PERSPICACE PERISSABLE PIS QUI AGACE
1.
« Là, j’évitai les détails. Je lui brossai seulement un tableau de la désillusion du jeune fou se rendant compte de son erreur. »
(Agatha Christie traduit par Henri Thiès, « Le Cheval Pâle »)
« Là, j’évitai les détails [dans lesquels, comme on sait, se cache le Diable que plus vous y zieutez, dans le détail, plus il vous la tire, le Diable, et longue longue longuement]. Je lui brossai seulement un tableau de la désillusion du jeune fou [ah ça, souvent que quand on est jeune, on est un peu tout fou, voire carrément barré, et puis, en général, ça passe avec le temps et l’on passe de jeune fou à vieux con] se rendant compte de son erreur [qu’on passe son temps à en faire des erreurs, que l’humanité, c’est l’infini des erreurs, horreurs, errances avec de bons apôtres genre Michel Serres (RIP), Albert Jacquard (RIP), Philippe Meirieu, Emmanuel Macron, socialos, libéraux, gauchos, cocos, fachos, crypto-cocos, néo-fachos, écolos, philosophiques zozos, prétentieux pédagos, etceteri etcetero qui vous font la morale que moi, du coup, j’préfère écouter « Orphée aux Enfers », d’Offenbach ou les ritournelles des Charlots].
2.
« J’ose à peine regarder la divine mascarade »
(Apollinaire)
« J’ose à peine regarder » [Moi, ça me fait pareil quand mes yeux tombent dans un film d’horreur avec du gore dedans qu’on dirait une réforme à Blanquer] la divine mascarade » [ce qui me fait penser à « La Valse des Masques », le tube qui tue du printemps 2020 à Manu Jupiter, accompagné du Jean-Mich’ Blanquer, the king of the pipeau].
3.
« Oiseau tranquille au vol inverse oiseau
Qui nidifie en l’air
A la limite où notre sol brille déjà »
(Apollinaire, « Cortège »)
« Oiseau tranquille » [Ça existe-t-y des zoziaux tranquilles ? Ah, être tranquille comme un oiseau qui fume sa pipe en lisant le journal pendant qu’le monde pédale dans le virus et l’islamisme galopant] au vol inverse [cékoi comme oiseau qui fait dans le « vol inverse » ? Ce s’rait-y le politique palmé des altitudes ?] ]oiseau [ça fait écho]
Qui nidifie en l’air [ça s’confirme que c’est le palmé des altitudes, çui qui est « en même temps », qui a d’la « pensée complexe » plein le bec et la cervelle plumée qui va avec]
A la limite où notre sol brille déjà [Ça me fait penser à ce strip des « Déboussolés » de Watch (dans le Spirou des années 70) où l’on voit un bonhomme tout chelou avec un drôle de petit chapeau déclamant : « O soleil couchant Pareil à une tarte au froment »] pis qui s’en retourne avec des yeux vagues et repus pis dans le désert pendant qu’une sorte de coyote de derrière les collines perdues lui jette à la tête un énorme dictionnaire de rimes que la dernière case du strip est basée sur le mouvement arrêté dans l’air du gros volume à quelques mètres de la tête du zig rimailleur, lequel ne se doute de rien vu que qu’c’est dans son dos qu’il arrive, le choc].
4.
« Entre les sandales de plastique
Que son père appelait des méduses
Glissaient des ombres égocentriques ;
Les organes fonctionnent, puis ils s’usent. »
(Michel Houellebecq)
« Entre les sandales de plastique » [kicéty qui ritournellait « Le plastique, c’est fantastique », c’était bien laid quand même]
« Que son père » [chaipas qui c’est son père ; forcé, je pense que c’est le père d’une fille. Pourquoi, je sais pas. Peut-être parce que défois, on se demande à quoi ils ressemblent les pères des filles qu’on trouve jolies. C’est idiot et psychanalytique] appelait des méduses [ces têtes tranchées qui planent dans les flots et qui parfois foudroient]
« Glissaient des ombres égocentriques ; » [le monde, cette somme de nombrils interconnectés]
« Les organes fonctionnent, puis ils s’usent. » [les humains quoi, ces perspicaces périssables]
5.
« Plus tard dans un bal champêtre
Les couples mains sur les épaules
Dansèrent au son aigre des cithares »
(Apollinaire, « la maison des morts »)
« Plus tard, dans un bal champêtre » [ah ça va guincher donc chez les vivants et les morts]
« Les couples mains sur les épaules » [ça me rappelle ce bal étrange du film « Un Soir, un train » de André Delvaux, où, dans cet instant qui sépare la vie du néant, yeux dans les yeux, mains sur les épaules, les couples tournent et dansent sur une java d’ailleurs (ou un tango de Barbarie peut-être)]
« Dansèrent au son aigre des cithares » [chez les vivants et les morts, c’est pas l’accordéon qui mène le bal, c’est le « son aigre des cithares », qui relève du folklore d’Autriche, de Hongrie ou de la Suisse, que moi j’en sais rien, j’apprends ça sur Wikichaitou, que le « son aigre », j’en sais rien que j’aime bien le rythme qu’il a le vers : « Dansè/rent (/) au son aigre / des cithares » qu’on l’entend bien le pincement du « r » là]
6.
