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BREFS ET AUTRES
notes de lecture
31 janvier 2023

LE MYSTERE DU CORPS VOLÉ

LE MYSTERE DU CORPS VOLÉ.

« - Le corps de... murmura Bellegarde en pâlissant. Et il ajouta :
- Et dans quel dessein cet odieux bandit aurait-il accompli ce monstrueux attentat ? »
(Arthur Bernède, « Belphégor », IV,1 [Bellegarde])

Arthur Bernède. « Belphégor » (IV,1). « Vers la lumière ». Le baron Papillon « dans son cabinet de travail, où, d'ailleurs, il ne faisait jamais rien. » Pique. Critique du rentier, de l'oisif à particule. Le secrétaire Lüchner n'est pas là et ça tombe bien, parce que la narration a besoin du crédule Papillon. Une « miniature du peintre François Dumont » (1751-1831), « miniaturiste attitré de la Cour et l'artiste le plus réputé dans « le petit genre du portrait-mignard », dit Wikipédia.

Le baron reçoit l'antiquaire. Je passe sur ce passage, il n'est pas à l'honneur de Bernède. Chantecoq déguisé. Une « affaire superbe » ou un piège ? Les « Mémoires secrets de Cosme Ruggieri », astrologue de Catherine de Médicis, mort en 1615 et né dans un point d'interrogation, seraient apocryphes et « sans valeur ».

La « mort mystérieuse » de Simone a-t-elle un rapport avec le bahut au grimoire ? Et pourquoi, mais pourquoi donc, à la fin du chapitre 6 de la troisième partie, Belphégor vola le corps de Simone Desroches, l'emmenant dans les « ténèbres » du Mystère ? Rappelons d'ailleurs que, pour commettre son forfait de roman feuilleton, Belphégor assomma Juliette d'un « coup de sa terrible matraque ». D'autant plus intéressant que Juliette est présentée comme étant très pieuse et très dévouée à sa « maîtresse » (c'est le mot employé par Arthur Bernède). Belphégor a donc commis un sacrilège avec son symbole matraque là.

Jacques Bellegarde « sous ses traits ordinaires ». Il bout. « vivement, ardemment », qu'il veut agir, le Jacques. Colette lui reproche d'avoir quitté son déguisement de numismate italien. Chantecoq revient et ôte son travestissement, cependant que Jacques remet le sien.

Des doutes sur l'entourage de Simone Desroches. Elsa Bergen et Maurice de Thouars ? Belphégor est-il plus présent qu'on le pense ? Chantecoq explique l'énigme du corps volé et pourquoi Belphégor l'a soustrait aux investigations de la police.

Je note que le portrait de Marie-Antoinette par Dumont n'est ici que virtuel, que le grimoire de Cosme Ruggieri a disparu dans un bahut vendu à Simone, dont le corps a été volé par Belphégor. Tout disparaît. Reste la narration policière et ses énigmes sur la façon dont le réel escamote la représentation, tout en pratiquant l'art de l'illusion (Bellegarde en numismate italien, Chantecoq en antiquaire d'Amsterdam, un bandit en Fantôme).

Patrice Houzeau
Malo, le 31 janvier 2023.

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30 janvier 2023

LES HUMAINS ÇA OSE TOUT C'EST MËME A ÇA QU'ON LES RECONNAÎT

LES HUMAINS ÇA OSE TOUT C'EST MËME A ÇA QU'ON LES RECONNAÎT

« L'haleine embrasée du désert dissolvait aux fenêtres les arabesques du gel... »
(Ray Bradbury, « L'Eté de la fusée », cité par Louis Pauwels dans « Le Matin des magiciens ».)

Louis Pauwels dans « Le Matin des Magiciens » écrivant sur Ray Bradbury, « un homme plein de colère et de charité », dit-il. Comparaison avec Bernanos. Un « artiste religieux ». Un lieu commun, la religion de l'art. Il est vrai que certains artistes semblent touchés par la grâce. Rapport à la beauté, laquelle a un rapport avec la fragilité, la mort, la disparition.

