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BREFS ET AUTRES

6 février 2024

LES ANGES NE MANGENT NI CASSOULET NI PORTE-AVIONS

LES ANGES NE MANGENT NI CASSOULET NI PORTE-AVIONS

1.
« Voici le soir charmant, ami du criminel »
(Baudelaire, « Le crépuscule du soir »)

Voici un parapluie, c'est utile quand il pleut,
Le parapluie, et si c'est le
Soir qu'il pleut, eh bien si l'on sort, on a certainement alors plus besoin d'un parapluie que d'un dictionnaire de rimes. Bien sûr, c'est
Charmant, un dictionnaire de rimes qu'on dirait que vous êtes poète, chansonnier et autres activités à passer le temps même que, parfois, il y en a, des paroliers pour les chansons là, ils arrivent à en vivre, dit-on, de leurs rimes, mais
Ami, soyons honnêtes, quand il pleut, un parapluie est infiniment plus utile qu'un dictionnaire de rimes, hein, dites, quand il tombe
Du ciel des chats et des chiens, comme, dit-on, disent les Anglais, que je ne sais pas si les Anglais le disent réellement ça, « It's raining cats and dogs » qu'on ne nous apprend pas à se méfier de tout, comme dit Brel dans sa chanson. Quant au
Criminel, bien sûr que, s'il pleut vraiment très fort, lui aussi va se munir d'un parapluie, voire d'un dictionnaire de rimes, mais c'est moins sûr.

2.
« Comme un Ange cruel qui fouette des soleils »
(Baudelaire, « Le Voyage »)

Comme je me demandais à quoi faisait référence le vers de Baudelaire que voici : « Comme un Ange cruel qui fouette des soleils », je me dis :
Un porte-avions, c'est bien ça pour mener des avions près de zones de combat qu'alors les avions peuvent aller faire leur travail d'avions de combat et ensuite rentrer sur leur base militaire mobile et marine là manger leur cassoulet, aucun
Ange ne vint du ciel me dire quoi que ce soit à propos des porte-avions parce que je ne crois pas que les anges viennent du ciel pour discuter avec les humains de porte-avions, ni de cassoulet ; il est d'ailleurs assez
Cruel pour notre orgueil à deux pattes et moustache de constater que les anges ne s'intéressent ni aux porte-avions ni au cassoulet et donc, je pose la question : A quoi donc s'intéressent les anges s'ils ne s'intéressent ni aux porte-avions ni au cassoulet ?
Qui peut répondre à cette question, ah, certes le cassoulet ne le
Fouette pas, parce que je n'ai jamais vu de cassoulet, fût-il en boîte, muni d'un fouet.
Des anges non plus d'ailleurs, à moins que ce fussent des anges cruels et baudelairiens, mais alors, sont-ce vraiment des anges ? Je m'interroge, surtout depuis que je sais que les dits « anges » ne s'intéressent ni aux porte-avions ni au cassoulet. Les
Soleils non plus, c'est à noter, et pourtant, ils sont plusieurs, ce qui quand même étonne.

Patrice Houzeau
Malo, le 6 février 2024.

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6 février 2024

LECALENDRIER EST BIEN UTILE

LE CALENDRIER EST BIEN UTILE

 

« Le troisième avait sur la tête un chapeau de toile taché de boue, aux ailes ramollies qui pendaient sur ses oreilles. »
(Marcel Pagnol, « Manon des Sources »)

 

Le calendrier est bien utile pour se repérer dans l'année. Un
Troisième calendrier n'est pas utile, surtout si l'on en a déjà un. Un deuxième non plus. Mais parfois, on se retrouve avec plusieurs calendriers. Il
Avait un parapluie, mon oncle, qu'il perdait tout le temps. Je pense qu'il avait aussi un calendrier, mais je n'en suis pas sûr.
Sur mon bureau, il y a un calendrier. Je n'y ai pas coché
La date de ma mort car je ne la connais pas, mais dans ma
Tête, je me dis que ce sera peut-être cette année.
Un jour, je serai là et le lendemain couic. Mon
Chapeau n'a pas besoin de calendrier. D'ailleurs, je n'ai pas
De chapeau. Les gens ne portent plus de chapeau mais ils portent encore la cravate. Moi, je préfère les chapeaux aux cravates parce que les cravates, moi, ça me serre le cou, que je trouve que c'est assez barbare comme coutume, ça, la cravate. Une
Toile non plus n'a pas besoin de calendrier, quoiqu'il y ait certainement des toiles où sont peints des calendriers. Je n'en connais pas mais j'en ai certainement déjà vues. Peut-il être
Taché, le calendrier ? Certainement, surtout si l'on a renversé du café dessus en cherchant dedans la date des vacances scolaires, que très gentiment le calendrier vous indique, parce qu'il est fait pour ça. Peut-il être taché
De bawa, de baw, comme disaient, dit-on, Gaulois et Gallois, c'est-à-dire de
Boue ? Bin oui, surtout si vous le laissez tomber dedans.

