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BREFS ET AUTRES
11 juin 2022

PIS COMME UN TRONC

PIS COMME UN TRONC

1.

Rimbaud écrit que « l'humide carreau tend ses bouillons limpides ! » Dans le bouillon, on met des carottes et des navets et puis il y a du bœuf aussi. Par contre, il n'y a ni tête de bouc, ni d'aucun musicien des Rolling Stones, et après on mange la viande avec des pommes de terre.

2.

« On va écouter votre choix musical. » Sans cesse la voix répétait cette annonce « On va écouter votre choix musical ». Mais nulle musique... Pas d'accord ni d'écho. Perdue, la chanson. « On va écouter votre choix musical ». On va écouter, écouter, écouter...

3.

Zut se doutait bien que la chanson « Baker Street » de Gerry Rafferty était mélancolique : « This city desert makes you feel so cold  / It's got so many people but it's got no soul ». Il n'y a pas de mouettes tragiques dans le Baker Street de Gerry Rafferty, mais c'est bien imité.

4.

Olibrius Bref relit « La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil » de Sébastien Japrisot. Il l'a lu dans une autre vie. Il ne souvient pas de l'un et guère de l'autre.

Olibrius Bref est impressionné par les premières phrases de « La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil ». Il lit : « La douleur n'est pas noire, n'est pas rouge. C'est un puits de lumière aveuglante qui n’existe que dans votre tête. Et vous tombez quand même dedans. »

5.

Tombant sur « l'humide carreau » à Rimbaud qui « tend ses bouillons », je pense aux carottes, au lapin aux pruneaux ; je songe que je vais manger des pâtes avec une espèce de sorte de fromage râpé que l'enseigne nomme « classic », classiquement succédané quasi.

6.

Dans le film « Diabolo menthe » de Diane Kurys (1977), il y a une jeune fille qui dit « merde » et envoie balader le lycée. Le genre de truc qui plaisait dans les seventies. Aussi une scène de cours chahuté. Même remarque. Maintenant que les enseignants risquent leur tête et leur réputation because l'éducation nationale se veut bienveillante et éducatrice, évidemment nos points de vue virent pis tournent à l'aigre, voire à l'acide.

7.

Sébastien Japrisot fait dire à la narratrice de « La Dame dans l'auto » (non, elle ne s'appelle pas Françoise Vélocipède, ni Carole Bouclette) : « elle râle comme un pou quand on ne demande pas de ses nouvelles ». Ah le râle du pou au fond des tignasses !

8.

Comme j'avais confondu les mots « tignasse » et « forêt vierge », ce n'étaient plus des poux, mais des tigres qui circulaient et se multipliaient entre les temples aux circonvolutions bizarres. Je me demandais où j'avais mis mes Rudyard Kipling. Sans doute ils étaient envoûtés.

9.

Ayant envahi l'Ukraine toute l'année, Poutine se trouva fort dépourvu quand la crise fut venue.

10.

Depuis plusieurs jours, internet nous annonce que la NASA prend très au sérieux l'hypothèse extra-terrestre et tout ça des OVNIS qu'ça s'pourrait itou qu'ils débarquassent, les Envahisseurs. Me suis demandé quel genre d'alien était Vladimir Poutine.

11.

Zut songea que « Rock n' Roll Animal » de Lou Reed (1974) était un bon album mais ayant changé de lunettes, elle ne regardait plus les étoiles noires de la même façon. Zut songea aussi qu'elle ne rêvait jamais d'OVNIS.

12.

A force d'oublier on finit par ne plus être que chair à néant.

13.

C'est en tentant de se passer des autres que l'on comprend que l'on n'est pas tout seul. C'est ce que peut-être voulait me faire comprendre Zut en agitant frénétiquement ce bocal de cornichons.

14.

Le cornichon se moque-t-il de la choucroute garnie ? Chaipas. Quant au papier, il ne se moque pas du poème vu qu'le papier n'a aucune faculté moquante pis qu'à li, li se contente de disparaître cependant que l'on croque le cornichon avec le jambon pis les frites.

15.

J'ai oublié la moutarde. « Un jour, tu oublieras ta tête », me dit la Lune où j'étais. Ce serait ballot, j'pourros plus manger d'jambonneau, si j'n'avos pus d'tête, pus d'tête, pus d'tête, et j'resteros planté là comme un tronc.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 11 juin 2022.

 

 

 

 

 

 

 

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9 juin 2022

LES DIMENSIONS DU PAON SUR LE VITRAIL PERDU

LES DIMENSIONS DU PAON SUR LE VITRAIL PERDU

1.

Pierre Magnan a créé le personnage du commissaire Laviolette. Il n'y a pas, à ma connaissance, de roman consacré aux pérégrinations du commissaire Laviolette en Amérique du Sud. Dans « Le Sang des Atrides », l'arme du crime serait une fronde.

2.

Dans une série télé inspirée par les romans d'Agatha Christie, Antoine Duléry a interprété le rôle du commissaire Larosière. L'épisode « La Maison du Péril » a plu à Zut et à Flûte (sa cousine). Larosière est un homme à femmes, mais pas Lampion, son adjoint.