De la « première fusée interplanétaire ». Si on y mettait la Zazie de Queneau dedans, elle accomplirait l'un de ses vœux de gamine insolente, devenir astronaute pour aller « faire chier les Martiens ». « L'été de la fusée » : un tue-l'hiver. Pauwels parle de poème à propos de la prose de Bradbury. C'est vrai qu'elle est belle.

Le « progrès des âmes » peut-il être lié au « progrès des choses » ? Selon Pauwels, Bradbury n'y croyait pas. On a cru à leur linéarité, au progrès incessant qui créerait les conditions d'un bonheur matériel et démocratique. Il semble qu'il y ait tragique gourance.

Ni « progrès des âmes » ni « progrès des choses » ne semblent linéaires. Les progrès technologiques sont aussi une source de problèmes, et un crétin bardé de diplômes reste un crétin. On le constate tous les jours en politique, et ça a même l'air d'empirer.
Et quand ce crétin se double d'un salaud, on assiste à un recul des idéaux démocratiques, à une remise en cause des libertés fondamentales, à une promotion du contrôle social, à l'avènement de la machine contre l'humain.

« Un archétype de la pensée humaine : la promesse d'un éternel printemps sur la terre », écrit Louis Pauwels. Les astres ont-ils besoin de l'intelligence humaine ? Et si nous allions imprudemment nous mêler de ce qui ontologiquement ne nous regarde pas ? Les humains, ça ose tout ; c'est même à ça qu'on les reconnaît.

Considérations sur la lutte « éternelle » entre les « puissances du froid » et les « puissances du feu ». Selon Louis Pauwels, Hitler y croyait à cette lutte. J'en sais rien. Ce que je retiens de ce passage sur le lien que, selon Pauwels, le tueur en chef nazi se croyait entre sa moustache et le froid, c'est cette remarque à propos du front de l'Est : « Sous leur capote et dans leurs bottes d'uniforme, les hommes mouraient. La plus légère blessure les condamnait. » (Louis Pauwels, « Le Matin des magiciens », le Livre de Poche, 1967, p.407).

La fin de ce passage est assez lyrique et le propos salutaire. Pauwels rappelle qu'à Stalingrad, je cite : « ce n'est pas le communisme qui triomphe du fascisme, ou plutôt, ce n'est pas uniquement cela. » C'est « notre civilisation humaniste », un « seul monde qui croit au progrès, à la justice, à l'égalité et à la science » qui a « anéanti la grande armée destinée à ouvrir la voie au surhomme. » Le transhumanisme, ce projet d'un homme visant l'éternité que nous prédisent certains, me semble parfois agiter des ombres inquiétantes. L'eurasisme douguinien aussi.

Patrice Houzeau
Malo, le 30 janvier 2023.

14 janvier 2023

ON NE RIT PAS RUE DE GIERI

ON NE RIT PAS RUE DE GIERI

1.
« Et, le regard tout flambant d'une haine et d'une cruauté implacable, [le bossu] ajouta :
- Mais demain soir, le coq aura fini de chanter ! »
(Arthur Bernède, « Belphégor », Livre II, chapitre 7)

Arthur Bernède. « Belphégor ». II, 7. « Où l'on voit les prévisions de Chantecoq se réaliser d'une façon mathématique. » Les événements, - nos vies -, dépendent-ils des mathématiques, des calculs, des algorithmes ? Sommes-nous spéculés ?

Jacques Bellegarde, caché. Des livres pour compagnie. Jacques et Colette minaudent et niaisent (les répliques ont du mal à cacher la sottise d'un sentimental violon, pomponné piano, sirupeux ridicule coin-coin). Coup de pieds au, ou haussement d'épaules ?

