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BREFS ET AUTRES
fantaisies speculatives
14 août 2022

LE HOMARD ET LA CATHEDRALE

LE HOMARD ET LA CATHEDRALE

 

1.

Je pense que je suis incapable d'aimer quelqu'un aussi profondément qu'on puisse le supposer quand on parle d'amour. C'est pour ça que, parfois, il m'arrive de rendre service.

2.

Une de plus en plus hypothétique victoire des forces poutiniennes dans la sale guerre que Poutine mène en Ukraine est-elle compatible avec l'alcoolisme dont on dit qu'il est bien plus répandu dans certaines populations russes qu'on le croyait ?

L'alcool sera-t-il le tombeau de l'armée russe ? Poutine sera-t-il le tombeau de la Russie ?

3.

L'interdiction de visa touristique aux Russes qui viennent parader dans l'UE pendant que leur Vladimir bien-aimé massacre l'Ukraine, permettrait-elle d'accueillir ceux qui veulent fuir la Russie poutinienne en leur accordant le statut d’exilé politique, de dissident ?

4.

Je suppose que, de la même façon qu'il y eut des officiers de la Wehrmacht qui, ne supportant plus les boucheries hitlériennes à répétition, tentèrent de dézinguer l'aut' fou, je suppose que certains officiers russes vont finir par avoir des envies de l'étrangler, le Poutine.

5.

« Le homard, compliqué comme une cathédrale,

Sur un lit de persil, monstre rouge, apparaît. »

(Charles Monselet, « Poésies complètes »)

 

Poétiquement, un homard peut être « compliqué comme une cathédrale ».

Une cathédrale peut-elle être aussi compliquée qu'un homard ?

Nerval a écrit que les homards « savent les secrets de la mer ».

Les cathédrales savent-elles les secrets de Dieu ?

Bien entendu, si Nerval avait voulu promener une cathédrale en laisse dans les jardins du Palais-Royal, il eût été fort embarrassé.

Remarquez que Salvador Dali aurait été tout à fait capable de promener un homard en laisse sur le parvis de la gare de Perpignan en décrétant que ce homard était une cathédrale.

6.

Ma mère est morte et ma mère fut une jeune fille.

J'eus de la peine à la mort de ma mère.

Ma mère, quand elle était une jeune fille, avait, sans nul doute, des rêves de jeune fille.

Je songe parfois, non sans pitié, aux illusions perdues de ma mère.

7.

Je ne sais pas tout ce que je devrais savoir.

Je ne sais pas si je sais bien ce que je sais.

Je sais que les autres ne savent pas tous ce que je sais.

Je sais que les autres ne savent pas toujours, ni mieux que moi, ni moins que moi, ce que je sais.

Bien entendu, quand je serai cadavéré, le premier imbécile venu, - grâce aux progrès fulgurants du pédagogisme, ils prospèrent, ces ahuris – en saura plus que moi. S't'agaçant.

8.

Plus je lis les tweets de Ségolène Royal, plus je lui trouve un cousinage avec les positions de Mélenchon.

Elle aura tout essayé, Ségolène, du « care » à l'écologie politique, en passant par le pseudo-pacifisme du désarmement.

Je m'attends à l'entendre un de ces jours débiter sur France Inter des platitudes spongieuses avec l'assentiment de Christophe André et de Matthieu Ricard.

9.

Quand je songe que si j'étais plus concentré et moins fainéant, je pourrais composer un roman...

Quand je songe que ce roman, à condition de trouver un éditeur, ne serait lu par si peu de personnes que personne suffit...

Quand je songe que je ne suis ni Céline, ni Proust, ni Simenon, ni même Musso...

Je vais me faire cuire un œuf sur le plat en écoutant du Gentle Giant.

10.

A mon avis, l'autre jour en Crimée, le camarade Ivan, de la glorieuse armée russe à Poutine, il aura même pas eu le temps de l'allumer, la fatale cigarette, qu'avec son haleine pleine de vodka, actionner son briquet aura suffi au badaboum.

11.

Non, mais sérieusement, comment expliquer les difficultés de la glorieuse armée russe à Poutine autrement que par l'intervention conjointe des Illuminati, des chèvres du Pentagone, des extra-terrestres de la zone 51, des Rose-croix-lucifériens-francs-maçons-mondialistes, sinon, on comprend pas.

12.

Play-list :

« Twist again in Crimea (Boum boum badaboum) » par les Poutinoffs Cretinisky.

« Où j'ai mis ma piscine ? (Je veux reconquérir ma piscine) » par Jo the Z et ses Gondoliers du Désert.

« Crash Tango à Moscou » par Charles Glaviot et ses Craques.

13.

Je ne sais rien de Napoléon.

Ce que je lis sur Napoléon est tout ce que je peux savoir de Napoléon.

Mais Napoléon en soi n'est pas ce qu'on dit de Napoléon.

Le Napoléon des livres est une fiction vraisemblable. C'est même un mythe.

Ce que je sais de la choucroute, c'est que je la mange.

Le cuisinier sait préparer une choucroute.

Le cuisinier sait-il tout, absolument tout de la choucroute ? Je ne sais pas.

En ce qu'une choucroute n'est pas une abstraction, je suppose qu'il est plus facile d'en épuiser la connaissance que d'épuiser l'être napoléonien.

