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BREFS ET AUTRES
amusettes
1 juin 2020

CE QUI NE PEUT ETRE SANS QUE CELA SOIT

CE QUI NE PEUT ETRE SANS QUE CELA SOIT

 

  1. Le ciel est bleu ; la plouze est verte et les gens blancs ;
    Y a un tueur dans l'air et nous sommes masqués.
    Tout est normal, prévu, voulu, tenu, o.k.
    Le monde continue d'tourner, évidemment.

  2. Que nous ne soyons que très peu capables de changer de modèle de croissance n'implique pas que ce changement ne se fera pas. Et ce que nous ne ferons pas de nous-mêmes nous sera imposé par l'horreur des circonstances.

  3. Ce n'est jamais que devant l'horreur qu'une civilisation consent à se réformer en profondeur. Il a fallu deux guerres mondiales et la Shoah pour que l'Europe se mette enfin à songer sérieusement à la paix.

  4. « Et si nous la retenons, elle surgit donc devant notre œil spirituel, dès que nous en prononçons le nom. Elle doit donc être indestructible en soi, si la possibilité doit exister de nous en souvenir à tout moment. »
    (Wittgenstein traduit par Pierre Klossowski, « Investigations philosophiques », 56)

  5. Ce dont nous nous souvenons et que la conscience convoque, est en soi en ce sens que cela signifie toujours quelque chose pour quelqu'un. Les êtres, imaginaires ou pas, échappent à notre durée, et y sont radicalement indifférents.

  6. Conan Doyle est mort en 1930 mais nous cherchons toujours à définir « Sherlock Holmes » cependant que nous nous attachons à produire des biographies toujours plus exactes de son créateur.

  7. Ce qui est « indestructible en soi », c'est autant une qualité (par exemple, une couleur) que ce qui ne peut être sans que cela soit, ici la conscience de cette qualité. Ce qui ne peut être sans que cela soit est le nom de l'être.

  8. L'arbitraire des signes relativise toute qualité (chaque langue invente un monde, etc...), mais il n'en reste pas moins que le langage ne peut être sans que cela soit. Dès que je parle, je mets en œuvre une langue qui n'a pas d'autre justification que le fait que je m'en empare.

  9. Ce ne sont jamais que des mots que nous avons en mémoire. Ce dont nous nous souvenons et que nous croyons si réellement vrai n'est qu'habitude de langage, voire abus, idiosyncrasie. Il n'en reste pas moins que l'habitude est la chose du monde la mieux partagée.

  10. « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
    Il était au commencement en Dieu.
    Tout par lui a été fait, et sans lui a été fait rien de ce qui existe. »
    (Prologue de l'Evangile selon saint Jean, traduit par Augustin Crampon)

  11. L'univers suppose un créateur. Ce créateur ne peut être qu'étant nommé cependant que nous ne pouvons le définir qu'en le désignant par ce « Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut » qui signifie à la fois Dieu et le Verbe, ce qui ne peut être sans que cela soit. « Muss es sein ? Es muss sein. »

Patrice Houzeau
Malo, le 1er juin 2020.

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30 mai 2020

PENSE-T-ON CE QU'ON DIT

PENSE-T-ON CE QU'ON DIT ?

 

  1. Le Christ, fils de Dieu incarné dans le corps de l'homme, en vint sur la Croix à douter du Père. Notez la malice du Diable qui lui ne s'incarne pas, mais possède, jusqu'à ce que l'exorcisme le chasse. C'est ainsi que le Diable, contrairement au Christ, ne ressuscite pas.

  2. Certes, ce n'est pas avec une bibliothèque que l'on arrête une division de panzers, mais ce sont bien les idées qui combattent d'autres idées. Et c'est dans ce combat des idéologies que penser revient à armer.

  3. « Et depuis quand, Seigneur, tenez-vous ce langage ? »
    (Racine, « Iphigénie, v.13 [Arcas])

    Le langage est ce qu'on tient. Apprendre, c'est apprendre à maîtriser cette langue qui si facilement s'affole, s'emballe, dérape. Apprendre, c'est dompter.

  4. Que se passe-t-il quand je n'arrive pas à penser ? Je me suis souvent demandé si certains de mes collègues pensaient ce qu'ils disaient, ou ne faisaient que dérouler le fil de raisonnements depuis longtemps maîtrisés.

