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BREFS ET AUTRES
pop culture
24 octobre 2023

DE L'AMBIGUITE DU BIGOUDI

DE L'AMBIGUITE DU BIGOUDI

1.
« J'ai les yeux de l'épervier pour le jour, du hibou pour la nuit... et du bouc pour les rêves... »
(Patrick Cothias, André Juillard, « La Marque du Condor » [l'aveugle])

Cette phrase est-elle :
- poétique ?
- Oculaire ?
- Anthologique ?
- Zoologique ?
- Aussi ambiguë qu'un bigoudi qui se prendrait pour un accordéon ?

2.
« Vous êtes injuste, baronne, et vous le savez ! Je lui aurais tout appris de ma science, s'il m'en avait laissé le temps !...»
(Patrick Cothias, André Juillard, « La Marque du Condor » [Germain, serviteur d'Ariane de Troïl])

De quelle science s'agit-il ?
- l'art de réussir la carbonnade flamande ?
- L'art de faire passer ses contemporains de vie à trépas grâce à quelque botte fatale ?
- L'art de savoir dessiner des corps en mouvement, (ici les mouvements que font les escrimeurs en leurs assauts) tels que Germain se fendant et obligeant ainsi Ariane à se pencher en arrière ?
- L'art de savoir frapper autre chose que des ombres ?
- L'art d'illustrer le « Ars longa, vita brevis » qui est notre commune mesure ?

3.
« Et si vous vous trompiez ? Si l'épervier renonçait à montrer son bec ?... »
(Patrick Cothias, André Juillard, « La Marque du Condor » [Louis XIII])

Cette interrogation signifie-t-elle que :
- Le complotisme est l'art de dissimuler un complot bien réel au milieu d'une multitude de complots imaginaires ?
- Que l'on ne peut jamais être sûr de rien, qu'on croit que ça va s'arranger, mais que ça ne s'arrange pas toujours, ou pas vraiment, et que de toute façon, quelque problème réglé cède la place à un autre ?
- Que lorsque les bigoudis se prennent pour des accordéons, ça fait mal à la tête ?

4.
« Mon père disait que la sorcellerie est un mot bien commode pour juger toute chose qu'on ne peut expliquer... »
(Patrick Cothias, André Juillard, « La Marque du Condor » [Louis XIII])

Cette réflexion implique-t-elle :
- que le roi ne sait pas ce qu'est la sorcellerie et qu'il serait bien avisé de lire le remarquable « Les Mots, la Mort, les Sorts », de Jeanne Favret-Saada ?
- Que la sorcellerie n’existe pas et qu'il y a bien des choses en ce monde qu'on ne peut expliquer et que l'on n’expliquera jamais (surtout si entre-temps la troisième guerre mondiale et le réchauffement climatique déciment l'espèce humaine) ?
- Que Mélenchon a, le 22 octobre 2023, par un tweet singulièrement violent et odieux sur la présence de Yaël Braun-Pivet en Israël, dissous la NUPES et détruit la gauche française. C'est peut-être là son but, et cela depuis longtemps.
- Que non, les pasionarias de la LFI ne sont pas des sorcières mais des représentantes du peuple français à l'Assemblée nationale et qu'elles perdront sans doute leur mandat aux prochaines législatives ?
- Que je voudrais bien revivre le jour où j'ai découvert « Les Fleurs du mal », de Baudelaire, il y a si longtemps, seigneur, si longtemps...

5.
« Je crois que vous avez déjà trop bu, baronne ! Vous allez finir par vous rendre malade ! »
(Patrick Cothias, André Juillard, « La Marque du Condor » [Germain à Ariane])

Ce constat signifie-t-il
- que l'alcool est dangereux pour la santé ?
- Qu'Ariane de Troïl est alcoolique, ou désespérée, ou désemparée, ou ennuyée ?
- Que du coup qu'elle a trop bu, demain elle va avoir la gueule de bois et ne pourra aller affronter son destin (le redoutable chevalier Condor) ?
- Que, même si elle a trop bu, demain, Ariane de Troïl ira affronter son destin (le redoutable chevalier Condor) et que l'album va se finir dans une grande mélancolie ?
- Qu'il n'y a pas d'amour heureux ?

6.
« Dieu n'a rien à voir dans nos affaires, Germain. »
(Patrick Cothias, André Juillard, « La Marque du Condor » [Ariane])

Cette phrase signifie-t-il que ;
- Dieu n'a rien à voir avec les aléas humains, qu'il est juste le nom que l'on donne au principe de la matière dans laquelle nous nous agitons ?
- Pourquoi voulez-vous que Dieu s'occupe des heurs et malheurs des humains ? N'a-t-il pas autre chose à ne pas penser ?
- Que la baronne Ariane de Troïl est une libertine, une libre-penseuse ? Une anarchiste ?
- Qu'elle est bien jolie, Ariane de Troïl, que si vous ne me croyez pas, zavez qu'à lire la série « Les Sept Vies de l'épervier » de Cothias et Juillard ?
- Qu'il vaut mieux se fier à sa tête qu'à Dieu ?

