient-ils, ces autres que nous croyons comprendre, que nous comprenons quand même, mais jamais tout à fait.

3.
Si jamais nous comprenions ce que nous racontent réellement les autres, nous tairions-nous ? Prendrions-nous nos jambes nos plus rapides ?

4.
« Dans la plupart des sociétés humaines la croyance en la sorcellerie n'est pas le fait de certains individus seulement ou même de beaucoup, mais de tous. »
(René Girard, « Le Bouc émissaire »)

Rare soleil de la raison ? Et le bon sens ? Varie selon les saisons, sans doute. On dit que la sorcellerie est une influenceuse efficace. « Les  mots, la mort, les sorts ».

5.
« Quelqu'un de la foule […] dit à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Il lui répondit : « Mon ami, qui m'a établi pour être votre juge ou régler vos partages ? » (Luc, 12, 13-14 cité par René Girard dans « Le Bouc émissaire »)

Le Christ n'est ni notaire, ni comptable, ni juge du code. Zelensky accuse Poutine de crimes de guerre. Poutine accuse Zelensky de crimes de guerre. Macron discute avec des dictateurs. La télévision est une nécrologie.

6.
Bon alor le piratte prit la mer avec son bateau qu'on dit galion mais je sais pas si cé pour ça qu'il s'appelé « Lion des mers » mais en tout cas il ala bien loin vers des pays que je connais pas non plus.

7.
« Immense vache à lait dont nous sommes les veaux ! »
(Tristan Corbière, « Litanie du sommeil »)

Je sais pas de quoi il parle, Corbière, mais je trouve qu'il exagère de dire que nous sommes des veaux. J'en ai la conclusion dans ma pensée que sa poésie à Corbière n'est pas polie, alors que la boulangère elle dit toujours bonjour.

9.
« - Un œil en moins. - Et vous, en avez-vous en plus ? »
(Tristan Corbière, « Matelots »)

Idiote réflexion je trouve passque quan on a un œil en moins, c'est qu'on est borgne tendis qu'avec un œil en plus, c'est qu'on a muté dans une histoire dessinée par des gens qu'on appelle dessinateurs d'orribles mickés.

10.
« Ils durent comme ça, reniflant la tempête »
(Tristan Corbière, « Matelots »)

Je sais pas si ça existe les renifleurs de tempêtes mais cé possible passque je suis ignorant de tout ce qui consserne nez, pifs et compagnie, moi, cé bien simple, avec mon nez je vois rien.

11.
Dans le double album « Ummagumma » de Pink Floyd, il y a  une galette live tonitruante prog rock à faire planer les cochons fumants et puis une partie expérimentale dont je sais plus quoi vu que je l'ai pas écoutée depuis des lunes.

« Ummagumma » on dirait le nom d’un OCNI (Objet Cosmique Non identifié) genre Zavez-vu ce drôle de cigare façon Oumuamua qui fuse dans la galaxie ? Quoiksédonc ? Encore un truc qui passe dans l’espace pendant qu’la planète trépasse.

12.
Zavez beau dire, plus il y a de gens sur la planète, plus le partage est inégalitaire. Et comme produire, c’est polluant jusqu’à crever la planète… La solution ? Y en a pas, mise à part la guerre, et c’est bestial.

13.
Gainsbourg, dans un de ses textes virtuoses, a écrit : « Si je balance entre l’émoi et le jeu ». On l’a dit souvent que la vie est un jeu. 2022 : tout a l’air de courir de plus en plus vite vers l’effondrement ; dire que « la vie est un jeu » me semble soudain obscène.

14.
30 juillet 2022 : GazProm déclare suspendre ses livraisons de gaz à la Lettonie. Dans « La Mort dans les nuages » il y a « La jeune française s’en alla ». C’est chez Denoël et sous le titre « Mon propre rôle » que l’on trouve les textes des chansons de Gainsbourg.

15.
Sur Arte, ce 30 juillet 2022 ce bandeau : « Démocraties contre dictatures : la nouvelle guerre des mondes ». Zut me dit qu’au train où c’est parti, ni démocraties, ni dictatures ne survivront à l’effondrement de ce monde tragiquement humain. #FinDeLaBlague

Patrice Houzeau
Malo, le 30 juillet 2022.

26 juillet 2022

REMINISCENCES DE LA DAME EN NOIR

REMINISCENCES DE LA DAME EN NOIR

1.
« Alors s’il n’est pas mort, c’est qu’il est vivant… », il dit le Sainclair du « Parfum de la dame en noir », le film de Bruno Podalydès. Lorsque je suis impatient, j’ai bien tort parfois vu que le temps qui passe hein qu’il me rapproche si vite de la fosse néant.

2.
Dans « Fantoches », de Verlaine,
« Scaramouche et Pulcinella
(…)
Gesticulent, noirs sous la lune. »
Je me demande si les fictions qui cohabitent avec nos pommes ne nous songent pas frites, boudin, compote.

3.
« Larzan… », comment ça, « Larzan » ? comme se goure le personnage interprété par Zabou Breitman dans le film de Bruno Podalydès. « Dans n’importe quel pays », qu’il pourrait frapper, Larsan. L’assassin est plus proche de nous qu’on le croit.

4.
« Hercule, ne charge pas la mule » est la devise des habitants du Fort d’Hercule où, dans le film de Bruno Podalydès, se sont réfugiés Mathilde Stangerson et son mari Darzac, accompagnés par Rouletabille et Sainclair. « Il faut bien prendre le temps de bien voir les choses », dit aussi Sainclair, d’accord en cela avec tous ceux qui n’ont plus ni temps, ni yeux, ni mains, ni poêlon pour aller se faire cuire un œuf.

5.
J’aime bien l’expression qu’on emploie en mathématiques de « boîte à moustaches ». On dit que les moustaches d’Hercule Poirot sont bien plus longues et démonstratives qu’on les représente habituellement. On dit même que ces moustaches sont improbables.

6.
« Tout s’qui s’voit et qu’on n’voit pas », dit Rouletabille interprété par Denys Podalydès. Dans le film « Le Parfum de la dame en noir », Julos Beaucarne a un très net accent wallon. Zut prépare des chicons au gratin. L’oncle, - il est mort -, boit une pils.

7.
N'ayant jamais aimé grand monde, je ne me regretterai pas. Par contre, je regrette de n’avoir pas su conserver mon exemplaire de l’album « Le Petit coffre canari », de Marc Sleen. J’aimerais les revoir telles qu’elles étaient, mais pour ça faudrait qu’le temps fût cyclique.

8.
« Darzac : « Vous n’avez pas touché à votre crêpe au sucre…
Malthide : Taisez-vous donc ! »
(in « Le Parfum de la dame en noir », de Bruno Podalydès, France, 2005).
La musique de ce film signée Philippe Sarde rappelle à Zut qu’elle aime bien les pizzicati d’un quatuor de Debussy.

9.
Dans le film de Podalydès, il y a le mystère d’un « corps de trop » et celui d’un « corps de moins » et puis un sac vide avec un mort dedans pis qui « revient tout seul », qu’il dit Darzac, pis aussi vide que la caboche d’un politologue russe pro-Poutine.

10.
« le Parfum de la dame en noir » tourne autour du sang, du sang de Larsan, lequel s’appelle aussi Ballmeyer. Ce que doit résoudre Rouletabille, c’est l’énigme de sa généalogie. Puisque c’est humain, tout ceci est « non moins inexplicable ».

Patrice Houzeau
Malo, le 26 juillet 2022.

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