TANDIS QU'ÇA COVIDE
TANDIS QU'ÇA COVIDE
1.
« Qui donc reconnais-tu sur ces
vieilles photographies » lisant
Ce vers d'Apollinaire je me dis
Que je fais partie d'ceusses-là
Qu'ont pas d'images du passé ni
Chez eux ni dans la poche ni de
Mes parents & ni de vacances ni
De mes chiens de mes chats & ni
Des mes petites amies et pas de
Photos de toutes mes fêtes sans
Doute finirai-je par oublier et
Les rires de toutes mes fêtes y
En a eu pas tant et les prénoms
Des vives de ma jeunesse et les
Noms de mes greffiers et de mes
Clebs m'en souviendrai plus les
Vacances j'y fus jamais quasi &
Les visages de mes parents d'ma
Cafetière enfumée finiront itou
Par s'enfuir que j'finiro creux
D'la citrouille face à lanterne
Par un soir d'la fête des morts
2.
Je songe que tous les poètes de ce monde
Comptent leurs pieds sur leurs doigts C'est ainsi qu'ils font
Et tissent le joli filet d'la poésie
Et là moi si j'ai bien mes pieds j'ai pas mes rimes.
3.
« Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment »
(Apollinaire, « Mai »)
J'aime les notations les vignettes
Qu'Apollinaire sème dans sa poésie
Ainsi dans Mai cet ours ce singe &
Ce chien menés par des tziganes la
Roulotte « traînée » par un âne le
Monde nomade qui passe ainsi qu'je
Me demande est-ce que le poète les
A vus de ses yeux qui ne sont plus
Vus Voyait-on réellement passer ce
Genre de bohème au début du siècle
20 ou déjà d'l'évoquant d'un passé
D'plus en plus lointain qu'c'était
Que le XIXème siècle s'éloignant &
Allant rejoindre la nuit d'tout ce
Qui finit par s'perdre & s'oublier
Tandis qu'il continue le poète Sur
un fifre lointain un régiment même
Que ça un régiment ça existe encor
Ça un régiment que les ours singes
Chiens ânes et tziganes tout morts
I seront qu'des régiments dans les
Vignes rhénanes ou leurs déserts i
Passeront encor qu'on les entendra
S'éloigner ou revenir qu'ça dépend
De l'endroit où c'est qu'on vivra.
4.
Le 13 février 2021 on disait qu'on
N'comprenot plus rien qu'le nombre
De cas de covid il avait par l'air
D'exploser comme prédit mais quand
Même y avot des endroits i cavalot
Quand même bien le variant anglais
Aussi le variant brésilien semblot
Aussi le variant africain on disot
Qu'ça pouvot cavaler bientôt quand
Même c'était pas le waterloo qu'on
Avot dit qu'ce s'rot & donc a-t-il
Raison Macron Blanquer son affaire
La connaît-il mieux qu'on croit ou
Bien n'est-ce qu'un répit dans une
Tempête qui finira par les balayer
Nos belles démocraties européennes
5.
En 2021 on disait que peu de riches
Possédant quasi tout & tant de gens
Ne possédant rien que ça finira par
Craquer que le monde filait gouffre
Pis la sciait la branche que dessus
Il pérorait encore le monde pis que
Le Covid c'était un coup de semonce
Un avertissement ou un prélude à un
Grand bouleversement de tout que ça
Annonce le Covid qu'on se demandait
Comment ça allait tourner tout ça &
Moi je me dis tant que les gens ils
Pourront gagner leur vie et croûter
Ça tiendra même avec d'plus en plus
D'étrangers en France mais avec des
Larmes de la sueur et du sang c'est
Evident que le vivre-ensemble aussi
La bienveillance sont des songes et
Des bisounourseries mais bon si les
Français peuvent toujours la gagner
Leur vie se loger manger et éduquer
Leurs enfants ça tiendra que faudra
Faire gaffe quand même à ceusses-là
Qui nous administrent et gouvernent
Qu'ils dérapent pas trop se fichent
De nous pas trop les méprisants là.
Patrice Houzeau
Malo, le 13 février 2021.