« Les morts avaient choisi les vivantes
Et les vivants
Des mortes
Un genévrier parfois
Faisait l’effet d’un fantôme »
(Apollinaire, « La maison des morts »)
« Les morts avaient choisi les vivantes » [« Les Zombies aiment la chair fraîche » film de série Z (comme dans zombie et film de zob aussi, que chaipas s’il existe, ce nanar mais que ça ne m’étonnerait point, que ça me fait penser que j’ai toujours trouvé « La Nuit des morts-vivants » de Romero ennuyeux comme la mort ; je préfère les formidables « Suspiria » et « Le Fantôme de l’Opéra » de Dario Argento]
« Et les vivants
Des mortes » [vous remarquerez qu’il y a chiasme pour le signifier, l’entrelacs des deux mondes]
« Un genévrier parfois
Faisait l’effet d’un fantôme » [dans ce lieu où morts et vivants se rencontrent, le réel paraît moins réel que le revenant ; l’autre monde contamine l’ici et maintenant].
7.
Dans le film « Le Cinquième Elément » de Luc Besson, n’est-ce pas que l’actrice qui joue le rôle de Lilou est superbe ? Son nom d’actrice est Milla Jovovich, et elle interpréta aussi Jeanne d’Arc, aussi de Luc Besson.
8.
« Je restai silencieux, quelques instants, retrouvant le passé. »
(Agatha Christie traduit par Henri Thiès, « Le Cheval pâle »)
« Je restai silencieux [défois i faut], quelques instants [au moins], retrouvant le passé » [ah ça, quand le passé vous revient tourner les tables dans la tête, parfois, on ne pense même plus à gazouiller, on s’laisse envahir par des images anciennes, parfums fantômes et sons spectraux ; ceci dit, « Restant silencieux, retrouvant le passé », c’est un alexandrin].
9.
« Ils vont, ils viennent, ils trottent, ils dansent : de mort, nulles nouvelles. Tout cela est beau ; mais aussi quand elle arrive, ou à eux, ou à leurs femmes, enfants et amis, les surprenant en dessoude et à découvert, quels tourments, quels cris, quelle rage et quel désespoir les accable ! » (Montaigne)
« Ils vont, ils viennent, ils trottent, ils dansent » [comme i vous dit le monde, Montaigne, un ballet, un incessant va-et-vient, les autres] : de mort, nulles nouvelles [c’est vrai qu’on n’peut pas toujours penser à la mort, que c’en est même une morale, ça, de vivre, de persister malgré la mort, de sourire ; de rire, et de pas trop l’évoquer, la mort, défois qu’elle se pointerait illico, avec sa tête de trader branché]. Tout cela est beau [ironie ?] mais aussi quand elle arrive [tiens, qu’est-ce que je vous disais] ou à eux [couic], ou à leurs femmes [bis-couic], enfants et amis [ter-couic], les surprenant en dessoude ou à découvert [faut-il comprendre à l’improviste ?] quels tourments, quels cris, quelle rage et quel désespoir les accablent [y a rien d’plus rageant que de trépasser alors que l’on ne s’y attendait pas : tous les revenants vous le diront.]
10.
« Les passants égarés sont bizarrement verts ;
Au fond de l’autobus je sens craquer mes veines. »
(Michel Houellebecq, « Jim »)
« Les passants égarés [je me demande comment le narrateur sait qu’ils sont tout égarés, les passants – tiens, un passant qui passe, avec ses drames et ses morts, et ses projets et ses échecs] sont bizarrement verts » [c’est-y que le narrateur serait sur une planète d’hommes-plantes, d’artichauts marcheurs, des pt’tits verts, des p’tits gris, des p’tits verts-de-gris, (oui oui, défois, j’ai le lutin de ma tête, il chante) ;
« Au fond de l’autobus [donc le narrateur narrate du fond d’un autobus et voit passer de verts passants] je sens craquer mes veines » [ça sonne, chaipas si le narrateur est en manque ou quoi, mais ça sonne].
11.
« Les cyprès projetaient sous la lune leurs ombres
J’écoutais cette nuit au déclin de l’été
Un oiseau langoureux et toujours irrité
Et le bruit éternel d’un fleuve large et sombre »
(Apollinaire, « Le voyageur »)
« Les cyprès [d’après internet, un cyprès peut atteindre 25 mètres de haut et vivre cinq cent ans, autant dire un géant, un mythique, un mythologique même, l’arbre des morts] projetaient sous la lune leurs ombres » [ça devait l’faire, dans le genre effet funèbre]
« J’écoutais cette nuit au déclin de l’été » [quand on ne dort pas la nuit, on l’écoute, la nuit, puis tous les bruits mystérieux des êtres et esprits qui passent dans l’tout ça que moi j’sais pas, la nuit, moi, je dors]
« Un oiseau langoureux [koikcé comme genre, s’te mélancolique coucou ?] et toujours irrité » [pas seulement mélancolique, l’zoizeau, l’est aussi « irrité » que je pense à l’engoulevent qui crassotte, crécelle et crisse et crosse et crusse pis quand il tousse, c’est qu’il a trop fumé d’craven A.]
« Et le bruit éternel d’un fleuve large et sombre » [avant qu’les humains s’mettent à philosopher sur les fleuves, il y avait des fleuves, et quand les humains auront avalé toute leur philosophie et le bulletin de naissance de leur espèce, y aura encore des fleuves, « larges et sombres » comme un mystère, une force, un monde entre deux mondes].
Patrice Houzeau
Malo, le 21 avril 2021