3.

L'élève me demanda comment c'est ça qu'ça s'appelle ce qu'ils ont sur le devant de la tête, là, les éléphants. Une autre évoqua ses « cornes », à l'éléphant. Je ne réussis pourtant pas à leur faire avaler l’existence du, certes très rare, éléphant effervescent.

4.

Certains collègues, plutôt de vous dire qu'ils ne sont pas d'accord sur tel élément du cours, vous font, à la fin de l'heure, un grand sourire et vous souhaitent une bonne journée, puis s'empressent d'aller pleurni-balancer dans les jupes de la cheffe des travaux.

5.

Epatantes illustrations des anciens volumes de « La Bibliothèque Verte ». Dans « Alice et les plumes de paon », les premières lignes du chapitre X sont précédées d'une vignette en noir et blanc montrant la tête blonde d'Alice happée par l'ouverture d'une trappe.

6.

J'enlève le mot « instinct » de cette phrase de Caroline Quine, traduite par Claude Voilier. J'enlève aussi « la jeune détective », mais pas la cantatrice chauve (elle n'y apparaît pas) pour ne garder que « les dimensions du paon sur le vitrail perdu. »

7.

« Puisque ces mystères nous tagada tsoin tsoin, feignons d'en être tagadonc tagadonc »

(Jean Tagatruc)

Parfois, des trous au milieu de la tête, par lesquels disparaissent citations et patronymes.

8.

Juin 2022, les rumeurs continuaient à galoper en Occident sur un Poutine de plus en plus atteint par l'incurable. Je décidai de me faire des crêpes. On parla d'orages, de crise agricole, de gaz et de pétrole. Les canons Caesar ont une portée qui atteint, dit-on, 40 kms.

9.

A l'approche des législatives de juin 2022, on parla beaucoup en France du retour de l’indexation des retraites sur l'inflation. Il y avait en fond sonore un trait de trompette répété, répété, répété, répété, répété, répété. Je songe soudain à la pipe de Maigret.

10.

Les Camions Equipés d'un Système d'Artillerie (Caesar) se déplacent vite. Il y eut en fond sonore un trait de trompette répété répété répété de telle sorte qu'on s'attendait à ce qu'éclatât quelque charge de cavalerie. A la radio, une ancienne sirène pop lance et lancine.

11.

Quand je siffle mon fantôme, c'est un chien qui revient. Quand je siffle mon chien, il ne revient pas non plus.

12.

A la radio, une ancienne sirène pop/rock lance et lancine. Michka Assayas nous apprend qu'il s'agit d'un morceau de Radiohead tiré d'un concert donné à Vaison-la-Romaine en 2001. Sphinx, dragon, licorne et Kilroy Was Here sont mythiques.

13.

Je n'ai jamais croisé Françoise Hardy nulle part, ni Philippe Katerine, ni Angèle, ni Adèle, ni le spectre de la madeleine de Proust ; j'ai parfois croisé mon ombre s'éloignant dans le sens inverse des aiguilles de ma montre. « L'Etoile mystérieuse » ? Je l'ai rangée.

14.

Vous ai-je dit qu'il y a quelques jours, le miroir s'est mis à vibrer ? Le soir, j'ai vu le très beau « Les Autres », de Alejandro Amenabar. Après, il y avait un essorage dans la salle de bain tandis que dans le film, je ne me souviens pas d'avoir vu l'ombre d'une machine à laver.

15.

Mon album préféré de Marc Sleen (« Les Aventures de Néron et Cie ») est « Le Petit coffre canari ». Ne l'ai plus depuis longtemps. Je me souviens que les tribulations surréalistes de Néron m'avaient, môme, fasciné la boîte à songes. L'étrange violoniste.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 9 juin 2022.

 

 

8 juin 2022

D'UNE COUVERTURE D'UN ROMAN DE SIMENON ET AUTRES VARIETES

D'UNE COUVERTURE D'UN ROMAN DE SIMENON ET AUTRES VARIETES

1.

Il y eut une collection « Le Livre de Poche Simenon » dont le logo était, bon sang mais c'est bien sûr, une pipe. Le nom de Simenon y figurait en lettres évoquant les néons des commerces oh les souvenirs des films d'atmosphère, de police et d'antan.

La couverture du roman « Les Gens d'en face » de Simenon (une photo de l'agence Holmès-Lebel) dans cette collection « Livre de Poche Simenon » montre une jeune personne (fille on pense, ce n'est pas si sûr) devant une fenêtre aux carreaux sales et rongés par le givre.

La jeune personne, on pense à une jeune fille, ou à un adolescent, porte un pull, ou peut-être une tunique, une blouse, un pantalon ou une jupe sombre, une écharpe blanche. Il fait froid, sombre. Les murs sont sales.

Le dos du volume est plus sombre encore, la lumière ne semblant venir que de la fenêtre aux carreaux sales. L'on y voit une bouteille ballon dans laquelle se reflètent, semble-t-il, d'autres fenêtres, le bas d'une cage à oiseaux et peut-être dans l'ombre, le profil d'un guetteur.

Adolescent, ce fut l'un des premiers romans de Simenon que, intrigué par la photo de la couverture, alors je l'ai acheté. C'était à la librairie Henrard (Hénin-Beaumont). Mon admiration pour Simenon fut dès lors très grande. « Les Gens d'en face » évoque l'URSS des débuts du stalinisme et l'omniprésence des agents du Guépéou. Chef d’œuvre.

Citation : « Quelque part, à hauteur des toits, flottait un calicot de plusieurs mètres avec un portrait monstrueusement agrandi de Staline. »

(Simenon, « Les Gens d'en face », Le Livre de Poche Simenon, 1971, p.111)

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AUTRES VARIETES

1.

Défois qu'on n'saurait pu quoi faire entre ses quat's murs, qu'à se cogner entre le whisky pis le lit et le ciel qui s'roule les pouces dans les nuages.

2.

J'écoute « Steely Dan » sur Youtube, le classique « Rikki Dont' Lose That Number ». Je pense que je suis triste, que je ne devrais pas l'être. Sur « Le Balai » de Gaston Chaissac (1910-1964), il y a un visage, peint.

3.

J'ouvre « Michel Strogoff », je lis : « Le sang des victimes n'était pas même encore complètement figé. » Le sang des victimes est-il jamais figé ? Il coule dans les mémoires, dans les symboles, dans les archives. Les ombres des assassins ne disparaissent jamais totalement.

4.

Ne pas confondre l'auteur et le personnage, le réel et comment on le manipule. Le réel est-il une somme infinie de cultes ? Une somme de scandales, le réel. Les plaintes se multiplient because, savez quoi, le réel il est tout scandaleux.

5.

La musique fait parfois du bruit. Les fantômes aussi font du bruit, mais moins fréquemment. Aussi je me demande si la musique qui fait souvent du bruit n'a pas pour but réel de couvrir les sons des fantômes.

6.

« Whole Lotta Love » de Led Zeppelin est un morceau qui sonne drôlement progressif. Les musiciens de l'antan électrique avaient les cheveux longs. Les filles aussi, mais pas les colibris. Y a un morceau de Queen qui me rappelle la structure de « Whole Lotta Love ». Le titre va me revenir plus tard.

7.

Va falloir que le professeur se débarrasse de certains de ses livres. Zencombrent, tous ces bouquins. Il n'aura plus le temps de les lire. D'autant qu'il aimerait en relire d'autres, avant de les avoir complètement oubliés.

8.

On s'habitue à tout, y compris à la guerre des autres. On a tort. On le sait. On fatigue. On est un con. C'est bien connu et certains spéculent là-dessus.

9.

Dans « Notes pour un coquillage » de Francis Ponge, il est fait mention « de la véritable sécrétion commune du mollusque homme ». C'est assez bizarre ; j'avais toujours pensé que l'humain tenait plus du tapir, du tatou, du tapis, du tabou et du tabouret, du tambour et du tocsin.

10.

J'écoute du hard rock, ça m'fa pensa à l'orage. Comme je pige que couic en anglais, j'imagine assez aisément que les paroles illustrées de striures électriques que scandèrent les chevelus des seventies sont composées dans la langue des éclairs. #PigeQueCouic

11.

Zut, dans la chanson « Stairways To Heaven » de Led Zeppelin, aime bien le vers : « In my thoughts I have seen rings of smoke through the trees » qu'on ne traduira pas par : «Jje me demande si je n'ai pas oublié de fermer le gaz ».

12.

Défois le scribe de ces brefs écrit « ça m'fa pensa à », c'est qu'il aime cocasser dans le répétitif. Défois Zut pense aux « anneaux de fumée à travers les arbres » qu'on entend dans « Stairways to Heaven ». Zut et le scribe ne pensent pas toujours à la même chose.

13.

Le scribe se dit que d'ici quelques jours il pourra écrire tous les brefs que son cerveau filera sans que le réel de plus en plus contingent ne vienne lui rappeler que les humains sont mortels. Les scribes aussi sont mortels. Ça agace. Ne plus avoir de café agace aussi.

14.

Entre ne plus avoir de café et ne plus avoir de talent, je me demande ce qui me caractérise le plus. Zut me dit : « Pour l'heure, les deux ». Elle a oublié d'en acheter. Quant au talent, j'ai dû le perdre avec mes dents.

15.

J'écoute « Get Down Make Love » du groupe Queen. Voilà qui m'fa pensa à Led Zeppelin, en moins lyrico-ésotérique. Je ne traduirai pas les paroles. De toute façon on n'y parle ni d’éléphant effervescent, ni de choucroute garnie.

16.

J'aime bien l'humour de Francis Ponge : « Lorsqu'il va déborder, il est midi. Une sonnerie stridente invite à disparaître instantanément de ces lieux. » Spectres pendulaires assez nos pommes défois.

17.

Integral_Blu @WoodyWoman m'a fait l'honneur de traduire deux de mes brefs en anglais. Du coup ça m'a rappelé cette Ecossaise qui m'a raconté qu'elle avait vu dans son pays natal des gens frire des barres chocolatées. Et on se demande d'où viennent les armes secrètes de Poutine !

Ceci cit, sur le site Recette du snickers frit - Barres chocolatées frites - Recette Américaine (recette-americaine.com) on trouve, devinez quoi, la recette du snickers frit.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 8 juin 2022.

30 mai 2022

MINUSCULES EPICETOUS

MINUSCULES EPICETOUS

1.

Que pourrais-je faire rimer avec lilas ? Peut-être sépia... Et pourtant évidemment qu'il n'y a pas plus de rapport entre sépia et lilas qu'entre une mélodie de Debussy et le chemin entre la haie et le jardin que j'imagine ici ; et quand je dis ici, je veux dire mon imaginative caboche et la course rêveuse de ses lunes naïves.

2.

Dans l'hiver courent les loups. Bien sûr, le mot hiver s'associe bien au mot loup, et la neige à la meute ; mais dans les mois doux, ils courent aussi les loups et je me demande si leurs longs hurlements hantent encore les têtes des enfants.

3.

La Mort est mauvaise camarade. Quelle rime à cela : rester en rade ? Ou alors limonade. Je ne bois plus jamais de limonade. Par contre, je suis parfois resté en rade dans des rades hein, bin oui bien sûr, tant pis, j'aurai choisi.

4.

Jouer Molière, c'est jouer l'ironie. J'aimais beaucoup du temps de ma jeunesse seule les moqueuses servantes des pièces de Molière. Du temps de ma jeunesse seule... C'est que j'aurais tant aimé voir courir le lierre sur les murs d'une maison de famille... Regretter, à quoi bon ?

5.

Qui fréquente parfois le dimanche, à l'heure de l'apéritif, les cafés où l'on joue et parie comprend vite que l'argent continue à abonder en Occident. Ceux qui disent le contraire et appellent de leurs vœux quelque contrôle social sino-poutinien n'ont ni yeux ni oreilles.

6.

Plutôt que de discutailler politique internationale, je ferais mieux de me mêler de mes affaires, voilà ce que je me disais ce matin en voyant l'eau se répandre chez moi. Panique et whisky, fatalitas.

7.

« Et une façon de bête humaine, un paquet monstrueux roula, jupes en loques, corsage arraché, le tout surmonté d'une chevelure de Gorgone que des poings crispés arrachaient, pendant qu'une bouche qu'on ne voyait pas hurlait » (Gaston Leroux , « Le Fauteuil hanté »)

Fichtre ! Un vrai tableau genre : La République exigeant la Justice, ou Zut exigeant des frites, ou quelque moderne banshee exigeant une guitare électrique ou... oui, bin bon, ça va aller.

8.

Si la vie ne m'avait point tant fait euh comme je suis, j'eusse aimé composer les aventures de Napoléon Ridicule (homme et des tas) ; aussi les aventures du Moine Citrouille (sage, érudit, rigolard) mais bon, allez, je me contente de mes minuscules épicétou.

9.

Tant de frites pour si peu de mayonnaise... Vous avez raison, le réel est si souvent insuffisant. Par ailleurs, en dehors de la trinité frites-bière-mayonnaise, j'apprécie beaucoup ce que vous écrivez.

10.

Entendu l'illustre Luc Ferry déclarer qu'il fallait moins d'enseignants mais chargés de plus d'heures et c'est à cette condition qu'ils seraient mieux payés. Vu le boulot que ça demande, surtout en lycée général, il faudrait alors qu'ils le soient vraiment beaucoup plus, payés oui.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 30 mai 2022.

14 mai 2022

PIS QU'IL SOLILOQUE HEIN DANS LES MURS

PIS QU'IL SOLILOQUE HEIN DANS LES MURS

1. 

« Faites des bruits de chaînes, poussez des gémissements romantiques, prenez l'apparence de délicieuses banshees couvertes de taches de rousseur. Mais cessez de transformer tous les vivants du coin en légumes, il y a la bière pour ça. »                                                                                                        (Joann Sfar et Tanquerelle, « L'Irlande à bicyclette », [Eliphas])

2.

« Professeur Bell », « L'Irlande à bicyclette » de Joann Sfar et Tanquerelle (éditions Delcourt). La pochette est vert étrange des inquiétudes et le o rouge de « Professeur Bell », c'est – il y a de la pluie, un fantôme, une lanterne -, c'est une tête de mort.

3.

Dans l'album « Les Démons du temps immobile », de Godard et Ribera, Axle Sunshine dort et rêve qu'il retrouve sa Chimeer vers lui s'élançant en chemise de nuit et blonde chevelure mais alors l'aventure fait « Voup Voup Voup Vouuuup... », fini d'rêver.

4.

Le chien circulaire fait réellement des rondes. Si ce chien est un loup, il chasse en meute et en cercles concentriques. Si ce chien est une paire de lunettes loupes, c'est bien utile pour lire des bandes dessinées.

5.

Quand le noir dégouline, il faut essuyer le paysage. Si c'est la nuit, faut carrément l'éponger.

6.

Ce n'est pas avec un pinceau-éléphant que l'on peint des trompe-l’œil.

7.

Quand les trottoirs se mettent à se gondoler, c'est qu'ils se fichent de la tronche des passants. Sinon, ça pourrait être la fin du monde, ou un tremblement de terre, ou Poutine lançant une nouvelle opération spéciale.

8.

Si le chapeau qui est sur votre tête se met à commenter L'Etre, le Néant et le prix du faux-filet, c'est que quelque philosophe vous cherche des poux, ou que vous travaillez furieusement d'la casquette, mon ami.

9.

C'est en voyant flotter dans l'air la tête tranchée qu'il comprit qu'il avait perdu la sienne.

10.

Le culte du paquet de chips a fait grimper les taux de cholestérol chez bon nombre de pratiquants, de même que le culte du vélo volé a augmenté le nombre de piétons.

11.

Si votre fenêtre se met à l'ouvrir, faites gaffe aux courants d'air et aux bruits qui courent ; certains pourraient s'introduire chez vous et vous causer bien des rumeurs.

12.

L'imposant portail de fer ouvragé grinçant son violon, j'entrepris de dégager le malheureux musicien égaré dans les circonvolutions de l'ouvrage d'art. « J'aurais mieux fait de jouer du vélo », me dit-il ému et néanmoins contribuable.

13.

Je crus longtemps que le ciel était un accordéon auquel le Bon Dieu se mettait parfois, histoire de faire guincher la Création. La pochette de l'album « Par les fils de Mandrin », du groupe Ange, me détrompa : Dieu n'était donc que le clown du cirque !

14.

Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain ; c'est pas pratique pour se laver.

15.

La nuit, parfois, on entend des voix qui semblent jaillir d'on ne sait où. C'est que la nuit est une pipelette, une vraie cancanière, qui ne sait pas se taire... Mais, parfois, c'est que vous avez juste quelqu'un dans les murs, pis qu'il soliloque, l'emmuré.

Patrice Houzeau                                                                                                                               

Malo, le 14 mai 2022.

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13 mai 2022

EN ATTENDANT LE GRAND LEZARD

EN ATTENDANT LE GRAND LEZARD

1.

Le narrateur – seigneur qu'il est naïf ! - juge excellente l'idée qu'il s'est mise dans la boîte crânienne, puis il se prend un râteau (et c'est logique), puis reconnaît qu'il a le chef mécanique.

2.

Le narrateur tente de ne pas penser à la jeune fille, puis précise ses intentions quant au saxophone hanté, et s'attire la curiosité des villageois qui semblent glisser dans la rue. Ensuite, il rentre chez lui pour y déjeuner de deux côtelettes de mouton.

3.

Comme nous parlions des lettres, nous nous aperçûmes soudain qu'elles étaient écrites dans une langue que nous ne comprenions pas.

4.

Le narrateur s'intéresse au saxophone hanté, histoire de ne plus penser à la jeune fille, mais il s'attire tout de même bien des loupes et des vipères, puis il rentre chez lui pour y déjeuner de deux côtelettes de mouton, qu'il ne mange pas car il préfère la blanquette de veau.

5.

Le pluie il faisait de la bruit, beaucoup de la bruit et des flaques grosses que je me mis à l'abri au devant d'un commerce de le pluie qui était fort pour attendre que le pluie arrête de pleuver mais c'était long comme sans soleil. Le chien, il n'y en avait pas.

6.

Bien qu'elles fussent rédigées dans un français des plus corrects, nous ne comprenions pas la langue utilisée dans la rédaction des lettres reçues. Nous doutâmes de notre identité.

7.

Comme je pensais difficile la monde, le pluie se mit à des grains gaulés que ça fit des flaques grosses comme des erreurs d'humanité, alors je me mis à l'abri du commerce de le pluie et j'attendais que la soleil revient pour aller dans la rue avec les autres chiens.

8.

Bien qu'elles fussent rédigées dans un français des plus corrects, nous ne comprenions pas le sens de ces messages timbrés. Nous doutâmes de notre identité, puis force fut de constater que ces enveloppes, nous ne les avions pas non plus ouvertes.

9.

Y en a ont voté la Macron car le Le Pen et les Mélenchon leur faisaient peur. j'ai pas voté car je suis asaucisse mais si j'avais voté j'aurais voté la Macron aussi car le Le Pen et les Mélenchon font la peur à force à moi et ceux qui veulent la tranquille paix qu'on leur fiche.

Après je sais pas si la Macron va fiche la paix à force à moi et ceux qui veulent la tranquille car a l'air très agité de la législativo-exécutive, la Macron, mais moins que le Le Pen et les Mélenchon qui veulent tout changer qu'on sait pas pour où. Et puis ils ont des fous.

13.

« Mais, enfouie parmi les joncs, on trouva une curieuse idole verte. Une très ancienne sculpture représentant Bokrug, le grand lézard aquatique. »

(H.P. Lovecraft traduit par Paule Pérez, « La malédiction de Sarnath »)

Mais, enfouie parmi les

Joncs va l'dire à Mamerh, la grande déesse matriarche de Noé qu'il m'en a causé, Noé, abondamment, un vrai déluge de mots,

On trouva-lise en carton et dedans

Une curieuse mystérieuse énigmeuse étrangeuse

Idole verte qu'elle était ma vallée pis itou l'idole.

Une très ancienne, et si c'est la sienne hein vaut mieux pas s'y frotter l'occulte, hein, l'occulte, hein l'occulte, hein l'occulte (ce qui vient d'être dit correspond à une très ancienne formule rituelle inconnue)

Sculpture (on prendra soin de prononcer ce mot en allongeant quelque peu le « u » de la seconde syllabe de manière à ce que cela produise un son aussi lugubre que le hululement nocturne de la fugace au yeux grands)

Représentant, la sculptuuure,

Bokrug, qui n'estoit sans doute ni beau ni krug, mais estoit (là à matelas)

Le grand lézard-dîne à l'huile de Mohrue, la Grande Dessalée, pis

Aquatique-étiquétiquétique fit le bouffon-bouffi-bouffa joufflu et tout soufflant sur cette lande qui n'a plus de nom et d'où je vous écris en regardant The Avengers en couleurs.

Patrice Houzeau

Malo, le 13 mai 2022.

30 avril 2022

EN MA TÊTE DEFOIS D'ETRANGES ZIGZAGS

EN MA TÊTE DEFOIS D'ETRANGES ZIGZAGS

1.

« C'est très difficile à expliquer. Je suis très sensible aux atmosphères. Je suis convaincu que les pensées des gens, leurs sentiments, tout cela marque les pièces où ils vivent. Il en reste quelque chose dans les murs, dans les meubles... »

(Agatha Christie, « La Plume empoisonnée » [Mr. Pye])

2.

Le narrateur de « La Plume empoisonnée » dit: « La Main du Mystère vient de lui frapper sur l'épaule ». Il dit : « Il me semble qu'il s'est passé quelque chose ! ». Il se passe toujours quelque chose. Tout ce que nous ne voyons pas, et qui est là pourtant, dirait Rouletabille.

Tout ce que nous ne voyons pas, et qui est là pourtant : faudrait des lunettes à voir les vaches invisibles dans les couloirs sans mur apparent.

3.

Le narrateur de « La Plume empoisonnée » juge : « La gouvernante des enfants » a de « grandes dents, larges comme des pierres tombales ». Il dégrade ainsi « la déesse », l'Aphrodite » qui le charma au chapitre II. Les dents hachent, broient, achèvent.

4.

Les mensonges sèment la zizanie. Tous les Etats mentent, mais quand ils basent l'essentiel de leur politique étrangère sur le mensonge, comme le fait la Russie de Poutine et de sa mafia, c'est que leur but est de diviser, d'influencer, de contrôler.

5.

En avril 2022, certains disaient que Poutine s'enfermait dans ses mensonges, à tel point qu'il finissait sans doute par y croire, devenant le prisonnier de la fiction paranoïaque que, jour après jour, il se forgeait.

«... il faut en finir avec ces lettres. Un jour ou l'autre, elles feront du mal.

  • Il me semble qu'elles en ont déjà fait !

  • Elles feront pire ! Les jeunes gens sont violents, monsieur... Et, quelquefois, les vieux aussi ! »

(Agatha Christie, « La Plume empoisonnée » [Mrs Baker et le narrateur])

6.

La Megan d'Agatha Christie se plaint de ses « taches de rousseur sur le nez ». Elle prétend qu'elle éprouve de la haine pour les gens, qu'elle sait « parfaitement ce qu'ils sont. » Adolescence. Théâtre. Posture.

Qui, lisant le chapitre IV de « La Plume empoisonnée », peut croire en la méchanceté de Megan ?

7.

La femme du révérend est au courant de tout mais s'interroge sur les lettres anonymes. La Joanna de « La Plume empoisonnée » est bien la sœur du narrateur, sinon Mr. Burton ne pourrait pas s'intéresser à Elsie Holland. Et Megan ? Non, il ne la voit pas du même œil.

8.

« Et, en tout cas, elle ne se figurait pas être en présence d'une femme capable de la tuer ! »

(Agatha Christie traduit par Michel le Houbie, « La Plume empoisonnée », [Nash])

 

Et, contemplant le point d’exclamation,

(En ma tête, défois d'étranges zigzags)

Tout en constatant qu'elle venait de disparaître, auquel

Cas je me retrouvai seul avec l'araignée du plafond, je me dis :

Elle (il s'agit d'une araignée)

Ne se figurait pas (les araignées, je pense, ne se figurent pas) ; elles

Se meuvent lentement, et soudain si véloces, ne se

Figurait pas, l'araignée qu'il a dans la tête et qui fait du trapèze dans sa toile,

Pas du tout qu'elle se figurait, l'araignée (Mirabelle s'étant approchée), cet

Être - pour y voir la main de Dieu, bah, il faut être Victor Hugo -

En bref, c'est l'histoire d'un zigoto à zigzags dans la cafetière, qui en

Présence de Mirabelle, ma belle (sont des mots qui vont etc...),

D'une belle donc, somptueuse comme une

Femme peut-être somptueuse quand on dit qu'elle est somptueuse,

Capable de fasciner et

De se mouvoir lentement, et soudain si véloce, à

La façon de l'Irma Vep de la légende ; qu'elle allait la

Tuer, ça, l'araignée d'sa caboche ne se le figurait pas

! qu'ça en fit une drôle de trace en forme de point d’exclamation.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 30 avril 2022.

24 avril 2022

IL Y A DES PLAIES ET DES COUTEAUX PARTOUT

IL Y A DES PLAIES ET DES COUTEAUX PARTOUT

(Brefs en parcourant « La Plume empoisonnée d'Agatha Christie)

1.

« Les langues marchent. », dit la Miss Griffith d'Agatha Christie. Les langues n'ont pas de jambes. On peut toujours imaginer une longue langue bien baveuse et bavarde roulant des hanches sur une paire de gambettes à bas résilles.

2.

La Miss Griffith de « La Plume empoisonnée » précise « qu'on avait découvert l'auteur des lettres ». Avec ou sans confession, vaut mieux s'méfier et ne jamais l'donner à personne, l'aut' Bon Dieu. Rien n'est gratuit. Elle « allait encore en classe » dit la traduction.

3.

Le narrateur de « La Plume empoisonnée » dit :« La lettre avait dû arriver au courrier de l'après-midi ». C'est dans les cervelles que ça naît d'abord, les malveillances, les saloperies, la sale guerre de Poutine en Ukraine. Ça finit parfois par du cyanure.

4.

Il n'y a pas que celle qui « allait encore en classe », il y a aussi la « jeune femme très distinguée, raffinée même », qu'évoque le Owen Griffith d'Agatha Christie. Le notaire a reçu une lettre anonyme, le docteur aussi. Le réel est bourré à craquer d’yeux malveillants.

5.

« - L'ennui, avec les lettres anonymes, c'est que l'épidémie se propage vite. » , fait remarquer le Owen Griffith d'Agatha Christie. Sur Twitter, il y a aussi un genre de pandémie, celle des saloperies rédigées par des salauds qui se croient anonymes.

6.

La Joanna d'Agatha Christie « était très surprise ». Elle pense que dans un « coin comme celui-ci », il ne peut rien arriver de « fâcheux ». Le roman dit que c'est une « réflexion parfaitement idiote. » Il y a des plaies et des couteaux partout.

7.

Selon le narrateur de « La Plume empoisonnée », il y a des maisons « où l'on [a] quelque peine à imaginer qu'on [puisse] y habiter ». Pourtant, elles le sont, hantées...

8.

La Joanna d'Agatha Christie dit : « ça ressemble à un roman !. » C'est l'histoire qu'on lui raconte d'un tyran domestique (« elle était monumentale » commente Mr Pye) et de trois sœurs (je crois qu'elles furent trois). La fiction commente la fiction.

9.

Le choc de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe fut si grand en Occident que bien des esprits ont dû quelque temps regarder leurs occupations quotidiennes, et surtout leurs loisirs, comme de bien étranges contingences à côté de la mort s'abattant sur les Ukrainiens.

10.

Lu « La Souris Bleue », de Kate Atkinson, traduit par Isabelle Caron. Dense, polar plus rose rosse que noir, plein d'élégance, de fantaisie aigre-douce. Le glauque nécessaire au thriller y est, mais masqué, fardé, distancié de sorte qu'on n'a pas cette impression de se faire avoir.

Patrice Houzeau

Malo, le 24 avril 2022.

 

22 avril 2022

EMILY ACHETE TOUJOURS SES GÂTEAUX EN DERNIER

EMILY ACHETE TOUJOURS SES GÂTEAUX EN DERNIER

1.

Dans « La Plume empoisonnée » d'Agatha Christie, des gens reçoivent des lettres anonymes, « ignobles, avec des gros mots... pires que ceux qu'on trouve dans la Bible ! » note Mrs Baker. Le corbeau du roman « frappe au hasard ».

2.

« Cette remarque, si nous avions su en tirer parti, pouvait nous donner la clé de l'énigme tout entière. Mais aucun de nous n'entrevit tout ce qu'elle contenait. »

(Agatha Christie, « La Plume empoisonnée » traduit par Michel Le Houbie [le narrateur])

3.

« - Rose a la langue bien pendue ». Le placard, « sous l'escalier », on ne l'ouvre pas souvent. Les gens de la maison n'ouvrent pas souvent le placard. Aussi n'y découvrent-ils jamais de cadavres. Rose est un joli prénom.

4.

Le narrateur de « La Plume empoisonnée » fait des remarques. Il dit que « la nouvelle du meurtre s'est rapidement répandue ». L'Emily de la Plume empoisonnée est en retard. Elle est allée faire des courses en ville et a changé de pâtissier.

5.

Parfois, le narrateur de La Plume empoisonnée fredonne. « C'est en fredonnant ce refrain » que le narrateur rentra à la villa. « Mon cher amour, je ne suis nulle part » dit la « vieille chanson d'autrefois ». Il y a des fantômes dans ce roman.

6.

Il y a des fantômes dans ce roman. Bien des romans entretiennent des fantômes. Le style assure la pérennité du fantôme. Pas de style, pas de hantise. L'Emily de La Plume empoisonnée achète toujours ses gâteaux en dernier.

7.

On ne scrute jamais assez les paroles. Parfois un assassin s'y cache et au détour d'une poignée de syllabes, il se pourrait que le masque glisse un peu.

8.

Le narrateur de « La Plume empoisonnée » ne veut pas « aller jusqu'au bout de [sa] supposition. Il y a une dame dont on dit qu'elle pourrait jeter des sorts.

On appelle cela une sorcière. La sorcière est le mauvais génie du lieu. Le prêtre n'est pas toujours le bon génie.

9.

Megan est « assise sur les marches de la véranda ». Le narrateur « se mit à réfléchir ». « - Est-ce que tu ne te sens pas devenir vampire ? » qu'elle demanda au narrateur, la Joanna d'Agatha (Christie). De quoi se nourrissent-elles donc, les fictions ?

10.

Le narrateur de La Plume empoisonnée

C'est un roman d'Agatha Christie qui

Evoque les ravages d'un corbeau dans

Une petite ville aussi la façon dont

Le narrateur s'intéresse à une jeune

Fille nommée Megan donc le narrateur

On lui a conseillé « d'aller vivre à

La campagne » avec sa sœur Joanna il

Dit comme ça qu'elle le zieutait pis

Scrutait & reluquait & « considérait

Avec attention » qu'il pigea soudain

Les romans policiers c'est fait pour

Que les narrateurs pigent soudain Le

Coup de l'eurêka fiat lux et petites

Cellules grises donc il pige soudain

« pourquoi les gens de Lymstock » un

Peu qu'ils la redoutaient « la femme

Du Révérend » cause que c'était tout

A fait le genre à savoir tout un tas

De choses sur les gens du coin genre

« petits secrets » que les autres ne

Savent pas mais elle vu que c'est la

Femme du Révérend elle devait savoir

Tout ça de pas trop avouable qu'il y

A parfois chez les gens quand closes

Sont les portes et les bouches itou.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 22 avril 2022.

11 avril 2022

FANTAISIES EN ATTENDANT LES RESULTATS DES PRESIDENTIELLES

FANTAISIES EN ATTENDANT LES RESULTATS DES PRESIDENTIELLES

1.

« Elle voyait, près des oreilles de Bernard, remuer ce qu'elle savait être les muscles temporaux. »

(Mauriac, « Thérèse Desqueyroux »)

Défois, y a des temporaux qui passent et viennent vous escagasser les oreilles ; faut les chasser comme on chasse les mouches et les Vladimir-Poutine, sinon, ces trognes de trolls serviles viennent vous raconter craques et bobards dans les conduits.

2.

« I laid before him, as well as I could, the whole State of Europe ; I discoursed of Trade and Manufactures, of Arts and Sciences »

(Jonathan Swift, « A Voyage to the Country of the Houyhnhnms »)

En vrai, n'ayant jamais l'occasion de converser avec un cheval et étant aussi ignorant qu'un professeur de philosophie troll, syndicaliste, anti-vaccin et pro-Poutine, j'ai rien dit et je suis parti manger des frites. Le cheval, le cheval, quel chameau, quel vélo, quel tambour hein ?

3.

« Et pourtant, ces phrases si différentes étaient faites des mêmes éléments, car de même qu'il y avait un certain univers, perceptible pour nous en ces parcelles dispersées çà et là, dans telles demeures, dans tels musées... »

(Proust, « La Prisonnière »)

Nos univers sont partout émiettés... Une phrase là, une réplique ailleurs, un visage que l'on ne voit plus, c'est vous dire s'il en a du foin, not' bœuf mental. Le mien joue du violon, mais ça, c'est passqu'il se croit violoniste parce que sinon, quel crincrin !

4.

« Le chanoine, qui se connaissait peu en ces matières, lut et relut le court traité, presque déçu de n'y rien trouver qui justifiât les rumeurs d'impiété environnant son ancien élève. »

(Marguerite Yourcenar, « L'Oeuvre au Noir »)

Moi, c'est pareil, je ne crois qu'en Sainte Moules-Frites, sinon, j'aime bien le rock n'roll, les albums de Lucky Luke, et le ciel qu'on voit passer dans son train bleu qui fait tchouck-tchouck dedans ma tête qu'on n'entend pas. Je n'écris point de traités.

5.

Dans « La Cantatrice chauve », de Ionesco, Mary récite un poème où tout y prend feu. Par respect du droit, j'vas pas vous le copier, mais je suis d'accord avec le critique Martin, qui assista à cette scène flamboyante : « Il y a pourtant une certaine chaleur dans ces vers... »

6.

« C'est en effet Machiavel qui accroche le grelot d'une cavalcade d'arbalétriers entre Modène et Carpi à seule fin d'égayer d'une bonne farce « une affaire de moinerie »...

(Edmond Barincou, « Machiavel par lui-même »)

Je ne connais pas cette histoire, mais il m'est arrivé presque la même chose : ayant accroché un hareng saur à une ficelle reliée à un mur, treize moines me parlèrent d'un capitaine décapité. Ils n'avaient pas plus de têtes. J'en restai coi et me fis des patates au four.

Patrice Houzeau

Malo, le 10 avril 2022.

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