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BREFS ET AUTRES
pop culture
12 décembre 2023

JE NE SAIS DE ÇA QUE DES SI

JE NE SAIS DE ÇA QUE DES SI

« L'électromagnétisme et les défaillances d'instruments reviennent constamment dès qu'il est question du mystère du Triangle » [des Bermudes].
(Charles Berlitz, « Le Triangle des Bermudes », J'ai Lu, coll. « L'Aventure Mystérieuse »)

L'électromagnétisme me garafolle (et même si je n'ai pas manqué mon train)
Et tandis que j'entends rockennerollanimaler Lou Reed sur You Tube
Les conjectures sur l'électromagnétisme me passent par-dessus le moulin. Ah ça oui, j'ai des
Défaillances en mystères et en science itou ; c'est pas très grandant et
D'instruments je ne connais, et si peu, que ceux qui servent à sonner pis qui
Reviennent me strangéïfier la comprenette à écoutilles.
Constamment que je me dis Espèce d'espace sossot, organique bricolage,
Dès que tu auras fini de hanter les cointances baligeonneuses et autres ballcouines des carbajons, peut-être alors
Qu'il sera temps pour toi de t'aggrimater aux grands mystères de ce monde.
Est-il temps ? Oui, il est temps me dis-je en déferronnant la garle. C'est une
Question existentielle : quand la garle est ferronnée, il faut la déferonner avant qu'elle vous déferonne sinon vous vous retrouvez à contempler à la téloche des zozos incontinents de la parlance et autres contractuels de la déblatère et venimie, alors que vous pouvez écouter le garallabant « Rock n' Roll Animal Live» de Lou Reed sur You Tube, ce qui est tout de même plus.
Du mystère je ne sais que gointre. Du
Mystère du Triangle, je me m'arrondis ni me carre point.
Du Mystère du Triangle, je ne me figure que bateaux disparus, avions effacés, conjectures paranormales et autres quamquams ; bref, je ne sais de ça que des si.
Triangle est un mot qui désigne une « figure plane formée par trois points (appelés sommets) et par les trois segments qui les relient (appelés côtés) », nous élucide Wikipédia et qu'il soit
Des acacias, des garvenouilles, des sobreptices ou des
Bermudes n'y change rien. C'est un présent de vérité nostalgique (je dis ça rapport à tous les mensonges qu'on nous balance avec l'assentiment des raisons d'Etat et les tampons des services ad hoc).

Note du 12 décembre 2023 : je lis sur Twitter que Nicolas Sarkozy juge que l'Ukraine devrait « essayer de devenir un pont entre la Russie et l'Europe ». Quelqu'un aura-t-il l'obligeance de signaler à cet inculte que sa phrase ne veut rien dire ? Un Etat n'est pas un pont. Jamais entendu parler « d'Etat-pont ». Et être un « Etat-tampon » n'est guère une situation enviable. En fait, il veut dire « neutre ». Mais une Ukraine « neutre », c'est justement ce que veut Poutine, afin de mieux la contrôler et l'asservir.

Patrice Houzeau
Malo, le 11 décembre 2023.

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9 décembre 2023

AH ! ET PUIS ZUT POUR TOUT

AH ! ET PUIS ZUT POUR TOUT

« - Ah ! et puis zut pour tout ! »
(dit un personnage du roman « Le Flux et le reflux d'Agatha Christie)

Ah ! est une onomatopée. Elle est donc suivie d'un point d’exclamation signalétique et ad hoc. Ah ! fis-je, Poutine est encore vivant et l'Ukraine toujours pas libérée des griffes de l'envahisseur russe. Eh bien merde, et merde, et merde alors !

Et puis, déçu de l'Occident, je me mis à écouter « New Boots And Panties !! », de Ian Dury (12 mai 1942- 27 mars 2000) et ses Blockheads, qui est un de mes albums préférés. Paraît que Ian Dury y balance pas mal d'inconvenances. Peut-être, mais la musique y est foutrement bonne.

Puis est une conjonction de coordination. On ne peut donc pas tomber dedans, sauf à être doté d'un sens très particulier de la syntaxe du français.

Zut est mon amie. Et elle vous dit Zut.

Pour en revenir à Ian Dury And The Blockheads, ma chanson préférée sur l'album « New Boots and Panties !! » est « Sweet Gene Vincent » que je vous en cite un couplet :
« Sweet Gene Vincent
There's one in every town
And the devil drives 'till the hearse arrives
And you lay the pistol down »

Tout comme dans « tout est bien qui finit bien », ce qui est complètement faux vu que tout est chien qui ne vaut rien. Il

Dit aussi – c'est moi qui cause - que tout est foutraque qui finit mal.

Un est « l'entier naturel représentant une entité seule. » Un schtroumpf, un poutine, un depardieu, un con, un porc. Ça fait déjà du monde, et beaucoup de n'importe quoi. Le mot

Personnage est souvent suivi du complément « de fiction », ce qui en fait un être imaginaire. Comme Dieu. Cela n'empêche nullement ce dernier d’exercer une influence néfaste sur les peuples.

Du est un article. Dans « il se sert du téléphone pour appeler l'au-delà », du est un article défini contracté (mis pour « de le ») tandis que dans « il boit du rhum en écoutant Ian Dury et ses Blockheads », du est partitif. Ce qui n'empêchera pas le rédacteur de ces lignes d'être bourré s'il continue à boire du rhum en écoutant du Ian Dury. Le mot

Roman désigne depuis le moyen-âge un texte de fiction composé en langue romane. On ne peut pas confondre le mot « roman » avec le mot « camembert ». Du reste, personne n'a jamais écrit de texte narratif en langue camembert, même électrique.

