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BREFS ET AUTRES
amusettes
7 mars 2023

GARE, GARS MÊLE ET AUTRES PELLES

GARE, GARS MÊLE ET AUTRES PELLES

1.
Gare ! gars, mêle-toi à la foule, rends-toi invisible, si tu veux échapper à l'homme en noir !

2.
J'aime beaucoup le Lucky Luke de Morris et Goscinny. L'humour absurde, on en trouve pas mal d’exemples dans les albums de la série. Ainsi, dans « Jesse James », Jolly Jumper jouant aux échecs avec « l'homme qui tire plus vite que son ombre ». Etonnement d'un témoin et double remarque du Juge de Nothing Gulch : « il joue un peu lentement mais là n'est pas la question... » ; deux planches plus tard : « C'est incroyable qu'un cheval aussi lent aux échecs soit aussi rapide à la course. »

Dans « Jesse James », Jolly Jumper fume trop et il n'aime pas ça et fait le difficile quant au choix de ses fers. Il y a aussi un bandit, Jesse James, qui se prend pour Robin des Bois, mais confond partage des richesses (mal acquises) et confiscation (à main armée). Il forme un trio de grand chemin avec un cousin débile et un frangin qui fait des peseudo-citations de Shakespeare à tout bout de champ et de branche lorsque les bandits sont perchés.

Tout ça bien rythmé en cases dont certaines sont sans bord (l'album date de 1968, la bande dessinée commençait à expérimenter), personnages à trognes et pifs improbables, couleurs franches qui vous mettent souvent un groupe de bonshommes en bleu, en gris, en vert pâle quand ils ont peur.

3.
Vu « Aline », de Valérie Lemercier. Sympathique, comme le personnage central, Aline Dieu qui évoque la chanteuse Céline Dion, que l'on aime à croire aussi sympathique, franche et naturelle que son double de fiction. A voir aussi pour les répliques de maman Dieu, pleines de verve.

4.
Ai fini de lire « La Chèvre d'or », de Paul Arène (1889). Roman rapide (200 pages, chapitres très courts), style clair et concis, basé sur le mythe de la « chèvre d'or », mythe lié, si j'en crois Wikipédia, à l'occupation sarrasine de certaines parties de la Provence entre 730 et 973.

Je ne sais pas si ce roman est disponible en librairie. Si ce n'est pas le cas, « La Chèvre d'or » mériterait d'être réédité. Il fourmille de détails sur la Provence du 19ème siècle et charme par le conte, un brin naïf, le goût de l'énigme et de la chasse au trésor.

5. 
Alors comme ça, l'archiduchesse qui avait coutume de faire sécher à l’air sec ses chaussettes jusqu'à ce qu'elles fussent, ses chaussettes, sèches, sèches, archisèches, on l'a retrouvée, l’archiduchesse, desséchée, cadavérée cependant qu'au mur et au bout d'une ficelle se balançait quelque sardonique hareng saur.

6. 
Hector, t’as tort d’être tant porté sur la tortore car trop de tortore tue et tu dois donc, Hector, stopper tartares, tartines, gratin de pâtes, patates sautées, choucroutes et pâtés en croûte si dans l’trou tu veux pas chuter.

7. 
J'aime le son de batterie de Nick Mason dans « Cymbaline » (c'est de Pink Floyd) Je n'aime pas le son désagréable de Poutine (sale !) JaimeLeSonDlaBatterieDansLesDisquesDePinkFloyd JeNaimepasLaTêteALavrov MacabreTheClown macabre.

8. 
Paraît que Roger Waters a des tendances pro-russes et surtout anti-américaines. Bah on ne demande pas à Roger Waters s'il a des compétences en géopolitique, ni s'il pige que s'il est bien friqué, c'est grâce au vilain libéralisme, on lui demande de composer de bonnes chansons.

9.
Très tapant le soleil trop trempée la limace
TropTrempéeLaLimace Ah la malice dis et puis
Alice chuta chuta chuta S'artrouva Alice as'
Kip dans les étrangetés d'la logique et puis
As'kip paraît qu'i va neiger qu'ça va chuter
D'la neige Aujourd'hui grève & demain neige.

10.
SouventSouventSouventCoinCoin SouventSouvent
TchiiipTchiiipSouventSouvent TirrreliSouvent
SouventCroaCroa SouventCoinCoinCroaCroa j'me
Promène & j'entends des zoziaux dans m'tête.

11.
Ce n'est pas parce qu'il neige des bigoudis qu'il y a des têtes dessous. (proverbe merlan)

Patrice Houzeau
Malo, le 7 mars 2023.

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6 mars 2023

CORNICHON SE TRADUISANT PAR GHERKIN

CORNICHON SE TRADUISANT PAR GHERKIN

1.
« par exemple, - l'âme, à ce qu'ils croyaient, - je cite les termes d'un subtil et intelligent Parisien, - ne demeure qu'une seule fois dans un corps sensible. Ainsi, un cheval, un chien, un homme même, ne sont que la ressemblance illusoire de ces êtres. »
(Edgar Poe adapté par Baudelaire, « Metzengerstein »)

Les choses se ressemblent-elles ? La banane est-elle la banane telle que je la vois ou un étant qui se transforme x fois par seconde ? Le réel est-il une série grouillante et infinie de métamorphoses dont l’œil ne percevrait qu'une infime partie ? C'est-y pas qu'nous grouillons ?