On ne peut jamais qu'approcher infiniment la vérité de l'être napoléonien tandis que la choucroute finit dans notre estomac.

En tout cas, je me fiche de ce que le cuisinier sait de Napoléon.

Du reste, l'être napoléonien n'est pas comestible.

14.

Les Beatles avaient du talent.

Les Beatles ont gagné beaucoup d'argent.

Le talent des Beatles méritait-il tout l'argent qu'ils ont gagné ?

C'est une des conséquences du libéralisme que des musiciens qui ont beaucoup de succès gagnent beaucoup d'argent.

Si les Beatles n'avaient pas eu de succès, ou un succès moyen, et donc s'ils n'avaient pas eu les moyens financiers de leur indépendance, sans doute n'auraient-ils pas pu mener les expériences musicales qui ont fait leur célébrité et leur pérennité.

15.

Le réel m'encombre et j'aime écrire.

Si je n'aimais pas tant écrire, je pourrais me désencombrer le réel, - et ça fait du monde -, mais pour l'instant, mon goût de l'écriture l'emporte sur l'encombrement.

Je me demande parfois si l'encombrement n'est pas pour moi une condition de l'écriture.

Jusqu'au moment où, comme cela m'arrive parfois, et avec fracas, j'enverrai balader et mes encombrants et l'écriture.

Patrice Houzeau

Malo, le 14 août 2022.

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14 août 2022

CERTAINS DISENT QU'ELVIS PRESLEY N'EST PAS MORT QUAND IL EST MORT

CERTAINS DISENT QU'ELVIS PRESLEY N'EST PAS MORT QUAND IL EST MORT

 

1.

DADA A LA MOUCHE

 

Ce n'est pas avec des mouches qu'on attrape du vinaigre.

Ce n'est pas avec des mouches qu'on n'attrape pas de vinaigre.

Ce n'est pas avec des mouches.

C'est avec des mouches.

2.

Cela m'irrite toujours.

Cela ne m'irrite pas toujours.

Ça dépend des jours.

Quand on me dit que, cela m'irrite toujours.

Quand on ne me dit pas que, cela ne m'irrite pas toujours.

Conclusion : Bouclez-la !

3.

« A mes précautions je veux songer de près. »

(Molière, « L'Ecole des femmes » [Arnolphe])

 

A mes précautions je dois songer de près.

A mes précautions je dois songer car toi tu n'y songes pas,

Ni de près, ni de loin.

Parfois tu y songes mais mes précautions ne sont pas les tiennes.

Du coup, défois ça coince.

A mes précautions tu mêles les tiennes.

A tes précautions tu dois songer de près.

A tes précautions tu dois songer de près car moi je n'y songe pas,

Ni de loin, ni de près.

Parfois j'y songe mais tes précautions ne sont pas les miennes.

Du coup, j'suis tout consterné. S't'agaçant.

4.

Il y a un rhinocéros dans la pièce.

Il n'y a pas de rhinocéros dans la pièce.

La Cantatrice chauve a-t-elle composé un opéra ?

Et si la Cantatrice chauve a composé un opéra, quelqu'un l'a-t-il lu ?

En tout cas, ce rhinocéros, qui est dans la pièce, ne l'a pas lu.

Ce rhinocéros, qui n'est pas dans la pièce, lit rarement les opéras.

Les rhinocéros, qu'ils soient dans la pièce ou pas, sont assez incultes.

5.

Depuis qu'Elvis Presley est mort, on l'entend encore.

Certains disent qu'Elvis Presley n'est pas mort quand il est mort.

On l'entend encore tout de même.

Certains disent que c'est parce qu'Elvis Presley n'est pas mort quand il est mort, qu'on l'entend encore.

Moi, voyez, depuis qu'Elvis Presley est mort, je mange encore de la choucroute.

Mais le jour où Elvis Presley n'est pas mort quand il est mort, je ne pense pas que j'en ai mangé, de la choucroute. Ça m'aurait frappé.

6.

Poutine gagnera-t-il sa sale guerre en Ukraine ?

Poutine ne gagnera-t-il pas sa sale guerre en Ukraine ?

Certains disent que Poutine ne peut pas perdre autre chose que ses cheveux.

Si Poutine ne gagne pas sa sale guerre en Ukraine, le verra-t-on apparaître complètement chauve ?

Si Poutine gagne sa sale guerre en Ukraine, portera-t-il une moumoute ?

7.

14 août 2022. Je viens d'entendre sur France Inter l’excellent Etienne Klein donner l'anagramme du « Maréchal Pétain » : « Place à Hitler. Amen. » Tout est dit, je crois.

8.

Le réel m'encombre.

Je suis moi-même une partie de ce réel.

Je m'encombre donc moi-même et le réel est l'outil de mon encombrement.

Pour que le réel m'encombre moins, il faudrait que je travaille à le changer.

Je note que le travail est parfois source d'encombrements. S't'agaçant.

9.

Pourquoi l'étant plutôt que rien ?

« Pourquoi rien plutôt que l'étant » est une proposition qui n'est acceptable qu'au conditionnel.

On peut cependant poser : Pourquoi pas l'étant plutôt que rien ?

On peut aussi poser : Comment ça, l'étant plutôt que rien ?

Ce qui revient à définir la présence par rapport à l'absence.

La différence entre présence et absence s'appelle « l'être ».

10.