Le est un déterminant défini d'un groupe nominal. Avec une ironie toute particulière, le dictionnaire Larousse donne les exemples suivants : « L'homme est mortel. » « La voiture démarre. » Le mot

Flux est « un emprunt savant », nous ammareye Wikipédia, » du 14ème siècle au latin « fluxus » qui signifie « écoulement ». Je précise que le verbe ammareyer est un emprunt même pas savant à que dalle. Quant aux amarelles, ce sont des cerises acides à « chair molle et jus incolore » lisé-je sur les sites qui s'autorisent.

Et figurez-vous que j'écoute toujours « New Boots and Panties !! », qu'il pleut et vente, que je sirote du rhum et me dis que je vieillis.

Le, comme nous l'avons vu, est un déterminant masculin. Ainsi, il ne faut pas dire « le lune », mais « la moustache », et pas non plus « la Depardieu », parce qu'il serait vexé. Le mot

Reflux est le second terme de l’expression « Le flux et le reflux » qui donne son titre à la traduction française d'un roman d'Agatha Christie dont le titre original est « Taken at the Flood » en Angleterre et « There is a Tide » aux Etats-Unis où il fut d'abord publié en 1948. C'est un roman avec Hercule Poirot. Par contre, nulle trace d'éléphant effervescent.

d' est élidé alors que la France est profonde et la gorge irritée.

Agatha est un prénom qui me fait toujours penser à la tarte aux pommes depuis que je suis tombé amoureux (c'était il y a longtemps) d'une Agatha qui ne faisait jamais de tarte aux pommes. Ce qui, comme on se l'imagine, me contristait.

Christie est le nom d'auteur d'Agatha Mary Clarissa Miller (15 septembre 1890 – 12 janvier 1976) qui créa les personnages de Hercule Poirot et de Miss Marple. Quant aux rapports entretenus par l'auteur du chef-d’œuvre « Le Meurtre de Roger Ackroyd » avec la tarte aux pommes, je n'en sais fichtrement rien.

Note : Depardieu serait-il un provocateur qui a perdu le sens de la nuance, un allumé du verbe que l'hybris ne maintient plus dans une ironie acceptable, un homme blessé qui ne sait plus où il en est et qui dit n'importe quoi, ou un porc, voire un voyou ou un prédateur ? L'avenir nous le dira.

Patrice Houzeau
Malo, le 9 décembre 2023.

 

27 novembre 2023

DES MILLE FACES DU MALEFICE

DES MILLE FACES DU MALEFICE

1.
Paru aux éditions du Masque en 1997, « Le Château des poisons », de Serge Brussolo, est un roman noir dans un moyen-âge d'aventures. Pour ma part, je l'ai lu avec plaisir, - c'est-à-dire que j'ai fini par me laisser prendre par l'intrigue (qui vaut ce qu'elle vaut et peu m'importe) mais surtout par une langue de conteur habile. Pas de la grande littérature, mais du bon travail de romancier de genre, du travail de professionnel.

2.
« Pourtant, ils se contentèrent de grignoter, travaillés par une sourde angoisse. »
(Serge Brussolo, « Le Château des poisons »)

Je comprends ça. Moi aussi ça me fait pareil quand je sais que si je ne fais pas ce que je dois faire (et que je ne fais pas), je risque bien que l'on finisse par savoir que je n'ai pas fait ce que je devais faire (et que je n'ai pas fait), tout en sachant que ce que je dois faire (et que je ne fais pas), je finirai quand même par le faire (ou pas).

3.
« A présent, on emmenait les moutons et les vaches paître beaucoup plus loin, avec l'espoir que la bête méhaignée se contenterait de multiplier ses bouffonneries mortelles loin de la cité. »
(Serge Brussolo, « Le Château des poisons »)

Il ne faut pas initier les bêtes méhaignées à l'art de l'hypnose. Elles exercent ensuite leur talent sur les moutons, les vaches et quoi encore et ça vous fait des résultats catastrophiques aux élections.

4.
Dans « Le Château des poisons », de Serge Brussolo, il est question d'un « en ces temps-là, il portait un autre nom : Jehan. » La première forme verbale du roman qui lui est attribuée est « il rêvait ».
Il est question aussi de « la peau verte de la plaine » que « charges et contre-charges » avait arrachée. C'est qu'on s'y bataille because qu'on est lisant une histoire qui se passe au moyen-âge. Je note que cette « peau de la plaine », on la retrouve au chapitre 10 dans le discours d'un « illuminé » qui disait qu'il « avait vu une armée de moines fantômes sortir de la forêt pour creuser des tombes (…) tout autour de la ville. »
Il est question d'un jeune et d'un vieux routier, de noces sans aucun doute fatales pour la mariée, noces maudites d'un ladre dit-on (comprenez « lépreux ») et d'une pucelle de quinze ans, d'un moine antipathique, sournois et ambitieux, de reliques et de fausses reliques, d'un « secret » qui est « comme une maladie », c'est la « trobairitz » qui dit cela. Elle s'appelle Irana. Aussi d'un « problème » à « étudier calmement comme lorsqu'on joue aux tables ou aux échecs »  même qu'en consultant internet, j'apprends qu'il il y eut, au moyen-âge des jeux de tables qui s'appelaient « Quinze Tables », « Douze Chiens » ou « Douze Frères », « Doublet », « La Faille », « Toutes Tables », « Paume carie », et « Baralie », et « Mylis »... Aussi d'une langue clouée, d'un « mystère de la statue disparue, d'un ermite envolé », de « loups » qui « n'ont pas cessé de tourner autour de la colline toute la nuit », d'un empoisonnement lors d'un banquet, d'un « Tanquam Magister » (y en a, i doutent de rien), d'un « Ipse venena bibas » (« Bois toi-même tes poisons ! »), d'un perroquet accusé de meurtre, d'une consultation d'alchimiste, d'une malédiction sur le bûcher (ce qui rappelle la malédiction qui aurait été lancée par le dernier grand maître de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, le 19 mars 1314, même que c'est écrit dans « Les Rois maudits », la saga médiévalesque à Maurice Druon), d'une bête morte et qui revient « torte », pis qui parle, de quantités de morts subites, d'un mal invisible, d'une « maison mystérieuse » pleine de tentations, d'un amoureux transi, d'une ordalie, d'une femme d'une « grande beauté », d'une chasse à la « bête méhaignée sortie des enfers », d'un complot, de tourments et d’aveux, d'un suicide (quel dommage et quel gâchis), d'un amour impossible, d'un « père rouquin », d'une vengeance, de désillusions, et de style car, ce n'est pas la première fois que je le dis : Serge Brussolo sait écrire, sait vraiment écrire.

Citation :
« Vous et moi, qui avons beaucoup tué, et dans des conditions effroyables, savons bien qu'à force de combattre le dragon, le plus gentil des preux devient dragon lui-même. »
(Serge Brussolo, « le Château des poisons », chapitre 14, [un chevalier]).

Patrice Houzeau
26 novembre 2023.

19 novembre 2023

DEFOIS ÇA VEUT BIEN DIRE CE QUE ÇA NE DIT PAS

DEFOIS ÇA VEUT BIEN DIRE CE QUE ÇA NE DIT PAS

1.
Wikipédia nous électrise que cette galette énergique aurait été enregistrée en « deux semaines au Toe Rag Studio de Londres sur du matériel vintage ». Story-telling ou vérité, je ne sais pas, mais ça ne m'étonnerait pas tant l'album semble bouillonner d'une énergie brute, d'une effervescence juvénile, cependant que l'on n'y trouve pas la moindre trace de Sherlock Holmes. Ou alors, c'est que je n'ai pas bien compris les paroles, et notez que n'est pas pour autant que ce n'est pas un de mes albums préférés dans le genre musique énervée garage rock.

L'album « Elephant », des White Stripes, publié en 2003, commence par l'étonnant et fameux « Seven Nation Army ». Cette sauterie picaristique (l'adjectif « picaristique » n’existe pas, mais il veut bien dire ce qu'il ne dit pas) a-t-elle un rapport avec les films « L'Armée des Douze Singes », « Les Sept Mercenaires », « Les Septs Samouraïs », « Les 101 Dalmatiens », the Salvation Army, le parapluie de mon oncle, la toujours vague récente d'OVNIS, la machine à coudre de ma tante, la tarte aux abricots ? Je n'en suis pas certain.

En outre, le caractère hermético-allusif des paroles écrites par Jack White ne nous renseigne guère. C'est que les anglo-saxons ont tendance à composer des lyrics où le sens semble parfois moins importer que les sons et les rythmes que les mots produisent. Y est-il question de vengeance ? En tout cas, y a d'la menace. Y a qu'à voir le dernier vers (non, je n'ai pas dit « boire le dernier verre »), je cite :

« And the stains coming from my blood tell me to go back home ».

Il est y aussi question des « chiens de l'Enfer » (« the hounds of Hell »), du « Seigneur », de Wichita (c'est dans le Kansas) et d'opéra. On dirait une version hallucinée du « Alligator(s) 427 », de Hubert-Félix Thiéfaine.

Le clip « officiel » du tube reprend le code couleur du duo Jack et Meg White : noir, rouge, blanc. C'est fignolé, géométrique, moderne et photogénique. Y a un ordre serré de squelettes dedans. Meg White tape et frappe et frappe et tape because c'est la batteuse. Jack White riffe et épate avec cette ligne qu'on croirait de la basse mais paraît qu'c'en est pas.

2.
Dans le genre hermético-allusif, il y a itou l'assez expérimental « Down By The Water », de PJ Harvey (sur l'album « To Bring You My Love », 1995). Wikipédia nous approfondit que les paroles seraient inspirées par le classique du folk « Salty Dog Blues ». J'y ai jeté une oreille (la version de Leadbelly épate fort et la chanson d'un bluegrass entraînant qui ravigote).

Apparemment, « Salty Dog » « is an old slang term » qu'on pourrait peut-être traduire par « (vieux) loup de mer ». Mais rien n'est moins concombre.

Il est que dans la coda, PJ Harvey susurre ces mots :

« Little fish, big fish, swimming in the water,
Come back here, man, gimme my daughter »,

paroles quasi identiques à l'un des couplets du « Salty Dog Blues » traditionnel,

« Lil' fish, big fish, swimming in the water,
Come on here and give me my quarter ».

Quant au sens, je me suis d'abord perdu en confitures (parce que je n'ai pas retrouvé tout de suite le mot « conjectures) et je n'en sais pas plus qu'une boîte à œufs. Le texte de PJ Harvey évoquerait une mère qui vient de tenter de noyer sa fille et qui aurait tenté ensuite de la sauver, elle ou une autre... On serait loin donc du « Salty Dog Blues » traditionnel.

Vers courts. Pas un mot de trop. De la belle ouvrage.

Tout ça pour dire que PJ Harvey est une artiste qui sait s'inspirer, ce que confirme aussi la musique de « Down By Water », lancinante et distanciée (grâce notamment à la ponctuation assurée par un ensemble violon-altos-violoncelle, une voix qui fait chœur et écho, des percussions exotico-dansantes et l'effet bruitiste produit par un synthétiseur).
Distanciation aussi le trémoussement de PJ Harvey dans le clip officiel de la chanson. Sensuelle en robe rouge, battant des cils, mimant l'allumeuse, en contraste avec le même personnage – bin oui, c'est du théâtre – s'enfonçant, se débattant dans l'eau.
« Oh help me jesus
Come through this storm »
(PJ Harvey, « Down By The Water »)

3.
Qu'importe le sénateur Joël Guerriau. S'il est reconnu coupable, il devrait ne plus pouvoir remettre les pieds au Sénat et être déclaré inéligible de manière à ce qu'il ne puisse plus utiliser l'argent de l'Etat à on ne sait quel usage de stupéfiants.

Patrice Houzeau
Malo, le 19 novembre 2023.

17 novembre 2023

NON CES CHANSONS NE PARLENT PAS DE SAUCISSES

NON CES CHANSONS NE PARLENT PAS DE SAUCISSES

1.
Les frères Mael sont américains et fondèrent en 1968 les « Sparks », nous étincelle Wikipédia, lequel « Sparks » est en 2023 toujours actif et depuis longtemps considéré comme un groupe majeur du pop/rock tendance ironie innovante. De la ritournelle électrique énervée dans ce « Amateur Hour » - il a le piano persifleur, Ron Mael - tiré de l'album « Kimono My House » (1974). La chanson parle des adolescents, des poils qui poussent, de la voix qui mue, de l'émotion virile à la vue des filles, je cite :

« Girls grow tops to go topless in
While we sit and count the hairs that blossom from our chins
Our voices change at a rapid pace
I could start a song at tenor and then end as bass »
(Ron et Russel Mael),

mais pas des saucisses, qu'elle charlotte la song, alors que hein n'est-il pas qu'il y en a, zont tout bien l'air grandes saucisses, grandes asperges, grands dépendeurs d'andouilles et autres grandes sauterelles.
Après, on vieillit, on n'a plus le temps d'écouter les Sparks ou de regarder la série animée « Daria », autre perle d'ironie, et on écoute les politiques nous recycler leurs sornettes à la télévision.

2.
Autres ironies innovantes, les chansons de Philippe Katerine et ici, le répétitif qui grince et sature « Après moi », tiré de l'album « Robots Après Tout » (2005). Le morceau est basé sur un dialogue soliste-chœur (Katerine en étrange professeur à répétitions (il me souvient alors d'un professeur d'anglais du collège Gérard Philippe, d'Hénin-Beaumont à la fin des années 70, adepte consciencieux du « repeat after me » continu, avec lequel j'ai fort peu appris et qui ne se prenait apparemment pas pour de la), s'adressant à une classe de mômes moqueurs donc, le narrateur du « Aprés moi » à Philippe Katerine nous rappelle que «Répétez après moi on est tous des imbéciles – on est tous des imbéciles » même que « Répète après nous t'as rien compris au film – T'as rien compris au film ». A écouter quand on se sent s'enfler du melon et autres péripéties égotistes.

3.
J'ai aussi mauvais goût. Ça doit être la raison – outre que j'aime les chanteuses jolies et dansantes – pour laquelle j'apprécie le « Can't Get You Out Of My Head », de Kylie Minogue, publié en 2001 et tiré de l'album « Fever ». C'est le genre de disco-électro-bidouillée pour teenagers que l'on ne peut guère écouter qu'en reluquant la vidéo, le visage lisse de Kylie Minogue (c'est un rôle, un métier que celui d'artiste du Show must go on), les jolis corps des danseuses et la souplesse des danseurs (c'est leur job) et honni soit qui mal y voye.
Tout est dit dans le titre, du « La la la / La la la-la la / La la la / La la la-la la » des premières mesures au « Set me free » à cheveux bouclés, pour en revenir au lancinant « I just can't get you out of my head / Boy, your loving is all I think about ». C'est pas du Claudel. On s'en fout. C'est de Cathy Dennis et de Rob Davis. Un truc amusant et très googuelien. A un moment, le texte, ça dit :

« Won't you stay ?
Won't you lay ?
Stay forever and ever
And ever and ever »

Ce que la machine traduit par :

« Ne resterez-vous pas ?
Ne voulez-vous pas pondre ? »

Ce qui donne à mon mauvais goût français une touche de surréalisme et un sens ironique à la ritournelle électro-pop.

4.
Dans le genre ironique, ai revu hier soir dans la lucarne à déconnes « Le Viager », l'épatant film de Pierre Tchernia (1972), avec Michel Serrault, Michel Galabru, Jean-Pierre Darras, Odette Laure et Rosy Varte. Les images évoquant la cinquième colonne de l'armée allemande avec son Otto à monocle déguisé en bonne sœur et la scène de l'avocat brouillon et embarrassé jouée par Jean Carmet reprenant sa plaidoirie par un « En ce temps-là, Cicéron disait à ses disciples » me gondolent toujours.

5.
Français, démocrate, libéral, j'espère donc que l'Ukraine finira par vaincre l'impérialisme poutino-russe. Je ne crois pas que cette espérance soit partagée par François Fillon, Nicolas Sarkozy et Gerhard Schröder. Ces gens, je n'aimerais pas leur serrer la main.

Patrice Houzeau
Malo, le 17 novembre 2023.

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5 novembre 2023

ET DIRE QU'ON NE SAIT TOUJOURS PAS QUI C'EST LA GRANDE BRUNE AVEC UNE QUEUE DE CHEVAL

ET DIRE QU'ON NE SAIT TOUJOURS PAS QUI C'EST LA GRANDE BRUNE AVEC UNE QUEUE DE CHEVAL

1.
Dans l'épatant album « Les disparus d'Apostrophes », de l'épatant René Pétillon, que cherche à savoir, même qu'il s'empresse, l'un des invités du cocktail organisé par l'éditeur du dernier livre de Guy Toutcrème ?

- « En quoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ? »
- « Qui c'est-y qu'a cassé le vase à monsieur Soissons ? »
- « Pourquoi pas Evans ? »
- « N'ai-je tant donc vécu que pour cette infamie ? »
- « Allons bon ! Où ai-je mis mon parapluie ? »
- « Qui c'est, le grand blond avec une chaussure noire ? »
- « Qui c'est, la grande brune avec une queue de cheval ? »
- « Qui c'est-y qui a laissé tomber sa moumoute dans la soupe à l'oignon ? »
- « Pensez-vous que je pense que vous pensez ce que je pense, intellectuellement parlant ? »

2.
Pour quelle raison, devant l'inquiétante demeure dans laquelle vient de pénétrer l'inquiétant Supermarketstein, Jack Palmer tient-il son pistolet à l'envers ?

- parce qu'il est distrait ?
- Parce que ce n'est pas un pistolet mais une boîte de sardines ?
- Parce qu'il faut bien que jeunesse se passe ?
- Par inversion maligne ?
- Parce que Jack Palmer est profondément suicidaire ?
- Pour déstabiliser l'adversaire ?
- Pour la raison que je ne vous le dirai pas, zavez qu'à lire l'album « Les Disparus d'Apostrophes », de Pétillon, au lieu d'écouter les incultes de la télé ?

3.
Pour quelle raison les six auteurs invités par Bernard Pivot pour évoquer Paul Claudel ont été enlevés par je ne vous dirai pas qui non plus (zavez qu'à lire l'album) ?

- parce que l'auteur de ce rapt déteste Paul Claudel ?
- Parce que l'auteur de ce rapt voue un culte étrange et occulte à Paul Claudel ?
- Pour constituer un « cabinet fantôme » ?
- Parce qu'il se sentait seul ?
- Parce qu'il se prend pour Fantômas ?
- Parce qu'il lui reste de la raclette à finir ?
- Pour la raison que je ne vous le dirai pas, zavez qu'à lire l'album « Les Disparus d'Apostrophes », de Pétillon, au lieu d'écouter les incultes de la télé ?

4.
Quel est le discret hommage que René Pétillon rend à Bernard Pivot au détour d'une réflexion que fait le double fictionnel de l'animateur à propos des exigences du docteur Supermarketstein ?

- Il rappelle que Bernard Pivot sait lire, écrire et compter, ce qui, en raison des progrès fulgurants du pédagogisme est, de nos jours, quelque chose d'assez remarquable ?
- Il rappelle que Bernard Pivot eut parmi ses interlocuteurs des écrivains aussi importants que Soljenitsyne, Norman Mailer et Borges ? (j'y ajoute, pour ma part, l'immense Simenon).
- Il rappelle mais personne ne répond ?

5.
Comment l'album « Les Disparus d'Apostrophes » finit-il ?

- par une bagarre générale et l'incarcération de Jack Palmer ?
- Par une bagarre générale et la canonisation de Jack Palmer ?
- Par une bagarre générale et un banquet qui, comme chacun sait, permet aux irréductibles Gaulois de se réconcilier autour d'une table ?
- Par le naufrage du Titanic (qui est le coupable ? Jack Palmer ? Le docteur Supermarketstein ? Bernard Pivot ? Jean-Edern Alien ? Zelensky ? Poutine ? Le parapluie de mon oncle ? Les maracas de ma tante ?)
- L'annonce du rétablissement de la monarchie en France ?

Patrice Houzeau
Malo, le 5 novembre 2023.

4 novembre 2023

L’EPATANT PETILLON ET LES DISPARUS D’APOSTROPHES

L’EPATANT PETILLON ET LES DISPARUS D’APOSTROPHES

1.
Au début de l’album « Les Disparus d’Apostrophes », de René Pétillon (Dargaud, 1982), que regarde le personnage de Jack Palmer ?-      La lune, même que Jack Palmer se dit qu’elle ressemble à une machine à coudre ?
-      Une émission d’« Apostrophes » consacrée à Paul Claudel ?
-      Un épisode en couleurs de la série des « Avengers », même qu’en français, elle n’est pas intitulée « Corned Beef et Parapluie de mon oncle » mais « Chapeau melon et Bottes de cuir » ?
-      Je note que si Emma Peel avait été unijambiste, le mot « bottes » n’aurait pas pris de « s ».
-      Un documentaire sur Chuck Berry parce que le rock n’roll y a que ça de vrai (avec les chicons au gratin, évidemment) ?
-      Les malheurs du monde dans une étrange lucarne ?
-      « Le Retour de la Saucisse assassine », nanar improbable autant qu’américain avec des adolescents niais, des adolescentes effrayées, de la choucroute, de la bière et des saucisses ?

2.
D’après le personnage de Paul Ménie dans l’album « Les Disparus d’Apostrophes », la traduction américaine du célèbre « Soulier de satin », de Paul Claudel, a pour titre :
-      « Roll over Beethoven » ?
-      « Personal Jesus » ?
-      « Gebt mir meinen Jesum wieder » ?
-      « Blue Suede Shoes » ?
-      « Rock n’ Roll Mops » ?

3.
Dans « Les Disparus d’Apostrophes », le personnage de Jean-Edern Alien est-il la caricature amusante de :
-      François Fillon ?
-      Nicolas Sarkozy ?
-      Régis Le Sommier ?
-      Michel Onfray ?
-      Le parapluie de mon oncle ?
-      Les maracas de ma tante ?
-      Jean-Edern Hallier ?

4.
D’après le personnage de Jack Palmer (c’est un détective privé à chapeau et imperméable ; il a un gros nez), si Balzac buvait « autant de café », c’est que :
-      Balzac était caféinomane ?
-      Balzac n’aimait pas le whisky ?
-      Les fraises lui donnaient de l’urticaire ?
-      Il écrivait des livres de cuisine ?
-      Balzac ne buvait pas tant de café que ça, mais ayant signé un contrat juteux avec une célèbre marque de café en grains de l’époque, il se donnait des airs ?

5.
Lorsque Madame de Frouth et Jack Palmer sonnent au domicile du double fictionnel de Bernard Pivot (le célèbre animateur de la célèbre émission « Apostrophes »), ce dernier était-il en train :
-      De lire ?
-      De dormir d’un œil et de lire de l’autre ?
-      D’invoquer les esprits des grands auteurs disparus afin qu’ils lui révèlent tous les secrets de leur génie, et si possible quelques anecdotes propres à nourrir leur légende et épater le téléspectateur ?
-      De contempler les malheurs du monde dans une étrange lucarne ?
-      Bernard Pivot n’était pas là car la voisine de Jack Palmer, Madame Franconi, l’avait enlevé pour en faire un personnage de victime dans un thriller ?

Patrice Houzeau
Malo, le 4 novembre 2023.

26 octobre 2023

DIABLE C'EST LOURD ! AH ÇA OUI...

DIABLE C'EST LOURD ! AH ÇA OUI...

1.
« Le mystérieux, l'énigme, le sens caché au cœur des phrases font partie de notre jeu. »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [la Rose à Corto])

Que signifie ce discours de la Rose ?
- Que la poésie est par essence énigmatique ?
- Que le « mystérieux, l'énigme, le sens caché » courent les répliques et les paroles les plus anodines aussi souvent que les passants traversent la rue ?
- Que l'énigme est la clé de ce monde de la même manière que si vous mettez du sucre dans votre café, alors il sera sucré ?
- Que, comme le dit Juliette Armanet, ce matin du 26 octobre 2023 sur France Inter, à propos du film « Les Choses de la vie », il y a « un film fantôme caché dans cette chanson » (la mélancolique « Chanson d'Hélène ») ?
- Qu'on ne fait pas d'énigmes sans se creuser la cervelle ?

2.
« Et ne sois pas trop surpris. En cheminant sur le sentier de l'éternel retour, tu nous rencontreras sans cesse, nous autres démons. »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [un démon à Corto])

Que signifient ces mots ?
- Que Corto Maltese, aussi bien que nous autres humains, est damné, condamné à cheminer « sur le sentier de l'éternel retour » ?
- Que l'éternel retour est par essence diabolique ?
- Qu'il n'y a pas plus de fin de l'Histoire que de bonne volonté et de bienveillance dans la tête d'un cadre d'un parti extrémiste ? Et qu'en conséquence, les Français feraient bien de se méfier du piège que l'éternel retour s'apprête à leur tendre aux présidentielles 2027 ? Voulez-vous vraiment le retour du pétainisme ? Voulez-vous vraiment être dirigés par le spectre du trotskisme ? Voulez-vous vraiment que Marianne lèche les bottes de Poutine ?
- Que les démons parlent français aussi bien qu'en Angleterre les démons parlent anglais ; ce qui prouve que les démons s'acclimatent partout, au point qu'ils circulent anonymes et poignards en tête ?
- Que la démocratie aura été une belle parenthèse dans l'histoire humaine et que la paix durable est une utopie ?

3.
« Diable, c'est lourd ! »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [le Diable])

Quelle est la cause de cette exclamation du Diable ?
- Le poids de l'Humanité ?
- La lourdeur des raisonnements de bon nombre de députés ?
- La réforme Blanquer revue et corrigée par Gabriel Attal ?
- La dalle que le Diable soulève et qui va laisser surgir des profondeurs les figures de « Caïn, Judas, Balal En Shînaar [je sais pas qui c'est, je reprends juste le nom donné dans l'album], Merlin l'Enchanteur, Eve, Jeanne d'Arc, le pape Clément V, Gilles de Rais, Dick Turpin [c'est un bandit de grand chemin britannique du 18ème siècle], et... Raspoutine ! [Ah, je savais bien qu'il finirait par se manifester]. »
- L'horloge de l'Apocalypse ?

4.
« C'est pourquoi les libertés publiques ne sont pas de simples règles religieuses ou morales, mais des règles juridiques. »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [lKlingsor])

Cette phrase, qu'implique-t-elle ?
- Que le droit positif est bien supérieur au droit naturel, lequel aurait vite fait, si on n'y prend garde, de prendre les masques de la religion ou de la morale pour réduire les humains en esclavage ?
- Qu'il n'y a pas, comme Klingsor le dit aussi, « de véritable liberté sans légalité » ?
- Que la Déclaration des droits de l'Homme ne se réfère jamais qu'à un droit « théorique et imaginaire » (il le dit aussi, ça, Klingsor, et nous voyons que Hugo Pratt s'intéressait aussi à la philosophie du droit, dite aussi philosophie politique) ?
- Qu'on ne peut reprocher à personne de n'avoir pas été foudroyé par quelque puissance surnaturelle ?
- Que le Diable va en être pour ses frais et Corto Maltese acquitté d'avoir refusé de se soumettre à la fatalité infernale de l'éternel retour ?

5.
Devinez un peu quoi qu'il arrive à la fin de l'album ?
- Corto Maltese glisse sur une peau de banane (le Diable a plus d'une peau de banane dans son sac) et se retrouve à l'hôpital ?
- Corto enregistre une galette électrique avec les Grateful Dead (y figure notamment le célèbre morceau « La Ballade de la Mer salée ») ?
- Corto décide de rester au pays des légendes helvétiques et, malgré les avertissements du chevalier Klingsor, tombe amoureux de la redoutable fée Kundry ?
- Corto se réveille dans son lit et Erica lui apporte son café du matin ?
- Corto part dans le soleil couchant, vers d'autres aventures, à cheval et chantonnant : « I'm a poor lonesome cow-boy » ?

Patrice Houzeau
Malo, le 26 octobre 2023.

26 octobre 2023

LE REEL EST CE QUI S'AFFRONTE

LE REEL EST CE QUI S'AFFRONTE

1.
« Ah tais-toi donc ! Nous avons une réalité à affronter. Viens ! »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [Klingsor à Corto])

Que veut ici dire Klingsor ?
- qu'il est en quelques planches passé de l'enfant dans la maison de Hermann Hesse au chevalier maudit. Mais est-ce le même Klingsor ? Je sais pas trop. Je ne suis pas assez attentif vu que je lis et j'écris tout en écoutant l'épatante Imelda May chanter du rock n' roll, du vrai, celui qui peut se jouer sur scène sans bidouillages électroniques de partout, du qui swingue, du genre rockabilly, si vous voyez ce que je.
- Que le réel est quelque chose qui s'affronte, sinon on s'écroule, s'effondre, puisque nous sommes tous, nous autres, des fighting spirits ?
- Qu'à chaque jour suffit sa peine, mais que quand faut y aller, faut y aller ?
- Qu'on n'est pas au bout de nos peines, surtout avec la sale guerre de Poutine en Ukraine et le conflit Israël-Hamas, et les glaciers qui fondent même que j'ai entendu sur France Inter que certains scientifiques disaient que même si on atteignait les objectifs prévus par les différentes conférences sur le climat, on allait quand même droit vers des soucis majeurs et autres catastrophes ?
- Que le chevalier Klingsor va provoquer la modernité en duel ? Du reste, le réel est ce qui s'affronte puisque ce réel s'impose à nous malgré les accords que nous avons passés avec nos fantômes.

2.
« Vous me cassez les pieds avec vos théories. Je me trouve ici à cause d'un rêve. »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [« l'ogre »-gorille à Corto et Klingsor])

Que veut dire ici le gorille (et c'est tout de même épatant ça, un gorille qui parle aussi bien que vous et moi touillons notre café) ?
- que la vie est un songe ?
- Qu'il ne veut pas se laisser prendre au filet des théories qui essentialisent souvent, quand elles ne disjonctent pas complètement comme bien des théories à la mode dans cet apogée du bavardage que sont les sciences humaines ?
Remarque : Le mot « apogée » ici peut aussi avoir le sens de « point de l'orbite d'un corps céleste le plus éloigné de la Terre ».
- Qu'il arrive que les rêves se réalisent, c'est-à-dire que, contaminés par le réel, ils deviennent à leur tour des sources de soucis à n'en plus finir ?
- Qu'on lui casse les pieds avec nos théories et que si ça continue, il va tout squéter et en faire une sculpture césarienne, du chevalier Klingsor en son armure là, un genre de ratatinage ferreux quoique esthétique (en tout cas, selon les critères des collectionneurs d'art moderne qui ne savent pas quoi faire de leurs sous) ?
- Qu'il faut pas toucher au grisbi et fiche la paix aux mômes avec votre SNU à la noix, bande de malades.

3.
« La rose alchimique est la clef de tout notre monde médiéval construit sur la légende initiatique... »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [Le chevalier Klingsor à Corto])

C'est quoi ça donc ?
- Une manière de dire que la fleur appelée rose est pleine à craquer de connotations, de symbolisme et tout ça auquel on ne pense pas toujours (c'est qu'on n'a pas qu'ça qu'à faire) de même qu'au moyen-âge, la plupart des gens, je suppose, n'y pensaient jamais, au symbolisme de la rose (rapport à ce qu'ils zavaient pas qu'ça qu'à faire non plus, les gens) ?
- La rose alchimique serait-il le nom qu'au moyen-âge on donnait au LSD ? Ce qui expliquerait bien des incongruités, sans compter les aventures hallucinées des chevaliers de la Table Ronde et moult fascinations ?
- Fumisterie, billevesée, sottise, ésotérique n'importe nawak, galimatias brumeux, foutaise à barbiche, lalannerie bêlante ?
- Le début d'un livre écrit pour épater le zozo et lui faire acheter bien cher un bouquin censé lui révéler les secrets de l'Histoire du Monde cependant qu'il n'y trouvera que perlimpinpineries et anachronismes drolatiques ?
- Le début d'un sketch des Monthy Python ?

4.
Corto Maltese doit rentrer dans un château qui parle pour en ramener la rose alchimique et la remettre au « chevalier sorcier, messire Klingsor ». « Et comment feras-tu pour traverser sur le fil de l'épée ? » lui demande la voix du château.
Comment Corto Maltese va-t-il résoudre ce problème ?
- Il ne va pas le résoudre car il va se réveiller ; Corto, c'est juste un gros mytho, ou alors un grand rêveur, et il n'y a pas plus de château qui parle, de rose alchimique, de fil de l'épée à traverser que d'osse en la banane ?
- Il ne va pas le résoudre seul car c'est le moment que va choisir Raspoutine pour apparaître, même qu'il a placé une machine infernale dans le château et dans une autre histoire et que tout va donc exploser ?
- Il va le résoudre par un oh c'est bien simple mais je ne vous dirai pas comment ; zavez qu'à lire l'album. Et comme vous avez soif de culture, vous en profiterez pour écouter un album de Imelda May, du rock n' roll comme on n'en fait plus, sauf que si, puisque Imelda May en fait.
- Il va appeler Mandrake le Magicien, lequel en un shazam de bon aloi va métamorphoser l'épée et son fil en un pont très solide ?
- Il va, grâce à des arguties dont seul Hugo Pratt avait le secret, convaincre le fil de l'épée de le laisser passer ?

5.
Dans « Les Helvétiques », il y a un moment où Corto Maltese danse. Mais avec qui danse-t-il ?
- avec les Grateful Dead en concert dans quelque farce médiévale ?
- Avec quatre squelettes, lesquels interprètent sur leurs instruments, le branle (c'est une danse médiévale) intitulé « La Délurée du couvent » ?
- Avec personne. D'ailleurs, il croit qu'il danse, mais en fait il rêve.
- Avec sa cousine, même qu'après ils iront manger de la tarte aux abricots, parce que c'est dimanche et que c'est l'été ?
- Avec la Mort, laquelle l'a rattrapé et lui accorde une dernière danse avant que je referme l'album et que j'aille me coucher ?

Patrice Houzeau
Malo, le 26 octobre 2023.

25 octobre 2023

OU DIABLE CET ESCALIER MENE-T-IL ?

OU DIABLE CET ESCALIER MENE-T-IL ?

1.
« … Tous ne s'appellent pas Klingsor, et tous ne sont pas fils de l'imagination exaspérée d'écrivains comme Hesse et Wolfram von Eschenbach, ni de musiciens comme Wagner... »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [Klingsor])

Que puis-je baladiner de cette phrase ?
- qu'à la place de « exaspérée », j'aurais peut-être mis « exacerbée » mais je ne connais ni l'italien ni la version originale de cette planche.
- Que je me souviens de mes premières lectures des aventures de Corto Maltese dans Pif Gadget (when I was môme) : je n'y avais rien compris (je me souviens d'une planche où des gens se tiraient dessus dans un dédale de maisons blanches avec de grandes ombres noires partout et des crac pour onomatopéiser les coups de fusil). Je n'y avais rien compris mais ça m'avait fasciné.
- Que relire « Les Helvétiques » en écoutant le premier album des Stray Cats (ah ce bon vieux rock n' roll !), ça me flanque un coup d'nostalgie dans la neuronale.
- Qu'avec le temps, je tends à préférer le bon vieux rock n' roll (guitare, basse, batterie et du swing) à bien des prétentions psychédélico-progressives qui vous ont parfois un goût de vieille montre molle (quelques heureuses exceptions cependant chez les Beatles et Pink Floyd).
- Que j'avais bien aimé « Le Loup des steppes », de Hermann Hesse qui était assez à la mode chez les lycéens des sections littéraires du début des années 80.
- Que je n'ai pas lu Wolfram von Eschenbach ; qu'il faudrait que je le fasse, s'il reste assez de sable en mon sablier.
- Que je n'aime pas beaucoup la musique de Wagner – trop lourd trop long - (je préfère les opérettes d'Offenbach, ce qui swingue et ironise).

2.

« - Vous rendez-vous compte que votre incrédulité me chasse dans le monde de l'imaginaire et que je ne pourrai plus en sortir ? »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [Klingsor])

Que puis-je caraveller de cette phrase ?
- que les personnages de fiction sont des fantômes, des exclus de ce monde des vivants que nous partageons comme si nous étions de ce monde ?
- Que notre incrédulité nourrit ces mondes parallèles qui, de moins en moins étanches, vont finir par envahir le réel et nous plonger dans une folie collective où nous nous exaltons déjà ?
- Que les étranges histoires de H.P. Lovecraft et de Hugo Pratt sont des prémonitions de cette invasion du réel par les fictions des mondes parallèles ?
- Que les albums de bande dessinée sont des synchronies dans lesquels les personnages sont condamnés, de case en case, à répéter sous nos yeux les mêmes gestes, à prononcer les mêmes paroles. Ils se révèlent à chaque lecture.
- Que c'est le propre des revenants de hanter un même lieu et de répéter les mêmes gestes, pris qu'ils sont dans une boucle, une boucle, boucle temporelle ?
- Que nous nous croyons les acteurs d'une diachronie que, prétentieusement, nous appelons Histoire et qu'en fait nous ne sommes que les spectres de la synchronie de l'éternel retour.

3.
« Des châteaux du Saint-Graal, on en trouve quelques-uns en France, en Suisse, en Allemagne, en Angleterre et dans le Pays de Galles. »
(Hugo Pratt traduit par Céline Frigau, « Les Helvétiques » [Steiner])
Que puis-je kaamelotter de cette phrase ?
- que ça fait beaucoup de « châteaux du Saint-Graal » tout de même : - le Graal aurait-il le don d'ubiquité ?
- Que je m'étonne (mais c'est parce que je suis très ignorant) que Steiner de mentionne pas l'Irlande. Allant quêter sur Wikipédia (la technologie nous évite bien des départs), j'y trouve mention du « Saumon de la sagesse », lequel, d'abord saumon aussi ordinaire que vous et moi, ayant mangé « les neuf glands tombés de l'arbre du savoir dans le fleuve Boyne – ou parfois le Shannon », devint énorme car il était plein du savoir du monde.
- Que la matière de Bretagne, la légende arthurienne, le mythe du Saint-Graal ont nourri l'imaginaire occidental aussi bien que le « Cogito » de Descartes a fondé l'usage moderne de la raison et que Molière et Shakespeare nous ont donné le goût du théâtre.

4.
Corto Maltese , dans « Les Helvétiques », échappe à l'universelle Faucheuse, dont le manteau d'ombre couvre la majeure partie de la case 1 de la planche. Corto s'enfuit, effrayé cependant que la Mort, en ses mouvements de faucheuse, courbe herbes et plantes. Au bout de sa course, une tour. « Où diable cet escalier mène-t-il ? » qu'il dit, le personnage de Hugo Pratt ?
- à la cuisine où Corto pourra se faire cuire un œuf ?
- À la bibliothèque de Babel dont il est issu, comme tous les personnages de fiction, hein quand on y songe, qu'au fond, Corto Maltese, dans la bibliothèque qui n'en finit pas, il est chez lui, n'est-ce pas ?
- A trois lettres de l'alphabet hébreu ?
- Au fumoir, où Corto pourra s'en griller une en buvant un whisky. Il l'a bien mérité, allez !
- Dans son lit, cause que Corto Maltese, c'est un grand rêveur, et un gros mytho itou ; qu'en fait, il n'a jamais quitté sa chambre d'étudiant quelque part dans une ville universitaire d'Italie, même que tout le reste n'est que littérature et fables pour littéraires ?

5.
Ah tiens, une allitération dans la bouche de la fée Kundry (cf « Les Helvétiques », de Hugo Pratt). Citons cette présentation de Kundry la rousse par Kundry aux yeux verts : « Je suis pucelle et magicienne, et avec mes servantes nous façonnons des rêves fabuleux, fantastiques, fatals et funestes pour faire prisonniers ces chevaliers du Saint-Graal chastes et assommants. » J'aime bien. C'est amusant.

Patrice Houzeau
Malo, le 25 octobre 2023.

 

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