CE QUI NE PEUT ETRE SANS QUE CELA SOIT
CE QUI NE PEUT ETRE SANS QUE CELA SOIT
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Le ciel est bleu ; la plouze est verte et les gens blancs ;
Y a un tueur dans l'air et nous sommes masqués.
Tout est normal, prévu, voulu, tenu, o.k.
Le monde continue d'tourner, évidemment. -
Que nous ne soyons que très peu capables de changer de modèle de croissance n'implique pas que ce changement ne se fera pas. Et ce que nous ne ferons pas de nous-mêmes nous sera imposé par l'horreur des circonstances.
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Ce n'est jamais que devant l'horreur qu'une civilisation consent à se réformer en profondeur. Il a fallu deux guerres mondiales et la Shoah pour que l'Europe se mette enfin à songer sérieusement à la paix.
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« Et si nous la retenons, elle surgit donc devant notre œil spirituel, dès que nous en prononçons le nom. Elle doit donc être indestructible en soi, si la possibilité doit exister de nous en souvenir à tout moment. »
(Wittgenstein traduit par Pierre Klossowski, « Investigations philosophiques », 56) -
Ce dont nous nous souvenons et que la conscience convoque, est en soi en ce sens que cela signifie toujours quelque chose pour quelqu'un. Les êtres, imaginaires ou pas, échappent à notre durée, et y sont radicalement indifférents.
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Conan Doyle est mort en 1930 mais nous cherchons toujours à définir « Sherlock Holmes » cependant que nous nous attachons à produire des biographies toujours plus exactes de son créateur.
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Ce qui est « indestructible en soi », c'est autant une qualité (par exemple, une couleur) que ce qui ne peut être sans que cela soit, ici la conscience de cette qualité. Ce qui ne peut être sans que cela soit est le nom de l'être.
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L'arbitraire des signes relativise toute qualité (chaque langue invente un monde, etc...), mais il n'en reste pas moins que le langage ne peut être sans que cela soit. Dès que je parle, je mets en œuvre une langue qui n'a pas d'autre justification que le fait que je m'en empare.
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Ce ne sont jamais que des mots que nous avons en mémoire. Ce dont nous nous souvenons et que nous croyons si réellement vrai n'est qu'habitude de langage, voire abus, idiosyncrasie. Il n'en reste pas moins que l'habitude est la chose du monde la mieux partagée.
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« Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement en Dieu.
Tout par lui a été fait, et sans lui a été fait rien de ce qui existe. »
(Prologue de l'Evangile selon saint Jean, traduit par Augustin Crampon) -
L'univers suppose un créateur. Ce créateur ne peut être qu'étant nommé cependant que nous ne pouvons le définir qu'en le désignant par ce « Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut » qui signifie à la fois Dieu et le Verbe, ce qui ne peut être sans que cela soit. « Muss es sein ? Es muss sein. »
Patrice Houzeau
Malo, le 1er juin 2020.