Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BREFS ET AUTRES
18 février 2022

COMME JE PRIS LE LIVRE ELLE CROQUAIT DES POMMES

COMME JE PRIS LE LIVRE ELLE CROQUAIT DES POMMES

1.
Citation : « Certains de ses amis, quand il les avait bien exaspérés, prétendaient que le détective [Hercule Poirot] préférait le mensonge à la vérité et qu'il n'aimait rien tant que de parvenir à ses fins par des voies détournées, en utilisant des dépositions mensongères, soigneusement mises au point. »
(Agatha Christie traduit par Michel Le Houbie, « Cinq petits cochons »)

S'il s'avère exact que selon Agatha Christie, Hercule Poirot parvenait « à ses fins en utilisant des déposition mensongères, soigneusement mises au point », il est donc légitime de douter de la culpabilité des coupables désignés par le célèbre détective belge.
Les enquêtes d'Hercule Poirot apparaîtraient dès lors comme une succession de machinations ourdie par le détective. Je demande une enquête parlementaire.

A l'âge de douze-treize ans, je découvris les romans d'Agatha Christie. « Le Crime du golf » fut le premier émerveillement devant un monde obstinément fictif, désuet, insolite et fécond. C'est ainsi je crois que les univers parallèles se manifestent.

2.
« les yeux grands ouverts, longtemps, très longtemps. »
(Agatha Christie)

Comme je contemplais le Sphinx, il resta les yeux grands ouverts, longtemps, très longtemps. Comme je contemplais le Sphinx, je me mis à penser à Zut. Comme je pensais à Zut, Zut m'apparut. Il y eut bataille d'énigmes parfaitement absconses.

3.
« - C'est même la seule chose qui me passionne dans les affaires dont je »
(Agatha Christie [Hercule Poirot])

Comme il contemplait le Sphinx, il murmura : « Le retour de l'énigme. La seule chose qui me passionne dans les affaires dont je... » ; il tira une bouffée de sa pipe, parce que défois, il jouait à Sherlock Holmes, surtout quand un chien hurlait dans la lande.

4.
« Il allait enfin voir de ses yeux l'endroit où le drame s'était passé. »
(Agatha Christie)

Il me semblait être sur le point de découvrir la vérité sur un point qui pourtant m'échappait. J'avançais dans les ombres, y reconnaissant parfois un visage, d'autres m'étant inconnus. Je me disais cependant que j'allais enfin voir de mes yeux l'endroit où le drame s'était noué.

Cependant que je me disais que j'allais enfin voir de mes yeux l'endroit où le drame s'était noué, je me demandais de quoi il était question. J'interrogeai Zut qui me répondit qu'elle aussi avait conscience de sa propre impuissance.

5.
Contemplant le Sphinx, il pensa qu'il avait un air à la Vladimir Poutine. La radio évoqua le 17 février 2022 un bombardement dans le Donbass. L'énigme des commencements se reposait. Qui ? Où ? Dans quel but ? Je pensai au crâne sur le bureau.

6.
« Nous n'étions pas dans le même collège, mais nous nous retrouvions régulièrement aux vacances. »
(Agatha Christie, [Philip Blake])

C'est le genre de phrase propre à servir d’exemple de grammaire que j'affectionne. Passe-partout, elle ne mange pas de pain, me dis-je. A ce moment, Zut apparut, dévorant un petit pain au chocolat, parce qu'elle était du Nord.

Dérivons : « Nous n'étions pas dans le même collège, mais nous nous retrouvions régulièrement pour hanter le même manoir ».
« Nous n'étions pas dans le même collège, mais nous nous retrouvions régulièrement à la même ligne de la même page du même roman. »
« Nous n'étions pas dans le même collège, d'ailleurs nous ne nous sommes régulièrement jamais rencontrés. »
« Comme nous nous retrouvions régulièrement aux vacances, nous n'étions pas du même collège. D'ailleurs, nous étions tous deux fort poutres en logique. »
« Nous n'étions pas du même collège, mais notre sœur s'appelle Mélanie (Zettaufray ajoute l'un consternant l'autre) ».

7.
« Tout en bavardant, elle croquait des pommes. »
(Agatha Christie)

Onze syllabes. En manque une pour faire l’alexandrin. Remédions :
« Tout en assassinant, elle croquait des pommes. »
« Tout en conjecturant, elle croquait des pommes. »
« Tout en se grattouillant, elle croquait des pommes. »
« Tout en s'évaporant, elle croquait des pommes. »
« Tout en clavecinant, elle croquait des pommes. »
« Tout en soliloquant, elle croquait des pommes,
S'étouffa, trépassa, alors on l'enterra. »

8.
« … et qui ne nous surprendraient pas si, ces gens, nous les connaissions mieux. »
(Agatha Christie, [Angela Warren])

Comme je me trouvais dans le couloir avec la jeune femme aux cheveux courts et son amie lycéenne, quelqu'un sortit de la salle, « L’examinateur s'est suicidé », annonça-t-il blême et paniqué. Nous eûmes des soupçons.