Jacques et Colette en viennent àskilésoucie : Simone. Tiens, v'la Marie-Jeanne, c'est celle du roman, elle se fume pas, même si « son chapeau ballotait sur sa tête ». Intéressante leçon, en 1927 donc, de la forme « ballotait », avec un seul « t ».

Jacques Bellegarde serait-il le Fantôme du Louvre ? « Au nom de la loi ! ». Marie-Jeanne et le « petit fouinard ». Perquisition. Du papier, du fer et de l'or. La « rue de Giéri ».

Bellegarde bout ; Colette s'inquiète ; j'aimerais pour ce dimanche manger des paupiettes ; Au chapitre 3 de « Zazie dans le métro », « lagoçamilébou ».

Le bouillant Bellegarde s'apprête à faire une bêtise. Chantecoq calme le jeu. Labo, penderie, moumoute, bacchantes, barbiche. Bellegarde métamorphose. Le réel, c'est du théâtre à vrais cadavres. Je remarque que la sinistre prédiction du bossu comporte treize syllabes.

2.
«  - C'est clair comme de l'eau de roche ! ponctuait le grand limier ; mais l'important est de savoir où et comment notre ennemi s'est procuré ce manuscrit. »
(Arthur Bernède, « Belphégor », Troisième partie, chapitre 1)

La troisième partie du « Belphégor » d'Arthur Bernède a pour titre : « Le Fantôme noir ». Si le titre avait été « La Choucroute volante » ou « Zazie dans le métro », le destin des personnages en aurait été, n'en doutons pas, radicalement autre.

Arthur Bernède, « Belphégor », III,1. « Le Grimoire de Ruggieri ». Il y avait Le Louvre, il fallait donc un château. Surtout qu'un fantôme sans château, est-ce bien sérieux ? J'ai une collègue, elle a une particule. Si elle était anglaise, elle pourrait être insupportable ; mais, française, le verbe haut et franc, elle est épatante.

Le Château du Papillon. Où on retrouve le bossu. Un problème de mécanique secrète. « Monsieur Lüchner ». Un nom germanique pour un vilain de roman populaire de 1927, est-ce étonnant ? « Les Papillon ne viennent jamais ici qu'au mois de septembre ».

Le vilain à nom germanique vouvoie le voleur en salopette. C'est pas parce qu'on fait dans la saloperie qu'on doive pas être poli. On n'est pas que des sauvages. Le château est moderne : y a une « usine électrique ». Les fantômes sont branchés.

Pendant ce temps-là, à Paris, Chantecoq et Cantarelli arrivent aux nouvelles. Je ne vous dis pas qui c'est, Cantarelli, sinon que c'est un numismate (du latin « numisma » et du grec « nomisma », monnaie »). Donc, il s'y connaît en faux.

Zézaiement. Effet de grotesque censé rendre le personnage plus réaliste. Fallait s'y attendre : pour la maison Pandore and (Roy)co, Bellegarde, c'est Belphégor. Si le bossu vouvoie son complice, le directeur de la police judiciaire tutoie le roi des détectives.

Qui dit château, dit fantôme, mais aussi grimoire. Sinon, autant prendre un appartement. « Couverture enluminée », « astrologues », « magiciens », « caractères gothiques », « Mémoires secrets », « Cosme Ruggieri », « Catherine de Médicis » : nous v'là dans l'occulte.

Chantecoq et Cantarelli prennent connaissance du grimoire de Ruggieri. Je ne vous dis pas ce qu'il y a dedans, sauf qu'il y est question du trésor des Valois, d'un duc de Guise que Prévert déguisa en bec de gaz, d'un passage secret et voilà donc comment Belphégor belphégora.

Tiens, un ex-libris. Le baron Papillon fut bien léger. Vous avez dit troublant, comme c'est troublant. Cantarelli pourrait s'émouvoir. Le directeur de la police judiciaire a une bien mauvaise opinion de Jacques Bellegarde, et Belphégor ne serait qu'un amateur. Cekonsgourdéfois.