2.
« The rich although faded tapestry hangings which swung gloomily upon the walls, represented the shadowy and majestic forms of a thousand illustrious ancestors. »
(Edgar Poe, « Metzengerstein »)

« La tenture de tapisserie, riche, quoique fanée, qui pendait mélancoliquement aux murs, représentait les figures fantastiques et majestueuses de mille ancêtres illustres. »
(Edgar Poe traduit par Baudelaire)

Je lis que « shadowy and majestic » est traduit par « fantastiques et majestueuses » puisqu'il s'agit de « figures ».

S'il avait été question de dés à coudre, Baudelaire aurait écrit « fantastiques et majestueux ».

Ceci dit, il est rare que l'on ait pour ancêtres des dés à coudre. Remarquez que la tapisserie aurait pu représenter les « figures fantastiques et majestueuses de mille ancêtres illustres » avec dés à coudre. Ce qui aurait été curieux, aussi curieux que la rencontre du spectre d'un cornet acoustique avec la peintre Leonora Carrington.

3.
« The longer he gazed the more absorbing became the spell – the more impossible dit it appear that he could ever withdraw his glance from the fascination of that tapestry. » 
(Edgar Poe, « Metzengerstein »)

« Plus il contemplait, plus absorbant devenait le charme, - plus il lui paraissait impossible d'arracher son regard à la fascination de cette tapisserie. »
(Edgar Poe traduit par Baudelaire)

Baudelaire traduit « withdraw his glance from the fascination of that tapestry » par « arracher son regard à la fascination de cette tapisserie », ce qui se justifie puisqu'il n'est, dans cette phrase, pas question de dé à coudre (thimble) ni de chameau (camel).

Si l'on « arrache son regard à la fascination d'une tapisserie » ou de tout autre chose (d'un jardin, d'un jambon-beurre, d'un jamais, toujours, je-ne-sais-quoi, jambe, jarretière, jolie jeune fille...), la fascination en est-elle aveuglée et se met-elle à errer, hagarde et échevelée, de par le monde en quête d'un autre regard à fasciner ?

4.
« I-n-d-e-e-d- ! » ejaculated the Baron, as if slowly and deliberatly impressed with the truth of some exciting idea. »
(Edgar Poe, « Metzengerstein »)

« - En... vé... ri... té... ! - exclama le baron, comme impressionné lentement et graduellement par quelque évidence mystérieuse. »
(Edgar Poe traduit par Baudelaire)

Je lis sur internet que le Cambridge Dictionary donne au verbe anglais « ejaculate » le sens aussi de « to shout or say something suddenly » ce qui ne vous interdit pas de prendre le café avec du sucre, ni de le boire en contemplant la course des nuages en forme de chevaux. Je dis ça parce qu'il est question, dans le « Metzengerstein » d'Edgar Poe, d'un « cheval », d'un cheval fantastique. S'il s'était agi d'un bocal, vous auriez contemplé des nuages en forme de bocaux ; d'un cardinal, des cardinaux ; d'un vitrail, des vitraux ; d'une bataille, des bateaux mais je dis pour faire rire dans les vals et les vaux.

5.
« In the glare of noon – at the dead hour of night – in sickness or in health – in calm or in tempest – the young Metzengerstein seemed rivetted to the saddle of that colossal horse,... »
(Edgar Poe, « Metzengerstein »)

« Dans l'éblouissement du midi, - aux heures profondes de la nuit, - malade ou bien portant, - dans le calme ou dans la tempête, le jeune Metzengerstein semblait cloué à la selle du cheval colossal... ».
(Edgar Poe traduit par Baudelaire)

Je lis que l'adjectif anglais « colossal » se traduit par le français « colossal ». Etant une colossale poutre dans la langue des Beatles et des Doors (et ça m'amuse que Scarabées et Portes parlassent la même langue), ça me rassure un peu de le savoir, même si c'est peu, si peu.

J'ai appris récemment que l’expression « mettre quelqu'un sur un piédestal » se traduit en anglais par « put someone on a pedestal » et que, voyez, « cornichon » se traduit par « gherkin », même qu'il est souvent « pickled », « preserved in vinegar ». Ah oui.

Patrice Houzeau
Malo, le 6 mars 2023.   

4 mars 2023

PENDANT QUE SE BALANCE LE GRAND HARENG-SAUR DE L'HISTOIRE

PENDANT QUE SE BALANCE LE GRAND HARENG-SAUR DE L'HISTOIRE

1.
La nuit ne rit pas. D'ailleurs, je ne vois pas la nuit avoir des envies de rigolade.
Je ris parfois. C'est qu'il y a des films comiques.
Je ne regarde jamais de films comiques en mangeant des crêpes. On ne sait jamais, des fois qu'elles se mettraient à se tordre et à s'esclaffer.

2.
Passe un rhinocéros. J'boirais bien une bière.
Ces deux propositions constituent un ensemble de douze syllabes. Je pourrais en faire un vers dans un poème qui parlerait de rhinocéros et de bière. Je n'en ai pas envie ; je contemple mon chien qui ronge son os.

3.
3 mars 2023. Une vidéo tournant sur twitter montrant Lavrov expliquant que la Russie essayait d'arrêter en Ukraine une guerre qui aurait été déclenchée contre elle et provoquant ainsi les rires du public de New Delhi, prouve indéniablement que Sergueï Lavrov est le plus grand clown de la scène diplomatique internationale. Avec sa tête à faire pleuvoir et le pince-sans-rire de sa distinction de cireur de bottes poutiniennes, cet homme sait faire rire, quand il ne fait pas pleurer.

4.
« - Raison de plus pour qu'on croie que tu fais le tapin, s'esclama Gabriel épouvanté. Surtout avec tes bloudjinnzes. Y a des amateurs.
- Y a des amateurs de tout, dit Fédor Balanovitch en homme qui connaît la vie. »
(Raymond Queneau, « Zazie dans le métro »)

D'une manière générale, la vie est pleine d'amateurs. Certes, ils exercent, - pas tous – une profession, mais ils n'en restent pas moins dans la plupart des domaines des amateurs. Il y a des peintres, des musiciens, des politiques amateurs. Ils ont parfois un certain talent. Mais ce talent disparaît avec eux, et parfois, c'est dommage, mais c'est sans doute qu'ils avaient autre chose à faire. Restent quelques temps le tableau de l'oncle Arthur (une vue avec vaches d'un bout du coin de là-bas) et quelques vieilles coupures de presse. Par contre, je reprendrais bien de la tarte au riz.

5.
Le crétin professionnel ne se distingue du crétin amateur que par son pouvoir de nuisance. Et encore, certains crétins amateurs ont dépassé le stade du professionnel pour très vite accéder au stade de virtuose, de Grand Maître en crétinerie.

6.
Je ne sais pas si c'est vrai mais, selon un article du Point, du jeudi 2 février 2023 (p.24) : « Si un virus de grippe aviaire déclenche une épidémie dans un élevage de visons en Espagne, la propagation à l'homme est à craindre. » Qu'en pensez-t'ils-nous-vous-tu ?

Le mot « virus » signifie en latin « poison, toxine ». C'est donc un poison invisible. Il semble qu'il y ait débat sur la nature des virus : organismes vivants ou pas ? C'est que le réel grouille. Nous grouillons. Sous nos pieds, les rats grouillent. Les tueurs grouillent en Ukraine, en Afrique, dans l'enfer des faits divers. Le grouillement aura la peau de l'humain, aussi sûrement que Poutine a les valets les mieux payés du monde : ils ont pour nom : Lavrov, Choïgou, Guerassimov, Peskov, Medvedev, ecterov.

7.
« Ainsi dans la forêt où mon esprit s’exile
Un vieux Souvenir sonne à plein souffle du cor ! »
(Baudelaire, « Le cygne », v.49-50).

« Dans » est une préposition qui signale que quelque chose peut servir de contenant. « Mais qu'est-ce que tu as dans la tête ? », « Mais tu n'as rien dans le crâne, ma parole ! »  sont des phrases qui, employant la préposition « dans », nous renvoient à ce creux qui nous définit et où nous fourrons tout ce dont on dit parfois : « Je me demande où il va chercher tout ça. »

8.
Le complotisme fonctionne sur l'idée que s'il n'y a rien à voir là où on s'attendrait à voir quelque chose, c'est que ce quelque chose est caché, occulté, dissimulé. On s'attendait à voir une soucoupe volante (puisque quelqu'un de « bien informé » l'aurait déclaré), et ce n'est qu'un prototype de ballon espion, c'est donc que l'on nous cache que les aliens sont sans doute déjà parmi nous. J'ai toujours pensé que les bananes étaient hantées par des esprits pervers. Je n'en ai jamais trouvés, mais je remarque que l'on ne nous dit pas tout sur les bananes, ni sur les politiques perchés.

9.
« Le Point » du 2 février 2023, p.44 :
« Ce mont pelé qui domine la ville kurde syrienne de Kobané est abandonné au vent glacial et aux chiens errants. »
(Guillaume Perrier)

Le verbe « errer » vient du bas-latin « iterare » qui signifiait « voyager ». Il y a des chats, des chiens, des gens, des peuples, des esprits errants. Jadis, il y eut même des chevaliers errants. Les chapeaux errants sont plus rares, ou alors c'est qu'il y a quelqu'un dessous. Si vous croisez un manteau errant sans personne dedans, vous venez de croiser l'homme invisible.

10.
Si Cicéron, cependant que César césarisait et que se balance le grand hareng-saur de l'Histoire, n'avait point tant cicéronné, Cicéron n'aurait jamais été Cicéron, mais comme, cependant que César césarisait et que se balance le grand hareng-saur de l'Histoire, Cicéron cicéronnait, Cicéron est devenu Cicéron, mais pas Poincaré.

Patrice Houzeau
Malo, le 4 mars 2023.

4 mars 2023

ET TOUTES CES SORTES DE MÂCHOIRES

ET TOUTES CES SORTES DE MÂCHOIRES

1.
« Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps. »
(Baudelaire, « La servante au grand cœur... »)

Certes est un adverbe. Il est donc invariable. Si Baudelaire l'écrit sans « s », c'est pour gagner une syllabe. Baudelaire se fiche-t-il du monde ? Sans doute, mais ce n'est pas à ça qu'on reconnaît le baudelaire. Du reste, il n'a jamais existé qu'un cas de baudelairisme avéré, et ce fut entre 1821 et 1867. Il fut beaucoup copié, jamais ressuscité.

2.
« Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige. »
(Baudelaire, « Harmonie du soir »)

Wikipédia dit du Soleil qu'il est « l'étoile du Système solaire » et qu'il est une « étoile de type naine jaune ». Le Soleil n'a pas toujours existé (il aurait près de 5 milliards d'années, papy Fiat Lux). Avant d'être une naine jaune, il ne fut ni géant vert, ni léopard tacheté.

Je ne pense pas non plus que le Soleil fut d'abord une pierre qui roule pis qui chantait du blues avant de s'enflammer comme une guitare qui tombe amoureuse d'une mandoline. D'ailleurs je ne me pose pas la question de l'origine du Soleil. Pas aujourd'hui, et surtout pas en mangeant des saucisses.

Le Soleil peut-il se noyer ? Tout dépend du sens que l'on donne au pronominal « se noyer ». Si, écrivant que « le soleil s'est noyé » vous voulez dire que le Soleil interprète l'air de la Reine de la nuit (« Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen », « L'infernale vengeance brûle dans mon cœur »), c'est que vous ne connaissez pas le sens exact du verbe « se noyer ». Remarquez qu'alors Baudelaire aurait pu écrire : « Le soleil s'est noyé dans son chant qui se fige ».

3.
L'oubli est un processus qui fait qu'on se souvient pas, qu'on ne se rappelle pas. Ne pouvant se joindre, le frappé d'oubli en conclut qu'il est absent. Il saisit qu'il est tombé dans un trou de mémoire, lequel pourrait s'élargir, devenir gouffre, l'engloutir comme une bouche s'ouvrant dans le temps. Baudelaire dans ce vers : « Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde » imagine donc qu'on pourrait faire de l'oubli son lit. Pour ce qui est du requin, je me le visualise bien dans un lit, mais ça fait tout de même très bande dessinée. C'est tout de même l'onde qui lui convient le mieux au requin, ou la finance, la politique et toutes ces sortes de mâchoires. Et s'il se met à ronronner et à réclamer des caresses, c'est que ce n'est pas un requin.

4.
« Nous avons salué des idoles à trompe ; »
(Baudelaire, « Le voyage »)

Les idoles sont des représentations. Qu'elles soient religieuses ou séculières, elles se basent sur l'apparence et donc sur l'illusion. Chacun étant l'illusion de l'autre, ces illusions nous constituent en tant qu'êtres imaginaires. La fiction est une idolâtrie en ce sens qu'il y a autant de différence entre la représentation du réel et la manière dont il nous tombe dessus qu'entre la représentation d'un dieu et la façon dont il n’existe pas.

Que l'être du réel se manifeste à nous, - on appelle cela tragédie, ou drame (le réel s'imposant à la conscience par l'évidence de sa violence), et la fiction soudain devient insupportable, et l'autre un péril imminent. Le but du social est d'éteindre cet incendie et de substituer à la fiction devenue toxique une fiction nouvelle, que l'on appelle « modernité ».

5.
« 
Remember ! Souviens-toi ! prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.) »
(Baudelaire, « L'horloge »)

Ce qui existe n'est pas le temps, mais la représentation du temps. Cette fiction utile nous rappelle que nous sommes voués à la disparition. Elle est aussi universelle que la pluralité des langues et je ne sais pas s'il pourrait exister une société humaine sans représentation du temps, laquelle se fait par le langage. Le temps est une production linguistique, une grammaire. L'absolu des temps est un monothéisme, et les dieux des grammaticaux. Je me demande pourquoi j'ai soudainement envie de confiture d'abricots.

Patrice Houzeau
Malo, le 4 mars 2023.

3 mars 2023

LES CHOUCROUTES VOLANTES NE JOUENT PAS DE KRAUTROCK

LES CHOUCROUTES VOLANTES NE JOUENT PAS DE KRAUTROCK

1.
« - Voilà encore une de vos idées bizarres, - dit le préfet, qui avait la manie d'appeler bizarres toutes les choses situées au-delà de sa compréhension, et qui vivait ainsi au milieu d'une immense légion de bizarreries. »
(Edgar Poe traduit par Baudelaire, « La lettre volée »)

Littré fait venir le mot bizarre de l'espagnol « bizarro » et le français lui donna alors le sens de « vaillant, brave » et Larousse de l'italien « bizarro », qui signifiait « extravagant ». Parfois, cultivant le bizarre, je pensais aux choucroutes volantes.

Les choucroutes volantes ne jouent pas de krautrock et ne répètent donc pas le mot « bizarre » pendant des minutes longues comme des chapelets de saucisses, genre :

Comme c'est bizarre très bizarre ce blizzard
Qui souffle dans les gares Des gens bizarres
S'y croisent Rendez-vous au prochain bizarre
Trans-Europe Bizarre... Trans-Europe Bizarre

Il m'arrive moi aussi d'écouter du krautrock. Par contre, les saucisses, je les mange.

2.
« Il y a dans chaque pièce une certaine quantité de volumes et de surfaces dont on peut se rendre compte. »
(Edgar Poe traduit par Baudelaire, « La lettre volée » [Le préfet de police])

Les mots « volumes » et « surfaces » m'évoquent la géométrie et la craie. La géométrie dit que « le carré du plus long côté, l'hypoténuse, d'un triangle rectangle, est égal à la somme des carrés des deux autres côtés.» On appelle cela le théorème de Pythagore.

Je n'ai connu aucune craie qui s'appelât « Pythagore » cependant qu'après leur passage, on devait essuyer le tableau.

Du reste, élève peu soucieux des leçons, j'avais beau fixer du regard, comme si je voulais l'hypnotiser, la craie, la craie là, la craie posée sur la plate barre métallique, là, sous le tableau muet, pas moyen de m'en souvenir du théorème à l'autre Grec.

3.
« C'est simplement – dis-je – une identification de l'intellect de notre raisonneur avec celui de son adversaire. »
(Edgar Poe traduit par Baudelaire, « La lettre volée » [Le narrateur])

L'intellect est la faculté de comprendre le fonctionnement de cet engrenage de causes et d'effets que l'on appelle « réel ». Les pierres n'ont pas d'intellect, mais ce n'est pas à ça qu'on les reconnaît.

Lorsque l'on comprend comment fonctionne cette machine affective que l'on appelle « autrui », on peut, dit-on, prévoir ses actions et réactions. S'il achète des frites, c'est qu'il a envie de manger des frites. Il est rare que quelqu'un achète une barquette de frites pour lui faire une déclaration d'amour.

Les pierres sont dénuées d'intellect et ne mangent pas de frites, mais ce n'est pas à ça qu'on les reconnaît.

4.
« Ce qui est vrai d'un rapport de forme ou de quantité est souvent une grossière erreur relativement à la morale, par exemple. »
(Edgar Poe traduit par Baudelaire, « La lettre volée » [Dupin])

Peut-on quantifier la morale ? Peut-on mettre l'éthique en équations ? L'universalisme moralisateur a de ces airs parfois de vouloir établir une science de la morale. Cela ne m'empêche pas de les manger, les saucisses.

5.
Dormir, que l'on trouve par exemple dans ce vers de Baudelaire : « Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde », est très calme comme verbe. Du 3ème groupe, et avec un participe passé invariable, le verbe « dormir » n'est pas une terre de contrastes. D'usage aussi courant que le mensonge en politique, il a comme synonyme familier le verbe « pioncer ». Un verbe qui évoque le repos donc, bien que, parfois, il soit modulé par le complément « d'un sommeil agité ».

Patrice Houzeau
Malo, le 3 mars 2023.

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27 février 2023

CELA N'EMPÊCHE PAS D'AIMER LA CORNEMUSE

CELA N'EMPÊCHE PAS D'AIMER LA CORNEMUSE

1.
Merci mon Dieu, aujourd'hui non plus, Jésus ne m'est pas apparu.

2.
Parfois, foudre qui vous plante sur place, vous tétanise, vous cloue chez vous. Parfois, foudre lente qui s'insinue, vous décale, vous ralentit, vous dédale.

3.
Si les lapins avaient des fusils, ça ne s'appellerait pas la chasse, mais la guerre.

4.
Le 27 février 2023, il se dit que selon des sources américaines, la pandémie du Covid-19 serait la conséquence d'une fuite accidentelle du virus d'un laboratoire de Wuhan. C'est ça, les virus, vous ne pouvez pas les laisser seuls une minute, ils en profitent pour fuguer, et vont, courent, volent provoquer des accidents mortels qu'après ça, vous passez pour des je ne sais quoi dans le monde.

Ce qui me rappelle l'efficacité et la prévoyance de notre technocratie et administration qui s'est illustrée lors du scandale des masques (quel carnaval!).

5.
Il paraît que la dernière feuille de chou à la mode chez les pro-Poutine s'appelle « Omerta ». Le nom est en effet bien choisi pour désigner une bande d'écrivaillons qui relaient la propagande du mafieux du Kremlin.

6.
« Pour mieux s'imposer, la logique prend quelquefois les traits de l'absurde. »
(René Char, « Moulin premier », V)

Si l'on considère la logique comme une science qui définirait avec rigueur les règles formelles de la pensée, il est qu'en effet, si vous essayez de battre la fourchette avec l’œuf, vous n'arriverez pas y tremper vos frites.

C'est en voyant le Père Ubu préparer une omelette aux champignons que vous constaterez que certaines omelettes peuvent être mortelles. C'est là l'un des intérêts de l'absurde littéraire, il prévient des risques d'empoisonnement que le réel vous fait courir.

7.
Il faut toujours avoir un pied de rechange sur soi, des fois que, par inadvertance et malheur de nous, on en mettrait un dans une tombe.

8.
« Le loup a peur du violon », note Henri Michaux dans « Sous le phare obsédant de la peur ». Cela se comprend. Il se peut que le mot « violon » évoque ici la prison. Ceci dit, le violon retourné à l'état sauvage, le crin-crin farouche, oh le redoutable ! Avec ses coups d'archet aigres-rauques, ses rapides pis qui lancinent zinzinneries rythmées par des coups de guêtres spectrales, il vous ferait fuir le loup solitaire aussi sûrement qu'un macron des villes pourchassant la croissance sur son beau cheval Blabla fait fuir le fabuliste égaré.

9.
« Il s'éloigna le plus qu'il fut possible, pour n'être vu ni entendu de personne »
(Madame de La Fayette, « La Princesse de Clèves »)

Le mot « personne » vient du latin « persona », dérivé de « personare », qui signifie « résonner, retentir ». La « personna » était un masque de théâtre qui la faisait sonner, tiens, la voix de l'acteur. S'éloigner de manière à « n'être ni vu ni entendu de personne », c'est donc s'éloigner des masques, du théâtre, de la scène sur laquelle nous jouons nos personnages. Cela n'empêche pas d'aimer la cornemuse. C'est même un fort bon prétexte d'éloignement.

10.
« Dehors
La terre s'ouvre
L'homme est tué
L'air se referme »
(René Char, « Confronts »)

Il arrive que « l'air se referme ». Surtout quand il n'a plus rien à dire. Cela arrive juste après une mort violente. Il y a de la sidération dans l'air. Cela ne dure pas. Quelqu'un crie, surtout si, distrait, il a laissé son pied sous la trajectoire du marteau échappé, avec lequel il comptait accrocher ficelle et hareng saur.

Patrice Houzeau
Malo, le 27 février 2023.

27 février 2023

GRATTAGE CHARBONNAGE LABYRINTHE

GRATTAGE CHARBONNAGE LABYRINTHE

1.
« Maintenant ce n'est plus qu'un lopin de terre, un tout petit lopin sur une tête d'aiguille.
Quand je l'aperçois, je me gratte avec. »
(Henri Michaux, « Déchéance »)

2.
Le verbe « gratter » a des ancêtres partout : le latin médiéval « cratare », le vieux francique « kratton », le vieil allemand « kratten », l'allemand « kratzen », l'anglais régional « scrat », le suédois « kratta ». le verbe « gratter » me rappelle que dans la vie on est bien obligé, plus ou moins souvent, « d'aller se gratter », avec ou sans lopin de terre, rapport à ce que le réel a une fâcheuse tendance à ne pas nous donner ce que nous voulons. Pour avoir ce que l'on veut, il faut charbonner. Le législateur et l'administration ont pour objet de fixer les limites du grattage et les cadres du charbonnage. J'en conclus que notre existence se situe donc entre ces deux pôles du grattage et du charbonnage. Remarquez que cela n'empêche pas d'aimer la cornemuse.

3.
« Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde »
(Baudelaire « Le mort joyeux »)

« Et » est une conjonction de coordination et figure donc dans la célèbre liste mnémotechnique « mais, où, et, donc, or, ni ,car ». On ne se le demande d'ailleurs pas. Si la conjonction « et » s'avère fort utile pour relier des mots et groupes de mots, en tant qu'épluche-légumes, elle est parfaitement inopérante.

4.
Je lis sur internet ce titre « Inflation : le spectre d'une France à deux vitesses ». Je ne doute pas en effet que l’État finisse par trouver une façon de taxer les fantômes qui, de plus en plus nombreux, hantent les rues.

5.
« Quelle femme aux pieds nus, une chandelle à la main, nous fait ainsi la suivre à travers les corridors du labyrinthe ? »
(Frédérick Tristan, « L'Obsédante », le Cherche-midi, 1992, p.55)

Comme on sait, le mot « labyrinthe » désigne dans la mythologie grecque une série de galeries construites par l'architecte Dédale pour y enfermer le Minotaure » (je cite Wikipédia). C'est dire si le labyrinthe peut être nuisible à la santé. On évitera donc de s'encombrer d'un labyrinthe, ainsi que de s'engager dans des conduites labyrinthiques. La réduction des labyrinthes est d'ailleurs un problème qui préoccupe le législateur. Cela ne l'empêche pas de se perdre dans le dédale des lois, des réglementations, des réformes et des nécessités électorales. Les spécialistes du labyrinthe s'appellent « technocrates ». Certains de ces technocrates sont des architectes frustrés, voire des minotaures refoulés. Certains se prennent pour Thésée, ou pour Ariane, ou pour Icare. Ils n'ont pas tous pour emblème la « tête d’œuf » et cherchent souvent à faire porter les cornes à quelqu'un.

6.
La Chine et la Russie sont des pays lointains qui auraient tendance à se rapprocher.

7.
Il y a une dizaine d'années, on disait que l'Asie, de par ses dynamiques démographiques et économiques, dominerait bientôt le monde. On voyait cela comme un domination essentiellement économique et on s'en faisait une raison. Maintenant que cette domination pourrait se faire aussi par les armes, évidemment, c'est une autre histoire.

8.
« Le poids du raisin modifie la position des feuilles. »
(René Char, « Migration »)

Je lis sur Wikipédia que « la forte teneur en sucre » du raisin « peut, avec le temps, entraîner une cristallisation ». Si vous plongez le raisin dans un liquide (de l'eau bouillante par exemple), le sucre se dissout . Si vous le plongez dans la foule, le raisin disparaît écrasé. Si vous le plongez dans la lecture, il tache les pages. Mais vous pouvez le manger, cependant que certains bouquins sont indigestes et que la foule, comme dit la chanson de Jacques Brel, vous « grignote comme un quelconque fruit ».

9.
Je n'ai jamais entendu parler de cette histoire de grappe de raisin invisible qui se serait enfuie d'un laboratoire.

D'une manière générale, le raisin n'est pas plus invisible que la pipe de Maigret ou la vilenie de Poutine. Le raisin sert à faire du vin ; la pipe se fume ; Poutine massacre.

Patrice Houzeau
Malo, le 27 février 2023.