A l'annonce du suicide de l’examinateur, nous soupçonnâmes le candidat. Le célèbre détective à imper, pipe, sandwich, bière, l'interrogeait à voix basse. Nous n'entendîmes qu'un bout de réplique sur les gens que nous ne connaissons jamais vraiment.

Patrice Houzeau
Malo, le 18 février 2022.

Publicité
Publicité
17 février 2022

PIEGE A LOUP

PIEGE A LOUP

« Car l'un de nous avait inventé pour les mots
Le piège à loup de la vitesse »
(Aragon, « Les mots m'ont pris par la main »)

Comme elle prononça les mots « piège à loup », le décor s'accéléra.

D'un couloir vide, vif et sombre (que disent ces syllabes hachées que j'entends au loin gronder « One of these days »?), je passai à ce lieu de misère.

Je passai à ce lieu de misère. Des visages émaciés, des corps penchés dans des habits abîmés, le visage de Marx voletant ici, là, ailleurs ; un halluciné appelait au vent d'est ; des sacs plastique, quelques boîtes de conserve.

Quelques boîtes de conserve voisinaient avec ce que je comprenais être quelques vêtements. Zut était maintenant à mes côtés, elle revenait d'une pêche à la sardine à la tomate et me fit remarquer que nous savions maintenant où ils allaient.

Que nous savions maintenant où ils allaient, ceux que l'on a rejetés. Zut aux seaux pleins de sardines à la tomate, me dit que le poète a toujours raison (il s'agit d'Aragon) : « Il n'est pas de palmiers dans le Pas-de-Calais ».

Je lui souris, lui rappelant cette autre voix d'Aragon : « Nous avions rêvé tout un jour d'une vie au bord d'un rocher. » Et je me reprochai aussitôt cette mièvrerie, d'autant que yeux et barbes se courroucèrent.

« Nous avions rêvé tout un jour d'une vie au bord d'un rocher. » Ce rappel du vers d'Aragon mit Zut dans une colère que je ne compris pas tout de suite lorsque le nom « Monaco » me vint à l'esprit et que le regard de Marx devenait plus insistant.

Le regard de Marx devenant plus insistant, j'eus honte de n'être que moi tandis que des drapeaux rouges et noirs traversaient les places, mais une célèbre musique en lui dont il ne reste qu'étincelles me rappela à l'ordre des normes.

Il faut bien dire, sachant cela, que l'on ne peut plus rien dire me dit un diseur distrait, et pourtant, il savait bien des choses mais il avait oublié son dîner, sa direction et dix centimes pour faire l’appoint. Cela je le savais, je le connaissais de vue.

Soudain les affamés se ruèrent sur les seaux pleins de sardines à la tomate. Zut disparut dans un sondage électoral. Il y eut grande mêlée d'écailles, de dents, de hardes et les sardines engloutirent beaucoup de gens. Il y avait du rouge plein la toile.

Patrice Houzeau
Malo, le 17 février 2022.

 

14 février 2022

REVENANT

REVENANT

« Restait l’inexplicable rocher. »
(Franz Kafka, « Prométhée »)

Y songeant, je m'aperçois que ce n'était pas moi qui franchissais la distance, mais le lieu qui soudain changeait. J'étais dans une des cours, puis soudain dans une autre cour, puis tout au long d'un corridor, dans d'autres cours encore et dans d'autres corridors, puis descendant un escalier, me retrouvant dans une autre cour

et songeant que je lisais une phrase de Kafka, une phrase de Kafka qui n'en finissait plus dans un livre de Kafka que je n'en finissais plus de.

Comme j'interrogeais la jeune femme aux cheveux courts sur le pourquoi de sa présence, elle me fit remarquer que c'était là où elle vivait. Comme c'était là aussi que j'avais coutume de demeurer, j'en conclus que nous vivions ensemble. Je ne m'étonnai donc pas de sa présence dans le corridor, et de sa familiarité avec le Palais, que, manifestement, elle aussi hantait.

Me faisant ces réflexions, je vis que la jeune femme aux cheveux courts se tenait devant une porte ; peut-être était-elle le Sphinx ? Comme si elle lisait dans mes pensées, elle rit : « - Tu ne reconnais donc pas ta Zut », dit-elle, « ai-je vraiment l'air d'un Sphinx ? » (Hilarité générale, sans que je puisse savoir qui exactement riait.)

« - Mais tu n'as pas tout à fait tort. D'ailleurs, je vais te poser une énigme », me dit-elle. « Qui est celui qui tarde toujours devant la porte et qui n'est pourtant pas un étranger ? »

Comme l'adjectif « inexplicable » se présentait à mon esprit, une végétation folle avait rempli les couloirs, dérobé les escaliers, avalé les cours et au loin surgit un train aux vitres jaune électrique. Il semblait venir de la ligne claire. Je compris qu'il fallait partir.

Restait l’inexplicable question. Je voulus soudain en savoir le fin mot. « Je ne t'ai posé cette question que pour éprouver ta sagacité », me répondit Zut (je la reconnaissais maintenant et j'étais soulagé qu'elle ne fût pas absente).

