LE HOMARD ET LA CATHEDRALE
LE HOMARD ET LA CATHEDRALE
1.
Je pense que je suis incapable d'aimer quelqu'un aussi profondément qu'on puisse le supposer quand on parle d'amour. C'est pour ça que, parfois, il m'arrive de rendre service.
2.
Une de plus en plus hypothétique victoire des forces poutiniennes dans la sale guerre que Poutine mène en Ukraine est-elle compatible avec l'alcoolisme dont on dit qu'il est bien plus répandu dans certaines populations russes qu'on le croyait ?
L'alcool sera-t-il le tombeau de l'armée russe ? Poutine sera-t-il le tombeau de la Russie ?
3.
L'interdiction de visa touristique aux Russes qui viennent parader dans l'UE pendant que leur Vladimir bien-aimé massacre l'Ukraine, permettrait-elle d'accueillir ceux qui veulent fuir la Russie poutinienne en leur accordant le statut d’exilé politique, de dissident ?
4.
Je suppose que, de la même façon qu'il y eut des officiers de la Wehrmacht qui, ne supportant plus les boucheries hitlériennes à répétition, tentèrent de dézinguer l'aut' fou, je suppose que certains officiers russes vont finir par avoir des envies de l'étrangler, le Poutine.
5.
« Le homard, compliqué comme une cathédrale,
Sur un lit de persil, monstre rouge, apparaît. »
(Charles Monselet, « Poésies complètes »)
Poétiquement, un homard peut être « compliqué comme une cathédrale ».
Une cathédrale peut-elle être aussi compliquée qu'un homard ?
Nerval a écrit que les homards « savent les secrets de la mer ».
Les cathédrales savent-elles les secrets de Dieu ?
Bien entendu, si Nerval avait voulu promener une cathédrale en laisse dans les jardins du Palais-Royal, il eût été fort embarrassé.
Remarquez que Salvador Dali aurait été tout à fait capable de promener un homard en laisse sur le parvis de la gare de Perpignan en décrétant que ce homard était une cathédrale.
6.
Ma mère est morte et ma mère fut une jeune fille.
J'eus de la peine à la mort de ma mère.
Ma mère, quand elle était une jeune fille, avait, sans nul doute, des rêves de jeune fille.
Je songe parfois, non sans pitié, aux illusions perdues de ma mère.
7.
Je ne sais pas tout ce que je devrais savoir.
Je ne sais pas si je sais bien ce que je sais.
Je sais que les autres ne savent pas tous ce que je sais.
Je sais que les autres ne savent pas toujours, ni mieux que moi, ni moins que moi, ce que je sais.
Bien entendu, quand je serai cadavéré, le premier imbécile venu, - grâce aux progrès fulgurants du pédagogisme, ils prospèrent, ces ahuris – en saura plus que moi. S't'agaçant.
8.
Plus je lis les tweets de Ségolène Royal, plus je lui trouve un cousinage avec les positions de Mélenchon.
Elle aura tout essayé, Ségolène, du « care » à l'écologie politique, en passant par le pseudo-pacifisme du désarmement.
Je m'attends à l'entendre un de ces jours débiter sur France Inter des platitudes spongieuses avec l'assentiment de Christophe André et de Matthieu Ricard.
9.
Quand je songe que si j'étais plus concentré et moins fainéant, je pourrais composer un roman...
Quand je songe que ce roman, à condition de trouver un éditeur, ne serait lu par si peu de personnes que personne suffit...
Quand je songe que je ne suis ni Céline, ni Proust, ni Simenon, ni même Musso...
Je vais me faire cuire un œuf sur le plat en écoutant du Gentle Giant.
10.
A mon avis, l'autre jour en Crimée, le camarade Ivan, de la glorieuse armée russe à Poutine, il aura même pas eu le temps de l'allumer, la fatale cigarette, qu'avec son haleine pleine de vodka, actionner son briquet aura suffi au badaboum.
11.
Non, mais sérieusement, comment expliquer les difficultés de la glorieuse armée russe à Poutine autrement que par l'intervention conjointe des Illuminati, des chèvres du Pentagone, des extra-terrestres de la zone 51, des Rose-croix-lucifériens-francs-maçons-mondialistes, sinon, on comprend pas.
12.
Play-list :
« Twist again in Crimea (Boum boum badaboum) » par les Poutinoffs Cretinisky.
« Où j'ai mis ma piscine ? (Je veux reconquérir ma piscine) » par Jo the Z et ses Gondoliers du Désert.
« Crash Tango à Moscou » par Charles Glaviot et ses Craques.
13.
Je ne sais rien de Napoléon.
Ce que je lis sur Napoléon est tout ce que je peux savoir de Napoléon.
Mais Napoléon en soi n'est pas ce qu'on dit de Napoléon.
Le Napoléon des livres est une fiction vraisemblable. C'est même un mythe.
Ce que je sais de la choucroute, c'est que je la mange.
Le cuisinier sait préparer une choucroute.
Le cuisinier sait-il tout, absolument tout de la choucroute ? Je ne sais pas.
En ce qu'une choucroute n'est pas une abstraction, je suppose qu'il est plus facile d'en épuiser la connaissance que d'épuiser l'être napoléonien.
On ne peut jamais qu'approcher infiniment la vérité de l'être napoléonien tandis que la choucroute finit dans notre estomac.
En tout cas, je me fiche de ce que le cuisinier sait de Napoléon.
Du reste, l'être napoléonien n'est pas comestible.
14.
Les Beatles avaient du talent.
Les Beatles ont gagné beaucoup d'argent.
Le talent des Beatles méritait-il tout l'argent qu'ils ont gagné ?
C'est une des conséquences du libéralisme que des musiciens qui ont beaucoup de succès gagnent beaucoup d'argent.
Si les Beatles n'avaient pas eu de succès, ou un succès moyen, et donc s'ils n'avaient pas eu les moyens financiers de leur indépendance, sans doute n'auraient-ils pas pu mener les expériences musicales qui ont fait leur célébrité et leur pérennité.
15.
Le réel m'encombre et j'aime écrire.
Si je n'aimais pas tant écrire, je pourrais me désencombrer le réel, - et ça fait du monde -, mais pour l'instant, mon goût de l'écriture l'emporte sur l'encombrement.
Je me demande parfois si l'encombrement n'est pas pour moi une condition de l'écriture.
Jusqu'au moment où, comme cela m'arrive parfois, et avec fracas, j'enverrai balader et mes encombrants et l'écriture.
Patrice Houzeau
Malo, le 14 août 2022.