On rappellera donc à monsieur Ferval, le directeur de la police judiciaire du roman « Belphégor », d'Arthur Bernède, qu'il ne faut jamais sous-estimer l'adversaire. En 2022, le dictateur Poutine en sait quelque chose, qui crut qu'en Ukraine quelques semaines suffiraient.

Patrice Houzeau
Malo, le 14 janvier 2023.

8 janvier 2023

NOTE SUR UNE GENEALOGIE DU DETECTIVE SINGULIER

NOTE SUR UNE GENEALOGIE DU DETECTIVE SINGULIER

1.
On doit à Arthur Bernède d'avoir créé en 1927 un personnage qui inspira assez la télévision et Claude Barma pour en tirer, dans les années soixante, l'épatante série « Belphégor ou Le Fantôme du Louvre », dans laquelle brillèrent Juliette Gréco, Christine Delaroche et Yves Rénier.

Cependant, le « Belphégor » de Bernède n'est pas un chef d’œuvre. La part de sentimentalisme et de lieux communs y est trop importante et a empêché l'ouvrage d'avoir la postérité du Lupin de Leblanc et des étonnants « Mystère de la chambre jaune » et « Parfum de la dame en noir » de Leroux, lesquels, dit-on, influencèrent Agatha Christie dans l'élaboration de ses puzzles policiers.

C'est que Maurice Leblanc et Gaston Leroux eurent l'intelligence de mettre l'accent plus sur la mécanique de l'énigme, sur la manière qu'a le mystère d'en imposer au réel et les singularités de leurs enquêteurs logiciens, que sur les aventures sentimentales de leurs personnages.

C'est peut-être la sociopathie de haut niveau du Sherlock Holmes de Conan Doyle (je reprends là l'argument d'une réplique de la série télé avec Benedict Cumberbatch) qui influença Leblanc et Leroux. Dépourvu de tout sentimentalisme inutile à l'enquête, Holmes en devient l'exemple probant d'une humanité productrice de logique. Ce qui est bien plus fascinant que les lieux communs et les affectations des héros de papier de Bernède.

Néanmoins, malgré ses imperfections, le « Belphégor » de Bernède ne manque ni de charme ni d'éclat. Je le consulte aisément, m'en amuse parfois, m'y intéresse souvent.

2.
« Au mot de Fantôme, la baronne eut un sursaut d'épouvante ».
(Arthur Bernède, « Belphégor », II, 6).

Bernède, « Belphégor », II,6. « Une flamme qui meurt ». On annonce les Papillon. Stupidité, stupéfiants, stupeur. La baronne vire-t-elle folle dingo ? Chantecoq est bien élevé, contrairement à Belphégor qui fait rien qu'à. Où le trésor des Valois revient sur le tapis. Où le récit des exploits de Belphégor épouvante et fait « piailler ».

Ah tiens, j'entends un concert-fiction sur France Culture. Il s'agit d'une adaptation de « Peter Pan ». Il y a des chœurs. J'aime bien les chœurs. J'ai dégusté un bol de soupe de moules. C'est bon. Donc, j'aime la soupe de moules et la musique chorale.

Revenons à nos Papillon. Pas pour longtemps, puisque « la demi-toquée » se tire et grommelle le baron. Chantecoq sait bien que Ménardier se plante. On se demande ce que Jacques Bellegarde peut bien être. Foin des soupçons, cherchons ! La « flamme » Simone « se meurt » cependant que s'allume la « flamme de colère ». Simone Desroches hallucine, délire ; on parle d' « agonie ».

Patrice Houzeau
Malo, le 8 janvier 2023.

18 septembre 2022

UN CONTREVERS SUIVI DE 5 NOTES SUR LE QUAI DES ORFEVRES DE STEEMAN

UN CONTREVERS SUIVI DE 5 NOTES SUR LE QUAI DES ORFEVRES DE STEEMAN

1.