C'est sans doute celui qui ne devrait pas revenir et qui revient pourtant. Comme je lui faisais cette réponse, Zut dit : « Tu as raison, c'est le revenant. - Mais si c'est un revenant, pourquoi ne traverse-t-il pas la porte ?
- Parce qu'il est coincé dans une boucle de temps. Le fil s'est cassé, vois-tu, jamais il ne pourra rentrer. »

Restait cette inexplicable porte. Comme ce rêve se bâtissait au fil d'une poignée de citations tirées d'un volume de Kafka, cela me revint en mémoire : qu'expliquer l’inexplicable revient toujours à un fond de vérité inexplicable, disait une note de Kafka sur Prométhée.

«-  Mais Zut, pourquoi ne rentres-tu pas par cette porte ?
- Tu te trompes, ce n'est pas moi qui revient. Celui qui revient passe comme une ombre fuyante. Je n'ai jamais pu réellement le voir. Mais je sais qui il est. »

Alors, soudain, je me sentis trépassé.

Patrice Houzeau
Malo, le 14 février 2022.

 

13 février 2022

PASSAGE

PASSAGE

 

Je me trouvai dans une page de Philip K. Dick et le télépathe me répondit : « Je ne peux plus lire dans les esprits ». Vaguement désolé, je me dis moi pareil, pouvais plus lire dans les esprits. Ma table tournante m'avait lâché et je ne devinais plus.

Je m'aperçus que je n'étais pas seul et que je passais un examen. Mon examinateur, lui aussi du Philip K. Dick, d'une voix sourde observa : « A mon avis, vous avez le goût de l'échec. » Je lui trouvai un air d'acteur américain et fus honteux de ma négligence.

Je lui trouvai un air d'acteur américain, dont le nom ne me revenait pas, et honteux de mon ignorance, restai cloué sur ma chaise. Dans le couloir, j'y étais tout à l'heure - je m'en souvenais maintenant - avec la jeune femme aux cheveux courts et son amie lycéenne.

Dans le couloir, la jeune jeune femme aux cheveux courts disait à la lycéenne au visage lisse que c'était à cause de la réforme qu'il y avait tant de canards étonnés dans le couloir. C'est sur cet étonnement que je fondai la raison de leur silence.

Je finis pour moi-même la citation (citer du Philip K. Dick en songe n'est certes pas la pire chose) : « On ne peut rien y changer, même dans les circonstances présentes. » Je vis le temps changer. Un vent à faire valser les bœufs.

Que pouvais-je faire ? Dehors le vent m'empêchait de sortir (je vis quand même passer des gens dans ce vent) et l’examinateur semblait attendre des réponses que j'étais incapable de lui donner. Il y avait du silence, bientôt saturé par le souffle du vent de plus en plus puissant.

L’examinateur, avançant ses yeux et son visage, me demanda de lui dire la vérité. A ce mot, j'entendis rire dans le couloir et pensai que la jeune femme aux cheveux courts se moquait de moi. Des canards cancanèrent.

« La vérité », c'est ce qu'il faut dire, me dis-je, même quand on ment, puisque nous mentons pour sauver ce que nous pensons être notre vérité. L'homme qui ment à sa femme sur un assassinat. Les mensonges que nous faisons à nous-mêmes.

Je me dis que ce que je me disais, c'est ce que je devais lui dire, à l’examinateur, mais au moment où j'ouvris la bouche, il avait disparu.

A sa place, il n'y avait plus que des yeux s'enfonçant « comme des grains de raisin ratatinés ». Je reconnus cette comparaison ; elle était de Philip K. Dick et me demandai pourquoi il y avait tant de phrases sorties de « Ubik » partout.

« Non tu n'es pas là », me dit la jeune femme aux cheveux courts et j'étais revenu dans le couloir dans lequel le vent s'engouffrait, faisant flotter une succession de rideaux blancs.

« Non tu n'es pas là. » Je tentai de protester de ma présence mais elle ne m'écoutait pas, continuant à citer l'auteur de « Le Maître du Haut Château ». Je pensai que ce vent dans le couloir n'était pas ordinaire, peut-être le souffle d'une explosion ? Nous étions debout pourtant.

Dans le couloir, la jeune femme aux cheveux courts continuait à citer du Philip K. Dick : « L'enchaînement de formes qui normalement se déroule... cet enchaînement a été interrompu. » La lycéenne au visage lisse applaudissait.

La lycéenne au visage lisse applaudissait et moi, tout vieux, que faisais-je dans cette bibliothèque ? A la place des livres convoités, je trouvai un cercueil, dont je m'approchai me disant : « Ah, « Les Mémoires d'outre-tombe ! ».

Comme je me penchai sur le cercueil, j'y vis un « crâne couleur de parchemin » et une citation de Philip K. Dick, où il était question « d'ossements roussis et desséchés », de « regard torve » (je pensai à mon examinateur), de « grains de raisin ratatinés ».