  5. Lorsqu'il me semble que je ne pense pas correctement, c'est sans doute que je n'arrive pas vraiment à me saisir de l'objet de ma pensée, que sa définition m'échappe à la manière d'un nom dont on s'aperçoit soudain qu'il ne nous vient pas à l'esprit, comme si l'avions perdu.

  6. Un penseur sachant penser n'est pas forcément moins suant à suivre qu'un penseur sot comme une saucisse puisque la sottise peut fasciner autant que pensée bien ajustée.

  7. « Ce Dieu est dans la nature, et reste pour lui-même un profond mystère. » (Alain, « De la connaissance discursive »)

    Si « Dieu est dans la nature », l'est-il de la même manière que Zut que j'imagine partout et nulle part, dans ce « quelque part » singulier de mon imagination ?

    S'il « reste pour lui-même un profond mystère », cela veut-il dire que Dieu est sans conscience réflexive. Dieu ne se pense pas Dieu, et c'est fort heureux parce qu'il aurait vite fait d'attraper la grosse tête.

  8. Zut s'amuse à penser que l'énergie je mange du riz s'rait le support avec une côte de porc de l'espace la main passe et du temps la main passe et vous prend.

  9. Zut s'amuse à penser qu'un peu d'énergie blanc le riz blanc pourrait p't'êt' bin qu'oui p't'êt' bin qu'non être le support ah tiens v'là la mort qui passe d'un peu d'espace la mort agace d'un peu de temps surtout quand elle fait claquer des dents.

  10. Zut s'amuse à penser qu'un infini d'énergie ah ça en fait des grains de riz pourrait supporter je bois du thé une infinité d'espaces je mange une glace et tant tant tant de temps que tout serait infiniment jusqu'à ce que plus rien ne soit ça va de soi.

  11. Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un profond mystère qu'il faut se promener avec un seau, « ni même avec un sot », ajoute Zut m'accompagnant.

    Patrice Houzeau
    Malo, le 30 mai 2020

30 mai 2020

LES MOTS FONT DE NOUS DES ETRES

LES MOTS FONT DE NOUS DES ETRES

 

 

  1. Les dieux sont des yeux. Leur regard fonde notre humanité. Et pourtant, Dieu ne peut être que force aveugle, aussi aveugle que des équations. Ce ne sont pas les nombres qui nous regardent. Je dirai même plus : « qui nous déchiffrent » fit Zut en me tirant la langue.

  2. « Un chasseur futur gibier, une jeune fille sacrifiée puis sacrifiant : image terrifiante de la condition humaine où rien n'est jamais acquis sous le regard des dieux » (Annie Collognat-Barès, Préface à « Iphigénie »).

  3. « Ce que je peux vouloir » ai-je lu dans une phrase de Schopenhauer. Notre liberté est limitée par ce qu'il nous est possible de vouloir. Notre « bon vouloir » est une illusion. Notre « bonne volonté » aussi. Je ne veux nullement être la cause de la mort de mon prochain mais je suis content de la fortune de la France, fût-elle en partie fondée sur le commerce des armes.

  4. L'expression « droit naturel » me soucie. Quelle loi serait donc inscrite « de tout temps » dans la nature et qui m'empêcherait « naturellement » d'être malveillant, ou plus étrange encore, quelle loi, à l'insu de mon plein gré « naturel », me pousserait à être bienveillant ?

  5. La confusion entre « droit » et « instinct » fonde cette étrange idée de « droit naturel ». Littéralement, l'instinct de survie ne procède de nul droit et ce ne sont pas avec quelques citations latines et une poignée de maximes que l'on défend une civilisation.

  6. S'il veut voir, il passe par les yeux des hommes.
    S'il veut parler, il passe par la langue des hommes.
    S'il veut douter de lui, il se fait homme.

  7. « L'égoïsme est un fruit de civilisation, non de sauvagerie ; et l'altruisme aussi, son correctif ; mais l'un et l'autre sont plutôt des mots que des êtres. » (Alain, « De l'amour de soi »)

  8. Le « sauvage » n'existe pas. La nature n'est jamais que « naturante » et le mot « sauvage » ne signifie pas autre chose que cette naturalité. Dès lors, ce sont les structures sociales qui modulent égoïsme et altruisme. Il n'y a dans la nature ni égoïsme, ni bienveillance.

  9. Voilà exactement le genre de syntagme dont je me fais hantise : « mais ce sont plutôt des mots que des êtres » écrit Alain. L'idée d'être naturel m'est incompréhensible : l'être, cette soudaine intuition de la présence, relève du langage, et donc du poétique.