 

Aux jours heureux où nous étions contents, on regardait le ciel. Il y avait des
Ailes parce qu'il y avait des oiseaux. On dit qu'il y a de moins en moins d’oiseaux, rapport aux progrès fulgurants de l'humain en matière de surpeuplement et de surproduction. Parfois, j'ai les idées
Ramollies mais ça, c'est parce que je n'ai pas fait les grandes écoles à Macron et autres grands penseurs complexes du en même temps et quoi qu'il en coûte aux grandes idées là
Qui sont exposées à la télé par des journalistes qui apprennent bien leur leçon et des députés qui sont payés pour. On ne peut pas dire que les calendriers
Pendaient, parce qu'en général, on ne se procure pas de calendriers pour les pendre, mais pour les consulter,
Sur le jour de l'anniversaire de Zut, ou la date exacte de la Fête de Saint Jean-Michel l'Apprenant car
Ses heures furent riches d'enseignement, à Saint Jean-Michel l'Apprenant et par l’exemple, il nous a montré ce qu'il ne fallait surtout pas faire que ses
Oreilles en sifflent encore quand on constate que sa sotte réforme de l'Education nationale apprenante là, a autant semé de doutes et de consternations que les réformes précédentes, lesquelles n'ont pas fonctionné non plus.

 

Patrice Houzeau
Malo, le 6 février 2024.

 

 

4 février 2024

ON NE SAIT QUELLE CROYANCE ON NE SAIT QUEL DOGME

ON NE SAIT QUELLE CROYANCE ON NE SAIT QUEL DOGME
1.
Montaigne, au « Livre second » des « Essais » : « Ainsi, quand il se présente à nous quelque doctrine nouvelle, nous avons grande occasion de nous en défier, et de considérer qu'avant qu'elle fut produite, sa contraire était en vogue; et, comme elle a été renversée par celle-ci, il pourra naître à l'avenir une tierce invention qui choquera de même la seconde. »
C'est ainsi que de coin-coin en coin-coin, nous sommes allés dans la Lune.
L'humain ne s'est pas contenté de cela, il a aussi inventé la surproduction, le surpeuplement et tous les beaux systèmes métaphysico-politiques qui, avec toute la légitimité que procurent tampons ad hoc et absurdes théocrates, permettent aux uns de massacrer les autres.
2.
« car vous verrez aussi comme quoi Madame entre dans une loge au spectacle, avec quelle emphase, avec quel air imposant, quoique d'un air distrait et sans y penser ; car c'est la belle éducation qui donne cet orgueil-là. »
(Marivaux, « L'île des esclaves », scène III [Cléanthis])
On appelle cela la distinction, voire « la classe », le « chic », le « style » ou je ne sais quoi encore. Ça peut fasciner (surtout si la dame est belle) ; ça peut agacer aussi. Quant à mon chameau, il s'en moque.
3.
Alfredo Gomez-Muller dans un article de la revue « Etvdes » de novembre 1988, évoquant le « crépuscule des idoles » : « Ni le christianisme ni le marxisme – tous deux essentiellement « modernes » - ne sauraient « relever » (« aufheben ») le génocide perpétré à Auschwitz en le plaçant dans un processus général dirigé vers l'émancipation universelle (...) ».
C'est que le nazisme ne fut pas seulement une affaire de voyous et d'idiots arrivés au pouvoir grâce au soutien d'une partie du grand patronat allemand et qui, lancés dans une fuite en avant suicidaire, auraient conduit l'Allemagne à la ruine. Le nazisme fut aussi un projet politique totalitaire, avec son idéologie, ses penseurs, ses fanatiques et ses adeptes (qui furent en France appelés « collabos »).
De même, on aurait tort de ne voir dans le poutinisme qu'une fuite en avant, aussi suicidaire que celle des nazis, et initiée par une oligarchie inquiète pour son avenir et gangrenée par la mafia, la corruption et les kompromats. Le poutinisme est lui aussi un projet politique : celui d'une domination de l'Europe par une puissance eurasiatique opposée dans ses principes aux démocraties libérales occidentales (celles-là mêmes qui ont combattu et vaincu le nazisme). Et comme pour le nazisme, le poutinisme se caractérise par une idéologie, des penseurs, des fanatiques et des adeptes (tout aussi, on peut le craindre, « collabos » dans l'âme, que ceux qui, durant l'Occupation, pourchassèrent juifs et résistants et tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, semblaient ne pas correspondre aux critères de la « révolution nationale »).
Nous avons donc tout à redouter d'absolus métaphysico-politiques qui tenteraient de substituer aux principes de la démocratie libérale et de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme on ne sait quelle croyance, on ne sait quel dogme.

Patrice Houzeau
Malo, le 4 février 2024.

4 février 2024

CAR CHACUN SAIT QUE LES ÂNES NE PARLENT PAS ANGLAIS

CAR CHACUN SAIT QUE LES ÂNES NE PARLENT PAS ANGLAIS

1.
« Le printemps laisse errer les fiancés parjures »
(Apollinaire, « Les fiançailles »)
Il est bien bon...