Comme retentit l’explosion, je compris qu'on frappait à ma porte. Avant de me laisser au réel, la jeune femme aux cheveux courts me dit dans un souffle : « Elle n'a pas – je dis bien elle n'a pas – cherché à utiliser son pouvoir après l’explosion. »

Pourquoi toujours Philip K. Dick ?, me dis-je ouvrant mes yeux sur le da-sein.

Patrice Houzeau
Malo, le 13 février 2022.

12 février 2022

ATTENDANT LES ATTAQUES

ATTENDANT LES ATTAQUES

1.
Donc la relance en France repose sur des emprunts à l'UE, qu'on remboursera avec l'aide de Dieu et des subventions aux entreprises pour qu'elles embauchent plein d'apprentis (comme ça le chômage i baisse). Euh, vous savez que ça risque de coincer bientôt ?

Macron, on va bientôt l'appeler l'Américain, cause qu'il voit l'endettement se creuser et qu'il pense que la France va s'en sortir façon Etats-Unis, lesquels produisent sans cesse et innovent tout l'temps, sauf que la France, c'est pas l'Amérique...

Du coup, il voit des EPR partout, notre visionnaire président, sauf que les EPR, chuis pas bien sûr que ça fonctionne vraiment...

Je vois le truc que Macron va nous ressortir l'argument d'une UE plus forte grâce au fédéralisme, sauf que d'une union de souverainetés, d'orgueils et d'identités à un Etat fédéral, il n'y a pas un monde, mais plusieurs.

2.
Macron engrange les soutiens à droite (Eric Woerth, Natacha Bouchart...). Fait-il miroiter des ministères ? Plein d'argent magique pour les villes, les régions ?... Attention aux désillusions...

3.
Macron aura été le président le plus contesté de la Vème République, et cela à peine un an après son élection (l'étrange affaire Benalla). Et, à mon avis, ce sera pareil s'il est réélu.

4.
Crise après crise, nous passons d'une société où les lois avaient pur but de tempérer les usages à une société où les lois ont la prétention de transformer les usages, d'une société de la régulation à une société du règlement. Défiance et contestation en sont le prix à payer.

5.
Quoi qu'on pense des Gilets Jaunes et du Convoi de la Liberté, force est de constater que le quinquennat Macron aura été marqué par le désordre, l'absence d'anticipation et beaucoup de blablabla (grand débat national et gavages à la moraline).

6.
En alertant chaque jour sur l'imminence d'une attaque de l'Ukraine par l'armée russe, les Etats-Unis montrent qu'ils prennent Poutine au sérieux. C'est habile, car rien ne serait pire que de considérer Poutine comme un agité et de le traiter avec condescendance.

Macron a-t-il eu raison de courir à Moscou pour rencontrer Poutine ? Je réserve mon avis. Nous ne savons pas ce que les deux hommes se sont réellement dit. A priori, courir chez l'adversaire ne semble pas une bonne idée. En tout cas, c'est courageux car quelque peu humiliant.

Je suis assez d'accord avec Alexis Corbière, entendu tout à l'heure sur France Culture, il ne s'agit pas d'être pro ou anti-Poutine, il s'agit de le prendre au sérieux et de dialoguer, avec pour limite le respect des intégrités territoriales, à commencer par celle de l'Ukraine.

Si Vladimir Poutine se met à surmilitariser sa sphère d'influence et tente de l'agrandir en ne respectant plus les souverainetés, alors ce sera le retour de la guerre froide, sous l’œil du Sphinx chinois.

Et si Poutine envahissait réellement l'Ukraine ? (je ne n'y crois guère, mais on ne sait jamais), comment réagirait Joe Biden ? Sommes-nous réellement à la veille d'un troisième conflit mondial ?

Sans lancer une attaque d'ampleur, Poutine peut déclencher des provocations, des incidents à la frontière, des déstabilisations... Je crois plus à un retour de la guerre froide qu'à une troisième guerre mondiale... La politique des coups tordus et des barbouzeries, quoi.

Patrice Houzeau
Malo, le 12 février 2022

 

Publicité
Publicité
11 février 2022

C'EST-Y PAS QUE TU MOURRIRAS BIENTÖT TOTO ZOZO

C'EST-Y PAS QUE TU MOURRIRAS BIENTÔT TOTO ZOZO

 

Dans l'attente du repas. Un léger vertige tout à l'heure. Je partirai bientôt si ça se trouve. Dans l'attente du repas, vous me direz comme ce personnage de Hermann : « Vous n'êtes pas seul à avoir sofert du malaise de la mer ». Théâtre. « Miam-Miam », Jean Le Poulain.

Dans l'attente du repas. Coupes, fruits, le bouffon à l'ombre de la panse ; je pense à la viande, à la peau sous laquelle court le squelette. Le visage lisse du jeune homme, du bachelier peut-être, si je me souviens des cours de philologie romane.

Philologie romane, c'est ça qu'elle étudiait, la jeune Polonaise de 1985 acceptant la gauloise, m’excusant de ne pas avoir de blondes, « Les gauloises sont de très bonnes cigarettes ; en Pologne, nous aimons beaucoup les cigarettes françaises. »

Cette planche de Hermann, les oranges, les rougeoyances du feu, les discussions. Le noir et le bleu du dehors quand on rentre du travail. Je vois le bateau au loin, les pierres et les bois du port. Un silence d'assassin.