« Les visiteurs apparaissaient soudain derrière la porte vitrée, comme pourvus d'échasses ou comme tombés du ciel, et il n'y avait plus qu'à les faire entrer en grimaçant un sourire, quelque importune que fût parfois leur venue. »

(Stanislas-André Steeman, « Quai des Orfèvres »)

Les Visiteurs du soir, c'est un film ça non ? Aussi une série avec des extra-terrestres, des « Visiteurs », qui enquiquinent cosmiquement un certain David Vincent, ça non ? Les Visiteurs, c'est pas le film avec Jean Reno et Christian Clavier dans les rôles de Geoffroy de Montmirail et de Jacquouille la fripouille, venus du féodal par les couloirs du temps et semant la pagaille dans notre modernité bidulaire ? Ils

Apparaissaient donc les Visiteurs, moi je ne les ai jamais vus.

Soudain ils sont là m'a-t-on dit, ombres

Derrière la porte, dans un temps suspendu et un noir de panne ;

La porte alors s'ouvre, sans que personne l'ait touchée, la

Porte s'ouvre lentement, mais vous, vous êtes tétanisé, les yeux fixés vers l'inconnu qui s'avance... Si c'est une porte

Vitrée, vous les voyez, les silhouettes étranges, sinon

Comme vous ne pouvez pas voir à travers la porte, alors vous ne les voyez pas, les Zôtres

Pourvus d'une tête à jouer dans une publicité pour adolescents que le kitsch alien épate (ah tiens, j'ai mangé des pâtes aux champignons ce soir), si vert latex et si longilignement hauts qu'vous les diriez

D'échasses montés, grandes tiges,

Ou tout droit

Tombés dans leur soucoupe volante à faire des témoignages époustouflants dans les lucarnes (avec pilote d'avion émérite, gendarme à qui on ne la fait pas, Madame Sainfoin, la bouchère de Vigorgne-en-Pâtis, et l'inéluctable ufologue à tête carrée), tombés donc

Du grand là-haut du

Ciel où les étoiles se frisent les moustaches parce qu'elles sont coquettes.

2.

Robot. « une manière de robot au mécanisme secret » : c'est ainsi que le peintre Klein dépeint le collectionneur Judas Weyl dans « Quai des Orfèvres », de Stanislas-André Steeman, au moment où Klein désire racheter une de ses toiles et que Weyl attend quelques instants avant de décliner l'offre.

3.

Le temps et l'effort. Il n'est pas indifférent que, dans « Quai des Orfèvres », de Stanislas-André Steeman, ce soit le commissaire chargé d'élucider la mort violente de Judas Weyl, qui soit celui qui « connaisse la valeur du temps et de l'effort » et que cela soit exprimé par des « pas mesurés », « les pas lourds, puissants », ébranlant l'escalier, pesant sur le réel, les pas « d'un homme que rien ne presse ». Le commissaire Maria est le représentant de l'Ordre. Il a le temps et la justice pour lui.

4.

Monstrueux. Le fait que, dans « Quai des Orfèvres », de Stanislas-André Steeman, le peintre Noël Martin, pour complaire à Belle, accepte une invitation à une soirée, alors que son confrère, le peintre Klein, se trouve « en cellule, en cellule par sa faute » à lui, Noël Martin, persuadé d'avoir tué Judas Weyl et laissant donc accuser un innocent à sa place.

5.

« Princesses mortes ». C'est à des « princesses mortes » que le peintre Noël Martin, assez mélancoliquement, compare les robes du soir que, alors qu'ils étaient fiancés, Belle lui montrait, lui en promettant l’exclusivité.

6.

Vertu et fidélité. « Tugend ist wenn keiner kommt ; Treue, wenn kein zweiter kommt. » proverbe viennois (selon Stanislas-André Steeman qui, à propos des relations entre Noël et Belle, le cite dans « Quai des Orfèvres ».