« Un mot est dit « concret » lorsqu'il désigne une réalité matérielle et palpable. » (Evelyne Amon, Yves Bomati, « Vocabulaire du commentaire de texte », Larousse, 1995).

 

Un mot qui désigne une réalité est dit « concret ».

Un mot qui ne désigne pas une réalité n'est pas un mot concret.

Ainsi le mot « sphinx » ne désigne pas une réalité, mais une pure fiction.

Si je dis « les ailes du sphinx », le mot « ailes » est un mot concret utilisé pour décrire une pure fiction.

Les mythes se nourrissent de mots concrets.

L'imaginaire n’existe que parce que le réel le nourrit.

L'imaginaire et le réel se nourrissent mutuellement.

Une vision religieuse et rédemptrice du concret l'entache de péché.

Les dieux sont innommables et irreprésentables.

Sinon, ils ne sont que ce qu'ils sont : des mythes, des fictions efficaces.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 14 août 2022.

 

 

14 août 2022

CE N'EST PAS AVEC DES MOUCHES QU'ON ATTRAPE DU VINAIGRE

CE N'EST PAS AVEC DES MOUCHES QU'ON ATTRAPE DU VINAIGRE

 

1.

Ce n'est pas avec les yeux de l'âme que l'on découpe un poulet.

2.

Il se dit que parmi les dossiers que Trump a gardés par devers lui et dans un coffre-fort alors qu'il n'aurait pas dû, le vilain, il y en aurait un intitulé « President of France ». Tiens, notre président réélu quand même aurait-il des bricoles du genre vaudrait mieux qu'ça se sache pas ?

3.

La surprise était si grande qu'ils demeurèrent un moment muets, et lorsqu'ils rompirent le silence, ils ne purent dire un mot.

4.

La planète Mars se situe à une distance comprise entre 1,381 et 1,666 unités astronomiques (UA) du soleil, c'est-à-dire entre 206,6 et 249,2 millions de kilomètres. Mon poulet-frites se situe à près de 150 millions de kilomètres du soleil. Je note qu'il n'y a pas de friteries sur Mars.

5.

Comme le dit si bien Christophe André à chaque fois qu'il ne manque pas d'être invité par France Inter, je cite de mémoire : « Être libre, c'est être maître de soi (et de son compte en banque), ainsi, n'est-ce pas, que des mouvements de son âme (tout en surveillant, ça va de soi, ceux de son compte en banque) ».

6.

Ce n'est pas avec des mouches qu'on attrape du vinaigre et pas besoin d'être fine mouche pour cela, il suffit d'ouvrir le placard. S'il y a un squelette dedans, avec ses toiles d'araignée, bin vous refermez, et, c'est pas compliqué, vous ouvrez la porte d'à-côté.

7.

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin vous en avez marre et, pour changer, allez chercher une amphore avec du vin dedans.

8.

Question : Les doutes relayés par Le Figaro sur l'honnêteté de Hassan Iquioussen (lequel louerait des logements insalubres) et sur l'entrisme local (Denain) dont Iquioussen et ses proches feraient preuve pour promouvoir un islam politique, sont-ils fondés ?

9.

13 août 2022. Dans un tweet commentant l'attaque terroriste dont Salman Rushdie a été la victime, François Hollande parle d'agression. « Agression » ? Le mot est un peu faible. Il s'agit d'une tentative de meurtre et son auteur est un islamiste. Toujours aussi courageux, le Hollande.

10.

Défois je me demande, quand on se réincarne, on garde la même âme, ou bien le grand Tout supra-cosmique nous en procure une nouvelle, passque si je me réincarne en tamanoir, je sais pas si mon âme de bipède elle est compatible avec l'âme du tamanoir hein.

11.

« Puis vint vers moi un des sept anges qui tenaient les sept coupes remplies des sept derniers fléaux... » (Apocalypse, 21-9)

On constate dans ces lignes la présence du chiffre « sept » comme dans « Les sept boules de cristal », donc moi, comme j'aime bien Tintin Milou je joue défois, après avoir sifflé 7 pastagas, le 7 gagnant dada, pis alors je perds et j'en reprends un 9ème, pis rien ne va plus.

12.

Moi, je comprends tout à fait les trolls pro-Poutine dans leur lutte twittesque contre la décadence des mœurs occidentales. : il y a les femmes ; il y a les hommes ; il y a Poutine. Ne mélangeons pas tout.

13.

Je me demande s'il y a des âmes fermées, façon tiots nains boudeurs, et des âmes ouvertes, et dans ce cas, s'il y a du vent qui continue à mugir de façon lugubre, elle fait quoi l'âme, elle se referme ou alors lutte-t-elle, de toute sa force d'âme, contre le vent, au risque d'être balayée ?

14.

Si jamais on perd son âme, à qui doit-on s'adresser pour la récupérer ? Existe-t-il un bureau des âmes trouvées ? Et si on ne la retrouve pas, peut-on obtenir un double, ou bien doit-on en changer ?

15.

Ai lu deux trois bricoles comme quoi la pratique de la méditation façon « pleine conscience » et touci-touça pourrait aider les étudiants à être moins anxieux, et les soignants aussi, dis. Mwoui... Peut-être que de meilleures conditions de travail et d'études seraient plus efficaces, non ?

Patrice Houzeau

Malo, le 14 août 2022.

 

 

13 août 2022

QUAND MIAULE L'ACCESSOIRISTE

QUAND MIAULE L'ACCESSOIRISTE

 

1.