Pas d'assassinat pour l'heure et la page, mais la maladie. On tombe malade défois comme on tombe amoureux, d'un coup : « Hier encore vous n'aviez que peu de fièvre... » dit le personnage de Hermann. M'arrivera plus de tomber amoureux, tant mieux mais la maladie.

La foudre dans le lavis bleu puis la pluie. Le détail d'un oiseau portant brindille. La fièvre fournit le cauchemar, yeux rouges et vapeurs vertes. Certains s'enfièvrent, d'autres prient. Et l'on prend parfois pour un signe le rayon du soleil revenu après l'orage.

La Polonaise de 1985 qui aimait bien les gauluches préfigure le Berlinois de 1988 qui glissa un paquet de blondes dans la poche de ma parka. « Je sais que les soldats français sont pauvres ». « Alléluia » s'écria le gars quand le rayon de soleil l'éclaira.

Etait-ce vraiment un signe ? En tout cas, à cheval, l'enfiévré durant six jours. Dans la plaine immense, sous le ciel immense, les pèlerins. La force de Hermann, ce pastel pour représenter l'âpre médiéval. Redonde pas, bourre pas, nuance.

Que signifient les signes ? Le galop du cheval annonce-t-il le chevalier ? Tout est question d'interprétation. Nous avons donc inventé le mensonge. C'est l'humain qui donne sens, qui signifie. Rien de plus logique que notre absurdité. Nos ombres nous poursuivons, nos fictions.

« Miam-miam ou Le dîner d'affaires », de Jacques Deval, est une très bonne pièce sur ce qu'est un homme retors. « C'est tout simplement de l'homme, ma louloute, du vulgaire homo sapiens ». Jean Le Poulain magistral. Le ciel s'assombrit.

Le ciel s'assombrit. C'est normal, il fait nuit, me répondit Zut tandis que je plongeais dans les ténèbres virtuoses de la musique de Claudio Simonetti.

 

Patrice Houzeau
Malo, le 11 février 2022.

11 février 2022

COMME JE ME SENTIS FANTÔME JE ME REVEILLAI

COMME JE ME SENTAIS FANTÔME JE ME REVEILLAI

 J'ouvre un album de Hermann et je me souviens d'un rêve.

Des mômes jetant des cailloux, lapidant le vagabond pendant que poursuivant leur route, sur leurs chevaux, dans la fiction, l'un des personnages demande à l'autre « Comprenez-vous le grec ? » Je ne l'ouvris pas.

Je ne l'ouvris pas pour la condamner. Des mômes lapidant le vagabond. Soif de la clameur du feu. Le vent, pas qu'il fasse si froid mais le vent. Au loin de la palissade qu'il jetait sa vue, aussi loin que, attendant le fendant les flots.

La mer embarcadère mouettes goélands comme dans ce film idiot où l'un dit à l'autre On ne doit plus être loin de Mâcon et qu'un goëland apparaît sur leur moto pendant l’exode, les Français sur les routes et les troupes déchirées.

C'était sur les routes, l’exode, les gens à pied, les soldats à pied, tout ça mêlé comme dans un roman de Claude Simon ; mon père y perdit son père d'une attaque de stuka. Dans le fossé, blessé, mortellement. On ne mourait pas que de mort naturelle. Il n'en parlait jamais.

C'est étrange les rêves. Quelle était cette bibliothèque où j'allais comme si elle m'était assez familière ? Des livres et des jeunes gens. Il faudrait que je fasse des fiches. C'est pour ça que j'y allais. Des jeunes gens, des lycéens, et moi tout vieux.

Quelle était cette bibliothèque où soudain je ne retrouvai pas mes livres, les livres que je cherchai, et cette jeune femme aux cheveux courts qui s'avança, j'eus le pressentiment quelle faisait partie du personnel, elle dit : Qu'est-ce qui se passe ?

J'y allais comme si elle m'était familière, dans cette bibliothèque pleine des visages lisses des lycéennes, je me disais je suis tout vieux avec mon cartable d'enseignant et les livres mes livres je ne les trouvai plus, à cause des préparatifs d'un Salon du Livre.

Je compris que c'était à cause d'un Salon du Livre en cherchant mes livres, les voyant, ces autres livres, rossignols très chers et cette tête moustachue et rigolarde (je crus qu'il moquait ma pomme, là, moi, tout vieux comme un vieux da-sein).

Cette tête moustachue, il me sembla la reconnaître mais me vient pas d'emblée, peut-être cet étudiant instituteur? Elle ne se moquait pas de moi. La jeune femme aux cheveux courts ne s'adressait pas à moi non plus, mais à la jeune fille assise et pâle.

« Alors qu'est-ce se passe ? Pourquoi éprouves-tu le besoin de m'appeler « belle-mère » ? (je retranscris fidèlement la parole du songe), puis elle l'embrassa, la jeune fille. Sur la bouche. Comme je me sentis fantôme, je me réveillai.

