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BREFS ET AUTRES
28 mars 2023

AUSSI SÛREMENT QU'UNE SAUCISSE

AUSSI SÛREMENT QU'UNE SAUCISSE

1.
« Madame, vous me demandez deux morceaux, j'en chanterai trois... Vous m'offrez mille écus, ce n'est pas assez... »
(Labiche et Marc-Michel, « Un Chapeau de paille d'Italie » [La Baronne, lisant un billet de Nisnardi])

Dans mon assiette je les regarde entrelacés
Ce spectacle de tubes longilignes souples et luisants n'a guère entamé mon
Billet de 20 euros Ce n'est
Que lorsque j'ai eu soif que
La dépense se fit Quelques bières avec la
Baronne de J'Bois-Peinard et au
Lit lequel depuis qu'il a renoncé à m’expliquer le « Traité théologico-politique » est redevenu abordable
Il n'est pas question que je renonce au réel entendis-je Ah ce
N'est que mon fantôme qui s'efforce de persister dans l'être
Pas une nuit sans que mon fantôme vienne soulever la
Question de son rapport au réel Je me dis que ce n'est qu'une question
De temps et que lorsque
L'invisible m'emportera cela disparaîtra aussi sûrement qu'une saucisse dans un estomac.

2.
« Le pauvre pantin venait d'être pris dans un piège, tendu là pour attraper les grosses fouines qui étaient le fléau des poulaillers du voisinage. »
(Collodi traduit par la comtesse de Gencé, « Les Aventures de Pinocchio »)

Le mot « pantin » peut désigner un politique c'est donc un
Mot employé très souvent car le
Pantin c'est celui qui s'agite ou que l'on agite il
Vient va court vole Il ne tombe cependant pas
Du ciel – les pluies de pantins sont rares – mais vient du
Moyen français, ce qui n'aide en rien ce pauvre Pinocchio qui « venait d'être pris dans un piège », déjà que Pinocchio il n'est pas
Français mais marionnette et fiction, alors le mot
Pantine que voulez-vous que ça lui fasse, le mot « pantine » ?
Qui est joliment amusant, d'ailleurs, « pantine » et
Désignait un écheveau, et quoi qu'c'est
Un écheveau ne me direz-vous pas parce que vous mangez une tartine pendant que je vous cause Un
Écheveau, c'est un assemblage de fils pliés et repliés afin qu'ils ne se mêlent pas, ce qui n'aide pas plus Pinocchio à sortir
De son piège, « tendu là pour attraper les grosses fouines qui étaient le fléau des poulaillers du voisinage », nous dit la traduction de la comtesse de Gencé. Quant au mot
Soie, je n'en dirai rien, parce que le texte, il est fini.

Patrice Houzeau
Malo, le 28 mars 2023.

 

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27 mars 2023

RAMASSANT SA TÊTE ET AUTRES NAPOLEONS

RAMASSANT SA TÊTE ET AUTRES NAPOLEONS

1.
Ramassant sa tête, il vit
Le titre du
Journal : « Ah tiens, j’ai été guillotiné », qu’il fit, fataliste et condamné à mort.

2.
Elle alla – elle était beaucoup plus mobile depuis qu’elle avait quitté son statut de poteau indicateur, elle
Alla téléphoner, pour la rime, on dira « à sa sœur ».
Téléphoner ? J’exagère quand même, comment qu’elle aurait fait avec ses pattes griffues, la ronronnette là.

3.
Le temps passe et il ne revient pas. On a beau faire un
Rapport, un constat, un roman, tout un poème quoi,
Que le temps passe et ne revient pas. On
Peut bien tromper le temps,
Avoir le temps, comme si on pouvait le rouler, le temps, et tout
Ce temps qui passe, on a beau le commettre mille fois, le
Crime de le tuer, c’est lui qui finit par le sempiternel échec et mat.

4.
Oh ! En ne se voyant pas dans le miroir, Oh ! qu’elle
S’écria Oh ! puis Zut arriva et la porte du frigo s’ouvrit. Délaissant le miroir, elle accourut. N’est-
-t-elle pas mignonne, la ronronnette ?

5.
Ma chemise est bleue Ma
Chemise ne fait pas de métaphysique Elle
Est toute simple ma chemise et ne fait pas d'histoires
Trempée elle l'est parfois ma chemise mais de moins en moins vu qu'elle hausse de plus en plus souvent mes épaules.