  10. Les mots font de nous des êtres. Le langage nous a jeté un sort. Chacune de nos langues est un corpus de formules magiques.

  11. Depuis que le confinement t'a contraint à te racheter un ordinateur, te voilà de nouveau attelé à tes méchantes écritures me dit Zut. Eh oui, et j'en veux beaucoup à l'inconséquence politique qui m'a renvoyé à cette sorte-là de sorcellerie.

    Patrice Houzeau
    Malo, le 30 mai 2020.

29 mai 2020

LA NUIT TOMBE LA PLUIE AUSSI SIGNES ET PRESAGES

LA NUIT TOMBE LA PLUIE AUSSI SIGNES ET PRESAGES

 

 

  1. La nuit tombe Du bleu partout La nuit tombe On rêve quelque saxophone La nuit tombe Quelques nappes d'un blues lent et profond La nuit tombe Lent profond un regard.

  2. La nuit tombe Le chat attend la souris La nuit tombe Des fois on y titube La nuit tombe Titube de vin ou de fatigue La nuit tombe On n's'en sent plus d'ses regrets.

  3. La nuit tombe On a d'l'Amérique plein la cafetière La nuit tombe Et les échos des malheurs La nuit tombe Qu'la radio débite en tranches La nuit tombe Entre deux chansons plus ou moins habiles.

  4. La nuit tombe On en emmêle ses rimes La nuit tombe Qu'on remue sous ses paupières La nuit tombe On voit des visages, des gares, des lacs, des pierres La nuit tombe Le visage d'un ange, la face d'un crime.

  5. La nuit tombe Qui nous appelle et nous réveille ? La nuit tombe Un cri un nom un coup donné à la porte La nuit tombe Et qui exigerait de nous qu'on veille ? La nuit tombe Quel diable viendrait, que le vent emporte.

     

    LA PLUIE AUSSI

  6. La pluie aussi passe comme passe Zut La pluie aussi s'amuse comme Zut à nous rêver La pluie aussi est entre deux éclats de soleil La pluie aussi où fuse un rire qui revient parfois la nuit.

     

  7. Un présage peut s'interpréter de façon symbolique ; ceci dit, ce n'est pas parce qu'en novembre, j'ai croisé à Dunkerque une jeune et longue eurasienne masquée que j'aurais pu prévoir le Covid-19.

  8. On peut aussi expliquer la mort d'Iphigénie, ou la mort tout court, par la malédiction divine. Notre finitude est la raison des dieux.

  9. Peut-il être que la colère des dieux soit sans raison ? Qu'Iphigénie soit condamnée par courroux de la déesse ? Que les dieux ne soient que pure colère, colère en soi ? Dies Irae, une éternité.

  10. Objectivement, le présage n'a aucune valeur. Seul le fait importe. Même a posteriori, ce que l'on tient pour présage n'a de valeur objective qu'en tant que signe avant-coureur. Lire l'Histoire comme une suite de présages, c'est en multiplier les fictions.

  11. La propagande remplace le signe par le présage. La démocratie elle-même joue ce jeu dangereux et d'autant plus tentant que le signe est un fait. L'accélération de la multiplication des signes pris pour des présages fait du réel un vertige, une fiction périlleuse.

  12. La propagande, faisant du signe un présage tend à faire de l'adversaire une essence. C'est ainsi que le discours politique simplifie le réel en oppositions binaires : le peuple contre la bourgeoisie, la nature contre la technologie, la culture contre l'intolérance.

  13. Considérer le réel comme une suite d'oppositions binaires revient à prendre le signe pour un présage, comme s'il y avait un sens de l'Histoire, alors qu'il n'y a que des effets et des causes : le dieu derrière le rideau n'existe pas : il n'est qu'un être et ne présage de rien.

 

Patrice Houzeau
Malo, le 29 mai 2020.

27 mai 2020

QUELQUE CHOSE DU RETOUR DU SPHINX

QUELQUE CHOSE DU RETOUR DU SPHINX

 

 

  1. Le narrateur apollinarien i cause de « tous les regards tous les regards de tous les yeux » qu'on remarque qu'il a mis trois fois le mot « tout » que ça fait beaucoup de « tout » tout ça qu'ça fait du rythme avec l'accent toutes les quatre syllabes et qu'ça regarde aussi beaucoup chais pas pourquoi.

  2. « Mais tandis que mourants roulaient vers l'estuaire
      
    Tous les regards tous les regards de tous les yeux »
      
    (Apollinaire, « Le Voyageur » in « Alcools »)

  3. J'aime bien les vers nocturnes Je veux dire les vers avec de la nuit mélancolique dedans, où passe un vent façon nuit du nord et fantasque, ou alors nuit d'été, claire lune et dame blanche jolie, qu'elle est pas souvent jolie la dame blanche mais bon moi je dis jolie.

  4. « Il est des nuits où la chouette
      
    crie sans désir et sans regret dans l'arbre mort. »
      
    (Jean-Paul de Dadelsen, « Crépuscule »)

  5. Le narrateur houellebecquien use des mots du quotidien nous dirons donc que c'est un poète de la quotidienneté (soulignez en rouge) et j'aime bien car ça change de tous ces poèmes à âme et intérieur où l'on entend de vertigineux trombones appeler le troupeau des grands mots.

  6. Il y a un poème de Michel Houellebecq où le narrateur a « acheté du pain et du fromage en tranches » que « ça devrait [lui] éviter de crever [s]on œil droit » qu'il y a d'la chose mystérieusement effrayante genre biblique, rituel antique dans c't'histoire de fromage et d'œil point crevé.

  7. « J'ai acheté du pain et du fromage en tranches,
      
    Ça devrait m'éviter de crever mon œil droit »
      
    (Michel Houellebecq, « Il est vingt et une heures... »)

  8. Cette histoire de « pain et de fromage en tranches » et d’œil droit épargné me rappelle qu'on disait fin des années 2010, que certains étudiants étaient tellement pauvres qu'il y avait eu des cas de prostitution Je ne sais pas dans quelle mesure mais bon, si c'est vrai, voilà qui me fait regarder les belles âmes réformatrices de l'éducation nationale avec un regard peu amène je vous le dis.

  9. Les crises révèlent le singulier. Je n'irai pas jusqu'à dire que les crises ouvrent la porte aux monstres et aux saints, mais quand même, il y a du décalé, du pas tout à fait dans l'ordre administratif des choses dans une crise, et quelque retour du Sphinx.

  10. J'entends un écrivain expliquer un truc chaipaquoi sur ce qu'il voudrait (ou pas, chais déjà plus) « couper les racines de ses tentacules » : ça donne grandement calamar à penser.

  11. René Char poétisant dit qu'il « suffirait que le doigt majeur se séparât de la main » qu'alors on dit qu'on s'a coupé le doigt mais sinon c'est que le doigt i va faire des choses je n'saizoùchéki que euh je songe à Zut et à son grand Ordre des doigts d'honneur un peu partout.

  12. « Il suffirait que le doigt majeur se séparât de la main et, à la première mousse entre deux tuiles glissantes, innocemment le passage s'ouvrirait. » (René Char, « Le doigt majeur »)

    Patrice Houzeau
    Zone rouge, le 27 mai 2020.

     

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26 mai 2020

PERSPECTIVES ET IRONIES

PERSPECTIVES ET IRONIES

1. Pour moi, le début de la Genèse est un des plus beaux textes qui soit :

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme et un souffle de Dieu agitait la surface des eaux. »

2. Si on supprime les moyennes en dessous de 10 à la Sorbonne (en clair, si on valide le semestre de tous les étudiants), il faut bien sûr, les mêmes causes produisant les mêmes effets, supprimer l'oral de contrôle et accorder le baccalauréat à partir de 8 de moyenne.

3. Je ne supporte plus les voix des politiques Je ne supporte plus les voix des politiques Je ne supporte plus les voix des politiques Je ne supporte plus les voix des politiques Je ne supporte plus les voix des politiques Je ne supporte plus les voix des politiques.

4. Tant que la menace du covid-19 et les risques de fermeture des entreprises perdureront, il est clair que les Français ne se remettront pas à consommer massivement.

5. Veuillez écouter quelques ironies personnelles : Manu voit son fan-club se démonétiser chaque semaine – Agnès va se prendre un flan à la mairie d'Paris et tout ça pour quelques miettes – Juin 2020, mensonges et coin-coins – Le « nouveau monde » à Manu, c'est déjà du passé -

6. J'entends poindre chez certains journaliste la petite musique du « on ne pouvait pas prévoir ». Si ; on pouvait prévoir. Régulièrement, des épidémiologues prévenaient, qu'en raison de l'accroissement des circulations, une pandémie à venir était non seulement possible, mais probable.

7. En 2020, il y eut une réelle pandémie d'un virus tueur, pandémie qui s'accompagna d'une épidémie assez universelle de mensonge.

8. Au fond, le « en même temps » est une assez honnête locution : en même temps que je vous dis la vérité, je vous raconte des craques.

9. Je n'arrive pas à me départir de cette idée qu'il y a quelque chose qui cloche, le sentiment qu'on nous ment. Bah le doute déçoit moins que la crédulité.

10. « Je te promets tout ce que tu veux mais allez ! Sors-nous de là. » dit un personnage de Joann Sfar et sans doute aussi bien des gens dans bien des difficultés, s'adressant à bien des saints, au bon Dieu et à la Vierge.

11.Plus on analyse le monde politique, plus on entrevoit des gouffres qu'on a parfois juste envie de vomir dedans.

12. Monsieur Houzeau, franchement, je ne crois pas jamais avoir entendu parler d'un think tank du nom de « Perspectives et Ironies », avec une certaine, comment dites-vous ? ah oui, Zut, à sa tête.

Patrice Houzeau
Les (dé-)Confins, le 26 mai 2020)

26 mai 2020

ZUT SOUVENT QU'ÇA LA DEGOÛTE

ZUT SOUVENT QU'ÇA LA DEGOÛTE

1. Le matin était moche et pluvieusement tarte ;
   
Tu disais te sentir vaseuse, un brin patraque.
   
J'attendais je n'sais quoi ; on n'disait presque rien,
   
Pis quoi qu'on fasse, il ferait un temps de chien.

2. Défois Zut s'épate du télépathe acrobate qui se carapate après s'être accaparé d'un plat de pâtes et de quelques pâtisseries ; on entend au loin les échos d'un xylophone polyglotte (ce qui est somme toute assez rare).

3. Elle dessina une lune toute ronde et un peu voilée, et de l’œil de cette lune, elle fit couler le losange d'une longue larme bleu cristal.

4. Il est difficile de se traverser lorsque son temps passe à refléter les fascinations et les agitations de l'autre côté.

5. Le long des flots Florence qu'on appelle Flo car si elle s'appelait France on ne l'appellerait pas Flo, flotte un peu de l'âme puis soudain s'dit flûte, flûte et zut, tout ça c'est du flan et s'en va en sifflotant Petite Fleur de Sydney Bechet.

6. Des fois, on a beau se fatiguer la salade de sa tête, on y pige que couic à toute cette macédoine là.

7. Zut souvent qu'ça la dégoûte, tout s'couscous, oùsqu'on se secoue le pour et le quoi qu'est-ce, pis qu'on s'presse le pensif citron, pis tout ce qu'on fait mousser là, dans la lucarne à courges, la boîte à andouilles, toute cette semoule à grosses légumes, ce bourratif politique qu'dedans qu'on finit par pédaler, dedans, dans le touci-touça des inconséquences.

8. J'ai l'éthique toc, j'en suis bien conscient, mais mon éthique toc vaut mieux que l'alibi de leur humanisme, lequel sert surtout carrières et complaisances tandis que tant d'étudiants dansent devant des armoires vides.

9. Ce n'est pas quand j'entends le mot culture que j'ai envie de sortir ma tarte à la crème, c'est quand j'entends le mot ministre voyez.

10. « Une hécatombe n'est aux yeux de la nuée humaine qu'un os mal dénudé et tôt enfoui. » (René Char, « Azurite ») : bin oui, si l'hécatombe est loin, vrai qu'on n'y pense pas trop. D'autant qu'c'est souvent avec les armes qu'on leur vend qu'ils se massacrent, nos frères.

11. Avec tous les doigts d'honneur que Zut a laissés un peu partout, il serait, je pense, tout à fait aisé de créer un Ordre, voire une Chevalerie.

Patrice Houzeau
Les (dé-)Confins, le 26 mai 2020.

 

 

24 mai 2020

ZOZOTISES ET AUTRES BRICOLES

  • ZOZOTISES ET AUTRES BRICOLES

  •  

    1. Semblerait qu'au mot « décroissance » (négativement connoté à cause de son préfixe privatif), certains opteraient maintenant pour le terme « post-croissance » (uh!). A quand le ridicule d'une « croissance résiliente » ? A mon avis, ça ne saurait tarder.

  • 2. « Aimer son prochain comme soi-même » Ah c'est beau ! Mais soyons lucides et contentons-nous de vivre en évitant d'ennuyer les autres. Du reste, ce n'est même pas là de la morale, mais de la prudence.

  • 3. « Sous une pluie de pierres, nous nous en tiendrons à... » (René Char) à rien du tout oui, qu'on s'met à filer, et vite !

  • 4. Je n'ai jamais entendu un chat exprimer le moindre doute sur sa félinité, et c'est sans doute pour en désespérer que l'humain a inventé l'humanité.

  • 5. Ce qu'il y a de difficile avec la langue de bois, surtout quand elle est teintée d'une apparente bienveillance, c'est que ne disant rien, on ne peut lui reprocher qu'une chose, c'est d'esquiver le débat sur les chiffres et le contenu des textes. On vous répondra alors que tout ça est bien trop technique pour l'électeur moyen ou mieux, on contestera vos chiffres et pour ce qui est des textes, on vous rappellera que les députés en discuteront le moment venu.

  • 6. Grand Zozo va-t-au cimetière oùsqu'il voit passer un chat dans les ères et come c'étot un chat noir Grand Zozo se ditalor « Môvais présage ! Fais gafe tes zo, Grand Zozo ! mes il continue son chemain car il ma pas dit pourquoi il talai-t-au cimetière.

  • 7. Grand Zozo va-t-au cimetière Soudain des morts (pas bocoup mes quand meme) sorte de leurs tombe Alors Grand Zozo sort son paramort qu'avec paramort les morts meurent encor mes il marche sur des cadavres et continu son chemin sandire pourquoi il talai-t-au cimetière.

  • 8. Grand Zozo va-t-au cimetière où il la trouve pas sa tombe qu'il cherchait Que Titine elle tété tossi parmi les os et les croix que fais tu là Grand Zozo ele lui dit Je cherche ma tombe il lui dit Alors Titine ele rigole alor le monsieur du cimetière i vient et tout le monde s'engueule.

  • 9. Jean-John i lé baite ossi il pensét qu'on pouvé acater des osses au cimetière (il en avé besoin pour fere une danse macabre avec Camille), mes come il s'a fét arcevoir il est rentré pas contan du coup qu'il a bu de (bis)tro il l'a fete à s'maison la danse mes c'été la valse à gifles.

  • 10. Chaipa squi s'est passé mes depuis que Grand Zozo il a commandé un pangolin sur le dark tou l'monde est bien t'emmellassé.

  • 11. Le présidan né pas tro aimé qu'on dit qu'c'est acause des crasses qu'il a fai aux petits, aux infirmiers, aux enseignants, aux retraités du futur mes lui il di qu'il aime la France qu'il va se réinvanté qon le regarde quan meme d'un œil mi-foudre, mi-raison.

 

Patrice Houzeau
Les (dé-)Confins, le 24 mai 2020.

24 mai 2020

ALORS QUE DEJA S'AVANCENT

ALORS QUE DEJA S'AVANCENT

 

 

  1. Romain Pauchet pratique l'art de l'origami et fait jaillir de quelques feuilles de papier un univers fragile, précieux, magnifique.

  2. « et combien le « bellum omnium contra omnes » est en vigueur, du moins entre les esprits. » (Schopenhauer traduit par Auguste Burdeau, « Le Fondement de la morale ») Le monde s'étripe et compagnie.

  3. Comme j'entendais Zut pousser des coin-coins de plus en plus féroces, je sus qu'elle suivait quelque débat politique.

  4. « nous ne mentions pas à l'herbe » (René Char) : Je confirme qu'il est particulièrement malvenu de mentir à l'herbe et de lui faire croire qu'elle deviendra forêt majestueuse, verger fabuleux alors que déjà s'avancent les pesantes et paisibles vaches.

  5. Elle se monta si haut le cou que l'on vit bientôt des gnomes grassouillets chuter des plis de sa peau cependant que quelques-uns, hargneux et pugnaces, s'y accrochaient encore.

  6. Défois, j'les vois passer, droits comme des textes de loi, raides comme la statistique. Et j'observe les petits loups qui se dépêchent de se placer hors de leur vue.

  7. C'est sans doute d'une somme très grande de petits mensonges que naissent les grands malentendus sur lesquels se fondent nos bienveillantes modernités et poil au nez bien sûr.