27 février 2023

JE NE JAMAIS RENCONTRÉ DE YAOURT PARLANT ANGLAIS

JE NE JAMAIS RENCONTRÉ DE YAOURT PARLANT ANGLAIS

1.
Je n'ai jamais rencontré de yaourt parlant anglais. Donc, un pot de yaourt dans le rôle d'Hamlet, je n'y crois pas.

2.
Les soucoupes volantes ne sont pas des pianos. Sinon, ce seraient des pianos volants. Remarquez, ce serait joli pour interpréter la Sonate n°14 en do dièse mineur, opus 27 n°2 de Ludwig van Beethoven, dite « Sonate au Clair de lune », mais il faudrait alors prévoir des sièges volants pour un public ailé.

3.
Je déteste avoir froid. Ce monde est glacial.

4. 
« La dent de ton Erard, râtelier osanore,
Et scie et broie à cru, sous son tic-tac nerveux,
La gamme de tes dents, autre clavier sonore... »
(Tristan Corbière, « A une demoiselle »)

« osanore » est un adjectif qui désigne une fausse dent dont je lis qu'elle fut fabriquée jadis en ivoire d'hippopotame. Aussi une âme ne peut-elle être osanore ; un jambon non plus ; quant au yaourt, déjà qu'il ne parle pas anglais, alors hein.

5.
« J'entends comme un bruit de crécelle...,
C'est la male heure qui m'appelle. »
(Tristan Corbière, « Heures »)

Le mot « malheur » est composé à l'aide de « heur », qui vient du latin « augurium » (le message envoyé par les dieux et que décrypte l'augure). Une note de bas de page indique que l’expression « A la male heure » signifie « à l'heure de la mort ». Quant à la crécelle, elle produit un son aigre que l'on peut facilement considérer comme désagréable. Il serait étonnant que ce fût l'harmonieuse harpe ou une mélodieuse flûte qui signalât l'arrivée de la Camarde.

6.
« Toi qui planes avec l'Albatros des tempêtes, »
(Tristan Corbière, « Litanie du sommeil »)

Une note de bas de page indique que « l'albatros passe pour annoncer la tempête ». On ne peut donc pas compter sur l'albatros pour vous donner les résultats du tiercé ou des élections. D'ailleurs, à mon avis, l'albatros se rit des chevaux comme il se rit des archers, et je ne parle même pas des poètes, ni des députés.

7.
« … J'avais une amante là-bas
Et son ombre pâle me hante
Parmi des senteurs de lilas... »
(Tristan Corbière, « Ça »)

Je lis sur Wikipedia que le lilas (« Syringa vulgaris ») a été choisi comme la fleur représentant le caractère « robuste et ferme » des hommes et des femmes de l'Etat américain du New Hampshire. Certes, le lilas est un symbole plus joli que la crécelle, le cornichon, la tête de veau ou le yaourt. Quant au coq, il a une crête rouge et ses connaissances en anglais sont très limitées.

8. 
Vladimir Poutine est un homme d'Etat russe né le 7 octobre 1952 à Léningrad et qui n'est pas encore mort. Ce que pas mal de gens regrettent. Il aura fait tuer beaucoup de ses contemporains et se sera considérablement enrichi.

9. 
« Deux fers qui faisaient des parades bouffes ; »
(Tristan Corbière, « Duel aux camélias »)

Je ne sais pas si le son « f » ici exprime le ferraillement des épées, le frottement des lames en leurs « parades », mais je trouve sur internet ce virelangue :

« Des zazous farfelus qui cherchèrent leurs chaussures chassèrent sans souci des serpents qui sifflaient ».

Et je dis, halte-là : chasser des serpents sifflants avec les pieds nus me semble en effet, sans souci ou pas, relever du bouffon, du farfelu, du zazou, du fantasque, du zigoto, de la cafetière fêlée, voire de la folie furieuse, à flanquer ses fifres par la fenêtre.

10.
« Par Belzébuth ! contre la borne
Je viens de me rompre la corne !
..........................................................
Comme les trucs sont démolis ! »
(Tristan Corbière, « Grand Opéra, IIème Acte »)

Le mot « corne » vient du latin populaire « corna » et du latin classique « cornua ». Le mot « corne » me rappelle l’expression « il fait un vent à décorner les bœufs ». Il ne me rappelle le hareng saur et le foie de morue que si je songe au hareng saur et au foie de morue. Il me rappelle aussi « le son du cor au fond des bois » (c'est de qui ça déjà ?), Roland à Roncevaux, et que le mot « horn » désigne en allemand comme en anglais aussi bien un instrument de musique qu'une corne d'animal. Quant aux « trucs », ils sont, comme l'écrit Corbière, « démolis », le lyrique étant rentré dans le décor.

Patrice Houzeau
Malo, le 27 février 2023.

 

26 février 2023

S'IL SE MET A ABOYER C'EST QUE CE N'EST PAS UN OEUF

S'IL SE MET A ABOYER C'EST QUE CE N'EST PAS UN OEUF

1.
Alors Alix, Enak et Héraklion arrivent à Apollonia, - c'est une colonie romaine, je le lis dans « Le Dieu sauvage », de Jacques Martin. Et là, un légionnaire leur dit : « Le général Horatius ?... Mais il n'y a pas de général Horatius ici... » (c'est dans la bédé).

Je confirme il n'y a pas plus de général Horatius ici qu'il y a d'éléphant dans le placard et de martien dans la soupière; il y a « My Brightest Diamond » que j'écoute dans « Pressure » et sur You Tube. J'aime bien cette pop song avec fanfare.