Ceci n'a rien à voir avec le récit du Capitaine Hastings : les formateurs qui expliquent aux enseignants qu'il ne faut pas expliquer le lexique aux élèves cause qu'ils doivent retrouver le sens par rapport au contexte n'ont jamais lu Wittgenstein, je pense.

La réforme Blanquer prend le rance de toute part. Paraît que Pierre Mathiot lui-même reconnaît « quelques » erreurs. Avouez-le, Messieurs, vous vous êtes fourvoyés dans la haute gourance, et voilà.

Patrice Houzeau
Malo, le 11 février 2022.

9 février 2022

QUAND JE VOIS VERAN JE PENSE A LA MORT DE MA MERE

JE VOIS VERAN JE PENSE A LA MORT DE MA MERE

1.
Holmes dit : « Vous me devinez, n'est-ce pas, Watson, malgré le fait que je ne sois pas tout à fait là... 
- Et comment se fait-il que j'entende votre voix aussi clairement que si vous étiez dans cette pièce ?
- Une suite extraordinaire d'événements en est la cause, il faudrait que vous puissiez les coordonner de manière à distinguer le fil auquel je pourrais peut-être me raccrocher, et enfin sortir de cet état d'invisibilité dans lequel l'inconséquence d'une phrase m'a plongé. M'avez-vous bien lu, Watson ?
- Je vous rappelle, Holmes, que j'ai l'honneur d'être le chroniqueur de vos exploits depuis...
- Dans ce cas, il vous faudra surveiller un peu plus les copies de vos écrivains fantômes... »

2.
Jean-Michel Blanquer admet qu'un retour de l'enseignement des mathématiques dans le secondaire est souhaitable. Dont acte. Encore un effort, Monsieur le Ministre, et vous abandonnerez l'essentiel de votre contestable réforme pour ce qu'on appelle le bon sens.

3.
« - Mais c'est clair comme le jour !, s'écria le colonel, constatant que j'en avais retrouvé dans le beurrier du 221b Baker Street (je fréquentais alors quelques pages de Conan Doyle), à moins que ce ne fût dans des endroits encore moins recommandés. Vous vous demandez de quoi je parle. Moi aussi, et c'est bien là toute l'énigme.

J'aurais dû mettre des guillemets à « à moins que ce ne fût dans des endroits encore moins recommandés » car, de mémoire, je crois que je le ,cite, Conan Doyle. Le truc du beurrier, c'est de lui aussi, ça, je sais.

4.
L'inépuisable d'un dialogue de Platon (« unausschöpbar » lit-on dans les éditions françaises de Martin Heidegger), tandis que nos vies, tarte aux pommes. Je me demande ce que j'ai fait tous ces jours. Bien obligé. On s'épuise à des riens. C'est ça, somme de riens, qui nous fait.

5.
Heidegger se demandant « qu'est-ce que cela, qui nous appelle à penser ? ». La sonnerie du début de cours. Qu'on accourt défois. Un pissou avant la reprise, ou que j'la tiens la jambe, avec je ne sais quel discours de ferme la un peu, défois ça vaut mieux.

6.
Un soir, j'ai assis la Logique sur mes genoux. Je l'ai trouvée consternante, alors je lai chamboulée.

7.
Ma mère, avant de mourir, ses dernières paroles furent Ouyouyouille. C'est là que j'ai appelé pour qu'elle retourne à l'hôpital. Trop tard. Elle est partie du ventre ma mère. Comme sa mère, je crois. J'espère que je finirai pas gaga bavant. L'ampoule de la chambre claqua.

8;
Je vois Véran, je pense à la mort de ma mère. Rien à faire, j'aime pas les toubibs. Ma mère non plus les aimait pas trop. La France archaïque, celle qui fait peur à Macron. Celle qui défois on croirait qu'elle va voter trop à droite, la frondeuse. Mais non. Enfin, pas toujours.

9.
La possibilité du dire dans la compatibilité entre le sujet et le prédicat, c'est ça que je trouve dans un paragraphe de Heidegger. Ebahie ma cafetière. Je. Moi. Ça. Da da da Da-Sein. Est-ce là tout ? Devait se fendre la pipe défois devant les figures enfarinées d'ses apprenants, le philosophe.

10.
« Les Armoires vide », de Annie Ernaux. Ebahissement. Claque. Céline sans les trois petits points. « entretient des liens étroits avec la sociologie », dit Wikipédia. Mon œillet. Entretient des liens de style avec les tripes, oui.

11.
La France archaïque, défois qu'elle vote trop à droite ou trop à gauche. Fait peur à la raison libérale. Bah, y a d'l'ordre dans tout ça. Calculé pour. A la fin, c'est toujours la finance qui s'en met plein les fouilles.

12.
« marionnettes de la Logique ». Au hasard de l’œil dans un volume de Heidegger. Y a toujours une explication. Des mômes crèvent de faim ou se font massacrer, ça s’explique. C'est pour nos beaux yeux. L'Occident magnifique, innovant, parasite de l'Afrique. « Nos amis Africains », qu'il dit Macron. Faux-jeton.