7.
« … mais le Diable est prisonnier de sa réputation !... »
(Patrick Cothias, André Juillard, « La Marque du Condor » [Le bateleur énigmatique])

Cette remarque qui clôt le tome VII de la série « Les Sept Vies de l'épervier », scénarisée par Patrick Cothias et dessinée par André Juillard signifie-t-elle que :
- Léonard dit Langue-Agile est le Diable ?
- Que le Diable tire les ficelles qui nous agitent ?
- Que le Diable lui-même ne peut faire que ce que l'on attend de lui et qu'en conséquence, le Diable, comme nous tous, n'agit qu'en fonction de l’œil ?
- Que la réputation du Diable n'est plus à faire même s'il prétend, comme le dit « Sympathy for the Devil », la chanson des Stones :
- « Please allow me to introduce myself
I'm a man of wealth and taste » ;
on n'est pas obligé de le croire.
- Quand on parle du loup, on en voit la queue ?
- Qu'elle est bien jolie, Marthe Keller, dans le rôle de la baronne Amélie de Coustines, dans le film « Le Diable par la queue », de Philippe de Broca (1969).

Patrice Houzeau
Malo, le 24 octobre 2023.

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15 octobre 2023

ON SAIT PAS PLUS S'QU'ON VOIT QU'ON SAIT S'QU'ON DIT

ON SAIT PAS PLUS S'QU'ON VOIT QU'ON SAIT S'QU'ON DIT

1.
« Socrate. - Il faut donc que la science que nous cherchons, outre cet avantage, en possède un autre.
Glaucon. - Lequel ?
Socrate. - Celui de ne pas être inutile à des hommes de guerre. »
(Platon traduit par Bernard Piettre, « La République, VII)

Cet échange illustre-t-il :
- la nécessité du « Si vis pacem, para bellum » ?
- ce que chante Jeanne Added dans « A war is coming » :
« A war is coming, and we're stuck here
Here with our mini pains, with our litlle tears »
La chanson date de 2014 et depuis, ça ne s'est pas arrangé. L'Occident se complaît dans ses débats oisifs tandis que le monde commence à brûler de partout et que le bruit des bottes est de plus en plus proche de nos « mini-douleurs », de nos « petites larmes ».
- La sottise du SNU face aux menaces de groupes terroristes soutenus pas des Etats qui nous sont hostiles ?
- Que la science est une arme contre l'ignorance mais aussi contre la malfaisance ?
- Que l'humain est un animal violent et que toute sa philosophie, toute sa science, et sa prétendue spiritualité ne sont jamais que des ruses de la raison pour arriver à ses fins : l'état de violence permanent ?

2.
« … mais qu'elles [ces constellations qui ornent le ciel] sont bien inférieures aux constellations véritables que font mouvoir la vitesse réelle et la réelle lenteur, selon le vrai nombre et les vraies figures,... »
(Platon, « La République, VII [Socrate])

Ce jugement de Socrate est-il :
- un pressentiment du jaillissement de la physique quantique ?
- Que ce sont les nombres et les figures qui réalisent le réel cependant que l’œil n'y fait que s'y étonner, quand il ne s'y perd pas ?
- Qu'il y en a bien des énigmes, Seigneur, qu'il y en a, ainsi que le disent aussi les écritures et the « Enigmatic Foe » du « Ship's A Going Down » du groupe The Residents :
« There are clothes that haven't been worn,
Feet that haven't been shorn,
There's causes that haven't been given a principle.
Need I say more ? »

3.
« Mais si l'on n'est pas en état de donner ou de recevoir des arguments, crois-tu qu'on puisse jamais rien savoir de ce que nous affirmons qu'il faut savoir ? »
(Platon, « La République, VII [Socrate])

Cette question de Socrate implique-t-elle :
- la promotion du bavardage incessant des argumentateurs de toute sorte et des concours d'éloquence (poil à la panse) ?
- L'assurance d'une pureté argumentative telle que celui qui sait argumenter ne pourrait se tromper ? (La dialectique devenant alors un outil infaillible manié par un maître-penseur aussi précis qu'un géomètre ou qu'un plombier)
- Qu'il ne saurait y avoir de raison sans langage et qu'en conséquence, le langage est la condition de la raison comme l'arbre est la condition de l'ombre ?
- Qu'il ne peut y avoir de savoir sans la condition du savoir et qu'en conséquence, le savoir ne peut exister en-dehors de cette condition, qui est le langage humain ?
- Que le langage détermine le savoir et que sans cette détermination, il n'est ni temps, ni espace mais un chaos, une matière innommée ?
- Qu'il n'est pas certain que les êtres mobiles et perspicaces qui peuplent les autres mondes usent d'un langage tel qu'ils pourraient nous considérer comme des êtres à respecter et que nos catégories morales ne sont peut-être jamais que des spécificités de l’espèce humaine ?

4.
« Tu parles sans doute des objets qui sont vus de loin et des dessins en perspective ? »
(Platon, « La République, VII [Glaucon])

Cette question de Glaucon à Socrate implique-t-elle :
- que le réel est radicalement loin de nous, parfaitement étranger cependant que nous y nageons, poisson parmi les poissons, proie parmi les proies ?
- Qu'alors je songe aux paroles de « Down by the water », de PJ Harvey : 
« Little fish, big fish, swimming in the water
Come back here, man, gimme my daughter »
- Qu'on ne peut pas plus se fier à nos sens qu'en l'honnêteté intellectuelle des politiques ?
- Que nous multiplions les représentations du réel tant et tant que le réel ne nous apparaît plus que comme un spectacle d'où parfois jaillit un couteau qui cherche à nous égorger ?
- Que nous courons après une vérité qui s'éloigne de plus en plus vite sur une route de plus en plus encombrée de cadavres ?