Commençant une phrase par « Quand miaule l'accessoiriste », je me doutais bien que je n'allais pas aller très loin dans l'analyse des mouvements de l'âme à deux pieds, mais tout de même, passer du mot « accessoiriste » à « j'ai envie de manger des frites », quel honteux prosaïsme !

2.

Nos âmes sont comme un ban de petits poissons que les mouettes, aussi voraces que ces saucisses extra-terrestres qui ne manqueront pas d'envahir la Terre (c'est prédit dans tous les codes-barres des boîtes de cassoulet), que les mouettes donc, attendent en tournoyant et en s'échangeant des recettes de cuisine.

3.

Alors la Mort, avec sa faux et sa tête de, elle arriva, s'accouda au zinc et but une « Mort subite » passqu'elle avait soif, et donc après, l'âme de l'aut' là, elle se fit la malle pis ça fit du tintouin passqu'il avait reçu un coup d'surin que pourtant il n'y a que des manchots sans mains dans mon bar, Monsieur le Commissaire, j'comprends pas.

4.

« La choucroute peine à se faire obéir ; les saucisses n'en font qu'à leur tête. » Je répète : « La choucroute peine à se faire obéir ; les saucisses n'en font qu'à leur tête. » Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais quand même, je suis content.

5.

Je l'avais reconnu facilement car il m'avait précisé qu'il était invisible.

6.

Le « pèlerinage intérieur », moi, je veux bien, mais vous risquez de ne pas aller très loin, tandis que si vous prenez le bus, il y a plein d'endroits épatants à visiter.

7.

Lorsque l'on médite, comme le rappelle souvent Christophe André lorsqu'il est invité à épater le béat bobo sur France Inter, il ne faut pas fermer les yeux de son âme. Sinon, on s'endort. Non, veillez à laisser ouverts les yeux de votre âme. Vous n'y verrez pas plus, mais ça occupe.

8.

Franchement, vous y croyez vous, à cette histoire de ponte d’œuf qui serait un rituel religieux prouvant indubitablement la spiritualité des poules ?

9.

L'humain qui la veille a dîné dans un restaurant, et qui le lendemain parcourt toutes les rues du quartier pour le retrouver, et ne le retrouve pas, devait en tenir une sacrée. Si c'est un restaurant qui cherche à le retrouver, c'est que l'on n'est plus tout à fait dans le réel.

10.

Je ne peux jamais être sûr que les autres voient le réel de la même façon que ma pomme. En ce sens, le réel n'est jamais que plausible. D'où notre surprise lorsque soudain l'autre se met à décarocher grave et à appeler au meurtre de ses semblables.

11.

Tiens, en voilà une sur France Culture qui s'intéresse aux livres qui « parlent aux gens en fonction de ce qu'ils vivent ». Moi aussi je suis fan de Lovecraft.

12.

J'aime beaucoup la poésie, surtout froide, avec des frites, de la mayonnaise, et une bière. Ce que je préfère dans la poésie, c'est la cuisse. Sinon, il y a aussi le blanc, mais c'est un peu plus sec.

13.

Comme il s'était mis à la suivre, il s'aperçut soudain qu'elle était invisible. Mince, se dit-il, si ça se trouve, ce n'est plus moi qui la file, mais elle qui... Il fut rassuré bien vite quand il vit qu'il ne se voyait plus dans aucun reflet.

14.

C'est au moment où Agnès dit : « Le petit chat est mort », que l'accessoiriste se mit à miauler. Il fut réprimandé, et il eut beau gratter à la fenêtre, il passa la nuit dehors, avec tous les autres accessoiristes.

15.

Toc Toc Toc. « - Qui c'est ? ». « - C'est pas moi », dit l'autre, qui d'ailleurs n'était pas là.

Patrice Houzeau

Malo, le 13 août 2022.

13 août 2022

ET TOUTES CES SORTES DE GAUFRES

ET TOUTES CES SORTES DE GAUFRES

 

1.

C'est parce que je ne pense pas sérieusement ce que je dis que je l'écris.

2.

Les livres ne nous lisent pas non plus. C'est effrayant tout de même, tous ces livres qui s'accumulent partout avec un sans-gêne ontologique, une indifférence absolue à l'humanité. Et en plus, y en a des, ils jaunissent.

3.

Je me demande si la pétanque ne serait pas un sport hautement métaphorique. Toutes ces boules qui s'entrechoquent ne figurent-elles pas quelque guerre des mondes à venir. Et, sous leurs casquettes, leurs yeux, quand ils ont abusé de leur jaune breuvage, ne sont-ils pas étranges ?

4.

« - Et donc, chère Madame, vous avez interprété le rôle de la moumoute dans « La Cantatrice chauve ? »

- Oui. Un rôle au poil. »

5.

Quand on rêve de son boulot, c'est qu'on y est pas. Après, ça peut faire des histoires, les élèves vous ont attendu... le secrétariat vous a appelé... le petit chat est mort... on a dépendu mon pendu... et toutes ces sortes de gaufres...

6.

Est-ce le réel qui a une mauvaise influence sur les esprits malades, ou les esprits malades qui exercent une mauvaise influence sur le réel ?

7.

Ce n'est pas en coupant les cheveux en quatre que l'on résout les problèmes des cantatrices chauves.

8.