Le jour où Macron et Le Drian abandonneront leur « nos amis Africains » et diront « nos alliés ou nos partenaires Africains », on aura fait un pas vers moins de condescendance et de paternalisme.

13.
Encerclé des Indiens. C'est du Milo Manara.et Hugo Pratt. Y a du « maudit révérend » qu'le personnage lui a sauvé « sa chienne de vie », il dit. Il demande que les soldats le « sortent d'ici », le révérend. Planche précédente, soldats, cadavres, oiseaux noirs, un chien.

14.
« - Qu'est-ce qu'on est donc ? » demande le personnage. « - Des démons !... voilà ce qu'on est, et moi j'ai connu les buissons avec tout le monde », répond la fille. C'est dans la bédé « Un Eté indien » à Milo Manara et Hugo Pratt.

15.
Petit théâtre d'âmes dessinées... « Le cinéma du pauvre » qu'on disait naguère... Quel luxe pourtant, celui d'aller à la scène qu'on veut relire, sauter les pages, et pas s’hypnotiser aux images mouvantes.

atrice Houzeau
Malo, le 9 février 2022.

6 février 2022

QUE FAIT DONC CE CAMEMBERT DANS L'AQUARIUM ?

QUE FAIT DONC CE CAMEMBERT DANS L'AQUARIUM ?

1.
Comme il se trouvait dans une page du « Miroir du mort », d'Agatha Christie, il se dit qu'il ne se demandait pas s'il croyait aux fantômes, puisque lui-même n'est-ce pas, mais si cette fille croyait réellement l'avoir vu, alors que manifestement, le livre était fermé.

2.
Quant à ses yeux, ils n'en crurent pas leur bonhomme.

3.
Ce professeur, dont Robert Charroux, dans « Le Livre du mystérieux inconnu » dit qu'il s'appelle Jakobson, (on n'est pas obligé de le croire), rappela que « seuls les êtres humains ont la faculté d'apprendre toutes les langues ». Les casseroles applaudirent ; les bouilloires sifflèrent.

4.
Cette publicité affirme (et cela sans trembler ni des genoux, ni des sourcils) qu’en 1959, l’achat de ce carrément expansé ouvre les portes « du bonheur », lequel est à prendre mais reste néanmoins largement insaisissable (y en a qui, et y en a, bin non). Elle véhicule une certaine image de la famille : le père au carrément, seul à prendre en charge la gestion de l’expansé, la femme veillant sur ses enfants (elle est armée d’un lance-roquettes anti-char et a cet air acharné qu’elle a aussi, Zut, à chaque fois qu'elle voit passer un bifteck, la petite fille tenant une poupée vaudou (parce que sinon ça vaut pas la peine, l’envoûtement à la barbie, ne valant pas tripette), le petit garçon gardant le féroce molosse qui ne laisse que des osses, et muni d’une fronde imprévue aussi bien que mortelle).
(d’après tout un tas de gens qui, sous la direction de Patrick Pique, ont signé le manuel d’Histoire-Géographie de Terminale Bac Pro publié dans la collection « Les Parcours pros », Delagrave, 2021, p.48)

5.
Regardant les cartes de répartition de la Grenouille de Lesson (« repeat after me »), de la Grenouille commune et de la Grenouille rieuse (je savions point qu’ça existot), les petits points là sur la France m’évoquent la stratégie des pierres sur le goban. (on notera, outre la liste à ne pas sous-estimer des courses du samedi, le réseau lexical amphibien- pierre – reptile).

6.
« Ce fromage français, - je crois, Miss Izentitt, que c'est « camembert » qu'on le nomme-, présente un intérêt extraordinaire, murmura Holmes en l’examinant avec la même intense concentration d'esprit qu'il mit à résoudre l'affaire dite des « propriétaires de Reigate » . Il ajouta que nous nous trouvions sans doute dans des eaux beaucoup plus profondes que nous le pensions avant que nageoires et écailles nous poussent durant la nuit. La question était donc : que faisait ce camembert dans l'aquarium ?

Note : Miss Izentitt remplaça quelques temps l'attendu Docteur Watson (cela fut, bien sûr, effacé par l'histoire officielle). Deux hypothèses se firent jour :
a) Watson s'étant reconverti dans l'élevage de chiens de Baskerville, il fut un temps remplacé par une sienne cousine.
b) Watson aimait parfois s'habiller en femme et se faire appeler Miss Izentitt. Holmes, que les mystères de l'âme n'effrayaient pas, en aurait pris son parti.

7.
« Pendant des années et des années j'avais soupiré après les prés verts et les haies d'Angleterre », répétait souvent ce vieux soldat de l'armée des Indes d'une page de Conan Doyle, « c'est quand j'ai décidé d'épouser une vache que mes camarades me crurent fou ».

8.
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrCRAC fit le bolide tombant du ciel.