5.
« Penses-tu que de tels hommes aient vus […] autre chose que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ? »
(Platon, « La République », VII [Socrate])

Cela implique-t-il :
- que ce que nous voyons et commentons n'est pas plus réel que des ombres projetées qui s'agitent sur les murs ?
- Que nous-mêmes, nous ne sommes que des ombres projetées sur des murs que les autres voient, commentent et jugent ?
- Qu'elle est pleine de sang, la « Mystic River » ?
- Qu'on sait pas s'qu'on voit et qu'en conséquence on sait pas s'qu'on dit ?
- Tu tousses beaucoup, vraiment beaucoup, lui dit Zut. Il se dit que tant tousser le fatigue, le fatigue beaucoup. Il rentre. Il dort. Il écrit. Il dort. Se réveille et tousse. Faich.

Patrice Houzeau
Malo, le 15 octobre 2023.

16 septembre 2023

NOTHING IS REAL QU'IL DISAIT LE JOHN

NOTHING IS REAL QU'IL DISAIT LE JOHN

1.
« And Alice was so much frightened that she ran off at once in the direction it pointed to, without trying to explain the mistake that it had made. »
(Lewis Carroll, « Alice's Adventures in Wonderland », chapter 4)

Pourquoi donc qu'elle a eu peur, Alice ?
- Parce que le Lapin (« White Rabbit ») l'a appelée Mary Ann et qu'Alice s'est cru dépossédée d'un nom de son identité ?
- Parce que le Lapin (« White Rabbit ») lui a parlé « in a angry tone » ? (« sur un ton d’exaspération », traduit Magali Merle).
- Parce que ce Lapin n'est pas vraiment un lapin, et qui sait comment peuvent réagir les lapins qui ne sont pas vraiment des lapins quand on les contrarie ?
- Parce qu'Alice s'est soudain souvenue qu'on l'avait envoyée acheter un éventail et une paire de gants (« a pair a gloves and a fan ») et que, distraite par des fantaisies, elle n'avait que trop perdu de temps.
- Parce qu'Alice vient d'entendre sur France Inter quelqu'un causer « d'Europe plus écologique et sociale », et qu'elle se dit que ça signifie bien des tracas et des turbulences à venir ça, et que, de toute façon, Alice, la politique, ça ne lui dit rien qui vaille, que ça lui flanquerait même la nausée, la politique...

2.
« There was no label this time with the words « DRINK ME, » but nevertheless she uncorked it and put it to her lips. »
(Lewis Carroll, « Alice's Adventures in Wonderland », chapter 4)

Alice fait-elle preuve ici :
- d'imprudence, d'inconséquence et de légèreté en débouchant une bouteille qui ne lui a pas été présentée ?
- De corrélation, de coin-coin, de cornichonnerie biscornue ?
- De polydipsie, laquelle est une soif excessive ?
- D'effervescence fascinée ?

3.
« She hastily put down the bottle, saying to herself, « That's quite enough – I hope I sha'n't grow any more – As it is, I ca'n't get out at the door – I do wish I hadn't drunk quite so much ! »
(Lewis Carroll, « Alice's Adventures in Wonderland », chapter 4 [Alice])

Qu'arrive-t-il à Alice ?
- Elle ne peut plus passer par la porte tellement qu'elle titube tellement qu'elle a bu que c'en est une honte !
- Elle regrette d'avoir tant bu parce que, comme le dit Magali Merle dans une note de bas de page : « Alice agit d'abord, réfléchit et regrette ensuite. »
- Ce qu'Alice a bu la fait si vite grandir que, ainsi que l'écrit Lewis Carroll, « she found her head pressing against the ceiling, and had to stoop to save her neck from being broken. » (ce qui m'apprend que « to stoop » signifie « se pencher, se courber », ce qui me réjouit car j'aime apprendre quelque chose, même si je retiens peu, ayant la tête bien trop farcie de fantaisies diverses pour y ajouter tant que je pourrais en être plus savant que je ne le suis pas).

4.
« Now I can do no more, whatever happens. What will become of me ? »
(Lewis Carroll, « Alice's Adventures in Wonderland », chapter 4 [Alice])

Que continue-t-il à lui arriver, à Alice ?
- Les problèmes devenant de plus en plus aigus et les menaces se précisant singulièrement (réchauffement climatique, retour de la guerre froide, pandémie du covid...), il arrive à Alice ce qui arrive actuellement à l'humanité, elle est dans le « Now I can do no more, whatever what happens. »
- Paralysée par ce que Magali Merle note dans une note de bas de page comme une « inadéquation du corps à l'environnement », Alice devient trop grande pour la maison dans laquelle elle s'est introduite,
- petite fille, Alice commence à paniquer dans un réel qu'elle ne comprend pas,
- adolescente, Alice commence à paniquer dans un réel qu'elle n'arrive pas à comprendre,
- jeune femme, Alice commence à paniquer dans un réel qu'elle n'arrive pas à maîtriser,
- très âgée, Alice en a marre de paniquer et se demande, non sans fatalisme, « what will become of me ? »