A force d'écouter de la mauvaise musique, les gens finissent par manger n'importe quoi.

9.

Ayant pour projet de définir le concept de « platitude spongieuse », je me suis dit que les œuvres complètes de Christophe André et de Matthieu Ricard devraient m'en donner de nombreux exemples.

10.

Vous verrez que si Poutine perd sa sale guerre en Ukraine, il y aura bien quelques complotistes pour suggérer que Vlad petit-père-des-assassinats s'est fait, lui aussi, le complice du grand complot atlantico-sataniste et autres moisissures conjecturales.

11.

Ce n'est pas au bar de l'hôtel que nous nous sommes rencontrés la première fois puisque je ne fréquente pas le bar de l'hôtel, puisque nous ne nous sommes pas rencontrés, puisque personne ne m'a, jusqu'ici, apporté la preuve de ton existence.

12.

Somme toute, le concept de « saucisse » est assez peu opérant en métaphysique.

13.

Ce n'est pas en montant sur ses grands chevaux que l'on explore les fonds marins.

14.

Le ténor se fait rare. Les télescopes les plus puissants, les engins d’exploration spatiale les plus sophistiqués ont beau chercher : nul ténor sur la Lune, ni sur Mars, et sans doute nulle part ailleurs. L'opéra cosmique n'est plus ce qu'il n'a jamais été.

15.

La Vérité, celle avec un grand V comme dans « Où qu'il est mon vélo ? » est d'autant plus ailleurs qu'on ne la cherche pas. Et c'est bien embêtant parce que, du coup, vous devez aller à pied, tous les bus étant conduits par des suppôts du grand complot motorisé.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 13 août 2022.

 

 

 

 

 

 

 

 

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13 août 2022

ESCHYLE QUEL BEAU NOM POUR UNE TORTUE

ESCHYLE QUEL BEAU NOM POUR UNE TORTUE

 

1.

Entendu sur France Inter cette épatance réjouissante : « Quand j'écoute cette chanson, j'ai envie de survoler l'Amazonie en hélicoptère. »

2.

L’existence du rouble n'est pas sans rappeler la question initiale de la métaphysique : Pourquoi l'étant plutôt que rien ?

3.

Quand on écoute des chansons, il vaut mieux avoir mis ses oreilles. Que l'on connaisse la langue dans laquelle le chef d’œuvre a été écrit importe peu, vu qu'en général, c'est n'importe quoi.

4.

Personnellement, j'ai autant l'oreille musicale qu'un moule à gaufres, lequel ne sait toujours pas faire la différence entre les Beatles et les Rolling Stones. Quand j'y pense, ça m'agace, et je me fais des crêpes.

5.

Fait divers. Ayant une connaissance imparfaite de la langue française, il battit son frère alors qu'il était chaud.

6.

Quand un général perd une division, c'est peut-être qu'il s'est trompé dans ses calculs.

7.

Ce que nous apprend la méditation et Christophe André quand il est invité par France Inter, c'est qu'il faut être dans un état de lenteur réactive. Comme ça, quand il passe, le joli papillon, hop, vous ouvrez la gueule, vous déroulez vot' langue et vous l'bouffez.

8.

Eschyle, quel beau nom pour une tortue. Faudra qu'j'en cause au fantôme de Raymond Queneau la prochaine fois qu'il ne manquera pas de ne pas venir.

9.

Comme tous les bipèdes qui vont acheter des cigarettes ne sont pas en train de quitter leur conjoint ou de trahir leur pays, c'est parfois dans l'unique but de faire provision de tabac que Sherlock Holmes se rend au Tobacco Shop pas loin d'chez lui.

10.

Je vous assure qu'elle n'est pas morte, Adèle, et que n'étant ni cantatrice, ni chauve, elle sourit quand même.

11.

C'est suite à une série d'erreurs successives dans le décompte de ses lapins que cet auteur trouva le thème principal d'une saga racontant la lutte désespérée des Terriens en proie à une invasion de petits êtres véloces à grandes oreilles.

12.

Les gens qui reprochent à Macron de faire du jet-ski, je me demande si leur grand-mère fait du vélo ou bien si elle survole parfois l'Amazonie en hélicoptère tout en écoutant des chansons idiotes sur France Inter.

13.

A force de faire des phrases, je vais finir par être à la retraite, moi. Pour l'instant, le réel m'encombre, mais je me rassure en me disant qu'il n'y a pas de raison pour que cela ne dure pas, le réel étant encombrant et très sans-gène par définition, sinon par nature.

14.

Comme je ne parvenais pas à fermer l’œil de la nuit, elle me fixa longuement, de son globe unique, et ne se dissipa que lentement, très lentement, aux approches du jour.

15.

Le réel m'encombrant de son humanité sans-gêne, me demander quelque chose revient à me poser une série de questions existentielles dont je ne me sors qu'en m'agitant sottement.

Patrice Houzeau

Malo, le 13 août 2022.

 

 

13 août 2022

IL FAUT QU'UNE PORTE

IL FAUT QU'UNE PORTE

1.

Le yogi qui fume ne s'élève pas toujours au-dessus de la fumée qu'il exhale. D'ailleurs la marque de cigarettes « Yogi » n’existe pas.

2.

Ce n'est pas avec l'âme que l'on fait des confitures. Par contre, on peut pondre au kilomètre des phrases creuses à la Christophe André. Pour les crêpes, moi, ce que je préfère, c'est encore la confiture de fraises.

3.

Être dans la nature en état de pleine conscience, bon, admettons, mais, à mon avis, être conscient suffit. Sinon, on s'prend une branche d'arbre et c'est embêtant.

4.

Pour écouter de la musique, il ne faut pas être trop dur de la feuille. Sinon, ça peut faire mal aux yeux, surtout si on s'flanque une tétralogie dans l’œil.

5.

Si Napoléon avait été coureur cycliste, l'éclatante victoire d'Austerlitz aurait eu un tout autre visage.

6.

En général, quand on voit voler des soucoupes volantes en forme de camembert, c'est que l'on a un peu trop forcé sur le beaujol'pif.

7.

Je ne sais pas s'il y a quelqu'un qui habite au ciel. En tout cas, s'il y a quelqu'un, j'espère qu'il paye ses factures et régulièrement son loyer. C'est un univers respectable ici.

8.

Le jour où il a créé l'ordre de la Légion d'honneur, Bonaparte avait-il mangé de la tête de veau, je me le demande.

9.

Chevalier qui manie bien l'épée n'est pas obligé de savoir planter un clou. Ceci dit, un chevalier bricoleur, ça peut être utile dans une maison. Et si en plus, il a la main verte, il pourra planter des choux.

10.

Ce n'est pas en semant des yeux derrière soi que l'on retrouve son chemin.

11.

J'ai beau imaginer Poutine s’exprimant avec l'accent corse, je n'arrive pas à voir en lui un nouveau Napoléon. Il me rappelle pourtant un boucher-charcutier d'une des petites villes où j'ai traîné mon ombre, qui, me semble-t-il, a pris quinze ans pour meurtre, si je ne me trompe.

12.

Il faut savoir accorder son âme comme on accorde un violon mais, c'est une des leçons de la pleine conscience et de France Inter quand elle invite Christophe André, si votre violon vous chante « Tiens, voilà du boudin » ou vous joue du clairon, c'est que vous avez l'âme légionnaire, mon garçon.

13.

Pierre qui roule peut provoquer des avalanches. La métaphore s'arrête là, car l'âme ne peut jamais rouler les gens dans la farine qu'en les persuadant de son existence.

 

14.

« Dieu garde le Roi », ça peut toujours servir, surtout en cas d'éternel retour.

15.

Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée, sinon elle n’existe pas, ou bien elle fait une dépression.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 12 août 2022.

11 août 2022

TAIS TOI THESEE

TAIS-TOI THESEE

 

1.

Qu'est-ce que je fiche dans ce labyrinthe ? Ô Thésée, cesse donc cette plainte, Thésée, tais-toi, et sers-toi du fil d'Ariane si tu veux sortir de ce labyrinthe, Ô Thésée, tais-toi, tu n'es qu'un âne.

2.

« Quand je conçois un impératif hypothétique en général, je ne sais pas d'avance ce qu'il contiendra, jusqu'à ce que la condition me soit donnée. Mais si c'est un impératif catégorique que je conçois, je sais aussitôt ce qu'il contient. »

(Kant traduit par Victor Delbos, « Fondements de la métaphysique des moeurs »)

Défois qu'on s'en figure dans l'impératif, qu'on conditionne d'l'hypothétique, allez savoir s'qu'il y a dedans, on conjecture, on se dit « faudrait que, nous devrions, il serait normal, tout naturel que »... Le catégorique, lui, joue pas de violon, il se pose là, et vous intime.

L'homme des abstractions, contemplant l'archipel des équations, se dit que c'est avec les œufs de la poule des hypothèses que l'on entrevoit des omelettes fabuleuses. Quant aux œufs de la poule catégorique, ça fait longtemps que le renard les a volés.

3.

Trouvaille : le mot-valise « trollabos » aura été utilisé pendant la guerre russo-ukrainienne pour désigner les utilisateurs poutinophiles des réseaux sociaux, souvent outrecuidants et souvent mensongers (les trolls) et assimilés aux collaborateurs pro-nazis de la Seconde guerre mondiale.

4.

« Il est une maxime universellement admise : « Ce que tu n'as pas, fais semblant de l'avoir » ; d'où l'on tire, pour les enfants, le vers que voici : « La plus grande sagesse est de paraître fou. »

(Erasme traduit par Pierre de Nolhac, « Eloge de la Folie »)

« Ce que tu n'as pas, fais semblant de l'avoir », ainsi font les dictateurs qui se targuent d'avoir l'assentiment de leur peuple par des élections truquées, une information censurée et l'illusion de la prospérité. Quant à « paraître fou », certains y réussissent très bien qui envahissent leur voisin. #Poutine

5.

« Ainsi la valeur morale de l'action ne réside pas dans l'effet qu'on en attend, ni non plus dans quelque principe de l'action qui a besoin d'emprunter son mobile à cet effet attendu. »

(Kant traduit par Victor Delbos, « Fondements de la métaphysique des mœurs »)

L'invasion d'un pays pour protéger une minorité qui nous est favorable est-elle morale ? Poutine a-t-il été mal renseigné ? A-t-il vraiment cru que l'ensemble des Ukrainiens souhaitait le retour de la tutelle russe ? Pense-t-il maintenant faire le bien des Ukrainiens malgré eux ?

6.

« L'esprit de l'homme est ainsi fait qu'on le prend beaucoup mieux par le mensonge que par la vérité. »

(Erasme traduit par Pierre de Nolhac, « Eloge de la folie »)

« par le mensonge plutôt que par la vérité »... l'ont parfaitement pigé, les complotistes pro-Poutine qui vous fabriquent le mauvais cinéma d'une Ukraine nazie, bourrée à contaminer le monde de laboratoires secrets et de barbouzes atlantistes, satanistes, voire pédocriminelles...

7.

« Les hommes en tirent conclusion que la Bibliothèque n'est pas infinie ; si elle l'était réellement, à quoi bon cette duplication illusoire ? »

(Borges, « La bibliothèque de Babel »)

Ce n'est pas le labyrinthe qui préexiste aux livres, ce sont les livres qui nourrissent et multiplient les impasses et les portes du labyrinthe. L'humain se fait labyrinthe. C'est sa condition. En dehors du labyrinthe, il n'est rien qu'un animé parmi une multitude d'animés.

8.

Ne me liant d'amitié avec personne, je reste le plus fidèle de mes serviteurs.

9.

« Je craignais de découvrir que derrière la façade, il n'y avait plus rien que des herbes hautes et des pans de murs écroulés. »

(Patrick Modiano, « Rue des Boutiques Obscures » [le narrateur])

L’expérience nous rend-t-elle plus lucides ? Nous pousse-t-elle à nous attendre à la perte ?

10.

Que l'on puisse utiliser « L'Etranger » de Camus comme un texte contre la peine de mort me consterne. Je suis d'accord : le réel en soi est radicalement étranger à l'humain et l'humain est radicalement étranger à lui-même. Oui, nous le savons, c'est là notre condition. Et alors ? Que faire d'une mauvaise bête (un assassin d'enfants, un tueur en série), sinon s'en débarrasser ?

 

Patrice Houzeau

Malo, le 11 août 2022.

 

7 août 2022

DE SERIEUX DOUTES SUR LE COIN-COIN

DE SERIEUX DOUTES SUR LE COIN-COIN

 

1.

Comme beaucoup, je crois vaguement au « bon dieu ». Dieu, je ne sais pas s'il existe, mais comme beaucoup, j'aimerais bien y croire, au Bien en-soi, et que l'essence de ce Bien, dans la langue des humains, s'appelât Bonté. J'ai de sérieux doutes.

2.

« des smicards en train de s'émotionner pour voir des millionnaires sur le terrain ». L'être est ce qui fait face à l'être. Que cet être qui nous fait face soit saoulant au possible et parle la langue qui ne sert qu'à passer le temps sans avoir soudain l'idée de nous étrangler, est le prix à payer pour continuer à paraître plausiblement humain.

3.

Qu'on laisse les gens désœuvrés et ils finissent par s'entre-tuer. La concurrence économique est la sublimation de la violence inhérente à l'espèce. On a eu beau inventer des dieux compatissants, les humains s'en servent pour massacrer en leurs noms.

4.

Le camarade est un âne. C'est bien pour ça que c'est un camarade.

5.

Tiens, en ces temps de troubles asiatiques, on l'entend plus, le Jean-Pierre Raffarin. Raffarin croit-il au partenariat franco-chinois ? Raffarin croit-il en la pertinence du modèle chinois ? Raffarin croit-il aux dragons ? Raffarin fait-il semblant ? Raffarin est-il Raffarin ?

6.

Août 222. Entendu dire que cela fait deux mois que Macron (il est alors président de Français de toutes sortes) n'a pas téléphoné à Poutine (il est alors dictateur et mène une sale guerre en Ukraine). Perturbation dans l'être. Emmanuel et Vladimir se font la gueule.

Il faut être clair aussi : Vladimir n'est tout de même pas une fréquentation convenable pour Emmanuel. Je vous le dis tout net, Madame Marianne, Vladimir, c'est un garçon qui a mal tourné, et qui finira mal, je vous le prédis.

7.

« Le disque du gramophone tournait à côté d'un phénix en bronze. »

(Borges, « Le jardin aux sentiers qui bifurquent » [le narrateur])

L'étant est ce qui se répète, ressurgit, rejaillit, revient, se duplique. L'étant est sa propre copie, à l'infini. Quant à l'original, il est invisible et sans nom. L'être assure sa pérennité en produisant de l'étant en série.

8.

« L'infini du Mal », « l'infini de l'Amour » : billevesées. Il n'y a que de petits bonhommes qui se débrouillent avec ce qu'ils ont. Et comme nous sommes généralement moins malins que nous le croyons, nous sommes à l'origine d'impossibles merdiers. Méfions-nous les uns des autres.

« L'infini du Mal », « l'infini de l'Amour », l'infinie bêtise, oui.

9.

« J'ai perdu l'habitude de mon propre nom. »

(Vladimir Jankélévitch à l'issue de la Seconde guerre mondiale, cité sur France Inter le 7 août 2022)

Pas d'étant sans nom de l'étant. Que ce nom vienne à défaillir, à se manquer, et c'est l'être même qui interroge : qui es-tu ? La réponse est parfois suicidaire. Retrouver son nom devient alors affaire d'être encore ou de n'être plus.

10.

Je me demande si, avant de rejoindre le royaume des ombres, Eschyle au crâne fracassé, songea qu'une tortue desserrée peut être aussi rapide et mortelle que la foudre, et si le nom de cette tortue était « Hasard ».