2.
« Quand le relatif est le génitif « whose », on place en tête de proposition l'ensemble du groupe nominal qui contient « whose ».
(« Grammaire anglaise », Larreya, Rivière, Asselineau, Grévy ; éd. Nathan)

« Quand j'étais chez mon père, fillette à marier », dit une chanson traditionnelle que j'aime bien parce que j'aime bien les chansons traditionnelles.
Le relatif, c'est que y a plus grand monde pour les écouter, ces petits bijoux que des groupes comme Malicorne ou Tri Yann avaient pourtant su remettre au goût du jour. Le goût du jour, il est au rap tendance racaille. Du reste, le
Relatif lui-même s'en moque assez des chansons traditionnelles françaises, surtout que celui-là, je le tire d'une grammaire de l'anglais, intitulée d'ailleurs « Grammaire anglaise », ce qui étonne car elle ne boit ni thé ni whisky.Il
Est loin des crincrins et des coins-coins de derrière chez nous y-a-t-un étang,
Le relatif. il ne s'en vante pas d'ailleurs, il joue son rôle dans une des innombrables phrases qui constituent les livres que pendant ce temps-là, j'écoute des vieilles chansons avec des instruments qu'on en joue plus que dans les conservatoires (et encore). Le
Génitif aussi s'en moque des airs traditionnels à faire danser du passé qu’existe pas dans sa caboche.
« Whose », qu'il dit, le génitif, c'est vous dire...
On sait bien que tout passe-lasse-casse et s'ramasse fracasse la face au niveau des godasses, donc, une fois que j'aurais écouté deux trois fois Malicorne et Tri Yann, je retournerai aux Stones et autres ouin-ouins électriques. La
Place de la Mairie s'en moque itou des chansons traditionnelles ; quant à la Place de l'Eglise, ça fait longtemps qu'on n'y voit plus passer ni bonne, ni curé.
En tout cas, ça n'empêche pas le roi Renaud de revenir de guerre « tenant ses tripes dans ses mains » et les garçons et les filles d'aller boire et danser tant de nuits à en perdre la
Tête jusqu'à ce que le diable lui-même vienne les chercher.
De fait, la chanson traditionnelle ne sert que si on l'écoute. Sinon, elle reste chez elle, la chanson traditionnelle, à faire des crêpes en écoutant les sonores zozos de la télé. La chanson traditionnelle ne vous fera pas de
Proposition de mariage et dans
L'ensemble, on peut dire que la chanson traditionnelle ne fait guère parler d'elle que lorsqu'on y songe.
Du reste, ce n'est pas parce que l'on songe à la chanson traditionnelle qu'on songe à ses orteils, aux groseilles, à Mireille, et toutes ces sortes de pas pareilles. Moi, voyez, quand je songe à quelque
Groupe joueur de ritournelles d'antan, j'ai le
Nominal qui me gratouille
(Qui me gratouille ou qui me chatouille?) ; et ce que j'entends par « nominal », je ne me pose pas la question dedans ma tête qui en
Contient déjà assez des ânes qui font
« Whose », ce qui est vraiment une ânerie car chacun sait que les ânes ne parlent pas anglais.

3.
« La terre garde encor la trace
De son dernier printemps flétri, »
(Charles Van Lerberghe, « Renaissance »)
Faut qu'a se refasse le mi-
Nois à se repoudrer la face.

Patrice Houzeau
Malo, le 4 février 2024.

3 février 2024

STEAK ET GÂTEAUX

STEAK ET GÂTEAUX
1.
« Sans très bien savoir pourquoi, le maître d'escrime se sentait depuis quelques heures dériver vers la mélancolie. »
(Arturo Perez-Reverte, « Le Maître d'escrime »)

Sans le mot bifteck, l'assiette serait triste et les frites bien seules. C'est
Très bien, le bifteck, ça vous revigore, ah oui, c'est très
Bien. il y a quelques années, c'est le samedi midi qu'en compagnie de Zut, nous le dévorions, le steak-frites. Les autres jours, on y pensait seulement. Il y a sans doute beaucoup à
Savoir et à dire quand on veut évoquer un peu sérieusement le bifteck (son mode de cuisson, sa vie, ses mœurs...).
Pourquoi j'en sais si peu sur le bifteck ? Eh bien, parce que je manque de maîtrise quant au bifteck comme je manque de maîtrise à peu près en tout et puis, ça ne rate jamais, je finis par l'avaler, le bifteck avant même d'avoir fini de l'interroger.
Le bifteck-frites-bière est un bon remède à la mélancolie. Ainsi, le
Maître, fatigué de ses obligations magistrales, que fait-il ? Eh bien, il fume une pipe, sirote un whisky en se récitant ses déclinaisons latines (car il est distingué). Il arrive que ce soit
D'escrime et avec des noms d’oiseaux que l'on affronte le bifteck, et ça c'est quand c'est un dur à cuire, un nargueur de couteau, un persifle-la-fourchette. L'homme, comme il
Se sent impuissant alors devant la dureté des choses ! Comme il se
Sentait patate à l'eau, hein, le premier homme qui, dans la nuit des samedis -midis, eut à se mesurer avec le premier inattaquable bifteck. Ça a dû lui rappeler des choses préhistoriques, ça, à l'homme.
Depuis que les temps sont aux hommes ce que les cornes sont aux vaches, il n'a pourtant pas cessé d'en développer des armes, le bipède ingénieux, mais le bifteck endurci, le steak tatoué, il s'en moque, lui, car quoi, vous n'allez tout de même pas l'attaquer au sabre, votre bifteck, hein, dites, vous pourriez vous blesser... Dans les
Quelques années qui me restent à déconner, je dois bien dire que je ne le vois pas bien tendre, l'avenir du bifteck. Nous vivons des
Heures vertes et de plus en plus vertes. Apocalypse écologique oblige, et
Dériver que nous faisons donc qu'à, dériver
Vers le végétarien, le ni chair ni os, le diététique responsable, voire résilient... Les épinards n'ont qu'à bien se tenir, les endives et les asperges aussi.
La tristesse que ça me fait, bof, pas tant que ça (le bifteck s'étant assez raréfié chez moi ces dernières années), mais ce n'est pas sans une pointe de
Mélancolie que je constate que j'ai encore oublié d'acheter de la moutarde.