2.
« Alors, dans sa solitude hiératique, le dieu paraît soudain s'illuminer d'une étrange lueur. »
(Jacques Martin, « Le Dieu sauvage », « Les aventures d'Alix », 1970, pl. 24).

C'est ça le problème avec les statues, vous les laissez seules, et elles en profitent pour faire des trucs, « s'illuminer d'une étrange lueur », faire des crêpes, répéter un numéro de claquettes et autres mômeries fantômes ; les statues antiques, surtout celles des dieux, c'est rien qu'des belphégors dans la nuit verte (Pourquoi verte ? - Pour l'ambiance).

3.
« … au point que les corps disparaissent peu à peu sous le sable. »
(Jacques Martin, « Le Dieu sauvage », pl. 29).

Ça me fait penser au sable des planètes de science-fiction. Vous savez, le sable qui s'étend à l'infini où, soudain, se pointent, poilus et mugissants, des bestiaux biscornus surmontés de voyageurs spatio-trucs et leurs pistolets-sabres-parapluies-allume-cigares-lasers là. Que tout finisse sable, poudre, poussière, avec du vent passant dessus, ou pas de vent du tout, ou du sable avec des pluies de grenouilles (Pourquoi des grenouilles ? - Parce que des éléphants, c'est trop lourd à transporter), ça j'en sais rien. Faut demander à des spécialistes de la question que je ne me pose pas.

4.
« Mais qui sont ces visages qui, à peine apparus, semblent fuir vers l'infini ? »
(Jacques Martin, « Le Dieu sauvage », pl. 31).

Là, dans la case, on voit de mauves têtes genre têtes de statues décapitées à yeux blancs tournebouler dans une verticalité de vitesse rouge. Psychédélique. Je me demande si on aurait le même effet avec des girafes qui font pouët-pouët, ou des coin-coins qui font pouët-pouët, ou des députés qui font pouët-pouët, ou des poètes qui font pouët-pouët (bin quoi, les poètes ont le droit de faire pouët-pouët comme les girafes, les coin-coins, les députés et tout ce qui relève de la pouët-pouëtance).

5.
Au bas de la planche 38 de l'album « Le Dieu sauvage », un œil noir me te nous vous ils (et leurs sœurs) observe. J'ai beau me dire qu'il ne peut pas me voir, n'empêche que si vous voulez manger des frites dans un œuf battu, il faut battre l’œuf tant qu'il peut se battre. Si l’œuf se met à aboyer, c'est que ce n'est pas un œuf. Il vous reste les frites, que l’œil noir de la dernière case de la planche 38 considère avec stupéfaction.

6.
« Eh bien, nous voilà pris entre une armée de vivants et une armée de morts, et... »
(Jacques Martin, « Le Dieu sauvage », pl. 52 [Alix]).

Certes, c'est assez curieux, mais comme il y a peu de chances que l'armée de morts résiste à l'armée de vivants (on n'est pas à Zombiland, voyez), tout devrait rentrer dans l'ordre, d'autant qu'on est à la fin de cet album où il est question de la force mystérieuse et destructrice qui émane d'une statue représentant le dieu Apollon.

Patrice Houzeau
Malo, le 26 février 2023. 

23 février 2023

SANDWICH

SANDWICH

Sandwich ! Je vas l’bouffer ! Géant ! Y a du fromage.

parfois, à midi, au café du coin, un sandwich, une bière, et je rêve un peu en attendant, je rêvasse
Sandwich -dwich dwich dwich (onomatopée signalant l’alien marchant sur le sable)
je rêvasse j’entends vaguement les conversations des gens debout au bar – ils parlent fort

Je nous tremblant (y en a qui rigolent de nos) Ah là
je rêvasse c’est-à-dire que je m’amuse dans ma tête tiens là

Vas che ne sais plus ce que ce che dis (ceci est appelé énoncé choucroute)
j’évoque le sandwich au café du coin mais en fait là je regarde « Le Crime est notre affaire » de l’excellent Pascal Thomas. J’aime bien les films. Je préfère lire. Ce sont les mots qui donnent accès. Les images sont des extensions fascinantes. Les mots peuvent être très vite amusants (si on aime le genre absurde)

L’bouffer de chaleur cependant que le bouffeur de chalet s’est perdu dans la fondue
il y a de la neige dans « Le Crime est notre affaire ». Le mot « fondue » me rappelle que j’aime bien ça, la fondue ; la fondue, c’est

Géant tison il fait un froid de fantôme on ne sait jamais qui nous hante tisonnons tisonnons
dans la maison dans les Flandres on se chauffait au bois fallait allumer le feu c’était pas toujours évident tisonnons tisonnons

Y a ya, « séduite et abandonnée, il m’a » (c’est dans le film « La Folie des grandeurs », ça, je crois)
comme on voit j’aime beaucoup les comédies ; certains films de science-fiction aussi, mais de moins en moins, comme si le réel ne voulait pas trop que je m’éloigne de ses apparences

Du val, du pont, du chemin, du pré, du moulin, des clous et des monts, tous vinrent chercher leur nom (les Aliens de nous prennent possession)
je finis ma bière et mon sandwich jambon

Fromage je prends de l’âge je retourne faire cours je me dis le temps est court.

Patrice Houzeau
Malo, le 23 février 2023.

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