5.
« When I used to read fairy tales, I fancied that kind of thing never happened, and now here I am in the middle of one ! There ought to be a book written about me, that there ought ! And when I grow up, I'll write one - »
(Lewis Carroll, « Alice's Adventures in Wonderland », chapter 4 [Alice])

Quoi kassadit dans sa tête, à Alice ?
- Ça dit qu'Alice cogite vraiment beaucoup pis qu'elle en a des pépins dans le citron, Alice,
- Ça dit qu'Alice se rend compte de sa nature de personnage de fiction, et rêve de devenir maîtresse de sa destinée en écrivant elle-même ses propres aventures,
- Ça dit qu'Alice se rend compte de la nature réelle des contes de fées, - des cauchemars en réalité !
- Ça dit que la réalité qui n’existe pas dépasse souvent la fiction qui n'est jamais qu'une vision de l'esprit.
- Je me demande s'il n'y a pas quelque rapport entre les aventures d'Alice, toutes ses cogitations, la fantaisie quoi et ces paroles du « Strawberry Fields Forever », de John Lennon : « Let me take you down / « cause I'm going to Strawberry Fields / Nothing is real ».

Patrice Houzeau
Malo, le 16 septembre 2023.

10 septembre 2023

UNE ÂME QUI LUI SERA POUSSEE ENTRE LES MECANISMES

UNE ÂME QUI LUI SERA POUSSEE ENTRE LES MECANISMES

1.
10 septembre 2023. J'entends dans l'émission « Le Masque et la Plume », sur France Inter, qu'il est très très très difficile de trouver des romans de Douglas Kennedy en anglais. On les trouve surtout en français. Paraît même, selon un témoignage et en vertu d'un étrange contrat, qu'on les trouve en français avant qu'ils soient publiés en anglais. Et en anglais, on ne les trouve que très très très difficilement. Euh, ça m'étonnerait pas que Douglas Kennedy soit francophone et pas américain du tout.

2.
« Ils nous ordonnent de rapporter une boîte en fer dont le contenu est inconnu en nous aidant de la nuit noire... »
(Akihiro Yamada, « Beast of East 2 » [un navigateur, je suppose])

Que peut bien receler « une boîte en fer dont le contenu est inconnu » ?
- des biscuits ?
- Tous les malheurs du monde ?
- La somme de toutes les peurs ?
- Une bouteille avec un message dedans ?
- Le groupe Police chantant « Message in a Bottle » ? Remarque : le texte de « Message in a Bottle » est tout de même un peu niais (sauf le vers « Seems I'm not alone at being alone », et encore, c'est pas du Leonard Cohen non plus hein). Bon, je suppose que c'était pour lancer le groupe, faire un tube et ainsi être plus libre ensuite ?
Ah, il y a un vers qui sonne bizarre à mes oreilles de poutre en langue anglaise : « Only hope can keep me together » : « Seul l'espoir peut me garder ensemble » ? Si ça dit vraiment ce que j'écris, c'est marrant.
La question que je me pose, à propos de « Message in a Bottle », du groupe Police, cékikilabu, le contenu de la bouteille ?
- Revenons au contenu inconnu de la boîte en fer. Comme le dit aussi le personnage, ce sont peut-être aussi « des ogres, des monstres ou des fantômes » ?
- La future bienveillante, résiliente, inévitablement technocratique et connectée, et probablement aussi sotte que les précédentes, réforme de l'éducation nationale française (ministre en cours : Gabriel Attal) ?

3.
« Officiellement, tu es le maître des marionnettes du quartier des enfers... »
(Akihiro Yamada, « Beast of East 2 » [un personnage à celui dont je pense qu'il s'agit de Waniômaru la Brute])

Être le maître des marionnettes du quartier des enfers, cela signifie-t-il :
- Que l'on est le maître d'une troupe de marionnettes infernales (à consciences perspicaces et malices diverses) ?
- Que l'on est le futur signataire d'une réforme de l'éducation nationale ?
- Que l'on est un personnage du manga japonais de médiévale fantaisie « Beast of East », de Akihiro Yamada, manga très dense et soigneusement dessiné je trouve.
- Que l'on cache son jeu et comme le dit aussi le personnage du manga: « Officieusement, tu es le chef d'une bande de voleurs qui n'attaque que les cortèges d'offrande à la cour. »

4.
« On utilise encore la machine volante ce soir »
(Akihiro Yamada, « Beast of East 2 » [sans doute un membre de la bande du maître des marionnettes])

Cette remarque (est-ce une question?) implique-t-elle :
- Que la bande de Waniômaru la Brute va, telle une « grande chauve-souris », se déplacer dans les ténèbres et les airs ?
- Que le maître des marionnettes prépare un spectacle dans lequel, au dernier acte, une machine volante traverse la scène et enlève le personnage principal pour, le ravissant, l'emmener dans l'apparence du ciel ?
- Que je n'ai jamais écouté « Master of Puppets », de Metallica, dont on dit que c'est un album historique, mais bon, chaipas, j'ai pas trop envie. Pour l'instant, j'écoute sur You Tube une pièce radiophonique de Pierre Senges intitulée « Comment faire disparaître une ombre ».
- Que je n'ai pas lu le volume 1 de « Beast of East », de Akihiro Yamada (éditions Tournon Carabas / Kami), et que j'aimerais bien le lire, parce que j'aime bien le tome 2 (paru en France en 2006) et que je suis épaté par la virtuosité du dessin et l'intelligence du scénario ?

5.
« L'ensorcellement qui permet de placer un esprit et de maintenir la vie s'est déroulé sans encombre »
(Akihiro Yamada, « Beast of East 2 » [le Sorcier])

Cette réplique du sorcier implique-t-elle :
- Que le placement d'esprit et le maintien de la vie sont des activités qui relèvent de la sorcellerie ?
- Que le Sorcier est aussi un ingénieur appliqué à la mise au point d'un guerrier automatique et redoutable, une sorte de golem mécanique ?
- Qu'un jour viendra où la complexité du langage permettra à la machine de se créer une distinction entre le « moi » et le « je » et s'en suivra une infinité de troubles du langage, que la machine mettra sur le compte d'une âme qui lui sera poussée dans les mécanismes.

Patrice Houzeau
Malo, le 10 septembre 2023.

4 septembre 2023

LE CONTRETEMPS DU MONDE

LE CONTRETEMPS DU MONDE

1.
« Ce que d'autres imaginent ou supposent, ce qu'ils voient dans une quasi-perception, Dufour l'a constaté, mesuré, dénombré. »
(Michel Foucault, « Histoire de la folie à l'âge classique »)
A votre avis, je cite cette phrase :
- Au hasard et juste pour citer mais en fait je m'en fous ?
- Parce que cette phrase a changé ma vie ?
- Parce que Perlimpinpin et Perlimpinpinette se présentent aux élections. Perlimpinpin gagne. Qu'est-ce qui reste ?

2.
« […] c'est la Nef des fous, étrange bateau ivre qui file le long des calmes fleuves de la Rhénanie et des canaux flamands. »
(Michel Foucault, « Histoire de la folie à l'âge classique »)
A votre avis, ce bout de phrase, je le cite :
- Parce que je trouve ça joli, cet «étrange bateau ivre qui file le long des calmes fleuves de la Rhénanie et des canaux flamands », dont il cause, Foucault là ?
- Parce que le clair de lune à Maubeuge ?
- Parce qu'ayant tiré trop fort sur la chevillette, la bobinette m'a chu ?

3.
Pendant que j'écris mes sottises, j'entends sur France Inter un débat sur la rentrée politique, pensez-vous que :
- Je m'en fous et ce m'est même pas joli, et c'est tout sauf joli, et donc je m'en fous ?
- J'attends que France Inter passe une chanson en espérant que ce ne sera pas une niaiserie des play-listes qu'il font à France Inter qu'en fait souvent c'est juste de la promotion de cornichonneries chantantes ? 
- De toute façon, j'entends rien du débat sur la rentrée politique parce que le son est trop faible. J'ai l'impression qu'il y a Natacha Polony qui cause. J'en suis pas sûr. Je m'en fous quand même.

4.
Lorsque Kurt Cobain (1967-1994) finit son célèbre « Smells Like Teen Spirit » par ces mots :
« I feel stupid and contagious
Here we are now, entertain us

A mulatto, an albino
A mosquito, my libido
A denial »,

Kurt Cobain a-t-il écrit :
- Quelque chose de stupidement génial ?
- Quelque chose de génialement stupide ?
- Un message codé à destination de « l'histoire de la folie à l'âge classique » ?
- Une proposition de rendez-vous à « la pêche à la truite en Amérique » ?
- Quelque chose de parfaitement dada, surréaliste, méritoire?

5.
« - la déraison devenant, ainsi par excellence, le contretemps du monde - »
(Michel Foucault, « Histoire de la folie à l'âge classique »)

Comment prenez-vous ce bout de phrase ?
- Comme une manifestation du talent poétique de Michel Foucault ?
- Une poignée de syllabes au milieu d'un océan de syllabes (plus de 550 pages, son pensum à Foucault, et écrit en petit) ?
- Des mots, tout ça, rien que des mots ?
- Un message codé à destination des adolescentes américaines qui utilisent du « teen spirit » (déodorant bon marché et fort en usage au début des années 90, ai-je entendu dire) ?
- Une proposition de rendez-vous au fantôme de Kurt Cobain ?
- Une définition de « La pêche à la truite en Amérique » ?

Patrice Houzeau
Malo, le 4 septembre 2023.

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25 août 2023

UNE PUCE SOUS LES TUILES

UNE PUCE SOUS LES TUILES

1.
Dans l'album « Un Cobaye pour l'éternité », de Hermann, le « docteur » signale à on ne sait qui un « couple » avec un « comportement prononcé du type 04 ». S'agit-il :
- d'une manière de dire que ses « patients » sont quatre fois plus fous que les gens ordinairement fous sont appelés normaux ?
- d'une situation qui exige une « action sans délai » ?
- d'un couple d'Aliens, ce qui signifie qu'ils sont déjà là, circulant parmi nous comme des malades ordinaires ?

2.
Dans l'album « Un Cobaye pour l'éternité », de Hermann, Jérémiah héberge une certaine Cheryl. De qui s'agit-il ?
- d'une pirate avec une jambe de bois, un perroquet vert, et qui boit du rhum en chantant des chansons de pirate parce que si elle était camionneuse, elle chanterait des chansons de camionneuse ?
- de la femme alien du couple au « comportement prononcé de type 04 », même qu'elle ressemble tellement à une terrienne qu'on finit par ne plus s'en apercevoir qu'elle a trois yeux ?
- du cousin Helmuth ?
- Autre réponse possible ?

3.
Dans l'album « Un Cobaye pour l'éternité », de Hermann, le personnage de Kurdy Malloy dit : « C'est drôle, j'ai une puce qui me tourne sous les tuiles... Je voudrais comprendre... ». Cela signifie-t-il que :
- Kurdy Malloy est infesté de puces. C'est bien pour ça qu'il doit suivre un traitement ?
- Kurdy Malloy a l'interrogatif qui commence à lui gratouiller la comprenette ?
- Kurdy Malloy emploie ici une phrase codée qui signifie qu'il se fiche bien des soucis judiciaires de Nicolas Sarkozy, lequel se permet en outre de donner des conseils géopolitiques pro-Poutine au président Macron ?

4.
Comment Jérémiah a-t-il compris que Kurdy Malloy était en danger ?
- Jérémiah a compris que Kurdy Malloy était en danger parce que Jérémiah possède un sixième sens. C'est d'ailleurs pour ça qu'on l'appelle «  l'homme au sixième sens plus vite que son ombre » ?
- Jérémiah a vu que la chevillette avait été tirée et que la bobinette n'avait pas chu comme elle aurait dû ?
- Jérémiah n'a rien compris du tout because il comprend pas tout (c'est qu'un personnage de bande dessinée, après tout) ?
- Autre réponse possible ?

5.
L'album « Un Cobaye pour l'éternité », de Hermann, est une variante sur le thème :
- du vampirisme moderne lié aux malveillances que permet parfois la science ?
- du « Si j'avais su, j'aurais pas venu » ?
- du « Tout va très bien, madame la marquise » (paroles et musique de Paul Misraki ») ?

6.
Pensez-vous que la bande dessinée est :
- un art, le neuvième dit-on, mais j'ai pas qu'ça qu'à faire ?
- un divertissement pour les jeunes et les illettrés mais ils préfèrent les jeux vidéos et leur portable ?
- un complot ?
- l'art de n'avoir rien d'autre à faire ?
- l'art d'être inutile ?
- une nostalgie ?

Patrice Houzeau
Malo, le 25 août 2023.

16 août 2023

LE ROI DES ZÔTRES INTERPELLE

LE ROI DES ZÔTRES INTERPELLE

1.
« L'album de bande dessinée « Le Roi des Zôtres », textes et dessins de Greg et publié aux éditions Dargaud en 1977, est une aventure de :
- Achille Talon ?
- Achille Zavatta ?
- Achille Parmentier ?

2.
A la première planche de son aventure, « Le Roi des Zôtres », de Greg, Achille Talon s'épate à la vue :
- d'un plat de pâtes au gratin (il s'épate au gratin) ?
- d'un photographe des rues ?
- d'un camembert électrique ?

3.
Le personnage qui accompagne Achille dans la plupart de ses épatances dessinées (sinon la totalité, mais n'ayant pas tout lu, oh et puis hein) s'appelle :
- Herbert Léonard ?
- Minute Papillon ?
- Hilarion Lefuneste ?

4.
A la planche 3 du taquin récit illustré intitulé « Le Roi des Zôtres », de Greg, Achille Talon, gros nez suivi de son héros, en arrive assez vite à la conclusion que :
- on chercherait à lui nuire, rapport à ce qu'il vient d'être visé par quelque onomatopée du genre TAC TAC TAC TAC TAC TAC TAC ?
- que la pluie ça mouille, rapport à ce qu'il se rend compte qu'il a oublié son parapluie ?
- qu'on ne doit pas jeter les spaghetti par le pericoloso ?

5.
A la planche 3 du vivifiant album « Le Roi des Zôtres », de Greg, après avoir échappé à un attentat à rafales et rififi, Achille Talon s'apprête à rentrer au « havre familial » (il se rend chez ses parents). Par qui est-il accueilli ?-- Par le fantôme d'Elvis Presley ?
- Par Philippe Meirieu et son big band (« The Pedagogos »)
- Il n'est pas accueilli du tout, il est enlevé en chemin par des extra-terrestres.
- Autre réponse possible.

6.
Citation : « Nous déposer hommages énormes und diplomatiquement volumineux aux pieds de Majesté la vôtre ! Messieurs : Fife le roi ! ». Qui, à la planche 6 du badaboumant album « Le Roi des Zôtres », de Greg, s’exprime ainsi ?
- Un membre d'une délégation du Zôtrland, pays imaginaire dont Achille Talon serait le souverain plus ou moins légitime (les explications du comment ça se fait-y sont dans les phylactères) ?
- Un groupe folklorique venu d'Onne-Sézou (République du Cépaparla), ancienne colonie tyrolienne (d'où syntaxe et prononciation) ?
- Personne, c'est encore que des menteries mondialistes comme on en entend à la télé et dans les journaux ?

7.
Le salut officiel en vigueur au Zôtrland, petite monarchie énervée où se situe l'action de l'album « Le Roi des Zôtres », de Greg, consiste-t-il à :
- mimer le paratonnerre ?
- tendre le bras droit verticalement, l’index levé sur un poing fermé ?
- tendre le bras droit verticalement, le majeur levé sur un poing fermé ?

8.
Que manque-t-il à l'uniforme du soldat Prumpf pour qu'il soit promu par Achille 1er, « colonel et membre unique de [sa] garde à [lui] » ?
- un hareng-saur ?
- les palmes académiques ?
- la médaille Blanquer de la réforme la plus sotte ?
- Autre réponse possible.

9.
Le chef de la « secrète police » du Zôtrland s'appelle :
- von Salami ?
- von Bückling ?
- von Salkafar ?

10.
Pourquoi faut-il que, malgré lui, Achille Talon, héros de la pittoresque narration en séquences dessinées intitulée « Le Roi des Zôtres », de Greg, accepte tout de même la charge de Roi des Zôtres ?
- pour faire plaisir à ses parents et à la légende des siècles ?
- pour éviter que le royaume du Zôtrland sombre dans la guerre civile ?
- pour enfin se faire une situation, personnage de bande dessinée n'étant jamais qu'une occupation fictionnelle de l'être ?

Patrice Houzeau
Malo, le 16 août 2023

8 août 2023

ET DIEU DANS TOUS CES CRIMES ?

ET DIEU DANS TOUS CES CRIMES ?

Le chapitre 3 de « Enquête dans le brouillard », de Elizabeth George, commence par un corps sans tête. C'est même la première phrase du chapitre : « Le corps n'avait pas de tête. ». Donc voilà.

Dans l'histoire, il y a un prêtre, le père Hart. Dieu est censé ne pas être trop loin donc, mais on ne peut jurer de rien. Les romans policiers, c'est quand même basés sur le non respect des commandements, en particulier le « Tu ne tueras point. » C'est pour ça que, prêtre ou pas, l'idée de Dieu a aussi à voir avec les romans policiers.

En Dieu, je n'y crois pas trop ; par contre, l'idée de Dieu n'est pas une question de croyance : elle est partout, subconsciente : tout à coup, elle éclate, et en général, ce n'est pas bon signe.

Quand on y réfléchit entre deux sandwichs au pâté, on est bien obligé de se dire que l'Histoire des humains nous autres, elle est quand même pleine de meurtres et d'assassinats. C'est la loi du nombre, voyez : je ne sais pas si les taux de tuerie augmentent, mais vu qu'on est de plus en plus nombreux, statistiquement, il y a de plus en plus d'assassins, de victimes, d'horreurs, sans compter les grands massacreurs étatiques dans le genre George W. Bush ou Poutine.

Dans l'histoire composée par Elizabeth George, il y a quelqu'un qui, dès le chapitre 3, se dit responsable de la décapitation : « C'est moi qui ai fait ça et je ne regrette rien », dit-elle. Donc, la coupable serait tout de suite désignée, mais ce serait quand même étonnant qu'ça soit si simple. Ça promet du trouble.

Le chien « s'entendait bien avec le canard ». Il était donc bien nourri. Barbara boit du tonic et Lynley du whisky. Plus tard, Barbara achète des pêches, ce qui me fait penser à cette publicité où l'on voit une jolie fille (ah oui!) d'autant plus suer sur ses dossiers (il n'y a pas d'ordinateur, on dirait une pub des années 80, ça joue sur la nostalgie, s'te pub) que c'est l'été ; sur l'écran, nos yeux fascinés lisent alors « Barbara bûche au boulot », et elle sue et souffle, la Barbara brune en chemise blanche ; après, on lui tend une bouteille de je ne sais plus quoi ; la publicité, ça marche pas toujours, je me souviens toujours de la fille (elle est jolie, ah oui!) et pas de la marque de la boisson pétillante, même que ça la met en joie, la « Barbara bûche au boulot » là, comme, à l'idée d'un coq au vin, s'éclaire ma pomme.

Entre-temps, le nom de la marque d'eau gazeuse m'est revenu. Ce que c'est quand même que de nous.

A la page 48 de l'édition Pocket n°4056 de « Enquête dans le brouillard », Elizabeth George a des considérations sociologiques sur les quartiers aisés et les quartiers pauvres : d'un côté, « trottoirs impeccables » et « jardins tirés au cordeau » ; de l'autre, « jardins livrés à eux-mêmes » et « trottoirs jonchés de saletés ». Eh oui.

Page 51, cette expression terrible : le « baiser vampirique de la leucémie ».

Patrice Houzeau
Malo, le 8 août 2023.

31 juillet 2023

PARI MORTEL URBAIN

PARI MORTEL URBAIN

De la fantaisie, cet album, « La Martingale céleste » (éd. Vaisseau d'Argent, 1989) de Christian Godard pour le texte et Julio Ribera pour le dessin, assisté de Claude Plumail pour les décors et de Jean-Jacques Chagnaud pour la mise en couleurs. C'est le tome 17 de la série « Le Vagabond des limbes ». Moi, j'adore ça. Autant les romans de science-fiction m'ennuient vite (sauf ceux de Philip K. Dick, mais là on est dans le génial), autant le Vagabond des limbes m'épate (à gaufres).

J'apprécie beaucoup la fantaisie de cette série, à commencer par l'étrange personnage de Musky, tantôt adolescent, tantôt adolescente, et dont les jurons étonnent, amusent, font sourire : « Putentrailles », « Merdachiott », « Foutrenflak », « Foutrekon », « Fentaskouss », pour n'en citer que quelques-uns et noter qu'en voilà un drôle de vocabulaire pour une jeune fille, fût-elle un jeune homme.

Musky, c'est le compagnon du personnage central de la série, Axle Munshine, pour des raisons que j'oublie régulièrement (parce qu'à vrai dire, ça ne change rien au plaisir que je prends à lire ses aventures), il se promène d'un monde l'autre, de planètes bizarroïdes en improbables zones à soucis, univers parallèles et autres coins et recoins du cosmos des farfelus.

Donc, à la recherche de son père (ah tiens...), voilà le Munshine sur la planète Stardup, et en pleine « ludocratie », dis, que je vous démonte un pneu (comme disait Coluche, je crois), qu'à votre avis, le mot « ludocratie » désigne :
- un système politique qui prévoit que seuls les membres de la dynastie des Ludi peuvent régner et donc tous de s'appeler Ludovic, ou, le cas échéant, Ludivine ?
- un « système social très élaboré dans lequel tous les actes de la vie courante, de la naissance à la mort, sont régis par les lois de la chance et du jeu » ?
- un système chougnafol fort propre à chougnaler les chougnafous et autres choucrates ?

Je ne vous raconterai pas l'histoire, parce que peu importe : sachez cependant qu'il y est beaucoup question de jeu, et même de jeu dangereux, voire mortel, tel que le P.M.U, « Pari Mortel Urbain », course de 3000 mètres dans laquelle sont engagées des coureuses qui « doivent rejoindre la porte du Bronkse, où sera jugée l'arrivée », en passant par le « no man's land, où les attendent les skinnes » et le risque d'être violée, voire égorgée... On comprend dès lors que dans un univers pareil, faut surtout pas « faire les marioles » avec les « commissaires de course ».

Il y a aussi des paris sur les feux de forêt, mais paraît qu'les paris sont truqués. Et l'album de se terminer par l’événement considérable d'une partie « d'échecs-coinchés », présentée par « Ze-Trône, le roi des présentateurs de Télévid ».

Citation : « Je suis book clandestin assermenté, avec une fausse carte de la préfecture en bonne et due forme... »
(pl. 22, [un bookmaker]).

Patrice Houzeau
Malo, le 31 juillet 2023.

31 juillet 2023

NOTE SUR L'HOMME DE HARLEM DE GUIDO CREPAX

NOTE SUR L'HOMME DE HARLEM DE GUIDO CREPAX

Guido Crépax. « L'Homme de Harlem » (Dargaud, 1979). C'est du polar, assez noir, bien qu'en couleurs, d'un humanisme lucide aussi. L'intrigue est assez mince, mais on s'en fiche. Ça commence symboliquement par un match de boxe : le 19 juin 1946, le combat entre le blanc Billy Conn et le noir Joe Louis, et ça se poursuit dans une atmosphère de clubs de jazz et de règlements de comptes entre gangsters. Au milieu de tout ça, le contrebassiste Little Johnny Lincoln (pas un hasard, ce nom) va tenter de protéger Polly, dont la vie est menacée depuis qu'elle a été témoin d'un meurtre. Il est noir et jazzman ; elle est blanche et prostituée. Tout va donc devenir très vite compliqué.

Ce qui fait l'intérêt de l'album, ce n'est pas tant l'histoire que le travail du dessinateur Guido Crépax : par exemple, le haut de la planche 3 (page 7) : C''est dans un trapèze rectangle que Joe Louis met Billy Conn KO au 8ème round, mettant ainsi en évidence la vitesse, la puissance de la « bombe noire » Joe Louis, l'ascendant pris sur Billy Conn qui, dans la case suivante, est horizontal de tout son long cependant que l'arbitre égrène le décompte.

Découpage des planches rapide, rappelle les films policiers ; beaucoup de plans resserrés : ainsi, le corps de Polly aux pages 26 et 27 ; en contrepoint, un strip vertical de cinq cases en noir et blanc, un saxophoniste jouant ironiquement « Lover Man ».

Contrepoint est le mot. En parallèle des scènes d'action liées à l'intrigue, des planches entières montrent la formation de jazz dans laquelle travaille Litlle Johnny Lincoln. Traits parfois très vifs et cadrages expriment l'intensité du jeu, donnent le rythme, l'accompagnement musical du drame, les titres des morceaux sont d'ailleurs donnés comme autant de références pour l'amateur de jazz hot. L'album commence par un match de boxe et se finit par un concert de jazz. Entre les deux, des gens sont morts. La vie est violente.

Note : j'écris plus haut que l'intrigue de « L'Homme de Harlem » est assez mince. Personnellement, j'aime autant. J'apprécie peu d'être obligé de me creuser la cervelle pour essayer de piger une histoire dont je me fiche assez royalement. Je lis moins les bédés pour les histoires que pour la virtuosité du trait, l'intelligence et l'humour des répliques, l'atmosphère qui se dégage des planches. Je reconnais du talent à beaucoup de mangakas, mais souvent que j'y pige que couic (vous me direz, c'est parce que je ne suis pas très futé non plus, c'est possible, et peu m'importe).

Patrice Houzeau
Malo, le 31 juillet 2023.

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