2.
« Des phares d'une puissance insoutenable montaient et descendaient lentement partout. »
(Kurt Steiner, « Le Disque rayé »)

Des gâteaux, j'en mange parfois. Les gâteaux ne sont pas des
Phares ; c'est pour ça qu'ils n'éclairent pas la route des bateaux.
D'une part de tarte aux abricots, je me régale. La
Puissance sur mon imaginaire de la tarte aux abricots, de la religieuse au café et du mille-feuilles est très forte (c'est que j'ai l'imaginaire vorace).
Insoutenable n'est pas un adjectif que j'utiliserai pour désigner crêpes et gaufres car je préfère mettre du beurre dessus. Ils
Montaient les gâteaux
Et ils descendaient aussi, les gâteaux,
Descendaient et montaient comme dans un rêve, portés par de mignonnes et souriantes vendeuses de pâtisseries le long d'interminables escaliers,
Lentement, évidemment, parce que sinon ça va trop vite mais il faut faire attention, défois que
Partout qu'on s'en mettrait.

Patrice Houzeau
Malo, le 3 février 2024.

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3 février 2024

COMME LE VENT AGITE LES OMBRES

COMME LE VENT AGITE LES OMBRES

1.
« Il est amusant de surprendre une chambre en l'absence de son locataire. Le mobilier se figea de stupeur quand je fis la lumière. »
(Nabokov, « Le Guetteur » [le narrateur])
Tandis que si vous ne faites pas la lumière, les choses s'emparent de vous et vous étranglent.

2.
« Dans une cité de la Vieille-Castille la nuit tombe, bleue. Sur le cours les ombres sont bleues. Le trottoir est bleu. Les arbres sont bleus. Les promeneurs sont bleus, excepté que le rire de cette jeune fille est tout rouge. »
(Francis Jammes, « Nocturne à Burgos »)
En quelques lignes, ce tableau épatant : Rire rouge de jeune fille sur fond bleu.

3.
Il est 6 heures, allumons la radio et consultons les massacres.

4.
« Tout se passe alors en un temps record, comme on dit je sais plus où, mais on le dit. »
(San-Antonio, « Champagne pour tout le monde ! »)
C'est d'ailleurs dans le je sais plus où qu'on dit et qu'on entend le plus de choses. « C'est parfois vérité, et c'est parfois mensonge », et je vous dis ça parce que je l'ai entendu dans une chanson de Gilles Vigneault.

5.
« On a remarqué, avec grande raison, que la Révolution française mène les hommes plus que les hommes ne la mènent. »
(Joseph de Maistre, « Considérations sur la France »)
L'Histoire fait-elle les bipèdes autres qu'ils l'auraient voulu eux-mêmes si les événements ne les poussaient à ?

6.
« She's been typing letters since this morning. »
(exemple grammatical)
typing letters since this morning
typing letters since this morning
typing letters since this morning
Hypnotiques, parfois, les exemples de grammaire.

7.
« Parce que rien ne se fait de rien, Dieu n'aura su bâtir le monde sans matière. Quoi ! Dieu nous a-t-il mis en mains les clés et les derniers ressorts de sa puissance ? »
(Montaigne, « Les Essais », II,12)
Peut-être bien, mais pour le mode d'emploi, pour l'instant, on continue à ne pas comprendre. Et puis, pourquoi la matière aurait-elle besoin d'un dieu pour se développer ? Du reste, ce développement n'est jamais que dans nos équations et le véritable intérêt de ces équations réside dans leur universalité. Notre monde étant voué à disparaître, on peut toujours penser que dans l'infini des mondes, il s'en trouve un nombre suffisant qui sache manipuler et utiliser ces mêmes équations et leurs promesses d'infini.

8.
Dire que, comme je l'ai encore entendu hier matin (2 février 2024) sur France Inter, que « l'angoisse de la fin du mois éclipse celle de la fin du monde » est devenu un lieu commun. Bien forcé de hausser les épaules : nous sommes bien trop nombreux et avons trop de besoins pour que l'on puisse songer avec quelques espérance de réussite, à sauver l'humanité d'elle-même.

9.
« Je me crois en enfer, donc j'y suis. »
(Rimbaud, « Une Saison en enfer » [le narrateur])
Aussi feignons-nous souvent de nous croire en « enfer », encore que bon nombre de gens vivent, en dépit du « quoi qu'il en coûte » de nos zorros gouvernementaux, un véritable enfer.

10.
« J'ai dit encore : Ecoute,
Ecoute,
Il y a quelqu'un derrière l'écho »
(Henri de Régnier, « Les médailles d'argile »)
Oh bin oui, et il est même pas toujours très poli, ni même intéressant. Souvent, c'est n'importe quoi, ce « quelqu'un derrière l'écho ».

11.
L'univers se retournera-t-il comme un gant ?
C'est le genre de question idiote que j'aime à me poser parce que je suis et que, comme dit l'autre, puisque j'y suis, j'y reste.
Dans le même genre, je conçois que 2 + 2 seront quatre tant qu'il y aura une conscience raisonnable, fût-elle sur la plus lointaine des planètes habitées, pour le penser. Que la raison déserte l'universel et il n'y aura plus ni une ni deux.
Il en est de même pour tous nos dieux qui n’existent que parce que nous les agitons comme le vent agite les ombres.

12.
« Comment, oui, comment a-t-on pu me parler d'un chien jaune il y a cinq ans, alors que ce chien-là, sans doute, n'était pas né ? »
(Simenon, « Le Chien jaune » [Michoux])
La prophétie du chien jaune... Moi, je n'y crois pas, et vous ?

13.
« Dieu avec le Roi ? Ça n'arrive jamais. Une fois par siècle, au moment des croisades, quand toute la chrétienté crie : « Dieu le veut ! » Et encore ! Tu sais comme moi quelle cuisine cela cache une fois sur deux, les croisades. »
(Jean Anouilh, « Becket ou l'Honneur de Dieu » [le Roi à Becket])
La politique, c'est parfois de la mauvaise cuisine, et Dieu ne mange pas de ce pain là.
Le « une fois sur deux » du Roi est une modulation. Qu'est-ce donc que ce « une fois sur deux » ? La part à Dieu ?
Quand bien même cette « croisade », cette résistance, cette reconquête serait juste, que viendrait y faire Dieu, sinon, de par la volonté des humains, persister dans l'être de sa non-existence ?

14.
« Comme il est difficile de se faire une idée exacte d'un homme d'après ce qu'on raconte de lui », pensait l'inspecteur Curry. »
(Agatha Christie, « Jeux de glaces »)
Surtout si cet homme n’existe pas.

15.
« My lady can sleep
Upon a handkerchief
Or if it be Fall
Upon a fallen leaf. »
(Leonard Cohen, « My lady can sleep »)
C'est ainsi que l'on attrape le goût des automnes, des adieux et des regrets. On peut préférer les cerises.

Patrice Houzeau
Malo, le 3 février 2024.

2 février 2024

HASARDS FORTUNES FRACTURES

HASARDS FORTUNES FRACTURES

1.
« Vous tenez, dites-vous, vos richesses de vos ancêtres ; mais n'est-ce pas par mille hasards que vos ancêtres les ont acquises et qu'ils les ont conservées ? »
(Pascal, « Deuxième discours sur la conditions des grands »)
Les hasards, les fortunes, et les fractures.

2.
« La silhouette entra, alors, dans le coffre en forme de cercueil et ferma la porte derrière elle. »
(Lovecraft, « A travers les portes de la clé d'argent »)
Il y en a, ils vont tout de même un peu loin, surtout si c'est pour acheter du pain.

3.
« Le terme est sans aucun doute d'origine française, et vient du latin « cratalis » : ni panier, ni corbeille, ni coupe ; il s'agit d'un plat creux. »
(Marc Rolland, « Le Roi Arthur, de l'Histoire au roman »)
Ce « sans aucune doute » a propos de la nature du Graal me laisse dubitatif.

4.
« Oui ; sans doute les hommes ne valaient-ils que par ce qu'ils avaient transformé. »
(Malraux, « La Condition humaine »)
L'espèce humaine aura été consciente qu'elle se caractérise par son besoin de transformer, de travailler, de révolutionner. Et puis tout disparaîtra dans ce qui n'est ni utile, ni inutile, ni beau, ni laid, ni juste.

5.
« L'inspecteur Curry dessinait des chats sur la feuille de papier qu'il avait devant lui. »
(Agatha Christie, « Jeux de glaces »)
Je me demande à quoi peut bien penser un inspecteur qui, dans un roman policier, dessine des chats. A la langue, peut-être.

6.
« Rien de tout cela ne pouvait être vrai, et pourtant cela était. »
(Kurt Steiner, « Le Disque rayé »)
La vérité serait-elle essentiellement incroyable ?

7.
« Souvent, je me suis demandé quelle chose était le plus facile à reconnaître : la profondeur de l'océan ou la profondeur du cœur humain ? »
(Lautréamont, « Les Chants de Maldoror »)
Les deux, mon philosophe ; c'est que cœur humain et océan ne sont que gouffres toujours plus gouffres.

8.
« Léon Leclère, qui choisit le pseudonyme de Tristan Klingsor aux sonorités si étranges, est né à la Chapelle-aux-Pots (Oise), le 8 août 1874. »
(Gilbert Sigaux et Hughes Richard, notice de Tristan Klingsor in « Anthologie de la poésie française », de Kanters et Nadeau).
En fait, c'est comme Maurice, sauf que Maurice n'avait pas de pseudonyme, et qu'il n'est pas né dans l'Oise et encore moins le 8 août 1874. Il n'a pas écrit de poèmes, Maurice. Par contre, il gueulait fort des fois, quand il avait bu un coup de trop, Maurice. Il est mort aussi.

9.
« J'ai voulu des jardins pleins de roses fleuries »
(Charles Cros, « Sonnet madrigal »)
Roses et jardins, et le j'ai voulu de tout ce qu'on n'a pas eu.

10.
« Les nouvelles ne sont jamais bonnes ! C'est connu. La vie n'est faite que de difficultés. Le secret, car il y en a un, mis au point par plusieurs générations de philosophes légers, c'est de ne leur accorder aucune importance. »
(Jean Anouilh, « Becket ou l'Honneur de Dieu » [le Roi])
Mieux vaut alors ne pas être Roi. Chacun, puissant ou misérable, a cependant ses soucis.

11.
« Je n'ai pas besoin de penser pourvu que je puisse payer : d'autres se chargeront bien de cette pénible besogne. »
(Kant, avec ironie, « Qu'est-ce que les Lumières ? »)
Le communisme a tout prévu et l'Etat pense pour le citoyen, et qu'il fasse très attention, le distrait qui tenterait de penser par lui-même, cependant que le libéralisme tend à faire croire que les services payants sont vos meilleurs conseillers et que vous n'avez plus guère qu'à faire le bon choix entre vos fournisseurs de prêt-à-penser. La France est encore plus radicale : l'Etat y pense pour vous et en plus, vous devez payer, beaucoup.

12.
« Les corbeaux volaient à ras de terre et dessinaient sur les champs de fugitives ombres bleues. »
(Carson McCullers, « La Ballade du café triste »)
Corbeaux et dessins. Sans pinceau ni encre, quelque calligraphie de l'éphémère.

13.
« A cross didn't fall on me
when I went for hot dogs »
(Leonard Cohen, « A cross didn' fall on me »)
Si en revenant avec vos hot dogs, vous constatez que ni foudre ni croix ne vous sont tombées dessus, c'est que ce n'était ni l'heure de la foudre, ni celle de la croix.

14.
« S'il faut obéir par force on n'a pas besoin d'obéir par devoir, et si l'on n'est plus forcé d'obéir on n'y est plus obligé. »
(Rousseau, « Du contrat social »)
Tout l'art du politique libéral est de faire croire aux gens qu'ils obéissent en fonction du droit et non parce que la nécessité les y contraint. Cependant, nul n'est dupe et chacun use du politique à son profit, quitte, au besoin, à lui rappeler qu'il n'est pas grand chose.
Quant au despote, confusément éclairé, il sait qu'un coup de force pourrait le déloger et tend à se rendre indispensable en entretenant des crises et des périls, fussent-ils imaginaires.

15.
La lucidité ne demande guère d'efforts mais quand elle ne rend pas cynique, peut beaucoup vous attrister. Quant à la naïveté heureuse, c'est souvent un piège mortel.

Patrice Houzeau
Malo, le 2 février 2024.

1 février 2024

LA JUSTICE EST AVEUGLE ET LES ROIS LOINTAINS

LA JUSTICE EST AVEUGLE ET LES ROIS LOINTAINS

1.
« (…) est-il bien raisonnable d'admettre la finalité de l'organisation de la nature dans les parties et cependant l'absence de finalité dans le tout ? »
(Kant, « Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique »)
La finalité dans ce que l'on pourrait appeler les « parties de la nature » n'est que nécessités de l'humaine condition. La finalité de tout ça est une illusion fort utile pour la masquer, l'absurde tyrannie de nos nécessités.

2.
« Si, dans l'état de nature, l'homme est aussi libre que nous l'avons dit, s'il est le maître absolu de sa personne et de ses biens, égal au plus grand et dégagé de toute sujétion, pourquoi renoncerait-il à sa liberté ? »
(Locke, « Essai sur le pouvoir civil », chap.9)
La liberté existe-t-elle à l'état de nature ? Il y a-t-il même une liberté en soi ?

3.
« Ne persécute point une infortunée, parce que tu peux la persécuter impunément. »
(Marivaux, « L'île des esclaves », Scène VIII [Euphrosine])
Du mauvais usage de la liberté chez les bipèdes, qui, si perspicaces fussent-ils, s’illusionnent sur l'impunité.

4.
« J'entends les pas de mon ami et les miens marteler le silence au clair de lune dont sa façade est frappée. »
(Francis Jammes, « Nocturne de la maison aimée »)
Les maisons au clair de lune jouent-elles du biniou, du crincrin ou de la mandoline ?

5.
« Si j'étais laide, aurais-je les mêmes réactions ? »
(Annabel Buffet, « D'amour et d'eau fraîche » [la narratrice ou l'autrice?]
Beauté et laideur déterminent-elles plus que nous n'osons nous l'avouer notre rapport aux autres ?

6.
« Dans cette multitude, qui s'assemble à cette fin, il faut qu'il y ait un accord sur les moyens à employer pour atteindre cette même fin. »
(Samuel von Pufendorf)
C'est justement là qu'est le hic, c'est que nous ne savons pas du tout où nous allons.

7.
« Je me mets à fureter comme un chien ayant paumé son maître qui vient de grimper avec une radasse de la rue [...] »
(San-Antonio, « Champagne pour tout le monde » [le narrateur])
J'ai supprimé ici le nom de la rue parce que autre temps, autres mœurs, comme dit le distingué. Et puis, les rues sont-elles fatalement pleines de chiens perdus, de maîtres égarés et de radasses ramassantes ?

8.
« - Ils n'avaient sans doute pas prévu qu'un meurtre allait être commis, dit Miss Marple. »
(Agatha Christie, « Jeux de glaces »)
Dans ce « sans doute », toute l'ironie des romans policiers.