Traduction donnée par Steeman : « La vertu, c'est quand nul ne vient ; la fidélité, c'est quand il n'en vient pas un second. »

Patrice Houzeau

Malo, le 18 septembre 2022.

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24 avril 2022

IL Y A DES PLAIES ET DES COUTEAUX PARTOUT

IL Y A DES PLAIES ET DES COUTEAUX PARTOUT

(Brefs en parcourant « La Plume empoisonnée d'Agatha Christie)

1.

« Les langues marchent. », dit la Miss Griffith d'Agatha Christie. Les langues n'ont pas de jambes. On peut toujours imaginer une longue langue bien baveuse et bavarde roulant des hanches sur une paire de gambettes à bas résilles.

2.

La Miss Griffith de « La Plume empoisonnée » précise « qu'on avait découvert l'auteur des lettres ». Avec ou sans confession, vaut mieux s'méfier et ne jamais l'donner à personne, l'aut' Bon Dieu. Rien n'est gratuit. Elle « allait encore en classe » dit la traduction.

3.

Le narrateur de « La Plume empoisonnée » dit :« La lettre avait dû arriver au courrier de l'après-midi ». C'est dans les cervelles que ça naît d'abord, les malveillances, les saloperies, la sale guerre de Poutine en Ukraine. Ça finit parfois par du cyanure.

4.

Il n'y a pas que celle qui « allait encore en classe », il y a aussi la « jeune femme très distinguée, raffinée même », qu'évoque le Owen Griffith d'Agatha Christie. Le notaire a reçu une lettre anonyme, le docteur aussi. Le réel est bourré à craquer d’yeux malveillants.

5.

« - L'ennui, avec les lettres anonymes, c'est que l'épidémie se propage vite. » , fait remarquer le Owen Griffith d'Agatha Christie. Sur Twitter, il y a aussi un genre de pandémie, celle des saloperies rédigées par des salauds qui se croient anonymes.

6.

La Joanna d'Agatha Christie « était très surprise ». Elle pense que dans un « coin comme celui-ci », il ne peut rien arriver de « fâcheux ». Le roman dit que c'est une « réflexion parfaitement idiote. » Il y a des plaies et des couteaux partout.

7.

Selon le narrateur de « La Plume empoisonnée », il y a des maisons « où l'on [a] quelque peine à imaginer qu'on [puisse] y habiter ». Pourtant, elles le sont, hantées...

8.

La Joanna d'Agatha Christie dit : « ça ressemble à un roman !. » C'est l'histoire qu'on lui raconte d'un tyran domestique (« elle était monumentale » commente Mr Pye) et de trois sœurs (je crois qu'elles furent trois). La fiction commente la fiction.

9.

Le choc de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe fut si grand en Occident que bien des esprits ont dû quelque temps regarder leurs occupations quotidiennes, et surtout leurs loisirs, comme de bien étranges contingences à côté de la mort s'abattant sur les Ukrainiens.

10.

Lu « La Souris Bleue », de Kate Atkinson, traduit par Isabelle Caron. Dense, polar plus rose rosse que noir, plein d'élégance, de fantaisie aigre-douce. Le glauque nécessaire au thriller y est, mais masqué, fardé, distancié de sorte qu'on n'a pas cette impression de se faire avoir.

Patrice Houzeau

Malo, le 24 avril 2022.

 

26 septembre 2021

ET LA VIE BLONDE D'ALORS

ET LA VIE BLONDE D'ALORS

1.
« Je ne puis être à la fois Cioran et un autre que Cioran », écrit Clément Rosset. Nous sommes ainsi assignés à notre être comme à résidence, et regardons passer ces êtres étranges, parfois fascinants, parfois repoussants qu'on dit autres.

2.
Une manière plaisante de rappeler d'où nous venons et où nous allons, ce trépas du « macabraque » résumé ainsi par le Porprenaz de Ghelderode : « Mort à la tâche » et « pieusement enterré dans les patates ».