6.
Verdi fut un
Compositeur et non pas un peintre
Italien. Italien, il l'était, mais pas peintre ; je ne sais donc pas si le vert apparaît souvent dans sa musique. Il est
Né – il est d'usage chez les humains de naître avant de mourir -
En 1813. C'est en
1813 que Napoléon aurait dit : « Ma domination ne me survivra pas, du jour où j'aurai cessé d'être fort et par conséquent d'être craint. »
A Roncole qu'il est né, Giuseppe Verdi.
Roncole est un village de la province de Parme
Et donc je pense au jambon. Il est
Mort, Giuseppe Verdi, en vertu du raisonnement selon lequel si Socrate n'est pas un chat, et que les chats sont mortels, alors Socrate est mort quand même.
A Milan, qu'il a laissé définitivement vergers et jardins, divas et divans, opéras et lampes à pétrole.
Milan est une ville célèbre pour son opéra que l'on appelle La Scala.
En tout état de cause, Verdi n'a composé aucune chanson des Beatles et en
1901, ce siècle avait un an. Il en aurait bien d'autres et très sanglants.

Patrice Houzeau
Malo, le 27 mars 2023.

26 mars 2023

QU’C’EST POUR ÇA QU’ON Y VOIT QUE COUIC

QU’C’EST POUR ÇA QU’ON Y VOIT QUE COUIC

« Mais Râ continuerait à régner et, du soir au matin, à voguer dans sa barque à travers le royaume des Ombres. »
(Agatha Christie traduit par Michel Le Houbie, « La Mort n’est pas une fin » [Hori à Renisenb])

Mais où est donc mon parapluie me dis-je tandis que la pluie et que
Râ (tôt levé – y a plein de feuilles mortes et d’herbes coupées)
Continuerait à régner – ce qui prouve que Râ a autre chose à faire que d’engloutir des paquets de chips en zieutant des black-blocs se friter avec les forces de l’ordre sur la télé en direct. Donc
A régner Râ (il faudra faire attention à ne pas l’écraser) A
Régner qu’il continuerait – que voulez-vous qu’il fasse d’autre, c’est quand même le Soleil, voire le créateur du monde, vous ne voudriez tout de même pas qu’il aille faire danseuse de cabaret  –
Et pour ce qui est de la salade de tomates, j’aime bien ça, la salade de tomates,
Du temps que j’étais petit, j’aimais déjà bien ça la salade de tomates, par contre, je n’aimais pas beaucoup les betteraves, mais maintenant, ça va, j’en mange des betteraves mais quand tombe le
Soir, moi aussi, j’ai des mélancolies qui me gratouillent l’âme, alors je regarde un bon vieux film avec Jerry Lewis, et après
Au lit, cependant que Râ (ponds vite, je suis impatient d’une omelette), du soir au
Matin, vous savez pas ce qu’il fait, le Râ là (défois il n’est pas content, eh oui, c’est Râ, l’heure passe et tout s’casse), non, vous savez pas,
A voguer, le Râ, c’est à ça qu’il passe ses nuits, le Râ (je note, car j’y pense qu’en tout état de cause, il n’y a aucune différence entre le Râ des villes et le Râ des champs),
Voguer, je vous demande un peu alors que ma vaisselle n’est pas faite…
Dans quoi vogue-t-il ? me demanderez-vous, parce que vous vous en fichez, eh bien, dans
Sa barque tout simplement, parce qu’en général on ne navigue pas dans un abat-jour (ce n’est d’ailleurs par recommandé), une
Barque que je ne vous décrirai pas, parce que si vous vous en fichez, moi aussi,
A travers tout un royaume dis, qu’il vogue, le Râ, à
Travers tout un empire même, car je le sais qu’il s’étend, se répand, suinte et dégouline dans
Le réel des vivants inconscients, c’est le
Royaume où tout se désassemble, dit le poète, le royaume
Des errants, des qui se cherchent, des pris dans la boucle de leur synchronie, des
Ombres quoi, qu’c’est pour ça qu’on y voit que couic.

Patrice Houzeau
Malo, le 26 mars 2023.

26 mars 2023

EN REPARANT LE LION

EN REPARANT LE LION

« Il sourit. « - Je réparais le lion de la petite Renisenb. Maintenant elle a d’autres jouets… »
(Agatha Christie traduit par Michel Le Houbie, « La Mort n’est pas une fin » [Hori à Renisenb])

Il - il s’agit de Hori parce que s’il s’agissait d’un abat-jour, il n’aurait pas pu sourire ; or, il
Sourit (et c’est avec un soin tout particulier que, le matin même, il s’était mis une bouche toute neuve)
Je, dit-il, car nous savons maintenant qu’il n’est pas un abat-jour, je
Réparais  - monsieur est donc bricoleur –
Le lion – et ça c’est bien, de réparer un
Lion, c’est tout de même plus intelligent que de cultiver des plantes empoisonnées sur son balcon -
(De l’empoisonnement par les plantes, je ne parlerai pas – c’est un secret bien gardé par mon abat-jour et moi.) Quant à
La gare de Perpignan, des trains y passent, je suppose, parce que s’il ne s’agissait que du temps, nous ne serions pas rendus, bien que, pour tout vous avouer, je passe rarement par Perpignan. La
Petite Renisenb, elle n’est plus si petite, et elle est bien obligée de faire attention à sa taille passque défois elle se laisse aller et du coup, dans la ville, ça fait des destructions godzillesques, qu’on en fait des films à Hollywood, mais il faut bien dire que ce n’est pas très bon pour sa réputation, à la petite
Renisenb, car la petite Renisenb
Maintenant, elle est la grande, la gigantesque, l’impressionnante Renisenb et depuis qu’elle n’est plus petite,
Elle a d’autres préoccupations, elle
A d’autres folies en têtes,
D’autres vergers, jardins et jeunes gens, dont elle fait ses
Jouets fascinés, dociles, obéissants.

Patrice Houzeau
Malo, le 26 mars 2023.

26 mars 2023

FADINARD DEFENDANT SON CHEVAL

FADINARD DEFENDANT SON CHEVAL

« Et encore, madame... êtes-vous bien sûre que mon cheval n'était pas dans son droit, en grignotant cet article de modes ? »
(Labiche et Marc-Michel, « Un Chapeau de paille d'Italie », scène V [Fadinard])

Et encore, madame, vous n'avez rien vu en matière de fantaisie, en voilà
Encore du bizarre, de l'ange sans tête, du coin-coin fatidique, du turlupinant mortel... Ah,
Madame, du temps des squelettes dans les corridors et des magnétiques dénudées aux longs cheveux et aux seins lourds, vous eussiez fait une splendide étrangeté peinte... En attendant, madame,
Êtes-vous bien sûre, affirmative, à en donner votre steak à hacher, êtes-
-vous bien sûre de ce que vous dites à propos de mon cheval ?
Bien entendu, je le connais mon cheval, c'est mon dada, mon cheval, je le cultive comme un poète ses anacoluthes, comme un clown ses larmes, comme un trombone ses coulisses, et je sais bien que si
Sûre que vous soyez, vous êtes aussi humainement faillible que tout bipède qui n'a que ses deux yeux pour se saisir du réel. Donc, ce
Que vous me dites là, que
Mon cheval, mon cheval Arthur Pompon, si pimpant, si respectable, si distingué qu'en anglais de cheval, of course, tous ses congénères l'appellent Sir Arthur, mon
Cheval aurait donc un peu endommagé votre chapeau. Or,
N'était-il pas fondé, mon cheval, à le confondre, votre galurin, avec quelque fruit exotique poussé par extraordinaire, je vous l'accorde, sur la branche où vous le laissâtes, et même, oui, où vous l'abandonnâtes ? Mon cheval n'est
Pas un très bon naturaliste, ce n'est pas son domaine, ah
Dans cette vallée de haros sur le baudet et de boucheries chevalines, il est difficile de défendre
Son honneur lorsque l'on est né cheval et qu'on est resté cheval. Ah Thémis, déesse du
Droit, sois témoin de l'iniquité qui les équidés, et
En notre faveur, manifeste-toi et affirme de ta voix de jusrisprudence qu'en
Grignotant ce bête chapeau,
Cet article aussi commun qu'un
Article devant un nom, cet anodin exemple
De ce qu'on trouve partout, cette chose dont les
Modes font commerce et qui n'est que paille, mon cheval n'a exercé que son droit de cheval à goûter ce qui semble convenir à son appétit de cheval.

Patrice Houzeau
Malo, le 26 mars 2023.

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25 mars 2023

SI C'EST UN CAMEMBERT ALORS VOUS LE CONNAISSEZ

SI C'EST UN CAMEMBERT ALORS VOUS LE CONNAISSEZ

1.
Il fait beau Il
Y a des gens dehors Il y
A des gens et des choses Il y a
Une voix qui dit : je lui avais bien dit de. Il y a
Chose qui se balade. Je ne me rappelle jamais de son nom. Je me demande d'ailleurs si je le connais son nom, à Chose.

2.
Ils causeraient ils
Me diraient quoi tes yeux
Disent-ils des mensonges ou bien ?
Tes yeux... parlent-ils comme on dit « le langage de l'âme » ? Tes
Yeux... aboient-ils quand la caravane passe ?

3.
« - A partir de demain, ajouta la Fée, tu iras à l'école. »
Pinocchio devint sur-le-champ un peu moins joyeux. »
(Collodi traduit par la comtesse de Gencé, « Les Aventures de Pinocchio »)

Pinocchio c'est une façon d'être politique Ça
Devint vite un lieu commun ça le politique à carabistouilles
Sur-le-champ qu'on sent qu'il ment
Un peu qu'il ment et un
Peu que ça se voit et même qu'il y en a de
Moins en moins de nous autres qui mordent à l'appât et c'est pas
Joyeux ça finit par des pavés et des matraques en attendant l'extrême-droite.

4.
Vous faites quoi là ? Vous
N'attraperez rien. Ce n'est pas le lieu où il viennent.
Rien que je vous dis. Rangez vos gousses d'ails, vos pieux et vos crucifix.
Ici, il n'y en a pas. D'ailleurs, ici, on fait des steaks-frites, des saucisses-frites, des omelettes-frites et des haussements d'épaules quand on nous cherche des vampires en cuisine.

5.
« Er versuchte, den Unbekannten genauer zu beschreiben. »
(exemple de grammaire)

Il essaya de décrire plus exactement l'inconnu.

« Er ». C'est un pronom. Les pronoms remplacent les noms, tous les noms, même les noms des étants qui n’existent pas.
« versuchte ». C'est du verbe « versuchen » qui se traduit par « essayer, tenter ». On peut tenter bien des choses, y compris de nommer ce qui n’existe pas. Ce qui est idiot parce que ce qui n’existe pas et n'a pas de nom, on ne peut même pas en parler.
« den » : C'est un déterminant à l'accusatif. Les déterminants sont bien utiles. Utiles aussi sont les clous. Il y en a même un, de clou, il sert à accrocher le hareng-saur au bout d'une ficelle, et même qu'il se balance toujours toujours toujours jusqu'à la fin des temps peut-être, des temps et des grammaires.
« Unbekannten ». C'est de l'inconnu qu'il veut essayer de, tenter de, et quoi d'ailleurs ? D'en faire des frites, des frites, des phrases ? De justifier son inconnaissance ? D'en définir le gouffre avant de tomber dedans ?
« genauer ». Ici, a le sens de « plus exactement », car c'est pas tout de tenter de décrire l'inconnu, il faut aussi être exact, sinon, à l'inconnu, on ajoute le flou et à votre histoire, on ne comprendra rien.
« zu ». Introduit l'infinitif. C'est très court « zu ». Le « zu » ne se chasse pas. Il n'y a pas d'espingole à zu. Pas de fusil de chasse à « zu ». Le « zu » en lui-même est tout à fait inoffensif. Ce n'est que dans l'usage qu'en font les perspicaces qu'il peut participer à quelque vilenie, voire comploter.
« beschreiben » se traduit par « décrire ». Ici, il s'agit d'essayer de décrire plus exactement l'inconnu. C'est une phrase qui peut servir dans un roman policier. Si l'inconnu est un camembert, c'est que vous le connaissez aussi bien que l'on peut connaître un camembert ; en tenant compte, évidemment, de cette part d'inconnu qui demeure en toute chose.

6.
Celle-là avec sa bouche ne comprenait rien
Ne saisissait que couic avec sa bouche ne
Comprenait pas avec sa bouche que ce n'est
Pas avec la bouche que l'on comprend le réel et apparentés bien qu'avec la bouche on puisse dire des sottises ou manger des chips en regardant la télé et toutes ses bouches.

Patrice Houzeau
Malo, le 25 mars 2023.

24 mars 2023

LE DÉ ROULA ET JE VIS QU'IL ETAIT ROUGE SANG

LE DÉ ROULA ET JE VIS QU'IL ETAIT ROUGE SANG

1.
« C'était une de ces calèches antédiluviennes, que n'utilisent plus en Russie que les commis voyageurs, les bouviers et les prêtres pauvres. »
(Tchekhov traduit par Vladimir Volkoff, « La Steppe »)

Si vous avez pris place dans une calèche, que vos compagnons sont des vêtements recouvrant des squelettes et que le cocher a les yeux rouges et parle un grec antique, à mon avis, c'est que vous êtes parti pour un voyage dont vous ne reviendrez pas.

2.
Si, à Dunkerque, par temps de brouillard, vous traversez la rue et que vous vous retrouvez au beau milieu d'un champ de lavande, c'est que vous êtes allé beaucoup plus loin que prévu.

3.
« Le compas, l'équerre, la quadrature du cercle : les concertos de Mozart sont des cercles enchantés. »
(Philippe Sollers, « Espérance » in « Légende »)

Si, écoutant du Mozart, vous trouvez un compas, une équerre et que, soudainement, vous vous dites : Quoi, quelle quadrature du cercle ?, c'est que vous vous êtes endormi pendant le cours de géométrie de monsieur Pasdeloup (Amédée).

4.
« Qu'est-ce qui est ? Ce n'est pas de tel ou tel étant que nous nous enquérons en posant cette question, mais de l'être de l'étant. »
(Heidegger traduit par Wolfgang Brokmeier, « Chemins qui ne mènent nulle part »)

« Qu'est-ce qui est ? ». Ce n'est pas le genre de question qui vous aide à gagner à la belote. Je note, par expérience, que si vous vous plongez un peu trop dans cette question, même pour vous inventer des bouts d'chansons idiotes dans votre tête, il se peut que vous ne preniez pas le bon bus.

5.
Il ne faut pas croire tout ce qu'on s'invente : il est très rare qu'il pleuve des saucisses, des pièces de deux euros, des fées que-veux-tu. Par contre, les chutes de tuiles sont monnaie courante.

6.
« Que sont mes amis devenus ? » se demande l'ogre très gras, trop gras, repu.

7.
« Arrivé le vendredi soir, le concert de l'orchestre du village occupait presque toutes ses pensées. »
(M.C. Beaton traduit par Esther Ménévis, « La Quiche fatale »)

Si, arrivé le vendredi soir, vous lui trouvez, au concert de l'orchestre du village qui occupe presque toutes vos pensées, avec son petit nez pointu, son petit accent pointu, ses petits seins pointus un air charmant, c'est que vous ne pensez pas qu'à la musique.

8.
Si vous constatez qu'à votre mort par crise cardiaque manque la tête, c'est que, soit pour un médecin légiste, vous êtes plutôt distrait, soit ce n'est pas seulement d'une crise cardiaque qu'il est mort, le monsieur.

9.
« Deux tireurs à l'arbalète sont là, assis, l'un sur une forme cylindrique, l'autre sur un cube qui ressemble à un dé. »
(Philippe Sollers, « Clefs » in « Légende »)

Deux tireurs à l'arbalète, c'est-à-dire que ce sont des arbalétriers, ces
Tireurs, parce que s'ils avaient quatre pattes yeux ronds et moustaches
A vrai dire ils auraient été des chats ; or, des chats qui tirent à
L'arbalète ah ah j'avions jamais vu ça. Ils
Sont là, assis, les deux tireurs. Ils ne disent rien parce qu'ils sont dans une gravure sans paroles,
Là, au centre de notre regard, et ils ne savent pas non plus qu'on les zieute, les
Assis à arbalète, et ça vaut mieux, parce que s'ils le savaient, ils pourraient nous prendre pour des espions et avec leurs arbalètes là, nous viser dis.
L'un, - je ne pense pas qu'il s'appelle Alfred, il ne sous saluera donc pas,
Sur une forme cylindrique qu'il est et il ne ronronne pas, - il ne miaule pas non plus. Non. Il vise
Une cible. Ça pourrait être un coin-coin, un quidam, un quartet noctambule, un politique, mais c'est pas ça, c'est juste une
Forme circulaire de cible, avec son air bête de cible, ses concentriques de cible, sa perruque et ses jambons d'pays, pis visée par un arbalétrier sur un
Cylindrique chaipaquoi où il n'est même pas précisé qu'en allemand, « scharfer Messer » se traduit par « couteau tranchant » tandis que « scharfer Geschmack » se traduit par « goût piquant ».
L'autre aussi est assis et il n'a ni houpette ni petit chien blanc. Nous savons donc qu'il n'est pas allé au Tibet quoiqu'au fond, on ne sait pas, on ne peut être
Sur de rien, dis-je en oubliant l'accent circonflexe ; on ne sait pas où vont les hommes, où vont les femmes, les caravanes, les sarbacanes, les jerrycans, les macadams et leurs dames, à Amsterdam je ne vais jamais. Donc, l'autre arbalétrier, sur
Un cube qu'il est. Lui non plus ne ronronne ni ne miaule. Il est là, assis sur son
Cube et lui aussi il vise parce que s'il était en train de beurrer des tartines, on se dirait que c'est une drôle d'idée de lancer des tartines sur une cible. Remarquez qu'en ce mois de mars 2023, en France, il y en a
Qui balancent des pavés et d'autres trucs sur des policiers qui balancent des lacrymos et donnent des coups de matraque parce qu'on leur a dit. Cela
Ressemble à du désordre, des troubles, du chaos même que le président de la république s'appelle Macron.
A demain me dis-je parce que je commençais à me lasser
Un peu d'entendre parler de violences urbaines et de gueules qu'on casse à cause de la réforme des retraites et de l'entêtement du président Macron à réformer contre les Français. Le
Dé roula, et je vis qu'il était rouge sang.

10.
Aveu de faiblesse. Il paraît que le président Macron a déclaré que la réforme des retraites, il aurait voulu ne pas la faire, mais qu'il y est obligé. Donc, si le Conseil constitutionnel la retoque, il aura fait adopter par le 49.3 une loi dont il ne voulait pas, qui lui est imposée et qu'il ne pourra pas promulguer.

11.
Se pourrait-il que cette réforme des retraites ait été l'une des conditions de l'UE en 2020 lorsque furent négociées les conditions qui permirent de faire circuler beaucoup de quoi qu'il en coûte ?

12.
23.03.2023. La macroniste Maud Bregeon a évoqué l’exemple de la crise de la dette publique grecque pour justifier la nécessité de la réforme des retraites. Bigre, la situation serait-elle aussi mauvaise ? Euh, monsieur Macron, vous êtes tout de même président depuis 2017.

Patrice Houzeau
Malo, le 24 mars 2023

21 mars 2023

JE NE ME PUIS RAVOIR

JE NE ME PUIS RAVOIR

1.
«Je ne me puis ravoir de mon humeur mélancolique et crois que mardi je prendrai médecine. »
(Henri IV à la marquise de Verneuil, le 13 octobre 1602)

Je ne me puis ravoir, - indécrottable qu’on dit -, je
Ne me puis ravoir de mon rhinocéros dans la pièce Ah ça, je ne
Me puis ravoir de ce bestiau là - c’est qu’ça encombre… Je ne me
Puis ravoir ai-je dit jadis pour la sotte fascination que j’eus pour la demoiselle.
Ravoir avec le temps, j’ai pu. Je ne me puis ravoir
De mon humeur fait le Père Ubu massacrant Ah
Mon humeur mon humeur mon humeur, - et mon parapluie, alors ! Où ai-je mis mon parapluie ? Ah mon
Humeur, massacrante qu’elle est because que j’ai paumé mon parapluie et pis aussi mon Père Ubu de poche. Quant au Roi,
Mélancolique il est, le Roi, mélancolique comme un rhinocéros qui ne sait pas quoi faire de sa pièce,
Mélancolique comme une fille trop désirée,
Mélancolique comme un Père Ubu perdu dans un dédale d’ossements.
Et tu crois quoi, hein quoi qu’tu
Crois hein t’y crois toi hein moi pas
Que j’y crois sauf le
Mardi parce que le dimanche je ne suis pas libre le dimanche et ce n’est que le mardi que j’ai pris
Je prends et
Prendrai médecine de houblon et de malt ne pouvant prendre
Médecine le dimanche because que le café le dimanche bin il est fermé.  

2.
Est-ce qu’ils allaient parler de ça ?
Non, ils allaient parler de yaourt.
Yaourt commence à bien faire.
Prends yaourt et estime-toi heureux, j’ai pas que yaourt à penser !
Etait-ce yaourt à la fraise ou yaourt nature ? Yaourt, je ne le sais pas.

3.
La découverte du collier ne l’avait pas épouvantée.
En effet, on ne trouve jamais de collier dans une brosse à dents.
Elle pouvait se les brosser tranquille, tandis que dans le silence de la terrasse, la silhouette d’une gymnaste en justaucorps noir se confond avec la nuit.

4.
Cette idée ne lui venait pas.
Ce qui lui venait, c’était l’envie de tartines de beurre avec un bol de café noir.
Et comme cette idée ne lui venait pas, Zut perdit la partie.
Par contre, je n’ai plus de pain, et elle a fini mon pot de confiture à la fraise.

5.
La bataille de la réforme des retraites me fait penser à une partie d’échecs. Le Roi, c’est Macron, et la Reine, c’est Borne. On a mis Borne en échec pour mater le Roi. Ça n’a pas marché. Mais la partie n’est pas finie.

6.
Comme il n’y eut pas de long silence, elle ne put le rompre.
Contrariée, Zut retira ses oreilles et la vue de ces poissons à deux pattes et yeux ronds circulant dans les aléas du réel lui donna l’envie de friture, de citron, de vin blanc.

7.
Comme la radio disait que le premier ministre était affaibli par la dernière motion de censure, elle reprit du camembert.
On ne peut le lui reprocher.
Moi aussi, je reprends du camembert quand j’ai envie de reprendre du camembert, surtout quand je suis chez moi, seul avec mon camembert et la pensée d’un premier ministre affaibli par la dernière motion de censure.

8.
Macron ne mange pas les enfants.
Macron agit parfois sottement. Ce n’est pas la même chose.
Et ce n’est pas parce que les enfants font parfois des sottises que Macron pourrait se mettre à les manger.
Non.
Brigitte lui fait-elle parfois des crêpes ?

9.
Au milieu de la bataille de la Réforme des Retraites, Macron va prendre la parole.
Sera-t-il audible ?
Bien sûr que oui, il suffit de se procurer une paire d’oreilles aux normes Blanquer, dites « écoutilles apprenantes » et c’est sans peine aucune que vous comprendrez le macron.
Bien entendu, méfiez-vous des contrefaçons russes (les modèles Lavrov) : elles défaillent, déforment les mots et les propos, transforment jusqu’au sens des phrases les plus simples.

10.
La réforme des retraites de 2023 n’est pas une catastrophe, c’est une loi.
Une loi assez sotte, mais une loi.
Une catastrophe, c’est quand je ne suis pas là. Quand je suis là, ça s’appelle une malédiction.

11.
Une loi peut-elle être une catastrophe ? Sans doute. D’ailleurs, je note que le député Jean-Marc Titanic a beaucoup de mal à se faire entendre.

12.
Sur la réforme Blanquer, les avis divergent. Certains la disent assez sotte, d’autres l’affirment mauvaise, d’autres encore prétendent que la réforme Blanquer est pire que la réforme Blanquer elle-même.

13.
La différence entre dictature et démocratie se tient aussi dans l’art du mensonge d’Etat. Les mensonges de Poutine font des morts, beaucoup de morts. Les mensonges de Macron font beaucoup moins de morts, vraiment beaucoup moins ; par contre, ils multiplient les mécontents.

14.
Parfois, les personnages de bande dessinée sont des exhibitionnistes qui s’ignorent.

15.
Peu connue est la générale de Manière. On s’accorde généralement pour dire que son action au sein de l’armée française fut positive et consensuelle. Elle eut pourtant quelques opposants, les « ceux-pendants », ainsi nommés parce que la Générale de Manière avait coutume d’en dire : Ah ceux-là, qu’ils aillent se faire pendre.

Patrice Houzeau
Malo, le 21 mars 2023.

20 mars 2023

EN RANGEANT SA BANANE / COMME MOI QU’IL TE DIT LE MIROIR

EN RANGEANT SA BANANE / COMME MOI QU’IL TE DIT LE MIROIR

1.
Ce que nous avions dit
Pourquoi Charlotte parle-t-elle de la mort ?
Nous ne le pensions pas vraiment. Aimez-vous les radis ?
D’ailleurs, nous ne savons pas à quoi pense Charlotte. Je mange rarement du roquefort. 
La question est réglée
Charlotte est partie aux fraises
Tout est arrangé
Nous savons maintenant à quoi pensait Charlotte. C’était pas au roquefort.

Aucun député de la majorité ne peut dire que la réforme des retraites est réglée et que tout est arrangé. Dans les contes de fée, la question finit par être réglée et tout est arrangé sauf dans le cas où la fée est restée chez elle à regarder Chapeau melon et bottes de cuir en mangeant des chips.

Si la fée s’appelle Charlotte et que Charlotte est syndicaliste
Alors le gouvernement partira-t-il en vacances à Autchozafout ?
Ce que je n’arrive pas comprendre, c’est le mobile,
Dit le détective en retirant la pipe de son oreille et en rangeant sa banane dans son étui à bananes.

Cela n’a évidemment rien à voir avec le fait qu’il ne faut pas confondre calamar géant et calamar colossal, bien qu’aucun des deux ne soit un familier, pas même une vague connaissance de Charlotte.

2.
« Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse,
Et de toi fais-tu dire : « Oh ! l’homme singulier ! »
(Baudelaire, « Le rêve d’un curieux »)

Connais-tu ces moments de doute, dis, les connais
-tu, ces moments où ton miroir soudain t’interroge, oh dis, les connais-tu,
Comme moi, qu’il te dit le miroir, eh oui il dit
Moi et il te tutoie comme s’il te connaissait, oh dis, la connais-tu,
La bizarrerie que c’est quand ton miroir soudain t’interroge, qu’il te dit le miroir et toi à ce moment, tu fais ouille passque tu t’as cogné dans le réel pis que la
Douleur elle est pas si
Savoureuse que le susurre le vers à Baudelaire si tant est qu’un vers ça puisse susurrer quoi que ce soit.