9.
« Non, mais t'as pas bientôt fini de te payer ma fiole », disait Hector au grand miroir de sa penderie, tandis que son reflet n'arrêtait pas de se gondoler, le voyant attifé comme s'il allait jouer l'as de pique dans quelque bouffonnerie chantante.

10.
Selon l'Office national des forêts, il ne fait aucun doute que cette forêt est malade. Et donc, à chaque fois qu'elle tousse, ça fait plein d’oiseaux morts dans nos rues.

Patrice Houzeau
Malo, le 6 février 2022

5 février 2022

NE JAMAIS JETER LES DES AVEC L'EAU DU BAIN

NE JAMAIS JETER LES DES AVEC L'EAU DU BAIN

1.
« Africa joue la répétition pour provoquer la transe (n'est-ce pas la démarche d'un Fela...?) » (Pascal Bussy, « John Cotrane », Librio Musique, 1999, p.40)

2.
Ce sera sa dernière apparition publique. Après il se fit fantôme, et sa musique toujours plus spectrale. Certains vivants la trouvaient inaudible.

3.
Une nouvelle génération de musiciens sur le devant de la scène. On retrouva les cadavres de leurs grand aînés dans des tubas, trombones et bassons, des têtes dans des pianos, de l'os dans la flûte à mystères, les violons sciaient, les violoncelles équarrissaient.

4.
Zut, qu'une phrase de Pascal Bussy tentait, joua la répétition pour provoquer la transe. Gestes et choses prirent un tour lancinant, entêtant, fiévreux de synchronie hantée, de visage syncopé à la fenêtre.

5.
« - Toujours le même genre de sottises, répondit calmement le Capitaine de la « Flûte à Mystère » qui avait lu Dashiell Hammett. Si vous voulez les lire, elles s'agitent sur la table ; il suffira de les immobiliser avec le fer à sottises. Il y en aura bien d'autres d'ici l'élection du Grand Palabrant. »

6.
La jeune fille (elle est morte), me parlant de Conan Doyle, me tira par la manche ; nous nous éloignâmes de la villa, par amour du passé simple et pour ne pas rester dans un présent mortifère. Comme s'ils étaient aimantés, mes yeux se tournèrent de nouveau et je la revis, la livide figure, jaune comme une fièvre, et qui me la tirait, la langue, comme si j'avais oublié mon latin dans la cuisine.

7.
« De sorte qu'après avoir donné un de ces yeux à la Directrice (qui revenait de Thessalie) et un autre à Cruella Debord (qui revenait des Carpathes), il était sans doute sur le point du i du mot énigme d'en faire usage, du troisième œil de la troisième fille. Non, Hastings (il venait de quitter une phrase d'Agatha Christie), je crains que la question des yeux ne nous soit d'aucun secours pour la sauver de la fatale. »

8.
Entendu dire que c'est en répétant « Cheerokee », qu'improvisant sur les plus hautes et sur les plus basses notes du thème, Charlie Parker inventa le bee-bop. Est-ce une imagination de la légende du jazz ou y a du vrai dans ce tempo ? Je ne sais.

9.
Elle me lança un coup d’œil assassin, dont j'esquivai la lame de justesse.

10.
Comme il secouait la tête d'un air de doute, celui-ci prit la mouche et le quitta, le laissant à ses certitudes.

11.
 - Magnanimes, ils s'éloignèrent.
- Oui, et après ?
- Oh, j'ai dit ça comme ça, juste pour le son que ça fait.

12.
« Je ne saurais dire combien étrange et sinistre à la fois était ce voisinage muet, dans l'obscurité, tout près de quelqu'un que l'on ne voyait pas. »
(Stefan Zweig, « Amok » [le narrateur])

13.
Derrière, la musique commença à balancer ses flûtiaux . La danse ouvrit les bras, les portes, les bouteilles, les yeux des endormis et les débats entre partisans de la théorie des anciens Astronautes et ceux qui pensent que cette théorie n'est jamais qu'un leurre de plus forgé par la société du spectacle. Quelque squelette l'ayant invitée à quelque amok tango, sous prétexte qu'ils avaient tantôt parlé de Stefan Zweig,  elle abandonna, en s’excusant, le cercle des jeteurs de paroles en l'air, qu'ils rattrapaient avec une virtuosité de danseur de claquettes.

14.
Il ne surprit pas davantage les éclats de ce chœur universitaire qui entonnait avec passion le thème dit de « La Nation apprenante » (musique assez pompeuse qu'un certain Jean-Michel Blanquer avait composée pour complaire), car à ce moment, il se leva du banc où il complotait quelque reptilerie pour retourner dans une phrase de Philip Roth.

15.
Il ne faut jamais jeter les dés avec l'eau du bain. Ça porte malheur. Tous les Révolutionnaires assassinés dans leur baignoire vous le diront.

Patrice Houzeau
Malo, le 5 février 2022.

 

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 > >>
BREFS ET AUTRES
  • Blogs de brefs, ça cause humeur du jour, ironie et politique, littérature parfois, un peu de tout en fait en tirant la langue aux grands pompeux et à leurs mots trombones, et puis zut alors!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité