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BREFS ET AUTRES
15 février 2024

QUOI QUE J'DIRAI CE S'RA PAREIL EPICETOU

QUOI QUE J'DIRAI CE S'RA PAREIL EPICETOU

1.
Quoi que j'dirai quand la camarde viendra me tirer les pieds, hein, quoi que j'dirai quand la camarde viendra une couper une jambe, hein, puis deux, quoi que j'dirai que j'dirai ah zut alors, j'aurais pas dû tant, j'aurais pas dû si, mais ce s'ra trop tard, ah l'cafard dis.

2.
« Une série de bruits brutaux, le train, les fiacres, les omnibus, c'est tout ce que relate ma mémoire, d'un bref passage à Paris quand j'avais six ans. »
(Colette, « Ma mère et les bêtes » in « La Maison de Claudine »)
Et comme vous le savez, Colette, ça n'a pas cessé depuis et je pense que ça a même empiré dans le genre brutal, et voilà c'est le progrès... La calme et paisible campagne française, si elle a jamais existé, c'est surtout dans les romans qu'on l'imagine. Le réel, c'est de l'humanité besogneuse et toujours avançant, avançant, avançant, et puis, tiens, un trou, un grand trou, un très grand trou.

3.
« Je suis sûr qu'au pêcheur endurci, qui, pour la première fois, tombe à genoux et balbutie Votre nom, étonné, vous dites tout, tout de suite et qu'il comprend. »
(Jean Anouilh, « Becket ou l'Honneur de Dieu » [Becket])
Une langue de l'invisible, de la sainte transcendance, une langue naturelle à tous les humains... T'as qu'à croire... la seule langue universelle qui nous attend, qui est en cours de maîtriser nos individualités, singularités, pommes, c'est celle des intelligences artificielles.

4.
J'aurais bien aimé jouer de la guitare et chanter en anglais. J'aurais sans doute balancé les mêmes imbécillités que je dis en français, mais en plus distingué, en plus artiste de la scène pop/rock, ah ouiche.

5.
Bon, le progrès, en 2024, résumons-nous : massacres en Ukraine, massacres à Gaza, Trump peut-être réélu, la fille Le Pen au pouvoir en France en 2027. Ah tiens, si l'on convoquait les fantômes de Michel Serres et d'Albert Jacquard pour leur demander ce qu'ils en pensent.

6.
Tiens, je me demande ce que devient Bob Fosse. Il est mort, Bob Fosse. Je le sais pourtant bien que Bob Fosse meurt un jour.

7.
J'aime bien ce drôle de morceau des Pretenders sur l'album « Break Up the Concrete » (2008). « Almost Perfect » qu'il s'appelle, genre parlé-chanté, jazzy un peu, expérimental itou avec cette guitare aux notes obsédantes là, intimiste aussi. Les paroles, elles s'épanchent un peu, qu'on dirait de l'adolescence, mais il est vrai que le rock est avant tout une musique de l'adolescence. Allez, je vous en cite un petit bout :
« Viralatta, very donkey, you're the only truth in this city
Don't ever change
Don't change good champagne for some sad idiot and then complain
That's good advice
But a lady who has two black eyes is not the best one to advise »
(Chrissie Hynde, « Almost Perfect »)

8.
Je mourirai n'est pas français
Ah je suis bête comme mes pieds
Je mourirai n'est pas français
Mais quand même que j'mourirai.

9.
Février 2024. Un ancien président de la République abonné des tribunaux et soupçonné d'avoir été, lui, comme d'ailleurs son ancien premier ministre Fillon, manipulé par Poutine ; des hauts fonctionnaires condamnés ; d'la sextape au Sénat, des millionnaires au gouvernement en veux-tu en voilà, de plus en plus de misères, des masques envolés, des morts sur des brancards dans les hôpitaux, une armée qu'on a délibérément cherché à affaiblir, des réformes et contre-réformes à l'éducation nationale qu'on sait plus où les trouver, les enseignants, des drôles d'affaires de disparitions de mineures, je ne suis pourtant pas complotiste, mais défois, quand même je me dis, c'est peut-être ça, le prix de notre démocratie libérale. Ceci dit, je pressens que dans le modèle sino-russe, c'est encore pire (et je ne parle pas des terrifiants Iran et Afghanistan). L'humanité, quelle porcherie.
Ces considérations moroses me font songer à ce très bon film de Bertrand Tavernier, « Que la fête commence » (1975) ou comment le Pouvoir par ses vices, sa bêtise et ses magouilles dresse lui-même l'échafaud sur lequel il périra.

10.
La légende pop/rock raconte que Bob Dylan un jour a vu le Christ. Je n'en crois pas un mot. D'ailleurs, moi-même, je n'ai jamais vu Bob Dylan.

Patrice Houzeau
Malo, le 15 février 2024.

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6 février 2024

DE TOUT UN PEU ET AUTRES CHOSES

DE TOUT UN PEU ET AUTRES CHOSES

1.
Janvier 2024. Zavez entendu causer de l'OVNI (on dit PAN maintenant) « Jellyfish »... Oh la méduse, dis... une vidéo de l'armée américaine ou de je ne sais quel service qu'aurait fuité... Jeremy Corbell l'affirme... Le Pentagone serait embarrassé... Bah, que de blablas pour ce qui n'est probablement qu'un groupe de ballons pour mômes poussé par le vent... Le pentagone le sait sans doute très bien... C'est du Roswell 1947 : quel coup de génie de la part des militaires d'avoir d'abord laissé croire qu'il s'agissait d'une soucoupe volante qui se serait écrasée sur la Terre, puis démentir le lendemain... Le doute était semé, et tous les gogos de se fasciner pour « le grand secret de l'aéronef extra-terrestre récupéré par l'Armée » et ne se sont plus guère intéressés à ce que pouvaient bien mettre au point les ingénieurs de la Zone 51. Les OVNI, c'est le plus bel écran de fumée jamais mis en place pour attirer l'attention sur un truc qu’existe pas afin que l'Armée puisse continuer à travailler tranquille. Ce n'est d'ailleurs en soi nullement condamnable. « Si vis pacem, para bellum », et comme les murs ont yeux et oreilles, vaut mieux leur donner à voir et à entendre, et les histoires d'êtres étranges venus d'ailleurs et de soucoupes volantes, c'est très distrayant.

2.
Et dans l'Education nationale, une réforme de plus. La précédente, la sotte réforme Blanquer, n'a pas donné de très bons résultats. Celle qui s'annonce ne va certainement pas faire mieux. Faut donc s'attendre à une nouvelle réforme après les présidentielles 2027. A croire que le ministère de l'Education nationale est devenu un atelier de Travaux Pratiques pour technocrates, histoire, je suppose, de s’exercer, ou de s'occuper.

3.
« J'écoute avec stupéfaction ma tante (une nature!)
Causer du dernier bal à la sous-préfecture. »
(Germain Nouveau)

J'écoute volontiers du rock. Cela me change des chameaux.
Avec l'irish coffee, le rock est l'un de mes plaisirs, mais j'ai bien plus écouté de disques de rock que j'ai bu d'irish coffee, et d'ailleurs, mes chameaux n'écoutent pas de rock et ne boivent pas d'irish coffee (ce n'est pas dans leur caractère). La - oh
Stupéfaction ! que j'eus quand môme encore, je découvris les Rolling Stones dans leurs premiers albums, ah la la, quelle affaire que ces Rolling Stones !
Ma lecture des articles sur le rock était alors vorace, surtout ceux sur les Rolling Stones. De ma
Tante, je ne dirai rien. Elle n'a rien à faire ici, ma tante, qui, d'ailleurs ne s'appelle pas Emma, ni Barbara, ni Paola, ni Fabiola, ni Natacha, je dis ça pour la rime en « a ».
Une chose remuante que c'est ça le rock. Je note que la
Nature n'a rien à voir avec le rock cause que le rock c'est culturel, aussi culturel qu'un chœur de chameaux dans un opéra fantôme. Rappelons d'ailleurs que le chameau blatère, que le ministre réforme et que toujours la pluie a mouillé, mouille et mouillera.
Causer de rock c'est aussi causer d'une manière de voir les choses, même que
Du temps de mon adolescence, j'écoutais vraiment beaucoup de rock. Le
Dernier disque sorti qui sonnait hard et fort, il me le fallait. Au
Bal, je n'allais point. Je préférais écouter mes disques, oui, oh,
A force, j'en oubliais de faire mes devoirs et
La dégringolade de mes résultats scolaires inquiéta mes parents, mais pas la
Sous-préfecture car ce n'est pas son rôle. Du reste, le sous-préfet ne me connaissait pas. La femme du sous-préfet non plus et je ne crois pas avoir jamais fréquenté de fille de sous-préfet.

4.
De la colère des agriculteurs. La France est septième puissance mondiale et première puissance agricole de l'UE, et l'on entend parler de suicides d'agriculteurs criblés de dettes... Y a quelque chose qui va pas, ou c'est moi ?

5.
Est-ce que Booba vaut Baudelaire ? Moi, j'ai ma petite idée, et vous ?

6.
Je pense que Leonard Cohen aurait dû avoir le prix Nobel de littérature. (Ceci dit, j'aime beaucoup Bob Dylan).
Je pense que ce n'est pas Modiano qui aurait dû avoir le prix Nobel de littérature, mais Simenon.
Je pense que « La Justification de l'abbé Lemire », de Lucien Suel est un des textes littéraires les plus importants du 20ème siècle.

7.
C'est un peu iconoclaste, mais même si j'admire beaucoup Frank Zappa, je ne peux m'empêcher de lui préférer le Charlebois des années 60 et 70. Peut-être est-ce parce que les références culturelles de Charlebois me sont plus proches que celles de Zappa. Ce qui tend à prouver qu'il y a un monde entre la latinité de la langue française et le monde anglo-saxon.
De même le baroque de l'allemande Nina Hagen, ou celui de Adriano Celentano, est plus proche de moi que celui du groupe The Residents (que j'aime bien aussi). Exception : la musique des Sparks (autre épatance), dont bon nombre d'Européens, à la première écoute, reconnaissent les origines.

8.
Que l'Université continue à promouvoir certains poètes contemporains ennuyeux comme la pluie et à faire fi des travaux et des œuvres de Ivar Ch'Vavar et de Lucien Suel, voilà qui me sidère. Oh ! universitaires, réveillez-vous ! Le renouveau poétique français a eu lieu il y a déjà quelques années, et dans les Hauts-de-France, hein, pas à Paris, s'te blague !

9.
La démocratie nous oblige-t-elle à être gouvernés par des gens qui nous indisposent ? Certes, mais cela ne nous empêche pas de serrer les poings.

10.
Je vieillis, me fatigue, et me lasse, et me casse.

Commentaire : Ah nom di djou !

11.
Il n'y a pas si longtemps, les références des gens, c'étaient le curé, l'instituteur et le médecin. Maintenant, ce sont le député, les influenceurs « people » et Cyril Hanouna. Il y a vraiment quelque chose qui ne va plus en France.

Patrice Houzeau
Malo, le 6 février 2024.

3 février 2024

COMME LE VENT AGITE LES OMBRES

COMME LE VENT AGITE LES OMBRES

1.
« Il est amusant de surprendre une chambre en l'absence de son locataire. Le mobilier se figea de stupeur quand je fis la lumière. »
(Nabokov, « Le Guetteur » [le narrateur])
Tandis que si vous ne faites pas la lumière, les choses s'emparent de vous et vous étranglent.

2.
« Dans une cité de la Vieille-Castille la nuit tombe, bleue. Sur le cours les ombres sont bleues. Le trottoir est bleu. Les arbres sont bleus. Les promeneurs sont bleus, excepté que le rire de cette jeune fille est tout rouge. »
(Francis Jammes, « Nocturne à Burgos »)
En quelques lignes, ce tableau épatant : Rire rouge de jeune fille sur fond bleu.

3.
Il est 6 heures, allumons la radio et consultons les massacres.

4.
« Tout se passe alors en un temps record, comme on dit je sais plus où, mais on le dit. »
(San-Antonio, « Champagne pour tout le monde ! »)
C'est d'ailleurs dans le je sais plus où qu'on dit et qu'on entend le plus de choses. « C'est parfois vérité, et c'est parfois mensonge », et je vous dis ça parce que je l'ai entendu dans une chanson de Gilles Vigneault.

5.
« On a remarqué, avec grande raison, que la Révolution française mène les hommes plus que les hommes ne la mènent. »
(Joseph de Maistre, « Considérations sur la France »)
L'Histoire fait-elle les bipèdes autres qu'ils l'auraient voulu eux-mêmes si les événements ne les poussaient à ?

6.
« She's been typing letters since this morning. »
(exemple grammatical)
typing letters since this morning
typing letters since this morning
typing letters since this morning
Hypnotiques, parfois, les exemples de grammaire.

7.
« Parce que rien ne se fait de rien, Dieu n'aura su bâtir le monde sans matière. Quoi ! Dieu nous a-t-il mis en mains les clés et les derniers ressorts de sa puissance ? »
(Montaigne, « Les Essais », II,12)
Peut-être bien, mais pour le mode d'emploi, pour l'instant, on continue à ne pas comprendre. Et puis, pourquoi la matière aurait-elle besoin d'un dieu pour se développer ? Du reste, ce développement n'est jamais que dans nos équations et le véritable intérêt de ces équations réside dans leur universalité. Notre monde étant voué à disparaître, on peut toujours penser que dans l'infini des mondes, il s'en trouve un nombre suffisant qui sache manipuler et utiliser ces mêmes équations et leurs promesses d'infini.

8.
Dire que, comme je l'ai encore entendu hier matin (2 février 2024) sur France Inter, que « l'angoisse de la fin du mois éclipse celle de la fin du monde » est devenu un lieu commun. Bien forcé de hausser les épaules : nous sommes bien trop nombreux et avons trop de besoins pour que l'on puisse songer avec quelques espérance de réussite, à sauver l'humanité d'elle-même.

9.
« Je me crois en enfer, donc j'y suis. »
(Rimbaud, « Une Saison en enfer » [le narrateur])
Aussi feignons-nous souvent de nous croire en « enfer », encore que bon nombre de gens vivent, en dépit du « quoi qu'il en coûte » de nos zorros gouvernementaux, un véritable enfer.

10.
« J'ai dit encore : Ecoute,
Ecoute,
Il y a quelqu'un derrière l'écho »
(Henri de Régnier, « Les médailles d'argile »)
Oh bin oui, et il est même pas toujours très poli, ni même intéressant. Souvent, c'est n'importe quoi, ce « quelqu'un derrière l'écho ».

11.
L'univers se retournera-t-il comme un gant ?
C'est le genre de question idiote que j'aime à me poser parce que je suis et que, comme dit l'autre, puisque j'y suis, j'y reste.
Dans le même genre, je conçois que 2 + 2 seront quatre tant qu'il y aura une conscience raisonnable, fût-elle sur la plus lointaine des planètes habitées, pour le penser. Que la raison déserte l'universel et il n'y aura plus ni une ni deux.
Il en est de même pour tous nos dieux qui n’existent que parce que nous les agitons comme le vent agite les ombres.

12.
« Comment, oui, comment a-t-on pu me parler d'un chien jaune il y a cinq ans, alors que ce chien-là, sans doute, n'était pas né ? »
(Simenon, « Le Chien jaune » [Michoux])
La prophétie du chien jaune... Moi, je n'y crois pas, et vous ?

13.
« Dieu avec le Roi ? Ça n'arrive jamais. Une fois par siècle, au moment des croisades, quand toute la chrétienté crie : « Dieu le veut ! » Et encore ! Tu sais comme moi quelle cuisine cela cache une fois sur deux, les croisades. »
(Jean Anouilh, « Becket ou l'Honneur de Dieu » [le Roi à Becket])
La politique, c'est parfois de la mauvaise cuisine, et Dieu ne mange pas de ce pain là.
Le « une fois sur deux » du Roi est une modulation. Qu'est-ce donc que ce « une fois sur deux » ? La part à Dieu ?
Quand bien même cette « croisade », cette résistance, cette reconquête serait juste, que viendrait y faire Dieu, sinon, de par la volonté des humains, persister dans l'être de sa non-existence ?

14.
« Comme il est difficile de se faire une idée exacte d'un homme d'après ce qu'on raconte de lui », pensait l'inspecteur Curry. »
(Agatha Christie, « Jeux de glaces »)
Surtout si cet homme n’existe pas.

15.
« My lady can sleep
Upon a handkerchief
Or if it be Fall
Upon a fallen leaf. »
(Leonard Cohen, « My lady can sleep »)
C'est ainsi que l'on attrape le goût des automnes, des adieux et des regrets. On peut préférer les cerises.

Patrice Houzeau
Malo, le 3 février 2024.

2 février 2024

HASARDS FORTUNES FRACTURES

HASARDS FORTUNES FRACTURES

1.
« Vous tenez, dites-vous, vos richesses de vos ancêtres ; mais n'est-ce pas par mille hasards que vos ancêtres les ont acquises et qu'ils les ont conservées ? »
(Pascal, « Deuxième discours sur la conditions des grands »)
Les hasards, les fortunes, et les fractures.

2.
« La silhouette entra, alors, dans le coffre en forme de cercueil et ferma la porte derrière elle. »
(Lovecraft, « A travers les portes de la clé d'argent »)
Il y en a, ils vont tout de même un peu loin, surtout si c'est pour acheter du pain.

3.
« Le terme est sans aucun doute d'origine française, et vient du latin « cratalis » : ni panier, ni corbeille, ni coupe ; il s'agit d'un plat creux. »
(Marc Rolland, « Le Roi Arthur, de l'Histoire au roman »)
Ce « sans aucune doute » a propos de la nature du Graal me laisse dubitatif.

4.
« Oui ; sans doute les hommes ne valaient-ils que par ce qu'ils avaient transformé. »
(Malraux, « La Condition humaine »)
L'espèce humaine aura été consciente qu'elle se caractérise par son besoin de transformer, de travailler, de révolutionner. Et puis tout disparaîtra dans ce qui n'est ni utile, ni inutile, ni beau, ni laid, ni juste.

5.
« L'inspecteur Curry dessinait des chats sur la feuille de papier qu'il avait devant lui. »
(Agatha Christie, « Jeux de glaces »)
Je me demande à quoi peut bien penser un inspecteur qui, dans un roman policier, dessine des chats. A la langue, peut-être.

6.
« Rien de tout cela ne pouvait être vrai, et pourtant cela était. »
(Kurt Steiner, « Le Disque rayé »)
La vérité serait-elle essentiellement incroyable ?

7.
« Souvent, je me suis demandé quelle chose était le plus facile à reconnaître : la profondeur de l'océan ou la profondeur du cœur humain ? »
(Lautréamont, « Les Chants de Maldoror »)
Les deux, mon philosophe ; c'est que cœur humain et océan ne sont que gouffres toujours plus gouffres.

8.
« Léon Leclère, qui choisit le pseudonyme de Tristan Klingsor aux sonorités si étranges, est né à la Chapelle-aux-Pots (Oise), le 8 août 1874. »
(Gilbert Sigaux et Hughes Richard, notice de Tristan Klingsor in « Anthologie de la poésie française », de Kanters et Nadeau).
En fait, c'est comme Maurice, sauf que Maurice n'avait pas de pseudonyme, et qu'il n'est pas né dans l'Oise et encore moins le 8 août 1874. Il n'a pas écrit de poèmes, Maurice. Par contre, il gueulait fort des fois, quand il avait bu un coup de trop, Maurice. Il est mort aussi.

9.
« J'ai voulu des jardins pleins de roses fleuries »
(Charles Cros, « Sonnet madrigal »)
Roses et jardins, et le j'ai voulu de tout ce qu'on n'a pas eu.

10.
« Les nouvelles ne sont jamais bonnes ! C'est connu. La vie n'est faite que de difficultés. Le secret, car il y en a un, mis au point par plusieurs générations de philosophes légers, c'est de ne leur accorder aucune importance. »
(Jean Anouilh, « Becket ou l'Honneur de Dieu » [le Roi])
Mieux vaut alors ne pas être Roi. Chacun, puissant ou misérable, a cependant ses soucis.

11.
« Je n'ai pas besoin de penser pourvu que je puisse payer : d'autres se chargeront bien de cette pénible besogne. »
(Kant, avec ironie, « Qu'est-ce que les Lumières ? »)
Le communisme a tout prévu et l'Etat pense pour le citoyen, et qu'il fasse très attention, le distrait qui tenterait de penser par lui-même, cependant que le libéralisme tend à faire croire que les services payants sont vos meilleurs conseillers et que vous n'avez plus guère qu'à faire le bon choix entre vos fournisseurs de prêt-à-penser. La France est encore plus radicale : l'Etat y pense pour vous et en plus, vous devez payer, beaucoup.

12.
« Les corbeaux volaient à ras de terre et dessinaient sur les champs de fugitives ombres bleues. »
(Carson McCullers, « La Ballade du café triste »)
Corbeaux et dessins. Sans pinceau ni encre, quelque calligraphie de l'éphémère.

13.
« A cross didn't fall on me
when I went for hot dogs »
(Leonard Cohen, « A cross didn' fall on me »)
Si en revenant avec vos hot dogs, vous constatez que ni foudre ni croix ne vous sont tombées dessus, c'est que ce n'était ni l'heure de la foudre, ni celle de la croix.

14.
« S'il faut obéir par force on n'a pas besoin d'obéir par devoir, et si l'on n'est plus forcé d'obéir on n'y est plus obligé. »
(Rousseau, « Du contrat social »)
Tout l'art du politique libéral est de faire croire aux gens qu'ils obéissent en fonction du droit et non parce que la nécessité les y contraint. Cependant, nul n'est dupe et chacun use du politique à son profit, quitte, au besoin, à lui rappeler qu'il n'est pas grand chose.
Quant au despote, confusément éclairé, il sait qu'un coup de force pourrait le déloger et tend à se rendre indispensable en entretenant des crises et des périls, fussent-ils imaginaires.

15.
La lucidité ne demande guère d'efforts mais quand elle ne rend pas cynique, peut beaucoup vous attrister. Quant à la naïveté heureuse, c'est souvent un piège mortel.

Patrice Houzeau
Malo, le 2 février 2024.

1 février 2024

LA JUSTICE EST AVEUGLE ET LES ROIS LOINTAINS

LA JUSTICE EST AVEUGLE ET LES ROIS LOINTAINS

1.
« (…) est-il bien raisonnable d'admettre la finalité de l'organisation de la nature dans les parties et cependant l'absence de finalité dans le tout ? »
(Kant, « Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique »)
La finalité dans ce que l'on pourrait appeler les « parties de la nature » n'est que nécessités de l'humaine condition. La finalité de tout ça est une illusion fort utile pour la masquer, l'absurde tyrannie de nos nécessités.

2.
« Si, dans l'état de nature, l'homme est aussi libre que nous l'avons dit, s'il est le maître absolu de sa personne et de ses biens, égal au plus grand et dégagé de toute sujétion, pourquoi renoncerait-il à sa liberté ? »
(Locke, « Essai sur le pouvoir civil », chap.9)
La liberté existe-t-elle à l'état de nature ? Il y a-t-il même une liberté en soi ?

3.
« Ne persécute point une infortunée, parce que tu peux la persécuter impunément. »
(Marivaux, « L'île des esclaves », Scène VIII [Euphrosine])
Du mauvais usage de la liberté chez les bipèdes, qui, si perspicaces fussent-ils, s’illusionnent sur l'impunité.

4.
« J'entends les pas de mon ami et les miens marteler le silence au clair de lune dont sa façade est frappée. »
(Francis Jammes, « Nocturne de la maison aimée »)
Les maisons au clair de lune jouent-elles du biniou, du crincrin ou de la mandoline ?

5.
« Si j'étais laide, aurais-je les mêmes réactions ? »
(Annabel Buffet, « D'amour et d'eau fraîche » [la narratrice ou l'autrice?]
Beauté et laideur déterminent-elles plus que nous n'osons nous l'avouer notre rapport aux autres ?

6.
« Dans cette multitude, qui s'assemble à cette fin, il faut qu'il y ait un accord sur les moyens à employer pour atteindre cette même fin. »
(Samuel von Pufendorf)
C'est justement là qu'est le hic, c'est que nous ne savons pas du tout où nous allons.

7.
« Je me mets à fureter comme un chien ayant paumé son maître qui vient de grimper avec une radasse de la rue [...] »
(San-Antonio, « Champagne pour tout le monde » [le narrateur])
J'ai supprimé ici le nom de la rue parce que autre temps, autres mœurs, comme dit le distingué. Et puis, les rues sont-elles fatalement pleines de chiens perdus, de maîtres égarés et de radasses ramassantes ?

8.
« - Ils n'avaient sans doute pas prévu qu'un meurtre allait être commis, dit Miss Marple. »
(Agatha Christie, « Jeux de glaces »)
Dans ce « sans doute », toute l'ironie des romans policiers.

9.
« Sa société reste marquée par l'élitisme des grandes écoles et le cercle très restreint des Lords. »
(Caroline Fourest, « La Dernière Utopie (Menaces sur l'universalisme) »
C'est de la Grande-Bretagne dont il est ici question, contrée insulaire dont je ne connais rien et dont je me fiche assez, les romans d'Agatha Christie, les disques des Beatles, des Stones, des Who et de Pink Floyd me suffisant, ainsi, bien sûr, que la série « Chapeau melon et bottes de cuir », avec l'essentielle Diana Rigg dans le rôle d'Emma Peel.

10.
Certains disent qu'il y a beaucoup de noms étrangers dans nos Lycées Professionnels. Bon nombre d'élèves portent aussi de très anciens noms français. Quoi que l'on pense des LP, les ancêtres de ces élèves ont fait ce pays et y sont morts. Il ne faudrait pas les oublier.
Cette réflexion, je me la fais souvent, et toujours à chaque fois que j'écoute les disques de Malicorne ou de Tri Yann. Aussi quand je songe à Jeanne.

11.
« - Les rois, même s'ils tendent vers la justice et l'équité, sont injustes envers beaucoup de leurs sujets. »
(Naguib Mahfouz, « La Malédiction de Râ » [Khéops])
La Justice est aveugle et les rois lointains.

12.
« On n'achète que ceux qui sont à vendre, mon prince. Et ceux-là, précisément, ne sont pas dangereux. Pour les autres, c'est loups contre loups. »
(Jean Anouilh, « Becket ou l'honneur de Dieu » [Becket])
Du politique en général (et de la Macronie en particulier) dans sa façon de considérer les rapports sociaux.

 

Patrice Houzeau
Malo, le 1er février 2024.

 

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26 janvier 2024

EN ALLANT S'ACHETER DES OREILLES

EN ALLANT S'ACHETER DES OREILLES

1.
« Un feu brûlait dans l'âtre ; une lampe brillait sur le manteau de la cheminée, car même à l'intérieur des maisons le brouillard commençait à s'insinuer en nappes épaisses »
(R. L. Stevenson traduit par Charles Ballarin, « l'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hide »)

2.
Parfois, entre les silences éloquents et les brouhahas insensés, on ne sait plus quoi faire de sa langue.

3.
« désagréable sentiment de malaise en traversant l'amphi- », comme si quelque squelette genre qu'il s'appelle Martin allait lui tomber sur le paletot ou que le spectre d'un de ces vieux professeurs honnis des Chiche-Capon allait lui, alors le commissaire demanda qu'on lui fît monter un sandwich et une bière.

4.
« sons le brouillards commençait à s'insinuer en nappes », que je me disais que si un navire à voiles des vieux films avec des squelettes-spectres de soldats à armures avec épées et escopettes, mousquets ou je ne sais quoi encore qui trucide, surgissait soudain de ces nappes épaisses et dans quelque port du Nord, c'est que le roman commencerait à ressembler à un film d'épouvante qu'en 1979, John Carpenter tourna un truc plus ou moins dans ce genre, même que ça s'appelait « Fog ».

5.
« La missive était rédigée d'une étrange écriture, » de telle sorte qu'on ne pouvait la déchiffrer que très difficilement et qu'elle fut donc l'objet de moult controverses quant à sa signification. Certains pensaient qu'il s'agissait d'une sorte de testament ; d'autres y lisaient d'étonnantes prophéties quand d'autres encore n'y voyaient qu'une liste de courses. On fit appel à des spécialistes en langues disparues, et chacun de ces experts fut forcé de donner sa langue au chat, lequel les emporta toutes.

6.
« Il se couvrit un instant le visage de ses mains. » C'est au moment où il voulut boire son thé que sa main ne suivit pas son bras et resta accrochée à son visage. Voulant user de son autre hein de bras, il obtint le même résultat et les deux bras restaient en l'air tendus et dérisoires tandis que ses deux mains s'entêtaient à lui couvrir le visage comme si elles s'y étaient collées.

7.
« dormait encore sur la cité ensevelie, où les réverbères » faisaient des taches jaune mouillé dans le brouillard qui dormait encore sur la cité ensevelie, où les réverbères avaient une furieuse envie de café et de croissants, ou alors d’œufs au bacon et de thé, ou alors de saucisses et de bière, ou alors, qu'ils se disaient les réverbères, si au moins passait un accordéoniste, pour nous jouer de l'accordéon, quelque java lunaire, ou alors une valse étoilée, de quoi danser quoi, cependant que droites et dignes, dans un silence glacé, passèrent les filles de la Nuit. Ce qu'elles fichaient là, nul ne le sait. D'ailleurs, tout le monde s'en fiche.

8
« et fin connaisseur de graphologie, considérerait sans » guère hésiter qu'appréciant beaucoup la musique des Rolling Stones, il s'écouterait bien « Beggars Banquet ». Il prit donc sa graphologie et s'en alla s'acheter des oreilles.

9.
« écritures sont identiques à bien des égards. Seule » l'incompréhension de tout dans laquelle je baigne comme une sardine dans l'huile m'empêche de vous dire de quoi il est question, l'une ayant visiblement été rédigée par la femme d'un boucher charcutier (les traces de gras et le parfum de violette qui imprègnent le papier en attestent) cependant que l'autre a non moins visiblement été composée par un menuisier italien (il y a de la sciure incrustée dans la trame et des taches de café, et puis quelle écriture agitée et si nerveuse !). De koiksakauz ? mystère et coin-coin, cette langue m'étant aussi inconnue que la sincérité est inconnue du politique.

10.
« A cette idée, il sentit son sang se figer dans ses » vous savez quoi, bien sûr, parce que ça ne pourrait pas être autre chose, sauf si le personnage est fait d'une toute autre substance que la nôtre, genre arrivé en soucoupe volante pis creux à l'intérieur, que si on lui tape dans le dos, il fait klong et vous désintègre illico d'un coup de laser parce que c'est pas des manières non mais.

11.
Janvier 2024. Après son ridicule appel au « réarmement démographique », son tour de passe-passe sur la loi dite « Immigration », la mise en place du gouvernement Attal et ses bizarreries (Amélie Oudéa-Castéra ? Rachida Dati?), après la colère des agriculteurs, je pressens que le président Macron va bientôt revenir nous faire le matamore genre : c'est moi qui dis qui y est.

Patrice Houzeau
Malo, le 26 janvier 2024.

25 janvier 2024

COMME UN CYCLOPE DANS SON OEIL

COMME UN CYCLOPE DANS SON OEIL

1.
« jamais on ne l'avait pris en photo, et ceux qui étaient en mesure de le décrire étaient loin d'être d'accord »
(R. L. Stevenson traduit par Charles Ballarin, « L'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hide »)

2.
« solitude, et apaisant leurs esprits au riche silence » et ça, quand le silence est riche, faut en profiter, parce que souvent, le silence, il ne nous dit rien qui vaille mais parfois, il est riche, le silence, riche des paroles qu'on n'a pas dites, et défois même pas pensées.

3.
« lèvres devinrent livides. Une ombre assombrit son » parapluie, et ça, c'est embêtant, parce que, avec son ombre qui assombrit là, mon oncle, il va encore nous faire le coup du parapluie oublié qu'après, ça va nous faire qu'on va prendre la drache car, dans toute fiction qui respecte les lois de la gravité et de l'Académie, si un personnage oublie un parapluie quelque part, c'est que la pluie va tomber et l'Auguste se mouiller.

4.
« n'est pas avec des mots que les choses s'arrangeront. » C'est ce que nous constatons tous les jours, qu'on a beau en publier, des mille et un bouquins bienveillants et philosophico-empathiques, les humains, c'est un fait, préfèrent l'artillerie à la poésie.

5.
« Je sais que vous l'avez vu, il me l'a dit, et j'ai peur » qu'il commette des imprudences. Ah, mais c'est que l'homme invisible n'est pas seulement invisible, il est aussi distrait.

6.
« sans doute romanesque, elle était venue s'asseoir sur » quelque quête d'un chevalier errant (et sans portable, dis). Elle fut aussitôt emportée dans un tourbillon tourbillonnant parce que sinon c'est pas la peine ; comme elle faisait la tarte aux pommes comme pas une, nous la regrettâmes ; ce fut un dragon qui nous la ramena dans un grand chuintement et en s’excusant pour le dérangement.

7.
« une impatience à peine contenue. Tout à coup il fut » bien content d'écouter une compilation du groupe The Who que parmi toutes ces épatances, il y a le morceau « The Seeker » avec cette phrase hein qu'elle est bien  :
« I've got values, but I don't know how or why » (« J'ai des valeurs, mais je ne sais pas comment ni pourquoi »).

8.
« elle. Aussitôt, elle prévint la police. Le meurtrier était » là où on ne l'attendait pas. Mais on le retrouva, on l'emprisonna, on le jugea et on espéra lui couper l'envie de vivre et de tuer d'autres gens en ne lui coupant pas la tête.

9.
« premier brouillard de la saison s'appesantissait sur » tout ce sur quoi il pouvait s'appesantir : rues, toits, ombres, chats errants, chiens passants, vices et versos, parapluies oubliés, tartes aux pommes, visages et bonnets de nuit, crêpes et gaufres, quiches et poutres, niches et loutres, clochers et cochers, squelettes harassés, omelettes et fricassées, dandys et dindons, huîtres et moules qu'il appesantissait le premier brouillard de la saison, comme s'il était chez lui et ne parlant même pas la langue.

10.
« de tout-à-un penny où l'on vendait aussi des salades » et je me dis que cette ligne, que je tire d'une traduction d'un roman de Stevenson, a un petit goût de politique et de promesse électorale.

11.
« Une sorte de joie hideuse illumina le visage de la » souris et, sans conjugaison ni remords, elle bouffit l'éléphant. Puis, tranquillou la louloute, elle retourna dans sa fiction comme un cyclope dans son œil.

12.
« ses soupçons, le policier se déclara enchanté. Une » sacrée affaire car, dès lors, il multiplia jets de sorts et tours de magie, passant les murailles, les ans et les muscades comme s'il était Merlin revenu, alors qu'en fait, il s'appelait Albert, comme tous ceux qui s'appellent Albert quand ils ne s'appellent pas Maurice.
A propos d'éternel retour là, avec son « réarmement civique », pis « démographique », et même pédagogique me suis-je laissé dire, notre bon président Macron, nous jouerait-il pas une petite java façon Superdupont, de Lob et Gotlib, dis ?

Patrice Houzeau
Malo, le 25 janvier 2024.

25 janvier 2024

QUAND LES DOUZE COUPS ET AUTRES CHUINTEMENTS

QUAND LES DOUZE COUPS ET AUTRES CHUINTEMENTS

1.
« c'était pour la voir s'introduire furtivement dans les maisons endormies, pour s'enfuir ensuite, de plus en plus vite, jusqu'à atteindre une allure vertigineuse, par les dédales infinis de la cité »
(R. L. Stevenson traduit par Charles Ballarin, « L'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hide »)

2.
« l'horloge de l'église voisine égrène les douze coups », aussi fatidiques que les douze cercles qui mènent à je ne sais quoi de féroce, sauf que les cercles ne résonnent pas dans la nuit, genre ah tiens il est minuit alors qu'il n'est absolument pas minuit, surtout depuis que le jour s'est levé et que j'écoute sur France Inter les dernières, et parfois sanglantes, conneries que mes contemporains machinent pour avoir l'air d’exister.

3.
« brumes mouvantes et impalpables qui avaient si long- », je parie que la syllabe suivante est « temps », et c'est normal, parce que rappelez-vous que « l'horloge de l'église voisine égrène les douze coups », ce qui signifie qu'il est temps de se dire que tout se tient par la barbichette et le premier qui rira sera privé de gaufrettes.

4.
« est devenu trop excentrique pour mon goût. C'est à » Zut que je dis cela, laquelle Zut me rappela que j'avais moi aussi un on a tous quelque chose en nous de n'importe quoi, ce à quoi je répondis : « N'importe. Il est devenu trop excentrique pour mon goût. » C'est à Zut que je dis cela, laquelle Zut ne me répondit pas, car les douze coups ayant sonné à l'horloge de l'église voisine, elle s'était rappelée qu'elle faisait de la figuration dans une version télé de « L'Etrange Cas du docteur Jekill et de M. Hide » et que justement lanlan lanlan, et qu'elle avait donc disparu.

5.
« une silhouette dotée d'un pouvoir démoniaque et, au » moment où je copie cette ligne d'une traduction d'un roman de Robert-Louis Stevenson, je me dis que depuis que l'horloge de l'église voisine égrène les 120 coups de l'horloge de l'église voisine, ça n'arrête pas de se manifester dans le genre paranormal et pas banal, que si ça continue je vais manger une crêpe au jambon, car crêpe au jambon est exorcisme fort excellent à faire sortir les démons des maisons où ils font rien qu'à vous casser les bonbons, à vous halluciner le citron, à vous voler vos saucissons et à danser des rigodons en buvant des litrons.

6.
« mystère s'éclaircirait, peut-être même se dissiperait-il », hein, si on le lui demande poliment, au mystère... Moi m'est avis que s'il vous répond, le mystère, ça va être d'autres énigmes encore, et des très farfelues, du genre, où est le mort avec un couteau dans le dos qu'était là qu'est plus là que tout le monde a vu et que maintenant personne n'a vu et écrivant cela, je me dis que c'est une réminiscence d'un texte à Céline, l'infernal styliste, que le « mystère s'éclaircirait, peut-être même se dissiperait-il », mais sans doute faudrait-il parler la langue des mystères... st'une autre affaire, ça, hein.

7.
« une belle nuit sans pluie ; l'air était glacé ; les rues » fumaient la pipe en passant par elles-mêmes ; la lune ne faisait pas ouh-ouh mais le pensait très fort. Bref, un temps à ne pas aller se moucher dehors mais plutôt à se coucher dedans son lit en pensant à la vache qui rit.
Question : pourquoi la « vache qui rit » ?
Réponse : parce que c'est moins triste que le « veau qui pleure » ou que le « bœuf qui disjoncte ».

8.
« prestement la clé dans la serrure. Et puis soudain, » la porte disparut. La clé tomba. Il n' y avait plus rien derrière l'absence de cette porte qu'un grand vide dans laquelle la fiction, ridiculement et selon les lois de la gravité et de l'Académie, chuta dans un grand chuintement d'on ne sait quoi.

9.
« Et maintenant, dit l'autre, dites moi comment ». Je le lui répondis pas, ayant d'autres on n'envisage pas d'omelettes sans frites avec, sinon, on la mange sans frites.

10.
« avec la crainte et l'effronterie qui caractérisent les » politiques pris la main dans le sac à bourdes, gourances et malices, je suppose.

11.
« anciennes, à présent déchues, pour la plupart, de » ce qui faisait leur charme. Alors, elles ramèrent, ramèrent, ramèrent tant et si bien qu'elles arrivèrent, par exemple je ne sais où mais le fait est là, elles y étaient. Ce qu'elles y firent ? Oh, bien des vous m'en direz tant, cependant qu'un grand chuintement d'on ne sait où commençait à souffler sur toutes les faces de ce monde et apparentés.

12.
« une menace jusque dans les reflets de la lumière », qu'alors il vous faut courir, courir très vite ; on ne sait jamais, la vérité pourrait vous rattraper.

13.
« alors en pleine lumière, comme un diable hors de sa », ici, c'est le mot « boîte » qui suivra car il est rare de voir un diable sortir hors de sa choucroute, ou hors de sa machine à coudre. Ceci dit, les diables se cachent dans tous les détails, de même que si vous voulez du pain, c'est dans une boulangerie que vous devez aller, et non dans une diablerie.

14.
« choses ne peuvent continuer ainsi. J'ai froid dans le », et c'est vrai que ça fait froid dans le, quand on regarde le monde tel qu'il est et qu'il court vers qu'on ne sait pas où on va mais on y va, ah oui, froid dans le, là, c'est bien le mot.

Patrice Houzeau
Malo, le 25 janvier 2024.

23 janvier 2024

STUPIDITES AUTOUR D'UNE PORTE ET AUTRES FRITERIES

STUPIDITES AUTOUR D'UNE PORTE ET AUTRES FRITERIES

1.
« Aviez-vous déjà remarqué cette porte ? » demanda-t-il.
M.Utterson fit oui de la tête. M. Enfield ajouta :
« Elle me rappelle une bien curieuse histoire. »
(Robert Louis Stevenson traduit par Charles Ballarin, « L'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde », « Histoire de la porte »)

2.
« Toujours serons enfants de la bruyère et » puis nous rentrerons manger des galettes de pommes de terre, ou des pâtes au gruyère, ou des gougères au comté, ou des éclairs au café, ou d'autres comestibles du frigidaire, à condition bien sûr que les enfants de la bruyère soient faits comme tous les enfants de la terre.

3.
« et, bien que très amateur de spectacles, n'avait pas » cru bon de sortir ce soir d'autant qu'il n'était pas plus chez lui qu'il était ailleurs et qu'il se disait qu'il y serait mieux.

4.
« demandaient en vain ce que ces deux êtres pouvaient » bien faire ensemble ; d'ailleurs, ils ne s'étaient jamais rencontrés, et leur existence même était déjà remise en doute par d'autres anonymes.

5.
« coquetterie ; si bien que les devantures des échoppes » ne se mirent pas à taper la discute avec les passants car les devantures des échoppes ne peuvent pas parler, cependant que les jeunes filles contemplaient les vêtements qui apparaissent dans les vitrines comme autant de fantômes d'une vie qu'on n'a pas.

6.
« Aviez-vous déjà remarqué cette porte ? » demanda la femme à barbe car c'est tout le truc des portes fantômes qu'elles apparaissent comme elles le veulent, à toute heure du jour et de l'autre, ouvrant sur des pièces absolument vides et dans lesquelles vous ne pénétrez jamais.
Note : je me demande bien pourquoi la femme sans tête porte une barbe. Ce ne doit pas être facile.

7.
« bourg, et à peu près aussi expansif qu'une cornemuse » oubliée dans une arrière-salle d'auberge dans la campagne très loin, où personne ne sait jouer de cornemuse, ni même ce que c'est qu'une cornemuse, même qu'ils l'appellent « la chose » et qu'ils se demandent si elle ne serait pas envoûtée défois, rapport à ce qu'on entend la nuit.

8.
« authentique. Je pris la liberté de faire remarquer à » l'homme, lequel se ressemblait tellement qu'on aurait dit lui-même, que je ne sais plus du tout ce que j'ai pris la liberté de faire remarquer à l'homme dont je me disais bien aussi que je l'avais déjà vu quelque part.

9.
« personne n'aurait voulu, un vrai suppôt du diable. » Je ne sais d'ailleurs plus de qui il parlait car les « vrais suppôts du diable » étaient aussi courants dans la conversation du pasteur Hizet que les feuilles sont nombreuses quand elles sont nombreuses et qu'elles se multiplient, les feuilles, couvrant le ciel, les feuilles, bouffant le ciel, les feuilles, remplaçant les zoziaux du bon dieu par des serpents ailés, de voraces moules volantes et des rois-lézards chantant des diableries dans une langue que personne n'y comprend ni roi, ni dame, ni valet.

10.
« jamais fait de mal à une mouche en reçoit une sur la » tête qu'il avait perdue alors qu'il cherchait son pied droit (le pied gauche se sentant bien seul), mais, sans tête, comment voulez-vous avoir les yeux pour voir et les mots pour le dire ? Aussi ne retrouva-t-il jamais son pied droit et, à midi, se contenta d'une portion de frites, la viande étant trop chère.
Remarque : je me demande comment il a fait pour les manger, ses frites. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas.

11.
« sembler étrange. Pour ne vous rien cacher, si je ne » cherche pas à savoir qui je suis, sachant que ce que je suis, je ne le sais pas moi-même et que les autres le savent encore moins que je l'ignore, de telle sorte que je puis bien penser que je ne suis jamais qu'un ensemble de possibles, dont je ne suis même pas sûr qu'ils aient un sens puisque qui peut savoir ce qui est possible à quelqu'un dont nous ne connaissons en fin de compte que peu de choses, sinon qu’aux échecs, j'ai appris ce qu'est le « système de Londres », et que c'est intéressant, cette histoire de fou.

12.
« Voilà qui nous incite une fois de plus à nous taire », dis-je à mon ombre, laquelle me fit remarquer que le plus bavard des deux n'était certainement pas elle et que j'étais d'une mauvaise foi qui n'avait d'égale que la vélocité de l'araignée que j'avais au plafond. Je restai coi. Mon ombre ne m'avait jamais parlé sur ce ton.

Patrice Houzeau
Malo, le 23 janvier 2024.

22 janvier 2024

DES CHAUSSETTES DE L'ÂNE ET AUTRES COUINERIES

DES CHAUSSETTES DE L'ÂNE ET AUTRES COUINERIES

1.
« What is love, 'tis not hereafter,
Present mirth hath present laughter :
What's to come is still unsure.
In delay there lies no plenty,
Then come kiss me, sweet and twenty :
Youth's a stuff will not endure. »
(Shakespeare, « Twelfth Night » [Clown])

« Ne dis pas à l'amour : plus tard.
L'avenir est fait de hasards.
C'est aujourd'hui qu'il faut cueillir
Ce que demain viendra flétrir.
Vite un baiser, ma toute belle :
Jeunesse passe à tire-d'aile. »
(traduction : Pierre Leyris)

En français, on peut dire qu'on ne dit pas à l'amour « plus tard ». On peut le dire mais l'amour ne vous répondra pas, car l'amour n'a ni bouche, ni langue. Comment voulez-vous alors ? Si l'amour avait une bouche et une langue, il pourrait vous répondre et aussi manger car il n'y a pas de raison pour que, dès lors, l'amour n'ait pas d'estomac et donc d'appétit. On pourrait même penser que l'avenir pourrait vous dévorer, vous bouffer tout cru, vous digérer dans ses profondeurs amoureuses.
Conclusion : En français, vous pouvez dire qu'on ne dit pas à l'amour : « plus tard », il ne va pas vous manger.

2.
Il paraît que le président Macron voudrait généraliser le SNU en classe de seconde.
Je note que le président Macron n'est pas un âne. Car s'il était un âne, il ne voudrait pas généraliser le SNU en classe de seconde. Notez que si le président Macron était un âne, il ne voudrait pas le contraire non plus.
Du reste, le président Macron porte des chaussettes et un âne ne porte pas de chaussettes ; un mouton non plus ; un coq non plus ; un bœuf non plus ; et ils sont nombreux comme ça à ne pas porter de chaussettes, ce qui signifie que tous ces nombreux là ne veulent pas de la généralisation du SNU en classe de seconde et qu'en conséquence, le président Macron est minoritaire.
Notez que tous ces nombreux là ne voudraient pas du contraire non plus. Ce qui leur fait un point commun avec le président Macron et donne à penser que si le président Macron n'est pas un âne, il peut parfaitement s'entendre avec tout un tas d'ânes. Pour faire quoi ? Des âneries, bien sûr.

3.
Je ne sais pas si Gérard Depardieu est un grand malade ou un odieux perubu.
Je sais que Gérard Depardieu est un grand acteur (ceci dit, je peux m'en passer, car il y a tout un tas d'autres films formidables sans Depardieu dedans et quand même que les acteurs qui y gagnent leur vie sont très bien, épatants, méritoires et articulants).
Je sais aussi que lorsque le président Macron défend Depardieu en disant qu'il l'apprécie beaucoup en tant qu'acteur, d'abord on s'en fout, et ensuite, tel n'est pas le propos car il est vrai que l'on peut être un grand malade (ou un odieux perubu péteur-roteur) et en même temps un grand acteur, de même que l'on peut être président de la république française et pondre des âneries (ce qui n'est pourtant pas recommandé par la Constitution).

4.
« Hoffmann replongé dans sa rêverie, qu'échauffaient le poêle, le tabac et le vin de Bourgogne, demeura quelque temps silencieux. Mais soudain relevant la tête :
« On guillotine donc beaucoup ici ? dit-il. »
(Alexandre Dumas, « La Femme au collier de velours »)

En français, la question « On guillotine donc beaucoup ici ? » est grammaticalement correcte mais obsolète car cela fait longtemps qu'au pays de Voltaire, de Hugo et de Badinter l'on n'utilise plus la bascule à Charlot. La phrase pourrait se comprendre au sens figuré de la mort sociale, mais elle ne s'emploie guère. On dira plutôt : « Les têtes tombent-elles souvent ici ? » ou « Y a-t-il beaucoup de turn-over dans la boîte ? »
Sans évoquer la mort sociale, il y a quelques temps, on aurait pu demander s'il y avait beaucoup de borgnes dans le pays mais cette forme d'humour noir n'est pas appréciée par tout le monde, loin de là.
Dans la Russie de Poutine, on pourrait demander : « Les fenêtres sont-elles sûres ici ? » ou « Tombe-t-on souvent par la fenêtre dans le quartier ? » (et ce ne serait pas au sens figuré) mais quelque chose me dit que peu de gens, voire personne, ne se risquent à poser une question si dangereuse pour la santé.

5.
Les politiques français aiment et la démocratie et les élastiques. Certains plus que d'autres. Il y a même un moment où les élastiques sont si tendus qu'on a l'impression que la démocratie pourrait bien craquer.

6.
L'administration est un dieu discutable. Du reste, Dieu est sans doute le premier être dont l'existence virtuelle est avérée par son influence sur le destin de nous autres, bipèdes plus ou moins perspicaces.

7.
Je n'ai rien à dire sur Rachida Dati. Ça doit être parce que je m'en fiche.

Patrice Houzeau
Malo, le 22 janvier 2024.

 

 

 

 

 

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