Quelques répliques plus tôt dans cette « Balade du Grand Macabre » à Ghelderode, Porprenaz et son « de quoi faire une république : « Un prince... un pochard... un philosophe et trois soudards à la fois philosophes et soudards ». Tyrannie des faiblesses.

3.
Dans « Le retour », de Kafka, cette réflexion du narrateur : « Plus on tarde devant la porte et plus on devient étranger », y compris lorsque l'on revient dans sa maison natale, dont on ignore maintenant les secrets et que soi-même l'on relève du « secret ».

4.
C'est dans certaines pièces de ses « Derniers vers », ou « Vers nouveaux » que Rimbaud me semble le plus maître de son art : quelle fluidité et quelle aisance dans ces vers :

« Eh ! l'humide carreau tend ses bouillons limpides !
L'eau meuble d'or pâle et sans fond les couches prêtes.
Les robes vertes et déteintes des fillettes
font les saules, d'où sautent les oiseaux sans brides. »
(Rimbaud, « Mémoire »)

5.
« Les montagnes qui se rapprochaient depuis longtemps, dévalèrent soudain de partout »
(Gombrowicz, « Cosmos »)

Les montagnes avec leurs chapeaux blancs et leurs voltigeurs bondissants, en vertu de pactes secrets, telluriques et fort anciens se rapprochaient depuis longtemps et se tiraient la barbichette, quand ce n'étaient pas des déroulements de langues et d'avalanches.

6.
« Les saules frissonnants pleurent sur son épaule »
(Rimbaud, « Ophélie »)

Les saules frissonnants, sans doute qu'on leur susurra sanglantes et suspiria, pleurent sur son épaule que ça leur fait des larmes vertes toutes sèches sauf quand il pleut, pis des fils aussi comme dans une fondue. Quant à l'épaule, elle est fantôme.

7.
« On ne sait plus qui réveiller en vieillissant, les vivants ou les morts. »
(Céline, « Voyage au bout de la nuit »)

On ne sait plus qui réveiller en vieillissant, qu'on se sent le spectre pousser dans l'âme et la courber l'échine, visages des temps perdus ou ossements des catacombes, qu'il vous semble certaines nuits qu'ils vous appellent, les vivants, les morts...

8.
Janet Henry arriva chez Ned Beaumont (ceci est relaté dans « La clé de verre », de Dashiell Hammett), et se montra enchantée de ce qu'il « pût exister rien de pareil dans une ville aussi abominablement modernisée ». Voici Ned Beaumont parfaitement distingué, « gentleman ».

9.
J'écoute des bouts de concerts donnés par le groupe Blondie à la fin des seventies. Zétaient bons, bien plus rock que leurs tubes de tous les jours sur RTL. Moins poético-énigmatiques que Patti Smith, oui bon d'accord, et alors, toute façon j'pige point l'amerloque.

A l’époque où je fus lycéen, je trouvai que la musiqué de Blondie (« Call me », « Heart of glass », sa reprise de « Bang a gong », et sale le riz et jette le rat - n'importe quoi, Houzeau) allait bien avec la bière blonde, les paquets de blondes et la vie blonde d'alors...

10.
Me suis encore endormi hier soir devant « Aliens : le Retour ». Il est vrai que les parasites cosmico-horrifiques, je m'en fiche. Il n'y a que le personnage de Ripley qui m'intéresse. Ceci dit, sans les grosses bébêtes, point de Ripley. C'est un tout.

11.
Dans l'album « Dulle Griet », de Yves H. et Hermann, et la nuit grise parcourue par la Dame blanche de l'orfraie, leste, le Toone, de toit en toit voltigeur, cherchant à secourir les siens en proie à l'inquisition de Titelman.

Patrice Houzeau
Malo, le 26 septembre 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

7 mai 2021

BAUDELAIRE ET PATACHAUVE

BAUDELAIRE ET PATACHAUVE

« Il n’est pas donné à chacun à prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art ; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage. »
(Baudelaire, « Les Foules »)

1.
Baudelaire i dit que c’est pas tout le monde qui peut prendre un « bain de multitude » que c’est pourtant pas comme ça qu’on s’lave ! Quel malprop’ ce Baudelaire !