Et de toi que penses-tu
De toi me dit le miroir en me regardant hein de
Toi quoi que tu penses dis que tu ne vaux pas un radis dis ou que tu vaux plus qu’on le dit dis dis
Fais-tu dire de toi que tu es un sot un rat un râteau un raté un gratiné d’la tare ? Oh fais
-tu dire de toi que tu es têtu fichu foutu fétu bouillu eh fais-tu
Dire de toi que tu es par trop désinvolte, lunaire, rêveur, dé-con-nec-té, dé-ré-a-li-sé, dé-struc-tu-ré ?
Oh ! te sens-tu défois du vertige dans la cafetière ? dis, dis donc, dis donc toi,
L’homme d’aujourd’hui, ô provisoire, ô éphémère, ô consommateur, toi qui te crois
Singulier si singulier et qui regardes des comédies satiriques des années 70 qui grincent, avec de la pop culture pis qui s’moque en couleurs, même que défois on leur voit les seins à la pop culture.

Patrice Houzeau                                                                                    
Malo, le 20 mars 2023.

15 mars 2023

TEL QU'IL POURRAIT ÊTRE S'IL AVAIT UN NOM

TEL QU'IL POURRAIT ÊTRE S'IL AVAIT UN NOM

« Oublieuse de l'être et de sa propre vérité, la pensée occidentale pense, dès son début, constamment l'étant en tant que tel. »
(Heidegger traduit par Wolfgang Brokmeier, « Chemins qui ne mènent nulle part »)

1.
A mon avis, la vérité de l'Occident est dans l'escalier. Quant au cornet de frites, je ne me demande pas si les frites avalées sont l'être du cornet ou si le vide – assez gras quand même hein – du cornet est l'être des frites avalées. J'avale les frites, en pensant à Fernande.

2.
La concierge dans l'escalier pense-t-elle toujours à ce qu'elle aurait dû répondre ?

3.
Tout est possible à l'homme impossible. Cela ne prouve pas que tout lui soit permis. Et pourtant, l'homme impossible fait comme si.

 

Oublieuse puisque tout s'oublie et que tout cela s'abandonne. Oublieuse
De sa vérité comme de son mensonge - oublier sa vérité, n'est-ce pas la laisser se dissoudre dans le mensonge ? Oublieuse de
L'être – ce qui ne peut être sans la perception de l'étant et qui cependant transcende la matérialité du cornet
Et des frites qui sont dedans, la fille que j'ai aimée et qui n'est plus là où je l'ai aimée, quand bien même la fille se tient devant moi, elle n'est plus mon amour, elle n'est plus ni objet, ni sujet
De mon amour,
Sa liberté lui est comme l'être est à l'étant, et elle est la liberté partagée et sa seule liberté, que je connais sans la comprendre tout à fait, cette liberté
Propre à la fille que j'ai aimée et qui se partage, cette liberté, comme une Vérité, un emploi du temps, un repas, une haine, qu'à mon avis,
La vérité de l'Occident est dans l'escalier, dans le « on aurait dû », la vérité de la
Pensée occidentale, cette vérité qui se tient dans les siècles de sa philosophie et qui se tient aussi dans ce que l'on pressent après le Cogito, « l'homme né libre et partout dans les fers », la séparation des pouvoirs, le « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », le Dieu mort, « l’existence précède l'essence », les libéralismes, les universalismes, les repentances à larmes de crocodile, ah oui, la pensée
Occidentale, cette politique que certains prennent pour une métaphysique alors que ce qui s'y
Pense est avant tout l'alchimie du verbe, la puissance du langage à transformer le réel – les politiques ne sont-ils pas des mains à plume qui font marcher les mains à charrue ? Oublieuse donc, la pensée occidentale,
« Dès son début », écrit Heidegger - dès les Grecs donc ? Dès l'animal politique d'Aristote ?
Son goût des palais et des révolutions ne serait-il que le
Début toujours recommencé,
Constamment recommencé d'un déclin programmé de sa civilisation, à la pensée occidentale ? D'une promotion catastrophique de
L'étant en tant qu'étant, et non
En tant que preuve de l'être – l'étant prouve-t-il quoi que ce soit ? - en
Tant qu'étant, en lieu et place de ce
Que nous appelons « être », et dont nous cherchons le nom
Tel qu'il pourrait être s'il avait un nom.

Patrice Houzeau
Malo, le 15 mars 2023.

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