11.

« Il fut arrêté par un souvenir stupéfiant et vertigineux. »

(Borges, « La mort et la boussole »)

Le passé saisit le vif. Nous tombons d'un vertige auquel nous tentons d'échapper en courant de plus en plus vite vers un avenir dont nous pressentons qu'il est tout aussi vertigineux.

12.

Si l'on tentait de me faire croire que Dieu est un immense canard sauvage qui fait le jour quand il ouvre ses ailes et fait la nuit quand il les replie, j'aurais quand même de sérieux doutes sur le coin-coin.

 

Patrice Houzeau

Malo, le 7 août 2022.

31 décembre 2021

LA CONDITION ENTROPIQUE

LA CONDITION ENTROPIQUE
(En parcourant « Le réel et son double » de Clément Rosset)

1.
« l'impérieuse prérogative du réel » : c'est à la troisième ligne de l'essai de Clément Rosset : « Le réel et son double » que je lis ces quelques mots dont la justesse est soulignée par l'actuel poids de l'Etat sur nos existences menacées par le virus.

2.
« Quand au réel, s'il insiste et tient absolument à être perçu, il pourra toujours aller se faire voir ailleurs. »
(Clément Rosset)

Dans cet ailleurs, où, nous dit-on, se trouve la vérité.

C'est aussi l'ailleurs des conspirationnistes, lesquels ont trouvé sur internet une chambre d'écho extraordinaire de telle sorte que l'on en vient à se demander ce qu'il y a réellement dans la tête des gens que nous côtoyons.

On trouve sur Internet une vidéo dans laquelle le président russe de l'époque, Dimitri Medvedev joue un petit sketch en réponse à la question d'une journaliste sur l'éventuelle présence d'Aliens sur la planète. Il semble sérieux mais renvoie la journaliste à un invraisemblable documentaire intitulé : « Le Mystère des Hommes en Noir ». Il est vrai qu'il est difficile d'imaginer la mécanique de la raison froide de l'Etat russe se laisser flouer par des histoires de petits hommes gris et autres étrangetés qui détournent l'attention.

3.
« J'ai vu, j'ai admis, mais qu'on ne m'en demande pas davantage. Pour le reste, je maintiens mon point de vue, persiste dans mon comportement, tout comme si je n'avais rien vu. »
(Clément Rosset)

C'est le genre d'aporie à laquelle se trouve confronté l'enseignant.

L'enseignant peut démontrer, prouver intellectuellement la justesse d'une thèse et recevoir en retour de bonnes copies, il n'en reste pas moins que l'élève, hors du cours, dans son autre vie, peut tout à fait se comporter à rebours de la thèse démontrée.

C'est ainsi que peuvent se comprendre ces étranges ralliements à bien des ésotérismes, des obscurantismes, des intégrismes qui engagent parfois des gens diplômés et éduqués.

4.
« Le réel ne reviendra jamais, puisqu'il est déjà là. »
(Clément Rosset)

Aussi bien pourrions-nous écrire que le réel ne deviendra jamais puisqu'il est déjà devenu.

Nous traversons un réel que nous ne découvrons que par extraordinaire, épiphanie, découverte, invention... Ce réel, ce pour-soi, ne se démontre pas puisqu'il est et que nous le tenons pour vrai, fût-il radicalement illusoire.

5.
« Tout passe, tout lasse, tout casse. » En voilà une périphrase de l'entropie et comment le temps, dans ce proverbe, y est assimilé. Y aurait-il identité du temps et de l'entropie ?

L'humanité est-elle une expérience sur l'entropie menée par quelque dieu physicien ?

6.
« c'est-à-dire que je prends sur moi de ne pas voir un réel dont j'ai reconnu l’existence : attitude d'Œdipe  se crevant les yeux. »
(Clément Rosset)

Nous voyons, nous comprenons, nous savons que ce réel-là va nous tuer, mais nous refusons de continuer à le voir. Pour continuer à vivre, nous nous aveuglons sur notre propre malheur.

7.
« la mystérieuse route d'Héraclite qui, à la fois monte et descend. »
(Clément Rosset)

Que l'on dirige le temps par une flèche n'est que convention. La chronologie est une illusion. Nous voyons ce que nous croyons voir, ce que notre perception nous permet de voir. Le reste n'est que chaos. L'entropie est une condition.

8.
« ou du moins ne semble en contredire qu'une version fantomatique, jamais pensée. »
(Clément Rosset)

Notre esprit ne pouvant penser que par séquences chrono-logiques, et étant limité par le temps, nous vivons avec ces « versions fantomatiques » du réel, qui parfois nous frôlent et dont souvent nous n'avons même pas idée.

9.
« le temps y manquerait – Œdipe sera toujours déjà loin. »
(Clément Rosset)

La fiction est aussi inéluctable que l'arrêt du réel.

10.
« c'est « l'autre » que ce réel a biffé qui est le réel absolu, l'original véritable dont l'événement réel n'est qu'une doublure trompeuse et perverse. »
(Clément Rosset)

C'est ainsi que les esprits, consternés par cette fausseté originelle de l'authentique, se tournent aisément vers les alternatives : le monde est dirigé par les sociétés secrètes, la femme du président est un homme, les Aliens sont parmi nous, etc...

Patrice Houzeau
Malo, le 31 décembre 2021.

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