2.
Baudelaire i dit que « jouir de la foule est un art » ; plus loin dans le poème, il utilise le mot « prostitution », l’est pas seulement impropre (comme dans l’expression à la consommation) mais il est carrément hop scène ! comme disait Mona Cousine au Moulin Rouche.

Post-tweet : Mona Cousine, elle n’existe pas : faut pas croire tout ce que je n’écris pas dans les journaux. Le Moulin Rouche non plus d’ailleurs ! C’est une scène fantôme pour jambes seules (musique : le spectre d’Erik Satie).

3.
Après Baudelaire, i dit « et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain » : l’opposition « celui-là seul » / « genre humain » c’est de la mentalité d’individualiste, d’ultra-libéral sociopathe (et pas que dans les tiroirs ! Suivez le regard de l’aveugle) !

4.
Défois dans Baudelaire j’comprends pas tout que « ribote de vitalité » je me demande que je vas être obligé de consulter un livramots (celui où les mots sont bien rangés, passque chez tous les autres auteurs, c’est tout mélangé).

Je trouve comme synonymes à « ribote » : bamboche, bombance, bombe, bringue, ripaille ; normalement y a aussi grosse bouffe mais je l’a pas trouva que quand je me dis « grosse bouffe » je pense à de gros schleus (on peut plus dire ça) qui s’empiffrent de choucroute en s’imbibant de bière.

Je rappelle qu’on ne peut plus dire « schleu » : c’est pas inclusif. On doit dire : des gens originaires du pays dont quelques millions d’habitants exterminèrent quelques millions de leurs frères humains dans l’Europe d’entre 1940 et 1945. Il faut être linguistiquement correct.

Ce qui me fait penser que tout môme, mon père vit son père blessé à mort après une attaque de stuka. C’était l’exode des frontières vers l’ouest. C’était moche. Ceux qui pensent que je suis d’extrême-droite parce que je soutiens les Généraux lanceurs d’alerte sont des cons.

Mais je suis mauvaise langue : j’aime beaucoup l’Allemagne. Je n’y vais jamais.

5.
Baudelaire, il imagine que des fées « insufflent » dans les berceaux des braillants là comme quoi voyez, la fée à Blanquer, chauve et voulant tout changer, c’est Réformette, la fée des réformes ; la fée à Macron, elle fut « en même temps » et donc assez indéterminée.

6.
Parmi les bizarres et grotesques que les fées, selon Baudelaire, insufflent aux futurs contribuables de la nation apprenante, il y aurait « le goût du travestissement » : c’est comme ça qu’on finit au Moulin Rouche, ou à la République en Marche.

7.
Parmi les saugrenues et incongrues que les fées, selon l’autre là, insufflent aux futurs apprenants de la nation contribuable, y a le goût « du masque » qu’on les croit membres d’un parti gaulliste, que les v’là fédéralistes chez Macron (n’est-ce pas Falco ? N’est-ce pas Estrosi ?…)

8.
Y a aussi « la haine du domicile et la passion du voyage » qu’les fées insuffleraient aux futurs candidats que c’est comme ça qu’on se retrouve à promener partout virus et variants, ou à mener une vie voltigeureuse (ça veut rien dire, j’adopte) dans de lointains voisinages.

« lointains voisinages » : l’oxymore est osé. Mais le monde n’est-il point un village ? C’est si vrai, qu’il suffit qu’un laborantin de Chine, hélas accompagné d’un pangolin (son repas de midi) et d’une chauve-souris (sa mascotte) glisse sur une crotte de chameau dans son labo de là-bas et patachauve ! le monde vire viral et variances.

Patrice Houzeau
Malo, le 7 mai 2021.

 

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