9.
« Sa société reste marquée par l'élitisme des grandes écoles et le cercle très restreint des Lords. »
(Caroline Fourest, « La Dernière Utopie (Menaces sur l'universalisme) »
C'est de la Grande-Bretagne dont il est ici question, contrée insulaire dont je ne connais rien et dont je me fiche assez, les romans d'Agatha Christie, les disques des Beatles, des Stones, des Who et de Pink Floyd me suffisant, ainsi, bien sûr, que la série « Chapeau melon et bottes de cuir », avec l'essentielle Diana Rigg dans le rôle d'Emma Peel.

10.
Certains disent qu'il y a beaucoup de noms étrangers dans nos Lycées Professionnels. Bon nombre d'élèves portent aussi de très anciens noms français. Quoi que l'on pense des LP, les ancêtres de ces élèves ont fait ce pays et y sont morts. Il ne faudrait pas les oublier.
Cette réflexion, je me la fais souvent, et toujours à chaque fois que j'écoute les disques de Malicorne ou de Tri Yann. Aussi quand je songe à Jeanne.

11.
« - Les rois, même s'ils tendent vers la justice et l'équité, sont injustes envers beaucoup de leurs sujets. »
(Naguib Mahfouz, « La Malédiction de Râ » [Khéops])
La Justice est aveugle et les rois lointains.

12.
« On n'achète que ceux qui sont à vendre, mon prince. Et ceux-là, précisément, ne sont pas dangereux. Pour les autres, c'est loups contre loups. »
(Jean Anouilh, « Becket ou l'honneur de Dieu » [Becket])
Du politique en général (et de la Macronie en particulier) dans sa façon de considérer les rapports sociaux.

 

Patrice Houzeau
Malo, le 1er février 2024.

 

26 janvier 2024

EN ALLANT S'ACHETER DES OREILLES

EN ALLANT S'ACHETER DES OREILLES

1.
« Un feu brûlait dans l'âtre ; une lampe brillait sur le manteau de la cheminée, car même à l'intérieur des maisons le brouillard commençait à s'insinuer en nappes épaisses »
(R. L. Stevenson traduit par Charles Ballarin, « l'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hide »)

2.
Parfois, entre les silences éloquents et les brouhahas insensés, on ne sait plus quoi faire de sa langue.

3.
« désagréable sentiment de malaise en traversant l'amphi- », comme si quelque squelette genre qu'il s'appelle Martin allait lui tomber sur le paletot ou que le spectre d'un de ces vieux professeurs honnis des Chiche-Capon allait lui, alors le commissaire demanda qu'on lui fît monter un sandwich et une bière.

4.
« sons le brouillards commençait à s'insinuer en nappes », que je me disais que si un navire à voiles des vieux films avec des squelettes-spectres de soldats à armures avec épées et escopettes, mousquets ou je ne sais quoi encore qui trucide, surgissait soudain de ces nappes épaisses et dans quelque port du Nord, c'est que le roman commencerait à ressembler à un film d'épouvante qu'en 1979, John Carpenter tourna un truc plus ou moins dans ce genre, même que ça s'appelait « Fog ».

5.
« La missive était rédigée d'une étrange écriture, » de telle sorte qu'on ne pouvait la déchiffrer que très difficilement et qu'elle fut donc l'objet de moult controverses quant à sa signification. Certains pensaient qu'il s'agissait d'une sorte de testament ; d'autres y lisaient d'étonnantes prophéties quand d'autres encore n'y voyaient qu'une liste de courses. On fit appel à des spécialistes en langues disparues, et chacun de ces experts fut forcé de donner sa langue au chat, lequel les emporta toutes.

6.
« Il se couvrit un instant le visage de ses mains. » C'est au moment où il voulut boire son thé que sa main ne suivit pas son bras et resta accrochée à son visage. Voulant user de son autre hein de bras, il obtint le même résultat et les deux bras restaient en l'air tendus et dérisoires tandis que ses deux mains s'entêtaient à lui couvrir le visage comme si elles s'y étaient collées.

7.
« dormait encore sur la cité ensevelie, où les réverbères » faisaient des taches jaune mouillé dans le brouillard qui dormait encore sur la cité ensevelie, où les réverbères avaient une furieuse envie de café et de croissants, ou alors d’œufs au bacon et de thé, ou alors de saucisses et de bière, ou alors, qu'ils se disaient les réverbères, si au moins passait un accordéoniste, pour nous jouer de l'accordéon, quelque java lunaire, ou alors une valse étoilée, de quoi danser quoi, cependant que droites et dignes, dans un silence glacé, passèrent les filles de la Nuit. Ce qu'elles fichaient là, nul ne le sait. D'ailleurs, tout le monde s'en fiche.

8
« et fin connaisseur de graphologie, considérerait sans » guère hésiter qu'appréciant beaucoup la musique des Rolling Stones, il s'écouterait bien « Beggars Banquet ». Il prit donc sa graphologie et s'en alla s'acheter des oreilles.

9.
« écritures sont identiques à bien des égards. Seule » l'incompréhension de tout dans laquelle je baigne comme une sardine dans l'huile m'empêche de vous dire de quoi il est question, l'une ayant visiblement été rédigée par la femme d'un boucher charcutier (les traces de gras et le parfum de violette qui imprègnent le papier en attestent) cependant que l'autre a non moins visiblement été composée par un menuisier italien (il y a de la sciure incrustée dans la trame et des taches de café, et puis quelle écriture agitée et si nerveuse !). De koiksakauz ? mystère et coin-coin, cette langue m'étant aussi inconnue que la sincérité est inconnue du politique.

10.
« A cette idée, il sentit son sang se figer dans ses » vous savez quoi, bien sûr, parce que ça ne pourrait pas être autre chose, sauf si le personnage est fait d'une toute autre substance que la nôtre, genre arrivé en soucoupe volante pis creux à l'intérieur, que si on lui tape dans le dos, il fait klong et vous désintègre illico d'un coup de laser parce que c'est pas des manières non mais.

11.
Janvier 2024. Après son ridicule appel au « réarmement démographique », son tour de passe-passe sur la loi dite « Immigration », la mise en place du gouvernement Attal et ses bizarreries (Amélie Oudéa-Castéra ? Rachida Dati?), après la colère des agriculteurs, je pressens que le président Macron va bientôt revenir nous faire le matamore genre : c'est moi qui dis qui y est.

Patrice Houzeau
Malo, le 26 janvier 2024.

25 janvier 2024

COMME UN CYCLOPE DANS SON OEIL

COMME UN CYCLOPE DANS SON OEIL

1.
« jamais on ne l'avait pris en photo, et ceux qui étaient en mesure de le décrire étaient loin d'être d'accord »
(R. L. Stevenson traduit par Charles Ballarin, « L'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hide »)

2.
« solitude, et apaisant leurs esprits au riche silence » et ça, quand le silence est riche, faut en profiter, parce que souvent, le silence, il ne nous dit rien qui vaille mais parfois, il est riche, le silence, riche des paroles qu'on n'a pas dites, et défois même pas pensées.

3.
« lèvres devinrent livides. Une ombre assombrit son » parapluie, et ça, c'est embêtant, parce que, avec son ombre qui assombrit là, mon oncle, il va encore nous faire le coup du parapluie oublié qu'après, ça va nous faire qu'on va prendre la drache car, dans toute fiction qui respecte les lois de la gravité et de l'Académie, si un personnage oublie un parapluie quelque part, c'est que la pluie va tomber et l'Auguste se mouiller.

4.
« n'est pas avec des mots que les choses s'arrangeront. » C'est ce que nous constatons tous les jours, qu'on a beau en publier, des mille et un bouquins bienveillants et philosophico-empathiques, les humains, c'est un fait, préfèrent l'artillerie à la poésie.

5.
« Je sais que vous l'avez vu, il me l'a dit, et j'ai peur » qu'il commette des imprudences. Ah, mais c'est que l'homme invisible n'est pas seulement invisible, il est aussi distrait.

6.
« sans doute romanesque, elle était venue s'asseoir sur » quelque quête d'un chevalier errant (et sans portable, dis). Elle fut aussitôt emportée dans un tourbillon tourbillonnant parce que sinon c'est pas la peine ; comme elle faisait la tarte aux pommes comme pas une, nous la regrettâmes ; ce fut un dragon qui nous la ramena dans un grand chuintement et en s’excusant pour le dérangement.

7.
« une impatience à peine contenue. Tout à coup il fut » bien content d'écouter une compilation du groupe The Who que parmi toutes ces épatances, il y a le morceau « The Seeker » avec cette phrase hein qu'elle est bien  :
« I've got values, but I don't know how or why » (« J'ai des valeurs, mais je ne sais pas comment ni pourquoi »).

8.
« elle. Aussitôt, elle prévint la police. Le meurtrier était » là où on ne l'attendait pas. Mais on le retrouva, on l'emprisonna, on le jugea et on espéra lui couper l'envie de vivre et de tuer d'autres gens en ne lui coupant pas la tête.

9.
« premier brouillard de la saison s'appesantissait sur » tout ce sur quoi il pouvait s'appesantir : rues, toits, ombres, chats errants, chiens passants, vices et versos, parapluies oubliés, tartes aux pommes, visages et bonnets de nuit, crêpes et gaufres, quiches et poutres, niches et loutres, clochers et cochers, squelettes harassés, omelettes et fricassées, dandys et dindons, huîtres et moules qu'il appesantissait le premier brouillard de la saison, comme s'il était chez lui et ne parlant même pas la langue.

10.
« de tout-à-un penny où l'on vendait aussi des salades » et je me dis que cette ligne, que je tire d'une traduction d'un roman de Stevenson, a un petit goût de politique et de promesse électorale.

11.
« Une sorte de joie hideuse illumina le visage de la » souris et, sans conjugaison ni remords, elle bouffit l'éléphant. Puis, tranquillou la louloute, elle retourna dans sa fiction comme un cyclope dans son œil.

12.
« ses soupçons, le policier se déclara enchanté. Une » sacrée affaire car, dès lors, il multiplia jets de sorts et tours de magie, passant les murailles, les ans et les muscades comme s'il était Merlin revenu, alors qu'en fait, il s'appelait Albert, comme tous ceux qui s'appellent Albert quand ils ne s'appellent pas Maurice.
A propos d'éternel retour là, avec son « réarmement civique », pis « démographique », et même pédagogique me suis-je laissé dire, notre bon président Macron, nous jouerait-il pas une petite java façon Superdupont, de Lob et Gotlib, dis ?

Patrice Houzeau
Malo, le 25 janvier 2024.

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