  8. L'avantage de savoir que l'on est par parti pris de mauvaise foi, c'est que l'on peut sans ni se méjuger, ni changer fondamentalement d'avis, donner raison à son contradicteur, fût-il sot comme une saucisse.

  9. « Il est écrit / Que nous aimerons autrui plus que nous-mêmes. » a écrit Jean-Paul de Dadelsen, et Zut de me suggérer que c'est exactement le genre de phrase qu'avec ma mauvaise foi habituelle, je ne peux évidemment comprendre.

  10. « Na ! », fit Zut, contente de son effet. Je contemplais sa jolie peau d'invisible, cependant que rieuse et me contemplant dans son miroir elle s'écria : « Bouh ! Qu'il est laid ! ». On dit ça, on dit ça, je sais, fis-je en écho.

  11. « Vous savez comment sont les objets, vous les pensez perdus, et les voilà qu'ils réapparaissent ! », fit ontologiquement remarquer le lieutenant Colombo dans un épisode d'hier soir. Les objets sont nos revenants.

    Patrice Houzeau
    Les (dé-)Confins, le 24 mai 2020.

23 mai 2020

DISSERTANT COMME LA SAUCISSE

DISSERTANT COMME LA SAUCISSE

 

  1. Objet magique, le livre de magie. Du coup, à manier avec prudence, défois que soudainement du chiffre des signes sortiraient des flammes pour vous incendier, des mains qui vous étrangleraient.

  2. La saucisse, ça fait penser à saucisson, saucisse pensante (aurait-elle des pattes?) ; serait-il bipède le saucisson et aussi sachant qu'un ministre de la nation apprenante. 

  3. Le rapport entre la langue d'un serpent et un poisson de mer vidé c'est que quand on vipérine défois (qui c'est-y qu'il fait pas) c'est comme si on vidait le poisson genre savez l'autre nageant du Japon là qui tue à coup sûr s'il est pas bien préparé qu'il faut être professionnel pour.

  4. Il paraît que François, non euh Philippe, ou Eric, ou Julien Villany (chais même pas comment qu'ça s'écrit), i rejoint les dissidents du fan-club au président Jean-Carol Macrot (euh c'est pas ça) : de toute façon j'm'en fous d'tous ces subventionnés là. Espèces de viraux, va.

  5. Zut quand elle fait le ménage, elle insulte des gens dans sa tête ; c'est ce que Zut appelle faire le ménage.

  6. « Un p'tit sou, encore un p'tit sou, le dernier p'tit sou » qu'il dit à peu près Grésillot (chaipasicéçaépim'enficheuh) interprété par Michel Piccoli dans le film « Le Sucre » ; j'dis ça rapport à tous ces sous qu'on débloque pis y en a zallez voir comme ça va finir dans les sables d'on n'sait où.

  7. J'avais revu cet acteur magnifique dans ce film formidable, « Le Sucre ». Michel Piccoli nous a quittés.

  8. Toujours rigolant d'entendre tous ces experts en tas d'trucs des hautes sphères de l'intelligence nous expliquer comment il faut sortir d'une crise qu'ils ont soigneusement, longuement, à l'insu de leur plein gré, préparée.

  9. Alors, très politique, Bart Simpson dit quelque chose comme : « Vous pouvez me croire, je vous ai toujours menti.»

  10. Cette histoire de vaisseaux voltigeurs, de soucoupes virevolantes, d'êtres vertigineux cryptés dans les textes comme visions dans les yeux nous laisse aussi songeur autant que si sur quelque planche à saucissonner, saucisse sèche se transformât en serpent sifflant.

  11. « Que Dieu est essentiellement mathématicien et donc, absolument juste » que je lis dans quelque ouvrage de Guy Tarade ; et l'humain donc d'être la suite des probabilités qui tendant vers l'infini inéluctablement se précipite dans le zéro.

  12. « Des personnages sous forme de ballon » : ah ça doit être des politiques montant dans les sondages.

  13. Je voudrais atteindre dans mes brefs me dis-je car j'aime tant à me dire la précision de Chuck Berry rappelant à Keith Richards la modulation exacte de chaque note de l'intro.

  14. Je ne crois pas que ça s'rait une bonne idée de mettre le sachant chauve et son sac à réformes d'l'apprenance au poste de premier ministre. On s'en méfie quand même du roi du « chef d'œuvre » défois qu'il aurait des visions d'tous nous œuvrer en chef là.

Patrice Houzeau
Les Confins, le 23 mai 2020.

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